Le ministre

Chronique du ministre

Notre position dans les négociations sur l'agriculture de l'OMC

Par M. Chuck Strahl,
ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada
et ministre de la Commission canadienne du blé
Le avril 2006

Le 24 avril dernier, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Pascal Lamy, a annoncé que l'échéance du 30 avril fixée pour la conclusion d'une entente sur les règles et les engagements (ou " modalités ") dans le cadre des négociations sur l'agriculture, ne pourrait être respectée. M. Lamy a décidé de ne pas convoquer les ministres à une réunion au début de mai, car les membres de l'OMC sont convaincus que les négociations ne sont pas parvenues à une étape qui justifie une telle réunion. Des écarts marqués subsistent dans la position des principaux intervenants sur certains enjeux essentiels.

Comme bien d'autres, j'ai été déçu par cette nouvelle. En effet, je prévoyais m'atteler à la tâche avec mes homologues des autres pays dans l'espoir de faire progresser les questions commerciales qui revêtent une importance cruciale pour notre secteur de l'agriculture.

Même si nous sommes déçus de ne pas pouvoir respecter l'échéance du 30 avril, nous avons accompli d'importants progrès et nous avons bon espoir de conclure une entente sur ces règles et engagements, avec la volonté politique nécessaire et grâce à des négociations intensives qui auront lieu au cours des prochaines semaines.

La participation du Canada aux négociations sur l'agriculture de l'OMC est essentielle à l'atteinte de la prospérité à long terme du secteur canadien de l'agriculture. Nous croyons toujours au bien-fondé de l'OMC et nous sommes résolus à obtenir des résultats satisfaisants dans le cycle de négociations commerciales de Doha. Dans le cadre de ces négociations, nous travaillons d'arrache-pied en vue de conclure une entente qui uniformisera davantage les règles du jeu pour nos producteurs et nos transformateurs sur la scène internationale. Nous faisons pression pour que cette entente se traduise par une élimination des subventions à l'exportation, une réduction notable des subventions intérieures qui faussent les échanges et un accroissement significatif de l'accès aux marchés.

Tandis que le Canada s'apprête à réaliser des gains réels découlant des négociations sur l'agriculture de l'OMC, il est confronté, comme de nombreux pays, à des pressions dans certains secteurs des négociations, notamment sur des questions clés relatives à son système de gestion de l'offre. Néanmoins, nous continuerons de défendre vigoureusement nos intérêts. Le gouvernement appuie fermement le système de gestion de l'offre du Canada et il continuera de le faire. Nous sommes d'avis, en effet, que ce système est et demeurera un choix judicieux pour les producteurs canadiens de lait, d'œufs et de volaille.

De plus, le Canada continuera d'être confronté à des pressions à l'OMC sur la question du guichet unique de la Commission canadienne du blé. Le gouvernement favorise une structure de commercialisation mixte pour les producteurs de grains des Prairies.

Cependant, le Canada continue de défendre la position suivante devant l'OMC : les décisions sur l'avenir de sa structure de commercialisation doivent être prises au Canada et non par nos partenaires commerciaux de la scène internationale.

À l'heure actuelle, les agriculteurs canadiens figurent parmi les plus innovateurs et les plus productifs au monde. Cependant, nous nous rendons bien compte que les nouveaux concurrents mondiaux, dont les coûts de production sont moins élevés en raison du faible coût des terres, de la main-d'œuvre et des intrants, de même que des conditions climatiques favorables, deviennent des concurrents de plus en plus forts.

Les puissances agricoles traditionnelles, notamment les États-Unis et l'Union européenne, ont réagi en versant à leurs agriculteurs des subventions qui les protègent contre la faiblesse du prix des denrées tout en aidant la production à demeurer forte. En fait, une telle approche est inéquitable et préjudiciable, non seulement pour nos producteurs, mais aussi pour les agriculteurs des pays en développement qui ont de la difficulté à exporter leurs produits, puisque leur marché est inondé de produits moins coûteux provenant des États-Unis et de l'Union européenne.

Le 20 avril dernier, à Washington, j'ai rencontré le secrétaire à l'Agriculture des États-Unis, M. Mike Johanns. Nous avons discuté de nombreux sujets, dont l'OMC et notre objectif commun d'éliminer les subventions et d'accroître l'accès aux marchés pour tous les pays. Nous avons convenu de nous rencontrer au moins une fois l'an. Nous avons convenu également que les représentants du Canada et de l'industrie continueront de s'employer, avec leurs homologues américains, à assurer la rentabilité à long terme des producteurs de nos deux pays.

Les négociations sur l'agriculture de l'OMC offrent de véritables débouchés pour l'agriculture canadienne. Le gouvernement du Canada demeure résolu à travailler en étroite collaboration avec les membres de l'OMC, de même qu'avec les provinces et tous les intervenants du secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire afin de mener à terme les négociations de l'OMC d'ici la fin de 2006. C'est là un objectif réalisable. À mesure que les négociations se poursuivront, le Canada continuera de faire pression pour qu'elles donnent les résultats les plus favorables possible pour tout le secteur canadien de l'agriculture.