Historique
La spongieuse, Lymantria dispar., ainsi nommée à cause de
sa capacité de s'attacher aux objets et d'être transportée
avec ces derniers, se rencontre au Canada, surtout en Ontario, au Québec
et dans les provinces Maritimes. Elle a été introduite accidentellement
au Massachusetts en 1869, par un naturaliste français. Celui-ci voulait
croiser la spongieuse européenne avec des vers à soie de l'Amérique
du Nord afin d'établir une industrie du ver à soie sur ce
continent. Malheureusement, certains des insectes se sont échappés
et se sont depuis dispersés dans le nord-est des États-Unis
et l'est du Canada.
Description et biologie
La spongieuse passe l'hiver à l'état d'oeuf; les pontes sont
déposées sur l'écorce des arbres. Ces petites masses,
pouvant renfermer chacune de 100 à 1000 oeufs, sont habituellement de
la taille d'une pièce de un dollar, et leur couleur varie du marron
clair au chamois. On peut évaluer l'importance d'une infestation d'après
la taille des masses d'oeufs. Lorsque les populations sont à la baisse,
les masses d'oeufs ont tendance à être plus petites (de la taille
d'un dix sous). En revanche, les grosse masses d'oeufs sont un indice que les
populations sont stables ou en progression.
Les oeufs éclosent en larve (chenille) à l'époque où les
arbres commencent à bourgeonner. Tout au long de leur croissance, qui
peut se prolonger jusqu'à sept semaines, les chenilles se nourrissent
de feuilles. Il est donc important d'enrayer leur progression sans tarder. à la
fin de ce stade, il est facile de reconnaître la chenille: le fond de
sa coloration est gris anthracite, et elle présente dorsalement cinq
paires de points bleus et six paires de rouges. Habituellement la chenille
cesse de se nourrir au début de juillet, puis se transforme en chrysalide,
stade qui dure de 9 à 17 jours.
On trouvera les dépouilles des chrysalides là où les
femelles déposent leurs oeufs. Les papillons adultes sortent à la
fin juillet ou en août. La femelle mesure quelque 30 mm de longueur.
Le fond de sa coloration est blanc, et ses ailes sont ornées de lignes
zigzagantes. Elle est incapable de voler, et meurt environ un jour après
avoir fini de pondre. Le mâle, beaucoup plus petit que la femelle et
de couleur brunâtre, vit pendant environ une semaine, s'accouplant durant
ce temps avec plusieurs femelles.
Habitat
La spongieuse est réputée s'attaquer à environ 500 espèces
d'arbres. Elle préfère les arbres feuillus, surtout le chêne
rouge ou blanc, le peuplier et le bouleau à papier. La destruction des
chênes peut avoir de graves répercussions sur la faune sauvage
des forêts, et plus particulièrement sur le cerf. En effet, cet
animal a besoin des glands du chêne pour rester en bonne santé et
résister aux rigueurs de l'hiver.
Dommages causés
La spongieuse constitue une menace du fait que sa larve dévore les
feuilles tant des conifères que des feuillus. Au stade de la larve,
la chenille de la spongieuse peut manger en moyenne un mètre carré de
feuilles. Les feuilles jouent un rôle important dans la nutrition de
l'arbre, car elle convertissent la lumière en aliments grâce à la
photosynthèse. La réduction du nombre de feuilles servant à capter
les rayons du soleil entraîne une baisse de la production des substances
dont l'arbre se nourrit.Lorsqu'il perd la majorité de ses feuilles,
un arbre feuillu peut parfois produire un nouveau feuillage qui lui permet
de renouveler ses réserves alimentaires, mais des défoliations
répétées peuvent détruire les arbres ou les laisser
dans un état si affaibli qu'ils ne peuvent résister aux attaques
d'autres ravageurs. Une seule défoliation toutefois peut suffire à tuer
un conifère.
Spongieuse asiatique
L'apparition d'une seconde espèce de spongieuse au Canada a suscité de
nouvelles préoccupations. La spongieuse asiatique, signalée
pour la première fois au printemps 1991 dans la région de Vancouver,
a été introduite par mégarde par des navires soviétiques
de charge.
Le cycle de vie de la spongieuse asiatique est semblable à celui de
la souche européenne mais comporte toutefois des différences
importantes: la spongieuse asiatique préfère les conifères,
semble mieux adaptée au froid, et la femelle est capable de voler.
Ces différences en font une menace sérieuse pour les forêts
canadiennes.
Lutte physique
Masse d'oeufs
Les spongieuses peuvent se propager facilement. Le vent peut les transporter sur une distance pouvant atteindre un kilomètre, mais il est plus courant qu'elles s'accrochent aux voitures, aux tentes, aux remorques aux chaises de jardin pour se faire transporter dans de nouvelles régions. Les vacanciers, plus particulièrement les campeurs, devraient être conscients du risque que posent ces insectes et inspecter tout leur équipement avant de rentrer chez eux.
Il faut faire preuve de minutie dans la recherche des pontes, parce qu'elles peuvent être bien dissimulées. On les trouve communément sous les branches, sur les troncs d'arbres, les clôtures, le bois de chauffage, les meubles de jardin, les balançoires, les bateaux, les remorques ou sous les gouttières des maisons. Il est conseillé de détacher à l'aide d'un couteau toute ponte, puis de la déposer dans un seau d'eau chaude additionnée d'eau de Javel ou d'ammoniaque. On peut aussi ramasser chenilles et chrysalides et les écraser, mais il vaut mieux, pour ce faire, porter des gants, car les longs poils de la chenille peuvent provoquer des réactions chez certaines personnes.
Il est important d'enlever les tables de pique-nique, balançoires et meubles de jardin qui se trouvent à l'ombre des arbres, car ils protègent les insectes contre la chaleur du soleil.
Chenilles
Avec une pièce de jute de 45 cm de largeur, il est possible de confectionner un excellent piège. Il s'agit d'enrouler celle-ci autour du tronc d'un arbre à hauteur de poitrine et de passer une ficelle en son milieu pour la fixer en place. Rabattre ensuite le panneau du haut de façon à former une sorte de jupe. Les larves iront s'abriter sous le jute durant la journée pour échapper aux rayons ardents du soleil et seront prises au piège. Vers la fin de la journée, soulever la pièce de jute, enlever les larves et les éliminer conne il est décrit plus haut.
Lutte biologique
Le Bacillus thuringiensis (B.t.) est un insecticide biologique sélectif
utilisé entre autres pour lutter contre les larves (chenilles) de lépidoptères.
Cette bactérie lorsque consommée par la larve, produit un cristal
qui est toxique pour la chenille de la spongieuse, mais qui ne présente
aucun danger pour les mammifères, les abeilles, les oiseaux et les
poissons. Peu de temps après avoir ingéré le B.t., la
chenille cesse de se nourrir et meurt.
Lutte chimique
L'un des moyens chimiques pour détruire les pontes consiste à pulvériser
de l'huile de dormance sur l'arbre à la fin de l'hiver, de façon à provoquer
la mort par asphyxie des oeufs avant leur éclosion. Les produits chimiques
traditionnels homologués pour la lutte contre les chenilles de la spongieuse
peuvent contenir du carbaryl, des pyréthrines, du phosmet et de la perméthrine.
Ce sont des insecticides de contact, et il est plus efficace de les pulvériser
la nuit, au moment où les chenilles s'alimentent.
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