|
Répondre à l'urgence par l'éducation,
l'action sociale et les services communautaires : Portrait d'un
organisme dirigé par des utilisateurs de drogue
Étude de cas du VANDU
(Réseau des utilisateurs de drogue de la région de Vancouver)
Préparé pour le :
Programme de prévention, de soutien et de recherche pour l'hépatite
C
Division de l'hépatite C
Direction générale de la santé de la population et de la santé publique
Notre mission est d'aider les Canadiens et les
Canadiennes à maintenir et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada
Pour obtenir plus d'information sur cette publication
ou des exemplaires, prière de communiquer avec :
Division de l'hépatite C
Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses
Direction générale de la santé de la population et de la santé publique
Santé Canada
2e étage
400, rue Cooper
Ottawa, Ontario
K1A 0K9
Tél. : (613) 941-7532
Téléc. : (613) 941-7563
Site Internet : www.healthcanada.ca/hepc
This document is also available in English under
the title:
Responding to an Emergency : Education, Advocacy and Community
Care by a Peer-driven Organization of Drug Users. A Case Study of
Vancouver Area Network of Drug Users (VANDU)
Les opinions exprimées dans le présent document
sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les politiques
officielles de Santé Canada.
Cette étude de cas a été préparée par Thomas Kerr1,
Dave Douglas4, Wally Peeace4, Adam Pierre4 et Evan Wood2,3.
- Department of Educational Psychology, University of Victoria
- Department of Health Care and Epidemiology, University of British
Columbia
- British Columbia Centre for Excellence in HIV/AIDS, St. Paul's
Hospital
- Vancouver Area Network of Drug Users (VANDU)
décembre 2001
Le Vancouver Area Network of Drug Users - VANDU
- est un groupe d'utilisateurs et d'ex-utilisateurs qui s'efforce
d'améliorer par l'entraide et l'éducation entre pairs la vie des
personnes qui consomment des drogues illégales.
Tiré de l'énoncé de mission du VANDU
Nous dédions ce document à nos frères et soeurs
qui ont payé de leur vie.
Le conseil d'administration du VANDU
Le conseil d'administration du VANDU aimerait remercier
toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce document
: les utilisateurs de drogue de l'est du centre-ville, les bénévoles
du VANDU, les principaux répondants, Duane Prentice, et Hudson Photographic.
VANDU aimerait également souligner la participation de trois membres
: Dave Douglas, Wally Peeace et Adam Pierre.
Résumé analytique
Le secteur est du centre-ville de Vancouver est
depuis longtemps au centre de la vie de la communauté des utilisateurs
de drogues illégales de la ville. Le quartier compte parmi les plus
pauvres au Canada et depuis 1970, on y enregistre des décès par
surdose et d'autres problèmes de santé dus à l'utilisation des drogues.1,2
En 1997, en dépit d'un programme multiforme d'échange d'aiguilles
facilitant l'accès à des seringues stériles, on observait une explosion
du nombre de cas de VIH chez les utilisateurs de drogues injectables
du quartier, une épidémie parmi les plus virulentes jamais enregistrées
dans les pays développés.3 Par ailleurs, le virus
de l'hépatite C se propageant rapidement, on croit que plus de 90
pour cent des personnes qui s'injectent des drogues à Vancouver
sont aujourd'hui infectées par le VHC.4 Depuis
1990, la région de Vancouver est aussi aux prises avec un pourcentage
alarmant de décès par surdose reliés à l'utilisation des drogues
injectables : plus de 300 par année, en moyenne, depuis 1996.5
En 1997, devant l'inaction du gouvernement, et
en réponse à l'urgence de la situation, un groupe de Vancouver se
rassemblait pour mettre sur pied un organisme dirigé par des utilisateurs
de drogue. Collectivement, le groupe était d'avis que trop peu était
entrepris pour répondre à l'urgence sanitaire documentée à laquelle
les utilisateurs de drogue faisaient face; les membres croyaient
également que la voix des " utilisateurs " n'avait pas été entendue
par les instances chargées de coordonner la réponse à la crise.
Cette première association devait éventuellement devenir le Vancouver
Area Network of Drug Users (VANDU), le réseau des utilisateurs de
drogue de la région de Vancouver. On considère aujourd'hui qu'avec
plus de 1 000 membres, le VANDU pourrait devenir l'un des organismes
d'utilisateurs de drogue les mieux organisés au monde.6
Appuyé par le gouvernement et les autorités sanitaires
locales, le VANDU a pu augmenter considérablement le nombre de ses
membres et intensifier ses activités. Il compte aujoud'hui un conseil
d'administration de 25 membres, où siègent exclusivement des utilisateurs
de drogue, et trois employés. Son énoncé de mission se lit comme
suit :
Le Vancouver Area Network of Drug Users - VANDU
- est un groupe d'utilisateurs et d'ex-utilisateurs qui s'efforce
d'améliorer par l'entraide et l'éducation entre pairs la vie des
personnes qui consomment des drogues illégales.
À l'origine, le VANDU se consacrait à l'action
sociale et à l'activisme politique, mais au fil du temps, le groupe
a amélioré sa capacité et diversifié ses activités. En plus de poursuivre
son activité politique et de participer aux groupes de travail communautaires
et gouvernementaux, le VANDU fait aussi de l'éducation populaire
et offre différents programmes d'aide et de soins aux utilisateurs
de drogue. Les activités comprennent des groupes de soutien pour
les personnes atteintes de l'hépatite C, pour les femmes séropositives
et pour les utilisateurs de méthadone, un programme post-cure, un
programme d'échange de seringues, des patrouilles de ruelles, ainsi
que des programmes dispensés dans la rue, les hôpitaux et les hôtels.
Le but de notre étude consistait à documenter la
naissance, l'évolution, la structure organisationnelle et les activités
du VANDU. Pour mener notre tâche à bien, nous avons utilisé une
méthodologie communautaire, en accord avec la philosophie du groupe
qui prône " l'engagement et l'autonomisation des utilisateurs ".
Le VANDU a démontré que les personnes qui consomment
de la drogue peuvent s'organiser et enrichir leur communauté et
l'ensemble de la collectivité. Depuis sa mise sur pied, le VANDU
a fréquemment utilisé l'action sociale pour exprimer aux représentants
politiques les préoccupations des utilisateurs de drogue. Il a également
joué un rôle essentiel d'éducateur populaire en confrontant les
décisionnaires, les chercheurs et tous les parties intéressées à
la réalité de l'est du centre-ville de Vancouver. Il est clair que
le VANDU fournit de l'aide et des soins indispensables dans ce quartier.
Comme le déclarait en 1998 Sam Friedman, épidémiologiste new-yorkais
de renom et spécialiste reconnu internationalement dans le domaine
de l'utilisation des drogues injectables et de la prévention du
VIH : " Le VANDU est un organisme extrêmement prometteur. Il pourrait
devenir l'un des organismes d'utilisateurs les plus puissants au
monde ".6
Il faut espérer que les stratégies élaborées pour
concevoir et développer le VANDU et les leçons que l'organisme a
tirées de son expérience pourront être appliquées dans d'autres
villes où les groupes d'utilisateurs commencent tout juste à s'organiser.
C'est en reconnaissant le potentiel de tels organismes de réduire
les méfaits associés à l'utilisation des drogues injectables que
l'information disponible pourra être utilisée pour mettre sur pied
un réseau de groupes d'utilisateurs pancanadien.
Table des matières
Introduction
Méthodologie utilisée
Historique
Philosophie
Gouvernance
Fonctionnement
Programmes
Leçons tirées de l'expérience
Directions d'avenir
Études subséquentes
Bibliographie
Introduction
Plusieurs stratégies ont été mises en oeuvre pour
réduire l'incidence élevée de décès par surdose et d'infection par
le VIH et l'hépatite C chez les personnes qui s'injectent des drogues
illégales.7-9 Face à l'utilisation
des drogues illicites, l'intervention la plus courante consiste
en une application ciblée de la loi. 10,11
Par ailleurs, et bien que cette décision soit controversée dans
certains milieux, il existe des services d'échange grâce auxquels
les utilisateurs de drogue peuvent échanger leurs seringues contre
de l'équipement stérile.7,8 Vancouver,
en Colombie-Britannique, a été confrontée à une explosion de surdoses
et à une épidémie de maladies infectieuses à diffusion hématogène.
Plusieurs services pour utilisateurs de drogue, entre autres un
programme d'infirmerie de rue, ont été ajoutés aux efforts ciblés
de la police et aux services d'échange de seringues.3,5
La plupart des services sont offerts suivant le modèle " fournisseur-client
", où les fournisseurs de soins s'efforcent de satisfaire les besoins
de la clientèle.
Or, dans les cercles de la santé publique, il devient
de plus en plus évident que ce modèle présente des limites,9,12
parmi lesquelles il y a la difficulté, pour les fournisseurs de
soins, de rejoindre les utilisateurs de drogue sur leur propre territoire,
les problèmes de communication entre fournisseurs et clients, et
la peur, chez les utilisateurs, que les services comme les échanges
de seringues servent à informer la police sur leurs activités.9,13,14
C'est pour répondre à ces limites et à l'absence
généralisée d'interventions en santé publique pour les utilisateurs
de drogues injectables que des regroupements d'utilisateurs ont
officiellement vu le jour dans plusieurs grandes villes à travers
le monde.9,13,15
Ils intéressent beaucoup les décisionnaires du domaine de la santé,
non seulement parce qu'ils ont le potentiel de repousser les limites
des programmes fournisseur-client et d'en combler les lacunes en
services, mais aussi parce qu'ils peuvent jouer un rôle important
dans la réduction de la transmission des maladies à diffusion hématogène
et du nombre de décès par surdose.6,9,12,13,15-17
Sur le plan international, le VANDU (Vancouver
Area Network of Drug Users) est l'un des organismes d'utilisateurs
de drogue les mieux connus et les plus respectés.6
L'organisme compte plus de 1 000 membres et suscite de plus en plus
d'intérêt et de questions. Comment et pourquoi a-t-il vu le jour?
Quelle a été son évolution? Comment fonctionne-t-il? Notre étude
de cas tente de répondre à ces questions, dans l'espoir que les
stratégies élaborées pour concevoir et développer le VANDU et les
leçons que l'organisme a tirées de son expérience pourront être
appliquées dans d'autres villes où les groupes d'utilisateurs commencent
tout juste à s'organiser. C'est en reconnaissant le potentiel de
tels organismes de réduire les méfaits associés à l'utilisation
des drogues injectables que l'information disponible pourra être
utilisée pour mettre sur pied un réseau de groupes d'utilisateurs
pancanadien.
Méthodologie utilisée
Le but de notre étude consistait à documenter la
naissance, l'évolution, la structure organisationnelle et les activités
du VANDU. Les projets du VANDU devant tous offrir aux membres l'occasion
d'acquérir de la formation et de l'expérience, nous avons employé
une approche méthodologique communautaire pour réaliser notre étude
de cas. Des utilisateurs engagés comme chercheurs ont travaillé
avec les consultants de l'extérieur pour recueillir les données
à l'aide de méthodes et de sources diverses : entrevues structurées
et non structurées, documents et archives de l'organisme, matériel
éducatif (ex. : dépliants), photographies, et observation des participants.
Le rapport d'étude a ensuite été préparé par les consultants avant
d'être révisé par l'équipe de chercheurs utilisateurs et par plusieurs
des répondants rencontrés lors de la collecte de données.
Équipe de chercheurs
utilisateurs
Préalablement au projet, il avait été entendu que
les membres du VANDU prendraient part à toutes les étapes du processus.
Après en avoir discuté avec la direction de l'organisme, il a été
convenu qu'au mimimum trois membres seraient nommés par le conseil
d'administration pour collaborer avec les chercheurs de l'extérieur.
Ces derniers ont assisté à une réunion du conseil : ils ont expliqué
le projet et animé la discussion subséquente sur l'organisation
d'un processus de sélection équitable parmi les utilisateurs. Au
terme de la discussion, un groupe d'environ trente-cinq membres
a conclu à la nécessité de former un sous-comité pour rencontrer
les membres intéressés à participer à ce projet qui en intéressait
plus d'un. Le sous-comité a finalement désigné quatre membres comme
chercheurs.
Ceux-ci ont commencé à rencontrer chaque semaine
les consultants de l'extérieur pour discuter de la méthodologie
du projet et du rôle de chaque membre de l'équipe de recherche.
L'équipe a ensuite conçu des questions d'entrevue et dressé la liste
des personnes à rencontrer et des documents à rassembler. Au fil
du temps, les rencontres se sont espacées, les chercheurs utilisateurs
s'occupant de mener les entrevues individuelles et de rassembler
la documentation. À l'étape finale, ils ont commenté la première
ébauche du rapport d'étude et toutes les versions subséquentes.
Entrevues individuelles
Lors de la première rencontre, l'équipe de recherche
a déterminé le nombre d'entrevues et les personnes à cibler. Il
a été décidé que deux entrevues seraient nécessaires pour recueillir
les données sur la naissance et l'évolution du VANDU, et que deux
des fondateurs devaient être interviewés. Pour recueillir des renseignements
sur le fonctionnement interne, la forme de gouvernance, le processus
décisionnel et les activités, l'équipe a rencontré deux membres
du conseil de direction, un employé et trois membres actifs de l'organisme.
Pour définir la contribution du VANDU en termes
de soins et de soutien communautaire, l'équipe a interviewé deux
fournisseurs de soins locaux qui travaillent étroitement avec l'organisme
à assurer la prestation des soins et des services aux utilisateurs
de drogue. Afin de mieux cerner l'action sociale du VANDU et son
rôle dans l'élaboration des politiques gouvernementales, deux décisionnaires
des paliers municipal et gouvernemental ont été rencontrés. Enfin,
pour comprendre le rôle de l'organisme sur l'échiquier financier,
une entrevue a été menée avec un bailleur de fonds fédéral. L'équipe
ayant convenu qu'un intervieweur objectif obtiendrait plus facilement
des réponses transparentes de la part des décisionnaires, bailleur
de fonds et fournisseurs de services, les chercheurs de l'extérieur
se sont chargés de ces entrevues. Les autres ont été menées par
les chercheurs utilisateurs. En résumé, l'équipe a interviewé :
- 2 membres du conseil de direction
- 2 membres fondateurs
- 3 membres actifs
- 1 employé
- 2 décisionnaires
- 1 bailleur de fonds
- 2 fournisseurs de services locaux.
Documents et archives
de l'organisme
L'équipe de recherche a rassemblé et étudié toute
la documentation disponible afin de recueillir de l'information
sur l'origine, l'évolution et les activités actuelles du VANDU.
Les documents papier comprenaient les propositions originales, un
guide de procédure, des plans d'affaires, les comptes rendus des
réunions générales, du conseil d'administration et des différents
comités, du matériel éducatif sur la réduction des méfaits, des
lettres de soutien, ainsi que divers autres documents écrits. La
tâche de les recueillir a été entreprise par un utilisateur de l'équipe
et un des consultants.
Observation des participants
Tout au long de la collecte de données, les consultants
ont observé les participants. Ils étaient présents à plusieurs réunions
du conseil d'administration, en plus d'assister à la prestation
de différentes initiatives de soins et de soutien dans la collectivité.
Ainsi, un des chercheurs a fait un quart de six heures de travail
à la table que le VANDU dresse au coin de Main et Hastings, dans
l'est du centre-ville de Vancouver, où il offre un service d'échange
d'aiguilles et supervise les toilettes publiques. Les chercheurs
ont également assisté à des rencontres locales auxquelles les représentants
du VANDU participent activement. Selon le cas, des notes ont été
prises sur le terrain ou par la suite.
Historique
" Les révolutions commencent quand les individus
qui sont perçus comme le problème obtiennent le pouvoir de redéfinir
le problème lui-même. " - John McKnight, La société négligente
Le secteur est du centre-ville de Vancouver est
depuis longtemps au centre de la vie de la communauté des utilisateurs
de drogues illégales de la ville. Le quartier compte parmi les plus
pauvres au Canada et on estime à environ 5 000 le nombre d'utilisateurs
de drogue qui y résident. Depuis 1970, on y enregistre des décès
par surdose et d'autres problèmes de santé dus à l'utilisation des
drogues.1,18 En 1989, une intervention
en santé publique visant à prévenir la transmission des maladies
à diffusion hématogène chez les utilisateurs de drogues injectables,
a été mise sur pied sous la forme d'un programme d'échange de seringues.
19-21
Mais en 1997, en dépit d'un programme de distribution
de seringues se présentant sous différentes formes, telles des camionnettes
itinérantes et plusieurs centres permanents, Vancouver a été confrontée
à une explosion épidémique des cas d'infection par le VIH et l'hépatite
C chez les utilisateurs de drogues injectables de l'est du centre-ville.3,22
On a suggéré que certains facteurs locaux, comme la prévalence de
la consommation de cocaïne injectable - dont la fréquence d'utilisation
peut atteindre 30 injections par jour - et l'absence de mesures
de prévention additionnelles - comme des centres d'injection supervisés
et des programmes de traitement des pharmacodépendances accessibles
- ont contribué à cette épidémie parmi les plus catastrophiques
des pays développés.2,23 En plus
de l'épidémie de VIH, la région de Vancouver enregistre depuis le
début des années '90 un nombre alarmant de décès par surdose d'opiacés,
soit plus de 300, en moyenne, depuis 1996.5 En
1997, devant la vague de maladies infectieuses à diffusion hématogène
(ex. : VIH, hépatite C) et de surdoses chez les utilisateurs de
drogues injectables, le Vancouver/Richmond Health Board décrétait
l'existence d'une situation d'urgence en santé publique.2
Devant cette admission, les membres de différents
projets d'entraide de la ville - utilisateurs de drogue, artistes,
groupes d'intérêt du domaine de la santé et autres intéressés -
se rassemblèrent pour discuter de la formation d'un organisme d'utilisateurs
de drogue pour répondre à la crise, lequel devait éventuellement
devenir le Vancouver Area Network of Drug Users (VANDU). Collectivement,
le groupe était d'avis que trop peu était entrepris pour répondre
à l'urgence sanitaire documentée à laquelle les utilisateurs de
drogue faisaient face; les membres croyaient également que la voix
des " utilisateurs " n'avait pas été entendue par les instances
chargées de coordonner la réponse à la crise. Un fondateur a évoqué
l'urgence de la situation en rappelant que " le VANDU est né à cause
de l'horreur que nous vivions dans l'est du centre-ville où les
surdoses et les épidémies se multipliaient ".
Parmi les fondateurs, certains avaient déjà fait
l'expérience du lobbying, participant à des groupes d'entraide et
ou de défense des intérêts des consommateurs. Plusieurs connaissaient
également les conclusions de la recherche établissant l'efficacité
des organismes d'utilisateurs de drogue à combattre l'infection
par le VIH et les surdoses associées aux drogues, et à fournir des
services d'approche aux membres de la communauté des utilisateurs
de drogue. D'autres participants avaient été membres de projets
comme IV Feed et le Political Response Group, qui avaient fait connaître
les préoccupations des utilisateurs de drogue de Vancouver. Du mois
d'avril 1995 jusqu'à sa débandade en 1996, IV Feed a brièvement
exploité un centre d'injection illégal dans l'est du centre-ville
de Vancouver. Les groupes et les projets à l'origine de la fondation
d'un organisme d'utilisateurs de drogue sont MindBody Love (un groupe
de pairs fournissant des services d'approche aux jeunes consommateurs
de drogues illégales, y compris ceux actifs sur la scène rave);
The Hype (un bulletin rédigé par et pour les utilisateurs de drogues
injectables); HCV+IDU (un groupe de pairs animant des rencontres
d'information destinées aux utilisateurs de drogue atteints de l'hépatite
C); et Compassion Club (un organisme qui fournit de la marijuana
médicale à différents membres de la collectivité).
À l'origine, les groupes se rencontraient à différents
endroits pour établir des plans et des stratégies pour former un
organisme d'utilisateurs de drogue. Les participants ont rapidement
défini leur mission qui consiste à " améliorer la qualité de la
vie des personnes qui utilisent des drogues, par l'entraide et l'éducation
entre pairs ". Des objectifs sont donnés dans les comptes rendus
des premières rencontres et propositions de financement. Parmi les
plus souvent mentionnés, on retrouve :
- briser l'isolement social et la stigmatisation associés à l'utilisation
des drogues;
- permettre aux utilisateurs de drogue de s'informer sur les risques
de santé associés à l'utilisation des drogues injectables et de
partager cette information;
- inviter les communautés utilisatrices de drogue de Vancouver,
pour qui la consommation de drogue fait partie du mode de vie,
à participer à la mise sur pied d'un réseau d'entraide et d'éducation
entre pairs;
- exercer des pressions sur les gouvernements fédéral, provincial
et local pour que les politiques sur les drogues soient modifiées;
- rencontrer les utilisateurs de drogue dans un milieu sécuritaire
et non discriminatoire, afin de cerner leurs préoccupations immédiates;
et
- en adoptant la perspective de l'utilisateur de drogue, mettre
au point un plan qui répondra aux préoccupations exprimées.
Au fil du temps, certains groupes se sont éloignés,
alors que d'autres ont assumé le leadership de la mise sur pied
de ce qui devait éventuellement devenir le VANDU. Ainsi, après plusieurs
réunions préliminaires de développement, qu'ils ont organisé et
auxquelles ils ont participé, les représentants du Compassion
Club ont été débordés par les demandes de service et ont dû
cesser de contribuer. Le départ de Kenn Quayle, membre de MindBody
Love, engagé par le gouvernement fédéral australien comme coordonnateur
de l'éducation pour un organisme d'utilisateurs de drogue, a également
représenté un virage important. Ironiquement, les deux personnes
qui ont rédigé la première proposition de financement, Kenn Quayle
et Brian MacKenzie, n'étaient pas au pays lorsque les fonds ont
finalement été octroyés. Avant leur départ, tous deux ont beaucoup
contribué à définir la vision du VANDU. Le travail essentiel d'un
cinquième groupe, le Political Response Group (PRG), doit
également être souligné. Le PRG était un groupe d'activisme politique
qui a organisé de nombreuses manifestations politiques à Vancouver,
entre autres une manifestation sous le thème " detox not jail "
(la désintox, pas la prison ), et le premier 1000 Crosses Event
au parc Oppenheimer. En 1997, juste avant sa disparition, le PRG
commençait à exercer des pressions pour la reconnaissance des besoins
des utilisateurs de drogue. Avec le temps, les personnes et les
groupes - dont certains membres du défunt PRG - se sont rassemblés
pour définir la vision de ce qui devait devenir le VANDU.
Groupe
de discussion des utilisateurs de drogue de l'est du centre-ville
: méthodologie pour organiser les utilisateurs de drogue
L'un des premiers événements à avoir tracé le chemin
du VANDU s'est produit lorsque Bud Osborn et Ann Livingston, membres
du défunt PRG, et des anciens membres de IV Feed ont organisé
le premier " groupe de discussion des utilisateurs de drogue de
l'est du centre-ville ". Bud et Ann ont mêlé les influences de l'éducation
populaire, du développement communautaire et de la théologie de
la libération pour créer une méthode visant à organiser les utilisateurs
de drogue du quartier. Mère célibataire non-utilisatrice et assistée
sociale, Ann Livingston est une lobbyiste aguerrie. S'étant d'abord
engagée comme mère d'un enfant souffant de paralysie cérébrale,
elle s'est plus tard portée à la défense des droits des utilisateurs
de drogue. Ann a participé à la fondation de IV Feed et a
été membre du PRG. Elle apporte donc au projet son intérêt pour
l'éducation populaire et le développement communautaire. Très tôt
dans sa carrière, elle a été influencée par le travail de Cantera,
un organisme du Nicaragua faisant usage d'approches en éducation
populaire pour contribuer au développement communautaire. Selon
Cantera : " L'éducation populaire est une méthode qui consiste à
enseigner aux gens comment définir leurs problèmes et leurs questionnements
et comment travailler ensemble à les résoudre. Cette méthode suppose
également une critique sévère des structures sociales puisqu'elle
est motivée par un profond désir de changement ". Un des principes
de Cantera appliqué et suivi par Ann consiste à jouer le rôle d'agent
ou de serviteur de la communauté. Comme l'explique l'organisme :
" Nous sommes des animateurs de la collectivité, mais nous ne sommes
pas au même niveau que ses membres. (...) Nous ne prenons pas parti
dans les débats politiques. Cela nous permet de travailler avec
les idées et de rejoindre la collectivité sur les enjeux communautaires
".
Bud Osborn est un poète activiste connu de Vancouver.
Membre fondateur du PRG, ex-utilisateur de drogue, et ancien membre
du Vancouver/Richmond Health Board, Bud a appliqué la théologie
de la libération au projet de mobilisation des utilisateurs de drogue.
Mouvement à l'intérieur de la foi catholique visant l'émancipation
politique du prolétariat face à l'oppression de l'appareil de pouvoir
social et gouvernemental, la théologie de la libération s'est développée
en Amérique latine : elle utilise le christianisme et le marxisme
pour promouvoir la participation légitime des classes ouvrières
à la religion et à la politique. Selon Bud : " La voix du prolétariat
est la voix de Dieu. Ce que notre société nie et réprime le plus,
c'est l'expression collective de la souffrance. Il y a tellement
d'institutions qui la privatisent et la cachent, que ce soit le
cabinet du psychiatre, le système de santé mentale ou la prison.
Favoriser l'expression publique de la souffrance nous apparaissait
comme la chose la plus subversive à faire ".
La stratégie d'organisation des utilisateurs de
drogue de l'est du centre-ville se fit en plusieurs étapes : on
afficha d'abord dans la collectivité des annonces invitant les utilisateurs
de drogue à participer à un " groupe de discussion ". Les rencontres
furent organisées dans le lieu qui serait susceptible d'attirer
le plus de monde possible. Lors des premières rencontres, les participants
furent invités à discuter librement de leurs problèmes. Afin que
chacun puisse s'exprimer, il arriva que l'animateur demande aux
gens de parler " chacun leur tour ". Tous les commentaires furent
écrits sur un tableau de conférence et étudiés par la suite. À la
fin de la première rencontre, le sujet glissa sur " la façon d'amener
plus de gens à la prochaine rencontre ". Les personnes qui offrirent
des suggestions furent invitées à participer à une rencontre de
planification, tenue avant le groupe de discussion suvant. Selon
Ann Livingston et Bud Osborn, cette façon de faire permit aux utilisateurs
de drogue de commencer à " s'approprier " les réunions en les organisant
ou en les animant. Après plusieurs de ces rencontres, les participants
commencèrent à dire : " Tout ce qu'on fait ici, c'est se plaindre
". Les animateurs fournirent alors un résumé des préoccupations
exprimées afin à présenter des cibles d'action. Toutes les actions
suggérées furent notées, et plusieurs des idées non concrétisées
restèrent dans les archives et sur les listes. Ainsi, la suggestion
que les utilisateurs reçoivent une formation en RCR resta un an
sur le tableau de conférence avant de devenir réalité. Différentes
actions étaient réalisées : organiser des manifestations, mettre
sur pied des initiatives d'entraide et inviter des conférenciers
à des rencontres. Lorsque les problématiques ou les actions reflétaient
les intérêts d'un sous-groupe (ex. : les buveurs de vin de riz),
un sous-comité était créé, ce qui a d'ailleurs mené à la création
de nouveaux groupes, comme la British Columbia Association of People
on Methadone. À la suite d'une action, les participants procédaient
à " un exercice de réflexion et d'analyse " pour évaluer les efforts
et planifier les modifications.
Le premier groupe de discussion s'est réuni dans
le quartier est du centre-ville, au parc Oppenheimer, alors l'une
des scènes de drogues les plus visibles et les plus achalandées
de Vancouver. La réunion eut lieu au milieu du parc, les animateurs
demandant au petit groupe réuni d'exprimer ses préoccupations et
ses besoins. Selon un fondateur, les premières questions posées
furent : " Quels sont les problèmes rencontrés par les utilisateurs
de drogue? " et " Qu'est-ce qui vous serait le plus utile en ce
moment? ". Les animateurs prirent note des préoccupations exprimées
en les inscrivant sur le tableau de conférence. Elles furent ensuite
présentées au Vancouver/Richmond Health Board (V/RHB) par Bud Osborn
qui avait contribué à organiser et à animer ces groupes, lesquels
devinrent par la suite les " réunions générales " du VANDU.
![Derrière les utilisateurs de drogue assistant à l'une des premières recontres du VANDU, à l'église de 4 Squares Street, une affiche proclame : « La guerre contre la drogue est une guerre contre les pauvres ».)](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index01_fr.gif)
Avant l'apparition de ces groupes, les utilisateurs
de drogue n'avaient que peu d'occasions de participer aux discussions
concernant la situation d'urgence et les réponses proposées. Comme
l'a fait remarquer un des fondateurs : " La voix des utilisateurs
de drogue n'avait jamais été entendue des gouvernements, des services
de santé et des bureaucrates des échelons supérieurs ". En tenant
ces réunions sur le territoire des utilisateurs et en leur donnant
la parole, peu importe leur degré d'intoxication ou leur bizarrerie,
les organisateurs ont documenté les préoccupations des utilisateurs
grâce à une formule à seuil bas. Un des fondateurs a expliqué que
" c'était presque spirituel, ce dont nous parlions, à savoir que
l'arme la plus efficace était les cris de souffrance des utilisateurs
eux-mêmes, en autant qu'ils puissent être entendus sur la place
publique ". Pour en arriver là, il fallut mettre en branle un processus
de " démarginalisation ". Comme l'a déclaré un fondateur : " Pour
pouvoir améliorer la situation, nous devions vaincre un obstacle
de taille, soit la marginalisation des utilisateurs de drogue, et
la distance entre les toxicomanes et le reste de la société. Nos
premières actions ont donc consisté à démarginaliser les utilisateurs
".
Les comptes rendus et les registres de présence
des premières rencontres font état d'une augmentation vertigineuse
de la participation : on passa de 20 à 100 personnes en quelques
mois. Les rencontres intéressèrent beaucoup les bailleurs de fonds
et les décisionnaires, comme l'indique un commentaire de l'un de
ces derniers : " J'ai assisté à une des premières rencontres au
parc Oppenheimer. Bud Osborn a convoqué la réunion et Ann a planté
son tableau de conférence au milieu du parc. Il y avait les vieux
joueurs d'échecs d'un côté, les revendeurs qui y allaient de leurs
commentaires de l'autre, et les utilisateurs au milieu ". Après
un certain temps, le groupe dut trouver un autre endroit pour tenir
les réunions. Bud réussit à obtenir un espace à l'église de 4 Squares
Street, coin Hastings, où des hot dogs sont encore servis chaque
soir. Au début, les organisateurs utilisèrent une partie de leurs
prestations d'assistance sociale pour fournir des sandwiches et
des boissons gazeuses, mais une modeste " subvention de développement
" fut bientôt accordée par le V/RHB et les organisateurs purent
alors donner à chaque utilisateur présent une allocation de 3 $
de frais de transport. Au bout de six mois, il fallut refuser des
gens, puisque les fonds ne permettaient de distribuer que cent allocations.
Naissance du VANDU
![Ann Livingston, coordonnatrice des programmes, s'adressant aux membres lors d'une des premières réunions du VANDU. À l'arrière-plan, les feuilles du tableau de conférence énumèrent les préoccupations des utilisateurs.)](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index02_fr.gif)
En janvier 1998, dans le cadre du Community Health
Innovation Fund du Vancouver/Richmond Health Board (fonds d'initiatives
en santé communautaire), le VANDU reçoit une subvention de 62 500
$ s'étalant sur 15 mois. Les membres des différents groupes (comme
MindBody Love et le PRG) réunis pour créer l'organisme donnent alors
forme à la vision du VANDU. La proposition originale est ambitieuse;
si elle est acceptée, les fonds seront utilisés pour poursuivre
le processus de consultation, mettre sur pied des réseaux d'entraide
et des partenariats avec les agences de services, et définir un
plan stratégique pour répondre aux problèmes des utilisateurs de
drogue. Faisant plusieurs fois mention de l'ouverture d'un point
de services pour utilisateurs, la proposition demandait quatre fois
le montant finalement accordé. Comme le VANDU n'était pas encore
une association charitable ou sans but lucratif, il devait être
parraîné par un autre organisme pour que les fonds lui soient octroyés.
Le groupe négocia heureusement un parrainage avec la Lookout Emergency
Aid Society et le financement fut rapidement obtenu.
Une fois les fonds reçus, les organisateurs des
réunions demandèrent aux participants de se joindre à un conseil
de direction qui déciderait de l'allocation des fonds. Les réunions
générales du samedi se poursuivirent et le conseil de direction
commença à se rencontrer le jeudi. Les comptes rendus des premières
rencontres indiquent que le groupe commença par discuter des possibilités
d'action sociale et d'activités de soins et de soutien. Au départ,
le conseil de direction se concentra sur la planification et la
prestation de manifestations à caractère politique pour souligner
l'urgence de la situation; mais, comme le démontrent les comptes
rendus, les membres étudièrent également la possibilité d'offrir
des services d'approche aux utilisateurs les plus à risque en patrouillant
les ruelles - endroits où les fournisseurs de soins ne s'aventurent
pas. Durant cette période, le conseil d'administration en place
engagea aussi son unique employée : Ann Livingston.
Peu après l'obtention du financement, le VANDU
ouvre son premier bureau, au-dessus du Living Room, un centre de
rencontre pour personnes avec des difficultés de santé mentale de
l'est du centre-ville. Le petit local coûte 450 $ par mois, et le
groupe dispose d'un plus grand espace pour les réunions.
En septembre 1998, le VANDU devient une société
à but non lucratif et tient, en décembre de la même année, sa première
assemblée générale annuelle. Un premier conseil d'administration
est alors officiellement élu : il comprend un président, un vice-président,
un trésorier, un secrétaire et 21 directeurs. En octobre 1999, le
VANDU déménage de l'immeuble de Powell Street dans un espace plus
grand, sur Hastings coin Cambie. Les rencontres générales se poursuivent,
moins fréquentes. En s'appuyant sur des calculs approximatifs à
la suite de réunions consécutives, le VANDU estime que le tiers
de ses membres sont des femmes et que de ce nombre, un tiers sont
d'origine autochtone. La plupart ont entre 30 et 50 ans : actuellement,
le plus jeune membre a 18 ans et le plus âgé, plus de 70 ans. Il
n'existe pas de données officielles permettant de définir les caractéristiques
démographiques des membres. L'organisme continue de considérer comme
prioritaire la consultation avec l'ensemble de la communauté d'utilisateurs.
Comme l'a déclaré un membre du conseil de direction : " Nous prenons
note de tout ce qui se dit aux réunions du samedi. C'est comme ça
que nous définissons les besoins, que nous planifions notre action
et que nous évaluons nos efforts : en épluchant le tableau de conférence
".
Le V/RHB a graduellement augmenté le financement
du VANDU et l'organisme a récemment reçu une subvention de Santé
Canada sur trois ans, destinée à un groupe de soutien sur l'hépatite
C, visant à améliorer la santé des personnes atteintes de la maladie
et à éduquer les membres de l'organisme sur la réduction des méfaits.
Dans le cadre du Programme d'action communautaire VIH/sida de Santé
Canada, le VANDU a également reçu une modeste subvention pour augmenter
temporairement le nombre d'heures de travail de son personnel.
Philosophie
Notre étude de cas a mis en lumière des thèmes
cohérents dans la philosophie et le mandat du VANDU. Premièrement,
l'organisme s'efforce d'inclure tous les utilisateurs de drogue,
actifs ou non. Par exemple, lorsque des bénévoles sont assignés
à des tâches encadrées, comme les patrouilles de ruelles, on donne
toujours la priorité aux utilisateurs de drogue qui n'ont jamais
travaillé bénévolement pour le VANDU auparavant. Cette stratégie
vise à empêcher le VANDU de devenir un groupe élitiste éloigné de
la réalité des personnes qu'il cherche à représenter et à servir.
Deuxièmement, l'organisme est dirigé par les utilisateurs, et c'est
un conseil d'administration démocratiquement élu, composé d'utilisateurs
et d'ex-utilisateurs, qui prend les décisions. Troisièmement, le
VANDU s'efforce d'améliorer la vie des utilisateurs en adoptant
une politique de mentorat entre pairs, qui consiste à jumeler une
personne qui possède de l'expérience ou des compétences dans un
domaine particulier, avec une personne intéressée à en faire l'apprentissage.
On rapporte que le système s'avère un outil efficace d'autonomisation
et d'organisation pour les membres. Enfin, le VANDU vise fondamentalement
la réduction des méfaits. Le site
Internet de l'organisme présente en ces termes la réduction
des méfaits et la position du VANDU à cet égard :
La réduction des méfaits est un ensemble de stratégies pratiques
et éprouvées qui visent à rencontrer les utilisateurs de drogue
" là où ils sont " afin de les aider à réduire les méfaits associés
à leur consommation. En collaboration avec les citoyens de Vancouver,
le VANDU travaille à minimiser les effets néfastes de l'utilisation
des drogues en militant pour des interventions efficaces et bien
documentées, comme des drogues de maintien légales, des logements
pour les utilisateurs, des centres d'injection supervisés, des
opportunités d'emploi et l'accès à des traitements et à des cures
de désintoxication.
L'énoncé de mission se lit comme suit :
![Des membres du VANDU portent un cercueil vers un édifice du gouvernement provincial, à Victoria](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index03_fr.gif)
Le Vancouver Area Network of Drug Users - VANDU - est un groupe
d'utilisateurs et d'ex-utilisateurs qui s'efforce d'améliorer
par l'entraide et l'éducation entre pairs la vie des personnes
qui consomment des drogues illégales. Nous servons les membres
de la population de l'est du centre-ville qui se considèrent comme
des utilisateurs de drogue, les personnes qui prennent de la méthadone,
et les consommateurs de médicaments d'ordonnance sans prescription.
Plusieurs des membres du VANDU sont atteints du VIH/sida, la plupart
ont l'hépatite C, et beaucoup proviennent d'un milieu multiculturel.
La santé des utilisateurs et ex-utilisateurs s'améliore lorsqu'ils
participent au processus de prise de décision et qu'ils ont l'occasion
d'accomplir des tâches qui augmentent leur estime d'eux-même,
leur confiance en eux et leur sentiment d'appartenance, tout en
leur permettant de créer des réseaux d'entraide. Nous formons
un groupe d'intérêt pour des services de " réduction des méfaits
" destinés aux personnes qui utilisent des drogues. Le VANDU est
la voix des utilisateurs dans la collectivité; elle peut contribuer
à réduire la propagation des maladies et le nombre de décès par
surdose.
Les objectifs du VANDU sont :
- d'organiser une réponse des utilisateurs face aux problèmes
de la rue au fur et à mesure qu'ils apparaissent - à ce jour,
la prévention des décès par surdose, le logement, la violence
policière, le traitement par la méthadone, les problèmes concernant
les hôpitaux et l'accès à la formation;
- d'aider les utilisateurs à modeler les communautés dans lesquelles
ils vivent et à y participer de façon à assurer l'amélioration
continue de leurs compétences et de leur qualité de vie, et d'éduquer
les fournisseurs de services qui travaillent avec une clientèle
d'utilisateurs de drogue;
- de dresser chaque semaine la liste des problèmes rencontrés,
d'en discuter, de les analyser, et de planifier des actions visant
à éradiquer les décès par surdose et la propagation du VIH/sida,
de l'hépatite et des autres maladies infectieuses;
- d'exercer des pressions pour des politiques et des traitements
qui prônent des principes d'inclusion et sont sensibles à la condition
des utilisateurs de drogue.
Le site Internet de l'organisme présente aussi
le principes directeurs qui le guide :
- le VANDU s'engage à augmenter la capacité des utilisateurs de
drogue à mener une vie saine et productive; afin d'y parvenir,
nous encourageons les utilisateurs à réduire les méfaits qu'ils
s'infligent et font subir à leur collectivité, et nous les soutenons
dans leur démarche; nous nous organisons, à l'intérieur de notre
collectivité, pour sauver des vies, en promouvant l'éducation
sur la réduction des méfaits, l'entraide et les interventions
entre pairs au plan local et régional;
- nous remettons en question la relation traditionnelle client-fournisseur
et autonomisons les utilisateurs de drogue afin qu'ils conçoivent
et mettent en ouvre des interventions de réduction des méfaits;
- nous croyons que chaque personne a droit à la santé et au bien-être;
nous croyons aussi que chaque personne a les compétences pour
se protéger des méfaits associés aux drogues, et en protéger les
êtres qui lui sont chers et l'ensemble de sa collectivité;
- nous croyons que certains modes de consommation sont beaucoup
plus sécuritaires que d'autres;
- nous reconnaissons que la pauvreté, le racisme, l'isolement
social, les traumatismes passés, la maladie mentale et les injustices
augmentent la vulnérabilité des individus aux dépendances et diminuent
leur capacité de réduire efficacement les méfaits associés aux
drogues.
Gouvernance
" Le VANDU, mon gars, ils ont des tas de réunions chaque
semaine. S'il se passe quelque chose, il faut probablement que
le VANDU donne son OK. Ils sont toujours à la table. " - un
membre
La constitution du VANDU prévoit deux statuts de
membre : celui de membre à part entière, réservé aux personnes qui
utilisent ou ont déjà utilisé des drogues illégales; et celui de
membre de soutien, réservé aux personnes qui n'utilisent pas ou
n'ont jamais utilisé des drogues illégales. Les membres à part entière
ont droit de parole et de vote à toutes les rencontres. Les membres
de soutien peuvent exprimer leur opinion mais ne peuvent pas voter.
À ce jour, la plupart des membres de soutien sont des parents ou
amis qui souhaitent participer aux activités du VANDU. La constitution
de l'organisme stipule que le nombre de membres de soutien ne dépassera
pas 10 pour cent du nombre total des membres à part entière. Toute
personne intéressée à devenir membre est invitée à se présenter
à une rencontre parrainée par le VANDU, ou à passer au bureau de
l'association pour s'inscrire et recevoir une carte de membre.
Le VANDU a élu son premier conseil d'administration
en décembre 1998. Les membres du conseil sont élus chaque
année lors de l'assemblée générale.
Seuls les membres à part entière peuvent siéger
au conseil qui comprend un conseil de direction (président,
vice-président, trésorier et secrétaire) et
un certain nombre de membres. Bien que la constitution déclare
que le conseil sera composé d'un conseil de direction et
d'au moins " une personne ou plus ", le VANDU a toujours
nommé environ 25 directeurs. Lorsque les chercheurs ont voulu
savoir pourquoi, un des membres a expliqué que " les
gens tombent malades, se retrouvent en prison, ou trouvent un emploi;
ils ne peuvent pas toujours être là ".
![Membres du VANDU](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index04_fr.gif)
Les rencontres du conseil ont lieu chaque jeudi
et attirent beaucoup de membres. Le président mène
la réunion en établissant l'ordre du jour, et en animant
la discussion et les procédures de vote. Lorsque certains
problèmes déclenchent des discussions enflammées,
un membre du conseil de direction tient la liste des personnes qui
souhaitent prendre la parole de façon que chacun puisse être
entendu. Le conseil recherche avant tout le consensus. Comme l'explique
un des membres du conseil de direction : " Le consensus est
obtenu grâce au conseil. Aucun problème n'est laissé
sans réponse; une fois que le consensus est obtenu, une résolution
est passée ". Un autre membre décrit ainsi le
pouvoir de décision du conseil : " Personne ne peut
dire : 'voici une nouvelle politique ou voici un nouveau programme'.
Tout ce qui arrive ici doit d'abord passer par le conseil ".
Les réunions se terminent toujours par un moment de silence
en souvenir " de nos frères et sours qui ont payé
de leur vie ".
Comme plusieurs des membres du conseil d'administration
sont actifs dans différents programmes, on peut décrire
celui-ci comme un conseil " de terrain " plutôt
que comme un simple outil d'approbation. Le président agit
généralement comme porte-parole et doit souvent participer
à des entrevues médiatiques. Le président a
ainsi participé récemment à deux groupes de
travail fédéraux d'élaboration des politiques.
Des représentants de l'organisme contribuent aussi régulièrement
aux activités des associations et coalitions communautaires
locales (ex. : Harm Reduction Action Society, Coalition for Crime
Prevention and Drug Treatment, Community Directions, Community Health
Committee no 2, et British Columbia Association of People on Methadone).
Dans le passé, la gouvernance du VANDU a
été marquée de conflits et de manquements à
la tâche. Certains observateurs ont noté que ces événements
ont forcé le VANDU à faire un examen de conscience.
Certains problèmes ont mené à des mesures disciplinaires
ou au congédiement de membres du conseil. La preuve suggère
qu'en général, l'organisme a géré ses
problèmes prudemment, en accord avec ses principes de respect
et de justice. Dans certains cas, des individus extérieurs
au VANDU, jugés impartiaux et dignes de confiance, ont été
invités à agir comme observateurs indépendants.
Plusieurs de ces situations s'étant bien terminées,
certaines des personnes exclues du conseil d'administration ont
gardé de bonnes relations avec le VANDU et continuent même
de participer comme membres.
Fonctionnement
![Ann Livingston, coordonnatrice des programmes, et Brian A., ex-président, discutent avec les participants des problèmes recontrés par les utilisateurs de drogue de l'est du centre-ville.](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index05_fr.gif)
Les bureaux du VANDU sont situés au troisième
étage d'un édifice historique, au coin des rues Hastings
et Cambie. Bien qu'ils soient à une certaine distance du
carrefour tristement célèbre de Hastings et Main,
ils se trouvent à quelques pas de plusieurs endroits clés
et en face du square Victoria, une autre scène de drogue
très active. Règle générale, un membre
du personnel ouvre vers 9 heures et les bureaux ferment entre 16
et 18 heures. À l'occasion, des réunions y sont tenues
le soir. L'espace loué par le VANDU comprend deux petits
bureaux et un hall avec un ordinateur réservé à
l'usage des membres. Une grande pièce centrale, meublée
de tables et de chaises, sert de salle de réunion et de salle
de jour aux membres qui viennent boire un café, lire le journal,
rencontrer d'autres membres ou utiliser l'équipement. L'endroit
est assez vaste pour accommoder les quelques 30 membres qui assistent
aux réunions du conseil d'administration; par contre, il
est trop petit pour les réunions générales
qui attirent habituellement plus de 100 personnes.
De janvier 1998 à septembre 1999, les fonds
du VANDU ont été administrés par la Lookout
Emergency Aid Society; depuis octobre 1999, la Portland Hotel Society
a été chargée de cette tâche et de la
tenue des livres comptables. Le changement s'est fait avec le déménagement
dans les nouveaux locaux. Plusieurs des membres de l'association
et du personnel rencontrés rapportent que cette relation
s'avère positive, puisqu'elle permet au VANDU d'obtenir des
services de comptabilité gratuits et de consacrer ses ressources
limitées au lobbying et aux activités de soins et
de soutien. D'autres membres ont par contre exprimé le vou
que le VANDU assume bientôt toutes ses responsabilités
financières.
À l'origine, le VANDU n'avait qu'une seule
employée, la coordinatrice des programmes. Deux nouveaux
postes à temps plein ont été créés
depuis : directrice administrative et coordonnateur des bénévoles.
Ces postes présentent des tâches précises, mais
les employés se les partagent et se remplacent souvent mutuellement.
Ils assument également plusieurs fonctions qui ne font pas
partie de leur description de tâches. La plus importante est
sans conteste le soutien psychosocial qu'ils donnent aux membres
qui passent chaque jour au bureau. Notons qu'aucun des employés
actuels n'est un utilisateur de drogue actif. Cela pourra sembler
inhabituel, étant donné que le VANDU est un organisme
dirigé par des utilisateurs. Néanmoins, nos nombreuses
observations nous ont permis de constater que l'engagement du personnel
face à la gouvernance de l'organisme est tel qu'il permet
au VANDU de continuer à être dirigé par les
utilisateurs. Le personnel est en effet très sensible au
pouvoir décisionnel du conseil d'administration et très
respectueux de ses prérogatives; bien que fragile, c'est
probablement le seul déterminant de la congruence qui continue
d'exister entre la philosophie du VANDU et ses activités.
Coordonnatrice
des programmes
Ann Livingston occupe le poste de coordonnatrice
des programmes depuis janvier 1998. Les responsabilités qui
lui échoient consistent à assister aux événements
et aux réunions communautaires, à coordonner la représentation
des membres, à s'assurer que les comptes rendus sont conformes
et disponibles, à gérer les finances, à organiser
les différentes réunions et à engager les conférenciers
suivant les suggestions des membres. L'arrivée de nouveaux
employés a permis de modifier cette description et Ann consacre
maintenant plus de temps à rédiger des propositions
de financement, et moins de temps à gérer les fonds.
Selon l'entente signée avec le VANDU, toutes les tâches
de la coordonnatrice des programmes doivent être accomplies
sous la direction du conseil d'administration.
L'attribution du poste à une non-utilisatrice
de drogues illégales a créé une controverse.
Les observations et les entrevues avec les membres et les fondateurs
indiquent que les préoccupations entourant cette attribution
originent de l'extérieur. Certaines personnes ont en effet
remis en question la présence d'une non-utilisatrice à
un poste de pouvoir dans un organisme supposément dirigé
par des utilisateurs, mais les membres du VANDU écartent
ces préoccupations. Comme le précise l'un d'eux :
" Nous faisons confiance à Ann pour que les choses soient
faites comme nous le voulons. Quiconque remet cela en question ignore
ce qu'elle fait pour nous. Les personnes qui croient que c'est Ann
qui mène se trompent lourdement. En fait, nous lui avons
demandé de faire des choses qui vont à l'encontre
de ses principes : elle le fait parce qu'elle croit à la
voix des utilisateurs. " Un fondateur a aussi mentionné,
comme facteur de sélection d'une non-utilisatrice pour le
poste, l'impact toujours perceptible des politiques et des lois
en matière de drogue : " Si je devais expliquer à
Santé Canada pourquoi Ann occupe ce poste, je dirais que
c'est parce que les drogues sont illégales. Comment peut-on
diriger un organisme quand les gens meurent, sont évincés,
hospitalisés ou en prison? Il faut pouvoir compter sur une
personne qui ne vit pas une telle instabilité. "
Directrice
administrative
En mars 2001, le VANDU a créé un
poste de directrice administrative à temps partiel. La description
de tâches comprend la réception et le travail administratif.
La personne actuellement en poste est aussi responsable d'une partie
de la comptabilité du VANDU; elle gère l'encaisse,
ce qui inclut l'administration du registre des paiements des cachets
aux bénévoles. Elle facilite énormément
la communication entre les membres, le personnel et les parties
intéressées de l'extérieur.
Coordonnateur
de bénévoles
Le poste de coordonnateur des bénévoles
a été créé en août 2001. Selon
la description de tâches, les principales responsabilités
du poste sont de " coordonner les quelques 100 bénévoles
de notre organisme, et de définir, évaluer et mettre
en ouvre les activités des bénévoles en
utilisant des approches de groupe équitables, transparentes
et autonomisantes ". Le coordonnateur voit au recrutement et
à la formation des bénévoles; il anime les
réunions hebdomadaires où les bénévoles
s'inscrivent à des programmes ou à des sessions de
formation. Il collabore avec la directrice administrative pour s'assurer
que les bénévoles reçoivent leurs cachets à
point nommé.
Programmes
" La beauté de VANDU est qu'il agit sur plusieurs
tableaux, que ce soit en fournissant une tribune à un utilisateur
de drogue mentalement troublé et complètement givré
lors d'une réunion, ou en participant aux activités
politiques des comités nationaux de haut niveau. "
- un décisionnaire
" 'Merci pour la salle de bains, merci pour l'équipement
propre, merci de m'avoir aidé.' Le VANDU sauve beaucoup
de vies et ces gens-là veulent vivre. " - un membre
du comité de direction
Le VANDU travaille toujours à la prestation
de plusieurs initiatives d'éducation, de soins et de soutien
communautaires, et de défense des intérêts de
ses membres. Tous les programmes sont conçus, organisés
et mis en ouvre par le conseil d'administration élu
et les bénévoles participants. Les membres contribuent
leurs idées concernant le genre de programmes à mettre
sur pied et les améliorations à apporter aux initiatives
existantes, mais en bout de ligne, c'est le conseil de 25 membres
qui détermine quels programmes seront offerts et de quelle
façon. Le conseil cherche à promouvoir la philosophie
de " mise en réseau " de l'organisme, et une étude
des activités du VANDU indique qu'il a établi des
partenariats en ce sens avec un éventail d'organismes de
services et d'agences gouvernementales.
Éducation
Le VANDU offre plusieurs programmes officiels
et officieux destinés à éduquer les utilisateurs
de drogue sur des sujets spécifiques se rapportant à
la santé. Les programmes visent à encourager l'entraide
et plusieurs des groupes ont mis sur pied des activités d'action
sociale pour défendre leurs intérêts. ·
- Rencontre sur l'hépatite C : chaque semaine, le
VANDU tient une rencontre sur l'hépatite C; il fournit
rafraîchissements et tickets d'autobus à tous les
participants utilisateurs de drogue. Lors des rencontres, des
conférenciers invités - en général
des professionnels en soins de santé - parlent des problèmes
sanitaires auxquels les utilisateurs de drogues injectables séropositifs
sont confrontés et présentent des stratégies
de prévention pour les personnes qui ne sont pas infectées.
- Groupe de femmes séropositives : le VANDU organise
aussi des rencontres pour un groupe de femmes séropositives.
Bien que cette formule soit semblable à la précédente,
les rencontres d'information et de soutien se font discrètement,
étant donné que la communauté des utilisateurs
de drogues injectables porte un jugement négatif sur les
personnes séropositives.
- Site Internet : le VANDU a maintenant un site Internet
(www.vandu.org), où on retrouve
de l'information sur les défis des utilisateurs de drogues
injectables (ex. : les problèmes sanitaires et légaux,
la pauvreté), des renseignements précis sur le VANDU
et de l'information sur la réduction des méfaits.
Le site présente également des poèmes et
des récits de la main des membres.
- BC Association of People on Methadone : le VANDU anime
les rencontres hebdomadaires d'un groupe de personnes sous traitement
par la méthadone, maintenant une association officielle.
Les problèmes entourant le programme de maintien par la
méthadone dispensé en Colombie-Britannique ont toujours
fait l'objet de fréquentes discussions et ce, dès
la première réunion générale, aussi
le groupe a-t-il été fondé très tôt
dans l'histoire du VANDU. Lors des réunions, l'association
étudie les préoccupations des membres sous méthadone
et leur apporte son aide. L'information recueillie est ensuite
relayée aux instances chargées de superviser le
programme provincial de maintien.
- Bulletin : le VANDU distribue un bulletin format magazine,
le VANDU Voice, qui contient de l'information sur l'organisme,
des renseignements utiles aux utilisateurs de drogue et des textes
sur l'utilisation des drogues. La publication sert de tribune
aux utilisateurs qui peuvent y exprimer leurs idées ou
y présenter leurs ouvres d'art.
- Éducation populaire : le VANDU utilise plusieurs
voies pour éduquer la société en général.
Comme l'a expliqué un des fournisseurs de soins rencontrés
: " Historiquement, nous avons tous ignoré l'ensemble
du domaine de l'utilisation des drogues injectables; nous ne comprenons
pas la dynamique qui anime les personnes qui s'injectent de la
cocaïne jusqu'à 20 fois par jour : nous avons donc
besoin de gens qui peuvent nous fournir plus d'information. [Le
VANDU] est prêt à nous faire connaître cette
réalité. Peu importe qu'elle provienne des médias
ou du monde académique, toute personne souhaitant comprendre
la situation est invitée à venir la constater par
elle-même. [Le VANDU] a joué un rôle essentiel
d'éducateur populaire : 'Vous voulez savoir? Venez voir,
nous allons vous montrer!' ". Il est arrivé au VANDU
de fournir une rétroaction indispensable concernant des
études ou des services, aux chercheurs et aux dirigeants
du domaine de la santé publique, en leur offrant des descriptions
vibrantes puisées à même la culture et l'organisation
sociale de la communauté des utilisateurs de drogue. Dans
ce domaine comme tant d'autres, le VANDU demeure une ressource
sous-utilisée. Comme l'a mentionné Sam Friedman,
chercheur très connu : " Les groupes d'utilisateurs
peuvent nous fournir des données sociales et épidémiologiques
sur l'évolution de l'organisation sociale des utilisateurs
de drogue et sur leurs comportements à risque et de protection.
Ces données permettraient aux autorités de cerner
les situations pouvant conduire à l'éruption d'épidémies
avant qu'elles ne se produisent ".6 Plusieurs étudiants
universitaires ont consacré du temps au VANDU afin d'acquérir
de l'expérience sur le terrain. Les membres de l'organisme
ont aussi travaillé bénévolement à
organiser conférences et colloques sur l'utilisation des
drogues injectables à Vancouver, dont " Out of Harm's
Way " (1999) et " Keeping the Door Open: Health, Addictions
and Social Justice " (2000), auxquels ils ont aussi participé.
Les membres ont également prononcé des allocutions
lors de conférences nationales et internationales, y compris
lors de la Conférence internationale sur la réduction
des méfaits de 2000, tenue à New Delhi, en Inde.
Soins et
soutien communautaire
Les membres du VANDU fournissent des soins et
du soutien aux utilisateurs de drogue par l'entremise de plusieurs
programmes :
![Dans une ruelle du centre-ville, un bénévole d'une patrouille de ruelles s'arrête pour échanger des seringues et offrir quelques mots de réconfort.](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index06_fr.gif)
- Patrouilles de ruelles : les membres de ce programme
patrouillent les ruelles de l'est du centre-ville par quart de
huit heures. Le programme fournit des services d'approche aux
utilisateurs de drogue dans les ruelles et les cours du quartier.
Ces services permettent de contacter les utilisateurs de drogue
qui sont le plus à risque de contracter l'infection par
le VIH ou de mourir d'une surdose. Les bénévoles
distribuent du matériel d'injection stérile pour
aider à prévenir la propagation du VIH et de l'hépatite
C; ils ramassent les seringues utilisées et offrent du
réconfort aux personnes qu'ils rencontrent. Les bénévoles
de ce programme ont tous reçu une formation en premiers
soins et en RCR. Les patrouilles travaillent généralement
lorsque les échanges de seringues sont fermés pour
la nuit.
![Les bénévoles du programmes de rue, derrière la table du VANDU, coin Hastings et Main.](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index07_fr.gif)
- Récupération de seringues : les bénévoles
du VANDU ramassent les seringues dans les hôtels bas de
gamme du quartier. Commentant leurs efforts pour nettoyer le quartier
Strathcona, un fournisseur de service a mentionné que "
[le VANDU voulait] montrer que les utilisateurs peuvent être
un élément de solution ". À propos du
programme de récupération des seringues dans les
hôtels, un bailleur de fonds a fait remarquer que "
les bénévoles se présentent dans les hôtels
et ramassent les seringues. Ils rencontrent des propriétaires
très durs qui ne s'intéressent qu'à leurs
325 dollars par mois, et ils leur enseignent la réduction
des méfaits. " ·
- Toilettes de nuit : en réponse aux inquiétudes
croissantes concernant l'accès limité à des
installations sanitaires de base pour les personnes qui vivent
la nuit dans les rues de l'est du centre-ville, le VANDU a exercé
des pressions sur la Ville de Vancouver pour que des toilettes
portables soient accessibles coin Hastings et Main. Elles sont
supervisées par les bénévoles du VANDU et
du Carnegie Centre, en deux quarts - de 18 heures à minuit
et de minuit à 6 heures - heures pendant lesquelles les
autres installations du quartier sont fermées. Il faut
souligner que le VANDU a d'abord milité pour que des toilettes
portables soient installées coin Hastings et Main. Comme
l'a constaté un décisionnaire : " Ils ont vraiment
dû se battre pour cette toilette, ce qui indique une réelle
lacune dans notre prestation des services dans ce quartier. Ça
semblait si simple! C'est triste à dire, mais ces toilettes
portables sont l'une des choses les plus importantes qui soient
arrivées ".
![Un bénévole d'une patrouille de ruelles s'assure que les seringues utilisées sont ramassées de manière sécuritaire.](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index08_fr.gif)
- Échange de seringues : les membres du VANDU ayant
mentionné qu'il est difficile d'obtenir des seringues durant
les heures où les échanges de l'est du centre-ville
sont fermés, le VANDU a tenté d'améliorer
l'accès à des seringues stériles; il échange
actuellement les seringues sur le site des toilettes de nuit.
- Programme de visite à l'hôpital : Grâce
à ce programme, les utilisateurs hospitalisés reçoivent
la visite de membres venus les réconforter. Un membre du
comité de direction explique : " Nous visitons nos
frères et sours une fois par semaine, et nous leur
disons de ne pas partir avant le temps et de prendre leurs médicaments.
Nous leur offrons du réconfort et nous leur racontons ce
qui se passe dans la rue ". ·
- Défense des intérêts : le VANDU
s'efforce également d'aider les personnes dans le besoin
grâce à un travail individuel de défense des
intérêts. L'ensemble des membres possède une
riche expérience et des connaissances considérables
sur la façon d'obtenir des services limités - tel
un logement à prix modique. Les utilisateurs de drogue
s'entraident pour affronter les différents défis
qui se présentent à eux : faire affaires avec les
bureaucraties, remplir des formulaires de demande d'emploi, surmonter
les obstacles juridiques. Étant donné le potentiel
de cette ressource, au demeurant fort peu soutenue, certaines
des personnes rencontrées se sont dites frustrées
d'une situation qui ne permet pas au VANDU de créer un
poste à temps plein pour répondre aux besoins individuels
de défense des droits de ses membres dans des domaines
comme l'assistance sociale, la prison, le logement et l'accès
à la méthadone.
L'étude des documents et des registres de
l'organisme nous a permis de découvrir quelques programmes
qui n'ont plus cours. Ainsi, le projet de services d'approche officiellement
intitulé le VANDU Health Network n'existe plus, bien que
l'entraide et l'éducation entre pairs fassent toujours partie
du programme, avec les réunions et les services d'approche.
En utilisant un réseau d'éducation dirigé par
les utilisateurs, le programme visait à réduire la
transmission des maladies à diffusion hématogène
et les décès par surdose. Pendant trois mois, les
membres ont occupé un local de plain-pied sur la rue Dunlevy,
en face du parc Oppenheimer. Grâce à ce point de service,
ils ont pu offrir des services d'approche à plusieurs utilisateurs
de rue et à des travailleurs de l'industrie du sexe.
Éventuellement, le manque de fonds a eu
raison du VANDU Health Network. Le financement constitue toujours
une contrainte majeure, mais les entrevues et les documents suggèrent
que d'autres facteurs ont contribué aux changements de programmation.
Plusieurs des personnes rencontrées ont mentionné
que les activités naissent en réponse aux besoins
exprimés par les personnes qui s'impliquent dans le VANDU
et que les programmes visent à répondre aux problèmes
immédiats des utilisateurs. De plus, les changements au sein
des membres et du conseil d'administration, tout comme la participation
des bénévoles aux comités consultatifs ou aux
groupes d'intérêt, peuvent signifier que l'énergie
consacrée aux différentes activités variera
selon les priorités du moment. Un fournisseur de services
a commenté en ces termes : " Je crois que le plus difficile
pour le VANDU - et c'est là qu'ils sont vraiment épatants
- c'est de conserver une certaine formule. Je crois que le fait
qu'ils y arrivent est en grande partie dû à Ann Livingston.
Cela fait aussi partie du cycle de la dépendance : les gens
jouent un rôle qui finit par les dépasser, les choses
commencent à mal aller, alors quelqu'un d'autre doit prendre
la relève, ou les choses doivent attendre ".
Le VANDU évalue constamment ses activités
en consultant ses membres lors des rencontres du conseil d'administration.
Les questions soulevées par les membres du VANDU ou du conseil
d'administration sont étudiées lors des rencontres
hebdomadaires et des réunions du conseil d'administration.
Lorsque ce dernier vote une résolution concernant la solution
à un problème, les activités sont ajustées
pour refléter cette décision. Les membres du comité
de direction et du conseil d'administration peuvent exprimer leur
opinion sur la façon dont les programmes sont menés,
mais au bout du compte, les décisions sont prises démocratiquement
par l'ensemble du conseil. Aucune opinion n'est plus importante
qu'une autre; peu importe leur position ou leur ancienneté,
tous les membres ont le même poids. Comme l'explique un des
membres du conseil : " Nous sommes au service de la communauté.
Pas de communauté, pas de VANDU. Nous prenons note de tout
ce qui se dit aux rencontres. C'est comme ça que nous définissons
les besoins, que nous planifions notre action, et que nous évaluons
nos efforts : en épluchant le tableau de conférence
".
Le VANDU a aussi engagé des consultants
du milieu académique pour obtenir de l'aide dans l'évaluation
officielle de ses programmes. Des méthodes qualitatives et
quantitatives ont été utilisées, jumelées
à des approches en recherche communautaire. Ainsi, un consultant
a récemment été engagé pour évaluer
les rencontres sur l'hépatite C. L'évaluation a démontré
que les utilisateurs qui assistent aux réunions les trouvent
aidantes en termes de soutien social, d'éducation sur leur
maladie et sur les façons d'éviter de contracter ou
de transmettre d'autres maladies à diffusion hématogène.
Le VANDU est tenu de produire des évaluations afin de pouvoir
continuer à recevoir du financement.
Action sociale
: le VANDU dans la collectivité
" Nous sommes au service de la communauté. Pas
de communauté, pas de VANDU. " - un membre du
comité de direction
" Il en faut, des gens véhéments et revendicateurs,
à la périphérie, si on veut que le centre
bouge... et inutile d'essayer de faire comme s'ils n'existaient
pas. Ils sont éloquents, ils sont passionnément
engagés, et ils s'accrochent à leurs demandes jusqu'à
ce que quelque chose de déterminant se produise ".
- un décisionnaire
![Earl Crow, président du VANDU, s'adressant à la foule devant le Carnegie Centre.](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index09_fr.gif)
Le VANDU revendique et défend les droits
des utilisateurs de drogue en mettant en oeuvre des actions de différent
ordre. Les membres du comité de direction participent aux
rencontres municipales de planification des politiques sur les drogues,
ainsi qu'aux rencontres fédérales et provinciales
sur la réduction des méfaits. Un fournisseur de service
l'a souligné : " Le VANDU représente la voix
des utilisateurs et, à mon avis, il rend un immense service
à la collectivité. Leurs représentants participent
à toutes les conférences : ils sont à Ottawa,
ils sont même en Inde! ". Un bailleur de fonds a ajouté
: " Ils sont considérés comme la voix des utilisateurs
de drogues injectables, et cette voix est écoutée
parce qu'elle est à la fois passionnée et rationnelle.
Si le VANDU n'existait pas, comment la communauté des utilisateurs
de drogues injectables pourrait-elle se faire entendre? Ces personnes
souffriraient encore davantage! ".
![Bud OSborn, fondateur du VANDU, s'adressant à la foule devant le Parlement à Ottawa](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index10_fr.gif)
Le VANDU organise des marches et des manifestations
pacifiques et participent à cette forme d'action sociale
afin d'attirer l'attention des décisionnaires du domaine
de la santé sur les problèmes de l'utilisation des
drogues injectables. Comme l'a rappelé un fournisseur de
services : " Je me souviens de quelques-unes de leurs extraordinaires
manifestations, la marche à l'Hôtel de Ville, les 2
000 croix érigées dans le parc Oppenheimer. Il y avait
des infirmières en larmes, c'était terriblement émouvant!
".
Les membres du VANDU agissent directement comme
consultants auprès des ministères fédéraux
et de l'administration locale en ce qui a trait aux programmes pour
utilisateurs de drogues injectables. Le coordonnateur de la politique
sur les drogues de Vancouver explique : " L'organisme est un
allié très important. Il faut que nous soyons soutenus
dans nos initiatives par un groupe bien organisé et assez
important qui peut nous dire 'oui, cela aiderait' ". Rappelant
le rôle du VANDU lors d'une récente conférence
sur l'utilisation des drogues à Vancouver, un bailleur de
fonds a mentionné : " Le VANDU a beaucoup contribué
à cette conférence, à sa réalisation
".
L'éducation populaire est aussi un domaine
où le VANDU joue un rôle communautaire essentiel. Plusieurs
des personnes rencontrées ont mentionné que le VANDU
avait beaucoup contribué au changement des perceptions sur
les utilisateurs de drogue. Un fondateur a expliqué que "
le VANDU avait aidé beaucoup de gens à se débarrasser
de leurs stéréotypes "; il a raconté ce
qu'a signifié la présence d'un membre du VANDU au
comité d'organisation de la conférence : " Les
gens du comité ont commencé à voir X comme
une personne, et non plus comme un utilisateur de drogue ".
Presque toutes les personnes rencontrées
s'entendent pour dire que la principale force du VANDU est sa capacité
d'aller chercher les utilisateurs sur leur propre territoire. C'est
l'un des thèmes que nous avons dégagés des
rencontres avec les membres et les non-membres. On croit à
juste titre que le VANDU peut aider les utilisateurs de multiples
manières, puisque qu'il est dirigé par des utilisateurs.
Un bailleur de fonds a constaté que " la position du
VANDU est idéale pour exercer de la prévention secondaire
et tertiaire ".
![Les membres du VANDU interrompent la réunion du conseil municipal après que le maire ait annoncé un moratoire de 90 jours sur la création de nouveaux services pour les utilisateurs de drogue. Le maire a suspendu la séance pour permettre aux membres du VANDU de s'exprimer.](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatite_c/content/vandu-Index11_fr.gif)
Les activités du VANDU influencent la communauté
des utilisateurs de drogue de plusieurs façons. Les programmes
mentionnés plus haut ciblent les besoins de manière
spécifique et planifiée, et leurs bienfaits profitent
à l'ensemble de la communauté. Un autre avantage est
que les utilisateurs directement impliqués dans le VANDU
profitent également du soutien social qui découle
de la participation communautaire. Cette conséquence est
illustrée par ce commentaire d'un ancien membre du conseil
d'administration : " Je n'ai pas arrêté de consommer,
mais le sentiment de fraternité, quand tu te retrouves entre
pairs... le VANDU a fait beaucoup pour moi! ". En plus du
soutien entre pairs, il semble que le VANDU permette aussi aux utilisateurs
de prendre conscience de leur valeur, au-delà des stéréotypes
que leur impose la société bien-pensante. Comme l'a
expliqué un membre : " [Le VANDU] permet aux gens de
vivre ce que cela signifie, avoir du travail et des responsabilités.
Toutes les croyances négatives dont ils ont été
abreuvés en tant que toxicomanes disparaissent et ils constatent
qu'ils sont compétents. Cela les aident à grandir,
à se connaître et à comprendre qu'ils ont le
choix ". En réalisant qu'en tant qu'utilisateurs, leurs
choix peuvent faire une différence, les membres peuvent se
réinventer ou se considérer sous un angle plus positif
et plus productif qui contraste radicalement avec le jugement débilitant
que porte habituellement la société sur les utilisateurs
de drogue. Un des membres fondateurs l'explique clairement lorsqu'il
déclare :
" La sagesse et l'expérience collective s'unissent,
mais tu commences aussi à te percevoir différemment.
Je fais partie de quelque chose pour ce que je suis, pas pour
ce que je ne suis pas. Pour ce que je suis : un toxicomane, pauvre,
atteint de l'hépatite C, qui vit dans un taudis et tout
ça. Et quelqu'un te dit : 'Ouais, c'est à cause
de ça que tu es important. Tu peux contribuer à
aider beaucoup de gens et à sauver des vies. Ton expérience
peut contribuer à ça.' Alors, j'éprouve un
sentiment différent envers moi-même ".
Leçons tirées
de l'expérience
Plusieurs leçons ont été tirées
de l'expérience du petit groupe réuni pour former
l'organisme qui devait devenir le Vancouver Area Network of Drug
Users. La plus importante est probablement que le VANDU a démontré,
comme d'autres organismes dirigés par les utilisateurs, que
les utilisateurs de drogue peuvent s'organiser et enrichir leur
communauté et l'ensemble de la collectivité. Tout
au long de ses années de lobbying et d'action sociale, le
VANDU a exprimé les inquiétudes des utilisateurs de
drogue sur la scène politique. Qui plus est, il a joué
un rôle extrêmement important d'éducateur populaire
en confrontant le monde extérieur - décisionnaires,
chercheurs et autres parties intéressées - à
la réalité de l'est du centre-ville de Vancouver.
Il est clair que les soins et le soutien fournis par le VANDU sont
indispensables à la population de ce quartier. Comme l'explique
un fondateur : " Le groupe d'utilisateurs accomplira des choses
qu'aucun professionnel de la santé ne pourra jamais réussir.
Ça, c'est une leçon importante. " Les membres
gagnent beaucoup à participer au VANDU. Un des fondateurs
le souligne : " Tu apprends énormément avec le
VANDU. Tu apprends comment animer une réunion, parler aux
représentants des gouvernements, aux médias; ensuite,
tu peux partir et faire la même chose ailleurs ". Au-delà
de l'acquisition des compétences, il semble que leur participation
donne un but à plusieurs membres, de même qu'une occasion
d'acquérir plus de respect d'eux-mêmes. Un des membres
du comité de direction a déclaré : " Le
VANDU nous offre un peu de dignité. Il nous donne une raison
de sortir du lit, le matin ".
On ne peut mettre en doute l'importance de l'aide
apportée par le VANDU à la réduction des méfaits
associés aux drogues chez ses membres, grâce à
des activités de soutien, d'éducation et de soins.
Les membres sont aussi d'avis que leur message éducatif est
entendu par l'ensemble de la communauté des personnes qui
consomment des drogues. De plus, la réduction des méfaits
a été fortement encouragée chez les personnes
directement touchées par les services d'approche du VANDU,
que ce soit parce qu'elles ont reçu des seringues stériles
d'une patrouille de ruelles ou parce qu'on leur a rappelé
de ne pas s'injecter en solitaire.
Au fil des années, le VANDU a dû faire
face à un certain nombre de défis. Dans l'ensemble,
les difficultés de financement et le décès
des membres, suite à des accidents, à des surdoses,
au VIH/sida ou aux autres maladies, ont pesé lourd sur l'organisme.
De plus, les modestes subventions accordées, et le désir
des membres d'en faire tant et plus, ont quelquefois mis les ressources
humaines et financières à rude épreuve. Le
personnel se dépense sans compter, travaillant d'innombrables
heures sans être payé, se rendant entre autres au coin
de Hastings et Main pour superviser le changement de quart de minuit.
Qui plus est, certains membres dévoués travaillent
quart après quart, à des heures indues, pour un cachet
dérisoire. Une des personnes rencontrées a déclaré
: " C'est difficile pour le personnel de ralentir quand autour,
les bénévoles travaillent passionnément et
terriblement fort pour sauver quelques vies de plus. Nous vivons
avec la mort, ici! " Un décisionnaire a indiqué
qu'en dépit du dévouement des bénévoles
et du personnel, il s'inquiète que " l'organisme n'implose
à cause du manque d'appui et de l'envergure de son action
". Il est vrai que plusieurs programmes ont dû être
abandonnés, alors que d'autres, disparus, ont été
repris quelques mois plus tard. À l'avenir, faire fonctionner
et soutenir toutes ces activités exigera une augmentation
substantielle du financement, à défaut d'une réduction
de l'ampleur des programmes et des activités.
L'organisme déclare n'avoir aucun regret.
Comme le mentionnait un des membres au sujet de la mise sur pied
du VANDU : si c'était à refaire, il faudrait juste
espérer que " les décisionnaires et les agences
extérieures soient disposés à répondre
au problème plutôt qu'à se contenter d'en parler
". La santé de l'organisme est bonne, son fonctionnement
bien géré, et les problèmes qu'on s'attendrait
à rencontrer dans un organisme dirigé par des utilisateurs
de drogue n'existent pas. Ainsi, en ce qui concerne la violence
et la criminalité, l'expérience du VANDU tendrait
à réfuter plusieurs des stéréotypes
sur les utilisateurs de drogue. Un des membres du conseil d'administration
a expliqué cette constatation en ces termes : " Le respect
des pairs prévient l'apparition de cette forme d'hostilité
entre nous. Même si une question est férocement débattue
lors d'une réunion, personne ne quittera la table en colère
". Un autre membre a par ailleurs souligné : "
Il n'y a pas plus de vols au VANDU qu'il n'y en aurait à
la bibliothèque municipale si vous y laissiez vos affaires
sans surveillance pendant un moment ". Le dévouement
étant la qualité qui décrit le mieux l'engagement
des membres, les problèmes découlant de l'engagement
et de la fiabilité sont donc rares chez les bénévoles.
Alors que l'engagement de non-utilisateurs dans
les activités du VANDU suscite une certaine controverse,
certains des membres rencontrés le considère comme
un atout. Il semble que le personnel fournisse la continuité
et la stabilité nécessaires à cet organisme
souvent troublé par l'instabilité qui colore la vie
de plusieurs de ses membres. Néanmoins, cela peut aussi signifier
que jusqu'ici, le VANDU a eu de la chance. En effet, l'organisme
est extrêmement fortuné de pouvoir compter sur des
employés qui soutiennent la mission et les objectifs du VANDU
parce que leur propre philosophie en épouse les valeurs et
les principes. Après avoir observé le fonctionnement
interne, nous avons constaté que l'utilisation, par le personnel,
de méthodes d'éducation populaire et d'animation de
groupe sert à minimiser leur influence personnelle et à
maximiser l'apport des utilisateurs eux-mêmes. Dans un autre
milieu, et avec des personnes moins engagées, cet équilibre
fragile serait vite rompu. Comme l'a déclaré un fondateur,
en bout de ligne, " il faut que ce soit les utilisateurs qui
s'organisent ". L'organisme aurait du mal à remplacer
le personnel actuel. Le cas échéant, cette tâche
reviendrait au conseil d'administration qui devra s'assurer de l'intensité
de l'engagement du nouveau personnel envers la mission du VANDU
et du respect de ses valeurs.
Directions d'avenir
Par nécessité, l'avenir du VANDU
risque fort de ressembler à son passé. La crise en
santé publique fait toujours rage chez les utilisateurs de
drogue, et l'inaction gouvernementale en la matière est fort
bien documentée.2,3,24,25
Comme l'a déclaré un décisionnaire : "
Toute cette situation d'urgence en santé publique a surgi
et a disparu. Rien d'important n'est arrivé. Le VANDU continue
de ramener le sujet sur le tapis en disant : 'Venez faire un tour
au centre-ville et nous vous montrerons que la situation n'a pas
changé depuis 1997' ". Rien n'indique que le VANDU mettra
fin à ses activités. Un membre du conseil de direction
résume ainsi la question : " Il y a plusieurs problèmes
et le VANDU veut tous les régler ". L'organisme entend
continuer à mener les luttes dans lesquelles il est engagé
depuis toujours. Un membres du conseil de direction a élaboré
sur le sujet : " La vision du conseil est d'avoir des centres
d'injection supervisés, de meilleures conditions de vie,
de mettre fin à la maladie, et d'empêcher la mort...
Que les gens que nous représentons puissent vivre. Longtemps
". Un membre du conseil d'administration a aussi mentionné
qu'il existe une volonté de mettre en ouvre de nouvelles
activités pour venir en aide au tiers des membres de l'organisme
qui sont d'origine autochtone.
Le VANDU entend également avoir un local
de plain-pied avec la rue près d'une des scènes de
drogue. L'expérience du VANDU Health Network a démontré
que le local sur Dunlevy était très apprécié
des bénévoles, de plusieurs des utilisateurs de drogue
de la rue et des travailleurs de l'industrie du sexe. Un membre
du conseil de direction a déclaré : " Le seul
changement que j'apporterais au service serait d'ouvrir un local
sur la rue où les gens se tiennent. Comme celui sur Dunlevy.
Cet endroit a changé la vie de beaucoup de gens. Si nous
avions de l'argent, je crois que c'est ce que nous ferions. Ici,
nous sommes à la limite de Gastown, et peu de nos frères
et sours s'aventurent jusqu'ici ". Le fait que les bénévoles
pouvaient accommoder plus de femmes constituait un autre des avantages
de ce local sur la rue. Situé en face du parc Oppenheimer,
ouvert toute la nuit, il permettait aux travailleuses de l'industrie
du sexe et au reste de la clientèle d'entrer se reposer un
moment, à proximité de la scène de drogue.
L'avenir pourrait également consister à
retourner à la vision originale du VANDU qui se voulait un
réseau de groupes d'utilisateurs de drogue dirigés
par des pairs. Pour l'instant, les activités du VANDU se
limitent à l'est du centre-ville de Vancouver. Toutefois,
il est de notoriété publique que des communautés
utilisatrices de drogue existent également dans le Lower
Mainland.26 Elles gagneraient beaucoup à
instaurer une relation de mentorat avec le VANDU. Par ailleurs,
le rôle grandissant de l'organisme dans le débat national
sur l'utilisation des drogues l'a conduit à établir
des contacts pancanadiens : à long terme, le VANDU aimerait
devenir un maillon du réseau national des utilisateurs de
drogue. " Que ce soit le MANDU à Montréal ou
le WANDU à Winnipeg, à long terme, nous sommes intéressés
à former un réseau national préconisant une
stratégie nationale de réduction des méfaits
". Selon l'organisme, cette stratégie consisterait à
mettre sur pied des centres d'injection supervisés où
les utilisateurs auraient accès à du matériel
d'injection stérile, à des services de traitement
et aux services d'un personnel médical, ainsi qu'à
instaurer des programmes de maintien par les stimulants et les opiacés.
En dépit de ces buts à large portée, l'organisme
se concentre toujours sur les défis actuels, tout en continuant
de croire que ses buts à long terme seront atteints une étape
à la fois, qu'il s'agisse de faire visiter les ruelles de
l'est du centre-ville aux membres du Parlement, ou d'exiger du conseil
municipal qu'il installe des toilettes de nuit pour la population
de rue.
Les agences et les fournisseurs de services ont
tout à gagner d'une collaboration avec le VANDU. Comme l'a
souligné un fondateur : " Je crois que les agences hésitent
à utiliser le VANDU au meilleur de ses capacités.
En fait, si l'organisme recevait une aide adéquate, il pourrait
accomplir encore plus qu'on le croit ". En étudiant
les efforts de prévention du VIH à Vancouver, Sam
Friedman a en effet recommandé que :
" (...) les utilisateurs qui ont de l'expérience
dans les activités de réduction des méfaits
accompagnent les intervenants en services d'approche, les infirmières
et les autres fournisseurs de soins dans la rue et les hôtels.
Cela présente plusieurs avantages, comme augmenter la crédibilité
du personnel auprès des utilisateurs et le former aux réalités
de la rue. Cela augmente aussi l'impact des services d'approche
et des autres programmes, dans la mesure où le travail
à deux répond au besoin du personnel de renforcer
sa sécurité (puisque l'utilisateur accompagnateur
contribue à sa protection) ".6
Mais en essence, l'avenir du VANDU peut dépendre
de sa capacité à concevoir des façons créatives
d'appuyer le personnel et les membres. Depuis ses débuts,
l'organisme a assumé des responsabilités considérables
sans beaucoup de soutien, financier ou autre. Les récompenses
sont évidentes pour le personnel et les membres, mais elles
ont leur prix. Il semble peu probable que le VANDU puisse soutenir
le même rythme face aux terribles conditions actuelles et
à l'inaction gouvernementale. Adéquatement soutenu,
le VANDU peut perpétuer le travail unique et sans prix qu'il
a entrepris en réponse aux crises actuelles en santé
publique et continuer à prendre de l'expansion. Comme l'a
écrit Sam Friedman : " Le VANDU est un organisme extrêmement
prometteur. Il pourrait devenir l'un des organismes d'utilisateurs
les plus puissants au monde, en particulier s'il est appuyé
et financé par les autorités sanitaires ".
Études subséquentes
Dans cette étude de cas, notre objectif
consistait à documenter l'évolution du VANDU, des
premières rencontres des fondateurs au réseau actif
d'aujourd'hui. Ce projet de recherche éclairera donc le sujet
de la naissance du VANDU, mais soulèvera aussi des questions
sur la façon dont l'organisme pourrait être mieux incorporé
au cadre de la santé publique pour réduire davantage
les méfaits associés à l'utilisation des drogues
illégales. Ces questions s'avèrent particulièrement
pertinentes, au vu du fait que le modèle de santé
publique, tel qu'il existe actuellement, n'a pas réussi à
prévenir la transmission du VIH et de l'hépatite C,
ni à réduire de beaucoup le nombre de décès
par surdose et les autres méfaits associés aux drogues.
Compte tenu de la complexité des organismes d'utilisateurs
de drogue et de la crise en santé publique qui continue de
ravager cette population, les décisionnaires chargés
des politiques de santé pourraient être intéressés
à en apprendre davantage sur les organismes comme le VANDU.
Ainsi, peu d'études ont étudié
l'impact de leur participation à un groupe d'utilisateurs
de drogue chez les personnes activement engagées dans de
telles organisations. Il faut souligner que les décès
par surdose sont extrêmement rares chez les membres du VANDU,
alors qu'il sont fréquents chez les non-membres. Il faut
également souligner que, dans le cadre de notre étude,
plusieurs des membres rencontrés ont mentionné que
leur participation au VANDU les avaient également aidés
à abandonner les comportements qui comportent le risque de
contracter les maladies à diffusion hématogène,
ce qui présente des implications significatives en ce qui
concerne la transmission de l'hépatite C, du VIH et des autres
maladies infectieuses. D'autres questions demandant réponse
portent sur les bienfaits sur la santé physique et psychosociale
attribuables à la participation des membres au VANDU.
Par ailleurs, l'impact du VANDU sur les utilisateurs
de drogue qui ne sont pas membres de l'organisme est un sujet qui
n'a pas encore été évalué. Grâce
aux initiatives de soutien et aux services d'approche - tel le programme
de rue et les patrouilles de ruelles - les membres du VANDU rencontrent
des utilisateurs chaque jour. Or, l'influence de ces initiatives
sur la vie et les comportements à risque des non-membres
doit être évaluée le plus rapidement possible,
si l'on veut mettre en lumière le potentiel applicable à
d'autres activités de réduction des méfaits
et de promotion de la santé.
Il serait judicieux d'engager les membres du VANDU
dans tous les aspects des futurs travaux de recherche, l'organisation
et la mobilisation de l'organisme étant suffisante pour assurer
l'efficacité de sa contribution. Au cours de notre étude,
plusieurs membres se sont dits intéressés à
préparer un " guide d'utilisateur " en version
papier et électronique, afin de faciliter la création
d'un réseau national d'utilisateurs de drogue. Compte tenu
de l'expérience des membres, un guide très simple,
avec des exemples de formulaire et d'affiche, et de l'information
sur la façon de se constituer en société, représenterait
un outil indispensable pour les personnes qui n'ont qu'une expérience
limitée dans l'organisation des utilisateurs de drogue ou
la négociation du labyrinthe bureaucratique.
Enfin, étant donné son contact étroit
et quotidien avec les utilisateurs des scènes de drogue,
le VANDU est idéalement placé pour obtenir de l'information
sur les besoins des utilisateurs les plus marginalisés. À
ce sujet, un débat national est présentement en cours,
concernant la mise en place d'infrastructures d'injection sécuritaires
ou supervisées.11 Malheureusement, obtenir de l'information
des personnes qui seraient les plus susceptibles d'utiliser de telles
infrastructures peut s'avérer particulièrement difficile
pour les initiatives de recherche conventionnelles. Grâce
à ses liens étroits avec les utilisateurs de rue,
nul doute que le VANDU peut contribuer à la faisabilité
des enquêtes précédant la mise en ouvre
de nouveaux services, telles des infrastructures d'injection sécuritaires.
Tiré de la Complainte d'un lobbyiste
et je me souviens de ce junkie de l'est du centre-ville
celui qui est sidatique
il est venu me voir récemment
après une de nos rencontres de drogués
où nous avons discuté
de notre lutte pour atteindre cet endroit
salvateur et éclairé
il avait été d'une telle éloquence pendant
la réunion
il comprend la situation
dans sa chair
dans sa misère
dans sa colère
il comprend
pourquoi les gens le détestent
pourquoi ils veulent
le voir disparaître
et mourir
il m'a dit
tu me connais, je suis cynique
je crois pas que rien de bon
puisse nous arriver
mais la rencontre d'aujourd'hui
ça fait un peu
rêver
et l'espace d'un moment
j'ai vu sur son visage
une expression fugace
étrangère
une lueur d'espoir
- Bud Osborn Bibliographie
Bibliographie
- Statistique Canada. Recencement de la population
canadienne, 1996.
- O'Shaughnessy MV, Montaner JS, Strathdee S,
Schechter MT. " Deadly public policy ", Int. Conf. AIDS,
vol. 12, no 982, 1998 (abrégé no 44233).
- Strathdee SA, Patrick DM, Currie SL, et al.
" Needle exchange is not enough: lessons from the Vancouver
injecting drug use study ", AIDS, vol. 11, no 8, 1997, p.
F59-65.
- Patrick DM, Tyndall MW, Cornelisse PG, et al.
" Incidence of hepatitis C virus infection among injection
drug users during an outbreak of HIV infection ", CMAJ, vol.
165, no 7, 2001, p. 889-895.
- BC Vital Statistics Agency. Selected Vital
Statistics and Health Status Indicators. Drug-induced deaths by
age and gender (statistiques vitales et indicateurs de l'état
de santé sélectionnés. Décès
causés par les drogues par âge et par sexe).
- Friedman SR. Thoughts about HIV prevention:
Efforts in Vancouver by the Vancouver/Richmond Health Board, 1998.
- Des Jarlais DC, Marmor M, Paone D, et al. "
HIV incidence among injecting drug users in New York City syringe-exchange
programmes ", Lancet, vol. 348, no 9033, 1996, p. 987-991.
- Bluthenthal RN, Kral AH, Gee L, Erringer EA,
Edlin BR. " The effect of syringe exchange use on high-risk
injection drug users: A cohort study ", AIDS, vol. 14, no
5, 2000, p. 605-611.
- Broadhead RS, Heckathorn DD, Grund JC, Stern
LS, Anthony DL. " Drug users versus outreach workers in combating
AIDS: Preliminary results of a peer-driven intervention ",
Journal of Drug Issues, vol. 25, no 3, 1995; p. 531-564.
- Millar JS. HIV, hepatitis C, and injection
drug use in British Columbia: Pay now or pay later?, ministre
provincial de la santé de la Colombie-Britannique, juin
1998.
- Wood E, Tyndall MW, Spittal PM, et al. "
Unsafe injection practices in a cohort of injection drug users
in Vancouver: Could safer injecting rooms help?", CMAJ, vol.
165, no 4, 2001, p. 405-410.
- Broadhead RS, Heckathorn DD, Weakliem DL,
et al. " Harnessing peer networks as an instrument for AIDS
prevention: Results from a peer-driven intervention ", Public
Health Rep, vol. 113, no 1 (suppl.), 1998, p. 42-57.
- Grund JP, Blanken P, Adriaans NF, Kaplan CD,
Barendregt C, Meeuwsen M. " Reaching the unreached: Targeting
hidden IDU populations with clean needles via known user groups
", J Psychoactive Drugs, vol. 24, no 1, 1992, p. 41-47.
- Rich JD, Strong L, Towe CW, McKenzie M. "
Obstacles to needle exchange participation in Rhode Island ",
Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes, vol. 21, no 5,
1999; p. 396-400.
- Power R, Jones S, Kearus J, Ward J, Perera
J. " Drug user networks, coping strategies, and HIV prevention
in the community ", Journal of Drug Issues, vol. 25, no 3,
1995; p. 565-581.
- Latkin CA. " Outreach in natural settings:
The use of peer leaders for HIV prevention among injecting drug
users' networks ", Public Health Rep, vol. 113, no 1 (suppl.),
1998, p. 151-159.
- Cottler LB, Compton WM, Ben Abdallah A, et
al. " Peer-delivered interventions reduce HIV risk behaviors
among out-of-treatment drug abusers ", Public Health Rep,
vol. 113, no 1 (suppl.), 1998, p. 31-41.
- Schechter MT, Sutherland D, Hogg RS, et al.
" The changing spectrum of AIDS index diseases in Canada
", Int. Conf. AIDS, vol. 10, no 1, 1994, p. 38 (abrégé
no 124C).
- Direction des renseignements criminels de
la Gendarmerie royale du Canada. Situation au Canada - drogues
illicites (1999), mars 2000..
- Santé Canada. Consortium to characterize
injection drug users in Canada (Montreal, Toronto, Vancouver),
Canada, 1998.
- Bardsley J, Turvey J, Blatherwick J. "
Vancouver's needle exchange program ", Can J Public Health,
vol. 81, no 1, 1990, p. 39-45.
- Patrick DM, Strathdee SA, Archibald CP, et
al. " Determinants of HIV seroconversion in injection drug
users during a period of rising prevalence in Vancouver ",
International Journal of STD & AIDS, vol. 8, no 7, 1997, p.
437-445.
- Schechter MT, Strathdee SA, Cornelisse PG,
et al. " Do needle exchange programmes increase the spread
of HIV among injection drug users? An investigation of the Vancouver
outbreak ", AIDS, vol. 13, no 6, 1999, p. F45-51.
- Fischer B, Rehm J, Blitz-Miller T. "
Injection drug use and preventive measures: A comparison of Canadian
and western European jurisdictions over time ", CMAJ, vol.
162, no 12, 2000, p. 1709-1713.
- Réseau Juridique Canadien VIH/SIDA.
L'injection de drogue et le VIH/sida : questions juridiques et
éthiques, Montréal, 1999.
- Bognar C, Legare J, Ross S. Injection drug
use and the epidemic of HIV in the Lower Mainland: Final report,
Lower Mainland Working Group on Communicable Diseases, Vancouver,
1998. 2
![Haut de Page](/web/20061211041812im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/hepc/hepatitis_c/gfx/pi_top_of_page.gif)
|