FRANCHIR LES MURS
25e ANNIVERSAIRE DU PROGRAMME DE TRANSFÈREMENT INTERNATIONAL DES DÉLINQUANTS
Allocution prononcée par :
Lucie McClung
Commissaire du Service correctionnel du Canada
Ottawa (Ontario)
le 23 mai 2003
Seul le texte prononcé fait foi
Mesdames, messieurs, distingués invités bonjour. Au nom du solliciteur
général du Canada, M. Wayne Easter, qui ne peut malheureusement
être avec nous aujourd'hui, j'aimerais vous souhaiter la plus cordiale
bienvenue à cette conférence.
Je suis heureuse de célébrer avec vous le 25e anniversaire du
programme international de transfèrement des délinquants. La conférence
d’aujourd’hui porte sur la collaboration au-delà des frontières,
c’est-à-dire sur la collaboration des pays en matière de justice
pénale. Cette conférence nous donne également l’occasion
de remercier les personnes qui ont permis de mener à bien le programme
international de transfèrement des délinquants.
Il y a plus de vingt-cinq ans, quelqu’un a eu une vision et a pris des mesures
pour la concrétiser. En 1975, M. William Outerbridge, président
de la Commission nationale des libérations conditionnelles du Canada
à l’époque, se préoccupait des personnes emprisonnées
à l’étranger, loin de leurs familles. Il a vu la nécessité
de conclure des ententes entre le Canada et d’autres pays visant le transfèrement
de ces personnes. Lors du cinquième Congrès des Nations Unies
sur la prévention du crime et le traitement des délinquants, tenu
à Genève, William Outerbridge a proposé une initiative
qui suggérait aux pays de conclure des ententes afin de faciliter le
transfèrement des délinquants. Il reconnaissait ainsi que le soutien
de la collectivité était un élément essentiel de
la prévention du crime. Cette intervention du Canada a été
bien accueillie et a donné lieu à des discussions sur le sujet
avec des représentants de plusieurs pays.
Le travail de William Outerbridge, conjugué à celui de Jack Hollies
du ministère du Solliciteur général et de John Hadwen des
Affaires étrangères, a mené à l’élaboration
d’un traité type qui présentait les lignes directrices et les
principes du transfèrement international de délinquants.
Le traité type a servi de fondement à onze traités bilatéraux
que le Canada a signés avec d’autres pays et à trois conventions
multilatérales, notamment la Convention sur le transfèrement des
personnes condamnées (1983) du Conseil de l’Europe, le Scheme for
the Transfer of Convicted Offenders within the Commonwealth (1990) et la
Convention interaméricaine sur l'exécution des décisions
pénales à l'étranger (1993).
Depuis la création du programme de transfèrement il y a plus
de vingt-cinq ans, beaucoup de représentants du gouvernement, de fonctionnaires
et de personnes s’occupant de questions de justice pénale ont contribué
à ce programme en y apportant le soutien nécessaire, et je serais
négligente si je ne soulignais pas leur contribution et leur dévouement
au fil de ces années.
Comme l’a mentionné M. François Patry, le programme international
de transfèrement des délinquants et les traités qui s’y
rapportent ont un but humanitaire important. Une personne emprisonnée
dans un pays où la langue et la culture ne lui sont pas familières
éprouve souvent beaucoup de difficultés et souffre du manque de
communication avec sa famille et ses amis. Les difficultés qu’elle éprouve
se transforment souvent également en difficultés pour sa famille.
Au-delà des difficultés personnelles, qui ne sont pas négligeables
en soi, le programme répond à un important objectif stratégique.
De fait, le programme soutient directement l’objectif des systèmes de
justice pénale du monde entier : assurer la sécurité des
collectivités. Il offre aux délinquants emprisonnés à
l’étranger l’occasion de revenir à la maison et de participer
à des programmes de réinsertion sociale adaptés à
leurs besoins et à ceux de leur collectivité d’origine. Par conséquent,
les possibilités que ces délinquants réussissent leur réinsertion
sociale dans leur propre collectivité sont grandement accrues.
Le programme permet également de s’assurer que les délinquants
n’échapperont pas à la justice. Lorsque les délinquants
sont transférés dans leur pays d’origine afin d’y purger le reste
de leur peine, ils sont alors sous l’autorité de ce pays. Ils continuent
d’assumer la responsabilité de leurs actes criminels tout en améliorant
leur habileté à renforcer leur capacité de devenir des
citoyens respectueux des lois. En d’autres mots, ils travaillent pour obtenir
une mise en liberté sans risque selon les conditions établies
par leur collectivité d’origine.
Comme M. Patry l’a indiqué précédemment, les citoyens
du monde entier reconnaissent beaucoup plus la nécessité de collaborer
en matière de justice pénale depuis le 11 septembre 2001. De fait,
les citoyens se préoccupent de leur sécurité personnelle
et du bien-être de leur collectivité. Ils comprennent très
bien les répercussions de la mondialisation lorsqu’ils sont témoins
d’événements dévastateurs. Maintenant, les citoyens et
les partenaires en matière de justice pénale sont appelés
non seulement à réagir après le crime mais à agir
de façon à le prévenir. En collaborant au transfèrement
des délinquants, les pays protègent leur souveraineté,
car ils s’assurent que les délinquants n’échappent pas à
la justice et qu’ils ont accès à des programmes leur permettant
de devenir des citoyens respectueux des lois.
Le programme international de transfèrement des délinquants et
les traités et les conventions connexes ont fait leur preuve et continuent
d’être un élément permanent des relations internationales
entre notre pays et beaucoup d’autres pays. Les progrès réalisés
au Canada dans ce domaine depuis 1978 sont considérables. On a amené
au Canada environ 1 000 Canadiens et on a retourné dans leur pays de
citoyenneté plus de 100 délinquants étrangers. Ces chiffres
peuvent sembler modestes pour un pays, mais dans le monde entier, des milliers
de délinquants ont été retournés dans leur pays
d’origine grâce aux traités bilatéraux et aux conventions
internationales.
Au Canada, le solliciteur général a récemment proposé
des modifications à la Chambre des communes qui contribueront davantage
à la sécurité publique et aux objectifs humanitaires liés
au transfèrement des délinquants. La nouvelle loi permettra au
Canada de conclure des ententes de transfèrement avec d’autres pays non
souverains.
Aujourd’hui, nous en apprendrons davantage sur le programme de transfèrement
et sur ses répercussions. Nous entendrons les expériences personnelles
de personnes qui ont participé au programme.
En terminant, j’aimerais vous dire que le programme
a démontré qu’il servait l’intérêt des systèmes
de justice pénale du monde entier.
Je vous remercie beaucoup. Je nous souhaite une conférence productive.
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