Salle de presse

La puce à l'oreille

Juin 2003

Compost, science et environnement

Le compostage, autrefois l'apanage des amateurs de jardinage, est un domaine d'intérêt scientifique. Les équipes de recherche d'Agriculture et Agroalimentaire Canada étudient la science du compostage depuis l'épandage de fumier âgé jusqu'à l'utilisation de résidus de fibres de pâtes de bois, de biosolides municipaux, de restes de papier recyclé et d'autres matières organiques. L'utilisation du compost présente des avantages environnementaux et économiques, notamment la réduction de risques agricoles et les avantages liés à la protection de l'eau, des sols, de l'air et de la biodiversité. Le produit final du compostage est un excellent conditionneur de sol qui améliore la structure et la capacité de rétention d'eau du sol et qui réduit les besoins en matière d'engrais et le risque d'érosion. Le processus de compostage détruit les agents pathogènes et les graines de mauvaises herbes et élimine les odeurs ainsi que les mouches. Les agriculteurs et d'autres entrepreneurs peuvent vendre le fumier composté aux amateurs de jardinage, aux paysagistes, aux producteurs de légumes et de gazon, aux exploitants de terrains de golf ainsi qu'aux producteurs de plantes ornementales.

Compostage dans les vergers de pommiers

En Colombie-Britannique, on trouve des vergers très productifs exploités de façon intensive dans les régions semi-arides irriguées. Une horticulture intensive, qui entraîne des changements associés aux sols et aux éléments nutritifs disponibles, une lixiviation des nitrates et des problèmes de parasites, nécessite une gestion des cultures plus rigoureuse. Une équipe de chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) d'Agassiz et de Summerland étudient les matériaux organiques disponibles sur place - tels que les composts, les biosolides soumis à un traitement thermique, les déchets de papier recyclé et le foin - qui pourraient servir d'amendements ou de paillis dans les vergers à haute densité. L'utilisation de ces matériaux est compatible avec les techniques intégrées de production de fruits, qui incluent également la limitation du recours aux engrais et à l'eau, l'adoption de méthodes biologiques de lutte contre les insectes et les maladies ainsi que la plantation de cultivars résistant aux maladies. La recherche d'AAC comprend des études sur des biosolides provenant du District régional de Vancouver soumis à un traitement thermique et un produit composté appelé « Ogogrow », un compost de copeaux de bois et des biosolides provenant de l'installation de traitement des eaux usées de Kelowna.

Principes fondamentaux liés aux parcs d'engraissement

Avec l'essor que connaît l'industrie du bétail dans l'Ouest canadien, la gestion des fumiers dans les parcs d'engraissement suscite une attention accrue. Comme les prix de la paille ont augmenté, les éleveurs utilisent maintenant des résidus de bois comme litière pour leurs animaux. Les chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) de Lethbridge, en Alberta, ont constaté que le compostage de fumiers contenant de la paille ou des copeaux de bois en améliorait la valeur fertilisante et la manutention. Une étude d'AAC, financée par le Canada Alberta Beef Industry Fund, a permis de déterminer quelle était l'incidence de différentes compositions chimiques de paille et de copeaux en bois sur le processus de compostage. Entre autres résultats, l'équipe de recherche a constaté que le compostage permettait une réduction de la masse de ces deux matériaux pouvant atteindre 70 pour cent, comparativement à la masse qu'ils présentent dans le fumier frais. Les scientifiques étudient l'utilisation du fumier composté pour améliorer la teneur en matière organique du sol dans les systèmes culturaux irrigués et remettre en état d'anciens emplacements de puits de pétrole et de gaz.

Conservation des éléments nutritifs

Jusqu'à tout récemment, le compostage du fumier de porc n'était pas considéré comme étant une méthode de gestion viable des fumiers. Même si on estime encore qu'il exige plus de main-d'oeuvre et qu'il coûte plus cher que les méthodes classiques de manutention des fumiers sous forme liquide, le compostage peut avoir une place importante dans la production de porc. Lorsque les truies vides et les porcs d'engraissement et de finition sont logés dans des installations avec litière de paille ou de copeaux, le compostage est un choix logique pour la manutention du fumier. Les chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) de Brandon, au Manitoba, examinent les avantages du fumier comme engrais dans les systèmes culturaux annuels. L'équipe d'AAC s'intéresse à la transformation des éléments nutritifs et à l'efficacité de leur utilisation, aux effets à long terme sur le rendement et la qualité des récoltes, à la qualité des sols ainsi qu'aux besoins énergétiques associés à diverses pratiques de manutention des fumiers. Les scientifiques comparent le compostage actif en andains à l'épandage ou à la mise en tas de fumiers frais. Les résultats de leurs travaux fourniront aux agriculteurs canadiens de l'information sur des méthodes peu coûteuses de manutention des fumiers permettant de conserver les éléments nutritifs et de protéger les ressources environnementales.

Amélioration de la production des cultures

Certains rendements obtenus dans des champs de maïs et de soja affichant des sols à texture fine du sud-ouest de l'Ontario ne correspondent qu'à la moitié du potentiel génétique et climatique disponible, et ce, malgré les progrès accomplis au chapitre des cultivars et des pratiques agricoles. Les études menées au Centre de recherches d'Agriculture et Agroalimentaire Canada de Harrow, en Ontario, semblent indiquer qu'une augmentation de la qualité physique des sols par l'apport de compost pourrait accroître les rendements moyens de 25 à 50 pour cent. La recherche porte sur l'utilisation de composts de déchets végétaux urbains, de déchets de table, de fumier de porc ainsi que du gypse, de déchets de serre (culture sur matelas de laine de roche) et du sable de plage, en raison de leur capacité à améliorer la fertilité, la densité, la perméabilité, la porosité et la capacité hydrique des sols. Les résultats préliminaires démontrent que plusieurs matériaux, particulièrement les composts et les déchets de matelas de laine de roche, peuvent améliorer sensiblement la qualité des sols argilo-limoneux. D'autres recherches porteront sur la longévité des apports de compost, les taux d'épandage optimaux de divers amendements, les avantages sur le plan de la fertilité et les effets environnementaux.

Remise en état d'anciens champs pétrolifères

Les industries du pétrole et du gaz ainsi que de l'agriculture peuvent tirer profit d'une étude sur la remise en état des champs pétrolifères menée par des chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) de Lethbridge, en Alberta, et Swift Current, en Saskatchewan. L'essor grandissant de l'industrie du bétail dans l'Ouest canadien engendre également de fortes pressions concernant la manutention des fumiers. Cette recherche a pour but d'atténuer ce problème par la réutilisation des terres. L'étude, menée en collaboration avec PanCanadian Energy Resources, démontre que le fumier composté est un outil valable pour régénérer les terres perturbées par les puits de pétrole et de gaz. Environ 40 000 hectares de champs pétrolifères de l'Alberta peuvent être remis en état chaque année en raison de la fermeture de puits de pétrole et de gaz inefficaces. Avant qu'un site puisse être remis entre les mains des agriculteurs, il doit être régénéré avec de la terre arable nouvelle. Cependant, la remise en état des sites plus anciens peut être difficile. La terre arable est rare, mais les chercheurs d'AAC ont constaté que le fumier composté améliore la terre arable existante et la rend de nouveau productive.

Accroissement de la rentabilité

Le coût élevé des aliments pour animaux importés à Terre-Neuve et au Labrador est un facteur dissuasif important pour les producteurs laitiers. Mais Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) donne un coup de main financier à ces agriculteurs de façon qu'ils puissent élaborer des produits à valeur ajoutée et ainsi augmenter leur rentabilité. Le Centre de recherches d'AAC de Mount Pearl, à Terre-Neuve, fait la promotion d'une gestion efficace des éléments nutritifs des fumiers tout en incitant les producteurs laitiers à diversifier leurs productions fourragères et à adopter des cultures à haut rendement et riches en énergie, comme le maïs. La recherche a démontré que l'épandage de fumier avant les semis fournissait des éléments nutritifs au maïs tels que l'azote et le phosphore. L'effet environnemental d'une telle pratique est minimal et les retombées économiques sont significatives. AAC continue à recueillir et à diffuser de l'information sur les principes et stratégies de base en matière de culture et de gestion des fumiers, dont l'application permettra d'augmenter la production de maïs dans toute la province et ailleurs.

Sauvetage des sols

Le sol est un milieu vivant dans lequel on trouve des créatures microscopiques qui transforment la matière en éléments nutritifs pour les végétaux. Les déchets de résidus de fibres de pâte, considérés comme étant une source d'énergie, stimulent l'activité microbienne lorsqu'ils sont épandus dans des champs de pomme de terre dont le contenu organique est appauvri. La fibre de pâte non compostée épandue après la récolte offre d'autres avantages, selon des chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada de Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Les nitrates qui demeurent dans le sol sont retenus par des micro-organismes jusqu'à l'année suivante, où la nouvelle culture peut employer l'azote libéré par ces derniers. Le risque de lixiviation des nitrates dans les eaux souterraines est réduit de 50 pour cent, le rendement des pommes de terre de valeur marchande augmente de manière significative et le nombre de tubercules malades diminue. La capacité de rétention d'eau améliorée par la fibre empêche l'érosion. Les déchets des moulins à papier permettent de nombreuses économies.