La gestion durable de la mise en jachère aide à préserver les résidus de récoltes

Pour les producteurs, la pratique de la mise en jachère constitue depuis longtemps un outil efficace de gestion de risque. Dans les régions les plus arides des Prairies, la mise en jachère contribue à augmenter les réserves d'humidité dans le sol, alors que dans les régions plus humides, elle est parfois utilisée pour contrôler les problèmes causés par les infestations de mauvaises herbes. La mise en jachère a fait l'objet de controverse, en ce qu'elle peut entraîner de l'érosion du sol et la perte de matière organique du sol. Heureusement, depuis une vingtaine d'années, l'amélioration des pratiques agricoles s'est traduite non seulement par une réduction du nombre de terres en jachère, mais également par des meilleures techniques de gestion de la jachère qui en minimisent les effets négatifs.

Dans les régions plus humides, le besoin de mise en jachère a essentiellement été éliminé par de meilleures stratégies de contrôle des mauvaises herbes, telles la rotation de cultures diversifiées, des méthodes de semis à faible perturbation du sol, une réduction du travail du sol et une amélioration des herbicides. Dans les secteurs plus arides, ces mêmes stratégies ont permis aux producteurs de conserver l'humidité du sol, réduisant ainsi la fréquence de la mise en jachère dans leur planification de rotation de cultures.

Néanmoins, même avec les meilleures techniques de conservation de l'humidité, les conditions sont parfois trop sèches pour obtenir une bonne récolte d'année en année. C'est le cas de secteurs dans la zone de sol brun qui subissent régulièrement des conditions de sécheresse et de secteurs plus étendus compris dans la zone de sol brun foncé où la sécheresse sévit périodiquement.

L'objectif principal d'une gestion durable des terres en jachère vise à conserver le plus de résidus possibles de la dernière récolte tout en contrôlant la croissance des mauvaises herbes. Ceci est particulièrement vrai cette année alors que bon nombre de champs n'ont que peu de résidus en raison de la sécheresse de l'an dernier. L'une des meilleures options consiste à utiliser des herbicides (c.?à?d. la jachère chimique) pour contrôler les mauvaises herbes au lieu du labourage. En général, il s'agit de pulvériser un anti?dicotylédones, tard en automne ou tôt au printemps, afin de contrôler les annuelles d'hiver, suivi de deux ou trois applications d'un mélange de glyphosate et d'anti?dicotylédones pour contrôler une variété de mauvaises herbes de type graminées et dicotylédones.

Il se peut que l'on doive ajuster cette stratégie pour contrôler avec plus d'efficacité des mauvaises herbes vivaces plus résistantes ou des resemis spontanés d'une culture précédente tolérante aux herbicides. Il faut aussi être conscient de l'incidence nuisible possible de la présence résiduelle des herbicides sur la prochaine culture qui sera semée. Afin de composer avec ces défis, il faut tenir compte de l'herbicide spécifique qui doit être utilisé, du dosage et du calendrier d'application ainsi que du plan de gestion de l'année subséquente. Une autre option consiste à envisager une combinaison de travail du sol avec l'utilisation d'herbicides

Bien que le labourage ne conserve jamais autant de résidus que l'utilisation d'herbicides, il existe des façons d'ajuster les pratiques de labour en vue de réduire les perturbations du sol et d'améliorer la conservation de résidus. Parmi les moyens faciles à mettre en oeuvre, on peut réduire la vitesse de labour, utiliser des socs pour le travail du sol juste sous la surface au lieu des socs de cultivateurs réguliers et enlever les herses. Bien que ces changements risquent de diminuer l'efficacité du contrôle des mauvaises herbes, on peut remédier à cet inconvénient en installant un désherbeur à l'arrière du cultivateur.

Si vous y avez accès, des cultivateurs à larges lames se révèlent excellents pour conserver les résidus et ils conviennent particulièrement pour le premier labourage en terre sèche. Il faut prendre soin d'installer toutes les lames au même niveau, d'un bout à l'autre du cultivateur, et de régler la pointe extérieure de chaque lame légèrement plus basse que la pointe du milieu afin d'améliorer la pénétration. Les désherbeurs conviennent aux opérations secondaires de labourage et ils doivent être utilisés à la bonne profondeur et à la vitesse appropriée pour mieux détruire les mauvaises herbes et conserver les résidus. L'on ne devrait pas utiliser des disques ou des herses pour le travail du sol car ceux?ci aplatissent la majeure partie du chaume et ils enfouissent une partie considérable des résidus.

Les conditions météorologiques et d'humidité du sol sont également des facteurs importants dans la prise de décisions au sujet de l'utilisation d'herbicides ou du labourage en vue de contrôler les mauvaises herbes. De façon générale, les herbicides agissent davantage lorsque les mauvaises herbes sont au stade de croissance active. Le travail du sol est plus efficace lorsque les conditions du sol sont plutôt sèches et que les mauvaises herbes subissent un stress causé par la chaleur ou la sécheresse.

Vu que la sécheresse de 2001 a produit de faibles quantités de résidus, les producteurs devront se montrer prudents dans le choix des champs qu'ils mettront en jachère cette année. Si possible, vous ne devriez pas mettre en jachère des champs de chaume de légumineuses et d'oléagineux. Même en utilisant les meilleures techniques de conservation, il n'y aura peut?être pas suffisamment de résidus pour empêcher l'érosion. Les producteurs doivent donc envisager d'autres moyens d'améliorer la protection contre l'érosion.

Une option consiste à semer des bandes obstacles avec des annuelles. Cette opération est habituellement intégrée à une opération de labourage de jachère grâce à l'installation d'un petit semoir à une ou deux rangées à l'arrière de l'appareil. Certains de ces semoirs étaient très populaires au cours des années 1980 et il doit être encore possible de s'en procurer. Ils sont également faciles et peu coûteux à construire. La bande obstacle idéale pousse assez haut et demeure debout tout l'hiver, à la fois pour protéger contre l'érosion et pour améliorer le piégeage de la neige. Les cultures barrières convenables incluent le lin, les céréales, les tournesols et le maïs. La période de semence idéale se situe à la fin juin et au début de juillet afin de permettre une croissance significative, mais suffisamment tardive pour empêcher la grenaison.

Une autre possibilité consiste à semer des cultures d'engrais vert et des cultures de couverture sur l'ensemble du champ en jachère. La période d'ensemencement peut s'étendre du début à la fin de l'été, mais les semailles doivent être effectuées dans des conditions d'humidité raisonnablement bonnes afin d'assurer un bon enracinement. La clé est de permettre suffisamment de croissance pour offrir une protection contre l'érosion pour, ensuite, terminer la croissance par l'utilisation d'herbicides ou le travail du sol avant qu'il ne se perde trop d'humidité. Cela survient habituellement de quatre à six semaines après l'ensemencement. Si vous semez à la fin de l'été, il sera peut?être possible de permettre la croissance jusqu'à la période de gel. Il ne faut pas oublier que vous pourrez récupérer un certain montant de l'humidité perdue grâce à l'amélioration du piégeage de la neige l'hiver suivant. Des légumineuses annuelles comme les lentilles ou les pois peuvent aussi améliorer l'état des éléments nutritifs du sol par la fixation de l'azote.

Une autre solution de rechange offre des résultats similaires et consiste à laisser les mauvaises herbes pousser davantage avant de les tuer. Il est cependant important de mettre fin à leur croissance avant la grenaison. Vous devrez également tenir compte que certaines mauvaises herbes sont sensibles aux herbicides seulement dans leurs phases initiales de croissance. Le sol sera beaucoup plus sujet à l'érosion ce printemps et cet été. Si vous planifiez mettre des terres en jachère en 2002, envisagez ces options de gestion durable des jachères.