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Commentaire N° 77

Organisation et opérations internationales des Tigres Libérateurs de l’Eelam Tamoul (TLET) - analyse préliminaire

Peter Chalk

Hiver 1999
Non classifié

Précis : Le présent Commentaire analyse l’étendue et les dimensions de cette infrastructure d’appui transnationale. Le document présente un aperçu du fonctionnement du réseau international des TLET, des principales personnalités et organisations de façade qui le constituent et des diverses façons dont il aide les TLET à mener leur guérilla et leur campagne terroriste au nord-est du Sri Lanka. L’auteur Peter Chalk est professeur à l’Université Queensland en Australie. Un expert des dossiers de la sécurité dans le sud-est asiatique, le professeur Chalk fait partie des effectifs de la RAND Corporation à Washington. - Hiver 1999.

Note du rédacteur : L’auteur Peter Chalk est professeur à l’Université Queensland en Australie. Un expert des dossiers de la sécurité dans le sud-est asiatique, le professeur Chalk fait partie des effectifs de la RAND Corporation à Washington

Avertissement : Le fait qu’un article soit publié dans Commentaire ne signifie pas que le SCRS a confirmé l’authenticité des informations qui y sont contenues ni qu’il appuie les opinions de l’auteur.


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Introduction

Le 23 mai 1997, le Stillus Limassul, un navire de charge enregistré en Grèce, quittait le port de Beira, au Mozambique, transportant 32 400 obus de mortier de 81 mm destinés à l’armée du Sri Lanka. Le contrat de vente de ces munitions, d’une valeur de 3 millions de dollars américains, avait été conclu entre des fonctionnaires du ministère de la Défense du Sri Lanka et la société d’État d’origine chinoise Zimbabwe Defence Industries (ZDI). Les munitions avaient été expédiées à Beira par train. L’armée sri-lankaise ne les a jamais reçues. Le 11 juillet 1997, l’ambassade américaine à Colombo a reçu par télécopieur le message suivant :

« Nous, les Tigres tamouls, vous informons par la présente que, le 11 juillet 1997, nous avons détourné un navire transportant des armes à destination de Colombo. Nous savons que le fabricant et le fournisseur des obus de mortier est ZDI, de Harare. Les marchandises [ont été] confisquées. Sachez que nous prendrons des mesures contre quiconque participera à l’approvisionnement en matériel militaire d’organismes qui cherchent à miner les droits légitimes du peuple tamoul et que nous punirons sévèrement les personnes concernées(1).» (TR.)

Des enquêtes subséquentes ont toutefois révélé que le Stillus Limassul ne figurait pas dans le Lloyds Register of Ships, mais qu’il appartenait en fait aux TLET. Des enquêtes plus poussées ont mené à la découverte d’une série de documents qui a permis de remonter jusqu’à Ben Tsoi, le sous-traitant israélien à l’origine du contrat de vente des mortiers susmentionnés. Les Tigres lui auraient versé un pot-de-vin pour qu’il les autorise à utiliser l’un de leurs propres navires de charge pour prendre livraison des marchandises. L’entreprise de Tsoi, L.B.J. Military Supplies, aurait persuadé ZDI à acquiescer à l’« opération » en fournissant à Colombo de fausses informations confirmant que les marchandises avaient été chargées, comme prévu, au port mozambicain de Beira le 21 mai 1997(2). L.B.J. Military Supplies aurait ensuite indiqué au gouvernement du Sri Lanka que les munitions étaient en route via Walvis Bay et Madagascar. Lorsque Colombo a appris ce qui s’était vraiment passé, les mortiers avaient déjà été déchargés, puis transbordés dans des bateaux plus petits à destination des bases des TLET situées dans la jungle près de la côte de Mullaitivu. Un mois après, les Tigres utilisaient ces armes dévastatrices dans la lutte pour le contrôle de l’autoroute A9 dans le nord du Sri Lanka, lutte qui se poursuit toujours(3).

L’incident de ZDI illustre très bien l’étendue des activités des TLET, reconnus sur une vaste échelle comme l’un des groupes de guérilleros ou de terroristes les plus efficaces et les plus dangereux du monde. Cette réputation s’explique en grande partie par le réseau international hautement perfectionné que l’organisation a constitué pour appuyer la lutte qu’elle mène depuis 26 ans contre le gouvernement de Colombo en vue de la création d’un État indépendant, l’Eelam Tamoul(4).

Le présent Commentaire analyse l’étendue et les dimensions de cette infrastructure d’appui transnationale. Le document présente un aperçu du fonctionnement du réseau international des TLET, des principales personnalités et organisations de façade qui le constituent et des diverses façons dont il aide les TLET à mener leur guérilla et leur campagne terroriste au nord-est du Sri Lanka.

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Activités externes des TLET

Les Tigres tamouls sont organisés suivant une structure à deux paliers : une aile militaire qui ressemble à celle de nombreuses armées professionnelles et une aile politique subordonnée à cette première. Un comité directeur central surveille les activités des deux ailes. Sous l’autorité du chef suprême des TLET, Velupillai Prabhakaran, ce comité est chargé de diriger et de contrôler plusieurs sous-groupes particuliers, dont :

  • un groupe amphibien (les Tigres de la mer (Sea Tigers), dirigés par Soosai);
  • un groupe aéroporté (les Tigres de l’air (Air Tigers), dirigés par Shankar);
  • un groupe de combattants d’élite (régiment Charles Anthony, dirigé par Balraj);
  • une unité de commandos suicide (les Tigres noirs (Black Tigers), dirigés par Pottu Amman);
  • un groupe très secret d’agents de renseignements;
  • un bureau politique dirigé par Thamil Chevlam (chef politique) et Anton Balasingham (conseiller politique et idéologue).

Le comité directeur central comprend également un secrétariat international. Dirigé par V. Manoharan(5), cet organisme est essentiellement chargé de veiller au bon fonctionnement du réseau international des TLET, bien que les différentes sections de la structure soient dirigées par des chefs spécialisés.

De façon générale, les activités externes des TLET peuvent être réparties en trois grandes catégories : la publicité et la propagande; la collecte de fonds; l’acquisition et le transport d’armes. Les sections agissent essentiellement de façon autonome, bien que leurs activités se chevauchent invariablement(6).

Publicité et propagande

Les activités de publicité et de propagande des TLET sont dirigées par V. Manoharan. Depuis un petit bureau situé à l’étranger, ce dernier cherche à amener les politiciens partout dans le monde à appuyer la cause des Tamouls en prêchant sans relâche un message à trois volets :

  • les Tamouls sont les victimes innocentes d’un gouvernement dominé par des Cinghalais;
  • les Tamouls du Sri Lanka, qui représentent 12,5 p. 100 de la population, sont constamment victimes de discrimination et d’oppression militaire;
  • les Tamouls ne pourront jamais vivre en paix avec les Cinghalais dans le même État.

Par conséquent, il n’y aura pas de paix au Sri Lanka tant que les Tamouls, dirigés par les TLET, n’auront pas leur propre patrie(7).

Manoharan dirige une organisation quasi-diplomatique des TLET qui, depuis mai 1998, serait composée de bureaux et de cellules répartis dans au moins 54 pays(8). Les plus grands centres sont situés dans des pays occidentaux comptant d’importantes communautés d’expatriés tamouls, notamment le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Suisse, le Canada et l’Australie. Les TLET sont également représentés dans des pays aussi divers que le Cambodge, la Birmanie, l’Afrique du Sud et le Botswana(9).

À l’échelle internationale, les TLET font surtout la propagande à l’aide de groupes de pression et des médias qui appuient leurs objectifs politiques et dont les activités sont coordonnées par les organisations de façade qui les chapeautent. Parmi les organisations les plus actives à cet égard, mentionnons l’Australasian Federation of Tamil Associations; la Fédération suisse des associations tamoules; la Fédération française des associations tamoules; la Fédération des associations des Tamouls du Canada; l’Illankai Tamil Sangam aux États-Unis; le Comité de coordination mondiale des Tamouls en Norvège; l’International Federation of Tamils au Royaume-Uni.

Le principal objectif de cette structure mondiale est de favoriser l’appui politique et économique des TLET, dont l’objectif déclaré est de créer un État tamoul, l’Eelam Tamoul, dans le nord-est du Sri Lanka. Bien que les TLET cherchent surtout à gagner l’appui des membres de la diaspora tamoule, on sait qu’ils ont également exercé des pressions auprès de politiciens et de défenseurs des droits de la personne(10).

À l’échelle internationale, les TLET mènent une guerre de propagande hautement perfectionnée et nettement plus sophistiquée que toute campagne de représailles qu’a pu organiser jusqu’à présent le gouvernement de Colombo(11). Les missions « diplomatiques » reçoivent quotidiennement des messages par télécopieur qui font état de certains rapports sur la lutte transmis directement depuis le Sri Lanka à l’aide de liaisons téléphoniques par satellite. Le groupe diffuse également des vidéos, des dépliants et des calendriers très explicites qui montrent, dans leurs détails les plus macabres, les résultats des frappes aériennes et militaires du gouvernement contre les bastions des TLET(12). Par ailleurs, les TLET se servent beaucoup du réseau Internet comme outil de communication. Le groupe a créé plusieurs sites Web bien organisés et assortis d’« hyperliens intéressants » et d’autres liens vers des organismes humanitaires et des agences de développement reconnus mondialement(13).

À l’échelle mondiale, les TLET mènent leurs campagnes sous la bannière de la « paix ». Grâce à ce slogan, ils ont réussi à amener plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) à se rallier autour de leur cause, soit la lutte au Sri Lanka. Voici des exemples d’organismes bien connus : Canadian Relief Organization for Peace in Sri Lanka(14); International Educational Development Inc. (IED)(15); le Conseil œcuménique des Églises; l’Australian Human Rights Foundation; le Groupe international des droits de la personne; l’Organisation internationale des journalistes; Pax Romana; le Bureau international de la paix; l’International Human Rights Law Group; le Robert F. Kennedy Memorial Center for Human Rights(16). En misant sur la paix, les TLET ont pu obtenir de ces groupes un soutien très avantageux. En faisant état publiquement de l’appui que des ONG bien connues leur accordent partout dans le monde, les TLET croient qu’ils ont réussi à internationaliser leur cause et à légitimer leur principale revendication, soit la création de l’État indépendant de l’Eelam Tamoul.

Les TLET ont récemment essuyé un revers dans le cadre de leur campagne de propagande mondiale. En fait, le Département d’État américain a décidé d’inclure le groupe sur sa liste de 1997 des organisations terroristes internationales proscrites. Cette décision a, par ailleurs, incité d’autres États à réexaminer la légitimité des activités de publicité des TLET. Au Royaume-Uni, par exemple, principal centre de propagande internationale des TLET depuis bon nombre d’années, constituera une infraction criminelle, en vertu des nouvelles lois qui sont en voie d’élaboration, le fait d’inciter au terrorisme au Sri Lanka (ou ailleurs), soit par la publicité, soit par la collecte de fonds en Grande-Bretagne. D’ici l’an 2000 probablement, le gouvernement britannique jouira de nouveaux pouvoirs qui lui permettront d’interdire tous les « groupes terroristes » étrangers quels qu’ils soient(17).

Il ne faut toutefois pas exagérer l’ampleur de ces obstacles. De nombreux États dans lesquels les TLET mènent des opérations ne disposent d’aucune infrastructure légale leur permettant de désigner un groupe comme organisation terroriste. Des pays comme la Norvège, la Suède et l’Australie (et, du moins pour l’instant, le R.-U.), par exemple, n’ont pas de dispositions législatives de proscription semblables à celles en vigueur aux États-Unis et au Canada. De plus, même dans les pays où de telles mesures législatives existent, les TLET ont réussi assez facilement à les contourner en exploitant des centres culturels et communautaires de façade. Au Canada, de nombreuses organisations continuent de se livrer activement à des campagnes de publicité destinées à politiser la diaspora tamoule à la faveur de la cause des TLET (bien que cela puisse changer si le Parlement adopte effectivement de nouvelles lois). Rien n’empêche de croire que des subterfuges semblables ne viendront pas miner les nouvelles mesures antiterroristes proposées au Royaume-Uni. En fait, toute nouvelle mesure législative ne fera probablement que nuire aux bureaux officiels des TLET, comme l’Eelam House, ce qui permettra au groupe de poursuivre ses activités par l’entremise d’autres bureaux exploités sous différents noms(18).

Collecte de fonds

Outre la propagande, les TLET mènent une campagne internationale perfectionnée de collecte de fonds. Le soutien financier provient surtout de l’importante diaspora tamoule éparpillée dans les six grandes régions suivantes : la Suisse, le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni, les États-Unis et les pays scandinaves(19).

Divers facteurs motivent les bailleurs de fonds des TLET. Les membres plus anciens, donc mieux établis, des communautés d’expatriés croient fermement en la lutte pour un État tamoul indépendant, la création d’un tel État constituant, selon eux, la seule solution à long terme au conflit ethnique qui sévit au Sri Lanka(20). D’autres, qui sont souvent des immigrants illégaux ou des demandeurs d’asile vivant en marge d’une communauté étrangère, comptent sur les TLET pour faciliter leur intégration dans la société en versant des sommes à l’organisation pour qu’elle les aide à trouver un emploi et un logement et à obtenir de fausses pièces d’identité.

Aux États-Unis, les fonds proviennent essentiellement d’individus riches, dont bon nombre ont promis de verser d’énormes sommes pour faire avancer la cause tamoule. On croit que l’un de ces individus, un médecin réputé vivant aux États-Unis, pouvait verser jusqu’à 100 000 $US à la cause, en fonction de la personne qui lui rendait visite pour solliciter un don et de l’utilisation proposée de l’argent. Sur une échelle globale, cette personne demeure le plus important bailleur de fonds des TLET. D’après certaines estimations, il aurait versé jusqu’à 4 millions de dollars américains à la cause au cours des dix dernières années. Comme l’a fait remarquer un ancien représentant des TLET aux États-Unis : « Il suffit de demander et nous recevons. Il est notre Dieu»(21).

Les fonds ne proviennent pas toujours directement de la diaspora tamoule. Les TLET détournent souvent des dons destinés à des organismes culturels sans but lucratif pour financer des programmes tamouls de services sociaux, de soins de santé et de réadaptation au Sri Lanka. L’avantage de cette forme de financement, c’est qu’il est très difficile de prouver que les fonds recueillis à des fins humanitaires ont été détournés vers des activités terroristes ou d’autres activités illicites à l’étranger(22). C’est surtout le cas de pays comme la Norvège, où il n’est pas obligatoire en vertu de la loi de s’enregistrer comme organisation avant de se livrer à la collecte de fonds(23).

On a également laissé entendre que les TLET recueillaient des fonds au moyen du trafic de drogue, en particulier d’héroïne en provenance de l’Asie du Sud-Est et du Sud-Ouest. D’après un rapport publié en 1995 par le Mackenzie Institute, un groupe de recherche sans but lucratif de Toronto, le trafic d’héroïne constitue l’une des activités les plus lucratives des TLET. Les représentants sri-lankais sont d’accord, un diplomate haut placé ayant affirmé que « les sommes recueillies auprès des expatriés tamouls sont tout à fait négligeables par rapport à celles tirées du trafic de stupéfiants »(24). Certes, le trafic de drogue peut être une source de profits énormes. À l’heure actuelle, une dose d’héroïne (moins d’un gramme) à Londres, par exemple, coûterait environ 10 livres sterling, alors que le prix de gros d’un kilogramme vendu à New York est évalué à au moins 250 000 $US(25).

Il n’existe pas, pour l’instant, de preuve concrète que les TLET exploitent un réseau officiel de trafic de drogue(26). Plusieurs analystes ont toutefois souligné que les TLET étaient particulièrement bien placés pour faire le trafic de stupéfiants grâce au réseau international extrêmement efficace qu’ils ont mis au point pour la contrebande de munitions partout dans le monde. Les voies de transit d’armes passent directement à travers ou tout près des grands centres de production et de transit de la drogue, dont la Birmanie, la Thaïlande, le Cambodge, le sud de la Chine, l’Afghanistan et le Pakistan.

Par ailleurs, il existe un volume assez important de preuves indirectes qui laissent croire à l’existence d’une quelconque relation entre les TLET et les organisations de vente de stupéfiants. Depuis le début des années 80, le Mackenzie Institute a documenté l’arrestation pour le trafic de drogue, partout dans le monde, de plusieurs Tamouls ayant des liens avec des organisations militantes, dont V. Manoharan, l’actuel chef international des TLET(27). En fait, après que Manoharan eut signé une pétition pour s’opposer à la désignation des TLET comme organisation terroriste par les États-Unis en 1997, INTERPOL a révélé qu’il avait été incarcéré en France pendant deux ans pour possession d’héroïne. On a commencé à soupçonner que les stupéfiants avaient été vendus au profit des Tigres, lorsqu’il a été découvert que Prabhakaran avait autorisé les TLET en France à verser un salaire mensuel à la famille de Manoharan pendant le séjour en prison de ce dernier.

Les sommes que recueillent les TLET dans le cadre de leur campagne internationale de collecte de fonds constituent une partie intégrante du fonds de défense nationale de l’organisation. En fait, depuis que les TLET ont perdu le contrôle effectif de la péninsule de Jaffna à la fin de 1995 ou au début de 1996, on évalue à entre 80 et 90 p. 100 la part de leur budget de guerre qu’ils recueillent à l’étranger(28). À l’heure actuelle, on croit que les TLET « sollicitent » des contributions pouvant atteindre 1 000 $US par famille auprès des membres de la diaspora tamoule au Royaume-Uni, au Canada et en Australie, pour appuyer la campagne militaire qu’ils ont lancée afin de prendre le contrôle de l’autoroute A9 dans le Nord et des importantes localités auxquelles elle mène(29).

C’est grâce à ces opérations financières internationales que les TLET réussissent aussi à se procurer la plupart de leurs armes et munitions. Les autorités sri-lankaises savent, par exemple, qu’un membre des TLET, Dharmakulaseelan, a joué un rôle de premier plan dans une campagne multinationale menée au début des années 90 et dans le cadre de laquelle les sommes recueillies en Amérique du Nord étaient acheminées vers les Philippines et utilisées pour l’achat d’armes à des trafiquants d’armes de l’Asie du Sud-Est.

Les campagnes internationales de collecte de fonds des TLET ont également servi à financer la défense du groupe et de ses membres lors de longues et onéreuses actions en justice. Le meilleur exemple est sans doute celui de Manikavasagam Suresh, le représentant des TLET au Canada, qui a été arrêté en 1995(30). À la suite de cette arrestation, l’organisation a lancé une vaste campagne d’envois postaux dans lesquels elle déclarait que Suresh avait été arrêté pour des motifs politiques et que sa détention constituait une agression directe contre la communauté tamoule du Canada. Par ailleurs, elle a organisé de nombreuses manifestations pour inciter les autorités à abandonner le procès de Suresh et a embauché deux avocats très bien payés pour assurer la défense de Suresh sous la coordination générale d’un avocat bien connu de New York, Viswanathan Ruthirakumaran, le dirigeant de fait des opérations des TLET aux États-Unis. Ces vastes efforts ont permis de faire en sorte que le procès de Suresh soit l’un des plus vivement contestés dans l’histoire judiciaire du Canada pour ce qui est de l’examen d’attestations de sécurité(31).

Plus récemment, les TLET, agissant par l’intermédiaire de Ruthirakumaran, ont retenu les services d’un cabinet d’avocats américain réputé dirigé par Ramsey Clark, ancien procureur général de l’administration Lyndon Johnson, pour lutter contre la décision prise en 1997 par Washington de désigner le groupe comme organisation terroriste(32). Bien que les efforts en ce sens se soient soldés par un échec, ils démontrent amplement néanmoins la capacité des TLET d’accéder à l’élite judiciaire américaine, une réalisation énorme pour des rebelles de la jungle venant de l’autre bout de la planète.

Acquisitions d’ordre militaire

La troisième composante du réseau international des TLET sert à l’acquisition d’armes et de munitions. Il s’agit probablement de l’aspect le plus clandestin des opérations internationales du groupe et de celui qui montre le mieux l’étendue mondiale de l’organisation.

Avant 1987, les TLET faisaient l’acquisition de la plupart de leurs armes auprès des quatre sources suivantes :

  • l’Afghanistan, via la frontière indo-pakistanaise(33);
  • directement de sources indiennes provenant de l’extérieur(34);
  • la production locale;
  • l’armée sri-lankaise (vol de munitions)(35).

Toutefois, à la suite de la signature en 1987 de l’accord de paix indo-sri-lankais, les TLET ont perdu l’appui de l’Inde(36). Ils ont donc commencé à mener des attaques de plus en plus audacieuses contre les camps militaires et les dépôts d’armes de l’armée sri-lankaise, faisant ainsi l’acquisition de la plupart de leur artillerie à longue portée directement auprès des forces armées de Colombo(37). Les TLET ont également accéléré leur propre programme de fabrication d’armes, si bien que, en 1990, ils avaient réussi à mettre au point des missiles à courte portée perfectionnés(38). Cependant, et cet élément est extrêmement important du moins selon le point de vue du présent document, l’organisation a réussi à élargir son réseau international d’acquisition d’armes au-delà de l’Afghanistan et du Pakistan.

Le réseau d’acquisition d’armes des TLET est dirigé par Tharmalingam Shanmugham, alias Kumaran Pathmanathan, couramment appelé « KP ». Adjoint de Prabhakaran, Pathmanathan est actuellement le deuxième homme le plus recherché au Sri Lanka, sa tête ayant été mise à prix (500 000 $US). En possession de plus de vingt passeports établis à son nom et capable de se faire passer pour un Tamoul de classe moyenne, Kumaran voyage beaucoup. D’après les sources des services de renseignements sri-lankais, il aurait eu ses principales bases d’opérations à Singapour, à Rangoon, à Bangkok et, plus récemment, à Johannesburg; par ailleurs, il aurait eu divers comptes bancaires à Londres, à Francfort, au Danemark, à Athènes et en Australie(39).

La plupart des membres de l’équipe internationale d’acquisition d’armes des TLET, connue sous le nom de « Département KP », dont Kumaran lui-même, n’ont reçu aucun entraînement militaire formel. Bien qu’elles ne suivent pas d’entraînement militaire comme tel, les recrues au Département KP reçoivent une formation intensive dans un certain nombre d’autres domaines, dont la falsification de documents, le trafic d’armes, la communication, l’expédition de marchandises à l’étranger et l’investissement.

Au coeur des opérations du Département KP se trouve un réseau de transport très clandestin. Les TLET ont commencé à constituer leur réseau maritime au milieu des années 80, avec l’aide d’un magnat de l’industrie du transport de Bombay. Aujourd’hui, leur flotte compte une dizaine de navires de charge, tous munis d’un système radar et d’un système de communication INMARSAT sophistiqués. Les navires voyagent surtout sous pavillon panaméen, hondurien ou libérien(40) (ce trio d’États, souvent appelé « Pan-Ho-Lib », est reconnu pour ses exigences en matière d’enregistrement excessivement laxistes), ont un équipage formé de Tamouls originaires du port de Velvettiturai, dans la péninsule de Jaffna, et sont habituellement la propriété de diverses sociétés-écrans situées en Asie. Les navires se rendent souvent au Japon, en Indonésie, à Singapour, en Afrique du Sud, en Birmanie, en Turquie, en France, en Italie et en Ukraine. Certains d’entre eux sont également lourdement armés et ont déjà attaqué des navires de la marine indienne et sri-lankaise qui les avaient affrontés. Dans la très grande majorité des cas (95 p. 100), les navires transportent des biens commerciaux légitimes, tels le bois dur, le thé, le riz, le ciment et l’engrais. Pour le reste, ils jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement des théâtres d’opérations des TLET en explosifs, en armes, en munitions et en matériel de guerre connexe (41).

Vu leur emplacement stratégique le long de routes maritimes importantes et leurs structures bancaires hautement perfectionnées, Singapour et Hong Kong constituent les centres de communication du réseau d’acquisition d’armes des TLET(42). Ces deux « cités-États » dirigent des cellules situées en Thaïlande(43), au Pakistan et en Birmanie(44), donnant ainsi aux TLET l’accès aux marchés d’armes en plein essor de l’Asie du Sud-Est et du Sud-Ouest. On sait toutefois que le groupe a déjà utilisé des sociétés-écrans et de faux entrepreneurs en Afrique et en Europe pour conclure des marchés avec des États de l’ex-Union soviétique, du Moyen-Orient et de l’Afrique subsaharienne.

De façon plus précise, on peut répartir les activités internationales d’acquisition d’armes des TLET en cinq grandes zones géographiques :

  • l’Asie du Nord-Est et du Sud-Est, dont surtout la Chine, la Corée du Nord, le Cambodge, Thaïlande, Hong Kong, le Vietnam et la Birmanie;
  • l’Asie du Sud-Ouest, dont surtout l’Afghanistan et le Pakistan (par l’entremise de ce que l’on qualifie de « ligne de ravitaillement afghane »);
  • l’ex-Union soviétique, dont surtout l’Ukraine;
  • l’Europe du Sud-Est et le Moyen-Orient, dont surtout le Liban, Chypre, la Grèce, la Bulgarie et la Turquie;
  • l’Afrique, dont surtout le Nigéria, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud(45).

Depuis ces diverses sources, des routes clandestines bien établies sont utilisées pour ramener les munitions au Sri Lanka. Les armes en provenance de la Chine, de la Corée du Nord et de Hong Kong transitent par la mer de Chine méridionale et passent par les Détroits de Malacca et de Singapour jusqu’au Golfe du Bengale avant d’être acheminées vers le Sri Lanka. Les armes du Cambodge, du Vietnam et de la Birmanie transitent par la Thaïlande avant d’être chargées à bord de navires au port méridional de Ranong pour la traversée du Golfe du Bengale. Les armes en provenance de l’Europe de l’Est, de l’Ukraine et du Moyen-Orient passent par le canal de Suez et font le tour de la Corne de l’Afrique avant d’être acheminées au Sri Lanka. Enfin, les munitions d’origine africaine ont tendance à être réintroduites en contrebande dans les bastions des TLET situés dans la jungle depuis des ports du Libéria, du Nigéria et de l’Angola en passant par le Cape of Good Hope ou via l’île de Madagascar, depuis le village côtier de Beira, au Mozambique.

Dans ses efforts d’acquisition d’armes partout dans le monde, Kumaran a toujours privilégié les explosifs. Au début de l’insurrection des TLET, ces armes leur étaient fournies directement. Toutefois, après que l’Inde eut cessé de lui accorder son soutien, en 1987, le groupe a dû nécessairement se trouver d’autres sources d’approvisionnement plus éloignées. Depuis l’effondrement du bloc soviétique au début des années 90, l’Ukraine est devenue la nouvelle source d’approvisionnement privilégiée. L’une des plus importantes expéditions uniques a eu lieu en août 1994, lorsqu’un navire de charge des TLET, le MV Swene, a quitté le port de Nikolaïev avec à son bord 60 tonnes de RDX et de TNT obtenues auprès de l’usine de produits chimiques Rubezone. Le marché avait été conclu par l’entremise de Carlton Trading, une société-écran des TLET située à Dhaka, qui avait produit un faux certificat indiquant l’armée du Bangladesh comme destinataire approuvé. Les explosifs ont été transportés jusqu’à la côte nord-est du Sri Lanka, puis grâce à la protection de bateaux à moteur des Tigres de la mer, ont pu être déchargés et transportés vers plusieurs bases secrètes des TLET situées dans la jungle. Ce sont ces explosifs (de 300 à 400 kg) qui ont servi par la suite à l’attentat au camion piégé de janvier 1996 contre l’immeuble de la Banque centrale à Colombo, attentat terroriste reconnu comme étant l’un des plus dévastateurs de toute l’histoire(46).

Les TLET cherchent également de façon prioritaire à faire l’acquisition de matériel de guerre qu’ils ne peuvent pas fabriquer eux-mêmes. La qualité du matériel que la division a réussi à se procurer pour le compte des Tigres témoigne du succès du Département KP à cet égard. Pour contrer les frappes de la force aérienne sri-lankaise (qui a toujours fait peser une importante menace sur les TLET), par exemple, le Département KP a joué un rôle de premier plan dans la constitution d’un arsenal de missiles surface-air perfectionnés pour le groupe. Ces missiles sont surtout installés à bord de SAM-7 soviétiques achetés auprès de fonctionnaires malhonnêtes et de rebelles cambodgiens. Par ailleurs, on croit que l’arsenal des TLET comprend maintenant des missiles Stinger de fabrication américaine beaucoup plus précis et plus meurtriers, fournis par l’Afghanistan(47).

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Une organisation perfectionnée

Le réseau de soutien international des TLET a permis de faire en sorte que le groupe atteigne un degré très avancé de létalité et de technicité, si bien qu’il risque de servir de modèle aux organisations rebelles du type dont le monde sera témoin au cours de la prochaine décennie. Un certain nombre de facteurs permettent d’évaluer l’efficacité opérationnelle des Tigres.

Les TLET sont le seul groupe à avoir réussi à assassiner deux chefs d’État importants - Rajiv Ghandi, de l’Inde, en 1991, et Ranasinghe Premadsa, du Sri Lanka, en 1993. Dans les deux cas, les Tigres ont mené des opérations suicides tellement bien planifiées et orchestrées qu’ils ont réussi à déjouer les mesures de sécurité extrêmement rigoureuses des services de renseignements indiens et sri-lankais.

Les Tigres noirs sont reconnus comme étant le commando suicide le plus meurtrier du monde entier. Ils utilisent des « combinaisons explosives » ultra-modernes; bon nombre d’entre eux auraient appris à manœuvrer des planeurs, des aéronefs micro-légers et des bateaux à moteur en Europe et en Asie du Sud-Est en prévision d’opérations kamikazes(48). En août 1998, les TLET avaient perpétré 155 attentats suicide contre des soldats et des civils(49), comparativement à 50 pour tous les autres groupes à l’échelle mondiale, dont le Hamas, le Hezbollah, le Parti des travailleurs du Kurdistan et les Babbar Khalsa.

Sur un plan plus conventionnel, les TLET ont montré qu’ils avaient un potentiel de frappe tout aussi important. La force navale de l’organisation est bien armée et s’est montrée capable d’affronter directement les marines sri-lankaises et indiennes, que ce soit en haute mer ou au large des côtes. La brigade Charles Anthony est bien formée, tandis que les unités militaires ordinaires des Tigres se sont montrées, à plusieurs reprises, très aptes à la guerre de jungle.

Les TLET ont des réseaux très perfectionnés d’acquisition de technologie à double usage et de conversion de cette technologie à des fins militaires précises. À l’heure actuelle, le groupe serait en mesure de fabriquer au moins quatre types de vedettes d’attaque, en se servant de matériel de guerre acheté dans les pays occidentaux et en Asie(50).

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Conclusion

Les TLET évoquent l’aspect particulièrement violent du conflit ethnique qui sévit au Sri Lanka. Le groupe menace non seulement la stabilité intérieure du Sri Lanka et de l’Inde, mais aussi la sécurité de l’ensemble du système international. Au moment de la rédaction de ce rapport, rien ne laissait présager la fin prochaine de la guerre sécessionniste des Tamouls au Sri Lanka, ni le gouvernement ni les rebelles ne semblant être disposés à négocier une solution au conflit. Le réseau de soutien mondial sur lequel comptent les TLET pour le financement, la propagande et l’acquisition d’armes à des fins militaires risque donc de poursuivre ses activités, et même de prendre de l’expansion.

Seul un effort international concerté pourrait restreindre les activités du réseau transnational des TLET. Une intervention internationale est essentielle vu la portée mondiale des opérations des TLET. Toute analyse des activités du groupe dans le contexte d’un seul État sera forcément faussée et incomplète et nuira non seulement au Sri Lanka, mais aussi à l’ensemble de la communauté internationale. C’est là l’héritage d’un monde dans lequel la distinction entre la sécurité nationale, régionale et internationale s’estompe de plus en plus.

Malheureusement, le monde occidental a été particulièrement tolérant envers les TLET, malgré leur caractère impitoyable. De nos jours, le secrétariat international de l’organisation se trouve à Londres, alors que le secrétaire du groupe dirige, depuis son bureau à Paris, les opérations des organisations de façade dans une zone géographique s’étendant de l’Australie au Canada. Dans une large mesure, cette tolérance est fonction du fait que les membres des TLET tant au Sri Lanka que dans la diaspora ont tous une identité ethnique tamoule commune - élément qui fait en sorte que les gouvernements et les organismes d’application de la loi ont de plus en plus de mal à distinguer entre les Tamouls ordinaires et ceux qui militent en faveur des activités des TLET. De plus, bon nombre de politiciens occidentaux croient que ce sont les groupes ethniques et minoritaires qui font pencher la balance lors d’un scrutin. Ils ont donc tendance à sympathiser avec les aspirations politiques et les revendications des membres de ces groupes qui vivent dans leurs circonscriptions. Étant donné que les Tigres ont réussi à mener des campagnes de propagande efficaces qui leur ont permis de rallier une part importante de la diaspora, les politiciens hésitent de plus en plus à appuyer la prise de mesures plus rigoureuses à l’égard des TLET de crainte de perdre l’appui d’une partie de l’électorat.

En autorisant les TLET à ouvrir des bureaux et à y installer des représentants, les pays occidentaux se sont trouvés, sans le savoir, à approuver le programme politique et militaire du groupe. Les activités de propagande et de collecte de fonds des TLET en Europe, en Australasie, en Afrique du Sud et au Canada se sont avérées essentielles à la campagne terroriste et à la guérilla qu’ils mènent au Sri Lanka. Par ailleurs, la liberté démocratique presque sans restrictions dont les TLET jouissent dans ces pays a permis au groupe de constituer progressivement, à l’échelle mondiale, une structure de soutien complexe, à plusieurs paliers et vraiment intégrée, qui est devenue de plus en plus difficile à déceler et à éliminer.

Les activités à ramifications multiples des TLET entraînent de sérieuses répercussions pour le Sri Lanka et l’ensemble de la communauté internationale. Tant que le groupe sera autorisé à faire de la propagande, à recueillir des fonds, à acquérir des armes et à envoyer du matériel au Sri Lanka, il poursuivra sa guérilla et sa campagne terroriste. Cela ne fera qu’engendrer encore plus de violence et envenimer le problème, déjà sérieux, des réfugiés, circonstances très susceptibles de nuire à la stabilité dans une région du monde où la situation est déjà très explosive.

Dans le contexte de la mondialisation, les événements qui ont une incidence sur les affaires d’un État peuvent avoir d’importantes répercussions pour d’autres gouvernements, à l’échelle tant régionale qu’internationale. Le mouvement de réfugiés, la vente d’armes, le terrorisme, le blanchiment d’argent et le trafic de drogue — conséquences de la guerre que livrent les TLET au Sri Lanka — n’ont cessé de montrer leur potentiel comme éléments susceptibles de perturber la sécurité nationale et internationale à l’ère de l’après-guerre froide. En sympathisant avec des groupes comme les TLET, les pays occidentaux contribuent à miner non seulement la viabilité de leurs propres frontières, mais aussi l’intégrité du système international qu’ils prétendent représenter.


1. Correspondance personnelle échangée avec des représentants de l’ambassade américaine, Colombo, juillet 1997.

2. Correspondance personnelle échangée avec Zimbabwe Defence Industries (ZDI), Colombo, août 1997.

3. Voir Mike Winchester, « Ship of Fools: Tamil Tiger’s Heist of the Century », Soldier of Fortune 23/8 (août 1998): 36; « The Arms Trade », The New York Times, 1998/03/07; « Mortar Ship Mystery Still Baffles Defense Officials », The Sunday Times, 1997/06/27; « What Happened To Ship Carrying 32,400 Mortar Bombs? The Mystery Letter That Deals a Death Blow to Intelligence Setup Reveals All », The Sunday Times, 1997/07/20; « Arms Ship Mystery Deepens, Possibility of LTTE Ploy: Zimbabwe Official Here for Probe », The Sunday Times, 1997/08/03; « A Tamil Tiger Primer on International Arms Bazaar », International Herald Tribune, 1998/03/10.

4. Pour de bons aperçus et comptes rendus des origines du conflit, voir Robert Oberst, « A War Without Winners in Sri Lanka », Current History 91/563 (1992); Robert Wirsing, « Sri Lanka’s Ethnic Divide », Current History 95/600 (1996); Gamini Samaranayake, « Political Violence in Sri Lanka: A Diagnostic Approach », Terrorism and Political Violence 9/2 (1997); « Sri Lanka », The Europa World Year Book (Londres: Europa Publications, 1997); « Conflict and Community in Contemporary Sri Lanka », South Asia Special Issue XX (1997).

5. V. Manoharan a remplacé Lawrence Thiligar comme chef du secrétariat international au début de 1997.

6. Anthony Davis, « Tiger International », Asiaweek, 1996/11/26.

7. Ibid.

8. Rohan Gunaratna, Sri Lanka’s Ethnic Conflict and National Security (Colombo: South Asian Network on Conflict Research, 1998), 372.

9. À l’heure actuelle, le Canada (et plus précisément Toronto) compte la plus importante communauté d’expatriés tamouls à l’étranger (200 000 personnes en 1998).

10. Rohan Gunaratna, « LTTE Organization and Support Base in the US », rapport inédit préparé pour le gouvernement américain, 1; « The LTTE Rides High in Norway », Lanka Outlook, été 1998; « To Catch a Tiger - Tamil Separatists’ Overseas Network is Under Pressure », The Island, 1998/05/25; « Sri Lanka Wants Action Against LTTE Front Group », Reuters (version Internet), 1998/12/06.

11. Les autorités sri-lankaises concèdent que, sur le plan de la propagande, les TLET les devancent probablement de 5 à 10 ans.

12. Davis, « Tiger International ».

13. Voici deux de ces sites :

http://www.cantam.com/tamil/general.html

http://www.powertech.no/~jeyaramk/tenews/tamilnet.html

14. Le principal représentant de la CROPSL à Toronto, Tony Ruprecht, est en grande partie responsable de l’invitation lancée au ministre Thondaman de visiter Ottawa en mars 1994 pour discuter d’un projet de médiation canadienne au Sri Lanka.

15. Grâce à IED et aux efforts de la principale déléguée à l’ONU, Karen Parker, les TLET ont réussi à obtenir l’appui d’au moins 25 ONG américaines, lesquelles ont toutes exercé des pressions au nom du groupe lors de la 53e rencontre de la Commission des droits de la personne de l’ONU en 1997.

16. Rohan Gunaratna, « LTTE Fundraisers Still on the Offensive », Jane’s Intelligence Review, décembre 1997; « Aussies Boot Pro-Tiger Candidates », Lankanet News, 08/10/98.

17. « To Catch a Tiger », The Island, 1998/05/25.

18. « To Catch a Tiger », The Island, 1998/05/25. On croit actuellement que les TLET jouissent de l’appui d’au moins 30 organisations de façade au R.-U., dont le Tamil Center for Human Rights (TCHR), Human Rights for Tamils (HURT), Melrose Publishers, la Tamil Rehabilitation Organization (TRO) et la Tamil Eelam Economic Development Organization (TEEDOR).

19. Davis, « Tiger International »; Gunaratna, « LTTE Fundraisers Still on the Offensive»; « Tamil Expatriate Funds Finance LTTE Terror », Daily News, 1998/06/08; Raymond Bonner, « A Tamil Tiger Primer on International Arms Bazaar », International Herald Tribune, 1998/03/10; Winchester, « A Ship of Fools »; « The LTTE Rides High in Norway », Lanka Outlook (été 1998): 24-25.

20. Correspondance personnelle échangée avec Mohan Samarsinghe, chef de l’Information publique, haut-commissariat du Sri Lanka, Ottawa, juillet 1998.

21. Correspondance personnelle échangée avec N.S. Krishnan, premier représentant européen des TLET, Londres, janvier 1998.

22. Correspondance personnelle échangée avec Douglas Ranmuthugala, analyste principal de l’équipe de soutien des opérations internationales de la police fédérale de l’Australie, Canberra, septembre 1998.

23. « The LTTE Rides High in Norway », 24.

24. « To Catch a Tiger », The Island, 1998/05/25; Davis, « Tiger International ».

25. Peter Chalk, Gray Area Phenomena in Southeast Asia: Piracy, Drug Trafficking and Political Terrorism (Canberra: SDSC, 1997), 48.

26. Correspondance personnelle échangée avec Douglas Ranmuthugala, analyste principal de l’équipe de soutien des opérations internationales de la police fédérale de l’Australie, Canberra, septembre 1998.

27. Davis, « Tiger International »; « To Catch a Tiger », The Island, 1998/05/25. L’une des plus récentes arrestations remonte à septembre 1998. Un Tamoul âgé de 34 ans a été arrêté à l’aéroport de Madurai en possession de 27 kilogrammes d’héroïne, d’une valeur approximative de 54 millions de roupies. D’après la section du renseignement central des services douaniers indiens, la quantité d’héroïne saisie laissait à penser que des personnes très influentes étaient impliquées dans cette affaire. Les autorités douanières ont également confirmé qu’elles examineraient de près la possibilité que les TLET soient impliqués dans la tentative de contrebande. Pour de plus amples détails, voir « Sri Lankan Carrying Rs. 54m. Worth of Heroin at Madurai Airport », The Island, 1998/09/07.

28. Correspondance personnelle échangée avec des fonctionnaires du gouvernement sri-lankais, Ottawa, juillet 1998. Des chiffres semblables ont été fournis par Douglas Ranmuthugala et Anthony Davis lors d’entrevues menées à Canberra, en septembre 1998.

29. Le gouvernement sri-lankais livre actuellement une lutte féroce pour obtenir le contrôle de la partie nord de la principale artère du pays, l’autoroute A9. Le contrôle de cette route est considéré comme important pour les deux principales raisons tactiques suivantes : (i) il permettrait de relier la péninsule de Jaffna, occupée par l’armée, au reste du pays; (ii) il permettrait de diviser les forces des TLET en deux zones distinctes (est-ouest).

30. Suresh a été arrêté dans le secteur est de Toronto et détenu en vertu du paragraphe 40(1) de la Loi sur l’immigration canadienne, qui interdit l’entrée à quiconque est soupçonné d’avoir des liens avec des organisations terroristes. Au moment de la rédaction de ce rapport, Suresh était toujours au Canada, où il attendait une décision finale des autorités de l’immigration et des services de sécurité.

31. Gunaratna, « LTTE Organization and Support Base in the US », 2-3, 15. Voir aussi « To Catch a Tiger », The Island, 1998/05/25.

32. « To Catch a Tiger », The Island, 1998/05/25.

33. Bon nombre des armes acquises auprès de l’Afghanistan avaient, à l’origine, été fournies par le gouvernement américain à l’appui de l’insurrection des moudjahidines contre le régime de Babrak Karmal secondé par les Soviétiques. Selon une étude, en 1987, quelque 65 000 tonnes de munitions étaient transférées chaque année aux rebelles afghans via le Pakistan. Chalk, Grey Area Phenomena, 13. Voir aussi « The Covert Arms Trade », The Economist, 1994/02/12, et Chris Smith, The Diffusion of Small Arms and Light Weapons in Pakistan and North India (Londres: Centre for Defence Studies, 1993), 3-13.

34. De 1983 à 1987, le gouvernement indien a joué un rôle de premier plan à l’appui de la lutte des militants tamouls au Sri Lanka. Aux yeux de nombreux tenants de la ligne dure à New Delhi, Colombo avait établi des relations trop étroites avec l’Ouest depuis 1977 et devait être forcé à réintégrer l’orbite des pays non-alignés. Le soutien de groupes comme les TLET était perçu comme un moyen d’y arriver.

35. Gunaratna, « The Illicit Transfer of Conventional Weapons: The Role of State and Non-State Actors in South Asia », 19-20.

36. L’Inde a modifié sa politique en grande partie parce qu’elle commençait à craindre de plus en plus que l’insurrection des TLET au Sri Lanka contribue à déstabiliser l’Asie du Sud et à éveiller des sentiments sécessionnistes dans l’État du Tamil Nadu. Entre 1987 et 1991, une Force indienne de maintien de la paix (FIMP) a été déployée au Sri Lanka pour surveiller les élections régionales et la réintégration des militants tamouls dans la société. Les TLET ont rejeté l’intervention de New Delhi et ont mené une guerre sanglante contre la FIMP, qui a dû retirer piteusement son contingent au début de 1990. Pour un bon aperçu de cette période, voir Manoj Joshi, « On the Razor’s Edge: The Liberation Tigers of Tamil Eelam », Studies in Conflict and Terrorism 19 (1996): 19-42.

37. L’un des raids les plus audacieux a eu lieu en 1996, lorsque les TLET ont commis un attentat contre la base de Mullaitivu, tuant 1 200 soldats et 200 membres des troupes de soutien et saisissant des armes d’une valeur estimative de 70 millions de dollars américains.

38. Le plus important de ces missiles est le Pasilan 2000, une arme sophistiquée capable d’emporter une ogive de gélignite de 25 kg sur une distance de 1 km. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi le missile avait été baptisé « Pasilan 2000 », un cadre des TLET était fier de répondre qu’aucun autre groupe armé ne serait capable de produire une telle arme d’ici l’an 2000. Voir Rohan Gunaratna, International and Regional Security Implications of the Sri Lankan Tamil Insurgency (Colombo: Alumni Association of the Bandaranaike Centre for International Studies, 1997), 91.

39. Voir Davis, « Tiger International »; « A Tamil Tiger Primer on International Arms Bazaar », The International Herald Tribune, 1998/03/10; Winchester, « Ship of Fools », 38-39.

40. Il convient de signaler que des navires des TLET sont également enregistrés sous d’autres pavillons. Le Sun Bird, également connu sous les noms d’Illiyana, de Francis et d’Ichulite, par exemple, est enregistré sous le pavillon cypriote; l’Amazon, sous le pavillon néo-zélandais; le Golden Bird, également connu sous les noms de Baris, de St. Anthony, de Sophia et de Parhan, sous le pavillon maltais.

41. Correspondance personnelle échangée avec Douglas Ranmuthuga, analyste principal de l’équipe de soutien des opérations internationales de la police fédérale de l’Australie, Canberra, septembre 1998. Voir aussi Winchester, « Ship of Fools », 39, et Gunaratna, International and Regional Security Implications of the Sri Lankan Tamil Insurgency, 27. Bien que les navires des TLET soient rarement confisqués, la flotte du groupe a subi d’importantes pertes. Par exemple, le MV Cholakeri a chaviré au large de la côte thaïlandaise le 28 novembre 1992; l’Ahat (Yahata) a été détruit le 16 janvier 1993; le Horizon (Comex Joux 3) a été détruit le 14 février 1996; le Stillus Limmasul a fini par être détruit le 2 novembre 1997.

42. Singapour est également devenu le marché privilégié des TLET pour l’achat d’articles à double usage comme les ordinateurs, le matériel électronique, les moteurs hors-bord et le matériel de plongée.

43. En particulier à Phuket et à Trang, un village situé sur la côte de la Mer des Andaman. Une petite île dans la Mer des Andaman sert également d’importante base navale, où les TLET forment leurs Tigres de la mer (Sea Tigers). D’anciens membres des forces spéciales norvégiennes entraîneraient les hommes-grenouilles des TLET à cet endroit et leur donneraient des leçons particulièrement utiles sur les techniques et les tactiques de démolition sous l’eau.

44. En particulier à Twantay, dans le delta de l’Ayeyarwady, au sud de Rangoon.

45. Correspondance personnelle échangée avec un fonctionnaire du Département d’État américain, Washington, juillet 1998. Voir aussi Winchester, « Ship of Fools », 39-41, et Gunaratna, « Illicit Transfer of Conventional Weapons: The Role of State and Non-State Actors in South Asia », 21-25.

46. Voir Winchester, « Ship of Fools », 41; Davis, « Tiger International »; « The Arms Trade », The New York Times, 1998/03/07.

47. On estime que les États-Unis ont fourni jusqu’à 900 missiles Stinger aux moudjahidines afghans au cours des années 80; on ne connaît toujours pas le sort de 560 d’entre eux. Voir Chalk, Grey Area Phenomena in Southeast Asia, 19; Prashant Dikshit, « Proliferation of Small Arms and Minor Weapons », Strategic Analysis, 17/2 (mai 1994): 195-6; « The Arms Trade », The New York Times, 1998/03/07.

48. Correspondance personnelle échangée avec une source du service de renseignements sri-lankais, Colombo, janvier 1998.

49. Les TLET ont reconnu officiellement avoir perdu 145 Tigres noirs au début de juillet 1998, mais ce chiffre ne tient pas compte des attentats contre des civils et à l’étranger, que les TLET ne revendiquent habituellement pas.

50. Parmi ces vedettes d’attaque, mentionnons les suivantes :

le Thrikka, un navire avec moteur à essence comptant un équipage de quatre et pouvant filer 45 noeuds, muni d’une mitraillette et habituellement utilisé par les hommes-grenouilles pour la plongée;

le Sudai, un navire avec moteur à essence comptant un équipage de 6 et pouvant filer 10 noeuds, muni d’une mitraillette et utilisé pour les attaques contre les navires de la marine;

le Muraj, un navire avec moteur à essence comptant un équipage de 10 et pouvant filer 45 noeuds, muni de trois mitraillettes et utilisé pour les attaques contre les navires de la marine et le débarquement;

l’Idayan, une vedette d’attaque rapide comptant un équipage de 2 et pouvant filer 45 noeuds et être adaptée en vue d’opérations suicide.

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Date de modification : 2005-11-14

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