Résumé
Les conditions météorologiques
exceptionnelles (conditions météorologiques
d'une intensité exceptionnelle) peuvent avoir une incidence
profonde et permanente sur la vie et les moyens de subsistance
des gens et exercer des pressions étonnamment fortes
sur les structures de soutien social et de soutien en santé.
Étant donné que les régimes climatiques
actuels tendent à indiquer un réchauffement
de la planète et une augmentation du nombre de phénomènes
météorologiques extrêmes, le Canada doit
évaluer la capacité d'adaptation de ses infrastructures
et de ses mesures en ce qui a trait aux situations d'urgence
et à la santé. Il sera essentiel de comprendre
l'importance, les répercussions et les coûts
associés aux effets directs (mort ou blessure) et indirects
(maladie mentale) du changement climatique sur la santé
pour évaluer les risques de façon efficace et
pour élaborer des politiques de planification des mesures
d'urgence et des plans d'action.
La santé humaine est intimement liée à
l'environnement, au climat et aux conditions atmosphériques.
La présente étude a donc été conçue
pour aider à renforcer les politiques gouvernementales
et celles en matière de santé grâce à
l'adaptation (changements à court et à long
termes pour prévenir les effets délétères
futurs causés par des conditions météorologiques
exceptionnelles) et à des mesures d'atténuation
(changements à long terme pour empêcher que les
changements climatiques ne se poursuivent). L'approche suivante
à deux volets a été choisie à
l'appui de cet objectif : a) déterminer les risques
pour la santé associés à des phénomènes
météorologiques extrêmes en Alberta; b)
définir un cadre d'évaluation des risques afin
d'optimiser la gestion des risques en ce qui a trait aux changements
climatiques et aux phénomènes météorologiques
extrêmes. Plus précisément, dans le cadre
de l'étude, des données ont été
recueillies dans la presse écrite (journaux locaux
dans l'ensemble de l'Alberta) afin d'étudier les effets
sur la santé et les coûts associés aux
désastres et aux conditions météorologiques
exceptionnelles dans les Prairies. L'étude met l'accent
sur les sécheresses, les vagues de chaleur ou de froid,
le vent, la glace et les tempêtes de neige, les feux
de forêts ainsi que sur les inondations ou les tempêtes
de pluie.
Les journaux sont souvent négligés comme source
d'information. Ils peuvent fournir des données détaillées
et à long terme sur les phénomènes météorologiques
et leurs effets réels et perçus sur les personnes
et les collectivités. L'équipe de recherche
a utilisé les archives des journaux pour aborder les
objectifs suivants :
- Faire une évaluation des risques liés aux
catastrophes et aux phénomènes météorologiques
extrêmes en Alberta pour la période allant
de 1960 à 2000;
- Évaluer les conséquences et les répercussions
possibles de futurs phénomènes météorologiques
extrêmes, y compris la morbidité, la santé
mentale, les blessures, les morts et les pertes de biens
ou d'infrastructure;
- Concevoir une étude épidémiologique
qui met en corrélation les comptes rendus de phénomènes
parus dans les journaux et les données météorologiques
et autres provenant de Protection civile Canada (PCC)
et d'Environnement Canada (EC);
- Évaluer l'intégration des données
météorologiques et des données sur
la santé pour l'avancement de l'élaboration
de la politique gouvernementale aux échelons national
et provincial (Alberta).
Nos travaux nous ont permis de cerner et d'évaluer
les répercussions de catastrophes et de phénomènes
météorologiques extrêmes qui se sont produits
en Alberta pendant la période allant de 1960 à
2001. Nos recherches étaient surtout axées sur
les phénomènes qui : i) relèvent de la
compétence de Santé Canada; ii) risquent de
s'aggraver en raison du changement climatique; iii) peuvent
faire l'objet de mesures d'atténuation grâce
à la planification à long terme et à
des solutions stratégiques. Notre analyse nous a permis
d'arriver aux conclusions clés suivantes.
- Des problèmes de santé importants, comme
la morbidité, les troubles mentaux et les blessures,
étaient associés aux conditions météorologiques
exceptionnelles.
- Les répercussions sur la santé mentale correspondaient
étroitement aux cas de catastrophes qui causent des
dommages aux biens.
- La création d'un environnement physique sain réduit
les coûts associés aux phénomènes
météorologiques extrêmes, une importante
source de stress pour les personnes touchées.
- La neige, le froid et les incendies sont les phénomènes
les plus dispendieux quant aux pertes matérielles
et financières, et ce sont eux qui entraînent
le plus grand nombre d'interruptions de service et de surcharges
pour les institutions.
- La presse écrite donne souvent des avertissements
pour les inondations et les incendies, le fait plus rarement
pour le froid et pas du tout pour la neige.
- Les systèmes d'avertissement rapide, lorsqu'ils
sont disponibles, permettent aux personnes touchées
de prendre des mesures et de réduire les risques
de dommages, de pertes et de conséquences négatives
pour leur santé.
- Les solutions, les adaptations et les mesures d'atténuation
étaient souvent individualisées pour correspondre
aux exigences des personnes, des collectivités ou
de l'ensemble de la population en Alberta.
- Il n'y avait aucune mention d'adaptation, de solution
ou de mesure d'atténuation pour la majorité
des phénomènes associés au froid, à
la neige ou aux sécheresses.
- Les phénomènes météorologiques
extrêmes entraînent souvent des améliorations
technologiques.
- Les mesures prises par le gouvernement fédéral
en cas de catastrophe liée à des conditions
météorologiques exceptionnelles étaient
négligeables la plupart du temps. Les premiers à
réagir à ces phénomènes étaient
le plus souvent des intervenants locaux, c'est à
dire les personnes, les collectivités ou les municipalités
et le personnel affecté aux urgences.
En se fondant sur ces conclusions, nous faisons les recommandations
suivantes.
Pour diminuer les effets délétères
associés aux phénomènes météorologiques
extrêmes
- Accroître les services de santé mentale et
le dialogue pendant les années de sécheresse,
notamment dans les zones exposées à la sécheresse
- Évaluer tous les parcours d'évacuation
de chaque collectivité et prendre note que les parcours
varient selon le type de catastrophe qui touche la communauté
- Mettre en place des avertissements de phénomènes
météorologiques extrêmes liés
à la santé
Pour réduire les pertes financières associées
aux phénomènes météorologiques
extrêmes
- Cesser l'érection de nouvelles constructions dans
les zones qui risquent d'être inondées
- Rendre obligatoire la protection contre les inondations
pour les édifices déjà construits dans
les plaines inondables
- Évaluer la capacité de la technologique
actuelle de réduire les effets d'une inondation
- Répertorier et classer les zones qui risquent fortement
d'être inondées
Pour réduire à l'échelle locale
les répercussions des catastrophes ou des conditions
météorologiques exceptionnelles
- Tirer des enseignements des solutions uniques d'autres
collectivités en cas de catastrophe
- Tirer des enseignements des mésaventures et des
erreurs d'autres collectivités
- Répertorier et inventorier les populations à
risque
- Répertorier et inventorier les principaux intervenants
qui réagissent en cas de catastrophe
- Améliorer les infrastructures d'avertissement de
catastrophe ou de phénomène météorologique
extrême et améliorer la préparation
pour les conditions météorologiques inhabituelles
- Inventorier les ressources des collectivités qui
leur permettent de réagir et de faire face à
une catastrophe
- Investir dans une nouvelle infrastructure permettant de
combler toute lacune repérée dans la capacité
- Inventorier les ressources dont disposent les autorités
sanitaires provinciales et régionales pour réagir
et faire face à chaque type de catastrophe
- Concevoir des stratégies d'adaptation fondées
sur des points de vue différents (organisations non
gouvernementales, membres de la collectivité et groupes
d'universitaires)
Les avertissements sont nécessaires pour réduire
les effets délétères associés
aux catastrophes et aux phénomènes météorologiques
extrêmes. Environnement Canada offre actuellement un
service d'avertissement, mais notre étude indique que
la presse écrite a rarement pris note de ces avertissements.
En outre, certaines personnes qui les avaient reçus
n'en ont pas tenu compte. En informant les Canadiens des dangers
associés au temps prévu, Santé Canada
pourrait jouer un rôle plus actif et aiderait à
réduire les effets délétères pour
la santé associés aux conditions météorologiques
exceptionnelles.
Ces nombreuses recommandations tiennent compte de divers
aspects du thème « Favoriser la création de
milieux physiques et sociaux sains » de la Stratégie
de développement durable (SDD)
de Santé Canada. Elles tiennent compte des buts à
long terme de la SDD
: a) fournir aux Albertains des renseignements qui facilitent
la prise de décisions; b) accroître la capacité
d'intervention des collectivités; c) soutenir les engagements
du Canada en matière de changement climatique; d) accroître
la sensibilisation à la santé du gouvernement
fédéral; e) consolider les partenariats entre
les divers intervenants touchés par un phénomène
météorologique extrême. Nos recommandations
peuvent contribuer à réduire les répercussions
économiques, sociales, culturelles et environnementales
- notamment les répercussions liées à
la santé - des phénomènes météorologiques
extrêmes sur les populations touchées, en particulier
les groupes plus vulnérables.
Notre analyse des médias a mis en évidence
la portée du drame humain qui se joue lorsque des catastrophes
naturelles se produisent. Ces phénomènes peuvent
être la cause de détresse psychologique intense,
de préoccupations pour la santé, de ruines financières,
de bouleversements sociaux et de doutes spirituels. Les personnes,
les organisations et les institutions qui interviennent en
cas de catastrophe naturelle sont les principaux intervenants
dans ces situations, et comprennent les ministères
du gouvernement, les comités communautaires, les entreprises,
les intervenants en cas d'urgence et les représentants
des collectivités. De ces intervenants, ceux qui sont
le plus près de la catastrophe sont les plus touchés
et ceux qui participent le plus. Notre étude indique
clairement que Santé Canada ne peut réussir
à donner suite aux recommandations ci-dessus sans l'aide
et la collaboration d'autres ministères du gouvernement
fédéral, du gouvernement de l'Alberta, des administrations
municipales, des organisations non gouvernementales et du
public. De plus, les collectivités devront obtenir
un financement approprié de tous les ordres du gouvernement
pour, premièrement, évaluer leur capacité
de faire face à divers phénomènes météorologiques
et à diverses catastrophes et, deuxièmement,
faciliter les changements qui doivent être apportés
aux infrastructures. En fin de compte, Santé Canada
devra s'intégrer à un effort multilatéral
s'il souhaite protéger et maintenir de façon
efficace la santé de la population canadienne lorsque
des phénomènes météorologiques
extrêmes se produisent.
Afin de faciliter de futures études des archives concernant
les conditions météorologiques exceptionnelles,
des programmes officiels de formation devraient être
établis pour former des chercheurs aptes à résoudre
les problèmes propres à la recherche dans les
archives. En outre, une évaluation de l'utilité
des données longitudinales sur la mortalité
de Statistique Canada devrait être effectuée
avant de financer toute autre étude qui utilise ces
données.
Le fait d'avoir utilisé la presse écrite pour
atteindre nos objectifs nous permet de fournir un point de
vue entièrement canadien sur les effets directs et
indirects de conditions météorologiques exceptionnelles
dans les Prairies ainsi qu'un fondement concret à partir
duquel on pourra élaborer les activités futures
de planification et d'orientation. On s'attend à ce
que l'étude ait une valeur importante pour les décideurs,
les équipes de planification d'urgence et les planificateurs
d'infrastructures et de services de santé aux échelons
local, régional et national. En outre, elle possède
une valeur possible pour les personnes vivant dans d'autres
parties du monde qui ont des conditions météorologiques
exceptionnelles semblables.
Les opinions exprimées ici ne représentent
pas nécessairement le point de vue de Santé
Canada
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