Le ministre

Discours


Le ministre Strahl prend la parole à l'occasion de la conférence de l'Institut canadien des politiques agroalimentaires (ICPA)

Le ministre Strahl prend la parole à l'occasion de la conférence de l'Institut canadien des politiques agroalimentaires (ICPA)

Toronto (Ontario)
Le 14 février 2006

L'honorable Chuck Strahl (ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada et ministre responsable de la Commission canadienne du blé) : Mesdames et Messieurs, je vous remercie d'être là aujourd'hui et je vous souhaite un bon après midi.

Je dois d'abord vous dire que votre invitation me fait grandement plaisir. Si vous aviez pu voir la quantité de cahiers d'information que j'ai dû parcourir la semaine dernière, vous comprendriez à quel point je suis heureux de pouvoir sortir du bureau. Je crois que si Len me garde là trop longtemps, je serai bientôt tout pâle et émacié comme Gollum dans le Seigneur des anneaux. Je vous suis donc reconnaissant de l'invitation que vous m'avez faite.

Je constate avec plaisir que vous êtes restés assis. C'est là une caractéristique du secteur agroalimentaire, ses membres sont disposés à s'asseoir pour les réunions et à discuter. Ça me rappelle un congrès politique auquel j'ai assisté il y a quelques années à Saskatoon, un congrès de parti où l'on débattait vigoureusement de questions politiques. C'est exactement ce que vous faites en tentant de réunir au sein de l'industrie agricole des possibilités, des idées et des débats qui s'opposent.

Enfin, au cours de l'après midi, le président avait simplement dit : « Comme nous avons épuisé tout le temps dont nous disposions, nous ne pouvons conclure et nous devrons malheureusement retourner à nos affaires. » Un agriculteur prit alors le micro pour dire : « Je constate qu'il n'y a rien à l'ordre du jour demain matin à 5 h 30 ». « Non, effectivement, il n'y a rien. », dit le président et il conclut : « Bon, c'est d'accord. » Cet agriculteur venait de convoquer une réunion à 5 h 30 le lendemain matin. Et je peux vous assurer que la salle était remplie. En effet, les agriculteurs sont toujours prêts à se lever de bonne heure pour débattre de l'avenir de l'industrie agricole. Voilà une belle leçon sur la sincérité et les efforts qu'on est prêt à consacrer quand on veut quelque chose.

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Je viens moi-même d'une circonscription agricole. Tous les types d'agriculture n'y sont pas représentés mais j'en ai une bonne idée et, bien sûr, les cahiers d'information et les discussions que j'ai eues avec les fonctionnaires, ainsi qu'avec des représentants de l'industrie et mes homologues provinciaux, m'ont aidé à approfondir ces questions et je compte continuer de le faire. Nous aurons d'autres réunions cet après midi, nous en aurons d'autres ensuite et nous ne cesserons probablement jamais d'en avoir. J'aime apprendre des choses et avoir l'occasion de rencontrer les gens et c'est pourquoi je suis ici aujourd'hui. Il y a ici beaucoup de personnes clés et je suis heureux d'avoir l'occasion de leur parler.

J'aimerais remercier l'Institut canadien des politiques agroalimentaires d'avoir organisé ce forum qui réunit des représentants des nombreux secteurs. L'Institut commence sa troisième année et il est déjà reconnu comme un organisme dont l'expertise variée permet de cerner les nouveaux enjeux en agriculture.

Comme je l'ai dit, je viens tout juste d'entrer en fonction dans un poste qui sera certainement l'un des plus intéressants et qui offrira les plus grands défis au sein du gouvernement.

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Je vais simplement vous brosser un tableau de certaines des idées qui me guideront dans mon travail de ministre. Ma grande priorité et celle de mon gouvernement est centrée sur la notion d'opportunité ou de possibilité à exploiter, et vous vous souviendrez que nous avons beaucoup utilisé ce mot lors de la dernière campagne électorale. Les industries fondées sur les ressources du Canada, notamment l'agriculture et la foresterie, les mines et les pêcheries, sont essentielles à la création de débouchés pour les Canadiens. L'approche du gouvernement fédéral consiste essentiellement à saisir les possibilités en vue de bâtir une économie canadienne forte et dynamique. Il est essentiel pour l'économie canadienne d'aider le secteur de l'agriculture à croître, à prospérer et à être concurrentiel sur la scène internationale.

Cela m'amène à mon deuxième point : le grand optimisme que j'éprouve face à l'avenir du secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Lors des présentations faites ce matin, j'ai remarqué que certains mots et certaines expressions revenaient assez souvent. On a parlé de nouvelle orientation, de changement évolutif, d'une nouvelle façon de s'adonner à l'agriculture, d'une vision pour agir, de visions souhaitables, de changement et de possibilités à exploiter. C'est le genre de langage que j'aime entendre.

Je crois aussi que c'est là que réside l'avenir. C'est peut être seulement en raison de ma façon de voir les choses, mais je pense que vous avez mis le doigt sur un point important et j'attends la suite avec impatience. Vous avez effectivement touché un point qui est important aussi pour moi.

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Mon optimisme se fonde sur certains des principaux avantages dont jouit le secteur de l'agriculture canadien sur le marché. Entre autres, le secteur est incroyablement dynamique. Notre productivité dépasse de loin celle d'autres secteurs de l'économie et c'est le cas depuis des décennies. Le secteur est à la fois capable d'innover et de s'adapter. Il peut évoluer constamment pour répondre aux besoins d'un marché en pleine évolution. Nous avons beaucoup entendu parler de la concurrence acharnée que nous livrent des pays tels que la Chine, le Brésil et l'Inde.

Mais il y a un autre côté à la médaille et ce sont les débouchés extraordinaires que nous offre la classe moyenne de plus en plus importante de chacun de ces pays et son pouvoir d'achat. Cette classe moyenne peut effectivement acheter les exportations à valeur ajoutée que le Canada excelle à produire.

Pour saisir ces marchés émergents et améliorer notre compétitivité à l'échelle internationale, il nous faudra tirer profit de nouvelles technologies pour développer de nouveaux produits qui répondent aux goûts et aux exigences de nos clients. Et, pour ce faire, nous devons appuyer l'innovation, ce que nous prévoyons faire, et stimuler l'investissement, la recherche et le développement de pointe.

Enfin, je crois qu'il est important que le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire exprime ses préoccupations dans la mesure du possible en termes de possibilités à exploiter. Je vous encourage à le faire, car je sais que dans le monde politique, si vous présentez toujours les choses en termes de problèmes, les gens commenceront à se trouver des raisons pour ne pas vous rencontrer. Si vous présentez les choses en termes de possibilités à exploiter, les gens se réunissent immédiatement autour d'une table pour dire que c'est une façon positive d'envisager la question, que c'est une façon positive de progresser et c'est aussi la façon de fonctionner que j'adopterai dans la mesure du possible.

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Le troisième point, et le plus important, que j'amène à mon poste actuel, c'est ma volonté d'écouter. Je sais que je n'ai pas vécu dans une grosse exploitation céréalière et que les 20 vaches de boucherie que je possède ne représentent pas un gros élevage, mais je suis tout à fait disposé à écouter et c'est pourquoi je suis ici aujourd'hui. Je veux que vous me fassiez part de vos idées. Je veux entendre les idées de nos producteurs, de nos transformateurs et de tous les autres groupes d'intervenants de la chaîne d'approvisionnement alimentaire.

Je veux entendre mes collègues des provinces, avec qui je me suis déjà entretenu à quelques reprises et que je rencontrerai à nouveau cet après midi, et je prévois écouter mes collègues des deux côtés de la Chambre.

Si j'en juge par ce que j'entends pendant la période de questions, je constate avec bonheur que le Parlement est beaucoup plus que cette période de questions. J'ai vu une partie des notes du discours de M. Segal et il parle non seulement de la Chambre mais aussi du Sénat et dit que l'on trouve des gens extrêmement dévoués et pleins d'idées dans les comités des deux côtés de la Chambre. Je veux les écouter, profiter de leur sagesse et de leur expertise, de même que du regard pancanadien qu'ils posent sur le sujet de l'agriculture, et j'essaierai moi même de faire preuve d'autant d'ouverture.

Ce matin, j'ai à nouveau entendu dire que tous les maillons de la chaîne de valeur devaient être rentables. Pour y parvenir, il nous faudra un effort concerté sur tous les fronts et nouer un partenariat privilégié entre les gouvernements et l'industrie.

L'ICPA possède pour sa part une somme de connaissances et d'expertise qui lui permettra de contribuer utilement au débat. Et je répète que j'attends avec impatience les conclusions dont vous parliez ce matin et qui figureront dans le rapport que vous présenterez.

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Cela dit, j'aborderai maintenant certains des enjeux clés qui sont au sommet de notre programme pour le secteur agroalimentaire.

Tout d'abord, la situation du revenu agricole exige notre attention immédiate. Comme vous le savez, le Ministère a prévu pour l'année à venir une autre baisse du revenu agricole net réalisé. Nous amorçons bientôt une nouvelle saison de production et les producteurs ont besoin d'une aide immédiate pour pouvoir respecter leurs obligations financières ce printemps. Nous avons tenté de répondre à leurs besoins.

Le jour de mon entrée en fonction comme ministre, j'ai pu annoncer que nous avions accéléré le versement du montant de 755 millions de dollars qui a été annoncé en novembre dernier et qui est prévu dans le cadre du Programme de paiements pour les producteurs de céréales et d'oléagineux. En effet, immédiatement après la cérémonie d'assermentation, nous avons tenu notre première réunion du Cabinet et la première décision prise par le Cabinet portait sur les paiements versés au titre de ce programme et visait à les augmenter immédiatement. J'ai été très impressionné de constater qu'une fois la décision prise, on a commencé à expédier les chèques et qu'on allait traiter environ 20 000 chèques par semaine pour les expédier aussitôt aux agriculteurs.

Tout en répondant à ces besoins immédiats, nous devons également adopter une vision à long terme. Nous devrons donc tenir des réunions avec les gens du secteur et les représentants des provinces et des territoires et tenter de trouver de nouvelles façons d'aider les agriculteurs à augmenter leurs revenus et à participer davantage aux décisions en matière de production et de commercialisation de la chaîne de valeur.

Quand je suis arrivé ici, quelqu'un est venu me dire que nous n'avions qu'à laisser les agriculteurs participer davantage au système intégré de la chaîne de valeur.

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À cet égard, nous avons notamment parlé, au cours de la campagne, de la nécessité d'élargir l'utilisation des biodiésels et de l'éthanol pour combler les besoins énergétiques du Canada à moyen terme. Pour cela, le secteur agricole devra travailler de concert avec l'industrie, avec les ministères de l'Environnement, avec les divers intéressés, et adopter une façon multidisciplinaire d'intégrer autant de produits dans le système. C'est ce que nous comptons faire à moyen terme.

Vous êtes bien au courant que lorsque nous étions dans l'opposition, notre point de vue était différent sur le revenu agricole et le PCSRA. Je compte rencontrer bientôt des représentants de l'industrie et mes collègues des provinces et des territoires qui participent à l'administration de ces programmes pour entendre ce qu'ils ont à dire sur la façon dont nous pourrions améliorer les programmes d'aide pour nos producteurs.

L'autre secteur qu'il faut considérer est le commerce. Le Canada dépend du commerce et les producteurs ont besoin d'un système commercial international fondé sur des règles leur permettant de faire leurs propres choix à l'échelle nationale tout en améliorant leur accès aux marchés internationaux. Notre gouvernement croit qu'il faut protéger les intérêts de l'ensemble du secteur agricole par l'adoption de règles internationales solides qui appuient des échanges commerciaux libres et équitables. Nous travaillerons sans relâche avec le secteur à l'avancement de ces intérêts dans le cadre des négociations actuelles avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

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Pour ce faire, nous nous engageons à défendre les intérêts de tous les producteurs. J'aimerais souligner que le nouveau gouvernement et moi même appuyons pleinement la gestion de l'offre. Même si nous continuons à subir de la pression dans les négociations avec l'OMC sur les enjeux clés de la gestion de l'offre, le gouvernement défendra les producteurs canadiens pour qu'ils puissent choisir de quelle façon ils mettront leurs produits sur le marché.

Nous devons aussi, parallèlement, chercher à uniformiser davantage les règles du jeu internationales afin que les producteurs puissent exercer une concurrence équitable et efficace sur les marchés mondiaux. Et à cette fin, nous continuerons de travailler sans interruption à l'OMC en vue d'éliminer les subventions à l'exportation, de réduire de façon substantielle le soutien interne à effet de distorsion sur le commerce et de réaliser des améliorations réelles et marquées en matière d'accès aux marchés.

Dans les négociations, le gouvernement cherchera par dessus tout à atteindre un résultat qui profitera à l'ensemble du secteur agricole canadien. Pour ce faire, nous devons travailler en étroite collaboration - les provinces, l'industrie et le gouvernement fédéral - au cours des prochains mois, et je tiens à vous assurer que notre gouvernement s'engage à collaborer vigoureusement à cet important dossier, en consultation avec ses partenaires.

Nous avons en outre déjà parlé d'apporter des changements à la Commission canadienne du blé afin d'offrir aux producteurs de céréales de l'Ouest un plus grand choix d'options de commercialisation et de transport de leurs récoltes. J'ai un secrétaire parlementaire qui s'occupe du dossier de la Commission canadienne du blé. Quand il parle de la Commission, il utilise le terme « évolution » et non pas « révolution ».

J'ai dit lors d'entrevues accordées la semaine dernière que je n'étais pas en état de panique, que je n'étais pas pressé. Ce n'est pas un dossier que je dois régler de toute urgence, comme les négociations à Genève, mais c'est un dossier qui, je crois, continuera d'évoluer. Nous devrons assurément consulter à nouveau toutes les personnes en cause afin de nous assurer que nous prenons des décisions qui sont sages pour l'ensemble des producteurs et pour l'économie canadienne.

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En conclusion, lorsque je regarde l'avenir, je me rends compte qu'il me reste beaucoup de travail à abattre. J'ai effectivement beaucoup de terrain à couvrir, beaucoup de choses à apprendre et, comme je l'ai dit précédemment, ce sera une année cruciale pour le cycle de Doha. Je me réjouis de travailler avec le ministre Emerson et d'autres intervenants à promouvoir les intérêts du Canada dans le cadre de ces négociations.

Au pays, les accords fédéraux provinciaux territoriaux actuels qui régissent la politique et les programmes agricoles prennent fin en 2008. La prochaine étape consistera à entreprendre des consultations officielles, de concert avec les représentants des provinces et des territoires, ainsi qu'un large éventail d'intervenants, au sujet de la prochaine génération de politiques et de programmes agricoles.

Je souligne à nouveau qu'il s'agira vraiment d'une nouvelle génération de politiques et de programmes. Les choses évolueront, car les possibilités seront plus nombreuses et seront différentes de ce qu'elles étaient au moment de l'élaboration du premier cadre stratégique pour l'agriculture. J'attends avec impatience les négociations qui auront lieu à ce sujet et je crois que l'avenir s'annonce très prometteur pour l'ensemble de notre industrie.

Les résultats de la présente conférence et le travail futur de l'ICPA joueront aussi un rôle crucial dans l'élaboration des politiques.

Permettez moi donc encore une fois de remercier non seulement l'ICPA mais chacun des organismes qui y sont représentés ainsi que toutes les personnes ici présentes pour tout ce que vous faites au nom du secteur canadien de l'agriculture. Je suis heureux de travailler en partenariat avec l'ICPA au profit de tous les producteurs et de l'ensemble des Canadiens et des Canadiennes. Grâce à vos conseils et à vos commentaires, nous pourrons réaliser notre objectif commun, à savoir un avenir rentable pour tous les segments de l'industrie.

J'attends avec impatience les résultats de cette conférence et je vous remercie à nouveau de m'avoir invité, de m'avoir permis de quitter mon bureau à Ottawa pour prononcer mon premier discours à titre de nouveau ministre de l'Agriculture.

Je vous remercie beaucoup.