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Commentaire N° 17

«Trois voyages»

MM. G.D. Smith, A. Kagedan et W. Millward

Février 1992
Non classifié

Précis : Trois analystes stratégiques font un bref compte rendu des conférences auxquelles ils ont assisté. Le professeur Smith a participé en Grande-Bretagne à un forum sur les choix qui s'offrent aux gouvernements dans le domaine de la lutte contre le terrorisme international. Le professeur Kagedan pour sa part a assisté à une conférence sur la situation en Europe et la réaction des milieux militaires et des affaires étrangères américains. Le professeur Millward, enfin, décrit l'expérience qu'il a vécu lorsque l'avion qui l'emmenait à un colloque international au Proche-Orient a été détourné. Février 1992. Auteurs : MM. G.D. Smith, A. Kagedan et W. Millward.

Note du rédacteur : La présentation de ce numéro de Commentaire a été modifiée de façon à inclure les rapports de trois analystes stratégiques de la Direction de l'analyse et de la production du SCRS qui ont récemment voyagé à l'étranger. Le premier texte, du docteur G.D. Smith, traite de débats «privés et de grande portée», centrés sur la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme mondial qui ont eu lieu en Grande Bretagne l'été dernier.

En novembre, le docteur Allan Kagedan a participé à une conférence au Maryland qui, selon lui, a fourni «une interprétation étonnante des événements qui se déroulaient en Europe, de même que l'état d'esprit des décideurs de la politique étrangère et de l'élite militaire américains».

Le voyage le plus surprenant est peut-être celui du docteur William Millward qui s'est rendu à Tunis pour participer à un colloque international sur le Moyen-Orient. Alors qu'il prenait son envol de Rome, l'avion de M. Millward fut détourné par un pirate de l'air. Il présente ici le compte-rendu de son voyage.

Avertissement : Le fait qu'un article soit publié dans Commentaire ne signifie pas que le SCRS a confirmé l'authenticité des informations qui y sont contenues ni qu'il appuie les opinions de l'auteur.


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I. Le terrorisme dans les années 90

Introduction

L'été dernier, 55 délégués représentant seize pays se sont réunis plusieurs jours dans une propriété retirée de la campagne vallonnée du sud-ouest de l'Angleterre. Ils venaient tous d'horizons professionnels différents et évoluaient dans des domaines variés : membres des organismes d'application de la loi et des milieux du renseignement, officiers, universitaires réputés, diplomates, fonctionnaires, avocats et journalistes. Ils avaient en commun d'occuper des postes de responsabilité et d'avoir une même grande préoccupation, le phénomène moderne du terrorisme, thème de leur conférence.

La réunion s'est déroulée dans un élégant manoir, décor propre à des débats privés, de grande portée. De plus, l'application du principe dit de Chatham House (rien ne peut être cité ou publié sans la permission expresse de l'auteur), a disposé les participants à exprimer librement leurs idées et leurs opinions, et parfois même leurs désaccords. Pour orienter la réflexion, contester les idées reçues et stimuler le débat, les organisateurs avaient invité des spécialistes mondialement reconnus à venir traiter des diverses questions à l'ordre du jour. L'exercice a été constructif et profitable.

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Objet

Lors de cette réunion, on voulait examiner différents types de menaces terroristes et les choix qui s'offrent aux gouvernements en fait de politiques et de mesures antiterroristes. La conférence, axée sur le thème de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, devait permettre aux participants d'anticiper les dangers de cette menace constante dans les années 90. Ils se sont donc penchés sur plusieurs points, entre autres :

  • l'évolution du terrorisme;
  • le degré de la coopération internationale actuelle;
  • les conséquences probables de l'amélioration des relations est-ouest;
  • la sécurité de la Communauté économique européenne après 1992;
  • le maintien du principe démocratique et du droit;
  • le terrorisme d'État;
  • les progrès technologiques au service de la lutte contre le terrorisme.

Il n'y a pas eu unanimité sur tous les points — ce qui aurait d'ailleurs été inquiétant —, mais il y a eu consensus sur un grand nombre d'entre eux. La plupart des délégués ont semblé convaincus que leurs opinions (et, par là, les conseils qu'ils comptaient donner sur la politique à suivre) s'inscrivaient dans des cadres d'idées assez semblables.

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Vue d'emsemble

La menace

La forte diminution du nombre d'attentats terroristes qui a été notée à l'échelle internationale en 1989 s'est poursuivie en 1990. La majorité des participants (conférenciers et délégués) ont néanmoins convenu que la menace terroriste demeure très grave. Beaucoup étaient d'avis que, paradoxalement, le «nouvel ordre mondial» fera peut-être diminuer les conflits entre États, mais ce sera au prix d'un accroissement de la violence terroriste. Ce paradoxe se comprend mieux à la lumière des nouvelles causes du terrorisme (voir ci-après).

Les groupes terroristes, ont constaté les délégués, n'ont cessé de perfectionner leurs techniques, tant dans l'utilisation d'armes sophistiquées que dans l'exploitation des médias et de l'opinion publique. Cela dit, ils ont accueilli avec scepticisme l'idée que les armes de destruction de masse puissent attirer de plus en plus les terroristes, idée qui rejoignait d'ailleurs l'opinion de certains, à savoir que les attentats terroristes feront plus de victimes dans l'avenir. Quant à l'utilisation possible d'agents chimiques ou biologiques par les terroristes, elle a suscité de vives controverses. D'après les participants, cela reste possible, mais il ne pourrait s'agir que d'un ultime recours. Enfin, ils n'ont pas ajouté foi à l'éventualité d'un attentat nucléaire d'origine terroriste.

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Les causes

De l'avis des participants, certaines tensions dues, entre autres, à la réapparition de vieux antagonismes ethniques et nationalistes dans les États d'Europe de l'Est nouvellement engagés sur la voie de la démocratie. Ils ne croyaient pas non plus que les risques de violence à caractère politique resteraient limités à ces régions, et craignaient que les conflits vécus dans la «mère patrie» se répandent dans les communautés d'expatriés, à l'étranger.

Aucun délégué n'a voulu se prononcer sur le terrorisme au Moyen-Orient. «La poussière n'est pas encore retombée», ont-ils répondu dans l'ensemble. L'idée généralement partagée était que la situation restait indécise et que tout progrès, ou recul, sur la voie de la paix, pouvait relancer le terrorisme. Les participants ont également déclaré que les Soviétiques à l'étranger seront probablement la cible d'un plus grand nombre de menaces terroristes en raison de la diminution du soutien de l'URSS aux pays arabes.

Par ailleurs, les délégués se sont penchés sur un phénomène relativement nouveau en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord : les groupes terroristes «à revendication spéciale» — défense des animaux, interdiction ou légalisation de l'avortement, protection de l'environnement —, tous issus de mouvements plus vastes. Ils se distinguent des autres groupes en axant leur action sur une question bien précise et en ne cherchant habituellement qu'à amener le gouvernement à modifier sa politique sur cette question. On a cependant fait remarquer que des groupes apparemment inoffensifs ont été infiltrés et sont maintenant dominés par des individus animés d'autres motifs. On sait, par exemple, que des anarchistes ont infiltré l'Animal Rights Movement au Royaume-Uni. L'émergence de l'extrémisme dans certains de ces groupes montre la nécessité de faire ressortir le caractère illégal et criminel du terrorisme, quelle que soit la cause défendue.

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Le parrainage

La plupart des délégués étaient d'avis que les structures d'appui de certains groupes terroristes ont été sérieusement ébranlées par les événements survenus dernièrement en Europe de l'Est et en Union soviétique, ainsi que par l'issue de la guerre du Golfe. Pendant de longues années, certains pays ont fourni une aide financière et matérielle et ont servi de refuge à un certain nombre de groupes terroristes, en particulier du Moyen-Orient . Aujourd'hui, le terrorisme d'État n'est plus de mise, ni même, dans certains cas, possible. Les délégués ont cependant été prévenus de ne pas se faire trop d'illusions sur le recul apparent du terrorisme d'État.

De «nouveaux» parrains ont fait leur apparition, et des forces de sécurité commettent maintenant des attentats terroristes. Il faut prendre des mesures efficaces pour contrer le terrorisme d'État. Plusieurs moyens ont été suggérés, comme le recours à la filière diplomatique, aux sanctions commerciales, aux suspensions d'aide, à l'expulsion de diplomates (qui s'est révélée si efficace pendant la guerre du Golfe), à la formation de groupes antiterroristes et à l'aide technique aux pays susceptibles de devenir la cible du terrorisme. L'usage de la force n'a pas été écarté, comme recours ultime. Enfin, le fait de prévenir les États soupçonnés de parrainer des terroristes qu'ils seront tenus responsables des actes de ces derniers semble être un bon moyen de dissuasion.

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La coopération

En ce qui concerne la coopération entre l'Est et l'Ouest, des progrès évidents ont été réalisés en Europe centrale, et plusieurs succès ont été enregistrés. On a ainsi pisté et arrêté des membres de groupes terroristes, communiqué des informations sur d'anciens refuges de terroristes, limité les exportations d'armes et marqué les explosifs. De plus, les représentants des forces policières des pays d'Europe centrale participent maintenant aux réunions de chefs de police organisées dans les capitales européennes, premier pas décisif vers la coopération.

Il a été rappelé aux délégués que lorsque les pays de la Communauté économique européenne (CÉE), ont adopté l'Acte unique européen, en 1986, ils se sont engagés à abolir toutes les formalités policières et douanières, pour permettre la libre-circulation des personnes et des biens à l'intérieur de la CÉE. Le renforcement des mesures de contrôle aux frontières avec les autres pays a donc été jugé essentiel, décision qui commanderait peut-être la création d'un corps de «gardes-frontières» à l'échelle de la CÉE. La coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme est bien implantée au sein du Groupe de Trevi, mais la création d'une «force de police européenne» a été perçue par les participants comme une possibilité lointaine, vu les réserves qu'ont exprimées plusieurs gouvernements européens et forces de police à ce sujet.

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La surveillance

Au cours des vingt dernières années, les démocraties libérales en sont graduellement venues à la conclusion que la lutte contre le terrorisme devait être soumise à certains contrôles. De plus, le respect des droits démocratiques des citoyens et l'assujettissement des opérations dites de sécurité aux principes du droit sont maintenant acceptées. Les gouvernements des démocraties libérales sont en général encore fermement décidés à tenir leur promesse de soumettre la lutte contre le terrorisme aux principes du droit.

Les délégués ont cependant reconnu que les services de renseignements et les organismes d'application de la loi doivent, à l'évidence, évoluer dans le secret le plus complet. Or, dans les sociétés démocratiques, cette exigence inhérente à la nature des opérations de l'appareil du renseignement provoque des tensions, car de son côté, la population exige de son gouvernement qu'il fasse preuve de transparence et qu'il respecte son «droit de savoir». L'équilibre est difficile à réaliser, et cette question soulèvera longtemps encore la controverse. Malheureusement, le manque de concertation entre les gouvernements nationaux sur l'attitude à adopter à ce chapitre nuira inévitablement à la coopération internationale dans les domaines de la sécurité et du renseignement.

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La technologie

Il ne faut certes pas se laisser aller à considérer la technologie comme la panacée au terrorisme, mais elle n'en demeure pas moins un outil utile. Cet aspect a malheureusement été négligé, et les fonds consacrés à la recherche et au développement sont nettement insuffisants. Un fait est à retenir cependant : les techniques qui ont été mises au point ces dernières années ou qui le seront dans les cinq prochaines années laissent espérer d'énormes progrès dans le domaine de la prévention des attentats à la bombe dans les aéroports et contre les lignes aériennes. La question est de savoir comment faire en sorte que cette technologie soit utilisée partout dans le monde.

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Conclusion

Certains délégués craignaient que les groupes terroristes concluent des alliances pour faire face aux contraintes auxquelles ils sont soumis. D'autres ont souligné le fait que les terroristes se livreraient au trafic de la drogue pour financer leurs opérations. A cet égard, certains croyaient d'ailleurs fermement que la victoire des narcotrafiquants colombiens — ils ont réussi à faire modifier la constitution de leur pays — constituait un succès important pour le terrorisme.

Les participants ont convenu de la priorité des points suivants:

  • s'assurer que les États reconnaissent que le terrorisme demeure une menace grave pour leur sécurité;
  • reconnaître qu'il est essentiel d'améliorer la collecte et le partage des renseignements à l'échelle internationale;
  • continuer de sensibiliser les gouvernements, les populations et les responsables de l'application de la loi à la menace terroriste;
  • améliorer les relations est-ouest, ce qui entravera les activités des groupes terroristes et élargira l'éventail des moyens mis en oeuvre pour contrer leurs actions.

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II. La sécurité internationale: À qui la haute main?

Au début de novembre, des universitaires et des chercheurs d'instituts militaires américains ainsi que quelques universitaires et représentants étrangers se sont réunis à Annapolis (Maryland), emplacement de la US Naval Academy, sous les auspices de la National Security Studies Section de l'International Studies Association. Les participants à cette conférence ont offert une interprétation intéressante — voire étonnante — des événements qui se déroulaient en Europe, de même que de l'état d'esprit des décideurs de la politique étrangère et de l'élite militaire américains.

L'incertitude américaine

Il a été surprenant de constater — dans la foulée de la victoire écrasante remportée par les États-Unis dans le Golfe — que les présentations faites par les responsables de la sécurité nationale étaient marquées d'incertitude. Bien que les Irakiens aient été expulsés du Koweït, Hussein s'active à reconsolider sa puissance. L'écroulement du Pacte de Varsovie, ajouté aux problèmes économiques intérieurs qu'éprouvent les États-Unis, fait que les forces armées et les services de renseignements sont sous la menace d'importantes compressions budgétaires.

Face à cette situation, on entend parler à Washington de nouveaux rôles à confier aux militaires ou d'une activité intensifiée dans des secteurs non conventionnels tels que la lutte contre la drogue. Certains se demandent s'il est possible de réorienter l'activité militaire ou s'il est même souhaitable d'emprunter cette voie. On y objecte que la guerre contre la drogue se soldera inévitablement par un échec tant que la demande se maintiendra. D'autres proposent d'employer les militaires à des opérations de secours, par exemple à la reconstruction de ponts, dans des pays en développement, mais cela pourrait avoir l'effet pervers, soutiennent les opposants, de rehausser l'image et l'emprise politique des militaires du pays bénéficiaire. Aussi, ajoute-t-on, le rôle des militaires est de défendre les États-Unis, pas de faire office d'agence de développement.

Américains et Européens étaient d'accord pour dire que la sécurité européenne était en mutation et que les Européens assureraient davantage leur propre sécurité désormais et traiteraient avec plus d'autonomie les grands problèmes qui se posent au lendemain de la guerre froide : les conflits interethniques, le problème des réfugiés et les questions environnementales. Un des conférenciers était d'avis que l'Union de l'Europe occidentale mettrait sur pied une force militaire européenne, dont le rôle viendrait compléter ou chevaucherait celui de l'OTAN. Les Finlandais se sont opposés à toute diminution du rôle des États-Unis, invoquant l'inefficacité de la Communauté européenne face à la crise yougoslave et les conflits qui opposent ses membres de longue date.

En dépit de cela, les conférenciers américains favorisaient le retrait de l'Europe. Ce point de vue repose sur la confiance que les États-Unis témoignent à l'Europe de l'Ouest et sur la volonté qu'ont les Américains de réduire leur engagement à la suite de l'amenuisement de la menace européenne la plus directe qui pesait sur eux — celle des Soviétiques. Un décideur de haut niveau a même soutenu qu'il était probable et normal (voire souhaitable?) que les Européens fassent montre d'un certain sentiment anti-américain.

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Le morcellement de l'Union soviétique

Les participants se sont dit tantôt heureux tantôt inquiets des revirements avec lesquels l'Union soviétique était aux prises. Le ministère soviétique des Affaires étrangères, version abrégée, posait les gestes qui s'imposaient — signature d'accords sur la réduction des armements avec les États-Unis et abrogation du «traité d'assistance mutuelle» qui lie l'URSS à la Finlande, ce qui permet à cette dernière de se doter de sa propre politique étrangère. Nul ne peut prédire ce qui suivra la fragmentation de l'URSS.

Plusieurs conférenciers étaient d'avis que la direction militaire russe en voie de formation partageait les doctrines et les buts de ses prédécesseurs soviétiques. Des analystes ont dépeint les chefs militaires soviétiques Shaposhnikov et Lobov, et le ministre russe de la Défense, Kobets, comme étant des modernisateurs qui reléguaient au passé les importantes forces terrestres qui avaient servi à occuper des territoires ennemis; pour eux, l'avenir résidait dans la guerre «aérospatiale», reposant sur la technologie de pointe, et dont l'issue serait connue dans la semaine ou les dix jours qui suivent son début. Le groupe susmentionné favorise les accords sur le contrôle des armements avec les États-Unis et même l'échange de technologie avec ce pays, comme moyens d'éliminer les armes périmées et de tirer parti des percées technologiques réalisées par les Américains. La qualité (des troupes et des armes) l'emporte sur la quantité, et la recherche et développement sur l'acquisition.

On estimait que la Russie ne pourrait s'engager qu'à long terme dans un conflit aérospatial l'opposant aux États-Unis. À l'heure qu'il est, les forces armées soviétiques sont en crise. Les quelque 300 000 soldats qui auront regagné le pays en 1991 devront faire face à des pénuries d'aliments, de vêtements et de logement. Un témoin, qui s'est rendu en Russie récemment, affirme que les effectifs de la flotte du Nord n'avaient pas été payés depuis deux mois. Officiers et simples soldats — qui, une fois démobilisés, n'ont aucune garantie sociale — sont furieux du traitement cavalier qu'on leur inflige. Dans ces conditions, les divisions de l'armée cherchent de nouveaux protecteurs. Elles se tourneraient, logiquement, vers les républiques, devenues puissantes, et on imagine des divisions entières déclarant leur loyauté à l'Ukraine ou à d'autres républiques.

Désireuses de réaliser leurs buts nationaux, les républiques s'empressent de se doter d'infrastructures militaires. Les autorités ukrainiennes parlent d'une armée de l'ordre de 450 000 hommes. Les Russes disent avec esprit que leurs voisins ont mis des mois à décider s'ils voulaient conclure un traité économique, mais seulement une semaine à décider qu'ils voulaient une armée (et qui d'autre que la Russie pouvait être un éventuel agresseur?). La Géorgie possède 15 000 hommes, nombre que le gouvernement géorgien voudrait porter à 50 000. La Moldova, l'Arménie et Azerbaïdjan s'activent à mettre en place des forces militaires ou paramilitaires.

Le sort réservé aux armes nucléaires stratégiques de l'URSS a également été discuté. Un conférencier s'est dit d'avis que les républiques autres que la Russie n'admettraient pas que celle-ci ait la haute main sur ces armes de façon permanente, mais qu'elles ne revendiqueraient pas non plus le droit d'en user dans l'autonomie complète. Elles préféreraient un accord immédiat de contrôle conjoint, pour en arriver à la dénucléarisation. Au dire du présentateur, le public ukrainien (outré qu'il a été par la catastrophe de Tchernobyl) n'accepterait pas la mise de fonds et l'investissement scientifique qu'appellerait la transformation d'armes nucléaires soviétiques en armes ukrainiennes.

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La conjugaison des efforts en Europe centrale

L'ambassadrice de Tchécoslovaquie aux États-Unis, Mme Rita Klimova, ainsi que plusieurs conférenciers qui se sont prononcés sur la situation de la Tchécoslovaquie, de la Hongrie et de la Pologne ont fait savoir que ces pays s'étaient engagés, en septembre dernier, dans le cadre d'une entente, à coordonner leurs efforts en vue d'accéder éventuellement à l'Alliance atlantique et à la CEE. Mme Klimova a fait des rapprochements entre la situation politique actuelle de l'Europe et celle qui existait à la veille de la Première Guerre mondiale. Les conflits interethniques guettent l'Europe; de jour en jour, affirme l'ambassadrice, elle ne sait même pas si la Tchécoslovaquie va survivre. L'OTAN demeure la seule organisation de sécurité en activité en Europe, mais, pour les raisons que l'on sait, elle n'admettra ni la Tchécoslovaquie, ni la Hongrie ou la Pologne (qui ne demanderait pas mieux que d'accéder à l'Alliance). Reconnaissant que les Européens de l'Est sont excessivement sensibles aux grondements politiques (on entend pousser le gazon, dit-elle, non sans esprit), Mme Klimova s'est dit néanmoins inquiète du pays voisin de la Tchécoslovaquie, c'est-à dire l'Ukraine, qui, dit-elle, a pris le parti de monter une armée importante et de garder des armes nucléaires.

L'ambassadrice s'est reportée aux relations pacifiques qu'entretiennent les Tchèques et les Slovaques pour affirmer qu'une éventuelle séparation de ces peuples se déroulerait dans la paix. Les Tchèques se dirigent vers une économie de marché en faisant montre d'une plus grande prudence que les Polonais. La route est cahoteuse. Selon Mme Klimova, les Soviétiques doivent plus de 5 milliards de dollars américains à la Tchécoslovaquie, et les Syriens, plus de 1 milliard de dollars. Sur la question de la vente d'armes à l'étranger, elle a souligné que le rééquipement des grandes usines de chars d'assaut et de véhicules blindés de transport de troupes se poursuivait, pour des raisons d'économie pratiques, depuis 1986, soit avant la révolution douce (sans préciser toutefois le degré d'avancement des travaux). Par contre, la fabrication d'armes légères (une tradition tchécoslovaque de longue date) se poursuivait sans entrave, et le pays fournissait (a-t-elle remarqué avec ironie) un marché américain avide de ces produits (60% du marché mondial de ces munitions).

Une conférencière, qui a abordé la situation de l'Allemagne, a étalé un point de vue qui est venu compléter le précédent. Elle a soutenu que l'Allemagne deviendrait une puissance économique dominatrice en Europe centrale, ce afin d'assurer son propre bien-être économique. Déjà, en offrant des garanties de prêts cautionnées par le gouvernement, l'Allemagne est en voie de devenir un investisseur important en Europe centrale et se tournera éventuellement vers la Russie et l'Ukraine. Ses visées sont purement économiques et il n'a d'autre intention que de stabiliser la région; aucune ambition politique ne sous-tend sa démarche. Un universitaire berlinois a attiré l'attention des participants sur l'envers de la médaille : l'arrivée en Allemagne, au cours des deux dernières années, de quelque 200 000 réfugiés en provenance d'Europe de l'Est et d'Europe centrale et la vive réaction xénophobe que cela a provoquée. Il a fait allusion aux résultats d'un sondage de l'opinion populaire qui chiffrait à 34 % l'appui «silencieux» accordé à la nouvelle droite. Un analyste américain a prédit la domination économique et politique de l'Europe par l'Allemagne, et il a repris le point de vue de l'éminent sociologue allemand, Ralf Dahrendorf, qui mettait en doute l'engagement à long terme de l'Allemagne envers la Communauté européenne.

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Conclusion

Le chambardement de la scène internationale a mis en désarroi le milieu américain qui s'occupe de la sécurité internationale. L'heure est à l'introspection plutôt qu'au triomphalisme. L'appel aux compressions budgétaires et à la réalisation d'un «dividende» tiré de la paix, ainsi qu'à la recherche de solutions aux problèmes intérieurs de longue date, pourrait entraîner la diminution des capacités d'analyse et d'intervention, au moment même où les événements se succèdent de plus en plus rapidement et où se diversifient les dangers qui pèsent sur la sécurité nationale.

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III. Siege 24a: Le détournement raté du vol 864 d'Alitalia

L'ère des détournements à caractère politique n'est pas disparue complètement, et pourrait connaître un nouvel essor dans un proche avenir si le processus de paix au Moyen-Orient ne donne rien. Toutefois, pour nous qui sommes en position avantageuse, ses beaux jours semblent loin. De nos jours, ceux qui voyagent souvent risquent surtout d'être les victimes d'individus réagissant à un problème social ou souffrant de troubles mentaux. C'est l'un de ceux-là, aidé d'un complice pratiquement invisible, qui s'est rendu maître de notre avion à mi-chemin entre Rome et Tunis dans l'après-midi du jeudi 19 septembre. Ce faisant, il nous a donné, à moi, agent du SCRS, et à mes compagnons de vol, plusieurs moments de vives émotions et de sérieuse réflexion.

Dans leurs aéroports d'attache, les compagnies aériennes nationales ont habituellement la priorité d'accès pour l'embarquement et le débarquement. Les vols d'Alitalia partant de Rome à destination de Tunis ne semblent pas avoir droit à la priorité d'accès, du moins pas celui-là. Après nous avoir donné le signal d'embarquement, on nous a fait attendre à l'extérieur, sur la rampe d'accès de l'aéroport. L'avion s'est finalement rapidement rempli. La cabine avant, normalement réservée à la classe affaires ou club, était remplie de passagers de la classe touriste. Un vol d'une seule classe.

Une trentaine de minutes après le décollage sur un vol qui devait durer soixante-quinze minutes, le capitaine a pris l'interphone pour nous informer qu'il ne pourrait pas respecter le plan de vol initial et nous demander d'être patients jusqu'à ce que les choses rentrent dans l'ordre; dans l'intervalle, il nous priait de bien vouloir collaborer totalement avec le personnel de bord afin de réduire les risques au minimum. Puis, plus rien.

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L'avion décrivait des cercles...

Soudainement, la cabine s'est mise à bourdonner de conversations animées, les gens se demandant ce que signifait ce message. Il n'avait été fait qu'en anglais. Peu à peu, la nouvelle nous est parvenue à l'arrière de la cabine qu'un homme, qui affirmait avoir un fusil et des explosifs dans sa serviette, était entré dans le poste de pilotage et avait fermé à clé derrière lui, après avoir écarté brusquement une hôtesse de l'air. Personne ne pouvait plus ni entrer, ni sortir. Le commissaire du bord et les hôtesses n'en savaient pas plus que les passagers. Tout ce dont nous étions certains, c'était que l'avion maintenait son altitude de croisière et décrivait de larges cercles à mi-chemin au-dessus de la Méditerranée.

Mon voisin de siège était journaliste pour un quotidien de langue espagnole. Après des explications longues et laborieuses dont il est ressorti que notre vol avait été détourné, nous nous sommes mis à parler français. Il y avait deux journalistes français juste devant nous. De l'autre côté de l'allée, il y avait d'autres journalistes, qui semblaient italiens, mais qui étaient envoyés par le New York Times. La plupart des passagers étaient des Italiens, vraisemblablement des touristes ou des gens qui retournaient travailler en Tunisie. Un peu plus à l'avant, il y avait un couple d'Américains âgés en vacances. Evidemment, nous avions aussi quelques Arabes à bord, surtout des Tunisiens rentrant chez eux après des vacances en Italie.

Nous avons continuer de tourner en rond pendant au moins trente minutes. Mon voisin de siège s'était emparé d'une liasse de papier et écrivait à une allure folle, notant tout ce que tout le monde disait. A un moment donné, il s'est tourné vers moi et m'a demandé, toujours dans un anglais laborieux, «Avez-vous peur?» Après avoir réfléchi un instant, je lui ai répondu «Non, et vous?» Ce à quoi il m'a répondu «Non, non, non!». Je serais vraiment curieux de voir ce qu'il a écrit sur cet échange. Il m'a semblé apercevoir le mot «Americano» dans les notes qu'il a griffonnées par la suite. (La méprise habituelle lorsque nous voyageons en Europe ou au Moyen-Orient.) Nous n'avions toutefois aucune réelle cause d'inquiétude. Il n'y avait pas de pirate de l'air courant dans les allées, armé jusqu'aux dents et menaçant les passagers.

Notre drame aérien était plus excitant qu'effrayant, malgré le risque qu'il tourne mal, quoiqu'il est souvent très difficile de distinguer la peur de la fascination. Comme la plupart de mes compagnons de voyage, je me suis probablement demandé si j'avais bien tout laissé en ordre à la maison. Exception faite du message de notre capitaine et de notre comportement de vol, tout semblait normal. Le personnel de bord faisait de son mieux pour entrer dans le jeu et faire comme si tout allait bien. L'alcool et le vin coulaient à flots.

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...alors que le pirate se décidait

Après 35 à 40 minutes, le capitaine a repris l'interphone pour nous dire que nous reprenions notre plan de vol normal et que nous nous dirigions vers Tunis. Il y a eu un soupir de soulagement manifeste. Nous nous sommes donc dirigés vers le sud, vers la terre, avec le soleil à notre droite. (Nous avons appris plus tard que le pirate de l'air voulait aller à Alger, mais que les autorités avaient refusé d'autoriser l'avion à atterrir. Le capitaine avait alors suggéré que nous atterrissions à Palerme, mais le pirate n'avait pas aimé cette idée.) Lorsque nous sommes arrivés au-dessus de Tunis, nous nous sommes vite rendu compte que nous n'allions pas atterrir immédiatement. Nous avons présumé que les négociations avaient repris. Il ne faisait aucun doute que le capitaine était constamment en contact avec la tour de contrôle de Tunis.

Nous avons passé encore vingt minutes à tourner en rond au-dessus de Tunis avant de voir soudainement s'allumer le signal lumineux nous demandant d'attacher nos ceintures, ce qui nous a indiqué que nous allions amorcer notre descente. J'ai fait remarquer à mon voisin de siège que ce ne serait pas nécessairement fini une fois que nous serions au sol. Au moins une fois encore pendant la descente, nous avons eu l'impression que nous recommencions à décrire des cercles, ce qui nous a amené à penser que nous étions encore en train de négocier les détails. Après ce qui nous a semblé être la descente la plus lente jamais réalisée, le signal lumineux nous demandant de cesser de fumer s'est allumé, nous prévenant que nous allions bientôt atterrir. Chaque nouvelle étape nous semblait être une nouvelle raison d'espérer que tout finirait bien.

Une fois à terre, l'avion a roulé le long de la piste jusqu'au bout du terrain, puis s'est arrêté brusquement. Rien ne nous permettait de croire que nous étions attendus par un comité d'accueil armé, du moins pas dans le coin reculé du complexe de l'aéroport. Nous sommes restés assis pendant un certain temps, silencieux et pleins d'impatience, avant que l'air climatisé reprenne soudainement, ce qui n'était pas trop tôt.

Par le hublot, nous avons vu une petite camionnette était garée devant l'avion, sur la gauche. A bord, se trouvaient deux ouvriers d'entretien en salopettes qui ne semblaient pas savoir qu'il y avait un problème. Une vingtaine de minutes après avoir atterri, nous avons vu deux autobus se ranger derrière l'avion. Il se pourrait qu'il ait été impossible de les voir depuis le poste de pilotage.

Les passagers sont sortis par la porte arrière de l'avion, sont descendus sur la piste et sont montés à bord des autobus. Une fois pleins, les autobus sont repartis en ligne droite, toujours dissimulés derrière l'avion, jusqu'à un endroit sûr. Là, nous sommes descendus et nous avons discuté entre nous pendant ce qui nous a semblé être une autre demi-heure. Peu à peu, nous avons commencé à nous sentir relativement en sécurité. Finalement, on nous a demandé de remonter à bord des autobus pour qu'on nous conduise jusqu'au terminal. En chemin, nous sommes passés devant l'avion et nous avons pu voir le poste de pilotage ouvert et vide.

Nous avons appris par la suite qu'une équipe des forces spéciales tunisiennes avait réussi à gagner la confiance du jeune pirate de l'air et à le maîtriser sans incident. Il s'est avéré qu'il n'avait aucune arme sur lui, de quelque type que ce soit, mais évidemment nous l'ignorions à l'époque, et les pilotes professionnels ont l'ordre de ne pas prendre de chances.

Une fois rentrés au terminal, nous n'avons pas eu à attendre longtemps avant de faire contrôler nos passeports et de récupérer nos bagages. Personne n'a essayé de nous retenir pour nous interroger. En sortant du secteur de récupération des bagages, nous avons vu des équipes de la télévision tunisienne interroger certains passagers et évidemment le ministre tunisien de l'Intérieur, qui s'est attribué tout le mérite dans cette histoire qui finissait bien.

Après m'être enregistré à l'hôtel et avoir défait mes bagages, j'ai allumé la télévision. Comme on pouvait s'y attendre, CNN décrivait toute l'histoire en détails. Puis, il y a eu l'entrevue officielle avec le ministre de l'Intérieur, M. Abdallah Kallel.

«Nous avons appris la nouvelle du détournement à 14 h 30 par la tour de contrôle de l'aéroport de Tunis-Carthage. Nous avons immédiatement mis en oeuvre un plan d'action visant à permettre à nos équipes spéciales de s'installer à l'aéroport. Ce plan avait pour but :i) de garantir la sécurité des 130 passagers et des 7 membres de l'équipage; ii) d'assurer la sécurité de l'appareil; iii) d'arrêter le pirate de l'air. Nous avons réussi à atteindre nos objectifs en empêchant le pirate de l'air de se concentrer pendant que nous faisions semblant de négocier avec lui.» (La Presse (de Tunisie), 20 septembre 1991, p. 4.)

Selon la presse arabe de Tunis, le pirate de l'air a été identifié dès le lendemain matin. Il s'agissait d'un jeune Tunisien de 26 ans, al-Hadi Bilhasan Bushnaq, qui travaillait depuis trois ans pour une entreprise de construction italienne comme électricien. Il avait un complice qui a aussi été arrêté, mais qui n'a pas été identifié immédiatement. Les motifs de leur geste ne sont pas clairs. Ils n'ont manifesté aucune exigence spéciale, outre leur désir de se rendre à Alger.

Toujours d'après le même reportage, parmi les passagers de l'avion se trouvait le représentant de l'OLP à Rome, Nimr Hammad (Abu al-Majd). Dans une conversation téléphonique avec un journaliste après le détournement, il s'est dit d'avis qu'il ne faisait aucun doute que le pirate de l'air avait perdu la tête (majnun). Il a expliqué que le jeune homme avait à un moment donné commencé à crier «Ouvrez la porte de l'avion, ouvrez la porte!» et qu'il répétait constamment qu'il avait été maltraité en Italie, qu'il ne faisait pas de politique et qu'il n'était pas un criminel. Le journaliste affirmait en outre que le pirate de l'air n'avait pas écarté brusquement l'hôtesse de l'air, mais l'avait forcée à entrer dans le poste de pilotage devant lui. (al-Sabah, 20 septembre 1991, p. 4.)

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Post-scriptum

J'ai réussi à mettre la main sur le reportage que le journaliste espagnol a remis à son journal. Il est divisé en deux parties. La deuxième partie est plus personnelle et porte le titre : La psychose ne vient pas soudainement, elle monte lentement! Après avoir donné suffisamment de détails pour bien décrire l'attentat, il se met à parler de l'ambiance à bord de l'avion pendant que nous tournions en rond au-dessus de la Sardaigne. «...et nous nous demandions si nous nous dirigions vers la Libye ou l'Algérie. Personne ne semblait prendre les choses au tragique. Les gens continuaient de parler, de bavarder, de se raconter des histoires et surtout d'essayer de donner un sens au moindre indice de ce qui se passait; l'avion se dirigeait vers l'Italie, puis changeait à nouveau de direction, se retournait encore une fois dans le ciel bleu, se dirigeant cette fois vers la mer Tyrrhénienne.»

J'ai relevé certaines interprétations intéressantes dans son compte rendu. «Comme le pirate de l'air était seul, les passagers pouvaient circuler librement dans la cabine, ce qui fait que la peur n'a pas surgi brusquement et qu'il n'y a pas eu d'angoisse immédiate. Mais l'angoisse monte lentement, pendant que l'avion vole sans but dans le ciel, sans point de référence, et elle prend des forces parce qu'on n'entend plus parler du pilote. Les pensées de tout le monde sont fixées sur la durée de l'épreuve : des heures, des jours?... Qui était le pirate de l'air? Avait-il des complices? L'attentat avait-il quelque chose à voir avec la présence à bord d'un représentant de l'OLP? Des questions sans réponses, surgissant parce que le pirate de l'air était seul. Un incroyable sentiment d'impuissance.»

Je me suis empressé de regarder s'il avait parlé de notre échange. Vers la fin, j'ai trouvé la courte phrase suivante : «Un collègue américain, prévoyant ce qui pouvait se passer, a caché son passeport.» Etait-ce moi? Probablement pas, car je n'ai pas touché à mon passeport. Quoi qu'il en soit, il termine en parlant d'une poussée d'angoisse qui ne semble pas concorder avec la réalité que j'ai vécue. «L'hôtesse, avec un admirable aplomb, a administré des tranquilisants à certains passagers qui ne pouvaient plus supporter la tension. Ce n'est qu'après avoir quitté l'avion qu'ils se sont laissés gagner par la panique.» [Rossend Domenech, Diari di Barcelona, 20 septembre 1991, pp. 1 et 13.]

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Date de modification : 2005-11-14

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