Introduction
1. Chaque année, un certain nombre de
personnes sont victimes des effets indésirables
d'aliments qu'elles ont consommés. Au Canada
et aux États-Unis, on estime qu'entre 1 % et 2 %
des adultes sont allergiques à un ou plusieurs aliments.
Chez les enfants, l'incidence est légèrement
plus élevée, soit environ 5 % à 8 %.
Malheureusement, il n'existe aucune donnée fiable
pour confirmer le pourcentage de la population sensible aux
allergies alimentaires. Chez certains enfants, les allergies
disparaissent avec l'âge, en particulier chez les
enfants allergiques aux oeufs, au lait, au soya et au
blé. Cependant, certaines allergies alimentaires se
poursuivent à l'âge adulte et peuvent avoir
des conséquences graves, comme les allergies aux
arachides et aux produits dérivés. Il arrive aussi
que des adultes qui n'avaient auparavant aucun
problème à consommer certains aliments soient
victimes de graves réactions allergiques à ces
mêmes aliments. Il n'existe actuellement aucun
remède aux allergies alimentaires, sauf se garder de
consommer l'aliment en cause.
2. Les symptômes d'une allergie
alimentaire peuvent se manifester tout de suite après
l'ingestion de l'aliment ou plus tard. La
gravité des réactions immédiates varie
grandement d'une éruption cutanée ou une
légère sensation de démangeaison dans la
bouche, aux migraines ou au choc anaphylactique et à la
mort. Une réaction anaphylactique se produit lorsque le
système immunitaire déjà sensibilisé
réagit de façon excessive à la présence
d'un allergène particulier. L'anaphylaxie
est une atteinte multisystémique; la peau, les
systèmes gastro-intestinal et cardio-vasculaire et les
voies respiratoires supérieures et inférieures
peuvent être touchés. Les symptômes suivants
peuvent apparaître: démangeaison du nez, des yeux
et du visage; rougeur du visage et du corps; enflure des
yeux, du visage, des lèvres, de la langue et de la
gorge; urticaire; vomissements; diarrhée; respiration
sifflante; pressentiments, peur et appréhension;
faiblesses et étourdissements; incapacité de
respirer; perte de conscience; et coma. Dans le pire des cas,
la réaction peut être mortelle. Certains aliments
peuvent provoquer des réactions indésirables qui ne
sont pas de véritables réactions allergiques.
L'intolérance au lactose et au glutamate mono
sodique en sont des exemples.
3. La variabilité des réactions
est fréquente chez les personnes atteintes
d'allergies alimentaires. Très souvent,
l'importance de la réaction est directement
proportionnelle à la quantité de l'aliment
allergène qu'a consommé la personne
allergique. Les personnes qui souffrent d'asthme
tendent à réagir beaucoup plus violemment aux
allergènes alimentaires. Même si les doses
critiques (c.-à-d. la quantité de protéine
allergène nécessaire pour provoquer une
réaction allergique) d'aliments allergènes
précis sont inconnues, certains résultats
révèlent qu'il faut aussi peu que de 1 à
2 mg (et même moins dans certains cas) de
l'aliment en cause pour déclencher une
réaction allergique chez les personnes sensibles.
4. Les réactions aux aliments peuvent
varier d'un pays à l'autre en fonction du
régime alimentaire de la population. Par exemple, au
Canada et aux États-Unis, les aliments à
l'origine de la majorité des réactions graves
sont sensiblement les mêmes. Santé Canada et
l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) ont
dressé la liste des dix aliments responsables
d'environ 90 % des effets indésirables graves des
aliments au sein de la population canadienne. Il s'agit
des arachides, des noix, du soya, du lait, des oeufs, du
poisson, des fruits de mer, des graines de sésame, des
sulphites et du blé. Même si les sulphites ne
constituent pas de véritables allergènes, ils
peuvent provoquer un effet indésirable susceptible de
déclencher un choc anaphylactique et entraîner la
mort. C'est la gravité des effets
indésirables qui a mené à leur inscription sur
la liste prioritaire des allergènes.
5. De même, la consommation de
blé, de seigle, d'avoine, d'orge et de
triticale peut miner de façon importante la qualité
de vie des personnes atteintes de coeliaque puisqu'elle
augmente le risque de lymphome et d'ostéoporose
chez ces personnes. Pour ce qui est du blé, diverses
céréales ont été associées à
des réactions allergiques à médiation IgE et
des réactions anaphylactiques au blé ont
été signalées chez les enfants. Pour cette
raison, le blé fait partie de la liste prioritaire
d'allergènes.
6. Les consommateurs se fient principalement
à la formulation précise et à
l'étiquetage des produits pour éviter de
consommer des aliments qui contiennent des ingrédients
auxquels ils pourraient être allergiques. La conception
et le nettoyage adéquats de l'équipement, la
prévention de la contamination croisée par des
allergènes au cours de la fabrication et
l'utilisation appropriée de produits
retravaillés constituent d'autres mesures
efficaces de surveillance des allergènes alimentaires.
(Les produits retravaillés sont des aliments
transformés réintroduits dans la chaîne de
production).
Réglementation en matière
d'allergènes alimentaires au Canada
7. Au Canada, plusieurs lois portent sur
l'étiquetage des produits alimentaires.
L'Agence est chargée d'assurer
l'application des dispositions de la Loi sur les
aliments et drogues et de la Loi sur
l'emballage et l'étiquetage des produits de
consommation en ce qui a trait à
l'étiquetage des aliments. D'autres lois
dont l'Agence est chargée d'assurer
l'application, comme la Loi sur les produits
agricoles au Canada, la Loi sur l'inspection
des viandes et la Loi sur l'inspection du
poisson, ont des règlements relatifs à
l'étiquetage.
8. En particulier, le Règlement sur
les aliments et drogues stipule que tous les
ingrédients doivent figurer sur l'étiquette
d'un produit alimentaire. Le titre I du Règlement
prévoit qu'une liste de tous les ingrédients
et constituants (c.-à-d. les ingrédients des
ingrédients) doivent figurer sur l'étiquette
de la majorité des produits préemballés. En
vertu du sous- section B.01.009(1), les constituants de 36
ingrédients ou groupes d'ingrédients
n'ont pas à être indiqués sur
l'étiquette d'un produit. Cependant, des
ingrédients susceptibles de poser des problèmes aux
personnes allergiques font partie de cette liste. Par
exemple, la margarine peut contenir des produits laitiers et
la viande peut contenir des agents de remplissage à base
de blé. Santé Canada procède à
l'examen du Règlement pour garantir
l'homogénéité de l'étiquetage
des dix principaux allergènes alimentaires qui figurent
sur la liste prioritaire des allergènes (tel que
reconnus par la Commission du Codex Alimentarius en 1997)
afin de protéger les consommateurs.
9. Le projet de règlement sur
l'étiquetage exigera (entre autres) des fabricants
qu'ils indiquent sur l'étiquette les
constituants et ingrédients auparavant exemptés,
tel que définit au section B.01.009 du
Règlement sur les aliments et drogues. Dans les
cas où un ou plusieurs ingrédients allergènes
ou constituants d'ingrédients sont ajoutés
soit directement à un aliment soit indirectement en
raison de l'utilisation dans un ou plusieurs
ingrédients de cet aliment, cet ingrédient ou
constituant d'un ingrédient ou produit connexe,
devra figurer sous son nom usuel dans la liste des
ingrédients de l'aliment comme s'il
était un ingrédient de celui-ci. Les sulphites ou
les agents de sulfitage doivent apparaître sur
l'étiquette lorsqu'ils sont ajoutés et
présents à un niveau égal ou supérieur
à 10 parties par million (ppm). On propose également
d'indiquer le nom usuel de la source végétale
de chacun des aliments suivants: protéines
végétales hydrolysées, amidons et amidons
transformés, farine et gluten.
|