Les effets de la qualité de l'eau sur le gain de poids des bovins : Résumé des résultats d'une étude menée de 1999 à 2002

Étude réalisée de concert par Agriculture et Agroalimentaire Canada et le Western Beef Development Centre.

La version français de cette publication entier est disponible sur demande en communicant au pfraweb@agr.gc.ca

Sommaire

L'utilisation des étangs réservoirs pour stocker l'eau d'abreuvement est une pratique courante dans les Prairies canadiennes. Il y a toutefois lieu de s'interroger sur l'incidence de la qualité de l'eau contenue dans ces réservoirs sur la santé et la productivité du bétail. Pour cette raison, une étude de quatre ans a été entreprise pour évaluer les effets de l'abreuvement loin de la source de l'eau et les effets de l'aération et du traitement par coagulation de l'eau destinée au bétail, d'une part, et pour cerner les facteurs qui influencent la quantité d'eau ingérée par les bovins, d'autre part. L'étude comportait quatre différents traitements, tous utilisant de l'eau provenant d'un étang réservoir, comme suit : 1) accès direct à l'étang réservoir; 2) pompage de l'eau à un abreuvoir; 3) pompage à un abreuvoir de l'eau traitée par aération; 4) pompage à un abreuvoir de l'eau traitée par coagulation et chlorée (traitement avancé). Onze bouvillons ont été mis de côté pour chaque traitement. Tous bénéficiaient d'un régime de pâturage tournant et avaient accès à un seul traitement. La quantité d'eau ingérée (sauf dans le cas de l'accès direct), la qualité de l'eau, le rendement et la qualité de l'herbage, la présence de parasites et le gain de poids des bouvillons ont été surveillés aux fins de l'étude.

Plus le traitement de l'eau était intensif, plus on observait une diminution d'intensité des paramètres de qualité de l'eau suivants : coloration, turbidité et teneur en E coli, en fer, en manganèse et en chlorophylle A. De plus, la teneur en carbone organique dissout, la teneur totale en phosphore et l'intensité de l'odeur étaient toutes inférieures dans le traitement par coagulation que dans les trois autres traitements.

Les mêmes tendances dans la consommation d'eau ont été observées en 1999 et en 2000 : l'eau traitée par coagulation venait au premier rang en volume consommé. Par contre, en 2001 et en 2002, les résultats ont divergé. À l'issue de la saison 1999, on a observé que les écarts dans les gains de poids suivaient de près les écarts dans le volume d'eau consommé.

Il semble que la sécheresse qui a sévi en 2000 et en 2001 a nui aux résultats de l'étude. En effet, le rendement et la qualité des herbages étaient inférieurs par rapport à 1999 et 2002. La qualité de l'eau a également fléchi en 2000 et en 2001; par contre, l'amélioration de la qualité de l'eau traitée a été généralement plus marquée qu'en 1999 et en 2002.

Le traitement de l'eau a influencé (P<0,10) le gain de poids des bouvillons au début de l'été, mais a eu un effet négligeable (P>0,10) à la fin de l'été. La seule différence significative était un surcroît de gain de poids de 0,09 kg/jour-1 dans le cas du traitement à l'eau purifiée par aération comparativement à l'accès direct à l'étang réservoir. Par contre, on a noté une amélioration tendancielle dans le gain de poids selon les traitements dans l'ordre suivant : accès direct, eau pompée, eau purifiée par coagulation et eau aérée. La consommation d'eau était plus élevée dans le cas de la purification par coagulation et par aération comparativement à l'eau simplement pompée. De plus, on a observé une hausse de la quantité d'eau consommée par unité de gain au fur et à mesure que la saison. avançait, probablement du fait que la teneur en eau de l'herbage diminuait et que la température de l'air augmentait. Comparativement aux autres traitements, les bouvillons qui avaient directement accès à l'étang réservoir passaient moins de temps à brouter et plus de temps à se reposer. La fréquence des abreuvements variait peu d'un traitement à l'autre (P>0,10), mais les bouvillons qui avaient accès direct à l'étang réservoir et ceux qui avaient accès à l'eau purifiée par coagulation et par aération s'abreuvaient plus longuement, en temps réel, que les bouvillons qui s'abreuvaient en eau simplement pompée. Cela pourrait être lié à des facteurs d'appétibilité influençant éventuellement la quantité d'eau ingérée par les bouvillons.

Il reste à savoir d'où proviennent les écarts dans le gain de poids selon les différents traitements. Ce point mérite d'être étudié davantage. Il semble raisonnable de supposer que, en 2000 et en 2001, la baisse du rendement et de la qualité des herbages peut avoir limité l'apport d'éléments nutritifs et annulé les éventuels avantages liés à l'amélioration de la qualité de l'eau. Il n'y aucun doute que le gain de poids vif est la conséquence finale des facteurs liés au comportement des animaux, à leur réaction physiologique et, éventuellement, à la conduite du troupeau. Une tendance se dégage selon laquelle plus la qualité de l'eau s'améliore, plus le gain de poids des bouvillons augmente.

Divers traitements à faible coût des étangs réservoirs permettent de réduire l'intensité du goût et de l'odeur de l'eau ainsi que la teneur en éléments affectant la santé du bétail. La qualité de l'eau influence à la fois la quantité d'eau ingérée et les gains de poids. À cet égard, l'étude a révélé que la purification de l'eau par aération a donné lieu à une hausse significative de la consommation d'eau et des gains de poids. Par conséquent, l'aération peut s'avérer un moyen économique d'accroître la qualité de l'eau, la production bovine et la longévité des étangs réservoirs.