À travers le pays, des scientifiques de l'Institut national de recherche sur les eaux (INRE), d'Environnement Canada, étudient les menaces à l'eau douce du pays. L'Institut exploite des sites de recherche dans chaque région du Canada, de la rivière Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, aux Grands Lacs, des terres humides des Prairies aux rivières de la côte Ouest, des petits étangs urbains aux immenses lacs éloignés des Territoires du Nord-Ouest.
Toutefois, pour que ces recherches protègent efficacement les eaux canadiennes, elles doivent parvenir aux décideurs et aux fonctionnaires, c'est-à-dire aux gens et aux organismes qui élaborent les lignes directrices, les codes de pratique, les règlements et les lois.
Un brassage des idées
En collaboration avec les provinces, l'Institut a réuni de nombreuses personnalités canadiennes de premier plan dans les domaines de la recherche sur les eaux, de l'élaboration des politiques et de la prestation des programmes. Ces représentants de l'administration fédérale, d'administrations provinciales, territoriales et municipales et d'autres organismes ont été invités à se parler directement et à échanger d'importantes conclusions tirées de recherches. Cette initiative a été organisée au nom du Conseil canadien des ministres de l'Environnement, pour qui la qualité de l'eau constitue une grande priorité. Ces ateliers avaient pour but de mettre l'information en commun et de donner aux décideurs l'occasion de transmettre leur point de vue à la communauté scientifique.
Lors d'une série de séances, les participants ont discuté de sujets que les représentants provinciaux et territoriaux considéraient comme des priorités :
- les répercussions des pratiques agricoles sur la qualité de l'eau;
- la qualité des eaux souterraines;
- la réutilisation et le recyclage de l'eau;
- le traitement des eaux usées dans les petites collectivités;
- la surveillance de la qualité de l'eau.
Répercussions des pratiques agricoles
Au cours des 40 dernières années, l'agriculture a connu une poussée soudaine. Cette intensification des opérations a amplifié le risque de contamination des eaux de surface et souterraines par des polluants comme les éléments nutritifs, les pesticides, les organismes pathogènes, les perturbateurs endocriniens et les produits pharmaceutiques à usage vétérinaire qui persistent dans les sols agricoles fertilisés avec du fumier. Les participants à l'atelier ont relevé plusieurs domaines où les efforts de recherche devraient être intensifiés pour s'attaquer aux préoccupations engendrées par la contamination.
Il y a également eu une présentation des politiques et des initiatives agricoles récentes et des technologies en évolution. Par exemple, grâce à ces dernières, comme les systèmes mondiaux de localisation (GPS), les machines à guidage automatique, la télédétection, les systèmes d'information géographique (SIG) et l'informatique mobile, il est maintenant possible de gérer la variabilité des cultures dans un champ en adaptant précisément les apports aux besoins de celles-ci.
Par suite de ces échanges, les décideurs et les fonctionnaires sont mieux en mesure d'élaborer des politiques et des règlements plus stricts dans ce domaine.
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Qualité des eaux souterraines
Près de 10 millions de Canadiens et de Canadiennes dépendent des eaux souterraines pour leur eau potable. Ces eaux sont également cruciales à l'agriculture et aux industries manufacturières, minières et pétrolières. Il est donc essentiel de protéger leur qualité et leur quantité.
De nouvelles recherches axées sur les milieux de roches fragmentées, l'argile comme obstacle et les effets des déversements et des pathogènes sur les eaux souterraines aideront à l'élaboration et au renforcement des lois relatives à celles-ci. De nombreuses provinces sont déjà en train de mettre au point ou de réviser des règlements sur l'eau potable afin de protéger leurs sources d'eau et d'établir des exigences visant à fournir de l'eau propre, sûre et fiable à leur population. Le gouvernement fédéral est responsable de l'eau potable dans les secteurs qui relèvent de sa compétence, comme les collectivités des Premières nations, les installations militaires et autres, et les parcs nationaux. Il joue aussi un rôle important dans la protection de la qualité des sources d'eau en réglementant les substances toxiques, en réalisant des recherches sur la qualité de l'eau et en promouvant la prévention de la pollution.
Réutilisation et recyclage de l'eau
On prévoit que la population du Canada augmentera de 15 à 30 p. 100 au cours des 25 prochaines années. Du fait de la croissance correspondante des pressions sur les ressources en eau, il faudra recourir à des pratiques plus efficaces d'utilisation et de recyclage de celles-ci. Bien que la réutilisation des eaux usées municipales traitées soit courante dans de nombreuses régions sèches de la planète, le Canada n'a pas encore entièrement adapté ce système. Ce processus pourrait devenir un important domaine de croissance, tandis que les changements climatiques et la sécheresse continueront d'exercer des pressions sur notre eau, dont la quantité est limitée. De nouvelles technologies sont en train d'être mises au point au Canada, mais le temps est venu d'utiliser les connaissances scientifiques d'autres pays pour l'élaboration de politiques ici.
Traitement des eaux usées dans les petits collectivités
Construction d'une zone humide pour aider au traitement des eaux usées municipales dans l'Est du Canada. Photo : Trish Nash. Cliquez pour agrandir.
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De nombreuses collectivités canadiennes sont dépourvues d'accès à de grands réseaux centralisés d'égouts. Les solutions de rechange courantes sont les systèmes communaux ou individuels de traitement des eaux des fosses septiques au moyen de l'absorption par le sol. Cette initiative reconnaît que les petites collectivités ont besoin d'une orientation et de politiques plus fermes pour les aider à améliorer le traitement des eaux usées et à protéger leurs ressources en eau. Il faut des technologies et des systèmes de gestion qui soient simples, abordables, d'un faible entretien et adaptés à leurs budgets et à leur expertise. Dans certaines régions du Canada et des États-Unis, des techniques de traitement convenables existent déjà et les approches de gestion évoluent. L'une des prochaines étapes cruciales consiste dans la constitution d'un réseau pour la mise en commun des connaissances et l'orientation des futurs efforts.
Surveillance de la qualité des eaux
Des experts, des gestionnaires et des spécialistes canadiens et étrangers ont participé à un atelier national sur la qualité de l'eau, afin de discuter de leur expérience des programmes en la matière et d'examiner certains des défis et des leçons retenues. On voulait ainsi déterminer les possibilités de resserrer les liens entre les réseaux de surveillance et miser sur les points forts des capacités canadiennes de surveillance de la qualité de l'eau.
Amélioration des politiques et de la protection
Ces rencontres ont permis à des acteurs clés de discuter des grands enjeux relatifs à l'approvisionnement en eau du Canada. Selon un sondage de suivi, la communication de renseignements scientifiques directement aux responsables a une incidence sur les décisions prises aujourd'hui. Le sondage révèle que 90 p. 100 des gestionnaires des politiques et des programmes jugent utiles ces séances et les rapports qui en découlent. De nombreuses provinces ont signalé avoir utilisé l'information obtenue lors des ateliers pour élaborer des politiques, des programmes, des règlements et des stratégies visant à protéger les eaux du pays. Elles ont aussi profité de l'occasion pour informer les scientifiques des besoins constants ou naissants en matière de recherche qu'éprouve le monde des politiques et de la réglementation.
Au fil de l'amélioration des communications entre les scientifiques, les décideurs et les fonctionnaires, la population canadienne peut être assurée de la préservation de ses ressources en eau.
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