2005-04-29 | Volume 18 Numéro 8 | ISSN 1494-1813 | N° d'AAC 2081/F

Soja : situation et perspectives

Les cours du soja ont baissé considérablement au cours de 2004-2005 sous la pression exercée par la production record aux États-Unis et par la perspective d'une récolte sud-américaine dont l'ampleur serait sans précédent. La consommation mondiale de soja est aussi à la hausse, bien qu'à un moindre rythme, sous l'effet de l'augmentation des revenus qui stimule la demande de tourteau et d'huile de soja. On prévoit une forte hausse des stocks de fin de campagne à l'échelle mondiale. En 2005-2006, les cours mondiaux du soja devraient rester à la baisse, ce qui freinera l'expansion des superficies de cette culture au Brésil. La production canadienne sera appelée à chuter légèrement, l'expansion modeste de la superficie récoltée n'arrivant pas à compenser le recul des rendements. À moyen terme, le secteur mondial de production du soja devrait prendre de l'ampleur, à mesure que le secteur de la transformation gagne en importance dans les nouvelles économies.

Situation

Le soja représente 70 % de la production mondiale des sept principales cultures oléagineuses (soja, coton, arachide, tournesol, canola/colza, coprah et graine de palmiste), et il continue de prendre de l'importance dans cette filière. Ainsi, la production de soja a augmenté de 25 %, soit de 55 millions de tonnes (Mt), depuis 2000-2001. Le gros de cette croissance est attribuable à la progression des superficies en Amérique du Sud, et surtout au Brésil, où le développement agricole se poursuit à l'intérieur des terres. Les emblavures de soja ont également augmenté rapidement en Argentine. Par contre, aux États-Unis (É.-U.), elles sont demeurées stables. Dans ce pays, la hausse de la production est attribuable à l'accroissement des rendements rendu possible par d'intenses programmes de sélection qui ont débouché sur le lancement de meilleures variétés.

Pour 2004-2005, la production mondiale de soja devrait établir un record, soit 219 Mt environ, ce qui entraînera une forte hausse des stocks mondiaux de cette denrée.

Le volume de soja trituré dans le monde devrait grimper de 6 %. En effet, la trituration du soja est en hausse en Chine, au Brésil, aux É.-U. et en Argentine. L'augmentation des volumes triturés s'explique par l'utilisation accrue d'huile et de tourteau de soja, particulièrement en Chine, sous l'effet de la tendance à l'urbanisation, de la hausse des revenus disponibles et de la consommation accrue de protéines animales et végétales.

On prévoit que la graine de soja prendra une place grandissante dans l'alimentation humaine. À l'ère de l'industrialisation et de la sophistication croissante de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, la transformation de graines de soja en aliments connaît un essor, particulièrement en Asie. Certains de ces produits, comme la sauce de soja, sont ensuite exportés dans l'Union européenne (UE). Ainsi, le soja produit en Amérique du Nord peut être expédié dans la province de Guangdong, au nord de Hong Kong, transformé puis réexporté en Europe ou en Amérique du Nord.

La trituration du soja se diversifie actuellement ailleurs qu'aux É.-U. et dans l' UE, régions où cette activité est implantée depuis longtemps, au profit de l'Amérique du Sud et de l'Asie.

Cette tendance a été appuyée par les incitatifs financiers, les tarifs douaniers différentiels et la réglementation des pays en développement, dans le cadre d'initiatives lancées pour stimuler l'emploi local et la croissance économique. Ces dernières années, les faibles taux d'intérêt et la force du dollar américain ont favorisé cette tendance. Toutefois, on prévoit que la hausse des tarifs de transport océanique, la dévaluation du dollar américain et l'augmentation possible des taux d'intérêt en 2005 avec pour effet la hausse des coûts, freineront l'expansion des usines de trituration de soja en Asie et en Amérique du Sud.

À cause de la forte hausse de l'offre relativement à la consommation, les stocks de fin de campagne de soja risquent de peser lourd en 2004-2005.

La récolte record aux É.-U. pèse sur le secteur mondial des oléagineux La production du soja aux États-Unis a atteint un sommet en 2004-2005, en raison d'une hausse de 1,5 million d'acres dans les superficies récoltées et d'un rendement moyen record, soit 42,5 boisseaux l'acre. Les rendements records résultaient de conditions météorologiques plus fraîches qu'à la normale pendant la période cruciale de formation des gousses, en août. Ces conditions ont limité la coulure des fleurs. Puis, en septembre, des températures maximales qui n'avaient pas été observées depuis un siècle ont favorisé d'une part le remplissage des gousses ce qui a permis aux plantes d'exprimer leur plein potentiel génétique et, d'autre part, la maturation des graines. Par conséquent, la production américaine de soja a progressé de 28 % par rapport à celle de 2003-2004, qui avait souffert de sécheresse.

La demande de soja américain semble être relativement stable, puisque les volumes triturés et exportés sont retournés aux niveaux d'avant 2003-2004. Le volume de soja trituré aux É.-U. devrait atteindre 45 Mt, en raison de la demande croissante de tourteau de soja. Les exportations américaines de soja devraient progresser par rapport aux niveaux de 2003-2004, pour s'établir autour des 28 Mt enregistrées en 2001-2002 et 2002-2003. Les stocks de fin de campagne devraient être extrêmement onéreux en 2004-2005, soit trois fois plus que le modeste volume enregistré en 2003-2004, et deux fois plus que celui obtenu en 2000-2001, lorsque le prix de référence départ ferme aux É.-U. s'était affaissé à 4,50 $US le boisseau.

Au Brésil, sécheresse et maladies

La production du Brésil devrait s'établir au niveau record de 54 Mt, en hausse de 4 % par rapport à 2003-2004. Malgré la réduction de la production par rapport aux prévisions antérieures en raison de conditions chaudes et humides pendant la croissance et d'une épidémie de rouille du soja, les approvisionnements devraient rester onéreux à cause de l'ampleur des stocks d'ouverture.

La demande de soja brésilien devrait augmenter modérément en 2004-2005. On prévoit que la trituration intérieure augmentera légèrement à près de 31 Mt, en grande partie à cause de la hausse prévue des exportations de tourteau de soja, qui augmenteront de 1 Mt, à 16 Mt environ. Les exportations d'huile de soja devraient rester stables, à 2,7 Mt environ. Les exportations de soja devraient grimper quelque peu, à près de 21 Mt, car la pression exercée par la hausse des frais de transport océanique et par la baisse du dollar US relativement au real contrera l'effet de l'abondance des stocks. Les stocks de fin de campagne sont appelés à atteindre le niveau record de 18 Mt, contre 17 Mt en 2003-2004 et la moyenne quinquennale de 15 Mt.

Argentine : production à la hausse

Troisième pays producteur de soja, l'Argentine fournit un cinquième de la production mondiale et figure au premier rang des exportateurs de tourteau et d'huile de soja. La production de soja a augmenté régulièrement au cours des cinq dernières années, grâce à l'expansion des emblavures après la dévaluation du peso, aux réformes apportées à l'économie du pays et à la mutation de l'industrie agricole. Pour 2004-2005, la production argentine de soja devrait s'établir à 39 Mt, en hausse de 6 Mt par rapport à la campagne précédente. Les exportations de soja devraient se situer autour de 7,5 Mt, soit un volume voisin de la moyenne sur cinq ans. La transformation intérieure du soja devrait grimper légèrement, soit de moins de 1 Mt, pour atteindre autour de 26 Mt. Cela représente un ralentissement par rapport à la forte croissance observée au début de l'année 2000, lorsque le volume de soja trituré en Argentine augmentait au rythme de 20 % par année. Comme aux É.-U. et au Brésil, les stocks de fin de campagne sont appelés à augmenter, pour atteindre le niveau surabondant de 17 Mt, soit 30 % environ des stocks de report mondiaux, comparativement à 13 Mt en 2003-2004 et à la moyenne quinquennale de près de 10 Mt.

La Chine, premier importateur dans le monde

Depuis 2000-2001, la Chine se démarque comme un important acteur dans le marché mondial du soja. Pour 2004-2005, on prévoit que les importations de ce pays atteindront près de 23 Mt, ce qui pourrait représenter jusqu'au tiers des échanges mondiaux de soja. La Chine est aussi le quatrième producteur de soja dans le monde, avec unse production probable de 18 Mt. La quantité de soja trituré dans ce pays a augmenté de plus de 50 % depuis 2000-2001, et devrait atteindre 29 Mt en 2004- 2005.

Une partie de la croissance apparente du volume trituré est attribuable à l'évolution du secteur de la transformation. Autrefois effectuée par de petites usines, dont la collecte officielle de données était inégale, la trituration est désormais l'affaire de grandes usines, pour lesquelles la collecte de données est simplifiée. La capacité de trituration du soja a augmenté considérablement en Chine ces dernières années, surtout dans les régions côtières, grâce à la formation de co-entreprises entre les compagnies locales et des sociétés multinationales.

Le soja de grade alimentaire représente environ 40 % du soja consommé annuellement en Chine. Ce pays produit et consomme de la sauce de soja, du tofu et du lait de soja. Une bonne part de ces aliments est confectionnée à partir de graines de soja présentant des qualités particulières, notamment une haute teneur soit en protéines, soit en sucres. Le marché chinois du soja alimentaire devrait continuer à prendre de l'envergure et représente un important débouché qui n'est d'ailleurs peut-être pas aussi bien desservi qu'il pourrait l'être.

Union européenne : les importations se maintiennent

l' UE est un grand importateur de soja depuis de nombreuses années. Du fait qu'elle est déficitaire en tourteau protéique, l' UE importe entre 14 Mt et 19 Mt de soja par année pour la trituration. Tout le tourteau de soja ainsi produit est utilisé dans l' UE, tandis qu'un quart environ de l'huile est exportée. Du fait que le volume de soja trituré est resté relativement stable, la place de l' UE comme exportateur d'huile de soja a reculé.

Canada : production record grâce à des conditions de croissance favorables dans l'Est

Au Canada, la production de soja est concentrée dans les provinces de l'Ontario et du Québec, bien qu'elle ait pris de l'expansion au Manitoba ces dernières années. En 2004-2005, les emblavures de soja ont augmenté de 17 %, pour atteindre 1,23 million d'hectares (Mha). Toutefois, un taux d'abandon supérieur à la normale, en raison du temps froid et humide, a fait que la superficie récoltée a augmenté de 13 % seulement, à 1,18 Mha. Le gros des pertes est survenu au Manitoba, où près de la moitié des superficies en soja ont été compromises. Les conditions de croissance étaient presque idéales en Ontario et au Québec, où les rendements étaient les plus élevés depuis 1999-2000.

En 2004-2005, le Canada a produit le volume record de 3,05 Mt de soja, ce qui représente une hausse de 33 % comparativement à 2003-2004. Par province, l'Ontario a produit 2,48 Mt de soja, le Québec 0,54 Mt et le Manitoba 45 000 tonnes seulement.

La demande de soja canadien devrait rester forte en 2004-2005 malgré la concurrence suscitée par les stocks abondants des É.-U. et de l'Amérique du Sud. La trituration intérieure de soja est appelée à reculer, mais les exportations devraient atteindre un niveau record. Les exportations canadiennes de soja ont grimpé en flèche à destination de l'Iran et de la France, ce qui a plus que compensé le recul des expéditions vers la Belgique et l'Allemagne. On s'attend à ce que les stocks de fin de campagne progressent fortement.

Chute abrupte des cours du soja Pour 2004-2005, on prévoit que le prix moyen du soja départ ferme aux É.-U. chutera à 5,40 $US/boiss., par rapport à 7,34 $US/boiss. en 2003-2004. Au Canada, le prix en entrepôt à Chatham devrait atteindre 245 $CAN/t, comparativement à 395 $CAN/t en 2003-2004. La baisse relativement forte des prix au Canada est principalement attribuable à la dévaluation du dollar américain par rapport au dollar canadien, puisque la valeur de ce dernier est passée de 0,75 cents US le 31 mars 2004 à entre 81 et 83 cents US en mars 2005. Si l'écart entre ces deux monnaies était resté stable, le prix du soja canadien se serait maintenu entre 245 et 285 $CAN/t en 2004-2005.

Perspectives pour 2005-2006

Les superficies consacrées au soja devraient rester inchangées en 2005-2006, du fait que la chute prévue des emblavures aux É.-U. viendra neutraliser la faible hausse attendue des emblavures au Brésil. Une augmentation de la production mondiale est prévue, la progression de la production brésilienne devant plus que compenser le recul marqué de la production américaine, attribuable aux rendements réduits.

On s'attend à ce que les approvisionnements mondiaux de soja augmentent, la forte hausse des stocks de report venant s'ajouter à une production accrue.

On prévoit que le volume mondial de soja destiné à la trituration augmentera timidement, du fait que les faibles marges de rentabilité freineront l'essor de la capacité de trituration dans les pays en développement. L'utilisation du soja pour la consommation humaine et pour d'autres utilisations devrait prendre de l'ampleur, compte tenu de l'accroissement de la consommation de cette denrée dans de nombreux pays. Les stocks de fin de campagne sont appelés à augmenter fortement du fait que la hausse des approvisionnements éclipsera la croissance relativement faible de la consommation. Pour que les stocks de fin de campagne restent au niveau de 2004-2005, il faudrait que le volume de soja trituré dans le monde augmente de 13 Mt environ et que la consommation alimentaire de soja augmente de quelque 3 Mt.

Repli prévu de la production aux É.-U. Pour 2005-2006, on prévoit que les emblavures de soja reculeront de 1,3 million d'acres à 73,9 millions d'acres, la superficie récoltée étant prévue à 72,6 millions d'acres. Dans l'hypothèse de conditions de croissance normales, les rendements devraient retourner près de la normale (40,6 boiss./acre), après les rendements records obtenus en 2004-2005.

On prévoit que la production chutera à 2,95 milliards de boisseaux en 2004-2005, soit 190 millions de boisseaux de moins que l'année précédente. Les approvisionnements devraient augmenter légèrement, pour atteindre 3,36 milliards de boisseaux, du fait que la forte hausse des stocks de report annulera la baisse de production. La demande de soja américain devrait augmenter lentement en 2005-2006, de sorte que les exportations et le volume trituré monteront à 50 millions et à 40 millions de boisseaux, respectivement.

Les stocks de fin de campagne devraient grimper à 425 millions de boisseaux, alors que le prix départ ferme moyen aux É.-U. chutera de 0,90 $US/boiss. pour s'établir à 4,50 $US/boiss. Les facteurs à surveiller comprennent l'incidence du champignon responsable de la rouille du soja, qui peut survivre aux conditions hivernales en trouvant abri sur la mauvaise herbe « kuzu », qui est répandue dans tout le Sud des É.-U., la valeur du dollar US et les taux de fret maritime.

Production accrue au Brésil

En 2005-2006, on prévoit que les emblavures n'augmenteront que peu, à cause de la pression exercée par les prix baissiers, la hausse des prix de l'engrais et les hauts tarifs de transport océanique. La production de soja devrait augmenter à près de 66 Mt, dans l'hypothèse de conditions de croissance normales et de pertes minimes dues à la rouille du soja. Les approvisionnements pourraient atteindre le niveau record de 87 Mt en raison de la forte hausse des stocks de report. Les exportations de soja devraient grimper à 26 Mt tandis que le volume trituré au Brésil augmenterait à 32 Mt environ. Les projections indiquent que les stocks de fin de campagne resteront onéreux.

Argentine

Les emblavures consacrées au soja devraient rester inchangées en 2005-2006, sous l'effet négatif de la baisse des prix, de sorte que la production atteindra le volume prévu de 38 Mt. Les stocks devraient monter à 55 Mt, à cause de la forte hausse des stocks de report. Les exportations de soja pourraient augmenter à 9 Mt, tandis que le volume de soja trituré en Argentine grimpera légèrement, pour atteindre 27 Mt. Les stocks de fin de campagne devraient se hisser au niveau record de 19 Mt.

Les importations de la Chine appelées à croître

En Chine, on prévoit que les emblavures de soja fléchiront légèrement en 2005-2006, à cause du manque de terres et du soutien intérieur accordé pour les cultures concurrentes. Dans l'hypothèse que les rendements suivent la tendance normale, la production de soja reculera quelque peu. Les importations de soja devraient augmenter à 25 Mt environ en 2005-2006.

Stocks records au Canada

Les surfaces consacrées au soja devraient à peine reculer. La production devrait chuter légèrement, car la hausse de la superficie récoltée n'arrivera pas à compenser tout à fait le retour à la normale des rendements. On prévoit que les approvisionnements atteindront un niveau record, car l'abondance des stocks de report compensera amplement le recul prévu de la production. L'utilisation intérieure sera appelée à augmenter au niveau record de quelque 2,4 Mt en 2005-2006, à cause des importants volumes triturés. Les exportations devraient demeurer stables à 1,0 Mt, en raison des expéditions de soja à identité préservée destinées à la consommation humaine. Les stocks de fin de campagne devraient rester onéreux.

Au Canada, le prix moyen en magasin à Chatham devrait se replier pour atteindre entre 200 et 240 $CAN/t, sous l'influence des cours baissiers du marché américain.

Le marché du soja prend de l'essor à moyen terme

Selon le Food and Agricultual Policy Research Institute établi aux É.-U., d'ici 2014-2015, la production mondiale de soja augmentera de 18 % pour atteindre 273 Mt, et le Brésil devancera les É.-U. en 2010-2011 pour devenir le premier producteur de cette denrée. En 2014-2015, on prévoit que 35 % du soja produit dans le monde proviendra du Brésil, alors que les É.-U. en produiront 30 %. La production mondiale de soja se concentrera davantage, de telle sorte que les É.-U., le Brésil et l'Argentine compteront pour 85 % du total.

La consommation mondiale de soja est propulsée par la demande de la Chine. d'ici 2012-2013, on prévoit que ce pays passera au premier rang pour la consommation de soja, devançant ainsi les É.-U. D'ici 2014-2015, on s'attend à ce que la Chine utilise 22 % des approvisionnements mondiaux de soja, comparativement à 18 % actuellement. La consommation devrait augmenter aussi au Brésil et en Argentine, tandis que l'importance relative de l' UE-25 diminuera en raison de la stabilité de la demande et des coûts de trituration dans cette région. Dans le reste du monde, l'utilisation du soja devrait se maintenir à 10 % de la consommation totale.

D'ici 2006-2007, on prévoit que le Brésil dépassera les É.-U. au chapitre des exportations de soja. On prévoit aussi que la moitié des exportations mondiales proviendront du Brésil d'ici 2014-2015. La poursuite du défrichage des terres, la conversion des pâturages en superficies cultivées et l'amélioration des rendements et de l'infrastructure des transports devraient profiter au secteur du soja, de sorte que la production de ce pays pourrait atteindre 95 Mt en 2014. Les exportations devraient augmenter à 45 Mt d'ici 2014-2015, car l'essor de l'industrie de la trituration ne pourra pas suivre l'essor de la production. La capacité de trituration devrait augmenter à près de 50 Mt au cours des dix prochaines années.

En Argentine, les superficies consacrées au soja devraient augmenter de 29 % à moyen terme. Cette tendance, conjuguée à l'amélioration des rendements, devrait mener à une hausse de la production de 36 %. L'essor du secteur intérieur de la trituration devrait suivre la même cadence. La majorité des produits de soja ainsi transformés partiront à l'exportation.

La part de marché détenue par les É.-U. sera appelée à reculer, pour passer de 44 % actuellement à 28 % en 2014-2015. Les superficies consacrées au soja devraient se maintenir, tandis que la production augmentera légèrement grâce à l'amélioration des rendements. Le volume de la trituration intérieure connaîtra une hausse qui suivra d'assez près la hausse de la production. Les exportations devraient se maintenir autour de 25 Mt.

D'ici 2014-2015, on prévoit que les besoins de la Chine à l'importation augmenteront à un niveau tel que ce pays comptera pour près de la moitié des importations de soja dans le monde. Parallèlement, les superficies consacrées au soja en Chine reculeront de 8 %, mais l'amélioration des rendements contribuera à un léger accroissement de la production. Sous l'effet de la vigueur de la demande d'huile, le volume de soja trituré devrait augmenter de près de 6 % par année à moyen terme, pour atteindre 48 Mt, tandis que la consommation alimentaire du soja augmentera à un peu moins de 5 Mt.

On prévoit que la production de soja du Canada augmentera à un peu plus de 3 Mt en raison de la stabilité des superficies et de la hausse des rendements, et ce grâce à la mis e au point prévue de meilleures variétés. Le Canada devrait demeurer concurrentiel en raison de l'augmentation de la demande de soja pour la trituration, la consommation alimentaire et la production de biodiesel.

Un certain nombre d'organisations coordonnent les efforts de développement de marchés pour le soja canadien. La Canadian Soybean Exporters Association est un regroupement volontaire des membres de l'industrie canadienne du soja qui vise à trouver des débouchés dans le monde entier pour cette denrée et ses produits dérivés. Il est possible que l'Institut international du Canada pour le grain joue un rôle à ce chapitre à l'avenir. Cette association bénéficie aussi des efforts engagés dans les domaines de la sélection et de la recherche agronomique pour mettre au point des variétés de soja de qualité supérieure dont la pureté des lots est préservée pour la consommation humaine, en réponse aux attentes bien définies des consommateurs. L'organisation Soyfoods Canada concentre ses efforts sur l'expansion de la consommation du soja produit au Canada en faisant la promotion de produits comme le lait de soja. De son côté, l'Association canadienne de biodiesel étudie l'opportunité d'un recours accru au biodiesel dans les véhicules de transport en commun, ainsi que dans les milieux marins et écologiquement fragiles, comme les mines. La coalition des industries de l'huile végétale joue un rôle de premier plan dans la réduction des obstacles au commerce interprovincial ainsi que dans le débat entourant les gras trans.

À moyen terme, les facteurs à surveiller dans le marché du soja sont : 1) la législation agricole américaine (Farm Bill) de 2007, qui, selon les premières indications, prévoit de réduire les paiements de soutien et peut-être de remplacer les paiements de mise en marché par des paiements en période de bas prix, 2) l'incidence de la rouille du soja sur la production nord et sud-américaine, 3) le débat sur les gras trans qui pourrait entraîner une réduction moindre des huiles hydrogénées, 4) le taux d'expansion des superficies de soja en Amérique du Sud, 5) le rythme de croissance des besoins de la Chine à l'importation, sous l'effet de la consommation croissante d'huile végétale et de viandes, et 5) les augmentations du prix du carburant et des tarifs de transport, lesquelles se répercutent sur les coûts de transport du soja et diminuent la capacité de concurrence de l'Amérique du Sud dans le marché asiatique.

par Chris Beckman, analyste des oléagineux

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Bien que la Division de l'analyse du marché assume l'entière responsabilité de l'information présentée dans ce document; elle tient à reconnaître les organismes suivants qui ont contribué à sa préparation :  Ontario Soybean Growers, Agriculture et Agroalimentaire Canada