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Discours du commissaire

Le travail en milieu correctionnel:
Un cadre pour une réflexion souple sur la profession

Allocution prononcée par :

Lucie McClung
Commissaire du Service correctionnel du Canada




le 29 octobre 2003
5e Assemblée générale annuelle et conférence de l'Association internationale des affaires correctionnelles et pénitentiaires
« Pour une amélioration durable »
Miami (Floride)


Seul le discours prononcé fait foi


Mise en situation de mes observations

Bonjour Mesdames et Messieurs… et chers collègues.

Permettez-moi de vous décrire - très brièvement - le contexte dans lequel évoluent la fonction publique canadienne et le Service correctionnel pour mieux situer mes commentaires sur le leadership qui me paraît nécessaire aujourd'hui.

Tout d'abord, il convient de préciser que le taux d'incarcération au Canada est à la baisse depuis un certain temps - il s'établit maintenant à 102 par 100 000 habitants - ce taux reste supérieur à celui des pays européens mais il est inférieur au taux de notre voisin, les États-Unis. Cette baisse va de pair avec la diminution de la criminalité observée au cours de la dernière décennie - ces phénomènes ne surviennent pas toujours en parallèle, mais ils ont évolué de cette façon au Canada.

Ensuite, le Canada applique une politique correctionnelle fondée sur le principe voulant que la sécurité publique est mieux servie par une mise en liberté graduelle et structurée des délinquants dans la collectivité. Il considère donc qu'il lui faut, tout au long de l'incarcération et pendant la phase de la réinsertion dans la collectivité, axer ses interventions auprès des délinquants de façon à corriger les facteurs qui ont été à l'origine de leur comportement criminel.

Dans sa politique, le Canada reconnaît également que l'incarcération - en elle-même - ne suffit pas pour contribuer réellement à la sécurité de nos collectivités à long terme. Sa politique repose également sur le principe voulant que l'intervention doit être fondée sur la recherche.

Je ne dis pas que notre politique n'est pas controversée, ou que toutes les décisions reposent toujours sur la recherche. Comme tout organisme public, nous devons obligatoirement tenir compte de facteurs nouveaux, qui ne sont pas toujours clairement articulés et l'application que nous faisons des dispositions législatives est soumise à des examens parlementaires.

Je dois également ajouter que la fonction publique fédérale du Canada - dont nous faisons partie - a reconnu qu'un renouvellement des ressources humaines s'imposait, largement à cause des difficultés éprouvées pour recruter et retenir le personnel, des processus fastidieux et du fait qu'un grand nombre de cadres supérieurs prendront leur retraite au cours des trois prochaines années - comme le veut la rumeur…

D'importantes initiatives ont donc été lancées à la grandeur du gouvernement afin que la FP ait les moyens nécessaires pour continuer à répondre aux besoins des Canadiens et des Canadiennes.

La gouvernance est également au cœur de beaucoup de discussions : quels principes doivent sous-tendre les systèmes de la gouvernance (un début de réponse, et un bon début à mon sens, tient au Code d'éthique et de valeurs distribué dernièrement); quels éléments entrent dans les responsabilités des cadres supérieurs - quel est le cadre de gestion des responsabilités du Canada… Il faut repenser les rapports entre les systèmes de gouvernance - les institutions, les parlementaires et les citoyens. Les citoyens veulent faire partie des décisions qui influent sur leur vie - il nous faut tenir compte davantage de ce phénomène dans nos systèmes, nos structures et nos processus.

Alors, avec cette toile de fond - quel leadership puis-je envisager dans le domaine correctionnel ?

Introduction - Apprendre à faire du ski

Laissez-moi tout d'abord vous raconter une histoire ! Et, dans le contexte canadien, il FAUT qu'il y ait de la NEIGE !!

Avez-vous déjà fait du ski ? Il faut attacher deux morceaux de bois longs à vos pieds, vous rendre sur le sommet d'une montagne et, ensuite, filer vers le bas, tout en espérant y arriver sain et sauf… Et parce que vous y arrivez, vous recommencez…

Pour les Canadiens et les Canadiennes, c'est un plaisir !

Mais laissez-moi vous raconter ce qui arrive réellement.

La première chose que vous faites - vous prenez des cours - le moins possible.

Après quelques essais, vous commencez à vous sentir un peu plus à l'aise, et même un peu brave.

Au cours de ce processus d'apprentissage, vous vous fiez largement à ce que votre instructeur de ski vous a enseigné. Avec le temps, toutefois, vous commencez à apprendre et à vous inspirer d'autres sources, comme les amis qui skient depuis plus longtemps que vous ou des experts que vous voyez sur une chaîne de télévision spécialisée dans les sports.

Miraculeusement, votre cerveau absorbe toute cette information et commence inexplicablement à prendre des décisions et à déduire les principes avec lesquels vous allez aborder votre façon de skier :

  • Serez-vous prudent ou téméraire ?
  • Pourrez-vous reconnaître les obstacles avant de vous y heurter ?
  • Chercherez-vous à skier avec d'autres personnes pour avoir plus de plaisir ?
  • Comment vous comparez-vous aux autres - à qui en particulier ? Faites-vous des progrès ?

Outre les décisions sur votre manière de skier et d'aborder ce sport, vous continuez de prendre des décisions en fonction de la montagne et même de la piste que vous allez emprunter. Bref, avec les connaissances et habiletés que vous avez acquises - il est à espérer - auprès d'un professionnel compétent, vous partez à la recherche de nouvelles informations pour vous aider à conquérir la montagne.

Avec le ski, vous apprenez que vous n'êtes jamais un maître - vous apprenez à accepter ce fait et parfois avec l'anxiété de savoir que vous n'atteindrez jamais le sommet de ce sport si vous cessez d'y porter attention, si vous cessez d'apprendre, si vous cessez de pratiquer… si vous cessez de skier.

Il en va de même pour le leadership.

J'estime que les leaders doivent d'abord et avant tout respecter les obligations qu'ils ont concernant l'apprentissage continu et être à la hauteur des fonctions du poste qu'ils occupent.

Il existe une terminologie infiniment meilleure en administration publique. La fonction publique du Canada recherche - chez chaque leader qui occupe un poste élevé - les caractéristiques suivantes; en milieu correctionnel, on recherche ces qualités chez les directeurs d'établissement et les gestionnaires en poste dans la collectivité :

1. Une capacité cognitive - dont la créativité constitue une facette… rien ne peut remplacer la connaissance que vous avez du domaine - ni le désir d'en savoir plus.

2. Une capacité de bâtir l'avenir
Comprendre véritablement la Mission de l'organisation, de façon à pouvoir non seulement y donner vie à tous les jours mais également à créer des possibilités pour l'avenir.

3. Une capacité de gérer l'action et de ne pas se contenter de paroles. Que vous aimiez cela ou non - que votre journée soit bonne ou mauvaise - les gens vous observent et comptent sur vous.

4. De bonnes relations avec les autres
J'aimerais vous parler davantage de ce sujet - nous travaillons auprès des gens - il convient de reconnaître véritablement que notre travail s'adresse essentiellement aux gens.

5. Des compétences personnelles qui ont trait aux valeurs et à l'éthique.
Nous savons que, dans le domaine correctionnel, le résultat n'est pas tout ce qui compte. La façon dont ce résultat a été atteint est également de la plus haute importance, essentiellement en raison de la relation d'autorité qui existe entre les parties.

J'aimerais parler de la quatrième compétence - les relations avec les autres.

J'ai choisi de parler de ce sujet parce que je crois qu'il y a beaucoup de progrès à faire à cet égard dans les systèmes correctionnels.

Laissez-moi vous expliquer.

De par leur nature même, les services correctionnels exigent peut-être plus que jamais une gestion soignée des relations interpersonnelles :

1. Du point de vue de la politique dans son ensemble

a) nous devons gérer toutes les relations survenant entre l'incarcération et la réinsertion sociale pour nous acquitter de notre mandat. Cet aspect de notre tâche englobe les relations entre les partenaires de la justice pénale de façon à ce qu'elles soient convenables pour les citoyens, et entre les dirigeants des établissements et les collectivités de façon à ce que les échanges reposent sur les faits et que le dialogue sur les difficultés communes que nous devons surmonter se poursuive.
b) nous devons veiller à ce que les grandes orientations reposent sur la « connaissance ».

2. Du point de vue des programmes - car nous préparons le délinquant à renouer avec un certain nombre de personnes… il faut préparer le délinquant et ceux qui l'accueilleront à son retour dans la société, souvent, après une longue absence. Quels sont leurs besoins ?

3. Du point de vue de la gestion - où de plus en plus nous devons tenir compte entièrement des voix qui se font entendre - les voix qui s'élèvent avec force pour réclamer que l'on châtie les coupables - et celles qui se font plus douces…

Si nous n'y consacrons pas l'attention, l'énergie et la détermination requises, je crains que la viabilité ou la durabilité de la connaissance que nous avons acquise ne soit mise en péril et, en bout de ligne, que la qualité de vie même de nos collectivités en souffre.

Conclusion

À cette fin, je crois que nous devons accorder une plus grande visibilité aux relations que nous entretenons au niveau international et mieux intégrer ces relations. Malheureusement, nos voix et l'énergie que nous déployons semblent disséminées pour l'instant. Une tribune de discussion intégrée pourrait présenter plusieurs avantages :

Elle pourrait nous permettre d'unir nos connaissances en un cadre stratégique FORT- auquel nous pourrions tous nous référer pour connaître LA norme professionnelle.

Elle pourrait nous permettre de profiter de nos investissements respectifs dans la recherche et dans l'élaboration des pratiques de gestion. Elle nous permettrait de cerner les aspects de la profession sur lesquels nous devrions concentrer notre attention pour mieux orienter nos interventions individuelles.

Je vous laisse sur cette note et j'espère que nous aurons le temps de discuter de ces idées au cours de la conférence.

Je vous remercie de m'avoir écoutée (et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions au cours du peu de temps qui nous reste).

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