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Volume 21, No 4 - 2000

  Office de la santé publique du Canada

Compte rendu d’un atelier sur l’activité physique et la prévention du cancer

Loraine D Marrett, Beth Theis, Frederick D Ashbury et un groupe d’experts


Volume 21, No 4 - 2000

 


Résumé

Action Cancer Ontario a tenu en mars 2000 un atelier qui visait à évaluer les preuves concernant le rôle de l’activité physique dans la prévention du cancer et à définir un ordre de priorité, surtout en ce qui concerne la prévention primaire du cancer. Un examen des preuves scientifiques a été commandé et un groupe d’experts a été chargé de se pencher sur le compte rendu de cet examen, et de faire des recommandations dans les domaines de la recherche et de l’intervention en santé publique. Le groupe a conclu que les preuves du rôle joué par l’activité physique dans la prévention étaient convaincantes dans le cas du cancer du côlon; probables dans le cas du cancer du sein; possibles dans le cas du cancer de la prostate et insuffisantes en ce qui concerne les autres types de cancer. Il a recommandé que des messages préconisant au moins 30 à 45 minutes d’activité physique modérée ou vigoureuse la plupart des jours de la semaine fassent partie des mesures de prévention primaire du cancer. Il a recommandé en outre que les futures recherches sur l’activité physique englobent des évaluations complètes, notamment des mesures des multiples aspects de l’activité physique et des divers types d’activité physique; des mécanismes biologiques qui entrent en jeu et des facteurs liés au comportement et à la population. Action Cancer Ontario intégrera des messages de promotion de l’activité physique dans ses programmes de prévention primaire axés sur la nutrition et sur un poids-santé.

Mots clés : activité physique, étiologie du cancer, prévention du cancer


Introduction

Le cancer occupe le deuxième rang des causes de décès en Ontario, après les maladies cardiovasculaires. À moins d’une baisse marquée des taux de mortalité attribuable au cancer, comme celle enregistrée dans le cas des maladies cardiovasculaires, le cancer est sans doute appelé à devenir la première cause de décès d’ici quelques décennies1.

Selon les estimations de l’Institut national du cancer du Canada, le cancer sera diagnostiqué chez 24 700 femmes et 25 200 hommes et entraînera le décès de 11 200 femmes et de 12 500 hommes en Ontario, en 20002. À mesure que la population avancera en âge et étant donné l’amélioration et l’application plus systématique des techniques de dépistage du cancer à un stade précoce, le nombre de personnes qui recevront un diagnostic de cancer ne cessera de croître. Le Bureau du cancer de Santé Canada estime que, si la tendance actuelle se maintient, le nombre de nouveaux cas de cancer augmentera de 40 % d’ici 20103.

La tendance marquée à la hausse du nombre de cas de cancer entraînera une augmentation des besoins en services de traitement et pèsera lourd sur le système de santé de l’Ontario. D’après un rapport du médecin hygiéniste en chef de la province de l’Ontario, le seul traitement des personnes atteintes de cancer a occasionné des dépenses de l’ordre d’un milliard de dollars en 19944. Les coûts actuels sont certainement plus élevés étant donné que le nombre de cas a augmenté et que les coûts de certains nouveaux agents chimiothérapeutiques sont supérieurs à ceux des produits auparavant utilisés. Un cas diagnostiqué de cancer est lourd de conséquences pour l’individu sur le plan financier : manque à gagner, coût des médicaments utilisés pour combattre les symptômes de la maladie et coût des traitements.

La lutte contre le cancer englobe la prévention, la détection précoce, le traitement, les soins de soutien, la recherche et l’éducation. Si l’on a enregistré des progrès étonnants dans le traitement de certains cancers, il s’est avéré jusqu’ici extrêmement difficile de traiter de manière efficace les quatre formes de cancer les plus répandues (soit les cancers du poumon, du sein, du côlon et de la prostate)5. Si l’on veut réduire sensiblement l’incidence du cancer ainsi que la morbidité et la mortalité imputables à cette maladie, il y a lieu de mettre davantage l’accent sur la prévention6. Des initiatives de prévention efficaces peuvent avoir pour effet de réduire l’incidence du cancer et la mortalité par cancer de 50 % ou plus7.

Les taux de cancer du côlon, du sein et de la prostate fluctuent considérablement d’un pays à l’autre8. Ainsi, toutes ces formes de cancer sont plus répandues en Amérique du Nord qu’en Asie. Ces tendances, et le vaste corpus de recherches dans le domaine, font ressortir l’importance du rôle joué par les habitudes de vie dans l’étiologie de ces formes de cancer, et de beaucoup d’autres.


La détermination du rôle de lactivité physique dans la prévention du cancer

Au cours de l’automne 1999, la Division d’oncologie préventive d’Action Cancer Ontario (ACO) a instauré un processus en deux étapes devant permettre de trouver des moyens d’entreprendre des recherches et de mettre en oeuvre des politiques et des programmes d’activité physique et de prévention primaire du cancer.

1. Un expert en activité physique et en cancer a été chargé d’examiner, d’évaluer et de résumer les preuves, et

2. Des experts se sont réunis dans le cadre d’un atelier afin de se pencher sur l’examen des preuves et de s’entendre sur le degré de fiabilité des preuves et des mesures à prendre en priorité.

ACO est un organisme provincial de lutte contre le cancer, chargé de dispenser de nombreux services clés dans le domaine et de superviser tous les aspects de la lutte contre le cancer en Ontario. La Division d’oncologie préventive est responsable de la prévention, du dépistage et de la surveillance du cancer, de la recherche en oncologie préventive et du programme de soins contre le cancer en milieu autochtone.


Examen des preuves de l’existence d’un lien entre l’activité physique et la prévention du cancer

Dans un premier temps, ACO a confié à la Dre Christine Friedenreich de l’Alberta Cancer Board d’entreprendre une recension systématique de la littérature publiée sur le lien entre l’activité physique et le cancer9. La Dre Friedenreich fait autorité dans ce domaine et connaît bien le contexte opérationnel des organismes provinciaux de lutte contre le cancer. Son mandat consistait, d’une part, à évaluer la fréquence, l’intensité et la durée de l’activité physique associées à une réduction des risques et à résumer la recherche sur les interventions en matière d’activité physique et, d’autre part, à recommander des études à faire et des initiatives à adopter en santé publique.

La Dre Friedenreich a évalué les données probantes établissant un lien entre l’activité physique et diverses formes de cancer à l’aide d’une version adaptée des critères décrits dans le rapport sur la nutrition et la prévention du cancer, publié par le World Cancer Research Fund/l’American Institute for Cancer Research (WCRF/AICR)10. Dans ce document, les preuves «convaincantes» désignent celles qui sont concluantes; les preuves «probables» désignent celles qui sont suffisamment solides pour permettre de conclure à la probabilité d’une relation de cause à effet; les preuves «possibles» révèlent l’existence possible d’un lien de causalité et les preuves «insuffisantes» indiquent que les preuves sont trop peu nombreuses pour que l’on puisse en tirer des conclusions plus définitives. Le tableau 1 offre une description plus détaillée des divers degrés de fiabilité des preuves10.



TABLEAU 1
Description des degrés de fiabilité des preuves
a

Degré de fiabilité Description
Preuves convaincantes Les associations mises en évidence par les études épidémiologiques concordent, et les preuves du contraire sont pour ainsi dire inexistantes. Il devrait y avoir un nombre important d’études acceptables (plus de 20). Il devrait s’agir de préférence d’études prospectives, réalisées dans différents groupes de population et qui tiennent compte des facteurs de confusion. Les données sur l’exposition devraient s’appliquer au temps qui précède l’apparition du cancer. L’existence d’un lien de causalité devrait être étayée par des relations dose-effet. Les associations devraient être plausibles d’un point de vue biologique. Elles devraient être généralement étayées par des résultats de laboratoire.
Preuves probables Les associations mises en évidence par les études épidémiologiques ne sont pas aussi concordantes, un certain nombre d’entre elles n’appuyant pas cette hypothèse, ou encore elles ne sont pas suffisamment nombreuses ou exhaustives pour permettre de tirer des conclusions plus définitives. Les associations sont généralement étayées par des preuves mécanistes et des résultats de laboratoire.
Preuves possibles Les études épidémiologiques appuient en général l’existence d’associations, mais leur quantité, leur qualité ou leur cohérence laissent à désirer. Les associations sont étayées ou non par des preuves mécanistes ou des résultats de laboratoire. Ou encore, les données épidémiologiques sont pour ainsi dire inexistantes, mais les preuves fournies par d’autres disciplines militent fortement en faveur de l’existence d’un lien.
Preuves insuffisantes Les études sont peu nombreuses, concordent généralement, mais ne font que suggérer l’existence possible d’un lien. Dans bien des cas, il faudrait pouvoir compter sur un plus grand nombre de recherches bien conçues.
a Les descriptions s’inspirent d’une étude du World Cancer Research Fund/de l’American Institute for Cancer Research10.

   

Le rapport de la Dre Friedenreich a été au centre des discussions des participants à l’atelier. On s’attendait toutefois à ce que les connaissances de ces derniers et leur point de vue sur la recherche publiée et en cours auraient pour effet d’enrichir, voire de modifier, les conclusions et les recommandations du rapport.


L’atelier

L’atelier sur l’activité physique et la prévention du cancer a été tenu à Toronto les 24 et 25 mars 2000. Il a réuni un groupe d’experts formé de onze scientifiques des milieux universitaire et gouvernemental et des organismes de lutte contre le cancer du Canada, des États-Unis et de la Norvège. Sept autres ont été invités en qualité d’observateurs. On trouvera à l’annexe 1 la liste des participants qui représentaient les secteurs de l’épidémiologie, de l’éducation physique et de la santé, des sciences de l’activité physique et des sciences du comportement.

Objectif général et objectifs spécifiques

L’atelier avait pour objectif général d’évaluer les preuves de l’existence d’un lien entre l’activité physique et la prévention du cancer. Il avait pour objectifs spécifiques de favoriser un consensus sur les points suivants :

  • la question de savoir si les données épidémiologiques, biologiques et données sur les interventions à l’appui de l’existence d’un lien entre l’activité physique et la prévention du cancer sont suffisamment solides pour orienter clairement des recommandations en santé publique et/ou des interventions auprès de la population;
  • des recommandations concernant les mesures à prendre (le manque de données à combler par des recherches, les genres de recherche nécessaires, des recommandations et/ou les interventions en santé publique) selon le type de cancer (côlon et rectum, sein, prostate et d’autres sièges);
  • les domaines d’intervention prioritaires.

Matériel, structure et programme de l’atelier

Les participants ont reçu d’avance le programme de l’atelier, une liste des participants, une copie du rapport rédigé par la Dre Friedenreich9 et des études publiées par deux des participants sur les mécanismes biologiques11 et la recherche sur les interventions12. Au cours de l’atelier proprement dit, certains autres éléments d’information ont été distribués (p. ex., des données canadiennes sur le niveau d’activité physique de la population et un résumé des recommandations de divers organismes sur l’activité physique et la santé publique).

Parmi les documents distribués avant l’atelier figurait un questionnaire destiné à mieux cerner le point de vue des participants sur l’état général des preuves (études épidémiologiques, biologiques et recherche sur les interventions) et les questions de santé publique et à dégager des recommandations en la matière. Les participants devaient remettre à l’animateur leur questionnaire dûment rempli avant la tenue de l’atelier pour que les réponses puissent être rassemblées et présentées au début de l’atelier. Une copie du questionnaire est annexée à ce document (annexe 2).

Au cours de la première journée, les participants ont examiné et analysé les preuves et tenté d’établir l’amorce d’un consensus à ce sujet. La deuxième journée, plus courte, était réservée à l’établissement d’un consensus définitif et à l’élaboration de recommandations en santé publique, étayées par les preuves examinées.

Analyse des preuves

Les participants ont eu droit à une séance d’orientation sur les besoins de la Division d’oncologie préventive d’Action Cancer Ontario concernant la mise au point de stratégies sur l’activité physique et la prévention du cancer. Cette séance a été suivie de la présentation du rapport de la Dre Freidenreich et des résultats du questionnaire distribué avant l’atelier. On trouvera au tableau 2 un résumé de la recension de la littérature épidémiologique réalisée par la Dre Freidenreich et de son évaluation de la solidité des preuves.

Les exposés ont suscité des discussions sur la qualité des preuves épidémiologiques concernant divers types de cancer et sur la possibilité de formuler des recommandations en santé publique. Ces échanges ont entraîné un débat plus pointu sur les mécanismes biologiques qui pourraient expliquer le lien entre l’activité physique et la prévention du cancer et sur la recherche sur les interventions en matière d’activité physique.


Conclusions de l’atelier

Consensus au sujet des preuves

Les participants à l’atelier étaient nombreux à souscrire aux conclusions concernant l’existence d’un lien entre l’activité physique et la prévention du cancer, présentées dans le rapport de la Dre Freidenreich. Le tableau 3 rend compte du consensus établi au sujet des degrés de fiabilité des preuves.


TABLEAU 2
Résumé des preuves épidémiologiques concernant l’existence d’un lien
entre l’activité physique et le cancer
a

Siège du cancer

Concordance des preuves d’une réduction des risques associée à une augmentation du niveau d’activité physiqueb

Solidité de l’association

Dos


e-effetc

Facteur temps (moment
de la vie)
Plausibilité biologique Degré global de fiabilité des preuves scientifiquesd
Côlon

42 sur 48

Jusqu’à 70 %decrease

21 sur 31

Activité tout au long de la vie? Oui – plusieurs mécanismes possibles Convaincant
Sein

22 sur 33

Jusqu’à 70 %decrease à aucun effet

13 sur 21

Début de la vie?
Âge adulte?
Oui – plusieurs mécanismes possibles Probable
Prostate

14 sur 23

Jusqu’à 70 %decrease à 220 %increase

9 sur 17

Début de la vie? Oui – certains mécanismes possibles Possible
Poumon

7 sur 10

60 %decrease à 30 %increase

5 sur 7

Inconnu Pas nette Insuffisant
Testicules

2 sur 5

50 %decrease à
aucun effet

2 sur 4

Inconnu Pas nette Insuffisant
Ovaire

1 sur 4

Aucun effet

1 sur 2

Inconnu Oui – quelques mécanismes possibles Insuffisant
Endomètre

7 sur 1

90 %decreaseà
aucun effet

3 sur 6

Inconnu Oui – quelques mécanismes possibles Insuffisant
a Adapté des références nos 9 et 13
b Nombre d’études concordantes par rapport au nombre total d’études (études cas-témoins et études de cohortes)
c Nombre d’études qui indiquent la relation dose-effet par rapport au nombre total d’études
d Voir les définitions au tableau 1

TABLEAU 3
Degré de fiabilité (établi par consensus) des preuves de l’existence d’un lien entre l’activité physique et la prévention du cancer

Siège du cancer Degré de fiabilité des preuvesa
Côlonb Preuves convaincantes
Sein Preuves probables
Prostate Preuves possibles
Endomètre, poumon, testicules Preuves insuffisantes, mais méritent de faire l’objet de recherches plus poussées
Autres Preuves insuffisantes
a Voir les descriptions au tableau 1
b Dans de nombreuses études, les cancers du côlon et du rectum sont toujours étudiés ensemble. Toutefois, il existe suffisamment d’études traitant uniquement du cancer du côlon pour permettre de conclure que les preuves concernant ce type de cancer, non pas le cancer du rectum, sont convaincantes.

   

Recommandations en santé publique

Le tableau 4 présente les recommandations en santé publique concernant la réduction des risques de cancer, sur lesquels se sont entendus les participants à l’atelier et qu’ils ont présentées à Action Cancer Ontario. Les participants ont admis avoir eu de la difficulté à tirer des conclusions définitives de l’examen des preuves existantes en vue de formuler des recommandations en santé publique. En effet, la littérature scientifique n’apporte aucun élément d’information précis sur le niveau d’activité associé à des bienfaits optimaux (soit la durée, la fréquence, l’intensité et l’âge). Malgré ces lacunes, les participants ont jugé qu’ils disposaient de preuves suffisantes pour soumettre des recommandations judicieuses qui s’accordent avec celles d’autres autorités sanitaires. Des exemples de ces recommandations sont fournies au tableau 5.

Recommandations relatives à la recherche

De l’avis des participants, il y a lieu d’approfondir les recherches sur les effets de l’activité physique sur de nombreux types de cancer. Toutes les recommandations présentées au tableau 6, sauf une, s’appliquent aux études traitant de n’importe quelle forme de cancer. Comme les preuves de l’effet bénéfique de l’activité physique sur la prévention du cancer du côlon sont jugées «convaincantes», les participants ont conclu à la nécessité d’entreprendre des recherches sur les stratégies d’intervention susceptibles de réduire les risques de cancer du côlon (voir la quatrième recommandation). La première recommandation est présentée en caractères gras pour indiquer qu’il s’agit d’un domaine de recherche clé.


TABLEAU 4
Recommandations consensuelles en
santé publique sur l’activité physique et la réduction des risques de cancer

  • Les recommandations sur l’activité physique devraient être intégrées aux initiatives de prévention primaire axées sur la prévention du cancer.
  • Tous les messages axés sur l’activité physique devraient être conçus dans l’optique de la réduction des risques de cancer plutôt que dans celle de la prévention du cancer.
  • Si l’on veut obtenir une réduction des risques de cancer, il faut préconiser au moins 30 à 45 minutes d’activité physique modérée ou vigoureuse, la plupart des jours de la semaine.
  • Les messages devraient comporter des exemples d’activités physiques modérées et vigoureuses, notamment selon l’âge, le sexe et l’appartenance culturelle.
  • Les messages devraient tenir compte du fait que la capacité cardiorespiratoire maximale varie au sein de la population. Ainsi, comme la capacité maximale diminue, de manière générale, avec l’âge, le niveau maximal d’activité recommandé (soit 45 minutes d’exercice vigoureux) est dans l’ensemble mieux adapté aux jeunes et le niveau minimal (soit 30 minutes d’exercice modéré), aux personnes âgées. Les niveaux d’activité recommandés aux personnes sédentaires devraient, dans un premier temps, être inférieurs à ceux recommandés à celles qui sont déjà actives.
  • Les messages axés sur l’activité physique peuvent être associés à d’autres messages qui visent une réduction des risques, par exemple ceux qui préconisent le maintien d’un poids-santé.
  • L’activité physique doit être encouragée dans tous les groupes d’âge.
  • Il faudrait promouvoir l’adoption de politiques et d’initiatives communautaires qui favorisent l’activité physique.
  • Il faudrait mettre en place un système permettant de surveiller et de mesurer les niveaux d’activité physique dans la population.

TABLEAU 5
Résumé des recommandations de diverses organisations concernant l’activité physique

Source Recommandationa
Santé Canada/Société canadienne de physiologie de l’exercice (Guide canadien d’activité physique pour une vie active saine)14 Soyez actif à votre façon, tous les jours, à tout âge! Les scientifiques affirment qu’il faut faire 60 minutes d’activité physique par jour pour demeurer en forme ou améliorer sa santé. À mesure que vous passerez à des activités plus intenses, vous pourrez réduire cet objectif à 30 minutes, 4 jours par semaine. Combinez diverses activités d’au moins 10 minutes chacune. Commencez lentement, puis augmentez graduellement le rythme.
Société canadienne du cancer (Les sept règles de santé)15 Faites régulièrement de l’activité physique : cela vous permettra aussi de maintenir un poids-santé.
Harvard Center for Cancer Prevention (7 ways to prevent cancer)16 Faites au moins 30 minutes d’activité physique chaque jour.
American Cancer Society (Guidelines on diet, nutrition and cancer prevention)17 Faites au moins 30 minutes ou plus d’activité physique modérée, la plupart des jours de la semaine.
U.S. Dept of Health and Human Services (Healthy People 2000)18 Objectif :
Accroître à au moins 30 % la proportion de la population âgée de 6 ans et plus qui fait régulièrement, de préférence tous les jours, au moins 30 minutes d’activité physique légère ou modérée.
U.S. Dept of Health and Human Services (Healthy People 2010)19 Objectifs :
Accroître la proportion d’adolescents qui fait 20 minutes ou plus d’une activité physique vigoureuse qui favorise la santé cardiorespiratoire, 3 jours de la semaine ou plus.
Accroître la proportion d’adultes qui font régulièrement, de préférence tous les jours, au moins 30 minutes d’activité physique modérée.
International Union Against Cancer (UICC ) (Statement on diet, nutrition and cancer)20 Faites de l’exercice pour maintenir votre poids.
World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research10 Si on est peu ou moyennement actif dans sa vie professionnelle, il est recommandé de faire chaque jour de la marche rapide ou un exercice analogue pendant une heure et des exercices vigoureux pendant une période totale d’au moins une heure par semaine.
a Les recommandations sont tirées directement des documents cités, dans le cas des ouvrages publiés en français; elles ont été traduites dans le cas des ouvrages publiés en anglais.

TABLEAU 6
Résumé des recommandations relatives
à la recherche sur l’activité physique
et la prévention du cancer

  • L’évaluation de l’activité physique devrait être exhaustive et porter entre autres sur :
  • le type d’activité physique, la fréquence, la durée et l’intensité de l’activité par rapport aux périodes d’exposition pertinentes (p.ex., tout au cours de la vie)
  • l’activité physique dans le cadre des loisirs, des travaux ménagers et des déplacements, et les autres mouvements physiques qui supposent une dépense énergétique considérable (p.ex., le fait de bouger constamment)
  • les mécanismes biologiques (qui interviennent dans certains types de cancer ou toutes les formes de cancer)
  • les facteurs liés au comportement et à la population (l’âge, le sexe, la situation socio-économique et la culture)
  • Les recherches devraient comprendre une évaluation du lien entre l’activité physique et d’autres facteurs comme l’obésité, l’alimentation, la génétique et les substances auxquelles les personnes sont exposées, p. ex., médicaments, tabac, alcool.
  • Il faudrait réaliser des études afin d’établir des biomarqueurs comme points intermédiaires à mesurer dans le processus menant à l’établissement d’un lien entre l’activité physique et le cancer.
  • Il faudrait réaliser des recherches sur les interventions en vue de déterminer l’efficacité théorique et réelle de diverses stratégies visant la réduction des risques de cancer du côlon.
  • Il faudrait dépouiller systématiquement les études publiées et les travaux actuels mais inédits sur l’activité physique afin de faciliter la mise à jour de l’évaluation des preuves et des recommandations en santé publique.
  • Il faudrait entreprendre des recherches sur les mesures et politiques communautaires qu’il faudrait adopter pour faciliter la mise en oeuvre des interventions axées sur l’activité physique et le respect des recommandations en la matière.
  • Il faudrait réaliser des recherches qualitatives en vue d’inciter les membres de la population à mener une vie active, en tenant compte de l’âge, du sexe, de la situation socio-économique et de l’appartenance culturelle.
  • Il y a lieu d’entreprendre des recherches méthodologiques sur le biais dû à la mémoire et sur l’utilisation de protocoles de collecte de données fondés sur des questionnaires à remplir soi-même par rapport à ceux fondés sur des entrevues pour l’évaluation de l’activité physique.

   

Analyse

Comme le nombre de cas diagnostiqués de cancer chez les femmes et chez les hommes en Ontario (et partout au Canada) est en hausse, il faudra mener des recherches épidémiologiques, biologiques, comportementales et des études sur les interventions afin de faciliter l’adoption d’initiatives en santé publique axées sur les habitudes de vie qui peuvent être modifiées pour réduire les risques de cancer chez les individus. La démarche suivie lors de l’atelier a permis un débat approfondi sur les preuves existantes et fourni aux participants l’occasion de se pencher sur des recommandations et des priorités dans le domaine de la santé publique ainsi que sur des pistes de recherche à explorer.

Action Cancer Ontario a déjà intégré ce résumé de l’évaluation des preuves dans son document intitulé «Stratégie de prévention du cancer en Ontario», paru en mai 200021. Cette stratégie désigne la lutte contre le tabagisme, la promotion d’une saine alimentation et l’activité physique comme les priorités de l’organisme en matière de prévention du cancer.

ACO s’emploie actuellement à mettre au point un ensemble de stratégies de réduction des risques axées sur la nutrition, le poids-santé et l’activité physique. Les recommandations issues de cet atelier seront intégrées à diverses initiatives de prévention primaire d’ACO. L’organisme conçoit aussi des activités de surveillance des facteurs de risque afin de suivre les tendances observées dans la population en ce qui concerne le niveau d’activité physique recommandé, surtout dans l’optique des nouvelles stratégies ou des nouveaux programmes.

Les recommandations découlant de cet atelier devraient être diffusées à grande échelle. Elles aideront les organismes et organisations qui s’intéressent à l’activité physique et à la condition physique, pas nécessairement dans l’optique du cancer, à justifier davantage leurs efforts en vue de promouvoir les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé. Elles peuvent aussi faire partie des arguments stratégiques invoqués par ACO, ses partenaires et d’autres organismes à l’appui de demandes de financement, de l’élaboration de programmes et de la défense de politiques.

Remerciements

Cet atelier a été rendu possible grâce aux fonds octroyés par l’Unité de la prévention, Division d’oncologie préventive, Action Cancer Ontario. Nous tenons à remercier les onze scientifiques membres du groupe d’experts, dont la participation enthousiaste et généreuse à l’élaboration de recommandations aidera tous ceux qui s’occupent de prévention du cancer en Ontario. Nous sommes également reconnaissants envers les observateurs qui nous ont fait don de leur temps et de leur énergie, ont enrichi le débat de leurs idées et défini un cadre pour l’application continue des recommandations de l’atelier.

Références

1. Groupe d’étude ontarien sur la prévention primaire du cancer. Recommandations sur la prévention primaire du cancer. Toronto: ministère de la Santé de l’Ontario, 1995.

2. Institut national du cancer du Canada. Statistiques canadiennes sur le cancer 2000. Toronto: INCC, 2000.

3. MacNeill I. Projections of mortality and hospital morbidity for leading causes. Rapport adressé au Bureau des opérations, de la planification et des politiques, Laboratoire de lutte contre la maladie, Santé Canada. avril 2000.

4. Médecin hygiéniste en chef. Échec au cancer. Toronto: ministère de la Santé de l’Ontario, 1994.

5. Bailar JC, Gornik H. Cancer undefeated. N Engl J Med 1997;336:1569-74.

6. Miller AB. Canadian contributions to cancer control. Can J Oncology 1994;4:238-42.

7. Harvard Center for Cancer Prevention. Causes of human cancer. Cancer Causes Control 1996;7(Suppl).

8. Parkin DM, Whelan SL, Ferlay J, Raymond L, Young J. Cancer incidence in five continents, Vol VII. IARC Scientific Publications No. 143. Lyon, France: IARC, 1997.

9. Friedenreich CM. Physical activity and cancer: review of the evidence for a preventive role. Report prepared for the Physical Activity and Cancer Prevention Workshop, Cancer Care Ontario; 2000 March 24–25; Toronto, Canada.

10. World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research. Food, nutrition and the prevention of cancer: A global perspective. Washington DC: American Institute for Cancer Research, 1997.

11. Shephard RJ, Shek PN. Associations between physical activity and susceptibility to cancer: possible mechanisms. Sports Med 1998;26:293-315.

12. McTiernan A, Schwartz RS, Potter J, Bowen D. Exercise clinical trials in cancer prevention research: A call to action. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 1999;8:201-7.

13. Friedenreich CM. Physical activity and cancer prevention: from observational to intervention research. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. (sous presse)

14. Santé Canada. Guide canadien d’activité physique pour une vie active saine. Ottawa, 1998; no H39-429/1998 au catalogue.

15. Société canadienne du cancer. Les sept règles de santé. <www.cancer.ca/info/pubs/sevenf1.htm>. février 2000.

16. Harvard Center for Cancer Prevention. 7 ways to prevent cancer. <www.hsph.harvard.edu/Organizations/Canprevent/7ways.htm>. January 2000.

17. American Cancer Society. Guidelines on diet, nutrition and cancer prevention. May 1999.

18. U.S. Department of Health and Human Services. Healthy People 2000: National health promotion and disease prevention objectives. Washington, DC: U.S. Department of Health and Human Services, Public Health Service, 1990. DHHS Pub No. (PHS) 91-50212.

19. U.S. Department of Health and Human Services. Healthy People 2010. www.health.gov/healthypeople/Document/HTML/uih/uih_4.htm#physactiv). January 2000.

20. International Union against Cancer. UICC statement of diet, nutrition and cancer. <www.uicc.org/nutrition/nutristate.shtml>. July 1999.

21. Action Cancer Ontario. Stratégie de prévention du cancer en Ontario : mieux vaut prévenir...Division d’oncologie préventive, Action Cancer Ontario. mai 2000. <www.cancercare.on.ca/reports/blueprint/cover.html>.


Annexe 1
Participants à l’atelier sur l’activité physique et la prévention du cancer,
Action Cancer Ontario, 24–25 mars 2000

Groupe d’experts

Leslie Bernstein
Department of Preventive Medicine
University of Southern California/Norris
Comprehensive Cancer Center
Los Angeles, Californie, É-U
Christine Friedenreich*
Division of Epidemiology, Prevention and Screening
Alberta Cancer Board
Calgary (Alberta) Canada
Roy Shephard
Faculty of Physical Education and Health
University of Toronto
Toronto (Ontario) Canada
Carl J Caspersen
National Centre for Chronic Disease
Prevention and Health Promotion
Centers for Disease Control and Prevention
Atlanta, Georgie, É-U
Marilie D Gammon
Department of Epidemiology, School of Public Health
University of North Carolina
Chapel Hill, Caroline du Nord, É-U
Marty Slattery
Department of Family and Preventive Medicine
University of Utah
Salt Lake City, Utah, É-U
Kerry Courneya
Faculty of Physical Education
University of Alberta
Edmonton (Alberta) Canada
Charles Matthews
Department of Epidemiology and Biostatistics/
South Carolina Cancer Center
University of South Carolina
Columbia, Caroline du Sud, É-U
Inger Thune
Departement of d’épidémiologie et de statistique
médicale
Université de Tromsø et Société norvégienne de lutte
contre le cancer
Tromsø, Norvège
Gail McKeown-Eyssen
Department of Public Health Sciences
University of Toronto
Toronto (Ontario) Canada
Anne McTiernan
Cancer Prevention Research Program
Fred Hutchinson Cancer Research Center
Seattle, Washington, É-U
 

Observateurs

Roy Cameron
Centre for Behavioural Research and Program
Evaluation
University of Waterloo
Waterloo (Ontario) Canada
Loraine Marrett*
Division d’oncologie préventive
Action Cancer Ontario
Toronto (Ontario) Canada
Melody Roberts*
Division d’oncologie préventive
Action Cancer Ontario
Toronto (Ontario) Canada
John Garcia
Division d’oncologie préventive
Action Cancer Ontario
Toronto (Ontario) Canada
Paul Ritvo
Division d’oncologie préventive
Action Cancer Ontario
Toronto (Ontario) Canadaa
Beth Theis*
Division d’oncologie préventive
Action Cancer Ontario
Toronto (Ontario) Canada
Nancy Kreiger*
Division d’oncologie préventive
Action Cancer Ontario
Toronto (Ontario) Canada
   

Animateur

  Fred Ashbury*
Département d’oncologie
Université McGill
Montréal (Québec) Canada
 
* Membre du comité organisateur de l’atelier

ANNEXE 2
Questionnaire distribué avant l’atelier
Activité physique et prévention du cancer, Toronto, 24-25 mars 2000

Ce questionnaire vise à mieux cerner le point de vue des participants sur l’état général des preuves (études épidémiologiques, biologiques et recherche sur les interventions) sur l’activité physique et la prévention du cancer, à cerner les enjeux et à dégager des recommandations en la matière. Nous vous invitons à examiner, à la lumière de l’expérience que vous avez acquise dans votre champ de compétence, les documents inclus ici et à remplir le questionnaire, que vous remettrez en arrivant à l’atelier. Nous résumerons vos réponses et les présenterons au cours de la matinée de la première journée. Nous vous rendrons ensuite votre questionnaire en vous demandant de revoir périodiquement vos réponses à mesure que le débat avancera pendant la journée.
État général des connaissances Veuillez cocher les cellules qui rendent compte de votre opinion sur les prochaines initiatives à adopter ou recherches à réaliser à l’égard de chaque type de cancer.
Siège du cancer

Recherches à approfondir

Mesures à adopter en santé publique

Épidémiologie

Mécanismes biologiques

Interventions (efficacité théorique)*

Interventions (efficacité réelle)*

Recommandations en santé publique

Programmes d’intervention auprès de la population

Côlon et rectum            
Sein            
Prostate            
Poumon            
Testicules            
Ovaire            
Endomètre            
Autres sièges (veuillez préciser)            
* Les recherches sur l’efficacité théorique consistent à mettre une intervention à l’essai dans des conditions idéales (essai comparatif randomisé). Les recherches sur l’efficacité réelle consistent à mettre une intervention à l’essai dans des conditions réelles de mise en oeuvre..
Solidité globale des preuves

1 = approuve fortement;
2 = approuve;
3 = sans opinion;
4 = désapprouve;
5 = désapprouve fortement

Veuillez encercler ci-dessous le chiffre qui correspond le mieux à votre façon de penser.

Les preuves à l’appui d’un lien entre l’activité physique et la prévention du cancer sont suffisamment solides pour orienter clairement l’adoption de recommandations et/ou d’interventions en santé publique.

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    Références des auteurs

Loraine D Marrett, Division d’oncologie préventive, Action Cancer Ontario; et Département de sciences de la santé publique, Université de Toronto

Beth Theis, Division d’oncologie préventive, Action Cancer Ontario

Frederick D Ashbury, PICEPS Consultants, Inc.; Département d’oncologie, Université McGill; Faculté des sciences infirmières, Université du Manitoba; et Centre de promotion de la santé, Université de Toronto

La liste des membres du groupe d’experts figure à l’annexe 1

Correspondance : Dre Loraine D Marrett, Division d’oncologie préventive, Action Cancer Ontario, 620 University Avenue, Toronto (Ontario) M5G 2L7; Téléphone : (416) 971-5100, poste 1214; Téléc. : (416) 971-6888; Courriel : loraine.marrett@cancercare.on.ca

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Dernière mise à jour : 2002-10-02 début