Information sur les marchés
Asie du Sud-Est

Bribes d'information sur le marché
du poulet⁽¹⁾

Mai 2002

Florence E. Mojica
Spécialiste principale de l'industrie agroalimentaire
Center for Food and Agri Business, University of Asia & the Pacific (U&P)

Les Philippines représentent un marché de 37 milliards de pesos pour le poulet à griller, soit 570 millions de kilogrammes. Depuis les cinq dernières années ce marché connaît une croissance annuelle soutenue d'environ 4 à 6%.

Il est divisé en deux grands segments : les services alimentaires et HORECA (hôtels, restaurants et collectivités), qui englobent les grandes chaînes de restauration rapide, les chaînes de lechon manok (poulet rôti), les hôtels, les restaurants, les carinderias (restaurants de rue) et les ménages qui s'approvisionnent dans les marchés traditionnels, les supermarchés, les hypermarchés, les épiceries, les boucheries et les dépanneurs, ou alors dans le cadre de ventes directes aux consommateurs.

Source : Bureau of Agricultural Statistics (BAS)

La restauration rapide, les chaînes lechon manok et HORECA fournissent près de 70 % des établissements. Les petits étals et les carinderias se partagent le reste du marché. Les marchés traditionnels sont de loin la source d'approvisionnement en poulet la plus populaire chez les ménages.

L'offre et la demande

Cinq entreprises intégrantes desservent le marché : San Miguel Foods, Inc., Swift Foods, Inc., Vitarich Corporation, Tyson Agro Ventures, Inc. et Universal Robina Corporation. Elles satisfont environ 80 % de la demande totale; les entreprises non intégrantes ou d'autres entreprises d'élevage, les autres 20 %. La production est concentrée dans le Luzon central (40 %) et dans le Tagalog Sud (20 %).

Les oiseaux reproducteurs et les oiseaux souches viennent essentiellement des États-Unis. De 1990 à 2000, le pays a importé environ huit millions de volailles. L'augmentation phénoménale des importations de poussins d'élevage (deux millions) en 1995 a permis d'atteindre une production exceptionnelle de poulet à griller en 1996 et 1997. Cependant, en 2000, le volume de ces importations est tombé à l,7 million de volailles, car les entreprises intégrantes devaient limiter les importations afin de réduire la production.

Les importations de poulet surgelé viennent majoritairement des États-Unis; certaines transitent par Singapour.

En 1995, les Philippines avaient importé de minuscules quantités de poulet surgelé, car de nombreuses entreprises intégrantes cherchaient à étendre leurs activités dans le but de répondre à la forte demande qui a résulté de la baisse de la consommation de porc suite à l'épidémie de fièvre aphteuse. Après l'accession du pays à l'Organisation mondiale du commerce et la levée des restrictions quantitatives imposées en 1996, les importations de produits surgelés sont montées en flèche en 1997 et en 1998. En 1999, elles atteignaient le chiffre record de 29 000 tonnes en raison des entrées massives de quarts de poulet avec cuisse provenant des États-Unis.

Le tarif douanier actuel (2001) pour la viande de poulet est de 45 % pour les contingents autorisés et de 60 % pour les volumes excédentaires.

SOURCE : National Statistics Office

Les Philippines produisent en moyenne 50 000 tonnes de poulet par année, maintenant une croissance de 5 %. La consommation de poulet est relativement basse, soit 6,7 kg par habitant (du prêt à consommer), chiffre bien inférieur à ceux de la Thaïlande et de la Malaisie, qui s'établissent respectivement à 11,5 kg et à 27 kg. Comme la consommation de poulet est dépendante du revenu, la croissance prévue excédera le taux d'augmentation des dépenses de consommation réelles.

i - initial; p- projection
SOURCE : BAS - Philippines, département de l'Agriculture - États-Unis

Le marché

Le marché continuera de représenter essentiellement les services alimentaires et les ménages. Ces deux groupes d'acheteurs ont des préférences distinctes. Les chaînes alimentaires nécessitent de grosses livraisons, constituées surtout de morceaux marinés. Elles sont très exigeantes quant à la taille et aux spécifications et sont également très tatillonnes sur le rapport qualité-prix, le service et la fiabilité. Les autres membres du groupe HORECA, cependant, demandent d'abord du poulet entier, et leurs prix sont plus variables par rapport à ceux des chaînes alimentaires, qui sont relativement plus stables.

Les marchés traditionnels, quant à eux, répondent à la demande quotidienne des ménages en offrant du poulet entier ou des morceaux de poulet. Les prix de gros sont fluctuants, alors que les prix de détail dans les marchés traditionnels restent stables. Les détaillants tendent à augmenter leurs marges bénéficiaires lorsque le volume est en baisse, afin de réaliser les recettes quotidiennes nécessaires. Les ménages achètent également dans les supermarchés et les hypermarchés. Selon une source de l'industrie, environ 10 % du volume qu'ils consomment est vendu par les supermarchés. Ces deniers leur offrent également des marques maison, telles que Bonus et Wow, qui concurrencent sur ce plan celles des entreprises intégrantes (Magnolia, Purefoods, Cooks, Swift, etc.).

À quoi faut-il s'attendre?

L'industrie de la volaille des Philippine demeurera viable. Les produits à base de poulet à valeur ajoutée ont un grand potentiel de croissance. Certains produits transformés sont maintenant vendus sur le marché : croquettes, saucisse/saucisse au fromage, maïs éclaté, beignes, pica-pica, sauce à spaghetti, poulet cordon bleu et mariné (à la coréenne, épicé, à l'ail, au miel, grillé, etc.).

La croissance de la population maintiendra la demande de poulet et de produits à base de poulet et l'industrie s'en portera mieux. La consommation de poulet est directement proportionnelle à l'augmentation des revenus. Le marché en expansion et le nombre grandissant des consommateurs qui mangent à l'extérieur influenceront favorablement la consommation de poulet.

Il existe, cependant, des menaces telles que l'importation de morceaux de poulet à bas prix, par exemple les quarts de poulet avec cuisse, les faibles coûts de production des voisins des Philippines membres de l'ANASE, les nouvelles lois, la sécurité alimentaire et les exigences des communautés ethniques (HACCP, les Bonnes pratiques de fabrication, l'Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires de l'OMC, Codex Alimentarius, ISO, HALAL) feront monter les coûts de production de l'industrie locale.

Que faut-il faire?

L'industrie doit planifier sa croissance à long terme, dans l'objectif de fournir de façon constante une nourriture saine et une source de protéine à des coûts abordables. Elle doit déployer de grands efforts pour devenir efficace. Si elle peut fournir du poulet entier à des prix concurrentiels grâce aux droits peu élevés imposés sur le maïs, concurrencer les quarts de poulet avec cuisse est une autre paire de manches. Même si les tarifs étaient portés à 40 % en 2004, le poulet importé serait encore moins cher.

L'amélioration de la productivité exige un investissement dans de nouvelles infrastructures et technologies, afin que l'industrie puisse suivre le rythme de ses voisins. L'adhésion aux normes de qualité internationales est une démarche importante qui pourrait favoriser l'expansion du marché d'exportation.

Les acteurs du marché devraient utiliser plus intensément les contrats axés sur la performance pour le partenariat avec les entreprises et les éleveurs et relever les niveaux d'efficacité en choisissant de nouvelles manières de fonctionner. Une meilleure coopération entre les entreprises intégrantes et les éleveurs commerciaux, ainsi qu'avec d'autres parties de la chaîne de valeur, est également nécessaire pour améliorer le processus de transformation et d'entreposage ainsi que la logistique. La clé d'une industrie avicole compétitive réside dans l'efficacité et les faibles coûts de production.

1.^* Cet aperçu de l'industrie a été publié par le Center for Food & Agri Business de la University of Asia & the Pacific de Manille dans le numéro de mai 2002 du Food & Agribusiness Monitor, à l'intention des Philippins. Il est diffusé aux entreprises canadiennes, afin de fournir des informations de base sur le marché des Philippines à celles qui souhaiteraient exporter leurs produits vers ce pays.