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Discours du commissaire

« Pourquoi les tensions sont bénéfiques ou l'importance d'obtenir de nombreux points de vue dans le domaine correctionnel »

Allocution prononcée par :

Lucie McClung
Commissaire du Service correctionnel du Canada
le 8 novembre 2003




Conférence annuelle 2003 des comités consultatifs de citoyens (CCC)
le samedi 22 novembre 2003
Ottawa (Ontario)


Seul le discours prononcé fait foi


Bonjour mesdames et messieurs,

Je suis heureuse d'avoir l'occasion de vous parler d'un sujet qui m'est cher : les liens entre les collectivités et le Service correctionnel du Canada.

Mais comme il y a longtemps que nous nous sommes réunis, je compte faire seulement de brefs commentaires pour vous laisser suffisamment de temps pour les questions. J'espère que cela vous convient.

Il y a une abondance de dispositions législatives, de politiques et de directives provenant des plus hauts échelons du gouvernement, qui favorisent la participation des collectivités à tout ce qui touche la vie des citoyens, notamment au système correctionnel. Ce n'est pas une révélation pour vous, je le sais, car vous l'avez concrétisée, cette notion de participation des citoyens, en la vivant.

Parmi les cadres supérieurs du Service correctionnel du Canada, on convient généralement que la participation des collectivités aux affaires correctionnelles n'est pas seulement une bonne chose - contribuant aux efforts visant à rendre nos collectivités plus sécuritaires - mais également une chose nécessaire.

Mais, ceci n'est plus suffisant en 2003. Notre discussion doit maintenant être orientée vers l'évaluation des résultats.

Permettez-moi de mieux situer ces commentaires.

On sait que la criminalité n'est pas seulement l'affaire de quelques-uns. La criminalité touche beaucoup de personnes à court, moyen et long terme. En fait, elle nous touche tous et toutes. Ce sont dans les collectivités que les crimes sont commis, que les gens en sont le plus affectés, que les victimes doivent faire face aux douloureuses conséquences, et c'est aussi des collectivités que viennent les délinquants et dans celles-ci qu'ils retournent.

Nous devons donc concentrer davantage nos efforts dans les collectivités.

Nous savons maintenant que plus nous ciblons l'aide que nous donnons aux délinquants qui sont sous notre garde ou qui habitent dans nos collectivités, moins ils ont tendance à commettre de nouveaux crimes et, par conséquent, plus nos collectivités sont sûres.

Nous savons également que c'est pendant la période qui suit immédiatement la mise en liberté que le risque de récidive est le plus élevé. Nous sommes conscients que les délinquants ont besoin de modèles, d'un contact avec la collectivité, de la structure et du soutien qu'offrent les maisons de transition, d'un accès aux services médicaux et sociaux, de services d'emploi, d'églises, et d'autres groupes confessionnels communautaires et groupes de soutien.

Or, rien de cela n'est possible si les citoyens n'acceptent pas l'idée de voir des délinquants retourner dans leurs collectivités, ni celle d'assumer, pour le bien de la société, une part des responsabilités en vue de favoriser la réussite de la réinsertion sociale des délinquants.

Il y a un proverbe qui dit qu'il faut un village pour élever un enfant, et je le crois.

Je crois aussi qu'il faut un village ou une collectivité pour surveiller la réinsertion sociale d'une personne qui a été incarcérée. Une personne qui a causé du tort à d'autres, mais qui doit maintenant prendre la responsabilité du processus de réparation, de sa propre guérison et, dans une certaine mesure, de la guérison de la collectivité touchée.

Mais, nous le savons, cet individu ne peut pas parvenir seul à tout cela.

Le meilleur plan de mise en liberté ne tient pas seulement compte des besoins du délinquant, mais aussi de ceux des personnes qui seront affectées par la mise en liberté du délinquant. Cela, croyez-moi, est le prochain élément fondamental des services correctionnels en milieu communautaire : travailler ensemble pour prévoir et réellement concevoir des solutions pour toutes les personnes affectées par le retour du délinquant.

Nous avons la chance au Canada d'avoir une longue expérience de collaboration avec des organisations dont l'objectif est d'aider les délinquants à réintégrer la société. Et moi, à titre de dirigeante du Service correctionnel du Canada, je suis heureuse - comme je l'ai souvent dit - de pouvoir toujours compter sur vous.

En effet, si les collectivités canadiennes sont sécuritaires, c'est en partie grâce à vos efforts et au travail accompli par bien des organisations au cours des trente dernières années.

Malgré cela, je crois que nous devons aller au-delà de ces organisations et avoir recours à d'autres sources de vigueur et d'énergie, comme les victimes et les organismes d'aide aux victimes, les entreprises commerciales ou associations professionnelles, les familles des délinquants et les citoyens ordinaires.

Je suis convaincue que les services correctionnels peuvent contribuer à rendre nos collectivités plus sécuritaires; mais, pour ce faire, nous devons pouvoir compter sur la participation des collectivités. Je crois également que nous n'avons pas toutes les réponses, notamment parce que les solutions varient en fonction des situations particulières et, par conséquent, qu'elles sont appelées à évoluer.

Nous déployons de grands efforts pour comparer notre situation à celle d'autres systèmes correctionnels, et pour apprendre les pratiques exemplaires du plus grand nombre de pays et d'organisations possible. Nous nous efforçons également de fonder nos travaux sur des preuves, pas juste sur des convictions, et de mesurer et évaluer nos résultats tout en apportant des mesures correctives, au besoin.

En même temps, je suis consciente que les choses évoluent à l'extérieur aussi. Il y a d'autres personnes qui ont quelque chose à apporter au milieu correctionnel et à la sécurité publique, et il y a d'autres points de vue à entendre.

Grâce aux valeurs auxquelles nous tenons dans ce pays et, aussi, aux sacrifices personnels qu'ont faits ou que font tant de Canadiens et de Canadiennes pour assurer notre liberté, les membres de la population canadienne ont le droit de poser des questions sur tout ce qui les intéresse. Comme nous faisons partie de la fonction publique, nous avons l'obligation de répondre à leurs besoins au meilleur de nos capacités.

Il y a des Canadiens et des Canadiennes qui nous posent des questions en nous écrivant des lettres, alors que d'autres s'adressent à leur député. Ce ne sont pas de ces personnes-là dont je veux vous parler ce matin parce que je les entends.

Je me soucie plutôt de ceux et celles qui ne posent pas de questions, ceux et celles qui, je soupçonne, ont une perception erronée du milieu correctionnel, des employés qui y travaillent et des délinquants que nous gérons. Cette perception pourrait être fondée sur des films ou des émissions de télévision qui montrent les délinquants soit comme des héros, soit comme des démons, et le personnel correctionnel comme des personnes cruelles et sans compassion. Ou encore, une perception qui se fonde sur la récidive de certains individus, plutôt que sur ce qui est rarement diffusé, la réalité de notre rendement.

Ces perceptions ont le potentiel de causer énormément de difficultés.

Je veux donc faire en sorte que le public connaisse mieux le système correctionnel et, objectif encore plus important, qu'il accepte de participer activement au grand programme correctionnel.

Mais je ne peux pas y arriver sans vous.

Vous, qui êtes membres des Comités consultatifs de citoyens, jouez un rôle essentiel dans le mandat du Service correctionnel du Canada, qui consiste à assurer la protection du public. Votre contribution est fondamentale pour l'avenir des collectivités canadiennes et leur sécurité. Pourquoi ? Parce que, comme vous me l'avez dit vous-mêmes, vous voulez exercer une influence sur l'évolution des services correctionnels. Vous avez constaté que certains aspects avaient besoin d'améliorations et vous voulez prendre part au processus dans ce sens. Vous voulez jouer bien plus qu'un simple rôle d'observateurs; vous voulez être des agents du changement.

Votre contribution à titre de conseillers à l'égard de nos politiques et pratiques alimente la base d'information que nous utilisons pour faire notre travail, qu'il soit axé sur des mesures de garde sécuritaires et humaines ou sur les efforts de réinsertion sociale, et pour améliorer notre efficacité de façon constante.

Toutefois, je me demande si nous profitons pleinement de cet apport et j'aimerais bien entendre ce que vous avez à dire à ce sujet, un peu plus tard ce matin.

Par ailleurs, votre rôle en tant qu'éducateurs et agents de liaison avec la collectivité nous aide à mieux informer le public de nos activités, à mobiliser davantage les citoyens pour qu'ils participent à celles-ci et à mieux préparer les collectivités à recevoir des délinquants.

Vous avez tous travaillé très fort au cours des dernières années, et je sais que cela n'a pas été facile. C'est d'ailleurs souvent le cas lorsqu'il s'agit de questions très importantes.

Un grand nombre de nouveaux CCC ont été créés dans le cadre de nos efforts visant à faire en sorte que chaque établissement, bureau de libération conditionnelle et centre correctionnel communautaire ait un comité consultatif de citoyens. En quatre ans seulement, le nombre de CCC a grimpé d'un tiers, passant de 60 en 1999 à plus de 90 en 2003. Aujourd'hui, nous avons plus de 500 membres de CCC.

Comme le bassin de membres de CCC s'est élargi, il est encore plus nécessaire de veiller à ce que les membres reçoivent la formation et l'information dont ils ont besoin pour bien faire leur travail. Vos nouveaux manuels de ressources et d'orientation seront très utiles en ce sens. Je tiens d'ailleurs à remercier sincèrement votre président sortant, le docteur Charles Emmrys, pour son dévouement et son travail acharné à cet égard. Charles, votre contribution a été essentielle à ce projet, et je vous remercie pour le temps que vous avez consacré, pour votre engagement et votre vision.

En fait, pendant le mandat de Charles, vous avez tous accompli un certain nombre de réalisations importantes, dont la création de la Semaine de sensibilisation aux CCC; une présence accrue à l'administration centrale, où Charles et d'autres membres du Comité national de direction ont rencontré de hauts fonctionnaires dans le but de mieux faire connaître les CCC et d'accroître leur participation; une politique à jour sur les CCC; de même qu'un sondage et une évaluation des CCC dont nous communiquerons les résultats au début de la nouvelle année.

Charles, ces réalisations ont permis, dans une grande mesure, d'organiser, de guider et de faciliter le travail des CCC locaux, en maximisant leur contribution à des collectivités sécuritaires. Au nom du Service correctionnel du Canada, je vous remercie pour votre sagesse, votre temps et votre dévouement.

Je tiens aussi à remercier les comités régionaux pour les efforts qu'ils ont déployés afin de coordonner les activités des divers comités locaux et de faire connaître les défis qu'ils doivent relever.

De même, je voudrais remercier les présidents des CCC des établissements pour femmes, qui travaillent avec diligence pour cerner les questions touchant la gestion des délinquantes sous responsabilité fédérale et nous aider à régler ces questions aux niveaux local, régional et national.

J'aimerais également profiter de cette occasion pour remercier les employés du Service correctionnel du Canada, qui ont travaillé très fort pour répondre aux besoins et aux préoccupations de chaque CCC, et pour vous faciliter la tâche. Je sais que ces employés croient en vous et qu'ils continueront à motiver l'organisation à se familiariser davantage avec les CCC et à renforcer sa capacité de capitaliser sur votre potentiel.

Je dois aussi remercier sincèrement chacun d'entre vous, ainsi que les comités locaux que vous représentez, pour votre travail acharné, vos questions et votre engagement soutenu à l'égard du milieu correctionnel et de la sécurité publique. Je sais que vous avez donné généreusement de votre temps à de nombreuses activités de liaison avec la collectivité, y compris des conférences, des tribunes publiques, des réunions communautaires et des émissions-débats. Je vous remercie de votre dévouement à faire du Canada un pays plus sécuritaire. Nous, aux niveaux national et régional, pourrions parler pendant des lunes, mais cela ne donnerait rien sans vos paroles, vos actions, votre temps et votre engagement à l'égard de vos collectivités.

Je sais qu'il y a eu, par le passé, un débat au sujet de l'importance pour les membres des CCC de rester indépendants du Service correctionnel du Canada, et d'être perçus comme tels. Nous respectons cela et nous comprenons vos préoccupations. En fait, nous sommes d'accord : vous ne pouvez pas pleinement assumer votre rôle si vous n'êtes pas indépendants ou si vous n'êtes pas perçus comme tels. Mais, je ne crois pas que votre participation aux activités correctionnelles nuise nécessairement à votre indépendance. Au contraire, je pense que cela renforce votre sentiment d'indépendance par rapport à l'organisation, et on aurait tort de faire de cette question d'indépendance une source de tensions.

En effet, pourquoi ajouterait-on aux nombreuses tensions qui sont intrinsèques au domaine correctionnel ?

Tensions entre les personnes qui veulent qu'on contrôle davantage les délinquants et celles qui veulent qu'on leur apporte plus d'aide. Tensions entre l'importance de rester indépendant et celle d'acquérir de l'expérience en participant aux activités. Tensions entre le désir d'ouvrir la voie aux discussions et celui d'écouter seulement les points de vue familiers. Tensions entre le besoin de participer à la vie communautaire et le désir de s'isoler. Tensions entre le besoin d'établir des relations et celui de garder ses distances. Tensions entre les personnes qui demandent un financement pour les besoins opérationnels et celles qui demandent des fonds pour les obligations de surveillance. Tensions entre le besoin de changement et le désir de maintenir le statu quo.

Ces tensions sont réelles. Elles sont à la fois des barrières au changement et des symboles de stabilité, si essentielle à la prestation de services.

Mais avant tout, elles sont le signe d'un débat caractérisé par le respect de la complexité des défis que présente la criminalité. Et bien qu'il soit parfois difficile de gérer les tensions, il est toujours préférable d'avoir à composer avec elles que de travailler en vase clos, de se méfier des autres, de ne pas préparer l'avenir et de ne pas apporter vraiment de changements positifs.

Je maintiens mon engagement envers vous, envers les Comités consultatifs de citoyens à l'échelle du pays, de même qu'envers le besoin fondamental de répondre aux besoins du public en matière correctionnelle, surtout au moyen de la participation des membres des collectivités. Nous ne pourrions faire notre travail sans vous, et nous ne vous remercierons jamais assez pour le temps et l'énergie que vous consacrez à la cause de la sécurité publique au Canada.

À présent, je voudrais vous présenter une façon de concrétiser ces thèmes.

SÉCURITÉ PUBLIQUE, Servir les Canadiens.  CONSEILS ET AIDE EN MATIÈRE CORRECTIONNELLE : contribution aux politiques publiques; élaboration de stratégies intergouvernementales; consultations à l'échelle nationale et internationale; conseils techniques offerts à d'autres pays.  SOUTIEN OPÉRATIONNEL : planification, gestion opérationnelle et gestion de l'infrastructure; sélection du personnel et soutien; élaboration des politiques et des programmes; tenue de travaux de recherche;  évaluation du rendement et rapports.  RELATIONS DU SCC AVEC LA COLLECTIVITÉ : collaboration avec les partenaires du système de justice et de la collectivité; à la détermination des besoins des collectivités et des solutions conjointes; à la prévention de la criminalité; à la contribution aux politiques, programmes et pratiques; à la mobilisation à l’action; au renforcement des capacités des collectivités; à la guérison et au rétablissement des collectivités.  GARDE ET PRÉPARATION À LA MISE EN LIBERTÉ : évaluation du risque et des besoins; protection de la sécurité et environnement sain; large éventail d’interventions; mobilisation pour assurer la sécurité; préparation au retour dans la collectivité.  SURVEILLANCE DES DÉLINQUANTS DANS LA COLLECTIVITÉ : liaison avec la collectivité; mobilisation pour assurer la sécurité; programmes communautaires et systèmes d’aide aux délinquants.

Et pour cela, je vais essayer d'influencer vos plans d'action particuliers, par l'intermédiaire de votre nouveau président, M. Sean Taylor, en vous demandant de l'aide quant à deux aspects précis.

D'abord, pour ce qui est d'améliorer la surveillance des délinquants dans la collectivité, je vous demanderais de m'aider à trouver cinq placements pour les délinquants mis en liberté sous condition.

Ensuite, en ce qui concerne la participation des collectivités, j'aimerais que vous me proposiez trois activités inusitées de participation des citoyens, qui exigeraient une collaboration entre les directeurs d'établissement et les directeurs de district.

Je vous remercie beaucoup de m'avoir écouté en ce samedi matin. Je serais heureuse maintenant de répondre à vos questions.

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