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Dans ce numéro


  Agence de santé publique du Canada

Le Bulletin du SCHIRPTSystème canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes
Numéro 19
janvier 2001

Blessures par contact au hockey mineur : Une analyse de la base de données du SCHIRPT pour la saison de hockey 1998-1999

Steven McFaull, M.Sc.
Bureau de la santé génésique et de la santé de l’enfant

Quelqu’un a déjà décrit le hockey comme un sport que l’on pratique avec un gourdin (le bâton de hockey), des couteaux (les patins) et des balles (les rondelles)1. En effet, les bâtons, dont la vitesse angulaire peut atteindre 40 radians/seconde lors d’un lancer, sont souvent utilisés comme des «armes»; les lames de patin peuvent aussi sectionner des nerfs, des tendons et des vaisseaux sanguins dans les zones non protégées du corps; enfin, la rondelle, dont la force d’impact peut dépasser 5 500 newtons, peut causer de graves blessures vu la surface réduite de sa zone d’impact. Pourtant, malgré le risque élevé de blessure que présente cet «arsenal», les blessures graves au hockey mineur (garçons de 10 à 17 ans) sont surtout causées par les contacts entre joueurs (intentionnels ou non)2.

hockeyClassification par âge et par taille

Les groupements par catégorie d’âge sont un sujet de débat récurrent dans les associations de hockey mineur au Canada. Cela tient en partie au fait que, comme les contacts entre les joueurs sont à l’origine d’une proportion élevée de blessures graves (76,5%, Bernard et al.2), la taille, la vitesse et la force sont des facteurs importants: les larges écarts de taille entre les joueurs peuvent en effet accroître le risque de blessure grave. Et le problème se pose avec encore plus d’acuité au niveau Pee-Wee et Bantam, car c’est à ce stade que les garçons atteignent des vitesses de pointe par rapport à leur taille et à leur poids3,4. Dans une intéressante étude réalisée auprès de joueurs de niveau Bantam au Canada, Bernard et al.2 ont mesuré diverses caractéristiques anthropométriques (taille) et biomécaniques chez les membres de 12équipes de cinq ligues de hockey dans les régions du Québec et de l’Outaouais (saisons 1987-1988 et 1988-1989).

Les joueurs des ligues de compétition sont classés, selon leur niveau de compétence, en joueurs «AA» (très compétents) et «CC» (moins compétents). Aux deux niveaux, la mise en échec est permise. Certaines différences statistiquement significatives (p<0,001) ont certes été observées entre les joueurs «AA» et «CC», mais c’est surtout entre les différents joueurs «CC» que les écarts sont les plus prononcés. Les chercheurs ont en effet observé des écarts de 32mois dans l’âge des joueurs, de 47,7kg dans leur masse corporelle, de 41cm dans leur taille, de 2,3m/s dans leur vitesse de patinage et de 357% dans leur force d’impact (telle que mesurée par une mise en échec simulée sur un panneau conçu à cette fin). Vu l’importance de la masse et de la vitesse dans la physique des collisions5, la taille du joueur pose ici problème. La plage des tailles chez les garçons de 10 à 17 ans est en effet très large (voir figure1)6, comme on peut facilement le constater dans de nombreux arénas au Canada. Ces différences de taille présentent un risque de blessure grave, bien que le risque de collision entre des joueurs du 5e et du 95e percentile soit faible; en fait, la distribution par taille des joueurs de hockey mineur de compétition pourrait ne pas être normale.

Figure 1
Masse corporelle de garçons de 10 à 17 ans

   

 

Données du SCHIRPT: méthodes et analyses

La base de données du SCHIRPT contenait 3165 dossiers concernant le hockey sur glace pour la saison 1998-1999 (du 1er juillet 1998 au 30 juin 1999), dont près de la moitié (49%) portaient sur des blessures par contact (collisions avec d’autres joueurs, contre la bande ou contre un poteau de but, contact avec des patins, des bâtons ou des rondelles) chez des sujets de sexe masculin jouant dans une ligue de hockey mineur. L’analyse qui suit porte sur ces derniers dossiers.

Les cas ont été classés selon les groupes d’âge définis pour le hockey mineur dans les directives de l’Association canadienne de hockey (ACH)3 présentés au tableau 1. Ce tableau donne également le système de classification utilisé aux États-Unis à titre de comparaison. Les quatre groupes du hockey mineur sont les Atomes (10-11 ans), les Pee-Wees (12-13 ans), les Bantams (14-15 ans) et les Midgets (16-17 ans). Bien que ces divisions soient composées pour la plupart de sujets appartenant aux plages d’âge de deux ans en question, elles ne sont pas exclusives. C’est ainsi que, chez les Pee-Wees, 1,3 % des cas étaient du quatrième quartile (nés en octobre, novembre ou décembre) de la 11e année, et 5,1 % du premier et du second quartiles de la 14e année.

Tableau 1
Comparaison des systèmes canadien et américain de groupement par catégorie d’âge au hockey mineur (saison1998-1999)

Division

Canada*

États-Unis

Plage de DDN

Plage d’âge (ans)

Plage de DDN

Plage d’âge (ans)

Midget 1er janvier 1981 -
31 décembre 1982
16-17 1er juillet 1980 -
30 juin 1983
15-17
Bantam 1er janvier 1983 -
31 décembre 1984
14-15 1er juillet 1983 -
30 juin 1985
13-14
Pee-Wee 1er janvier 1985 -
31 décembre 1986
12-13 1er juillet 1985 -
30 juin 1987
11-12
Atome/
«Squirt» (É.-U.)
1er janvier 1987 -
31 décembre 1988
10-11 1er juillet 1987 -
30 juin 1989
9-10
*Manuel de l’Association canadienne de hockey (ACH) (www.canadianhockey.ca)

USA Hockey Handbook (www.usahockey.com)

DDN= Date de naissance

   

 

Circonstances

Le tableau 2 donne les circonstances dans lesquelles se sont produites les blessures en fonction du groupement par âge. Chez les Atomes, où il n’y a habituellement aucune mise en échec, un bon quart des blessures sont causées par des collisions non intentionnelles entre joueurs et 16,8 % par des collisions contre la bande (aucun autre joueur impliqué), ce qui est environ deux fois supérieur à ce que l’on observe dans les trois autres divisions. Cette proportion élevée peut sans doute s’expliquer en partie par le plus jeune âge des joueurs, qui en sont encore à développer leurs aptitudes de patineurs et leur «sens du hockey». La documentation sur les blessures au hockey porte souvent sur les joueurs Bantams. Dans l’ensemble de données actuel, c’est chez ces derniers que l’on compte le nombre le plus élevé (101,7) de cas pour 1000 blessures de tous types chez les enfants d’«âge Bantam» au cours de la saison 1998-1999. Pour la saison 1988-1989, Bernard et al.2 avaient établi que 38,4 % des blessures mineures et 53,1 % des blessures majeures avaient été causées par une mise en échec. Selon l’analyse des données du SCHIRPT, les mises en échec reçues, légales et illégales, ont causé 60,6 % de toutes les blessures par contact chez les Bantams. Dans 35 cas (2,3 %), la victime était un gardien de but. Dans 15 cas, la blessure résultait d’une collision involontaire avec un autre joueur; le contact avec un bâton, une rondelle ou un patin représentait 19 de ces 35 cas; enfin dans un cas, les circonstances à l’origine de l’accident étaient inconnues.

Tableau 2
Causes et circonstances des blessures associées à
des collisions/contacts figurant dans la base de données
du SCHIRPT pour le hockey mineur organisé (10-17ans)
au cours de la saison de hockey 1998-1999

Cause* circonstances

Division Dénombrement (% du total)

Atomes

Pee-Wee

Bantam

Midget

Ensemble

Plaquage sur la bande (légal) 32 (15,8) 130 (27,7) 196 (31,2) 61 (24,3) 419 (27,0)
Collision non intentionnelle avec un autre joueur 51 (25,2) 63 (13,4) 71 (11,3) 32 (12,7) 217 (14,0)
   collision complète 39 46 49 24 158
   chute de l’autre joueur sur le patient 12 10 8 3 33
   genou contre genou ou jambe contre jambe 0 7 14 5 26
Mise en échec avec le corps (légale) 10 (5,0) 46 (9,8) 82 (13,0) 39 (15,5) 177 (11,4)
Collision contre la bande ou chute sur la bande (sans autre joueur impliqué) 34 (16,8) 46 (9,8) 43 (6,8) 20 (8,0) 143 (9,2)
Coup de bâton 26 (12,9) 24 (5,1) 61 (9,7) 30 (12,0) 141 (9,1)
   cinglage 10 7 25 10 52
   bâton élevé 7 3 12 7 29
   charge frontale ou latérale 0 2 1 2 5
   dardage 0 2 1 1 4
   non spécifié 9 10 19 9 47
   involontaire 0 0 3 1 4
Coup de rondelle 10 (5,0) 51 (10,9) 37 (5,9) 18 (7,2) 116 (7,5)
Mise en échec – sur la glace (légale) 9 (4,5) 49 (10,4) 42 (6,7) 13 (5,2) 113 (7,3)
Plaquage par derrière sur la bande (illégal) 10 (5,0) 24 (5,1) 36 (5,7) 10 (4,0) 80 (5,2)
Exécution (ou tentative) de mise en échec 1 (0,5) 13 (2,8) 19 (3,0) 9 (3,6) 42 (2,7)
   pendant l’exécution 1 10 14 4 28
   tentative ratée ou partiellement ratée 0 3 5 5 14
Mise en échec– sur la glace (illégale) 5 (2,5) 3 (0,6) 13 (2,1) 2 (0,8) 23 (1,5)
Coup de lame de patin 4 (2,0) 6 (1,3) 7 (1,1) 6 (2,4) 23 (1,5)
Mise en échec (illégale) 2 (1,0) 1 (0,2) 12 (1,9) 3 (1,2) 18 (1,2)
Coup de coude 1 (0,5) 5 (1,1) 5 (0,8) 6 (2,4) 17 (1,1)
Collision contre un poteau de but 6 (3,0) 6 (1,3) 4 (0,6) 0 (0,0) 16 (1,0)
Inconnu 1 (0,5) 1 (0,2) 1 (0,2) 2 (0,8) 5 (0,3)
En attente sur le banc des joueurs 0 (0,0) 1 (0,2) 0 (0,0) 0 (0,0) 1 (0,0)
Totaux 202
(100,0)
469
(100,0)
629
(100,0)
251
(100,0)
1551
(100,0)
Nombrede cas/1000§ 35,4 66,0 101,7 88,7 71,0
*Chaque dossier a été classé dans une catégorie d’après le niveau de détail de la description de l’accident.

Chez les Atomes, les mises en échec sont généralement illégales (voir texte pour détails).

L’Association canadienne de hockey a adopté les règles suivantes pour la classification par âge (garçons, saison 1998-1999, Tableau 1): Atomes: joueurs nés en 1987 et 1988; Pee-Wees: joueurs nés en 1985 et 1986; Bantams: joueurs nés en 1983 et 1984; Midgets: joueurs nés en 1981 et 1982.

§ Nombre de cas pour 1000 cas de tous types dans le SCHIRPT selon la classification par âge indiquée pour la «saison» 1998-1999. L’utilisation du nombre de cas pour 1000 dans un groupe d’âge (au lieu du pourcentage global par groupe d’âge) permet de faire des ajustements pour les différentes distributions par groupe d’âge dans la base de données.
   

 

Types de blessures

Globalement, les blessures aux membres supérieurs représentaient près de la moitié (46,6 %) des blessures (tableau 3). Cette proportion est semblable à celle observée dans les autres sports organisés (41,6 %) ainsi que pour l’ensemble des blessures du SCHIRPT (43,5 %). Les fractures de la clavicule sont fréquentes au hockey de contact, représentant près du tiers des fractures des membres supérieurs dans cet ensemble de données. La plupart des fractures de la clavicule (83,8 %) sont survenues dans les divisions Pee-Wees et Bantams et, parmi ces fractures, 45,9 % résultaient d’un plaquage légal sur la bande. Par rapport aux autres sports organisés et à l’ensemble de la base de données, au hockey, les blessures aux membres inférieurs sont moins fréquentes et les blessures au tronc et à la colonne dorsale plus fréquentes. La fréquence moindre des blessures aux membres inférieurs pourrait en partie s’expliquer par le fait que nous n’avons pas tenu compte, dans cette étude, des blessures d’hyperextension, très fréquentes au hockey, notamment dans la région de l’aine et de l’intérieur de la cuisse.


Tableau 3
Région du corps atteinte et nature de la blessure*– blessures associées au hockey mineur chez les garçons âgés de 10-17ans, selon la base de données du SCHIRPT pour la saison 1998-1999

Région du corps/nature de la blessure

nbre(%)
de cas

% pour les
autres sports
organisés dans
le SCHIRPT

% pour
l’ensemble
du SCHIRPT

Membres supérieurs 722 (46,6) 41,6 43,5
fracture 368    
   clavicule 117    
   poignet, main et doigts 111    
   avant-bras 107    
   coude 13    
   bras 12    
   omoplate 8    
foulure et entorse 153    
lésion superficielle 131    
luxation 28    
blessure ouverte 21    
lésion des muscles ou des tendons 20    
lésion par écrasement 1    
Tête, visage et cou 363 (23,4) 19,3 22,7
lésion mineure à la tête 136    
commotion 57    
lacération faciale 51    
entorse cervicale 47    
lacération ou lésion superficielle du cuir chevelu 15    
blessure aux dents 6    
fracture faciale 4    
blessure à l’oeil (aux yeux) 2    
autre lésion au visage et au cou 45    
Membres inférieurs 285 (18,4) 33,2 26
foulure et entorse 110    
lésion superficielle 88    
fracture 50    
   jambe 26    
   cuisse 10    
   cheville, pied, orteils 8    
   genou 6    
lésion des muscles ou des tendons 25    
lésion par écrasement 1    
lésion nerveuse 1    
autre lésion des membres inférieurs 10      
Tronc 152 (9,8) 5,1 5,4
lésion superficielle au dos ou au thorax 61    
lumbago/entorse dorso-lombaire 39    
lésion interne à l’abdomen 6    
fracture du thorax 5    
fracture de la colonne vertébrale 1    
autre lésion au tronc 40    
Atteinte générale 14 (0,9) 0,3 1,5
Aucune lésion détectée ou inconnu 15 (1,0) 0,4 0,7

Total 1551 (100,0) 100 99,8 §
*Le système de déclaration du SCHIRPT permet d’inscrire jusqu’à trois blessures. Dans ce tableau, seule la première blessure, qui est aussi la plus grave, est indiquée. Dans 1% des cas, aucune blessure n’a été décelée ou le patient a quitté sans avoir été examiné; 94,8% des cas n’avaient qu’une seule blessure, 3,9% en avaient deux, et 0,3% en avaient trois.

† Pourcentage de blessures chez les garçons de 10-17 ans participant à des sports organisés (autres que le hockey sur glace) figurant dans la base de données du SCHIRPT entre le 1er juillet 1998 et le 30 juin 1999 pour la région du corps donnée.

‡ Pourcentage de blessures chez les garçons de 10-17 ans dans toute la base de données du SCHIRPT entre le 1er juillet 1998 et le 30 juin 1999 pour la région du corps donnée.

§ Les lésions multiples de plus d’une région du corps représentaient les 0,2% restants.
   

 

Admissions à l’hôpital

En général, dans la base de données du SCHIRPT, le pourcentage d’hospitalisation des sujets blessés dans le cadre de sports organisés est moins élevé que celui de l’ensemble de la base de données. Le tableau 4 donne ce pourcentage selon le groupe d’âge pour le hockey sur glace, les autres sports organisés et l’ensemble des dossiers du SCHIRPT, pour la «saison» 1998-1999. Globalement, la proportion des admissions à l’hôpital est plus élevée pour le hockey sur glace que pour les autres sports organisés, mais moins élevée que pour l’ensemble de la base de données. Il ne faut cependant pas oublier que le rapport entre les blessures infligées pendant les parties et les blessures infligées pendant les séances d’entraînement varie selon les sports. En général, au hockey, les premières sont proportionnellement beaucoup plus nombreuses que les secondes, sans doute à cause de l’intensité accrue du jeu pendant les parties. Selon une étude américaine7 le taux de blessures pour 1000 expositions-athlètes y serait près de sept fois plus élevé pendant les parties que pendant les séances d’entraînement (16,2 contre 2,4). Dans la base de données du SCHIRPT, les données sur le hockey sur glace organisé portent sans distinction sur les blessures infligées pendant les parties et pendant les séances d’entraînement, et il n’est habituellement pas possible de les distinguer à moins que le mot «ENTRAÎNEMENT» ou «PRATIQUE» ne figure dans la description (ce qui n’est le cas que de 1,7% des cas dans l’ensemble des données du SCHIRPT). La proportion des hospitalisations pourrait donc également être différente selon le contexte.

Tableau 4
Pourcentage de patients hospitalisés par division (groupe d’âge) au hockey sur glace, dans les autres sports organisés et pour l’ensemble des cas inscrits dans le SCHIRPT, chez les garçons de 10-17 ans, entre le 1
er juillet 1998 et le 30 juin 1999

Division

Hockey sur glace

Autres sports organisés*

Ensemble des cas
du SCHIRPT

Atome

2,5

3,6

5,4

Pee-Wee

4,3

2,1

6,4

Bantam

4,8

2,8

7,2

Midget

3,2

1,7

6,7

Ensemble

4,1

2,6

6,4

*Ensemble des sports codés sous le code de contexte41 (compétition ou pratique organisée), à l’exclusion du hockey sur glace, chez les garçons du «groupe d’âge» donné, entre le 1er juillet 1998 et le 30 juin 1999 inclusivement.

† Ensemble des cas inscrits dans le SCHIRPT pour les garçons du «groupe d’âge» donné, entre le 1er juillet 1998 et le 30 juin 1999 inclusivement.

   

 

Intervention

Le hockey sur glace est un sport violent en soi. C’est là un aspect que l’on ne pourra jamais totalement éliminer chez des sujets de sexe masculin de 12 à 13 ans. Tout effort visant à contrôler les blessures commande habituellement une approche concertée, comme l’illustre bien une forme du modèle conceptuel de Haddon (tableau 5). Les diverses cellules de la matrice de Haddon couvrent les principaux aspects de la sécurité du hockey sur glace, dont certains sont analysés brièvement ci-dessous.

Tableau 5
Mesures de contrôle des blessures associées au hockey sur glace organisé

Chronologie

Humain (le sujet blessé et les autres)

Environnement physique
et technique

Environnement social,
économique et législatif

Avant
  • Entraînement de la force– notamment des muscles du cou
  • Entraînement de la souplesse– notamment des membres inférieurs
  • Conditionnement général pour réduire les blessures de fatigue
  • Remplacement du vieil équipement de
    protection
  • Ajustement de l’équipement de protection– notamment les épaulières et les casques
  • Conception de l’équipement de protection
  • Entretien de la glace
  • Température de l’aréna
  • Conception des bandes, des bandes de verre et des poteaux de but
  • Regroupements par âge
  • Stratification par âge au sein des regroupements
  • Faire connaître le fait que les casques protecteurs ont une durée utile de 3-5ans
  • Rendre obligatoire le port de la visière faciale
  • Interdire la mise en échec
  • Améliorer les normes des casques protecteurs
  • Promouvoir le port de protège-cou
Pendant
  • Comportement des entraîneurs lorsque l’équipe perd
  • Bonne technique de mise en échec
  • Port d’un équipement protecteur récent et bien ajusté
  • Bon entretien des surfaceuses de patinoire
  • Réduction du nombre des opérations quotidiennes de resurfaçage
  • Entretien du système de ventilation de l’aréna
  • Officiels– tolérance zéro pour les mises en échec et manoeuvres illégales
Après
  • Suspensions ou interdictions (dans le cas des récidivistes) des joueurs qui frappent par derrière
  • Réadaptation appropriée des joueurs blessés pour éviter une nouvelle blessure; p.ex.,éviter le retour prématuré au jeu des joueurs victimes de commotions
  • Conditionnement général pour accélérer le rétablissement
 
  • Mettre en place des procédures médicales d’urgence dans les arénas
  • Présence de secouristes qualifiés sur place
  • Proximité des hôpitaux ou des cliniques
  • Prévoir des moyens de transport
   



HockeyÉquipement protecteur

L’équipement protecteur est, bien sûr, essentiel dans un sport comme le hockey, même en l’absence de mises en échec. Mais en réalité, les individus qui jouent au hockey récréatif organisé (sans mises en échec) portent souvent de l’équipement trop petit ou trop vieux. Lorsqu’un joueur porte, par exemple, des épaulières trop petites, les plaques de plastique rigide qui devraient normalement se trouver sur la face latérale du deltoïde se trouvent en fait sur le dessus: ainsi, si le joueur frappe la bande, elles n’absorberont pas l’énergie de l’impact et le joueur risque davantage de se fracturer la clavicule. De la même façon, les culottes trop petites ne protègent pas suffisamment les reins. Le rembourrage de l’équipement usé a aussi parfois perdu une partie de sa capacité d’absorber les chocs; les casques protecteurs, notamment, ont une durée de vie limitée (en général de 3 à 5 ans, selon les fabricants). Les ligues de hockey mineur organisé obligent certes les joueurs à porter de l’équipement protecteur, mais c’est aux entraîneurs et aux parents qu’il revient de s’assurer que cet équipement est bien ajusté, en particulier chez les garçons en pleine croissance des divisions Pee-Wees et Bantams. Bien que le port du casque et du masque protecteur ait fait l’objet d’une vaste campagne de publicité et soit bien accepté, les protège-cou n’ont pas reçu autant d’attention, sauf pour les gardiens de but. Ces appareils peuvent protéger contre diverses lésions traumatiques, comme les lacérations causées par les lames de patin et les impacts de rondelle ou de bâton.

Patins

Les patins bien ajustés, offrant un bon soutien pour la cheville, protègent contre les blessures potentielles en diminuant le nombre de chutes et en augmentant le contrôle.

Entraînement de la force musculaire et conditionnement physique

Des muscles forts protègent les articulations et permettent au corps de mieux tolérer les impacts. La documentation sur le sujet est cependant peu abondante. Une étude8 a mis en évidence un effet apparemment protecteur qui mérite d’être étudié davantage. Un conditionnement général peut aider à prévenir les blessures liées à la fatigue et favoriser la guérison des blessures existantes. Les entraîneurs et les instructeurs doivent cependant faire preuve de prudence, car la pratique intensive d’exercices physiques (notamment les activités anaérobie) en plus des parties et des pratiques de hockey risque de surmener l’athlète9 et de le rendre ainsi plus vulnérable aux blessures.

Mises en échec

Il y a deux grands types de mises en échec : les plaquages sur la bande et les mises en échec sur la glace. Dans les deux cas, la mise en échec peut être légale ou illégale. On ignore au juste si les mises en échec illégales causent plus de blessures que les autres. Dans la base de données actuelle du SCHIRPT, les plaquages illégaux sur la bande (c.-à-d. les mises en échec par derrière) ont entraîné l’hospitalisation de 6,3 % des joueurs par opposition à 3,8 % pour plaquages légaux. Par contre, la totalité des blessures dues aux mises en échec légales représentaient 45,7 % de toutes les blessures, alors que celles résultant de mises en échec illégales ne représentaient que 7,8 %, sans qu’il y ait de différences majeures dans la nature de la blessure ou le pourcentage d’hospitalisations. Ainsi, en termes de nombre, la majorité des blessures sont causées par des mises en échec légales. Selon l’ACH, la mise en échec est généralement permise à partir du niveau pee-wee; dans les ligues récréatives, par contre, la mise en échec n’est jamais autorisée. L’association a mis sur pied un projet pilote pour mettre à l’essai la mise en échec au niveau atome. Cela pourrait ne pas poser de problème, car les mises en échec sont moins violentes à ce niveau vu la plus petite taille des joueurs et leur vitesse de patinage moindre.

Classification selon l’âge

Même si l’on appliquait rigoureusement les règles pour éliminer toutes les mises en échec illégales, il resterait toujours les blessures causées par les mises en échec légales ou les collisions accidentelles. C’est pourquoi le classement par catégorie d’âge est important. Comme nous l’avons déjà mentionné, la question fait l’objet de vifs débats dans les associations de hockey, chez les entraîneurs et chez les parents. Lors d’une récente réunion (septembre 2000), les sections membres de l’ACH se sont entendues sur certaines recommandations (non encore définitives) à ce sujet: la catégorie des Midgets regrouperait ainsi une plage de trois ans (15-17 ans) et les autres catégories rajeuniraient d’un an. Cela équivaut en fait au système américain (tableau 1), sauf pour la date butoir, qui demeure le 31 décembre au lieu du milieu de l’année comme aux États-Unis. Certaines sections de l’ACH divisent déjà leurs ligues Bantams et Midgets en joueurs mineurs (première année) et majeurs (deuxième année) afin de réduire les écarts liés à la taille et aux habiletés.

Qualité de l’air dans les arénas

Bien qu’il n’en soit pas souvent question dans les publications sur les blessures, l’exposition aux polluants dans les arénas constitue un problème de santé publique10. Au cours d’une journée d’utilisation de 14 à 18 heures, les surfaceuses à essence peuvent en effet produire des concentrations élevées d'oxyde de carbone (CO) et de dioxyde d’azote (NO2). Les concentrations atteintes en bout de ligne dépendent de l’entretien de ces machines et du système de ventilation de l’immeuble. L’exposition à ces polluants peut causer des maladies respiratoires aiguës et parfois même des intoxications. Le CO peut également diminuer la vigilance et l’acuité visuelle chez des individus par ailleurs en bonne santé, ce qui peut provoquer des accidents par la suite. Tous ceux qui se trouvent dans l’aréna (le personnel, les spectateurs, les joueurs) sont exposés, mais les joueurs le sont encore plus à cause du rythme élevé de leur respiration.

Conclusion

Les données du SCHIRPT et d’autres études révèlent que le contact corporel est le principal mécanisme de blessure chez les sujets de sexe masculin qui jouent dans des équipes de hockey mineur organisé. D’autres recherches épidémiologiques devraient étudier les circonstances détaillées dans lesquelles surviennent ces blessures et se pencher sur l’efficacité des diverses mesures de contrôle adoptées pour corriger la situation.

Références

1. Sim FH, Chao EY. Injury potential in modern ice hockey. Am J Sports Med 1978; 6(6):378-84.

2. Bernard D, Trudel P, Marcotte G, Boileau R. The incidence, types, and circumstances of injuries to ice hockey players at the Bantam level (14 to 15 years old). Dans: Castaldi CR, Bishop PJ, Hoerner EF, éds. Safety in ice hockey: second volume. ASTM STP 1212. Philadelphia: American Society for Testing and Materials, 1993:44-55.

3. Association canadienne de hockey (ACH), www.canadianhockey.ca.

4. Haywood KM. Life span motor development. 2e éd. Illinois: Human Kinetics Publishers, 1993.

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Dernière mise à jour : 2001-02-16 début