Santé Canada - Gouvernement du Canada
Sautez à la barre de navigation de gaucheSautez des barres de navigation au contenu
Santé de l'environnement et du milieu de travail

Uranium appauvri

Question

Depuis la guerre du Golfe, les Canadiens sont préoccupés par les effets de l'exposition à l'uranium appauvri sur la santé.

Contexte

L'uranium est présent dans la nature et est environ 40 fois plus abondant que l'argent. On dénombre trois isotopes : l'uranium 234, l'uranium 235 et l'uranium 238, qui sont présents respectivement dans les proportions suivantes : 0,005 pour cent, 0,7 pour cent et 99,3 pour cent en poids.

Les réacteurs nucléaires de conception canadienne (CANDU) utilisent l'uranium naturel et l'eau lourde. Cependant, dans la plupart des pays, les réacteurs sont refroidis à l'eau ordinaire et ont besoin de l'isotope 235. On fait passer habituellement le pourcentage d'uranium 235 de 0,7 pour cent à entre 3 et 5 pour cent, et le pourcentage en poids de l'uranium 234 est également augmenté.

L'uranium appauvri est un sous-produit de ce processus d'enrichissement. L'uranium qui reste dans l'uranium métal appauvri est environ 40 pour cent moins radioactif que l'uranium naturel. À des fins de comparaison, l'uranium appauvri est 10 millions de fois moins radioactif, gramme pour gramme, que l'américium 241, qui est employé dans les détecteurs de fumée.

L'uranium appauvri est lourd, et sa masse volumique est presque le double de celle du plomb. Pour cette raison, il est couramment employé comme contrepoids dans les aéronefs, les yachts et les voitures de course professionnelles, comme blindage contre le rayonnement dans les appareils de radiothérapie en médecine et dans le transport des isotopes radioactifs. Les militaires l'utilisent dans le blindage des chars, dans les engins anti-chars et comme projectile. Les armes à l'uranium appauvri sont considérées comme étant des armes classiques et ont été largement utilisées durant la guerre du Golfe en 1990, en 1994-1995 en Bosnie et en 1999 au Kosovo. Les Forces canadiennes ont récemment remplacé l'uranium appauvri dans leurs armes par du tungstène.

Exposition à l'uranium appauvri

Lorsqu'une arme à l'uranium appauvri frappe une cible, l'uranium prend généralement feu. L'uranium appauvri contenu dans un blindage brûlera également s'il est frappé par une arme, ou en cas d'écrasement d'un aéronef qui le transporte. La combustion de l'uranium appauvri produit des poussières et des aérosols sous forme d'oxydes qui peuvent être inhalés directement ou consommés dans les aliments, l'eau potable ou le sol contaminés ayant reçu ces poussières.

La population en général au Canada n'est pas à risque pour ce qui est de l'incorporation d'uranium. Les militaires qui démontent des pièces d'aéronefs et d'autres pièces d'équipement lourd et les équipes d'urgence qui interviennent en cas d'accident mettant en cause de l'uranium appauvri sont exposés à des risques élevés. L'inhalation d'uranium appauvri est la voie d'exposition à l'uranium appauvri la plus courante.

Comme on trouve de l'uranium partout dans la nature, vous avez en moyenne environ 90 microgrammes d'uranium dans le corps qui proviennent de l'incorporation quotidienne d'air, d'eau et d'aliments. Environ 66 pour cent de cette quantité est stockée dans les os, 16 pour cent dans le foie, 8 pour cent dans les reins et 10 pour cent dans d'autres tissus. En raison de la présence de l'uranium naturel, il est impossible de confirmer une incorporation présumée à l'uranium appauvri par des mesures de l'uranium total.

L'uranium appauvri dans le corps est détecté efficacement par des essais spécialisés qui mesurent les quantités relatives des isotopes dans l'urine ou les cheveux.

Risques de l'uranium appauvri pour la santé

L'uranium appauvri peut présenter soit des risques radiologiques ou des risques chimiques pour la santé, selon qu'il est soluble ou insoluble. L'uranium soluble présente des risques plus grands de toxicité chimique, parce qu'il est facilement transporté vers les reins, l'organe le plus vulnérable. L'uranium insoluble présente de plus grands risques de toxicité radiologique, parce qu'il risque de se loger dans les poumons et d'irradier de façon continue les tissus sensibles des poumons.

Les études montrent que lorsque des oxydes d'uranium appauvri se forment suite à un impact sur une cible dure, ils sont généralement insolubles à environ 74 pour cent dans le fluide pulmonaire. Les oxydes formés par la combustion sont insolubles dans une proportion d'environ 93 à 100 pour cent, ce qui signifie que les risques pour la santé dans les deux cas sont principalement radiologiques.

Le millisievert est l'unité employée pour mesurer le rayonnement. La quantité de rayonnement reçue en provenance du rayonnement de fond au Canada est d'environ deux millisieverts par année. Les installations réglementées au Canada ne sont pas autorisées à laisser le grand public recevoir une exposition de plus de un millisievert par année (en plus du rayonnement naturel). Toutes les installations doivent maintenir les expositions au rayonnement au niveau le plus bas qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre, étant donné que l'on suppose qu'aucun niveau de rayonnement n'est absolument sûr.

L'inhalation est la voie d'exposition la plus probable pour l'uranium appauvri. Le fait de respirer de l'uranium appauvri insoluble, sous forme de poussières ou de fumées, est également la voie d'incorporation la plus risquée parce que l'uranium demeure dans les poumons pendant une longue période, habituellement plus de100 jours. Pour recevoir une dose de rayonnement de un millisievert, il faudrait inhaler huit milligrammes d'uranium appauvri insoluble.

Les expériences montrent que la concentration maximale d'uranium appauvri sous forme d'oxydes dans un panache de feu peut atteindre 0,000014 milligrammes par mètre cube dans un rayon de 30 mètres autour de l'objet en feu. Il vous faudrait respirer continuellement cet air à cette même concentration pendant 68 ans pour recevoir une dose de rayonnement de un millisievert. En d'autres mots, l'exposition à la concentration la plus élevée d'uranium appauvri en suspension dans l'air pendant un an donnerait lieu à une dose de rayonnement de seulement 0,02 millisievert, soit en environ un pour cent du rayonnement naturel au Canada. Si la concentration totale d'uranium appauvri en suspension dans l'air diminue de moitié par rapport à la concentration originale en 10 minutes, situation la plus probable, la dose de rayonnement reçue en un an serait beaucoup moins élevée.

Les essais indiquent que lorsqu'un char est perforé par un obus contenant de l'uranium appauvri, la personne qui se trouve à l'intérieur du char pourrait respirer, en moyenne, 106 milligrammes d'uranium appauvri. Une incorporation unique de cette quantité pourrait résulter en une dose de 13 millisieverts. Cette dose de rayonnement possible reçue lors d'un accident unique se situe en deçà de la limite de dose des travailleurs qui est de 20 millisieverts par année.

L'exposition externe à l'uranium appauvri est moins risquée. Il faudrait être entouré complètement d'uranium métal appauvri 24 heures par jour pendant une semaine pour recevoir une dose de un millisievert.

En bref, il est possi ble d'estimer les dangers potentiels de l'exposition à l'uranium appauvri. Il est improbable que vous soyez exposé à suffisamment d'uranium appauvri pour que cela présente des risques radiologiques pour la santé.

Pour de plus amples renseignements

Pour en savoir davantage concernant le rayonnement et les effets sur la santé de l'uranium naturel et de l'uranium appauvri, consulter les sources suivantes.

  1. Commission de contrôle de l'énergie atomique, « Canada : Vivre avec le rayonnement », 1995.
  2. Santé Canada, « Uranium in Drinking Water, Public Document for Comment », 1999. On peut consulter ce document dans le site Web de Santé Canada à l'adresse suivante : www.hc-sc.gc.ca , et en faisant une recherche pour l'expression « uranium eau potable ».
  3. Merril Eisenbud, « Environmental Radioactivity » , 2e édition, Academic Press, New York (1973).
  4. Organisation mondiale de la santé, « Depleted Uranium - Sources, Exposure and Health Effects », Genève (Avril 2001).

Préparé par : Bonnie Laing
Date : Le 30 mai 2002
Version provisoire : 3

Participation de Dorothy Meyerhof, le 29 mai 2002

Mise à jour : 2004-06-23 Haut de la page