Végétaux > Biotechnologie / VCN Problèmes liés à la gestion de la résistance aux herbicides chez les végétaux à caractères nouveaux (VCN)Document de travail présenté au Bureau de la biosécurité
végétale, Table des matières
IntroductionLe présent document, qui traite des problèmes liés à lutilisation dherbicides sur des végétaux à caractères nouveaux (VCN) résistant aux herbicides, a été préparé à lintention du Bureau de la biotechnologie végétale, Division de la production et de la protection des végétaux de lAgence canadienne dinspection des aliments. Il y est question des stratégies et des concepts qui pourraient être utilisés pour réduire la fréquence de sujets spontanés résistant à un ou plusieurs herbicides ainsi que de mauvaises herbes résistant aux herbicides par suite dapplications répétées dun seul type dherbicide. Le document présente une mise à jour des connaissances sur les cultures résistant aux herbicides et leurs sujets spontanés de même quune discussion sur les stratégies de gestion en matière de résistance aux herbicides que lon pourrait utiliser pour réduire lapparition de sujets résistants et leur impact sur les systèmes de culture. On y présente également certaines suggestions de malherbologistes, de phytogénéticiens et dagronomes. Ce document ne prétend pas résumer ni faire le point sur létat actuel des biotypes de mauvaises herbes résistant aux herbicides (RH) au Canada. Lexcellent compte rendu de Beckie et al. (2001b) relève les profils dutilisation dherbicides et les systèmes de cultures influant sur la sélection de sujets résistants et décrit les stratégies pouvant être utilisées pour gérer la résistance aux herbicides chez les mauvaises herbes au Canada. Suggestions réglementaires pour lACIA et dautres autorités de réglementation
Plusieurs des éléments énumérés ci-dessus peuvent être réglementés par lACIA et/ou lARLA. Cependant, pour une gestion efficace des sujets spontanés de cultures TH et la prévention de lacquisition dune résistance aux herbicides chez les mauvaises herbes, il faut réglementer et informer. Les exigences en matière denregistrement des VCN pourraient inclure la nécessité dun examen scientifique de la trousse de renseignements concernant la lutte contre les sujets spontanés et la gestion de la résistance aux herbicides au cours des années de la rotation. RésuméCe document soulève des questions liées à la gestion des végétaux à caractères nouveaux (VCN). Les points relevés proviennent dune revue de la littérature scientifique actuelle et des commentaires de trente chercheurs dun peu partout au Canada. La revue de littérature et les entretiens avec les chercheurs ont permis de mettre en lumière trois stratégies générales : prévenir létablissement; gérer le développement des cultures et les sources de semences pour réduire au minimum les sujets spontanés RH; et pratiquer la gestion intégrée pour réduire limpact des sujets spontanés RH (considérés comme des mauvaises herbes) et réduire au minimum la pression de sélection en faveur des mauvaises herbes RH. Bien que nous sachions que certaines de ces stratégies ne font pas partie du mandat de lACIA, nous croyons quelles représentent néanmoins des pistes pouvant permettre à lensemble de lindustrie de gérer efficacement les VCN et les cultures RH existantes. 1.Prévenir létablissement grâce à des introductions limitées
2. Réduire au minimum létablissement de populations importantes de sujets spontanés RH
3. Réduire limpact des sujets spontanés RH dans le système de culture
Enregistrement et mise en circulation de végétaux à caractères nouveaux (VCN)Lorsquune culture possédant un caractère nouveau pour la résistance à un herbicide a été introduite dans une aire de culture, il faut désormais gérer ce caractère au moyen de stratégies de GRH. Les différentes approches permettant de gérer les cultures RH peuvent être classées dans les catégories suivantes : (1) prévenir létablissement au moyen dintroductions limitées ou par des stratégies damélioration des plantes; (2) éviter que des populations importantes puissent sétablir; et (3) réduire limpact de sujets spontanés RH dans le système de culture en ayant recours à des stratégies de gestion intégrée. (1) Prévenir létablissement au moyen dintroductions limitées. Le recours à lapproche dite par abstention dans lintroduction de VCN permettrait de ne pas introduire de telles plantes. Sil ny a pas de VCN, il ny aura pas de problèmes. Cependant, dans le cas du canola-colza (Brassica napus), les producteurs nauraient pas considéré ce genre dapproche comme acceptable. Le canola TH est commercialisé depuis 1995, et ce type de canola représente maintenant plus de 75 % de la surface cultivée de canola (Harker et al., 2001b, Légère et al., 2001). Lenregistrement (en instance) et lintroduction du blé Roundup Ready au Canada suscitent la controverse. Bien que la technologie permettra de simplifier et, dans certains cas, daméliorer la lutte contre les mauvaises herbes dans les cultures de blé sur pied, la mise en circulation de cette culture soulève de nombreuses préoccupations (Van Acker et Entz, 2001). Les avantages pourraient inclure lamélioration de la lutte contre les mauvaises herbes résistantes aux herbicides, une meilleure gestion des mauvaises herbes vivaces, un risque réduit que les herbicides nendommagent le blé et lenlèvement de sujets de blé hors-type dans une culture. Les risques pourraient comprendre la perte du privilège du producteur de ressemer ses propres graines (pour le blé), la contamination du blé mis de côté pour la vente à titre de produit non génétiquement modifié, le risque de sélectionner des mauvaises herbes résistantes au glyphosate dans les systèmes de semis direct (Beckie et al., 2001b, c), une fréquence élevée de sujets spontanés de blé RH dans la culture suivante (Thomas et al., 1999), la probabilité de devoir recourir à des herbicides à coûts plus élevés pour lutter contre les sujets spontanés (Rainbolt et al., 2001), la possibilité de ne plus pouvoir recourir au traitement délimination par le glyphosate dans les systèmes de conservation du sol par semis direct (Derksen et al., 1996), la persistance de sujets spontanés de blé dans les rotations telle que rapportée dans les enquêtes (Thomas et al., 1999) et une capacité significative de croisement extérieur chez certains cultivars de blé (Hucl et Matus-Cádiz, 2001) constituent tous des problèmes de commercialisation et de gestion pour les producteurs du Canada. La production de blé tolérant aux imidazolinones ne présente pas les mêmes défis en matière de gestion des sujets spontanés. Cependant, étant donné la nature hautement persistante des herbicides de la famille des imidazolinones, lapplication de tels herbicides aux cultures de blé en plus de leur utilisation dans les cultures de canola et de pois pourrait exercer une forte pression sélective en faveur des mauvaises herbes graminées et des plantes à feuilles larges résistant aux herbicides du groupe 2. Il a été proposé de réglementer la production de cultures industrielles et pharmaceutiques pour assurer que ces caractères ne puissent jamais pénétrer la chaîne alimentaire. Face à ces préoccupations et forts de plusieurs années dexpérience avec le canola-colza (Brassica napus) RH (Bing et al., 1996; Downey, 1999; Hall et al., 2000; Harker et al., 2001b, c; Warwick et al.,1999) les producteurs devraient peut-être jouer un plus grand rôle dans les décisions concernant la mise en circulation de cultures de VCN (et notamment les cultures génétiquement modifiées dotées dun potentiel élevé de croisement extérieur) et participer à la définition des aires ou zones dintroduction. (2) Éviter létablissement de populations importantes de sujets spontanés RH. Les sujets spontanés de cultures sont considérés comme des mauvaises herbes, et le degré denvahissement dépend des espèces, des pratiques de gestion, de limportance de légrenage sur pied avant la récolte et de celle de la perte de graines pendant la récolte. Quand on a vérifié la présence de sujets spontanés de canola (B. rapa ou B. napus) après lapplication dherbicide, on en a observé dans 8 % des champs en Alberta (Thomas et al., 1998a), 13 % des champs en Saskatchewan (Thomas et al., 1996) et 11 % des champs au Manitoba (Thomas et al., 1998b). La densité des sujets spontanés dans les champs ensemencés directement était deux fois plus élevée que celle observée dans les champs qui avaient été travaillés de manière classique (Thomas et al., 1994). Les sujets spontanés de blé constituent une mauvaise herbe importante dans 8 % des champs en Alberta (Thomas et al., 1998a), 9 % des champs en Saskatchewan (Thomas et al., 1996) et dans 10 % des champs au Manitoba (Thomas et al., 1998b), et ils peuvent persister pendant au moins 5 ans dans les banques de semences (A.G. Thomas, données non publiées). On peut éliminer les sujets spontanés de blé en appliquant du glyphosate avant lensemencement ou dans les cultures de canola résistantes au glyphosate. On peut également utiliser des herbicides du groupe 1 pour lutter contre ceux-ci dans les cultures de canola ou dautres cultures de plantes à feuilles larges, et du glufosinate dans les cultures de canola. Mais les sujets spontanés de blé sont difficiles à éliminer dans les cultures dorge (Hordeum vulgare L.). En fait, les sujets spontanés de blé résistant aux imidazolinones ne seront probablement pas plus difficiles à éliminer que ceux de cultivars conventionnels. Si le blé résistant au glyphosate devait être enregistré, la lutte contre les sujets spontanés de ce blé serait limitée tant avant lensemencement que dans les cultures sur pied, ce qui risquerait dentraîner une augmentation de lutilisation des herbicides du groupe 1. Il faudrait donc mettre au point un nouvel herbicide non sélectif possédant un mode daction différent. (Dunan et Westra, 2000). La possibilité de transmission de gènes RH influe sur lopinion publique en matière de sécurité de la biotechnologie. En conséquence, le fait de maintenir les populations de sujets spontanés de toutes les cultures RH à de faibles niveaux est souhaitable tant pour le système cultural que pour lopinion publique. En labsence de lherbicide auquel elles sont résistantes, il est peu probable que les cultures RH soient plus concurrentielles que les espèces conventionnelles, ce qui donne à penser quelles nenvahiraient pas des zones perturbées ou des espaces naturels (Warwick et al., 1999). Les mesures prises pour aider à maintenir une faible fréquence de sujets spontanés RH pourraient inclure lutilisation dune technologie faisant appel à un gène terminateur. Ceci permettrait dassurer que les sujets spontanés exprimant la résistance à lherbicide ne surgissent pas dans la culture de rotation. Le risque comprendrait la perte du privilège du producteur de ressemer ses propres graines (pour le blé). De même, la mise au point de cultures RH chez lesquelles le gène de résistance ne sexprime que dans les chloroplastes permettrait de remédier à bon nombre de problèmes liés aux croisements extérieurs avec dautres cultures de la même espèce ou avec des espèces sauvages apparentées. Dautres approches pourraient inclure la modification des végétaux au moyen de leur propre ADN et la mise au point de promoteurs spécifiques dun tissu dans lequel la résistance ne sexprime quà certains stades de croissance Les recherches récentes ont montré de grandes différences dans limportance des croisements extérieurs chez les cultivars de blé (Hucl et Matus-Cádiz, 2001). Daprès cette information, les mises en circulation prévues de blé RH devraient se limiter aux cultivars manifestant un faible potentiel de croisement extérieur. On pourrait également envisager daugmenter les distances disolement pour la production de semences de blé sélectionnées. Daprès leurs études (données non publiées), Downey et Beckie concluent que, chez le canola, les normes actuellement fixées par lAssociation canadienne des producteurs de semences concernant lisolement des productions de semences du sélectionneur, de semences de base et de semences certifiées de canola sont adéquates. Selon ces auteurs, lorsque les exigences en matière disolement sont respectées, la contamination de variétés non tolérantes aux herbicides avec des transgènes est surtout due aux mélanges mécaniques qui surviennent lors de lensemencement, de la récolte, du nettoyage, de lentreposage, etc. plutôt quà la pollinisation croisée entre des variétés tolérantes et sensibles. Le système de réglementation doit faire en sorte que lidentification génétique des semences pour tous les lots de semences soit disponible pour les caractères spécifiques avant lenregistrement. Actuellement, on ne dispose pas dépreuves rapides et précises pour déterminer la présence de gènes de tolérance aux imidazolinones et au bromoxynil. On a déterminé que la réduction de la probabilité de sujets spontanés RH dans les semences certifiées constituait une composante importante des stratégies de gestion de la résistance aux herbicides (Thomas P., 2001) Si plus dun caractère de RH a été élaboré pour une espèce et que cette espèce est partiellement ou complètement allogame, le flux pollinique pourrait engendrer des sujets spontanés résistant à plusieurs herbicides. On a observé des sujets spontanés de B. napus résistant à plusieurs herbicides (Champolivier et al., 1999; Hall et al., 2000; Simpson et al., 1999). En Alberta en 1997, on a planté du B. napus résistant aux imidazolinones et au glufosinate dans un champ adjacent à un autre dans lequel on cultivait du B. napus résistant au glyphosate. Les sujets spontanés ont été sélectionnés avec du glyphosate en 1998. On les a laissés fleurir et produire des graines. Parmi ces dernières, on a observé des sujets résistant au glyphosate et au glufosinate; dautres résistant au glyphosate et à limazethapyr; et dautres encore résistant au glyphosate, à limazethapyr et au glufosinate (Hall et al., 2000). Dans des conditions naturelles, le transport du pollen dun champ à un autre entraîne généralement moins de 1 % de croisement extérieur dans les premiers 100 mètres (Downey, 1999). Cependant, en supposant un taux de croisement extérieur de 0, 2 % dans un champ dont le rendement est de 1400 kg ha-1 avec des pertes de récolte de 5 %, Downey (1999) a estimé que quelque 35 000 semences hybrides (3,5 semences m-2) resteraient dans le champ récepteur, bien que la plupart dentre elles ne survivraient ni aux gelées printanières ni aux pratiques culturales. Étant donné limportance de la superficie réservée à la culture de canola RH dans lOuest canadien, on suppose que de nombreux champs contiennent des sujets spontanés résistant à plusieurs herbicides. Dans les systèmes de travail réduit du sol, il faut avoir recours à des mélanges présemis de glyphosate et dherbicides contre les plantes à feuilles larges pour lutter contre les sujets spontanés de canola résistant au glyphosate. Daprès notre expérience avec le canola-colza (B. napus), nous croyons souhaitable, lors des prochaines mises en circulation, de limiter le nombre de cultures résistant aux mêmes types dherbicides dans une aire ou une zone donnée. Des stratégies damélioration des plantes visant à développer une résistance à légrenage sur pied dans les cultures dotées dun potentiel élevé de croisement extérieur sont actuellement à létude (P.A. OSullivan, communication personnelle). Un degré élevé de résistance à légrenage sur pied associé à une dormance secondaire limitée ou nulle aurait un impact important sur les stratégies de gestion de la résistance aux herbicides (Gulden et al., 2000). Les cultures RH chez lesquelles la dormance est de courte durée (une seule saison) devraient également être considérées. Il semble également quil soit possible délaborer des types de plantes dotées dun mécanisme de tolérance qui pourrait être activé lorsque la plante est exposée à lherbicide voulu et inactivé par lajout dun deuxième produit dans le mélange de pulvérisation. Lélaboration dun système de répresseur par lequel deux produits doivent être présents pour que la tolérance puisse sexprimer devrait également être étudiée. (3) Réduire limpact des sujets spontanés RH dans le système cultural. a) Stratégies de GRH comprenant une rotation des herbicides. La probabilité de sélectionner des sujets résistants parmi les mauvaises herbes varie selon lherbicide utilisé (Beckie et al., 2001b). On admet généralement que les herbicides des groupes 1 et 2 présentent un risque élevé de sélection de biotypes RH par rapport aux herbicides des autres groupes (Dellow et al., 1997; Gressel, 1997; Heap, 1999; Lebaron et McFarland, 1990). Au Canada, six espèces de cultures RH le canola-colza (Brassica napus L.), le canola-navette (Brassica rapa L.), le lin (Linum usitatissimum L.), le maïs (Zea mays), le soja (Glycine max L) et le blé (Triticum aestivum L.) sont enregistrées ou le seront bientôt (Anonyme 1994a, b, 1996, 1999a, b, c, 2000a, b). Les cultures RH peuvent aider à ralentir la sélection de mauvaises herbes RH en augmentant les choix de cultures et dherbicides disponibles pour la rotation (Beckie et al., 2001b). Les cultures RH pourraient augmenter la rentabilité ainsi que le recours à des herbicides nayant que peu ou aucun impact sur lenvironnement (Burnside, 1992). Selon Beckie et al. (2001b) limpact de la résistance aux herbicides dépend beaucoup du groupe dherbicides en question et de laire culturale. Les mauvaises herbes résistant aux herbicides du groupe 6 (benzonitriles), du groupe 9 (glyphosate) et du groupe 10 (glufosinate) sont très rares (Heap, 1999, 2000). Lutilisation accrue de ces produits ralentira la sélection de mauvaises herbes résistantes à des herbicides au mode daction différent, y compris les herbicides des groupes 1 et 2. Lapplication répétée dherbicides des groupes 6, 9 ou 10 pourrait cependant augmenter la pression sélective en faveur de gènes de résistance très rares. Beckie et al. (2001a, b, c) pensent également que lexistence de biotypes de mauvaises herbes résistant au glyphosate chez trois espèces serait une indication selon laquelle la sélection de la résistance pourrait également sexercer chez dautres mauvaises herbes. Étant donné limportance du glyphosate dans les systèmes de culture à travail réduit du sol, lutilisation répétée de cet herbicide devrait être déconseillée. Plus le mode daction dun herbicide présente un risque élevé de sélection de sujets résistants, moins souvent on devrait utiliser des herbicides de ce groupe. La production accrue de cultures résistantes aux imidazolinones augmentera la sélection de plantes à feuilles larges et de mauvaises herbes graminées résistant aux herbicides du groupe 2. Pour réduire limpact des sujets spontanés RH dans le système cultural, il faut que les producteurs tiennent des dossiers précis des utilisations antérieures de leurs champs, quils isolent les champs dans lesquels ils cultivent des végétaux aux systèmes de RH différents, quils prennent note des types de cultures et des variétés cultivées dans les champs avoisinants pour consultation future, quils surveillent les changements dans les populations végétales (Beckie et al., 1999b, c, 2002), quils utilisent des mesures de gestion adaptées à laire de culture et quils soient plus sensibilisés aux problèmes de la résistance (Bourgeois et Morrison, 1997a, b; Bourgeois et al., 1997c; Friesen et al., 2000; Goodwin, 1994; Morrison et Devine, 1994; Thomas et al., 1999). Thomas et al. (1999) ont remarqué que le questionnaire de suivi à lenquête de 1997 sur les mauvaises herbes au Manitoba révélait quenviron la moitié (53 %) des producteurs savaient quil y avait de la résistance aux herbicides dans la région, mais que seulement 18 % savaient ou soupçonnaient quil y en avait dans leurs champs, ce qui suppose un certain déni de la réalité de la part des producteurs. Les résultats des enquêtes récentes (Beckie et al., 1998) indiquent quau Manitoba, plus de 50 % des champs contiennent de la folle avoine résistante aux herbicides. En comprenant mieux les conditions ambiantes et la sensibilité aux herbicides des espèces présentes dans leurs champs, les producteurs pourraient, dans certains cas, réduire leur utilisation dherbicides et peut-être contribuer à ralentir lapparition de résistance (Holm et al., 2000; Stevenson et al., 2000; ODonovan et al., 2002; Zhang et al., 2000). Ainsi, lutilisation de doses réduites (comparativement à celles utilisées dans lOuest canadien), mais efficaces dinhibiteurs de lacétolactate synthase (ALS) pour lutter contre la stellaire moyenne en Europe a permis de doubler le délai dapparition de sujets résistants en réduisant le temps pendant lequel les herbicides demeurent actifs dans le sol (Kudsk et al., 1995). Les producteurs qui utilisent des mélanges dherbicides aux modes daction différents avec la rotation des cultures et dautres pratiques culturales risquent moins de sélectionner des populations de mauvaises herbes RH (Shaner et al., 1997). On rapporte peu de cas de résistance à lALS en Europe et au Japon où les herbicides du groupe 2 sont utilisés en rotation ou dans des mélanges dherbicides (Heap, 1999; Itoh et al., 1999). Selon Beckie et al. (2000), le fait de déterminer les profils de résistance chez les populations soupçonnées de résistance pourrait aider à orienter les choix des producteurs en matière dherbicides. Il faut élaborer des lignes directrices pour la rotation et lea associations dherbicides (Beckie et al., 1999; Bourgeois et al., 1997b; Goodwin, 1994; Wrubel et Gressel, 1994). Ces lignes directrices pourraient comprendre lindication du site daction de lherbicide sur létiquette du produit (Beckie et al., 1999a). b) Stratégies de GRH lors de la récolte et à la fin de lautomne. Les résultats de Legere et al. (2000) indiquent que les pratiques culturales utilisées par les producteurs, exception faite des mises en jachère fréquentes, navaient que peu deffet sur la diminution de lapparition de sujets résistants chez la folle avoine. Cependant, dans le cas de sujets spontanés de cultures RH, lassociation de pratiques culturales pourrait se révéler un moyen de gestion efficace. La réduction de pertes lors de la récolte (tant celles liées à la barre de coupe quà la moissonneuse-batteuse) pourrait nettement influer sur les futures populations de sujets spontanés et de mauvaises herbes résistant aux herbicides. Landainage au bon stade de croissance permettrait de réduire légrenage sur pied dans les cultures comme le canola-colza (B. napus) (Thomas P., 2001). Un système de récupération de la balle derrière la moissonneuse-batteuse empêche la distribution tant des semences de la culture que de celles des mauvaises herbes, ce qui permet de réduire dautant les futures populations de celles-ci (Shirtliffe et al., 1998). On pourrait également regrouper les semences de mauvaises herbes et de la culture perdues par la moissonneuse-batteuse en rangs étroits, ce qui faciliterait la gestion future de ces végétaux au moyen dherbicides ou du brûlage. Semer des céréales dhiver (blé, seigle, triticale) qui livrent une forte concurrence aux mauvaises herbes annuelles et aux sujets spontanés de cultures germant au printemps peut constituer un élément de la stratégie de gestion de la RH (Beck, 2001; LeBaron et McFarland, 1990; Powles, 1997; Powles et al., 1997). Le canola semé à lautomne ou le canola dormant constituent des options additionnelles pour les producteurs des Prairies. Les avantages des cultures de canola ensemencées à lautomne ou tôt au printemps comprennent une maturation plus hâtive (floraison 2 à 3 semaines plus tôt, ce qui signifie que la floraison et la grenaison ont lieu avant les périodes de grande chaleur et de sécheresse), des rendements de 38 % plus élevés, une teneur en huile plus élevée et une hauteur réduite des plants (Kirkland et Johnson, 2000). Dautres avantages des cultures ensemencées à lautomne ou tôt au printemps peuvent se révéler considérables dans la GRH et la lutte intégrée contre les mauvaises herbes dans les systèmes de cultures. Les mauvaises herbes et les cultures RH capables denvahir les cultures traditionnellement ensemencées au printemps peuvent être désavantagées lorsquelles se retrouvent en compétition avec des cultures qui lèvent, mûrissent et sont récoltées plus tôt dans la saison. c) Stratégies de GRH lors de lensemencement et dans les cultures sur pied. Pour éviter linvasion massive de mauvaises herbes telle la folle avoine qui prospère lors de rotations de courte durée, il faut choisir des délais de rotations prolongés et des cultures diversifiées (Harker et al., 2001). Les cultures ensemencées au printemps, pulvérisées et récoltées à dates fixes permettant aux mauvaises herbes et aux sujets spontanés de cultures RH de survivre. Selon Beck (2001), une bonne stratégie de rotation se fonde sur la diversité des types de plantes, des dates de plantation et des périodes de récolte. Une culture vigoureuse et en bon état permet de réduire la quantité de biomasse et de semences produites tant par les mauvaises herbes que par les sujets spontanés. Le choix dune culture et dune variété concurrentielles, dune densité de semis qui optimalisera le rendement ainsi que la concurrence avec les mauvaises herbes et les sujets spontanés constituent des éléments importants de la GRH. Lorge sest révélé plus concurrentiel que dautres plantes de grande culture, y compris le blé et le canola. Il existe cependant des différences dans les capacités concurrentielles entre les types et les variétés dune même culture. Kirkland et Hunter (1991) signalent que les cultivars de blé demi-nain sont moins concurrentiels à légard de la folle avoine que les cultivars de taille normale. Chez lorge, ODonovan et al. (2000b) signalent que la production de semences de folle avoine et les pertes de rendement ont été les plus élevées chez les types demi-nain Falcon et CDC Earl. De légères augmentations dans la densité des semis peuvent augmenter la compétitivité de la culture, réduire la biomasse des mauvaises herbes et peut-être permettre de diminuer lutilisation dherbicides (Blackshaw et al., 2000a; Kirkland, 1993; Kirkland et al., 2000; ODonovan, 2000a, 2002). Lorsquune culture est ensemencée peu profondément dans le sol, les semis lèvent rapidement dès que lhumidité du sol est suffisante, ce qui favorise sa vigueur et sa compétitivité. À Fort Vermilion, en Alberta, la levée de lorge des sols humides était réduite de 30 % lorsque la céréale était ensemencée à une profondeur de 2,5 pouces, comparativement à une profondeur de 1,0 pouce (ODonovan et al., 2002). Lensemencement en surface favorise la levée hâtive des cultures, et les cultures qui lèvent avant les mauvaises herbes et les sujets spontanés détiennent un avantage concurrentiel majeur. O Donovan et al. (2002) signalent que lorsque la folle avoine (20/m2) lève 5 jours plus tôt que lorge, il sensuit des pertes de rendement de lordre de 17 %, comparativement à des pertes de rendement de seulement 3 % lorsque lorge lève 5 jours avant la folle avoine. Chez le canola, une augmentation de la densité des semis peut également réduire limpact des mauvaises herbes (ODonovan et Newman, 1996), mais cette stratégie est beaucoup plus efficace lorsquelle est associée à une variété concurrentielle de canola ainsi quà un ensemencement en surface. La contribution de la localisation de lengrais azoté à la gestion des mauvaises herbes annuelles a été démontrée tant dans les systèmes de travail classique du sol que dans les systèmes de travail réduit du sol. Plusieurs études ont montré que laugmentation de la dose dazote peut accroître la compétitivité de la culture à légard des mauvaises herbes pourvu que lengrais azoté soit appliqué de manière à favoriser la culture. Dans une étude, on a mesuré la densité des mauvaises herbes, leur biomasse et leur absorption dazote au début de la saison de croissance, et on a observé quelles étaient de 20 à 40 % inférieures, et que le rendement en grains du blé mature était en moyenne de 12 % supérieur lorsque lengrais azoté avait été appliqué en bandes latérales par rapport à une application à la volée (Kirkland et Beckie, 1998). Dans une étude dune durée de quatre ans sur la culture continue dorge dans un système de semis direct, les populations de sétaire verte ont diminué de plus de 100 plants/m2 là où on navait appliqué aucun engrais azoté à seulement 3 plants/m2 où lengrais azoté avait été appliqué en bandes à une dose de 120 hg/ha (ODonovan et al., 2002). Il est également révélateur que les populations étaient généralement réduites là où aucun travail du sol navait été fait par rapport aux endroits où le sol avait été travaillé de manière classique. Dans les systèmes de travail classique du sol, le fait de travailler le sol immédiatement avant lensemencement peut permettre de lutter contre les sujets spontanés de canola RH déjà levés (Thomas P., 2001). Cependant, cette pratique peut également induire une dormance secondaire chez les semences, ce qui peut contribuer à leur persistance dans la banque de semences (Gulden et al., 2000). Linclusion de cultures fourragères dans les rotations peut avoir un effet inhibiteur sur les populations de mauvaises herbes et permettre aux producteurs de réduire leurs coûts dintrants liés aux herbicides. Une enquête portant sur plus de 100 champs au Manitoba a montré que les populations despèces telles que le chardon des champs, la folle avoine et la moutarde des champs étaient moins importantes dans les champs de céréales qui avaient précédemment contenu de la luzerne que dans les champs de céréales qui avaient contenu une céréale (Ominski et al., 1999). À Lethbridge, on a mené des essais au champ pour déterminer le degré dinhibition des mauvaises herbes que lon pouvait atteindre en cultivant du mélilot jaune à titre dengrais vert après une jachère. Du mélilot a été contre-ensemencé avec des cultures de pois, de lin ou de moutarde dInde, puis il a été tué au mois de juin suivant la mise en jachère des terres (Blackshaw et al., 2001). Le mélilot a fortement inhibé bon nombre despèces de mauvaises herbes au cours du premier automne et du premier printemps de jachère. Les débris végétaux restant après que lon a mis fin à la croissance du mélilot ont continué à inhiber les mauvaises herbes de manière efficace. La densité des mauvaises herbes au mois davril précédant lensemencement de la culture de blé subséquente était de 75 à 97 % inférieure dans les champs qui avaient été traités au moyen du mélilot que dans ceux qui navaient pas été traités avant la mise en jachère. Que lon ait récolté le mélilot jaune comme foin, incorporé ses débris à la terre ou quon les ait laissés sur le sol, linhibition des mauvaises herbes a été similaire, ce qui semble indiquer quune partie de leffet inhibiteur pourrait être attribuable à la libération de composés allélopathiques du mélilot jaune en décomposition. On a également montré que plusieurs autres espèces de trèfle, dont le trèfle alsike, pouvaient inhiber les mauvaises herbes (Ross et al., 2001). Schoofs et Entz (2000) ont signalé que plusieurs systèmes de cultures fourragères annuelles, annuelles hivernales et bisannuelles étaient au moins aussi efficaces que le témoin de blé traité pour inhiber la folle avoine, quoique leurs effets sur dautres mauvaises herbes, et notamment sur les plantes à feuilles larges, étaient variables. Dans les populations de mauvaises herbes, la différence la plus importante attribuable au système dexploitation a été trouvée entre les systèmes dans lesquels les cultures antérieures comprenaient des annuelles et les systèmes dans lesquels les cultures antérieures comprenaient des vivaces (Leeson et al., 2000). Les études menées à Lacombe et à Melfort ont révélé quen labsence dherbicides, la pratique consistant à couper lorge à des fins densilage était très efficace pour réduire les populations de folle avoine, particulièrement lorsque lon coupait la culture à un stade de croissance précoce (Harker et Kirkland, 2001). Il a fallu deux ans densilage de coupes précoces pour réduire la banque de semences de folle avoine, mais ensuite, lensilage de lorge coupée précocement a permis de maintenir les populations de folle avoine à des niveaux peu élevés. Cette étude indique que lensilage de coupes précoces peut être un outil utile dans la gestion de la folle avoine, particulièrement dans les cas où les choix dherbicides sont limités à cause de la présence de mauvaises herbes ou de sujets spontanés de cultures RH. Dautres stratégies de gestion pouvant aider à réduire limpact des sujets spontanés RH comprennent la détermination des seuils de traitement, le choix du moment optimal pour appliquer un herbicide (avant ou après lensemencement, ou après la récolte), lapplication précoce pour réduire la concurrence par rapport à la prévention de la grenaison de sujets spontanés RH qui apparaissent tardivement, ainsi que lélimination par des moyens mécaniques comme le travail du sol entre les rangs et avant la levée, de même que la coupe des mauvaises herbes de grande taille dans les cultures de taille plus courte (Johnson et Nielsen, 2000). Un programme efficace de GRH sera fondé sur plusieurs des stratégies présentées ci-dessus et considérées comme des éléments essentiels de la lutte intégrée contre les mauvaises herbes (Blackshaw et al., 2000b; ODonovan, 2002; Powles, 1997, 2000; Shrestha et al., 2001). RéférencesAnonyme, 1994a. 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