Agriculture et Agroalimentaire Canada / Agriculture and Agri-Food Canada
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Division de l'analyse du marché

2003-05-23 | Volume 16 Numéro 11 | ISSN 1494-1813 |  d'AAC 2081/F

Blé dur : situation en 2002-2003 et perspectives pour 2003-2004

Les prix du blé dur ont été exceptionnellement forts en 2002-2003 du fait que la consommation a dépassé la production. Par conséquent, on s'attend à ce que les stocks se contractent dans la plupart des pays exportateurs pour s'établir au plus faible niveau observé depuis 1997-1998. Pour 2003-2004, on prévoit qu'une reprise significative de la production mondiale entraînera un grossissement des stocks de fin de campagne de sorte que les cours du blé dur baisseront de 20 % environ par rapport au niveau de 2002-2003. Le présent numéro du Bulletin bimensuel porte sur la situation actuelle et les perspectives d'avenir du blé dur.

Particularités de la demande

Le blé dur (Triticum durum) est une espèce à part des autres classes de blé produites commercialement (qui, elles, appartiennent pour la plupart à l'espèce t. aestivum), et il possède des caractéristiques particulières. Par conséquent, il existe peu de possibilités de substitution du blé dur au blé commun, et vice versa. Les grains de blé dur de bonne qualité sont très durs et vitreux (HVK) et ont un albumen de couleur jaune ambré, par opposition à l'albumen blanc du blé commun. Les pâtes alimentaires faites de semoule de blé dur ont une bonne texture ferme après la cuisson, et affichent une couleur ambrée naturelle que l'on associe à des pâtes de bonne qualité. Les pâtes faites de blé commun, même de blé roux de printemps à forte teneur en protéines, ont tendance à absorber plus d'eau à la cuisson, ce qui donne un produit plus mou et collant. Ces pâtes sont blanches, à moins que l'on n'ajoute un colorant artificiel.

En Europe et en Amérique du Nord, les pâtes alimentaires, telles que les spaghettis et les macaronis, sont généralement confectionnées de blé dur exclusivement. De nouvelles techniques de production de pâtes, telles que le séchage à haute température, ont permis d'améliorer la qualité des pâtes faites de blé commun, mais les amateurs de pâtes continuent de préférer celles faites entièrement de blé dur. Le blé dur est également le composant de choix du couscous, l'aliment de base de l'Afrique du Nord. Par conséquent, la demande du blé dur a tendance à ne pas réagir au prix. Ainsi, la moindre pénurie engendre une forte hausse de la prime que commande le blé dur par rapport au blé ordinaire, alors qu'une offre accrue fait reculer le prix. Quand bien même les stocks mondiaux de blé commun seraient abondants, une pénurie de blé dur peut faire grimper les prix de celui-ci, car la plupart des utilisateurs ne sont pas disposés à substituer le blé ordinaire au blé dur. À l'inverse, compte tenu du peu de débouchés autres que pour les denrées traditionnelles que sont les pâtes et le couscous, une hausse relativement modeste de la production du blé dur peut faire chuter les prix.

Particularités de la production

Le blé dur de qualité supérieure est cultivé dans les régions ayant un climat relativement sec, avec des journées chaudes et des nuits fraîches pendant la saison de croissance. Le blé dur s'adapte mieux aux conditions sèches que les cultures de remplacement. Le blé dur produit dans des conditions humides a tendance à afficher une teneur en grains vitreux plus faible, ce qui le rend moins apte à la confection de pâtes alimentaires. Les maladies fongiques sont plus courantes dans les climats humides, notamment la fusariose, qui constitue un important facteur de déclassement et contre laquelle aucune variété de blé dur ne présente de résistance. C'est la raison pour laquelle la consommation traditionnelle du blé dur est née dans les régions chaudes et sèches entourant la Méditerranée, comme l'Afrique du Nord, le Sud de l'Europe, la Turquie et la Syrie. En Amérique du Nord, l'Ouest du Dakota du Nord et le Sud de la Saskatchewan sont les principales régions productrices. De petites quantités sont également produites sous irrigation dans les déserts de l'Arizona et de la Californie, principalement en rotation avec des cultures légumières.

Situation et perspectives mondiales

Le Conseil international des céréales (CIC) estime à 33,5 millions de tonnes (Mt) la production mondiale de blé dur de 2002-2003, ce qui représente une hausse de 9 % par rapport à 2001-2002. Toutefois, les stocks d'ouverture ont reculé de 14 % pour s'établir à 8,2 Mt, de sorte que les approvisionnements ont augmenté de 3 % seulement à 41,7 Mt. Les stocks de report des principaux exportateurs ont chuté de 41 % par rapport à l'année précédente, pour atteindre 2,9 Mt, soit le plus faible niveau depuis 1997-1998, et 15 % en deçà de la moyenne sur 10 ans. Le regain de production en 2002-2003 était principalement attribuable aux récoltes plus abondantes engrangées au Canada et dans l'Union européenne (UE), alors que les volumes récoltés aux États-Unis (É.-U.) et en Afrique du Nord ont accusé un recul. En 2002-2003, le CIC prévoit que la consommation mondiale de blé dur atteindra 33,3 Mt, soit un volume légèrement inférieur à la production. Par conséquent, les disponibilités de blé dur à l'échelle mondiale devraient augmenter de 2 % pour se chiffrer à 8,4 Mt. Toutefois, les stocks des principaux pays exportateurs devraient rester plus ou moins inchangés à 2,9 Mt.

Pour 2003-2004, le CIC prévoit que la production mondiale de blé dur connaîtra un essor de 7 %, pour atteindre 35,7 Mt, soit le plus haut volume enregistré depuis 1998-1999. On s'attend à des récoltes plus abondantes au Canada, aux États-Unis, en Afrique du Nord et en Australie, qui ne seront que partiellement neutralisées par les récoltes réduites prévues pour l' UE, la Turquie et la Syrie. Compte tenu de la légère hausse des stocks reportés, on prévoit que les approvisionnements totaux augmenteront de 6 % pour atteindre 44,1 Mt. Le CIC prévoit que la consommation augmentera de 3 % pour atteindre 34,4 Mt. Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) prévoit que les échanges mondiaux de blé dur diminueront de 14 %, à 6 Mt, à cause de la réduction de la demande à l'importation sur d'importants marchés, notamment l'Afrique du Nord. Les stocks de fin de campagne devraient grossir de 15 % à 9,7 Mt. Enfin, les stocks des principaux pays exportateurs devraient se chiffrer à 4,1 Mt, ce qui représente une hausse de 42 %.

Principaux exportateurs

Canada - 2002-2003

Offre

Encouragés par les fortes primes du blé dur par rapport au blé roux de printemps de l'Ouest (CWRS) en 2001-2002 et par la réduction des stocks en ferme, les agriculteurs de l'Ouest canadien ont augmenté leurs emblavures de blé dur en 2002-2003 de 15 % à 2,49 millions d'hectares (Mha). Toutefois, à cause de la grave sécheresse qui a sévi dans certaines régions de l'Ouest canadien, le taux d'abandon des emblavures s'est situé bien au-dessus de la normale, de sorte que les superficies récoltées ont augmenté de 7 % seulement à 2,19 Mha. Néanmoins, les rendements obtenus sur les superficies récoltées étaient supérieurs à ceux obtenus en 2001-2002, car la sécheresse était surtout confinée aux régions nordiques de la Saskatchewan, alors que la production de blé dur est concentrée dans le Sud. Selon les estimations de Statistique Canada pour 2002-2003, les rendements de blé dur de l'Ouest canadien s'élèveraient à 1,70 tonne/ha (25 boisseaux l'acre {boiss./acre}), soit 16 % de plus que l'année précédente, lorsque la sécheresse était surtout confinée au Sud.

L'effet conjugué de la hausse des surfaces et de l'amélioration des rendements a fait augmenter la production de 24 % à 3,7 Mt. Le regain de production a été amplement contrebalancé par la réduction des stocks de report, qui ont chuté de 43 % à 1,6 Mt. Par conséquent, les approvisionnements ont diminué de 9 % pour atteindre 5,4 Mt.

Qualité

En raison des pluies excessives au moment de la moisson, lesquelles ont provoqué la germination et la décoloration des grains ainsi que du mildiou, on rapporte que la qualité de la récolte de blé dur de 2002 se situe largement en deçà de la normale. Ainsi, seulement 16 % environ de la récolte est admissible au grade blé dur ambré n° 2 de l'Ouest canadien (CWAD) ou mieux, comparativement à la moyenne décennale de 75 % environ. La teneur en protéines était largement supérieure à la moyenne grâce aux conditions de croissance chaudes et sèches. Ainsi, le blé CWAD n° 1 présentait une teneur en protéines voisine de 14,7 % (teneur en humidité ramenée à 13,5 %) comparativement à 14 % l'année précédente et à une moyenne décennale de seulement 12,6 %.

Exportations

À cause de la diminution au Canada des approvisionnements de blé dur, particulièrement de qualité supérieure, on prévoit que les exportations canadiennes (y compris de semoule) chuteront de 15 % par rapport à 2001-2002, pour s'établir à 3,1 Mt, soit le plus faible volume depuis 1993-1994. Par suite de la baisse de production en Afrique du Nord, la demande à l'importation de cet important marché a augmenté, et le Canada a été bien placé pour desservir ce marché. Les exportations canadiennes en Afrique du Nord devraient atteindre entre 1,8 et 2 Mt en 2002-2003, par rapport à 1,71 Mt en 2001-2002. l' UE augmente également ses exportations dans cette région. La production de blé dur en UE a augmenté de 32 % par rapport à l'année précédente, ce qui s'est traduit par une réduction de la demande à l'importation de blé dur canadien. Les exportations canadiennes en UE devraient atteindre entre 0,25 et 0,3 Mt en 2002-2003, par rapport à 0,44 Mt en 2001-2002. La récolte américaine de blé dur a accusé un recul de 6 % en 2002-2003. Cette baisse aurait normalement dû se traduire par une hausse des importations en provenance du Canada, sauf que la pénurie de blé CWAD n° 1 entraînera une diminution des exportations aux États-Unis. De plus, à cause de l'incertitude entourant l'enquête commerciale menée actuellement par les É.-U. et qui doit se terminer plus tard cette année, toute prévision relative aux exportations de blé dur canadien vers les É.-U. est hautement spéculative. Compte tenu de ces facteurs, le Canada devrait voir diminuer sa part du marché mondial du blé dur en 2002-2003.

Stocks de fin de campagne

La Commission canadienne du blé (CCB) sera probablement en mesure d'accepter toutes les livraisons de blé dur offertes par les agriculteurs en 2002-2003, ce qui entraînera une réduction par rapport à 2001-2002 des stocks de report en ferme. La CCB a accepté 100 % du blé dur offert au titre des contrats de livraison des séries A et B, et elle s'attend à ce que le pourcentage de blé dur accepté au titre de la série C, la dernière de la campagne, sera également élevé. Au 31 juillet 2003, les stocks en ferme devraient totaliser 0,2 Mt, comparativement à 0,52 Mt au 31 juillet 2002. Les stocks de fin de campagne devraient totaliser 1,4 Mt, comparativement à 1,63 Mt en 2001-2002 et à la moyenne quinquennale de 1,8 Mt.

Canada - 2003-2004

En 2003-2004, d'après le sondage sur les intentions de semis au 31 mars réalisé par Statistique Canada, les agriculteurs canadiens réduiront leurs emblavures de blé dur de 5 % à 2,37 Mha, en réaction à la baisse attendue des primes obtenues par rapport au blé de printemps. En supposant un taux d'abandon normal et des rendements près de la moyenne, AAC prévoit que la production grimpera de 35 % par rapport à la récolte de 2002-2003, qui a été réduite par la sécheresse, pour atteindre 5 Mt. Malgré la baisse des stocks reportés, on prévoit que les approvisionnements augmenteront de 20 % pour atteindre 6,4 Mt et que les exportations grimperont légèrement pour atteindre près de 3,2 Mt en 2003-2004, tout en demeurant en deçà de la moyenne quinquennale de 3,8 Mt. On s'attend à ce que l' UE engrange une autre récolte de blé dur abondante en 2003-2004. Ainsi, les débouchés à l'exportation vers l' UE resteront limités, et cette région restera concurrentielle dans les marchés d'Afrique du Nord. On prévoit que les importations en Afrique du Nord chuteront de plus de 30 % à cause de l'amélioration de la production dans cette région, ce qui se traduira par une réduction de la demande de blé dur canadien. Les États-Unis également devraient engranger une plus grande récolte de blé dur en 2003-2004. Toutefois, en supposant un retour près de la normale de la qualité de la récolte canadienne en 2003-2004, le Canada pourrait éventuellement augmenter ses exportations dans le marché américain lucratif de la semoulerie. Les exportations de blé dur sont également appelées à continuer d'augmenter dans les nouveaux marchés sud-américains et asiatiques. Compte tenu de la contraction du volume des échanges mondiaux de blé dur prévue en 2003-2004, on pense que le Canada augmentera sa part du marché mondial.

La hausse de production, conjuguée à la stabilité des volumes exportés, laisse prévoir que les stocks de fin de campagne augmenteront de 57 % pour se chiffrer à 2,2 Mt.

États-Unis - 2002-2003

Offre

Le Dakota du Nord compte pour plus de 80 % des superficies de blé dur aux États-Unis. Les surfaces américaines en blé dur ont diminué légèrement en 2002-2003 par rapport à l'année précédente, pour totaliser 2,91 millions d'acres (Mac), soit le plus faible niveau depuis 1994-1995. En 2002, le rendement moyen (29 boiss./acre) était légèrement inférieur à la normale à cause d'une sécheresse qui a sévi dans certaines parties du bassin de production. Par conséquent, la production américaine accuse une baisse de 6 % par rapport à 2001, pour atteindre 79 millions de boisseaux (Mboiss.), soit 2,15 Mt, la plus petite récolte depuis 1993-1994. Les stocks de rapport ont fléchi de 27 % par rapport à l'an dernier, pour atteindre 33 Mboiss., de sorte que les stocks intérieurs ont continué de rétrécir.

Échanges

Le ministère de l'Agriculture des É.-U. (USDA) prévoit que les exportations de blé dur américain, y compris de produits transformés, baisseront de 36 % pour s'établir à 32 Mboiss. (campagne allant de juin à mai) et ce, en raison de l'amenuisement des stocks et de l'utilisation accrue par le marché semoulier intérieur. Au 24 avril 2003, les exportations de blé dur américain (y compris les achats impayés) se situaient à 0,74 Mt, en baisse par rapport à 1,31 Mt en 2001-2002.

Les stocks de fin de campagne devraient diminuer de 12 % par rapport à 2001-2002 pour se chiffrer à 29 Mboiss. (0,79 Mt).

États-Unis - 2003-2004

D'après le sondage de l'USDA sur les intentions de semis au 1er mars, les fermiers américains prévoient de réduire leurs superficies de blé dur d'environ 3 % en 2003-2004, à 2,83 Mac. Néanmoins, en supposant que les rendements retournent près de la normale, AAC prévoit que la production américaine de blé dur augmentera de 10 % à 88 Mboiss. (2,4 Mt). Les disponibilités intérieures devraient grossir légèrement malgré des stocks de report moindres. En raison de l'utilisation accrue de la production intérieure de blé dur par les semouleries américaines, AAC prévoit que les exportations chuteront de 20 % à 0,7 Mt, le plus faible volume depuis 1988-1989. Les stocks de fin de campagne devraient diminuer de 11 % pour atteindre 0,7 Mt, soit bien en deçà de la moyenne sur cinq ans (1,15 Mt). Le rapport stocks-utilisation de 23 % (contre 25 % en 2002-2003), et demeurera largement en dessous de la moyenne quinquennale de 31 %. Cette situation favorisera la hausse des cours américains du blé dur en 2003-2004.

Union européenne - 2002-2003

Offre

l' UE est le premier producteur mondial de blé dur. La production provient principalement d'Italie, d'Espagne, de France et de Grèce. l' UE est aussi le principal marché de consommation de cette denrée; depuis le début des années 1990, elle est un importateur net de quantités considérables de blé dur. La surface consacrée à la culture du blé dur dans l' UE a grimpé légèrement en 2002, et les rendements étaient supérieurs à la normale. Par conséquent, la production européenne a augmenté de 35 % pour atteindre 9,3 Mt. Cette hausse a été partiellement contrée par la baisse des stocks de report, qui ont chuté de 55 % à 0,4 Mt. Par conséquent, les disponibilités de blé dur en UE ont augmenté de 24 % à 9,7 Mt.

Échanges

Compte tenu de l'accumulation des stocks de l' UE, le Conseil international des céréales prévoit que les besoins de l' UE à l'importation reculeront de 58 % à 0,7 Mt seulement, soit le plus faible volume importé depuis 1993-1994. l' UE a importé en moyenne 0,5 Mt de blé dur canadien par année au cours des cinq dernières années, mais on prévoit qu'elle diminuera ses importations à 0,25-0,30 Mt en 2002-2003, comparativement à 0,44 Mt en 2001-2002. Les exportations de blé dur de l' UE devraient plus que doubler, passant de 0,59 Mt en 2001-2002 à 1,2 Mt en 2002-2003 (semoule comprise), soit le plus haut volume exporté depuis 1988-1989. Malgré l'essor des stocks de blé dur, on ne s'attend pas à ce que l' UE accorde des subventions pour l'exportation de cette denrée en 2002-2003. Enfin, les stocks de fin de campagne devraient augmenter de 75 % à 0,7 Mt.

Union européenne - 2003-2004

Les emblavures auraient diminué quelque peu en 2002-2003, et le CIC prévoit que la production chutera de 5 % à 8,8 Mt. Ce volume reste supérieur à la moyenne quinquennale (8,3 Mt). AAC prévoit que les importations augmenteront de 36 % pour atteindre 0,95 Mt, niveau qui reste inférieur à la moyenne quinquennale (1 Mt). En raison du fléchissement de la demande de blé dur de l'Afrique du Nord, les exportations devraient chuter de 42 % à 0,7 Mt. Les stocks de fin de campagne devraient augmenter de 71 % pour atteindre 1,2 Mt, comparativement à la moyenne sur cinq ans de 0,8 Mt.

Autres producteurs

Les autres principaux pays producteurs de blé dur sont la Turquie, la Syrie, le Kazakhstan, l'Inde, l'Australie et le Mexique. La Turquie est le troisième producteur de blé dur dans le monde après l' UE et le Canada. Sa production moyenne s'est chiffrée à 3,3 Mt par année au cours des cinq dernières années. Au cours de la même période, la Turquie a exporté en moyenne autour de 0,3 Mt par année. Ce pays possède une importante industrie des pâtes alimentaires et figure parmi les principaux exportateurs de cette denrée. Elle importe de faibles quantités de blé dur, soit en moyenne 18 000 tonnes par année, pour suppléer à sa production intérieure, surtout lorsque la récolte est de mauvaise qualité. En 2002-2003, on estime que la production de la Turquie atteindra 3 Mt et que les exportations accuseront un léger fléchissement, pour s'établir à 0,2 Mt. En 2003-2004, la production sera appelée à diminuer à 2,9 Mt; AAC prévoit que les exportations chuteront à 0,15 Mt. La Turquie ne constitue pas un important marché pour les exportations canadiennes, car elle a tendance à importer de l' UE et des É.-U.

La production de la Syrie a beaucoup augmenté, étant passée de 1,1 Mt en 1990-1991 à 2,8 Mt en 2002-2003 La Syrie exporte une part de sa production, particulièrement lorsque les cours mondiaux sont élevés. Ses exportations atteignent en moyenne 0,3 Mt depuis cinq ans et devraient se chiffrer à 0,6 Mt en 2002-2003. En 2003-2004, le CIC prévoit que la production syrienne de blé dur fléchira de 11 % à 2,5 Mt. Les exportations sont appelées à chuter de 50 % à 0,3 Mt.

La production de blé dur du Kazakhstan représente en moyenne quelque 2,2 Mt par année; en 2002-2003, elle a atteint 2,4 Mt. En 2003-2004, la production devrait reculer de 4 % à 2,3 Mt. L'essentiel du blé dur de ce pays est consommé dans l'ex-Union soviétique.

La production de blé dur de l'Inde est à la hausse : elle est passée de 1 Mt environ vers la fin des années 1980 à 2,1 Mt en 2002-2003. La production devrait diminuer de 5 % à 2 Mt en 2003-2004. Le blé dur est moulu pour produire une farine de blé entier appelée « atta ». Ce pays ne devrait toutefois pas exporter de blé dur, en raison de la piètre qualité de la récolte et des difficultés de séparation des lots de grain dans le réseau de manutention.

Au Mexique, la production de blé dur a triplé au cours des 10 dernières années, passant de 0,35 Mt en 1992-1993 à 1,1 Mt en 2002-2003. La production devrait se maintenir au même niveau en 2003-2004. Une partie de la production mexicaine est exportée; au cours des cinq dernières années, les exportations ont atteint 0,4 Mt en moyenne, et on prévoit qu'elles se chiffreront à 0,5 Mt en 2002-2003. Elles devraient ensuite descendre à 0,35 Mt en 2003-2004.

L'Australie est passée d'une production pratiquement nulle en 1990 à une récolte de près de 0,5 Mt en 2001-2002. La production a chuté de 40 % à seulement 0,3 Mt en 2002-2003, à cause de la sécheresse, mais on s'attend à ce qu'elle retourne à 0,5 Mt en 2003-2004. L'Australie est devenue un important exportateur de blé dur. Elle en a expédié 5,8 Mt en 2001-2002, ciblant en priorité le marché italien. Les exportations ont diminué à 0,2 Mt seulement en 2002-2003 à cause du resserrement des stocks, mais elles devraient remonter à 0,35 Mt en 2003-2004.

Principaux importateurs

Afrique du Nord

Les quatre pays de l'Afrique du Nord, soit l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Libye, forment le plus grand marché d'importation de blé dur du monde. Les aliments à base de blé dur font partie d'une tradition culturelle bien ancrée dans ces pays. Le blé dur est surtout consommé sous forme de petites boulettes de semoule cuites à la vapeur, le couscous, qui s'apprête un peu comme le riz. Certains pains traditionnels sont également faits à partir de farine de blé dur, notamment au Maroc. La production intérieure ne suffit pas aux besoins, de sorte que les importations annuelles ont avoisiné en moyenne 3,3 Mt au cours des 5 dernières années, ce qui représente près de 55 % de la consommation annuelle. Étant donné l'imprévisibilité des pluies hivernales, la production de cette région varie grandement. Ainsi, au cours des dix dernières années, elle a atteint un maximum de 5,6 Mt en 1996-1997 et un minimum de 1,7 Mt en 2000-2001. Le CIC estime la production de 2002-2003 à 2,5 Mt, soit légèrement en deçà de la moyenne et en baisse par rapport à la récolte de 3,2 Mt engrangées l'année précédente. Cette baisse est due à l'aridité qui a frappé de nombreuses régions. On s'attend à ce que les importations augmentent de 22 % comparativement à 2001-2002 pour atteindre 3,8 Mt. En 2001-2002, le Canada a exporté un total de 1,71 Mt dans cette région, soit 55 % des importations totales. Le volume d'exportation du Canada devrait augmenter pour s'établir entre 1,7 et 1,9 Mt en 2002-2003; le Canada verra diminuer sa part de marché qui se situera entre 45 et 50 %. Au 31 mars 2003, les exportations canadiennes en Afrique du Nord totalisaient 0,92 Mt, comparativement à 0,95 Mt à pareille date l'an dernier.

En 2003-2004, le CIC prévoit que la production nord-africaine atteindra 4 Mt, ce qui représente une hausse de 60 % par rapport à 2002-2003 et le niveau le plus élevé depuis 1998-1999. Par suite de l'augmentation des approvisionnements intérieurs, AAC prévoit que les importations chuteront de 38 % à 2,35 Mt. Les exportations canadiennes en Afrique du Nord devraient diminuer en conséquence, mais la part de marché du Canada pourrait prendre de l'ampleur.

Autres importateurs

Les autres principaux pays importateurs de blé dur sont le Japon, le Venezuela, le Pérou et le Chili. Les pays d'Amérique du Sud représentent un important débouché en croissance pour le blé dur canadien. Autrefois, les pâtes étaient fabriquées à partir de blé de force commun ordinaire dans la majeure partie de l'Amérique du Sud. Cependant, grâce aux efforts de développement des marchés déployés par la CCB, l'Institut international du Canada pour le grain et la Commission canadienne des grains, les exportations canadiennes de blé dur en Amérique du Sud ont augmenté à un rythme régulier au cours de la dernière décennie, passant de 0,4 Mt seulement au début des années 1990 à 0,59 Mt en 2002-2003. AAC prévoit que les importations de blé dur par les pays d'Amérique du Sud augmenteront légèrement à 0,6 Mt en 2003-2004.

Le volume du blé dur importé par le Japon a augmenté régulièrement du début des années 1980 au milieu des années 1990, en raison de l'évolution des habitudes alimentaires dans ce pays, pour culminer à 0,25 Mt en 1996-1997. Toutefois, le ralentissement de l'économie du Japon s'est répercuté sur la consommation de pâtes, de sorte que les importations ont atteint 0,2 Mt seulement de moyenne au cours des cinq dernières années. Les importations devraient totaliser 0,2 Mt en 2002-2003 et se maintenir au même niveau en 2003-2004. Le Canada approvisionne le gros du marché japonais du blé dur.

Prévisions relatives aux prix

Bien que l'abondante récolte de l' UE exerce une pression baissière sur les prix mondiaux du blé dur et bien que la demande à l'importation fléchisse partout dans le monde, les prix se sont maintenus sous l'effet de récoltes peu abondantes au Canada, en Australie et aux États-Unis. On prévoit que le prix du Hard Amber Durum (HAD) n° 3 à l'exportation, FAB golfe du Mexique, s'établira en moyenne à 200 $US/t en 2002-2003, comparativement à 182 $US/t en 2001-2002.

Pour 2003-2004, on s'attend à ce que des récoltes abondantes en Afrique du Nord, aux É.-U., au Canada et en Australie exercent une pression baissière sur les cours mondiaux du blé dur, de sorte que le prix du HAD n° 3 à l'exportation, FOB golfe du Mexique, se situera autour de 160 $US/t, soit en recul de 20 % par rapport à 2002-2003.

Canada

Les PDR (Perspectives de rendement) pour 2002-2003 publiées en mai s'élevaient à 263 $CAN/t pour le blé dur CWAD n° 1 à 11,5 % de protéines, en entrepôt au Saint-Laurent ou à Vancouver. Ce montant représente une légère hausse par rapport aux PDR de 2001-2002. La prime commandée par le blé dur par rapport au blé CWRS n° 1 à 11,5 % de protéines s'élèverait à 20 $/t, comparativement à 53 $/t en 2001-2002. On prévoit que le prix moyen en ferme dans l'Ouest canadien se situera autour de 217 $/t pour le CWAD n° 1, 11,5 %, comparativement à 218 $/t en 2001-2002. Pour 2003-2004, les PDR publiées en mai pour le CWAD n°1, 11,5 %, s'établissent à 202 $/t, en baisse de 23 % par rapport à la campagne en cours. Les recettes du compte de mise en commun du blé dur ont également souffert du raffermissement du dollar canadien. La prime par rapport au blé CWRS n° 1 à 11,5 % de protéines devrait chuter à 12 $/t. Enfin, on prévoit que le prix en ferme reculera à 157 $/t.

Le Département du commerce des États-Unis impose des droits compensatoires préliminaires et des droits anti-dumping sur les importations de blé et de blé dur du Canada

Le 3 mars 2003, le département américain du Commerce (DOC) a déterminé à titre préliminaire l'existence de subventions et a imposé à compter du 10 mars des droits compensatoires provisoires de 3,94 % sur les importations de blé de force roux de printemps et de blé dur du Canada. Le 1er mai, le DOC a déterminé, toujours à titre préliminaire, l'existence de dumping et a imposé à compter du 8 mai des droits anti-dumping de 6,12 % sur le blé et de 8,15 % sur le blé dur.

Le DOC devrait rendre des décisions finales concernant les allégations de subventions et de dumping au milieu de juillet 2003. Si le DOC confirme ses décisions, la Commission du commerce international des États-Unis décidera 45 jours après la publication des décisions s'il y a EU préjudice. En l'absence de preuve de préjudice ou de menaces de préjudice, les droits compensatoires et les droits anti-dumping seront levés et toutes les cautions correspondant aux droits provisoires seront annulées.

La CCB a déclaré qu'elle continuerait de desservir les marchés qui rapportent les plus hauts prix aux agriculteurs des Prairies et qu'elle envisagera toutes les solutions pour parvenir à cette fin dans ses démarches auprès de ses clients aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

titre du graphique :  Monde : bilan du blé dur[D]

titre du graphique :  Canada : bilan du blé dur[D]

titre du graphique :  Monde : exportations de blé dur (2003-2004p)[D]

titre du graphique :  Monde : production du blé dur[D]

titre du graphique :  Commission canadienne du blé : prix réels finals pour le blé et perspectives de rendement[D]


par Glenn Lennox, Analyste du blé

Bien que la Division de l'analyse du marché assume l'entière responsabilité de l'information présentée dans ce document; elle tient à reconnaître les organismes suivants qui ont contribué à sa préparation :  Commission canadienne du blé, Direction générale des services à l'industrie et aux marchés (AAC).

Mise jour: 2006-12-08
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