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Publications : Le Bulletin bimensuel |
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2005-05-20 | Volume 18 Numéro 10 | ISSN 1494-1813 | N° d'AAC 2081/F Chine : bière et orge brassicoleLa Chine est le plus grand pays producteur et consommateur de bière et le plus grand importateur d'orge brassicole au monde. Le Canada est l'un des principaux exportateurs d'orge brassicole en Chine, où ses concurrents sont l'Australie et l'Union européenne (UE). Pour 2004-2005 comme pour 2005-2006, on prévoit que le Canada exportera plus d'un demi-million de tonnes d'orge brassicole en Chine, pour une valeur d'environ 100 millions de dollars. À moyen terme, on s'attend à ce que la Chine demeure le plus gros et parmi les plus dynamiques des marchés d'orge brassicole au monde, et on prévoit que sa demande d'importation augmentera de 20 % d'ici 2010-2011. Cependant, la mise en oeuvre du Cadre de développement pour la production chinoise d'orge brassicole devrait accélérer la croissance de la production nationale afin de remplacer les importations, mais à un rythme plus lent que celui qui est prévu dans le Cadre. Le présent numéro du Bulletin bimensuel se penche sur la situation et les perspectives de l'industrie chinoise de la bière, du malt et de l'orge brassicole et leurs répercussions sur le Canada. L'industrie de la bière en ChineLa production de bière Les fondements de l'industrie chinoise moderne de la bière ont été établis au cours des années 50, lors de la construction de nouvelles installations de production dans les principaux centres métropolitains du pays. Cependant, l'expansion rapide de l'industrie s'est produite après la mise en oeuvre de la réforme et des politiques d'ouverture, vers la fin des années 70. D'après les données du Bureaux national des statistiques de la Chine, la production nationale de bière a augmenté à un taux annuel de 18 % depuis 27 ans, passant d'environ 4 millions d'hectolitres (Mhl) en 1978 à 291 Mhl en 2004. L'industrie a connu trois stades de développement : a) de 1978 à 1987, le taux annuel de croissance a été de 26 %, la production annuelle passant de 4 Mhl à 50 Mhl; b) de 1988 à 1995, le taux annuel de croissance a été de 16 %, la production annuelle passant de 54 Mhl à 154 Mhl; c) de 1996 à 2004, le taux annuel de croissance a été de 7 % et la production est passée à 291 Mhl. En 2002, la Chine a dépassé les États-Unis (É.-U.) à titre de principal producteur mondial de bière. Malgré le ralentissement du taux de croissance, l'augmentation annuelle du volume de la production chinoise de bière s'est accélérée, passant d'une moyenne de 5 Mhl pour la période 1978-1987 à 13 Mhl pour la période 1988-1995, puis à 15 Mhl pour la période 1996-2004. La consommation de bièreComme l'indique la figure 1, la consommation de bière par habitant en Chine a augmenté au taux annuel de 12 % depuis 21 ans, passant de moins de 3 litres (L) en 1984 à 22 L en 2004. La consommation actuelle par habitant est comparable à celle qu'on observe à Hong Kong (24 L) et à Singapour (20 L), mais bien inférieure à celle du Japon (41 L), du Canada (68 L) et des États-Unis (84 L). En 2003, la Chine a supplanté les É.-U. comme premier consommateur de bière au monde. Le potentiel de croissance devrait être important, étant donné la grande disparité sur le plan de la consommation de bière entre les milieux urbains et ruraux et entre les diverses régions de la Chine. Les facteurs de la hausse de la consommation de bièrePlusieurs facteurs alimentent l'expansion de l'industrie de la bière en Chine : a) la forte augmentation de la population, malgré un faible taux de croissance démographique; b) la croissance économique rapide et l'augmentation du revenu disponible; c) la migration massive des campagnes vers les villes et villages; d) le souci de la santé. Dans certaines des régions les moins développées de la Chine, une forte proportion des villageois, en particulier les personnes âgées, ne boivent pas de bière. Le processus de l'urbanisation associé à la hausse des revenus et à l'évolution du mode de vie accroît de beaucoup les chances qu'un consommateur potentiel devienne un buveur de bière et qu'un buveur consomme davantage. La consommation grandissante chez les consommateurs actuels et l'élargissement de la base de consommateurs contribuent à part égale à l'augmentation de la consommation. Certains analystes chinois estiment que la population de base des consommateurs de bière en Chine augmente à un taux annuel de 20 %, en raison de la hausse des revenus et de l'urbanisation. Le souci de la santé a commencé à jouer un rôle plus important, notamment chez la population urbaine, dans le passage des liqueurs chinoises traditionnelles à la bière. La part de la bière dans l'ensemble des boissons alcoolisées a progressé à pas de géant, passant de 19 % en 1980 à 72 % en 2000, tandis que la part des liqueurs, à la teneur en alcool beaucoup plus élevée, a décru en conséquence. L'industrie de la bièreL'expansion rapide de la production chinoise de bière s'est accompagnée de profondes transformations structurelles dans l'industrie de la bière. Les facteurs les plus pertinents pour la demande d'orge brassicole sont la consolidation, les investissements étrangers et l'amélioration de la composition du produit. Comparativement à la maturité des marchés européen et nord-américain, le marché chinois de la bière est encore fragmenté. La plupart des brasseries sont exploitées à une échelle régionale ou sous-régionale et il existe des centaines de marques. Cependant, l'industrie est en voie de consolidation depuis 1988, un processus qui s'accélère depuis quelques années. Le nombre de brasseries a diminué, passant de 813 en 1988 à environ 400 aujourd'hui. Les 10 principales brasseries contrôlaient 53 % du marché en 2003, contre seulement 22 % en 1996. À l'heure actuelle, les trois plus grandes sociétés sont responsables du tiers environ de la production. Les géants étrangers de la bière ont commencé à pénétrer le marché chinois au cours des années 1980. La « première vague » de cette pénétration n'a guère été fructueuse, principalement à cause de l'inadéquation des stratégies de ces brasseurs, qui se bornaient à construire leurs usines et à vendre leurs marques. Après des années de piétinement, la « deuxième vague » a débuté en 2002 et les investissements étrangers ont recommencé à jouer un rôle important dans l'industrie. Cette fois, l'acquisition d'actions ordinaires dans les grandes et moyennes brasseries locales est devenue la principale stratégie. Au lieu de vendre des marques étrangères, on conserve les marques locales et la plupart des transactions portent sur moins de 50 % du portefeuille. L'investissement total qui entre en jeu dans ces transactions est estimé à 700 millions de dollars américains (M$US) depuis deux ans. Les géants internationaux de la bière tels Anheuser- Busch, SAB Miller, Interbrew, Heineken et Carlsberg ont tous fait leur apparition sur le marché chinois. Le marché chinois de la bière est dominé par les produits à faible prix, mais les produits de qualité supérieure gagnent rapidement des parts de marché chez les consommateurs. La demande de marques de haute renommée, bière en fût, de bière de spécialité ajoutée de jus, de bière santé et de bière sans alcool a augmenté. En revanche, la consolidation et la participation des sociétés étrangères ont nettement amélioré la capacité de l'industrie de développer de nouveaux produits et d'accroître leurs ventes. La consolidation, les coentreprises entre sociétés locales et internationales et la valorisation de la gamme de produits mènent toutes à une hausse de la demande d'orge brassicole importée, aux dépens de l'orge nationale. Les coentreprises et les grandes brasseries nationales utilisent beaucoup plus d'orge importée que les petites et moyennes entreprises du secteur. Tsingtao Beer Group, le plus grand brasseur de Chine avec 13 % du marché, n'utilise que de l'orge australienne et canadienne pour fabriquer ses grandes marques. Le deuxième brasseur en importance, Yanjing Beer, qui détient 10 % du marché, utilise principalement de l'orge brassicole importée et une faible quantité d'orge nationale, juste avant la récolte d'orge australienne. CRE Beer, qui se situe au troisième rang, est la seule grande brasserie qui utilise sur une base régulière de l'orge brassicole nationale et importée. La demande de malt d'orge et d'orge brassicoleLe déclin du ratio malt d'orge-bière L'expansion rapide de l'industrie chinoise de la bière a accru la demande de malt d'orge, la principale composante de la production de bière. Cependant, la croissance de la demande d'orge brassicole n'est pas proportionnelle à la croissance de la production de bière, en particulier depuis quelques années. Comme l'indique la figure 2, alors que la production chinoise de bière est au moins 47 fois plus importante qu'en 1980, la demande d'orge brassicole ne s'est multipliée que par 28. On estime la demande de malt d'orge à 2,62 millions des tonnes (Mt) pour la production de 291 Mhl de bière en 2004. Ce total est inférieur à la demande record de 2,64 Mt de malt en 2000, alors qu'on n'a produit que 220 Mhl de bière. Deux facteurs ont entraîné le repli de l'utilisation de malt d'orge et d'orge brassicole. Premièrement, la substitution d'autres grains crus au malt d'orge a augmenté. Traditionnellement, les brasseries chinoises utilisent du riz ou, dans une moindre mesure, du maïs comme grain cru dans la production de bière. Cela donne au produit un goût particulier qui plaît aux consommateurs locaux, tout en réduisant la consommation de malt d'orge et le coût des intrants. Il y a quelques années, à cause d'une pénurie d'approvisionnements en orge brassicole, le prix de celle-ci était nettement plus élevé que celui du riz; les brasseries ont donc ajusté leur méthode de production de manière à incorporer davantage de riz pour remplacer le malt d'orge. Depuis deux ou trois ans, le prix du riz s'est accru davantage que ceux de l'orge brassicole; on s'est mis à substituer au malt d'orge d'importantes quantités de sirop de maïs et même de sirop d'autres grains. Deuxièmement, la densité primitive de la bière, soit la proportion de malt et de grains crus par rapport à la quantité d'eau dans le moût, a nettement fléchi, passant de 11 ou 12 % à 6 ou 7 % en quelques années. On produit donc davantage de bière aujourd'hui à partir d'une quantité donnée de malt et de grain cru. Par conséquent, on estime que le ratio malt d'orge-bière a reculé, passant de 13 kilogrammes de malt d'orge pour 1 hectolitre de bière (kg/hl) au cours des années 80 à 12 kg/hl pendant les années 9 kg/hl au cours des quatre dernières années. Ainsi, une tonne d'orge brassicole génère actuellement environ 90 hl de bière en Chine comparativement à environ 75 hl au Canada. L'industrie du maltageL'industrie chinoise du maltage se caractérise par de faibles marges bénéficiaires, une capacité excédentaire, l'acquisition active et l'expansion continuelle. Il y a environ 200 malteurs en Chine, dont la capacité de transformation d'orge brassicole totalise 4,3 Mt, d'après les estimations. Sur la base de la production de bière en 2004, on estime la demande de malt à 2,62 Mt, ce qui laisse supposer une surcapacité de plus de 30 %. L'industrie regroupe des malteurs disposant de capacités de production et de technologies très variables, des minuscules exploitations aux plus grandes, qui disposent de matériel de pointe. Le nombre de petites exploitations (moins de 10 kilotonnes [kt]) a chuté de 243 en 2000 à 93 en 2003, tandis que le nombre de grandes et moyennes exploitations s'est accru, passant de 67 à 85. En outre, il y avait 24 installations de maltage en construction en 2003, la plupart situées à proximité de régions productrices d'orge, notamment dans l'ouest et le nord de la Chine, tandis que la plupart des installations existantes se trouvent dans l'est, le sud et le nord-est du pays. Dans l'industrie chinoise du maltage, les installations de maltage appartenant à des brasseries ont une capacité de transformation totale de 0,5 Mt. Quant aux dix principaux malteurs indépendants, ils ont une capacité totale de 1,1 Mt. Ces deux groupes comptent pour 37 % de la capacité totale. Les entreprises de maltage de taille moyenne ont une capacité totale de 1,20 Mt, qui compte pour 28 % de la production nationale. On estime la capacité totale des petits malteurs (ayant une capacité de moins de 50 kt) à 1,5 Mt, soit 35 % de la capacité nationale. L'utilisation d'orge de qualité inférieure par l'industrie du maltageLorsque les approvisionnements d'orge brassicole sont faibles et que les prix sont élevés, certains malteurs, notamment les petites entreprises du centre de la Chine qui sont loin des sources d'orge brassicole nationale et d'importation, produisent leur malt avec de l'orge de qualité inférieure. Le malt de qualité inférieure est quand même attrayant pour les brasseries régionales et sous-régionales qui produisent de la bière de marque économique. On estime que la consommation d'orge de qualité inférieure en 2003 a atteint au moins 0,5 Mt, ce qui comprend des variétés d'orge brassicole et fourragère de source nationale ou d'importation. La production et l'approvisionnement nationaux en orge Tendances de la productionL'orge n'est pas un grain d'importance dans l'histoire récente de la Chine, et la production stagne depuis trente ans, à l'exception d'une poussée à court terme au cours des années 90. Historiquement, l'orge servait surtout à l'alimentation animale et, dans une moindre mesure, à l'alimentation humaine. La demande d'orge fourragère a connu un déclin attribuable à la réduction rapide du nombre d'animaux de trait et à la valeur alimentaire inférieure de l'orge comparativement au maïs. La production d'orge a également perdu de son attrait en raison d'une croissance du rendement plus lente que pour les cultures concurrentes, du rôle de l'orge comme culture d'assolement dans plusieurs régions et à cause des politiques gouvernementales qui favorisent les céréales d'importance tels le blé, le riz et le maïs. La demande d'orge brassicole a nettement augmenté, suite à la forte croissance de la production de bière. La consommation d'orge pour l'alimentation animale a diminué d'autant. Comme l'indique la figure 3, l'utilisation d'orge brassicole nationale a augmenté de 7 % par an, passant de 0,35 Mt peu avant 1990 à 1,35 Mt peu après 2000, et la proportion de la récolte d'orge qui sert au maltage s'est accrue, passant de moins de 20 % à près de 50 %. Géographie de la productionLa production chinoise d'orge brassicole était autrefois concentrée dans les provinces de Jiangsu et de Zhejing, dans l'est du pays. Cette région fut la première et, pendant un certain temps, la principale zone de production d'orge brassicole. Cependant, l'orge est traitée comme une culture d'assolement dans cette région, et le gel au début du printemps et la pluie au moment de la moisson influent sur la qualité des récoltes. Par conséquent, la production a diminué ces dernières années pour s'établir à environ 250 kt en 2004. Cette zone de production est située dans un secteur déficitaire pour l'orge brassicole et dominé par les importations. La zone de production du nord-ouest recoupe principalement le Gansu et le Xinjiang. C'est la région productrice qui connaît la croissance la plus rapide et qui produit la récolte de meilleure qualité en Chine. Avec une production de 650 kt, elle est devenue la principale région productrice d'orge brassicole en 2003. Cependant, la zone de production est très éloignée des grands centres, ce qui occasionne des coûts de transport élevés. Cette zone dessert principalement le nord-ouest de la Chine et peut alimenter le nord et le centre du pays. La zone de production du nord-est, formée du Heilongjiang et de la Mongolie-Intérieure, dessert principalement le nord-est de la Chine. En 2004, la production se chiffrait à environ 200 kt. Les deux autres zones de production sont situées en Chine centrale et dans la province de Yunnan, au sud-ouest du pays. ProblèmesLes principaux problèmes que doit affronter la chaîne d'approvisionnement en orge brassicole en Chine se résument comme suit :
Le Cadre de développement pour la production chinoise d'orge brassicole (CDPCOB)La dépendance à l'égard des importations pour les deux tiers des besoins totaux en orge brassicole semble constituer une importante source d'inquiétude pour l'industrie chinoise de la bière et du maltage. La pénurie d'approvisionnements étrangers et l'escalade des prix sur le marché mondial sont perçues comme une menace pour le développement de l'industrie chinoise de la bière, en particulier pour les brasseries et malteurs de taille petite ou moyenne. La volatilité des prix et de la production au pays place les producteurs et les entreprises de transformation dans une position risquée. Le CDPCOB, lancé en 2004-2005, est un effort conjoint des gouvernements et des parties prenantes de l'industrie de l'orge brassicole visant à répondre à ces préoccupations en stimulant la production nationale d'orge brassicole afin de remplacer les importations. Ce programme vise les objectifs suivants :
Les répercussions du CDPCOB sur les importationsL'impact du programme sur la demande d'importations d'orge brassicole en Chine dépendra 1) de la mesure dans laquelle la mise en oeuvre du programme sera réussie et 2) du temps que prendra cette mise en oeuvre. Quoi qu'il en soit, la cible de 70 % des besoins nationaux d'ici 2008 semble difficile à atteindre dans les délais prévus. D'importants progrès ont été accomplis dans l'établissement de zones de production. Certaines mesures, notamment les politiques et appuis du gouvernement, sont plus faciles à mettre en oeuvre que d'autres. Toutefois, les problèmes relatifs au nombre de variétés, à la qualité, aux coûts et à la structure industrielle sont beaucoup plus difficiles à régler et ne seront probablement pas résolus à la date prévue. Les régions qui bénéficieront les premières et le plus du CDPCOB seront probablement le nord-ouest, le nord-est et le sud-ouest de la Chine, où les zones de production sont situées et où l'on s'attend à ce que la consommation de bière croisse le plus rapidement. Les grandes distances, les coûts logistiques prohibitifs et les contraintes de réseau sont les goulots d'étranglement qui limitent la pénétration de l'orge brassicole nationale sur les principaux marchés, dans l'est et le sud du pays. Dans ces marchés, on préfère les importations à cause de leur qualité supérieure; elles s'approprient donc une part de marché beaucoup plus importante que la production nationale. On s'attend à ce que les avantages comparatifs des importations sur le plan de la qualité et des coûts continuent de l'emporter dans ces régions dans un avenir prévisible. L'utilisation d'orge de qualité inférieure dans le processus de maltage pourrait aussi empêcher les approvisionnements nationaux de gagner des parts de marché sur les importations. On utilise une forte proportion d'orge de qualité inférieure dans le centre et l'ouest de la Chine et dans les petites et moyennes entreprises de maltage situées à proximité des zones de production. Avant de concurrencer directement les importations, le surcroît de production d'orge brassicole de grande qualité va probablement remplacer l'orge chinoise de qualité inférieure. Les importations d'orge brassicole et de malt d'orgeSituation actuelleLa production d'orge brassicole en Chine a connu une forte hausse. Cependant, les approvisionnements nationaux n'arrivent pas à suivre le rythme de croissance de la demande. C'est pourquoi la Chine a commencé à importer de l'orge brassicole en 1980 et se classe depuis 1988 au premier rang des importateurs à l'échelle mondiale. Actuellement, environ 40 % des importations mondiales d'orge brassicole sont destinées à la Chine, compte non tenu du commerce entre les pays membres de l' UE. La figure 4 représente les approvisionnements chinois en orge brassicole, selon qu'ils viennent de la production nationale ou de l'importation. Les importations chinoises d'orge brassicole avaient longtemps augmenté, passant de moins de 0,2 Mt en 1980 à 1,0 Mt en 1990 et à un peu plus de 2,0 Mt en 2000. Après un sommet de 2,3 Mt en 1999, les importations ont décru jusqu'à environ 2,0 Mt, sauf en 2003, où elles ont chuté sous la barre de 1,5 Mt, en raison d'une pénurie mondiale d'approvisionnements. Rien n'indique cependant que les importations gagnent des parts de marché face à la production nationale. Au contraire, il semble que la part de marché des approvisionnements nationaux, y compris l'orge de qualité inférieure utilisée pour le maltage, s'est légèrement accrue depuis 15 ans, atteignant aujourd'hui près de 35 % comparativement à 30 % à la fin des années 1980, tandis que la part des importations a fléchi de 70 % à 65 %. La Chine n'a jamais joué un rôle significatif sur le marché international du malt d'orge, et rien n'indique qu'elle le fera à l'avenir. Par suite de l'accession de la Chine à l'OMC, l'écart prononcé entre les tarifs visant le malt d'orge et ceux visant l'orge brassicole a diminué, mais les malteurs chinois, notamment ceux des régions côtières continueraient vraisemblablement de jouir d'un avantage au chapitre des coûts de production. En effet, partout au monde la capacité de production du malt d'orge tend à se déplacer vers les pays importateurs d'orge brassicole aux dépens des pays exportateurs de cette denrée. La concurrence entre les pays exportateursLa figure 5 illustre la part de marché des principaux pays exportateurs sur le marché chinois de l'orge brassicole. De 1980 à 1994, le marché d'importation de l'orge brassicole en Chine était desservi par l'Australie (73 %) et le Canada (27 %). Les exportations australiennes se sont élevées de 130 kt en 1980 à environ 1,1 Mt en 1994, tandis que les exportations canadiennes sont passées de zéro à 307 kt par an. l' UE est devenue un exportateur à son tour en 1995; après trois ans de croissance robuste, elle s'accapare depuis 1998 à peu près 20 % du marché chinois, soit environ 400 kt par an. La part de marché de l'Australie a chuté de 75 % au cours de la période 1980-1994 à 60 % pendant la période 1998-2004, tandis que la part de marché du Canada diminuait de 27 % à 20 %. Outre la concurrence, la principale cause du recul des exportations canadiennes est la sécheresse de 2002, qui a provoqué une baisse marquée des approvisionnements en orge de qualité brassicole et forcé le Canada à se retirer du marché mondial de l'orge brassicole vers la fin de la campagne 2002-2003. Malgré la baisse de leur part de marché respective, le Canada et l'Australie ont accru le volume de leurs exportations, la moyenne annuelle pour le Canada étant passée de 190 kt de 1988 à 1992 à 390 kt de 1998 à 2004, tandis que l'Australie connaissait une hausse de 640 kt à 1,26 Mt. Frais de transportSur le plan du fret, l'Australie a un avantage sur le Canada sur le marché chinois de l'orge brassicole à cause de sa proximité relative de la Chine. En outre, les coûts de transport terrestre sont également nettement plus bas pour l'Australie, dont les régions de production sont situées plus près des ports d'exportation que celles du Canada. On croit généralement que la hausse des tarifs de fret maritime a EU un impact plus profond sur les expéditions canadiennes de grain que sur les expéditions australiennes, en raison de la distance à parcourir. Cependant, l'Australie est un des principaux exportateurs de matériaux industriels vers la Chine. Les routes maritimes qui vont de l'Australie vers le nord jusqu'en Chine sont parmi les plus achalandées, et les ports sont très congestionnés. Par conséquent, les tarifs de fret maritime sur ces routes pourraient s'accroître davantage que sur les routes du Pacifique Nord qui relient Vancouver aux ports chinois. Perspectives : de 2005 à 2010AAC prévoit que la production de bière en Chine augmentera de 4 à 5 % par an à moyen terme, passant ainsi de 291 Mhl en 2004 à 300 Mhl d'ici 2005 et à 380 Mhl d'ici 2010. Le gouvernement chinois prévoit une croissance démographique de 0,7 à 0,8 %, soit de 1,32 milliard d'habitants en 2004 à 1,38 milliard d'habitants. Selon les projections, le ratio entre les populations urbaine et rurale en Chine devrait passer d'environ 35:65 en 2000 à 45:55 d'ici 2010, ce qui signifie une augmentation d'environ 160 millions de personnes de la population des villes et villages chinois. La consommation de bière par habitant devrait s'élever encore de 27 % pour atteindre 28 L par an d'ici 2010. On prévoit que la demande d'orge brassicole s'accroîtra, passant de 3,3 Mt en 2004-2005 à 3,5 Mt d'ici 2005-2006 et à 4,8 Mt d'ici 2010-2011. Le taux de conversion du malt d'orge en bière devrait se rétablir graduellement, de 9 kg/hl en 2004-2005 à 10 kg/hl en 2010-2011, à mesure que la situation actuelle, marquée par de faibles approvisionnements et des prix élevés s'améliorent et que la production de bière de grande qualité s'accélère. On prévoit que la production nationale d'orge brassicole augmentera de 10 % par an, surtout à la suite de la mise en oeuvre du CDPCOB. Il est prévu que la production augmentera jusqu'à 1,5 Mt en 2005-2006, alors qu'elle était de 1,3 Mt en 2004-2005, car la superficie affectée à l'orge brassicole en Chine devrait augmenter en réaction aux prix élevés de 2004-2005. On s'attend à ce que la production d'orge brassicole atteigne 2,4 Mt d'ici 2010-2011. La part de l'approvisionnement national devrait donc passer d'environ 40 % des besoins en 2004- 2005 à 50 % en 2010-2011, une augmentation substantielle, mais quand même moindre que la cible du CDPCOB pour 2008. La croissance de la production nationale et l'amélioration de la qualité des récoltes devraient infléchir l'utilisation d'orge de qualité inférieure dans le processus de maltage. On prévoit qu'en 2005-2006, les importations chinoises d'orge brassicole demeureront pratiquement inchangées par rapport à celles de 2004-2005, à 2,0 Mt. La faiblesse persistante de la devise chinoise et les tarifs élevés du fret maritime rendront le prix au débarquement de l'orge brassicole importée relativement élevé, bien qu'on s'attende à une baisse des cours mondiaux. D'après les projections, les importations d'orge brassicole devraient atteindre 2,4 Mt d'ici 2010-2011, soit 20 % de plus qu'en 2004-2005. La consolidation, les investissements étrangers et l'amélioration des produits dans l'industrie de la bière et du maltage devraient entraîner une forte demande d'importation d'orge brassicole de grande qualité. L'orge brassicole importée continuera de dominer les marchés de l'est et du sud de la Chine, à cause de ses avantages sur les plans du prix et de la qualité. Les coûts élevés et les contraintes de capacité du réseau chinois de transport et de manutention limiteront la compétitivité des approvisionnements nationaux sur ces marchés. On prévoit que le Canada exportera environ 0,5 Mt d'orge brassicole sur le marché chinois en 2005-2006, soit légèrement moins qu'en 2004-2005, car la production d'orge australienne augmentera par rapport au creux causé par les conditions météo en 2004-2005. D'après les projections, les exportations canadiennes devraient augmenter à moyen terme. D'ici 2010-2011, le Canada devrait exporter 0,7 Mt d'orge brassicole en Chine, soit environ 30 % du marché d'importation chinois.
Les taux de change et les prix de l'orge brassicoleLa valeur de la devise chinoise est liée à celle du dollar américain; le taux de change est de l'ordre de 1 $US = 8,28 yuans depuis septembre 1999. Dans le cas d'autres monnaies, le dollar canadien par exemple, les taux de change en yuans fluctuent en relation avec leur valeur respective par rapport au dollar américain. Depuis 2001, les monnaies des principaux pays exportateurs sur le marché mondial de l'orge brassicole se sont nettement appréciées comparativement au dollar américain et, partant, du yuan. La valeur de l'euro et celle du dollar australien se sont accrues de plus de 30 %, tandis que la valeur du dollar canadien s'est accrue de 20 %. L'effet des variations des taux de change se partage généralement entre les importateurs et les exportateurs, tout dépendant de la structure du marché et de la capacité de réaction des acteurs. Dans un sens, si les exportateurs ont l'emprise nécessaire sur le marché pour accroître le prix des exportations (en dollars US) de tout le taux de dépréciation du dollar américain, ils ne subiront guère les contrecoups de l'évolution du change et ce sont les importateurs qui en porteront tout le fardeau. Dans l'autre, si les importateurs ont toute l'emprise sur le marché et que les exportateurs seront incapables de modifier le prix des exportations, ces derniers devront porter tout le fardeau. En général, l'effet se situe quelque part entre ces deux cas extrêmes. À cause de la faiblesse du yuan, l'orge brassicole importée coûte plus cher en Chine et le rendement pour les producteurs canadiens diminue. La Chine subit des pressions de la part de certains de ses partenaires commerciaux, notamment les É.-U. pour qu'elle modifie son régime de taux de change. Bien que la Chine s'apprête à le faire, le moment et l'ampleur des modifications seront sans doute choisis en fonction des intérêts chinois. Étant donné la situation macroéconomique en Chine et l'afflux des capitaux spéculatifs internationaux, il est probable que la réforme sera prudente et graduelle. par
Bien que la Division de l'analyse du marché assume l'entière responsabilité de l'information présentée dans ce document; elle tient à reconnaître les organismes suivants qui ont contribué à sa préparation : Direction générale des services à l'industrie et aux marches (AAC), Agriculture et Agroalimentaire Canada, Commission canadienne du blé, Centre technique canadien pour l'orge brassicole, Ambassade du Canada à Beijing, Chine |
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