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Supplément
Recommandations canadiennes pour la prévention et le traitement
du paludisme (malaria) chez les voyageurs internationaux
7. Diagnostic du paludisme
Pour tout patient ayant des antécédents de fièvre,
il faut absolument obtenir des renseignements sur les voyages qu'il a
effectués et demander de toute urgence un frottis sanguin (étalement
mince et goutte épaisse) s'il a traversé une région
impaludée ou s'il y a séjourné. Le paludisme à P.
falciparum apparaît généralement dans les 3
mois suivant la dernière exposition. Toutefois, cet intervalle
peut être plus long chez les patients qui ont suivi une chimioprophylaxie.
En outre, d'autres types de paludisme, en particulier le paludisme à P.
vivax, peuvent se manifester des mois et, dans certains cas, jusqu'à 5
ans après le voyage dans une région impaludée.
Le traitement du paludisme dépend de l'espèce de parasite à l'origine
de l'infection et du taux de parasitémie; il faut donc tout mettre
en uvre pour déterminer ces paramètres de toute urgence.
Comme le paludisme est une maladie à déclaration obligatoire
dans toutes les provinces et tous les territoires, les médecins
sont tenus de signaler les cas aux autorités locales de la santé publique.
Il arrive parfois que l'examen d'un frottis sanguin unique donne des
résultats faussement négatifs en ne révélant
pas la présence de parasites du paludisme. Il faut faire un autre
frottis sanguin après 48 heures (par exemple, trois fois, à intervalle
de 12 heures) pour exclure toute possibilité de paludisme.
L'examen des frottis sanguins (étalement mince et goutte épaisse)
par un expert en microscopie est indispensable au diagnostic du paludisme.
Dans bien des cas, le tableau clinique (anamnèse et examen physique)
est non spécifique. Lorsque le paludisme est envisagé,
surtout si le patient risque d'avoir été exposé à P.
falciparum (souche sensible ou résistante à la chloroquine),
le diagnostic de laboratoire et la détermination de la parasitémie
doivent être considérés comme des urgences médicales
et réalisés dès que possible (dans les 24 heures).
Les laboratoires ne sont pas tous compétents dans le diagnostic
du paludisme et l'identification de l'espèce en cause. En cas
d'incertitude à cet égard, il faut traiter
le patient empiriquement pour un paludisme à P. falciparum chloroquino-résistant
et l'adresser immédiatement à un établissement spécialisé,
ou du moins y expédier le spécimen. On peut obtenir la
liste de ces établissements par l'entremise du Réseau canadien
sur le paludisme (voir la liste à l'annexe
VI).
Des chercheurs évaluent actuellement l'efficacité des
tests rapides sur bandelette pour le diagnostic du paludisme, mais aucune
trousse de ce genre n'a encore été homologuée au
Canada. Ces tests rapides reposent sur la détection de l'antigène
des trophozoïtes et sont principalement conçus pour les
infections à P. falciparum. Certains tests permettent
de différencier les infections causées par d'autres espèces
de plasmodies ou de déterminer si l'infection est causée
par P. falciparum ou non. Ces tests sont faciles à exécuter
et ne nécessitent pas de matériel spécial. Leurs
résultats peuvent être interprétés rapidement.
Par contre, ils peuvent donner des résultats positifs jusqu'à 2
semaines après la confirmation par microscopie de l'élimination
des parasites; de plus, ils coûtent relativement cher comparativement à l'examen
microscopique et ils ne donnent pas des résultats quantitatifs.
Un groupe de travail de l'OMS s'est penché sur les différentes
caractéristiques de ces trousses, indiquant les recherches qu'il
faudrait faire sur ces tests et décrivant des scénarios
d'utilisation possibles. Selon un de ces scénarios, ces tests
permettraient aux voyageurs se trouvant dans des régions isolées
de s'auto-traiter. Il semble cependant, d'après les études
effectuées jusqu'à maintenant, que cette utilisation soit
impossible, les profanes n'étant pas en mesure d'interpréter
correctement les résultats des tests (D II - recommandation fondée
sur des preuves médicales, voir l'annexe
II). Il n'existe pas
de données sur l'auto-diagnostic ou l'auto-traitement chez les
personnes qui séjournent longtemps à l'étranger.
Sans formation adéquate, rien ne permet de croire que ces interventions
seront plus efficaces que ce que l'on a constaté jusqu'ici chez
l'ensemble des voyageurs. Toutefois, comme les personnes qui voyagent
ou séjournent longtemps à l'étranger forment un
groupe relativement homogène, une formation en matière
de diagnostic et d'auto-traitement (voir la section
6), y compris sur
l'utilisation des tests rapides de diagnostic du paludisme, pourrait
s'avérer utile chez cette clientèle quand il est impossible
d'avoir accès à des soins médicaux fiables. Le fait
que certaines trousses d'auto-diagnostic doivent être réfrigérées
en limitera l'utilisation dans certaines régions.
Les techniques fondées sur la PCR (amplification par la polymérase) évoluent
rapidement et sont en train de devenir un outil diagnostique définitif
doté d'une sensibilité et d'une spécificité étonnantes
(B I -recommandation fondée sur des preuves médicales).
Cependant, elles ne peuvent être pratiquées que dans les
laboratoires dotés des spécialistes et du matériel
nécessaire pour effectuer de telles analyses; c'est pourquoi elles
sont encore essentiellement des instruments de recherche. Ces techniques
s'avèrent utiles pour compléter l'examen microscopique
lorsque la parasitémie est faible et que l'identité de
l'espèce en cause est incertaine. Ces analyses sont particulièrement
utiles au Canada où l'incidence du paludisme est assez faible.
Les centres du Réseau canadien sur le paludisme, dont la liste
figure dans l'annexe VI, peuvent orienter les cliniciens vers des laboratoires
offrant cette technologie.
Recommandations
- Lorsqu'on soupçonne un cas de paludisme, l'établissement
du diagnostic est une urgence médicale qui nécessite
la réalisation d'analyses de laboratoire fiables dans un délai
maximal de 24 heures (A I - recommandation fondée sur des
preuves médicales).
- L'examen par microscopie de frottis sanguins
(étalement
mince et goutte épaisse) colorés au Giemsa est actuellement
l'analyse de référence pour la confirmation biologique
du diagnostic du paludisme (A I - recommandation fondée sur des
preuves médicales). Dans certains laboratoires, on colore les
frottis sanguins (étalement mince et goutte épaisse) avec
la solution de Wright, mais cette méthode risque de ne pas mettre
en évidence certaines caractéristiques du parasite qui
peuvent faciliter l'identification de l'espèce en cause.
- La PCR peut servir à confirmer le diagnostic, mais cette méthode
n'est pas encore pratiquée rapidement dans beaucoup de laboratoires.
- Les
tests de diagnostic rapide ont une utilité limitée
au Canada et ne devraient pas être le principal outil diagnostique
(DI - recommandation fondée sur des preuves médicales).
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