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Aliments > Biotechnologie > Étiquetage Étude de l' INN :"Étiquetage volontaire des aliments issus de la biotechnologie"Rapport sur une étude qualitative menée auprès de consommateurs canadiens par l'Institut national de nutrition, Ottawa (Ontario) Table des matières
RésuméLa présente étude, qui repose sur une série de séances de discussion en groupes tenues dans tout le Canada, est la première du genre à porter sur l'interprétation et la compréhension des messages d'étiquetage volontaire qui pourraient s'appliquer aux aliments issus de la biotechnologie. Voici les conclusions clés de l'étude sur la compréhension des messages d'étiquetage volontaire par les consommateurs.
IntroductionLe présent rapport présente une étude qualitative menée dans tout le Canada auprès des principaux acheteurs de produits alimentaires. Il porte plus particulièrement sur la compréhension et l'interprétation des messages d'étiquetage volontaire qui s'appliquent aux aliments issus de la biotechnologie. Est sujet à un étiquetage obligatoire tout aliment issu de la biotechnologie dont la composition ou la valeur nutritionnelle a été modifiée ou qui présente des risques pour la santé (telle une allergénicité) susceptibles d'être atténués par un étiquetage. Les aliments soumis à un étiquetage obligatoire n'étaient pas visés par la présente étude, mais les participants ont été mis au courant de cette exigence. Les autres aliments issus de la biotechnologie peuvent être étiquetés volontairement par les entreprises alimentaires en vertu de la législation canadienne, dans la mesure où l'allégation figurant sur l'étiquette est vraie et non trompeuse. La présente recherche se révélait nécessaire pour élargir la base des connaissances accessibles sur l'étiquetage volontaire, en vue de permettre l'élaboration d'un cadre stratégique en la matière. Voici les deux principaux buts de la recherche.
Ces buts ont été divisés en une série d'objectifs et de questions clés. Les voici. Objectifs et questions de la recherche 1. Sensibilisation des consommateurs
2. Compréhension et réaction des consommateurs à l'égard des renseignements sur la biotechnologie figurant sur les étiquettes
3. Influence de l'information sur la compréhension et les attitudes
MéthodologieOnze groupes de discussions ont été tenus par la même personne dans six villes du Canada (entre le 19 octobre et le 10 novembre 1998). Chaque groupe ne comprenait pas plus de huit participants, afin que l'on puisse bien comprendre les opinions et les préoccupations personnelles de différents consommateurs à l'égard de questions spécifiques. (Seul le groupe de Sherbrooke comprenait dix participants.) Les discussions se sont déroulées en anglais dans huit groupes; dans les trois groupes du Québec, le français a été utilisé. Les recruteurs ont sélectionné les participants de manière :
Les villes choisies pour la recherche incluaient de grands et de petits centres urbains de tout le Canada :
Dans chacune des villes où deux groupes de discussion se sont réunis, les participants de l'un des groupes avaient tous fréquenté le collège ou l'université, tandis que ceux de l'autre groupe n'avaient pas continué leurs études au delà du secondaire. Pour la ville de Sherbrooke, on a recruté un groupe mixte constitué de gens ayant atteint divers niveaux d'instruction. Pour pouvoir participer aux groupes de discussions, chaque participant éventuel devait être le principal acheteur de produits alimentaires du ménage. Le recrutement a été effectué par les compagnies suivantes, chacune étant directement supervisée par un dirigeant de la recherche :
Section 1 : Habitudes d'achat et lecture des étiquettesLa plupart des personnes interviewées dans le cadre de cette étude se rendaient une ou deux fois par semaine dans les supermarchés. Une minorité partageait cette responsabilité (les couples faisant leurs achats ensemble ou à tour de rôle) mais prenait tout de même un grand nombre de décisions d'achat et ce, autant pour les fruits et légumes frais que pour les aliments emballés. Une autre minorité (surtout à Montréal) évitait les supermarchés à la faveur des petites épiceries spécialisées et des échoppes de marché. Dans d'autres villes (Winnipeg, p. ex.), il y avait une migration saisonnière des consommateurs vers les marchés où ils pouvaient acheter leurs denrées directement du producteur (« The Forks », p. ex.). Dans toutes les villes, les participants avaient initialement tendance à dire que leur visite chez l'épicier consistait principalement à acheter des fruits et des légumes frais. Les participants étaient enclins à minimiser la quantité d'aliments transformés ou préparés qu'ils achetaient. Ils admettaient parfois acheter ces aliments pour les « autres » membres de la famille. Il fallait les mettre d'abord en confiance avant qu'ils avouent acheter pour eux-mêmes des aliments en conserve et des céréales de façon assez régulière ou en quantité assez importante. L'information sur les nouveaux aliments tend à être véhiculée par les moyens de communication de masse, des feuillets de recettes, du bouche à oreille et de la publicité. Une minorité de participants affirmait lire les magazines spécialisés qui traitent de questions reliées à la santé. Les participants se répartissaient dans des sous-groupes relativement complexes en fonction des principaux facteurs influant sur leurs décisions d'achat. Les sous-groupes qui étaient les plus évidents sont les suivants.
Pour des raisons évidentes, les acheteurs de ce troisième sous-groupe sont les consommateurs qui sont les plus susceptibles de scruter les étiquettes des produits alimentaires, au lieu de simplement jeter un coup d'oeil sur les étiquettes pour choisir une marque plutôt qu'une autre ou pour déterminer le poids net des produits. Il faut noter que les acheteurs de ce sous-groupe scrutent généralement les étiquettes pour trouver quelque chose en particulier. Autrement dit, ils savent ce qu'ils veulent et ont peu de temps ou d'attention à consacrer à une information nouvelle ou inhabituelle sur une étiquette. Pour qu'une allégation relative à la biotechnologie soit remarquée par ces consommateurs, un fabricant devrait donc utiliser quelque chose qui saute aux yeux, qui soit clair et précis et qui, peut-être, permette de distinguer facilement une catégorie d'une autre catégorie de produits. Il existe plusieurs autres sous-groupes d'acheteurs; ceux-ci n'étaient toutefois représentés que par quelques personnes parmi les participants.
Une fois qu'un produit est accepté, lire son étiquette ne semble plus nécessaire. Les acheteurs se butent sans cesse à la réalité : ils n'ont tout simplement « pas le temps », affirment-ils, « de lire toutes les étiquettes ». Certains mentionnent qu'au moment de prendre la décision d'acheter un produit nouveau ou inhabituel, ils jettent un coup d'oeil sur la liste des ingrédients dans le but d'obtenir une réponse aux deux questions suivantes.
Des compromis sont parfois nécessaires par exemple, le sucre se trouve à mi-chemin de la liste des ingrédients; l'étiquette semble attrayante pour une raison ou une autre; un membre de la famille insiste sur l'achat d'un produit en particulier. Peu importe leur décision d'achat, la plupart des participants ne voyaient, après avoir lu une l'étiquette une fois, aucune raison de la lire une autre fois, sauf pour choisir une marque plutôt qu'une autre. Section 2 : Compréhension des énoncés « génétiquement modifié » et « biotechnologie »Avant la tenue des séances de discussion en groupes, la sensibilisation des participants à l'existence d'aliments génétiquement modifiés ou d'aliments issus de la biotechnologie, y compris les procédés s'y rattachant, était très limitée. Cela valait autant pour les personnes ayant terminé leurs études post-secondaires que pour celles qui ne les avaient pas terminées. Les participants ne savaient pour ainsi dire pas si des aliments génétiquement modifiés étaient vendus ou non au Canada. Personne ne pouvait citer d'exemples même pas à Halifax où l'on aurait pu s'attendre à ce que les gens aient entendu parler de la vente de pommes de terre génétiquement modifiées. Les participants n'étaient cependant pas surpris d'apprendre que de tels aliments étaient déjà sur le marché. Les participants étaient également peu sensibilisés aux émissions de télévision ou aux publications traitant de la question. À quelques occasions seulement, des participants se sont rappelés certaines émissions ou publications, mais seulement après qu'environ une heure se soit écoulée depuis le début des discussions. « Génétiquement modifié » Chaque participant devait mettre par écrit comment il aurait perçu les mots « génétiquement modifié » s'ils les avaient lus sur une boîte de maïs en conserve. Très peu de participants ont pu donner la signification exacte de ces mots. La plupart des participants leur attribuaient une connotation négative qui les aurait dissuadés d'acheter le produit. Certains participants, cependant, voyaient les choses autrement : sans trop savoir exactement en quoi l'aliment était modifié, ils le considéraient comme un produit nouveau et amélioré qui serait meilleur au goût ou qui présenterait, peut-être, une meilleure texture. Ils ne savaient pas comment l'aliment avait été effectivement modifié, mais ces mots semblaient suffisamment « longs » « importants » pour les rassurer. De nombreux participants estimaient que l'énoncé « génétiquement modifié » laissait entendre que quelque chose avait été ajouté. Ils croyaient généralement qu'il s'agissait de produits chimiques mais se savaient pas lesquels. Deux constatations peuvent être faites à cet égard.
Le mot « modifié » ne suggérait pas aux participants que quelque chose de positif découlait de la modification faite. Le mot « modifié » inquiétait parfois ou laissait tout simplement indifférent. Par exemple
En français, il faut souligner que les participants passaient souvent (spontanément) de « modifié » à « manipulé », qui a une connotation négative.
Comme il a été mentionné, quelques participants seulement avaient déjà entendu parler de modification génétique et se rappelaient de quelque chose à ce sujet lorsqu'ils entendaient le mot « génétiquement ». En général, ils souhaitaient obtenir plus de renseignements : comment exactement cette modification avait été effectuée, quel matériel génétique avait été utilisé, à quelles fins? Voici certains exemples des explications données par les différents participants, selon leurs niveaux de sensibilisation, sur la signification que pourraient avoir les mots « génétiquement modifié » s'ils étaient affichés sur une boîte de maïs en conserve. Soupçonne ou se méfie de ce qui est nouveau et vaguement « scientifique »
(Halifax)
(Montréal)
(Winnipeg) N'est pas informé, mais reste optimiste
(Montréal)
(Sherbrooke) Comprend un peu (suppose que le processus s'apparente ou est identique à l'hybridation par fertilisation croisée)
(Vancouver)
(Montréal) Ce type d'explication prenait parfois une connotation positive ou négative. Mais, en général, l'explication restait plutôt neutre : le participant opterait pour la prudence. Il attendrait en effet d'avoir plus de renseignements et, peut-être, de se soumettre à un test de dégustation. Est un peu informé, mais a mal assimilé l'information reçue
(Vancouver) L'exemple précédent décrit quelqu'un qui s'est intéressé à un grand nombre de nouvelles ou d'articles sur diverses nouvelles initiatives scientifiques, mais qui n'en a retiré que des situations inusitées ou controversées comme la maladie de la vache folle. Il en résulte que les éléments d'information sont à moitié assimilés. Voici une explication similaire.
(Toronto) Comprend Plus rarement, on a constaté que certaines personnes comprenaient assez bien les mots « génétiquement modifié ». Elles se trouvaient pratiquement toujours dans les groupes les plus instruits.
(Toronto) « Biotechnologie » Lorsque les discussions se sont orientées sur la signification du mot « biotechnologie », un manque de sensibilisation et de compréhension s'est aussi manifesté.
Plusieurs participants de différentes villes ont aussi parlé de clonage. Entre autres, à Halifax :
En plus de certaines références à la fameuse brebis Dolly, il y a eu quelques commentaires concernant les expériences génétiques (menées pour fins d'eugénisme ou pour permettre de choisir le sexe de son enfant, p. ex.). Ces réactions étaient presque toujours négatives. Cela montre qu'une partie de la population a été sensibilisée, peut-être à l'extrême, aux diverses applications de la biotechnologie à l'être humain. Certains participants projetaient leur propre préoccupation (confusion) à l'égard de ce mot sur d'autres gens en affirmant que ces derniers en comprendraient mieux le sens si un langage plus simple était utilisé. On pouvait voir que ce point de vue était motivé, au moins en partie, par leur propre réaction.
Certains participants ayant fait des études supérieures ont tenté d'analyser les racines du mot « biotechnologie » pour produire des explications reposant sur l'idée des sciences appliquées aux organismes vivants. Ainsi, leur évaluation de la question était plus terre à terre.
La perception la plus courante était que le mot « biotechnologie » désigne quelque chose de complexe, voire dangereuse, mais qu'il vaut mieux laisser les personnes concernées s'en préoccuper. Cela contribue à expliquer le fait que les participants ne se souviennent pas des publications ou des émissions de télévision concernant la biotechnologie qu'ils auraient pu voir : peu d'entre eux s'en remémoraient une. Les participants semblaient se rappeler des articles de journaux ou des émissions de télévision les plus sensationnalistes qui mettaient notamment les gens en garde contre la conception d'une race supérieure ou le clonage d'une brebis ou d'une vache. À Halifax, il s'est écoulé environ une heure avant qu'un participant se rappelle avoir vu quelques mois auparavant une émission sur la biotechnologie portant sur l'Archer Daniels Midland Company et qu'il fasse un lien avec le sujet faisant l'objet de la discussion.
Section 3 : Sensibilisation aux tests et à la réglementationLa plupart des participants supposaient que tous les types de produits alimentaires constitués de nouveaux ingrédients étaient soumis à des tests et étaient approuvés avant leur mise en marché. Ils estimaient en outre que le gouvernement canadien exerçait un contrôle assez rigoureux dans ce domaine. Ils croyaient que les tests et processus d'approbation utilisés au Canada étaient généralement supérieurs à ceux employés dans les autres pays, ce qui inclut les États-Unis, où l'on considérait les normes comme étant moins strictes. Un certain nombre de participants pensaient cependant que des erreurs survenaient parfois et que des règles plus rigoureuses devraient être appliquées. Un sous-groupe croyait que les fabricants avaient appris à contourner les règlements et soupçonnait les multinationales de fonctionner de cette façon. De telles croyances influent sur la perception du système réglementaire et la perception des produits même pas nécessairement des produits alimentaires. Ceux qui arrivent à faire fi du système sèment un doute sur la réglementation de tous les produits en général. Deux organismes étaient habituellement désignés comme étant probablement responsables de l'évaluation des produits alimentaires issus de la biotechnologie : « Santé Canada » et « Agriculture Canada ». Certains mentionnent la « Food and Drug Agency », un organisme américain, comme s'il s'agissait d'un organisme de réglementation canadien. La majorité des participants ne connaissaient pas l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). En général, le sigle de l'Agence ne signifiait rien pour les participants, sauf pour une personne (à Winnipeg) qui a été capable de le déchiffrer. Lorsqu'on lui a dit que l'ACIA relevait du Ministre d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, elle ne fut pas surprise le moins du monde : ça lui semblait parfaitement logique. Les gens ne sont généralement pas au courant du partage des responsabilités entre Santé Canada et l'ACIA en ce qui a trait aux évaluations de l'innocuité pour l'homme et l'environnement. Les participants montraient beaucoup de respect envers Santé Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada, même s'ils n'étaient pas enclins à leur faire totalement confiance. Les participants avaient tendance à croire que ces deux organismes travaillent dans des domaines où il faut constamment s'améliorer et faire preuve de vigilance. Les évaluations de produits menées par ces deux organismes semblaient plus rassurantes pour certains que pour d'autres. Certains pensaient en effet que les tests réalisés sur les nouveaux produits étaient (d'ordinaire) menés sur une trop courte période : à leurs yeux, tout ce qui venait d'être testé n'était acceptable que jusqu'à preuve du contraire et méritait donc une constante surveillance. De nombreux participants étaient incapables de faire une distinction entre les tests en fonction desquels un aliment peut être autorisé (ou rejeté), d'un côté, et la surveillance, de l'autre. Certains participants (surtout à Toronto) mentionnaient les coupures budgétaires effectuées dans certains ministères gouvernementaux, en ajoutant qu'il était peu probable que tous les produits non conformes importés d'autres pays seraient détectés aux douanes. Voici ce qu'un participant disait à cet égard.
(Montréal) Section 4 : Compréhension de certains messages d'étiquetage volontaireUne série de mots et d'énoncés a été présentée aux participants; ces derniers ont été invités à commenter chacun d'eux. Des termes descriptifs concis à caractère scientifique ont été sélectionnés parce qu'ils avaient déjà été proposés ou qu'ils avaient déjà été employés à un moment donné au Canada ou dans d'autres pays pour indiquer la présence d'un aliment ou d'un constituant alimentaire modifié grâce à la biotechnologie. Des messages de type publicitaire moins concis ont aussi été utilisés dans le but de déterminer si l'une ou l'autre de leurs caractéristiques pouvait être incluse dans des messages d'étiquetage volontaire faciles à comprendre. Notre objectif était de mesurer les réactions des participants à l'égard de chacun des messages d'étiquetage volontaire : comment ils les comprenaient et les interprétaient. Au fil des discussions, au fur et à mesure que les participants se sentaient plus à l'aise avec la terminologie, ils orientaient eux-mêmes les discussions sur les énoncés dans une direction qui allait au delà de leur compréhension et de leur interprétation du caractère « acceptable » ou « inacceptable » des messages proprement dits. Les variations suivantes de l'énoncé « génétiquement modifié » ont été présentées aux participants (il est à noter que l'énoncé « génétiquement modifié » a été évalué précédemment dans le cadre des discussions).
En fait, aucun de ces énoncés n'était bien compris et n'inspirait confiance. Les participants se questionnaient sur le sens de « génétiquement ».
Pour un participant moyen (la réaction ci-devant est loin d'être inhabituelle), le mot « génétiquement » déclenche des sentiments de ce genre, dénués de toute cohésion logique. Au fil des discussions, un certain nombre de personnes ont appris à mieux connaître le mot « génétiquement » et, ce faisant, à se sentir un peu plus à l'aise avec lui et son concept sous-jacent. Mais, dans la vraie vie, les consommateurs n'auraient pas cet avantage, puisqu'ils n'auraient pas participé aux discussions. Les mots « génétiquement altéré » ont été mentionnés dans quelques groupes. Ils étaient interprétés à peu près comme l'énoncé « génétiquement modifié », mais certains les jugeaient comme étant moins utiles. Parmi les trois variantes présentées, celle qui comporte les mots « issu du génie » semblait soulever le plus d'inquiétudes parmi les participants. Voici certaines des explications données par les participants.
Le mot « amélioré » était considéré comme étant plus positif. Cependant, c'est un mot tellement employé en publicité que certaines personnes s'en méfiaient. Génétiquement amélioré (Genetically improved) Ce message est apparu dans les explications écrites données par les groupes anglophones (le mot « modifié » était déjà connu des groupes francophones en tant que traduction de « enhanced »). Il semblait être bien accepté par les participants, qui le considéraient comme étant plus direct. Ce message semblait également donner une idée d'amélioration, ce que les participants avaient déjà dit souhaiter voir découler des applications de la biotechnologie. Les paragraphes suivants décrivent les réactions des participants à une série de messages d'étiquetage volontaire ou d'énoncés « de type publicitaire » qui pourraient servir de fondement à un message compréhensible. Méthodes de production avancées (Advanced growing method) Pour les participants, le mot « production » semblait rapprocher le concept de la biotechnologie du monde agricole, tout en l'éloignant des laboratoires. Cependant, l'énoncé suppose une critique du passé : tout ce qui est désigné comme étant « amélioré » marque un progrès sur un état plus primitif ou, à tout le moins, moins satisfaisant. Certaines personnes n'aiment pas que l'agriculture traditionnelle soit ainsi rabaissée. Le mot « avancé » est mieux accepté que le mot « méthode », puisque le premier a une connotation positive et progressive et que le deuxième reflète davantage la froideur scientifique que le monde agricole. Il est intéressant de constater que l'énoncé était moins bien perçu par les francophones : en français le mot « méthode » a plus d'importance puisqu'il vient avant le mot « avancé ». On a également fait remarquer que l'emploi du mot français « production » ne donnait pas autant un goût de terroir que le faisait le mot anglais « growing ». Produit de façon améliorée (Grown a better way) Cet énoncé a l'avantage d'être simple pour ceux qui sont rebutés par la complexité du langage technique. Tous ceux qui avaient de la difficulté à saisir le sens des mots « génétiquement » et « biotechnologie » semblaient soulagés. Par exemple, une réaction comme la suivante :
- montre combien le participant appréciait le fait que des mots pas particulièrement « scientifiques » aient été employés. Pour lui, le mot « produit » lui rappelait quelque chose de naturel ou de sain. Par ailleurs, les participants ont fait remarquer que cet énoncé aurait dû introduire une explication. À lui seul, c'est un énoncé qui (à la différence de certains autres) ne donne aucun indice sur la façon dont l'aliment peut avoir été « produit de façon améliorée ». À l'occasion, cet énoncé laissait les participants sur leur appétit :
- car, pour eux, il ressemblait aux allégations « Moins de cholestérol » qui ne précisent pas ce que « moins » signifie. Les participants qui s'opposaient à tout ce qui ne leur semblait pas entièrement « naturel » ont aussi eu du mal à accepter cet énoncé. Pour eux, les mots employés laissaient sous-entendre qu'un produit « naturel » avait été amélioré, ce qui était impossible à leurs yeux. Bien que l'énoncé leur paraisse simpliste ou vague d'un point de vue informationnel, les participants estimaient qu'il avait un effet convaincant sur le plan du marketing.
Cependant, l'énoncé n'a pas semblé aussi utile aux francophones qu'aux anglophones. Il faut savoir qu'en français le mot « produit » peut aussi avoir le sens de « fabriqué ». Un produit de la nouvelle science agricole (A product of the new science of farming) Cet énoncé a permis de faire comprendre aux gens qu'on s'écartait de l'agriculture traditionnelle, mais pas du monde « agricole » proprement dit. Les mots « farming » et « agricole » ont été bien acceptés. Le laboratoire (tel que représenté par les mots « génétiquement » et « biotechnologie » ou par le mot « science ») ne semblait pas très accueillant pour les participants. Les réactions étaient partagées pour ce qui est de « nouvelle science ». Certains s'objectaient en disant que beaucoup de nouvelles choses pouvaient survenir dans le monde agricole. D'autres affirmaient que l'agriculture était une « science » et que la production agricole en était l'aboutissement. Mais la plupart des participants croyaient que cet énoncé était utile pour signaler clairement qu'un virage a eu lieu, dans la bonne direction, espérait-on. (Le mot « nouvelle » est généralement réservé aux innovations positives, à tout le moins lorsqu'il apparaît sur les emballages des produits alimentaires ou sur les dépliants s'y rattachant.) L'énoncé pourrait être vu (avec le temps ou grâce à une explication) comme étant un indice qu'un aliment donné a été modifié.
Agriculture et Science, au travail main dans la main (Farming and science working hand-in hand ) Le principe qui sous-tend cet énoncé, c'est-à-dire le partenariat entre l'agriculture et la science, était bien accepté. Sur le plan de l'information, cet énoncé laissait entrevoir aux participants l'existence d'un nouveau type de denrées agricoles. Mis à part certaines personnes qui souhaitaient que la science soit totalement tenue à l'écart de l'agriculture, la plupart des participants ont réagi favorablement à l'idée que les objectifs et activités de la science et de l'agriculture soient compatibles. Quelques participants ont souligné que cet énoncé pourrait bien s'harmoniser aux « objectifs » de certaines des applications alimentaires de la biotechnologie, qui seront examinées ultérieurement dans la présente section (« A meilleur goût », « Nécessite moins de pesticides », etc.). Comme pour beaucoup d'autres énoncés, ces mots n'arrivent pas à expliquer clairement que c'est de modification génétique dont il est question. Des explications additionnelles seraient nécessaires. Ces mots pourraient très bien servir de titre pour un article ou un dépliant. Certains participants les imaginaient très bien comme ça et pensaient qu'ils seraient utiles de cette façon. Ceux qui s'attendaient à une information plus directe avaient l'impression que l'énoncé prêtait à confusion et s'écartait du sujet :
D'autres participants trouvaient l'énoncé très positif :
et étaient heureux de voir qu'il ne contenait pas un jargon scientifique rebutant.
Aliment nouveau (Novel food) Un bon nombre de participants trouvaient cet énoncé très bizarre. On peut l'associer à différentes choses (p. ex., des fruits et des légumes qu'on n'importe depuis peu de temps; une recette inhabituelle; quelque chose qui ressemble à un aliment, mais qui n'en est pas vraiment un; etc. Ainsi, les participants avaient l'impression que, pour éviter toute interprétation, un lien direct devait être établi entre les « aliments nouveaux » et les « aliments génétiquement modifiés ». Certains participants n'ont pas pu s'empêcher de s'esclaffer en voyant ces mots. Pour eux, il y avait un lien évident avec la lecture (il faut dire qu'en anglais le mot « novel » signifie également « livre ») :
ce qui suggère que certains consommateurs, à tout le moins, pourraient avoir du mal à prendre cet énoncé au sérieux. Pour les participants, l'énoncé « aliments nouveaux » semblait s'écarter énormément de la biotechnologie. S'il est vrai que les autres énoncés n'étaient pas tout à fait explicatifs pour les participants, ces derniers considéraient que celui-là ne donnait vraiment aucune idée de ce qu'il aurait dû expliquer. À Montréal, l'énoncé « aliment nouveau » était considéré comme « très ennuyant ».
Cependant, à Sherbrooke, certains participants ont dit que c'était comme pour chaque fois qu'apparaît le mot « nouveau » sur de nombreux autres emballages, mais ils avouaient que l'énoncé suscitait quand même chez eux de la curiosité.
Aliments transgéniques (Transgenics) En plus de son caractère inhabituel, le mot « transgénique » devait surmonter un certain nombre d'obstacles avant de gagner en compréhension et en acceptation. Certains participants l'ont même associé à la transsexualité et au transvestisme. Il leur rappelait aussi le dianétique, concept inventé par les scientologistes.
Un ou deux participants ont dit qu'un nouveau mot, aussi étrange soit-il, peut attirer leur attention et les amener à se renseigner sur un sujet. La plupart des participants étaient toutefois d'avis que le mot « transgénique » était tellement laid en soi qu'ils ne seraient pas tentés de chercher à en connaître le sens. La version française du mot n'était pas plus utile que la version anglaise. Voici quelques réactions types.
Agriculture améliorée (Enhanced farming) Cet énoncé a amené les gens à exprimer ce qu'ils pensaient du lien direct entre l'agriculture et l'amélioration possible que pouvait apporter la biotechnologie. « Agriculture » était pour eux un mot de base (rassurant en raison de son goût du terroir, comme il a déjà été mentionné). Quant au mot « amélioré », il avait une connotation positive, bien qu'il ait un côté publicitaire pour de nombreuses personnes.
Certains participants se sont demandés si cet énoncé suggérait que seule la modification génétique des aliments était apte à améliorer l'agriculture. Ça leur semblait une allégation « surfaite ». Cette juxtaposition particulière de mots donnait parfois l'impression aux gens que c'était l'agriculteur ou l'agriculture en général qui tirait profit de la nouvelle technologie, plutôt que le consommateur. Cet énoncé laissait sous-entendre un profit pour l'agriculteur et non des avantages pour le consommateur. Cela pourrait s'expliquer du fait qu'il n'y a pas de lien direct avec l'aliment et que l'accent est plutôt mis sur les procédés de production.
Dans les groupes francophones, l'emploi de « amélioré » pour « enhanced » a conduit à une acceptation beaucoup rapide de l'énoncé, dont les participants appréciaient le « goût de terroir ».
Modifié grâce à la biotechnologie moderne (Modified by modern biotechnology) Les participants voyaient plusieurs inconvénients à cet énoncé. On a déjà discuté du « problème » que pose le mot « modifié ». Le mot « biotechnologie », comme on l'a expliqué précédemment, est loin d'être bien compris et connu. Quant au mot « moderne », c'est un terme qui vient à l'encontre des aspects « traditionnels » et « naturels » de l'agriculture. Amélioré grâce à la biotechnologie végétale (Improved through plant biotechnology) Cet énoncé semblait être plus acceptable en français qu'en anglais peut-être parce que le mot « végétale » français a une signification à la fois simple et neutre, tandis que le mot « plant » anglais a deux significations : l'une d'elles ayant une connotation trop industrielle (lorsque « plant » a le sens d'usine) pour que le mot soit rassurant dans un contexte alimentaire.
Le mot « biotechnologie » jette une ombre sur tout l'énoncé, que la plupart des participants ont d'ailleurs rejeté. Le mot « amélioré », cependant, contribue à le faire accepter par une minorité. Le mot « amélioré », comme il a été indiqué précédemment, donne l'impression que quelque chose est plus susceptible de profiter aux consommateurs. D'un côté :
la tournure anglaise de l'énoncé faisait paraître le procédé sous un beau jour. De l'autre côté :
l'énoncé suggère que toute la production est affectée par la mécanisation. Énoncés sur les objectifs visés Les participants ont discuté de certains énoncés susceptibles d'être utilisés pour fournir de l'information additionnelle quant aux objectifs visés par les modifications génétiques. Bien que chacun des énoncés présentés soit clair et bien compris, certains présentaient un plus grand intérêt que d'autres pour les participants. « A meilleur goût » et « Reste frais plus longtemps » sont les deux énoncés qui semblaient présenter le plus grand intérêt pour les consommateurs.
Un assez bon nombre de participants ont été impressionnés par l'énoncé « Nécessite moins de pesticides », même s'il les touchait un peu moins que les deux premiers.
Les participants étaient relativement peu nombreux à considérer que l'énoncé « Réponse aux besoins alimentaires de la planète » était un message crédible. Selon eux, les premiers à en bénéficier seraient les agriculteurs et, peut-être, les entreprises de transformation, en raison de l'accroissement du rendement à l'acre. Les énoncés « Résistance au gel » et « Résistance aux ravages causés par des insectes » présentaient peu d'intérêt. À l'occasion, certaines personnes avaient l'impression qu'ils rendaient le produit plus attrayant. Mais, une fois de plus, il leur semblait que c'était l'agriculteur qui en retirait des avantages. Quant à l'énoncé « Rendement accru des cultures », il ne suscitait aucun, sinon peu, d'intérêt chez le consommateur. Un objectif mentionné spontanément dans les explications écrites de certains participants nous semble digne de mention. En effet, certains participants avaient le sentiment que le consommateur pourrait et devrait bénéficier des économies découlant de la biotechnologie en payant moins cher à la caisse les produits génétiquement modifiés. Ce sentiment a été exprimé à Winnipeg et, dans une certaine mesure, à Halifax. Exercice écrit On a demandé aux participants de mettre par écrit des énoncés ou des mots qui, selon eux, permettaient le mieux d'indiquer la présence d'un aliment génétiquement modifié que ce soit sur une étiquette ou au commencement d'un dépliant, etc. En général, les participants ont fait des choix qui reflétaient les caractéristiques énoncées dans le résumé présenté ci-devant. Dans un certain nombre de cas, des mots ou des énoncés identifiés comme étant moins compréhensibles ou significatifs ont été choisis. Par exemple, certains participants estimaient qu'il fallait préciser d'emblée la question et ont donc opté pour des expressions telles que « génétiquement amélioré » ou « amélioré grâce à la biotechnologie ». Il ne s'agissait là que d'une minorité incluant les personnes qui voulaient à tout prix éviter les produits modifiés (que ce soit pour des raisons médicales ou environnementales perçues) et qui dénigraient ouvertement la plupart des initiatives biotechnologiques. Il est à noter également que lorsque les participants suggéraient le mot « biotechnologie », ce dernier était presque toujours accompagné d'un adjectif « plant biotechnology », « biotechnologie végétale », « improved through biotechnology ». Les principaux énoncés choisis dans les différentes villes sont les suivants.
Section 5 : Études de casComme il a été expliqué dans l'introduction, les participants ont reçu un sac en plastique ayant été conçu pour une marque de pommes de terre par un producteur qui avait volontairement décidé d'étiqueter et d'expliquer en quoi consiste son produit génétiquement modifié. Des photocopies de l'endos du sac de pommes de terre ont été distribuées aux participants afin qu'ils puissent l'examiner. Les participants avaient été informés que ces pommes de terre étaient vendues dans certaines régions de l'Atlantique depuis 1996. Après la discussion sur l'étiquette du sac de pommes de terre, certaines situations hypothétiques ont été prises en considération d'autres produits à base de pommes de terre et certains produits emballés plus complexes. L'échantillons de sac de pommes de terre Aucun participant n'avait entendu parler de ce produit avant la tenue des séances de discussions même pas dans les deux groupes de discussions de Halifax (un participant pensait « l'avoir peut-être vu » une fois qu'on lui a montré le sac en plastique). Pour les participants, ces séances de discussion auraient pu être une sorte d'étude de lancement. Les participants ont indiqué que le sac en plastique avait un aspect attrayant. Comme les participants l'ont fait remarquer, ses couleurs vives et son apparence attireraient sûrement l'attention dans un magasin. Les participants du Québec (en particulier) ont dit que l'emballage avait suffisamment d'attrait à leurs yeux pour qu'ils soient enclins à acheter le produit. De nombreux participants ont aussi souligné que la partie transparente à l'endos du sac de plastique permettait de voir les pommes de terre avant de les acheter et que cela inciterait sans doute les consommateurs à acheter ce produit plutôt qu'un autre. En fait, la plupart des participants ont dit étant donné que le prix était raisonnable et que les pommes de terre semblaient correctes qu'ils seraient enclins à acheter le produit dans des conditions d'achat normales. Ils ont toutefois fait remarquer qu'en raison du peu d'espace qu'il lui était consacré sur le devant de l'emballage, l'énoncé « Amélioré grâce à la biotechnologie » n'attirerait fort probablement pas leur attention avant qu'ils fassent l'achat du produit. Dans le cadre d'une visite habituelle chez l'épicier, les consommateurs n'ont généralement pas le temps d'examiner soigneusement les emballages. Dans le cas des pommes de terre, une denrée qui ne réserve habituellement pas de surprises, le temps d'examen peut être très court. Il est à noter toutefois que, pour ce genre de produit, la provenance est l'élément qui est le plus susceptible d'être vérifié (Île-du-Prince-Édouard, Québec, etc.?). La présence de la feuille d'érable et de l'inscription Canada no 1 était considérée comme une assurance que les pommes de terre seraient de haute qualité, qu'elles avaient été produites au Canada et qu'elles étaient soumises à la réglementation canadienne. Sur le devant du sac de pommes de terre, on trouvait un certain nombre de mots descriptifs tous autant mis en évidence les uns que les autres. L'idée de lire l'arrière de l'emballage avant d'acheter le produit semblait totalement irréaliste. Certains participants étaient surpris de voir qu'autant d'espace pouvait être utilisé pour décrire des pommes de terre. Ils ajoutaient toutefois, qu'une fois arrivés à la maison, ils auraient probablement remarqué les explications et les pictogrammes présentés sur le sac et en auraient pris connaissance, et ce, même si d'ordinaire ils s'empressent d'ouvrir et de jeter les emballages des produits qu'ils achètent. On remarque à cet effet certaines différences entre les groupes instruits et les groupes moins instruits : le langage corporel de ceux qui n'ont pas poursuivi leurs études au delà du secondaire trahissait leur réticence à faire une lecture plus poussée et leur sentiment qu'ils devraient lire toutes les explications. Voici les deux commentaires qui ressortent des discussions sur l'information fournie à l'endos de l'emballage.
Dans tous les groupes, les participants avaient le sentiment que l'information figurant à l'endos de l'emballage, de même que l'énoncé alertant le consommateur que les pommes de terre avaient été génétiquement modifiées, étaient nécessaires pour améliorer leur compréhension. Cela semblait également répondre à leur besoin d'être informés de sentir que rien n'était caché. Il est remarquable de constater que les participants n'avaient pas beaucoup d'autres questions à poser après qu'ils aient lu l'endos de l'emballage. Néanmoins, un élément a attiré l'attention des personnes plus curieuses sur le plan intellectuel : en quoi consistait exactement cette « protéine additionnelle issue de la nature qui fait partie de la famille des protéines utilisées par les jardiniers amateurs depuis plus de trente ans »? Ils ont fait remarquer que des mots rassurants étaient employés (protéine, nature, famille, jardiniers amateurs), mais que le producteur tentait peut-être de cacher quelque chose en ne nommant pas cette protéine ou en ne dévoilant pas son origine. Mis à part certains participants à qui l'idée de faire l'expérience des aliments génétiquement modifiés ne souriait pas particulièrement, la majorité d'entre eux pensaient acheter un jour ces pommes de terre. À ce moment-là, la curiosité avait tendance à l'emporter sur la peur de l'« inconnu ». Les participants avouaient qu'ils n'auraient vraisemblablement pas remarqué rien de tout cela avant d'acheter les pommes de terre, mais que l'ajout d'explications leur semblait nécessaire. Ça fait partie de notre « droit à l'information », comme le disait un participant. Produits en vrac Pour les participants, il est normal que les consommateurs soient informés de façon générale au sujet de ces nouveaux produits ou de produits semblables. Dans le cas des produits en vrac, ils disaient qu'il conviendrait de placer une affichette d'étagère ou un écriteau au-dessous des étals de pommes de terre. Des dépliants pourraient aussi être placés à la portée de la main, à proximité de l'endroit où les produits sont vendus. Aliments complexes Les participants avaient des divergences d'opinion sur la façon de traiter les produits contenant de multiples ingrédients (pizza congelés, p. ex.) dont certains, mais pas tous, étaient susceptibles d'avoir été génétiquement modifiés. Certains craignaient de voir des étiquettes complexes ou incompréhensibles apposées sur des produits comportant de nombreux ingrédients, parfois en proportion infime dans un produit. Les participants cherchaient des messages, mais ils ont aussi soulevé la possibilité qu'un symbole soit utilisé pour indiquer qu'un aliment est issu de la biotechnologie. Ils ont beaucoup discuté de la possibilité d'un symbole sur les emballages bilingues pour économiser de l'espace ou, dans le cas de produits en vrac, sur une affichette d'étagère ou sur un écriteau placé au-dessus d'un étal. D'ordinaire, plus un participant était préoccupé au sujet du génie génétique en général, plus il souhaitait obtenir de l'information sur les produits renfermant des constituants génétiquement modifiés. D'autres imaginaient le recours à une série d'astérisques ou de symboles, accompagnés d'une explication, au bas d'une liste d'ingrédients, indiquant le recours à la biotechnologie. Ils reconnaissaient cependant qu'avant d'utiliser un symbole, il fallait qu'il soit expliqué clairement aux gens. Croustilles de pommes de terre Pour ce qui est des croustilles de pommes de terre, par opposition aux pommes de terre proprement dites, de nombreux participants étaient ambivalents. Lorsqu'ils achètent des aliments vides, ils ne se soucient pas de leur origine, sachant qu'il faut s'attendre de toute façon à ce qu'ils contiennent « toutes sortes de choses » inimaginables. Ils croyaient donc que l'information sur la modification génétique devrait être réservée aux produits alimentaires de base ou aux produits recommandés pour leur valeur nutritive. Section 6 : Étiquetage négatif volontaire et « peut contenir »Étiquetage négatif volontaire
Lorsque l'on a montré aux participants un énoncé indiquant que la biotechnologie n'avait pas été employée pour un aliment en particulier en l'occurrence, les pommes de terre ils étaient généralement d'accord pour dire que la personne qui utilise ce genre d'énoncé pour vendre ses produits aurait probablement un avantage concurrentiel sur le marché. Voici les impressions qui se dégagent d'un étiquetage négatif :
Des participants avaient l'impression que la majorité des consommateurs seraient attirés par ce genre de publicité. Des participants ont indiqué que le public pouvait être facilement alarmé et que la préférence envers les produits « naturels » était bien enracinée. Les participants n'étaient personnellement pas toujours d'accord avec une telle approche. Dénigrer les produits concurrents leur semblait particulièrement fâcheux et inutile, malgré que cette pratique soit assez courante. Ça leur semblait plus « américain » que canadien. Ils estimaient être moins influencés que d'autres par ce type de publicité. Des exceptions confirmaient la règle, particulièrement chez ceux qui exprimaient des doutes concernant les produits issus de la biotechnologie et qui voulaient savoir quels aliments ne contenaient aucun constituant génétiquement modifié. Ces personnes étaient favorables à cet étiquetage négatif. D'autres participants ont fait remarquer que l'allégation comprenait les mots « issu du génie ». Comme ce choix de mots n'avait pas été bien accueilli au départ pour l'étiquetage, comme l'indiquent les discussions de la section 4, les participants croyaient que l'allégation était d'autant plus négative. Il importe de souligner que de nombreux participants étaient pour la première fois mis au courant de l'existence d'aliments issus du génie génétique dans le cadre des séances de discussion. En effet, la majorité des gens ne vérifient pas attentivement les étiquettes et, s'ils le font, c'est généralement pour éviter de consommer quelque chose en particulier. On peut donc conclure en disant que les consommateurs qui n'ont pas participé aux séances de discussion ne remarqueraient probablement cet étiquetage négatif en faisant leurs courses et ne seraient pas affectés par celui-ci. Avertissement en cas d'étiquetage négatif volontaire On a demandé aux participants d'imaginer une situation où un fabricant utilisant une allégation négative sur une étiquette pourrait être obligé d'ajouter le complément d'information suivant au bas de l'étiquette.
Pour la plupart des participants, il semblait bizarre de placer deux messages apparemment contradictoires sur la même étiquette (écriteau, affichette d'étagère, etc.). Pour eux, ça ne faisait que compliquer les choses. Ceux qui exprimaient leur désaccord à l'égard des produits génétiquement modifiés ont dit que « ça ne changerait rien » et qu'ils seraient heureux d'être informés qu'un sac de pommes de terre en particulier est totalement exempt de constituants modifiés génétiquement, peu importe la déclaration faite par Santé Canada sur leur innocuité. La plupart des participants ont laissé entendre que les deux énoncés ne faisaient que « s'annuler l'un l'autre ». « Peut contenir » En général, les protestations fusaient de toutes parts lorsque l'énoncé suivant était présenté aux participants.
Cet énoncé a fait piètre impression, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est comme si le fabricant n'en savait pas beaucoup sur les produits qu'il vendait; s'il y avait eu une sorte de malentendu; si l'on ne savait pas vraiment d'où le produit provenait; si le fabricant ne se souciait pas de faire les démarches nécessaires pour obtenir tous les détails sur ses produits.
(Winnipeg) Le message leur faisait aussi penser à une sorte de mise en garde comme si une personne responsable avait décidé que, dans le meilleur intérêt de la santé publique, certains risques inhérents au produit devaient être mentionnés. Cela donnait donc l'impression qu'il pouvait être dangereux de consommer des aliments génétiquement modifiés. C'est un appel à la prudence de l'acheteur.
(Sherbrooke) Les participants ne voyaient aucune raison pour qu'on appose ce genre de message sur des étiquettes ou sur des écriteaux placés à proximité des étals de denrées. Pour eux, un tel message ne sert à rien puisqu'il ne transmet qu'une information ambiguë. Ce serait une mise en garde très efficace, mais personne ne peut s'imaginer qu'un commerçant puisse afficher un tel message au-dessus des denrées qu'il souhaite vendre. Section 7 : Autres façons et moyens de fournir de l'informationLa plupart des participants estimaient que les consommateurs devaient toujours être informés de la présence sur le marché de tout aliment issu de la biotechnologie. Or, l'étiquetage des produits n'était pas considéré comme étant le seul moyen de fournir ce genre d'information. Voici un bon exemple de l'état d'esprit des gens qui estimaient important de toujours être informés à ce sujet.
(Montréal) D'autres participants ont indiqué que le rôle joué par le gouvernement en matière de tests et de réglementation était un important facteur à leurs yeux.
(Toronto) On a discuté des meilleures façons d'informer les gens de la modification génétique des aliments. Les participants ont fait généralement remarquer qu'il fallait fournir aux gens une information de base, préférablement en utilisant les moyens de communication de masse, pour les sensibiliser à l'arrivée des produits génétiquement modifiés et leur fournir un minimum d'explications à leur égard. Les participants ont suggéré que les moyens suivants seraient utiles.
SommaireSENSIBILISATION DES CONSOMMATEURS
COMPRÉHENSION ET RÉACTION DES CONSOMMATEURS À L'ÉGARD DE L'INFORMATION SUR LA BIOTECHNOLOGIE FIGURANT SUR LES ÉTIQUETTES Nota : Dans le cadre des discussions en groupes, les participants ont fait le lien entre leur compréhension des divers messages d'étiquetage qui leur avaient été présentés ou qu'ils avaient eux-mêmes suggérés et leur acceptation éventuelle de ces messages d'étiquetage.
INFLUENCE DE L'INFORMATION SUR LA COMPRÉHENSION ET LES ATTITUDES
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