Pratiques de production de l'échinacée à feuilles étroites

La réduction des budgets consacrés au système de santé conventionnel et la sensibilisation croissante aux médecines parallèles ont favorisé l'utilisation de nombreux produits végétaux naturels à des fins médicales. De nombreuses espèces végétales sont utilisées, entièrement ou en partie, depuis plusieurs siècles partout dans le monde, et l'Amérique du Nord ne fait pas exception.

L'échinacée est l'une des plantes médicinales les plus populaires à l'heure actuelle. Elle est principalement utilisée pour traiter les symptômes du rhume et de la grippe, et plusieurs autres usages sont rapportés. La racine est la partie de la plante la plus souvent utilisée à des fins médicinales.

L'échinacée est une plante vivace des prairies qui compte plusieurs espèces. L'échinacée à feuilles étroites (Echinacea angustifolia), l'échinacée pourpre (Echinacea purpurea) et l'échinacée pourpre pâle (Echinacea pallida) sont les espèces les plus couramment utilisées pour la confection de remèdes à base de plantes médicinales. L'échinacée à feuilles étroites est considérée comme l'espèce la plus intéressante des trois.

Actuellement, l'échinacée est cultivée en petites quantités au prix d'une main d'oeuvre considérable. Le Centre Canada-Saskatchewan de recherche sur la diversification de l'irrigation (CRDI), avec l'aide financière du Fonds Canada-Saskatchewan d'innovation agroalimentaire et sous la direction de la Saskatchewan Herb and Spice Association, mène des études sur le terrain afin d'élaborer des pratiques de gestion rentables pour la production commerciale de l'échinacée à feuilles étroites en culture sèche et irriguée. Ces études ont débuté au cours de l'été 1997.

L'étude vise principalement à (i) évaluer l'établissement des cultures par semis direct et par repiquage, (ii) déterminer la population végétale optimum, et (iii) élaborer des méthodes de gestion de la fertilité, de l'eau et de lutte contre les mauvaises herbes efficaces en termes de coût. Cette fiche technique propose un résumé des résultats préliminaires obtenus en 1999 (troisième année de récolte) dans le cadre des différentes études sur le terrain portant sur des cultures par semis direct ou par repiquage, menées au Centre Canada-Saskatchewan de recherche sur la diversification de l'irrigation à Outlook (Saskatchewan).

Dormance des semences et multiplication

L'échinacée peut se propager par semis ou par division de souches. Au niveau commercial, la culture est établie à partir de semences, par semis direct ou par repiquage. En raison de la dormance inhérente des semences et du besoin de lumière pour la germination, l'échinacée est une culture qui s'établit difficilement par semis direct. La stratification, qui consiste à mélanger les semences avec du sable humide et à les placer au réfrigérateur (à une température d'environ 4°C) pendant environ 4 semaines, a permis de rompre la dormance des semences.

L'échinacée à feuilles étroites cultivée en semis direct

L'échinacée à feuilles étroites peut être cultivée par semis direct au printemps ou à l'automne. Pour les semis de printemps, les semences stratifiées ont été répandues à la surface de la terre et pressées fermement. L'humidité de la terre a été maintenue grâce à une légère irrigation une fois par jour jusqu'à la germination. La population végétale finale était relativement clairsemée et extrêmement variable. L'établissement des plantes représentait entre 5 % et 23 % de la densité de semis initiale.

Les semis d'automne ont été effectués avant les gelées hivernales. Les semences non stratifiées ont été plantées à environ 0,5 cm (1/4 po) de profondeur à l'aide du matériel de semis habituel. Les semences ont germé au printemps en utilisant l'humidité résiduelle de la terre sans irrigation de complément. La population végétale était identique à celle des semis de printemps.

L'échinacée à feuilles étroites cultivée par semis direct a produit en moyenne de 1 200 à 1 300 kg de racines séchées par hectare (1070-1150 lb/ac) lors de la récolte, trois ans après la plantation. Les écartements des rangs de 40 cm (16 po) et 60 cm (24 po) ont fourni des rendements comparables en culture sèche et en culture irriguée.

On a étudié les effets d'une densité de semis de 60 à 180 semences/m2 sur le rendement de la racine en culture sèche et en culture irriguée. La population végétale finale représentait environ 14 % de la densité de semis initiale. En culture sèche, la densité de semis de 60 semences/m2 a fourni 875 kg de racines séchées par hectare (780 lb/ac). Le rendement était supérieur de 30 % en culture irriguée. Avec une densité de semis de 120 semences/m2, les cultures sèches et les cultures irriguées ont donné des rendements similaires, à savoir environ 1 450 kg de racines séchées par hectare (1 300 lb/ac).

L'échinacée à feuilles étroites cultivée par repiquage

L'échinacée est généralement cultivée à partir de plants (à racines nues ou en motte). Les grandes mottes conviennent davantage au système radiculaire considérable. À l'échelle commerciale, une repiqueuse actionnée par des roues hydrauliques peut permettre de repiquer la culture sur sol nu ou dans un paillis plastique.

Une population végétale de 55 600 unités par hectare (espacement de 60 cm x 30 cm; 24 po x 12 po.) a fourni environ 1 200 à 1 300 kg de racines séchées par hectare (1 050 - 1 150 lb/ac). Le doublement de la population végétale (60 cm x 15 cm; 24 po x 6 po) a permis d'obtenir 2 400 à 2 700 kg de racines séchées (2 100 - 2 400 lb/ac).

Irrigation

En général, l'échinacée est une espèce résistante à la sécheresse. Cependant, il a été établi qu'une irrigation de complément augmentait le rendement. Dans notre étude, les cultures sèches et les cultures irriguées avaient généralement des rendements similaires par semis direct ou par repiquage. Ceci est probablement dû au faible stress hygrométrique subi par les cultures sèches en raison d'une pluviosité supérieure à la moyenne lors de l'année de récolte (1999).

Gestion de la fertilité

Pour l'échinacée à feuilles étroites cultivée en semis direct, l'application d'azote à raison de 100 kg/ha et de P2O5 à raison de 50 kg/ha a permis d'obtenir des rendements de racines supérieurs de 17 % et de 48 % par rapport à des engrais appliqués à des doses réduites de moitié. L'application d'azote et de P2O5 n'a eu aucun effet sur le rendement de racines des cultures repiquées. Ce phénomène est attribuable à une plus grande fertilité du sol sur la zone d'essai où se trouvent les plants repiqués.

L'application fractionnée d'azote en quantités identiques au printemps et à l'automne n'a pas augmenté le rendement de racines par rapport à une application unique au printemps.

Les effets des pratiques de production et de la manipulation consécutive à la récolte sur les caractéristiques qualitatives de la plante sont en cours d'étude.