Le ministre

Discours


Le ministre Strahl prend la parole à l'occasion de l'assemblée annuelle de la Coop fédérée à Montréal

Montreal (Québec)
Le 23 février 2006

L'honorable Chuck Strahl (ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire et ministre responsable de la Commission canadienne du blé) : Merci. Monsieur le président, membres du conseil d'administration, coopérateurs et coopératrices, Mesdames et Messieurs.

Je suis heureux d'être ici avec vous aujourd'hui et j'attends avec impatience de rencontrer les membres de votre exécutif.

J'allais vous parler de hockey. N'étais je pas censé vous parler de hockey? Je ne pense pas. Je veux en tout premier lieu souligner l'excellent travail que vous accomplissez année après année, travail qui est connu du public grâce à votre assemblée annuelle. La Coopérative fédérée est une institution réputée qui a toujours été reconnue comme un symbole de succès tant ici au Québec que dans le reste du pays.

Notre premier ministre, M. Stephen Harper, connaît déjà très bien votre organisation et je sais qu'il a rencontré des membres votre exécutif. Il m'a demandé de vous transmettre ses salutations les plus chaleureuses et je sais qu'il est intéressé par ce que vous déciderez aujourd'hui.

Vous connaissez également quelques uns de mes collègues, Mme Diane Finley, notre critique en agriculture depuis deux ans qui est maintenant ministre des Ressources humaines et du Développement social, Mme Josée Verner, ministre responsable de la Francophonie, M. Monte Solberg, notre ministre de l'Immigration et de la Citoyenneté, et M. Lawrence Cannon, ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités. Nous connaissons bien votre organisation en raison de son importance pour le succès futur de l'agriculture dans les collectivités rurales.

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Les ministres que je viens de nommer vous connaissent parce que votre association est importante mais avant tout parce que mon gouvernement a pris un engagement auprès des collectivités qui dépendent de l'agroalimentaire, un secteur essentiel à la prospérité du Québec et du Canada.

L'industrie de l'agriculture et de l'agroalimentaire contribue grandement à l'économie de toutes les régions du pays. Depuis des générations, nos producteurs, nos coopératives et notre impressionnante industrie agroalimentaire aident les Canadiens et fournissent les aliments que nous consommons. Ils approvisionnent également de nombreux pays en aliments.

Je sais que j'entre en fonction à un moment critique, particulièrement en ce qui concerne la situation du revenu agricole. Nos agriculteurs ont eu leur lot de difficultés : la crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine, le problème du syndrome de dépérissement postsevrage multisystémique, la volatilité des marchés, les prix des produits à la baisse.

Mais notre gouvernement s'engage à assurer une prospérité durable et à long terme aux producteurs agricoles et également, à travailler en partenariat avec vous, avec les associations agricoles du pays ainsi qu'avec ses collègues des provinces et des territoires à l'élaboration de programmes adaptés à votre situation.

Je suis ministre depuis tout juste deux semaines, mais nous avons déjà mis en place un plan assez dynamique qui nous permettra de mener cette consultation et d'élaborer les prochaines étapes de notre politique agricole.

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Je tiens à dire également que nous avons pris des mesures le jour même de mon assermentation comme ministre. Ainsi, j'ai annoncé des mesures visant à accélérer le versement des paiements de 755 millions de dollars dans le cadre du Programme de paiements pour les producteurs de céréales et d'oléagineux. Je suis heureux de vous annoncer que depuis deux semaines, 41 000 producteurs agricoles ont déjà reçu des chèques dont le total s'élève à plus de 222 millions de dollars et que le reste sera envoyé très rapidement, au rythme d'environ 20 000 chèques par semaine.

J'aimerais maintenant vous expliquer brièvement de quelle façon j'aborderai ce portefeuille et vous parler de quelques unes de mes priorités à court, à moyen et à long terme. C'est ainsi que nous devons examiner les enjeux entourant le revenu agricole. Les problèmes à court terme exigent des solutions à court terme et nous trouverons aussi des solutions à moyen et à long terme.

J'ai entrepris des consultations avec les principaux représentants de l'industrie et c'est pourquoi je suis ici aujourd'hui. Je veux connaître les vues de votre association. J'ai déjà parlé avec beaucoup de personnes. J'ai eu des réunions avec des ministres provinciaux, des discussions sur la scène internationale avec le secrétaire Johanns des États-Unis et le secrétaire Mayorga du Mexique. Je voulais consulter rapidement tous ces gens pour ensuite me mettre à la tâche et élaborer la prochaine étape des priorités pour l'industrie agricole.

Je m'emploie dès maintenant à organiser, au cours des trois prochaines semaines, une table ronde avec le ministre du Commerce, M. David Emerson, en vue de débattre des questions commerciales touchant l'agriculture. Il va sans dire que le prochain grand dossier qui nous attend à l'échelle internationale est l'achèvement du cycle de Doha des négociations à Genève. Nous voulons à cet égard consulter l'industrie sur la position que le Canada adoptera dans ces négociations.

Je vous ai dit que j'avais parlé au téléphone avec les ministres de toutes les provinces. J'ai aussi rencontré bon nombre d'entre eux. Je crois avoir rencontré six premiers ministres, ainsi que le ministre Vallières aujourd'hui. Je suis persuadé que nous entretiendrons de bonnes et nécessaires relations, car nous élaborerons ensemble les politiques de l'avenir.

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Parallèlement, je consulte et j'ai consulté mes collègues du Cabinet, les ministres de l'Environnement, de la Santé, des Transports et de l'Industrie. L'agriculture est un secteur qui recoupe de nombreuses compétences et de nombreux ministères. Il est impossible d'en toucher une partie sans inclure les collègues du Cabinet et d'autres joueurs. L'agriculture intéresse tous ces différents secteurs et exige que nous travaillions tous, à l'échelon fédéral et à l'échelon provincial, à trouver des solutions pour aller de l'avant.

Je procède ici à une consultation immédiate et rapide auprès des agriculteurs, des représentants de l'industrie et des dirigeants politiques. J'aimerais donc, avant la reprise de la Chambre des communes, le 3 avril, recueillir un consensus de plus en plus ferme sur la façon dont nous pourrions progresser ensemble avec l'apport de tous.

Une partie du problème réside dans le fait que tous les secteurs n'ont pas été touchés également au sein de l'entreprise agricole. Je reviens tout juste du Canada atlantique où j'ai entendu des nouvelles encourageantes, par exemple au sujet de la croissance du secteur agricole à Terre Neuve et Labrador. Cette croissance qui était de 6 ou de 7 p. 100 l'an dernier sera encore de 6 ou de 7 p. 100 cette année. Les producteurs de cette province sont très encouragés par ce résultat.

Dans le même ordre d'idée, j'ai pris la parole lors d'une réunion des principaux producteurs agricoles d'Abbotsford, en Colombie Britannique. Ces producteurs très dynamiques ont parlé des débouchés qui existaient au pays et à l'étranger pour leur industrie et se montrent très enthousiastes devant les possibilités que l'avenir leur réserve.

Je dois toutefois admettre que cette semaine, j'ai également rencontré des producteurs de céréales et d'oléagineux dont l'avenir, bien sûr, n'est pas aussi encourageant. Force est donc de constater que les secteurs ne sont pas touchés également, selon la région du pays où ils se trouvent.

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Les situations sont très différentes d'un endroit à l'autre et l'un des défis consistera à trouver des façons de progresser sans nuire à un maillon de la chaîne agroalimentaire, mais en s'efforçant d'aider les maillons qui ont des besoins particuliers.

Nous allons donc élaborer des programmes qui offriront de nouveaux débouchés commerciaux aux agriculteurs et élargiront les débouchés existants. Je sais que c'est ce que vous vous efforcez de faire également. Par exemple, notre gouvernement demandera un contenu de carburant renouvelable moyen de 5 p. 100 pour l'ensemble du carburant au Canada d'ici 2010, pas uniquement pour protéger l'environnement, mais aussi pour diversifier nos secteurs de l'agriculture et de l'innovation afin qu'ils nous fournissent ce contenu. Cette exigence créera, je l'espère, une demande de millions de boisseaux additionnels de grains chaque année et offrira un débouché nouveau et stimulant pour le secteur agricole.

J'ai également mentionné qu'il nous faudra prendre des mesures sur la scène internationale. Nous sommes engagés dans les négociations de l'Organisation mondiale du commerce, bien sûr, et nous tentons de faire diminuer les subsides au commerce international et les pratiques ayant un effet de distorsion sur le commerce de certains de nos concurrents internationaux. Nous cherchons des solutions qui seront avantageuses pour tous. Cela signifie que nous nous engageons à défendre les intérêts de l'ensemble des producteurs et je tiens à souligner que le nouveau gouvernement et moi même appuyons pleinement le système de gestion de l'offre, car je sais qu'on se pose la question. Nous continuerons aussi de subir des pressions au sujet de la question clé de la gestion de l'offre lors des négociations de l'OMC. Mais le gouvernement défendra les producteurs canadiens afin qu'ils puissent choisir comment ils souhaitent commercialiser leurs produits.

Cela dit, il subsiste des problèmes assez graves. Les prévisions de revenu agricole pour 2005 et 2006, publiées en janvier, révèlent que nous pouvons nous attendre à une baisse du revenu monétaire net en 2006 en raison principalement d'une diminution des paiements de programme et de la hausse des dépenses d'exploitation. Le revenu net réalisé devrait augmenter de nouveau cette année. Un rapport d'un professeur de l'Université de la Saskatchewan, publié au début de la semaine, souligne également ces problèmes de revenu permanents, surtout dans les provinces de l'Ouest et plus particulièrement chez les producteurs de céréales et d'oléagineux.

Ces chiffres portent à réfléchir. Je suis conscient que la résolution de ce problème représentera un grand défi pour moi au cours des prochains mois. Je tiens toutefois à vous rappeler que notre gouvernement s'engage à verser 500 millions de dollars additionnels dans les programmes d'aide aux agriculteurs. C'était une promesse électorale et nous tiendrons notre engagement. Nous discuterons avec les provinces et l'industrie de la meilleure façon de dépenser ce montant.

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Il y a quelques autres mesures que nous pouvons prendre pour retourner l'argent aux agriculteurs, notamment supprimer la TPS, réduire les taux d'imposition des petites entreprises et d'autres mesures qui aideront l'économie en général et les agriculteurs en particulier.

Notre gouvernement s'est en outre engagé à remplacer le PCSRA. S'agira t il du PCSRA ou du PCSRA 2? Je ne suis pas sûr du nom qu'il portera, mais nous tenons à ce que les programmes de stabilisation du revenu agricole et les programmes d'aide en cas de catastrophe soient distincts.

Certains éléments du PCSRA ont bien fonctionné, mais nous tenons à ce que l'aide en cas de catastrophe soit séparée de ce programme et nous sommes en train de planifier un programme de stabilisation du revenu qui permettra de le faire, programme qui sera plus simple et qui conviendra mieux aux besoins des producteurs. Nous amorcerons sa mise en œuvre en rencontrant des représentants des provinces au cours des jours qui viennent en vue de trouver un programme de remplacement.

Nous créerons en outre des possibilités qui assureront à nos producteurs une prospérité à long terme durable. Il est essentiel de créer des débouchés qui permettront au secteur agricole d'être concurrentiel sur la scène internationale, non seulement pour l'économie agricole mais aussi pour l'ensemble de l'économie canadienne.

Plus de 8 p. 100 du produit intérieur brut du Canada provient de l'industrie de l'agriculture et de l'agroalimentaire et un emploi sur huit est lié au secteur au Canada. Son importance est donc extrêmement grande. Et l'un des facteurs vraiment positifs du secteur agroalimentaire canadien est le fait que nous disposions d'un certain nombre d'avantages concurrentiels clés qui peuvent être développés de manière à générer des débouchés nouveaux et élargis sur les marchés.

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Il existe des possibilités de vente extraordinaires et les clients internationaux exigent de plus en plus les produits de qualité à valeur ajoutée que nous pouvons et que nous devons produire. Il ne s'agit pas ici uniquement de denrées alimentaires de base. À l'administration centrale d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, on trouve une affiche qui dit à peu près que l'agriculture, ce sont les aliments mais aussi tellement plus. C'est la partie " tellement plus " qui me rend optimiste, car en plus de produire des aliments d'une très grande qualité, nous disposons de capacités (qu'il nous faudra élargir) en science et en recherche qui nous permettront de mettre au point de nouveaux produits pour répondre à l'évolution de la demande des consommateurs au Canada et à l'étranger.

Donc, en stimulant l'investissement en recherche et en développement et en continuant d'effectuer nous mêmes la recherche fondamentale, nous pouvons accroître la rentabilité de tous les maillons de la chaîne de valeur.

Je suis de nature optimiste et je crois qu'il est important pour tous ceux qui oeuvrent dans le secteur agroalimentaire d'exprimer, dans la mesure du possible, leurs préoccupations au sujet des défis qui nous attendent en termes de possibilités. Je le mentionne - et c'est ici l'homme politique qui prend la parole - uniquement parce que dans le monde de la politique, si on ne parle que de problèmes, les gens commencent à se trouver des excuses pour ne pas vous rencontrer.

Nous devons, dans la mesure du possible, exprimer nos préoccupations et nos défis en termes de possibilités. Lorsque les défis à relever sont exprimés de façon positive et que les gens participent à leur développement avec vous, on tente de vous aider à aller de l'avant.

L'approche positive me plaît. C'est ainsi que j'ai l'intention d'agir, autant que possible, dans mon rôle de ministre. Lorsque je parle à mes collègues du Cabinet, je parle en termes d'investissements en agriculture, de possibilités en agriculture, d'avancement, de collaboration avec les provinces, de la participation de l'industrie, des coopératives et du rôle important qu'elles jouent.

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J'aimerais prendre quelques instants pour parler du rôle important joué par les coopératives dans l'avancement de l'industrie. Non seulement font elles en sorte que les producteurs jouent un rôle actif au sein de l'industrie, mais elles leur fournissent, lorsqu'elles s'engagent dans des activités à valeur ajoutée, le moyen de retirer des avantages directs.

On m'a confié la responsabilité des coopératives et j'en suis très heureux. Les coopératives sont établies depuis longtemps au Canada. J'ai toujours été impressionné, depuis que je traite avec les agriculteurs, par leur grande indépendance d'esprit. Ils montent sur leur tracteur et pensent toute la journée à ce qu'ils pourraient améliorer, à la façon dont ils pourraient s'acquitter de leurs propres activités ou dont le gouvernement pourrait mieux les aider. Ils sont indépendants. Ils prennent leurs propres décisions d'affaires et d'autres décisions également. Mais ils travaillent depuis longtemps ensemble, en coopérative, au Canada et au Québec.

Et lorsqu'ils le font, lorsque les agriculteurs et les producteurs agroalimentaires se réunissent au sein d'une coopérative, il n'y a que de bonnes choses qui peuvent se produire. Les producteurs parlent alors d'une même voix et partagent une orientation commune, mais ils contribuent également à faire en sorte qu'une partie de la valeur de la chaîne retourne aux agriculteurs. L'histoire des coopératives est extraordinaire et les coopératives jouent un grand rôle dans le secteur agroalimentaire.

Je connais l'importance des coopératives pour l'économie québécoise et pour l'économie canadienne et je tiens seulement à vous assurer que je comprends le rôle de chef de file joué par la Coopérative fédérée dans l'agriculture québécoise et canadienne. Celle ci est en effet la deuxième coopérative non financière en importance au Canada et la première au chapitre des emplois.

Je sais que le problème de la capitalisation des coopératives agricoles vous préoccupe et que vos attentes sont très élevées en ce qui concerne l'intervention gouvernementale à cet égard. Je crois que votre exécutif compte m'en parler sous peu et je leur prêterai une oreille attentive. J'ai l'intention d'étudier soigneusement cette question, d'examiner minutieusement les solutions qui me seront soumises et qui seront les plus profitables pour vous. J'en discuterai assurément d'abord avec le conseil d'administration, puis avec les fonctionnaires de mon ministère et ceux du ministère des Finances.

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Il va sans dire que nous devrons examiner toutes les lois et tous les règlements qui créent des obstacles pour les coopératives. Vous pouvez être assurés que je ferai tout en mon pouvoir pour que vous disposiez des outils qui permettront à vos coopératives de poursuivre leur croissance soutenue et de discuter ouvertement et rapidement des solutions qui les rendront encore plus fortes.

Je tiens encore une fois à vous remercier de m'avoir invité aujourd'hui. J'ai fait une tournée éclair et je serai heureux de rencontrer non seulement les membres de votre exécutif mais des gens comme vous, les chefs de file de l'industrie, dans les jours, les semaines et les mois à venir au moment où nous débattrons une multitude de questions.

Je vous souhaite tout le succès possible dans vos délibérations. Vous faites un travail important, il l'est pour moi et surtout, il l'est pour vos producteurs. J'attends avec impatience de connaître vos décisions et les conclusions de vos délibérations. J'aimerais revenir souvent au Québec pour discuter des questions qui vous tiennent à cœur.

Merci beaucoup.