Stratégie pour les soins infirmiers au Canada - Sommaire
Comité consultatif sur les ressources humaines dans le domaine de la santé
Octobre 2000
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(Rapport intégral) (232KB)
Le Canada vit actuellement une situation de crise dans le domaine
des soins infirmiers. Cette opinion est partagée partout au pays,
à la fois par les intervenants du système de santé et par la population.
Tandis qu'on discute des nombreuses perspectives sur les raisons
de cette situation et sur les solutions les plus prometteuses pour
la régler, bon nombre s'accordent pour dire que la pénurie de personnel
infirmier va de mal en pis, et que, si rien n'est fait, cette situation
ménera à la détérioration de la qualité du système de santé au pays.
En réponse à ces préoccupations, la Conférence des sous-ministres/ministres
de la Santé a demandé au Comité consultatif sur les ressources humaines
en santé (CCRHS) d'élaborer une stratégie pancanadienne en matière
de soins infirmiers. Conscients de la complexité de la question,
les membres de la Conférence ont également demandé au CCRHS de veiller
à ce que des consultations efficaces soient menées auprès des intervenants
concernés.
Le document initial, Vers une stratégie pour les soins infirmiers
au Canada : Un document de consultation à l'intention des intervenants,
a été élaboré en mars 2000 par le Groupe de travail sur les
ressources en soins infirmiers et les travailleurs non-réglementés
de la santé (GTRI), un sous-comité du CCRHS. L'objectif de ce document
était de demander des conseils et des commentaires aux nombreux
intervenants concernés par la main-d'oeuvre en soins infirmiers
avant d'élaborer une stratégie pour les soins infirmiers au Canada.
Selon ce document de consultation, l'objectif d'une stratégie pancanadienne
en matière de soins infirmiers est d'obtenir et de maintenir un
effectif infirmier adéquat bien formé et réparti de façon
à combler les besoins en santé des Canadiens. Ce document traitait
des principales questions de la main-d'oeuvre en soins infirmiers
en rapport avec cet objectif : besoin d'obtenir de l'information
détaillée et précise et de mener des recherches pertinentes pour
améliorer la planification des ressources humaines; augmentation
des capacités de formation; augmentation des possibilités de stages
pratiques et de l'encadrement en milieu de travail pour les étudiants
et les nouveaux finissants; changements importants en milieu de
travail pour améliorer les conditions de travail du personnel infirmier;
meilleure utilisation du personnel infirmier.
Ce document initial explorait les nombreuses perspectives retenues
par les différents intervenants en ce qui concerne ces questions
afin d'en arriver à une compréhension commune de leur complexité.
Le document présente également douze stratégies, élaborées par le
GTRI, à prendre en considération.
Quatre-vingt-quatorze réponses formelles ont été reçues
de la part de nombreux intervenants de divers milieux dont des organismes
de réglementation professionnels, des associations et des syndicats
représentant les trois groupes de professionnels en soins infirmiers[1],
des enseignants, des employeurs et le gouvernement. Ces réponses
ont mené à l'élaboration d'un document final, Une
stratégie pour les soins infirmiers au Canada
.
Commentaires des intervenants
Dans leurs réponses, les intervenants ont fortement appuyé la création
d'un comité consultatif unificateur et multilatéral pour examiner
les enjeux les plus urgents relatifs à la main-d'oeuvre infirmiére
et aider les provinces et les territoires à s'occuper de ces enjeux
dans leurs administrations respectives. Ils ont aussi appuyé la
mise sur pied de comités similaires dans les provinces et les territoires
où la planification intégrée et l'élaboration de stratégies
n'existent pas encore. Les intervenants de tout le système de santé
ont, par ailleurs, reconnu le besoin d'augmenter et d'améliorer
la planification de l'effectif infirmier. Pour ce faire, il fallait,
selon eux, appuyer la réalisation d'une collecte de données plus
complétes sur les groupes de personnel infirmier, et l'élaboration
d'un programme national de recherche fort et coordonné permettant
de récolter des données probantes à l'appui de la stratégie voulue.
Bien qu'ils aient reconnu que la santé et l'éducation sont du ressort
provincial et territorial, les intervenants ont appuyé le fait que
le gouvernement fédéral joue un rôle prépondérant dans la
préparation de meilleures données en matière de ressources humaines
en santé, afin d'améliorer à l'avenir les projections en ce qui
a trait à l'effectif infirmier et à la demande. Selon plusieurs
personnes interrogées, il est temps d'aller au-delà des simples
modèles d'effectifs qui ont sous-tendu jusqu'à ce jour la planification
des ressources humaines en santé.
Alors que l'augmentation des possibilités d'éducation et de formation
des trois groupes de personnel infirmier rencontrait un solide appui,
la hausse recommandée de 10 % sur deux ans des places en soins
infirmiers au Canada est, selon la plupart, peut-être trop
prudente. D'après bon nombre d'autres personnes également,
la hausse des possibilités de formation en soins infirmiers devrait
être définie en fonction d'une planification améliorée des
ressources humaines, qui comprend l'ensemble de la pratique des
soins infirmiers et prend en considération les changements en matière
de pratique des soins de santé, la santé de la population et la
démographie. Les associations représentant les infirmières auxiliaires
autorisées et les infirmières psychiatriques autorisées ont livré
un message vigoureux, à savoir que les activités de planification
doivent s'appliquer à l'ensemble de leurs membres.
De nombreuses personnes interrogées ont également insisté sur la
nécessité de soutenir l'augmentation des possibilités de formation
en soins infirmiers par des stages pratiques adéquats et de garantir
aux nouveaux diplômés un encadrement après le diplôme
et un emploi à plein temps afin de les retenir dans la profession
et au sein du système de la santé.
Les organismes de réglementation professionnels des infirmières
autorisées et de nombreux groupes représentant les infirmières autorisées
ont solidement appuyé l'introduction de nouvelles compétences. Ils
recommandent toutefois que les retombées de ces stratégies soient
évaluées et soigneusement examinées pour éviter les réductions non
voulues d'infirmières autorisées à court terme. On a également insisté
sur le fait qu'il faut s'occuper des besoins de formation du personnel
actuel, en particulier en ce qui concerne l'éducation permanente
en vue d'augmenter les compétences et la formation spécialisée.
Bien que les organismes de réglementation professionnels aient
exprimé le besoin de respecter leur responsabilité légale pour l'ensemble
des fonctions et des compétences, la nécessité d'examiner tout l'éventail
des pratiques en soins infirmiers a recueilli un grand appui. Il
a été largement reconnu que les compétences de toutes les infirmières
devraient être utilisées à leur pleine capacité de façon
à répondre aux besoins du public en matière de santé, et qu'il faut,
par ailleurs, définir la combinaison optimale du personnel infirmier
et du personnel non infirmier.
Selon de nombreux intervenants, les solutions à la présente réduction
de l'effectif infirmier doivent être à la fois pragmatiques
et novatrices. Même avec des efforts concertés, les réalités
sociales, démographiques et financiéres de ce nouveau siécle entraînent
un changement structurel important de la main-d'oeuvre infirmiére,
qui ne peut se résoudre au moyen des stratégies traditionnelles
d'embauche. Par conséquent, de nombreuses personnes interrogées
ont insisté sur le besoin d'une meilleure gestion du personnel actuel.
Certaines administrations signalent de sérieuses difficultés à recruter
des infirmières, bien que les besoins de chacune varient grandement
(infirmières occasionnelles et infirmières spécialisées). On a également
défini comme un sérieux problème le maintien des infirmières,
non seulement en poste, mais aussi dans la profession elle-même.
Il a été reconnu à plusieurs reprises que la clé pour traiter de
ces problèmes consiste à améliorer la qualité de la vie au
travail des infirmières. Cette amélioration compte différents aspects
et, étant donné la diversité du personnel infirmier, il n'existe
pas de solution unique. Cependant, on a favorisé grandement l'éducation
permanente et les aspects suivants :
- les possibilités de transférabilité et de mobilité verticale;
- la souplesse des horaires;
- l'augmentation du leadership dans la gestion des soins infirmiers
et de l'encadrement sur le plan clinique;
- l'amélioration des rapports infirmiére/patients pour régler
les problèmes de charge de travail;
- la réduction des tâches « non infirmières »;
et
- la diminution du travail occasionnel.
Enfin, un appel à l'action s'est fait entendre : on croit
fermement que les pénuries actuelles en personnel infirmier et l'insatisfaction
des infirmières ne pourront se régler à moins que les décideurs
et les bailleurs de fonds ne prennent pas rapidement des mesures
unifiées et décisives.
Stratégies de changement
Après avoir reçu les commentaires des intervenants, on a
revu le document initial afin de créer la Stratégie
pour les soins infirmiers au Canada.
On a proposé onze stratégies de changement. Ces stratégies sont
proposées et organisées en fonction des questions clés suivantes :
- une action concertée;
- des données améliorées, une planification de la recherche et
des ressources humaines;
- une formation adéquate;
- des stratégies améliorées de mutation et de maintien en poste.
On a proposé ces stratégies tout en étant conscient que l'amélioration
et la mise en oeuvre de chaque stratégie exigeraient des efforts
concertés de la part de tous les intervenants. On a élaboré les
responsabilités principales et établi un calendrier, pour chaque
stratégie.
Stratégie 1
Il faut que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux
mettent immédiatement sur pied un Comité consultatif
canadien sur les ressources en soins infirmiers plurilatéral
pour aborder les questions prioritaires établies par le Comité consultatif
des ressources humaines en santé (CCRHS) et le Groupe de travail
sur les ressources en soins infirmiers et les travailleurs non réglementés
de la Santé. La priorité du Comité consultatif canadien sur les
ressources en soins infirmiers pour 2000-2001 sera d'améliorer la
qualité de la vie au travail du personnel infirmier et de fournir
des conseils pour appuyer la mise en ouvre d'autres stratégies de
la Stratégie pour les soins infirmiers au Canada.
Stratégie 2
Il faut qu'un Comité de conseillers en soins infirmiers soit créé
(là où il n'y a pas d'organisme équivalent) par chaque province
et territoire afin d'appuyer l'élaboration de stratégies visant
à améliorer la planification et la gestion des ressources humaines
en soins infirmiers au sein de chaque administration.
Stratégie 3
Il faut que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux
soutiennent les efforts de l' Institut
canadien d'information sur la santé (ICIS) et d'autres organismes
dans l'élaboration de l'information nécessaire à une planification
et à une évaluation efficaces des ressources infirmières.
Stratégie 4
Il faut que le CCRHS travaille avec les principaux bailleurs de
fonds afin de cerner les lacunes dans la recherche actuelle, de
définir les problèmes en matière de planification de la main
d'ouvre pour le financement d'une nouvelle recherche et de recommander
des mécanismes améliorés pour communiquer les résultats de recherche
aux dirigeants et aux gestionnaires.
Stratégie 5
II faut que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership
pour que l'on améliore les prévisions quant à l'offre et à la demande
des effectifs en soins infirmiers, d'ici l'an 2015.
Stratégie 6
Il faut qu'une stratégie de communication soit mise au point afin
de présenter les soins infirmiers comme un choix de carrière intéressant
et de faire augmenter la quantité de candidats admissibles dans
les écoles de sciences infirmières.
Stratégie 7
Il faut que le nombre de places en soins infirmiers, au Canada
au cours des deux prochaines années (de 2000 à 2002), augmente d'au
moins 10 % par rapport au nombre de places de 1998-1999. Ensuite,
il faudra que le nombre de places soit déterminé en fonction de
meilleures prévisions des besoins et de la capacité des provinces
et des territoires.
Stratégie 8
Il faut que chaque Comité de conseillers en soins infirmiers provincial
ou territorial, ou tout organisme équivalent, élabore une stratégie
compléte afin d'établir les ressources nécessaires selon les catégories
de personnel infirmier et le cadre de pratique en fonction d'une
analyse des besoins de la population, du système de santé dans son
ensemble, des compétences et des capacités de tous les groupes de
personnel infirmier.
Stratégie 9
Il faut que chaque Comité de conseillers en soins infirmiers provincial
ou territorial, ou tout organisme équivalent, élabore un plan d'enseignement
en soins infirmiers d'une durée de cinq ans, fondé sur la stratégie
compléte proposée dans la Stratégie 8.
Stratégie 10
Il faut que les Comités de conseillers en soins infirmiers provinciaux
ou territoriaux, ou tout organisme équivalent, choisissent des stratégies
de maintien de leurs effectifs respectifs dont l'objectif est d'améliorer
la qualité de vie au travail du personnel infirmier et appuient
de telles stratégies.
Stratégie 11
Il faut que les Comités de conseillers en soins infirmiers provinciaux
ou territoriaux, ou tout organisme équivalent, étudient les occasions
pour encourager le personnel infirmier à retourner à l'exercice
de leur profession.
[1] Infirmiéres autorisées, infirmières psychiatriques
autorisées et infirmières auxiliaires autorisées.
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