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Agence de santé publique du Canada

Attachement aux parents et adaptation pendant l'adolescence : analyse bibliographique et incidences politiques

Anna Beth Doyle, Ph.D. et Marlene M. Moretti, Ph.D.

Université Concordia
Université Simon Fraser
Avec la collaboration de
Kirsten Voss, M.A. Stephanie K. Margolese, M.A.
Université Concordia

Rapport préparé pour la Division de l'enfance et de l'adolescence

(Numéro de dossier 032ss.H5219-9-CYH7/001/SS) 31 mars 2000

Adresse du premier auteur : Centre de recherche en développement humain, Université Concordia, 7141, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec), Canada H4B 1R6. Téléphone : (514) 848-7538 - Télécopieur : (514) 848-2815 -Courriel : abdoyle@vax2.concordia.ca.

Attachement aux parents et adaptation pendant l'adolescence : analyse bibliographique et incidences politiques

Résumé

Ce document présente un compte rendu de l'analyse bibliographique concernant le rapport entre l'attachement aux parents pendant l'adolescence et l'adaptation psychologique et sociale des adolescents. Le document résume les recommandations en matière de pratiques parentales saines, les programmes gouvernementaux et la recherche.

Conclusions

"Question de recherche no 1 : L'attachement aux parents pendant l'adolescence a-t-il une incidence sur l'adaptation psychologique et sociale des adolescents?

L'attachement profond pendant l'adolescence est lié à un nombre moins élevé de problèmes de santé mentale, notamment une diminution des taux de dépression, d'anxiété et de sentiments d'incompétence personnelle1-5. Les adolescents très attachés à leurs parents ont moins de chances de se livrer à la toxicomanie, à adopter un comportement antisocial et agressif et à s'engager dans des activités sexuelles risquées2,6-9. Ils gèrent aussi beaucoup mieux le passage à l'école secondaire et jouissent de relations plus positives avec leur famille et leurs pairs10, 11. Ils démontrent moins de préoccupations envers la solitude et le rejet social que les adolescents moins attachés à leurs parents et ils font preuve de plus de stratégies d'adaptation1,12.

Question de recherche no 2 : Quel rôle les parents jouent-ils pour assurer un attachement profond pendant l'adolescence?

Les relations parent-enfant traversent d'importantes transitions pendant l'adolescence, notamment une diminution du temps consacré aux parents et un déplacement de la dépendance vers une réciprocité mutuelle13,14. Les parents jouent un rôle important en soutenant un attachement profond pendant ces transitions15. Les adolescents profitent d'un soutien parental favorisant le développement de l'autonomie tout en assurant une surveillance continue et une connexité émotive. La disponibilité psychologique, la chaleur, l'écoute active, la maîtrise du comportement, l'établissement de limites, l'acceptation de la personnalisation et la négociation des règlements et des responsabilités font partie des compétences parentales particulières qui mettent en valeur le renforcement de l'attachement et le développement de l'autonomie16-18. Le soutien parental pendant les périodes stressantes de transition (par exemple, le passage à l'école secondaire) laisse présager une adaptation positive de l'adolescent11.

RECOMMANDATIONS

Incidences sur l'efficacité du rôle parental

  • Les parents doivent reconnaître l'importance continue de leur relation avec leur adolescent. Ils doivent prendre soin de ne pas confondre le développement de l'autonomie de l'adolescent et le rejet de la relation parentale.
  • Les parents doivent être à la disposition de leur adolescent, l'appuyer et être activement engagés à négocier une plus grande autonomie et autosuffisance.
  • Les parents doivent s'attendre à ce que leur adolescent leur demande d'être plus disponibles et de l'appuyer pendant les périodes de transition comme le passage à l'école secondaire. Les parents doivent appuyer leur adolescent dans la planification et la gestion efficaces de cette transition.
  • Les parents doivent appuyer leur adolescent dans l'exploration des normes sociales en écoutant ses préoccupations concernant l'acceptation sociale et la pression des pairs, en discutant des valeurs et des motifs d'établissement de limites et en négociant les règlements nécessaires. Les parents doivent surveiller la participation de leur adolescent à des situations susceptibles de présenter un danger et voir avec lui à assurer sa sécurité.
  • Les parents doivent prendre soin de ne pas faire abstraction des vrais problèmes émotifs de leur adolescent en assumant qu'ils sont causés par des changements physiologiques ou hormonaux associés à cette période de développement.
  • Les parents doivent prendre soin de ne pas rejeter les problèmes associés à la relation adolescent-parent comme s'ils étaient causés par l'âge, le tempérament ou d'autres caractéristiques de l'enfant. Les parents et leur adolescent contribuent ensemble à cette relation.
  • Les parents doivent reconnaître l'importance continue de leur relation avec leur adolescent pour que celui-ci puisse s'adapter, en dépit de l'augmentation de l'intérêt et du temps que leur enfant consacre à ses pairs. Les parents doivent connaître et surveiller les groupes de pairs desquels leur adolescent fait partie et leurs activités à l'école.
  • Les parents doivent comprendre qu'au moment où leur adolescent entre dans des relations romantiques, celui-ci peut profiter de leur soutien affectif et de leur encadrement. Les parents doivent être disponibles pour discuter avec leur adolescent de ses émotions, de ses valeurs et de sa prise de décision concernant les questions touchant l'intimité et l'aspect sexuel dans les relations romantiques.
  • Il est conseillé aux parents d'un enfant ayant vécu de grandes difficultés au cours des premières relations enfant-parent de prévoir les défis de l'adolescence et d'évaluer s'il a besoin d'un soutien en santé mentale.
  • Les parents qui reconnaissent en eux les facteurs de risque pouvant mettre en danger l'attachement précaire de leur adolescent peuvent profiter de conseils ou de thérapies pour régler leurs propres difficultés ou pour réduire la transmission du risque à d'autres membres de la famille.

Incidences sur les programmes gouvernementaux

Le gouvernement doit appuyer les initiatives suivantes dans son programme de santé mentale :

  • Élaborer des initiatives d'éducation publique qui démythifient l'éloignement de l'adolescent de ses parents et qui mettent en valeur la reconnaissance et la compréhension de l'importance de la relation parent-enfant. Parmi les stratégies visant ce but figurent les campagnes de publicité-médias et la distribution de brochures d'information par l'entremise des organismes gouvernementaux, des bureaux de santé publique et des écoles. L'affectation de fonds pour couvrir les frais de conférenciers spécialisés et de matériel écrit et vidéo pour les groupes de parents d'écoles secondaire de premier cycle et de second cycle, les centres communautaires, les bibliothèques et autres constituerait aussi une mesure efficace.
  • Élaborer et évaluer des programmes pour aider les parents à acquérir des compétences parentales efficaces axées sur les adolescents, notamment les compétences nécessaires pour les soutenir et les encadrer pendant les périodes de transition. Cette initiative peut se réaliser rapidement par l'élaboration de programmes universels ciblant l'entrée à l'école secondaire et fournissant l'éducation et le soutien en relation avec les transitions dans les relations parent-enfant et les compétences parentales efficaces.
  • Élaborer et évaluer des programmes ciblés se concentrant sur les questions relatives à l'attachement et les stratégies parentales efficaces pour les adolescents à risque élevé et leur famille.
  • Appuyer une formation éducative offerte par des professionnels de la santé mentale et d'autres professionnels touchés par la prestation de services pour augmenter la compréhension des questions ayant trait à l'attachement de l'adolescent et accroître la sensibilisation à ce sujet.

"Recommandations pour les initiatives de recherche

  • Élaborer et valider des mesures d'attachement pour les adolescents fondées sur l'autodéclaration, l'observation ou l'entrevue.
  • Effectuer une recherche sur les déterminants de stabilité et de changement dans l'attachement, de l'enfance à l'adolescence et de l'adolescence à l'âge adulte.
    • Enquêter sur les transitions dans les fonctions d'attachement des parents, des pairs et des partenaires romantiques, du début de l'adolescence jusqu'au début de l'âge adulte.
    • Documenter l'émergence des représentations d'attachement généralisées par rapport aux représentations d'attachement différenciées, du début de l'adolescence jusqu'au début de l'âge adulte.
  • Enquêter sur le rôle parental relatif aux changements reliés à l'attachement pendant l'adolescence : passage de l'attachement profond à l'attachement précaire par rapport au passage de l'attachement précaire à l'attachement profond.
  • Déterminer les éléments de médiation et de modération du rapport entre l'attachement de l'adolescent et son fonctionnement au début de l'âge adulte (c'est-à-dire la pauvreté, la psychopathologie parentale, les relations avec les pairs, la réussite scolaire).
  • Élaborer et évaluer des programmes universels et ciblés se concentrant sur l'attachement aux parents, les relations familiales et l'adaptation pendant l'adolescence.

Principales références

  1. Kerns, K. A., et Stevens, A. C. (1996). Parent-child attachment in late adolescence: Links to social relations and personality. Journal of Youth and Adolescence, 25, 323-342.
  2. Kobak, R., et Sceery, A. (1988). Attachment in late adolescence: Working models, affect regulation, and representations of self and others. Child Development, 59, 135-146.
  3. Nada-Raja, S., McGee, R., et Stanton, W. R. (1992). Perceived attachments to parents and peers and psychological well-being in adolescence. Journal of Youth and Adolescence, 21, 471-485.
  4. Lessard, J. C., et Moretti, M. M. (1998). Suicidal ideation in an adolescent clinical sample: Attachment patterns and clinical implications. Journal of Adolescence, 21, 383-395
  5. Paterson, J., Pryor, J., et Field, J. (1995). Adolescent attachment to parents and friends in relation to aspects of self-esteem. Journal of Youth and Adolescence, 24, 365-376.
  6. Cooper, M. L., Shaver, P. R., et Collins, N. L. (1998). Attachment styles, emotion regulation, and adaptation in adolescence. Journal of Personality and Social Psychology, 74, 1380-1397.
  7. Fonagy, P., Target, M., Steele, M., Steele, H., Leigh, T., Levinson, A., et Kennedy, R. (1997). Morality, disruptive behavior, borderline personality disorder, crime and their relationship to security of attachement. In L. Atkinson et K. J. Zucker (Eds.), Attachment and psychopathology. New York: Guilford.
  8. Rosenstein, D. S., et Horowitz, H. A. (1996). Adolescent attachement and psychopathology. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 64, 244-253.
  9. Voss, K. (1999) Understanding adolescent antisocial behaviour from attachement theory and coercion theory perspectives. Unpublished doctoral dissertation, Concordia University.
  10. Kenny, M. E., et Donaldson, G. A. (1991). Contributions of parental attachement and family structure to the social and psychological functioning of first-year college students. Journal of Counseling Psychology, 38, 479-486.
  11. Papini, D. R., et Roggman, L. A. (1992). Adolescent perceived attachement to parents in relation to competence, depression, and anxiety: A longitudinal study. Journal of Early Adolescence, 12, 420-440.
  12. Florian, V., Mikulincer, M., et Bucholtz, I. (1995). Effects of adult attachement style on the perception and search for social support. Journal of Psychology, 129, 665-676.
  13. Larson, R., et Richards, M. H. (1991). Daily companionship in late childhood and early adolescence: Changing developmental contexts. Child Development, 62, 284-300.
  14. Larson, R. W., Richards, M. H., Moneta, G., et Holmbeck, G. C. (1996). Changes in adolescents' daily interactions with their families from ages 10 to 18: Disengagement and transformation. Developmental Psychology, 32, 744-754.
  15. Laursen, B., et Williams, V. A. (1997). Perceptions of interdependence and closeness in family and peer relationships among adolescents with and without romantic partners. In S. Shulman et W. A. Collins (Eds.), Romantic relationships in adolescence: Developmental perspectives. New directions for child development, No. 78. San Francisco, CA: Jossey-Bass .
  16. Allen, J. P., et Hauser, S. T. (1996). Autonomy and relatedness in adolescent-family interactions as predictors of young adults' states of mind regarding attachement. Development and Psychopathology, 8, 793-809.
  17. Allen, J. P., Moore, C., Kuperminc, G., et Bell, K. (1998). Attachment and adolescent psychosocial functioning. Child Development, 69, 1406-1419.
  18. Karavasilis, K., Doyle, A.-B., et Margolese, S. K. (1999). Links between parenting styles and adolescent attachement. Poster presented at the biennial meetings of the Society for Research in Child Development, Albuquerque, Mars.
I Objectifs
II Analyse bibliographique
1. Contexte: Le défi de l'adolescence pour les jeunes et leurs parents
2. Théorie de l'attachement
3. Attachement et adaptation pendant l'enfance
4. Développement de l'attachement pendant l'adolescence
5. Attachement et adaptation pendant l'adolescence
6. Rôle parental, profondeur de l'attachement et adaptation pendant l'adolescence
7. Attachement, socialisation parentale et sexe
8. Contexte culturel et social
III Incidences sur le rôle parental
1. Adolescence : Détachement ou autonomie?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
2. De quelle façon les parents peuvent-ils contribuer au développement sain de l'adolescent?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
3. À quel moment l'attachement profond est-il particulièrement bénéfique aux adolescents?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
4. Hormones : Quelle est leur importance?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
5. Relations avec les pairs et pairs par rapport à parents comme sources d'influence sur les adolescents.
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
6. Relations romantiques
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
7. Est-ce que certains adolescents ont plus de chances d'avoir des problèmes d'attachement pendant l'adolescence?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
8. De quelle façon la psychopathologie parentale et le style d'attachement du parent sont-ils reliés à l'attachement de l'adolescent?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
9. Jusqu'à quel point les caractéristiques de l'enfant plutôt que les caractéristiques du rôle parental représentent-elles la profondeur de l'attachement? xviii Ce que les parents doivent savoir Ce que les parents doivent faire
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
10. Stabilité de l'attachement pendant l'adolescence
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
IV Incidences sur les politiques gouvernementales et recommandations pour la recherche à venir
1. Éducation parentale ciblant le mythe du détachement de l'adolescent
2. Stratégies de soutien pour les parents d'adolescents
3. Ressources existantes et besoins à venir
4. Comprendre l'influence des pairs et des partenaires romantiques
5. Le rôle du contexte dans le lien attachement-'adaptation
Résumé des directives de recherche
Résumé : recommandations pour la recherche à venir

I Objectifs

L'attachement profond est de plus en plus reconnu comme un élément central de l'apprentissage fonctionnel à l'indépendance durant tout la vie. Au cours des deux dernières décennies, les chercheurs ont précisé le rôle du renforcement de l'attachement en mettant en valeur le bien-être psychologique pendant l'enfance et l'âge adulte. Plus récemment, l'attention s'est tournée sur la compréhension du rôle de l'attachement aux parents pour assurer une adaptation saine pendant l'adolescence. Les objectifs de ce document comportent deux volets :

  1. Analyser la bibliographie et fournir une critique qualitative du rapport entre l'attachement adolescent-parent et l'adaptation de l'adolescent;
  2. Élaborer des recommandations relatives à des pratiques parentales saines mettant en valeur la qualité de l'attachement adolescent-parent et déterminer les incidences politiques sur les programmes gouvernementaux.

II Analyse bibliographique

À titre d'introduction à la question du rôle de l'attachement profond dans l'adaptation saine de l'adolescent, nous commençons par une brève discussion sur le défi spécial qu'engendre la période d'adolescence pour les enfants et leurs parents.

1. Contexte : Le défi de l'adolescence pour les jeunes et leurs parents

L'adolescence apporte de nouveaux défis et de nouvelles possibilités pour se comprendre à l'intérieur de notre contexte social. Les écarts de croissance dans la capacité métacognitive et représentationnelle qui surviennent pendant l'adolescence (Case, 1985; Chalmers et Lawrence, 1993; Selman, 1980) favorisent une vision hautement différenciée et complexe de soi et des autres (Harter, 1990; Marsh, 1989; Moretti et Higgins, 1990; Moretti et Higgins, 1999). Les adolescents se forment des perceptions généralement de plus en plus abstraites d'eux-mêmes et des autres en considérant de multiples attributs.

Mais le plus important, c'est qu'ils acquièrent des capacités métacognitives leur permettant simultanément de comparer leur propre évaluation de ces attributs et de les distinguer des évaluations qu'ils croient que les autres, tels que leurs parents et leurs pairs, font. Les adolescents peuvent de plus spéculer sur ce que serait le fait d'être une personne différente, d'être dans une relation différente avec leurs parents ou avec leurs pairs, et ainsi de suite. La capacité de l'adolescent à représenter ces scénarios lui fournit la possibilité d'imaginer et de jouer un autre rôle de lui-même dans sa relation avec les autres et de considérer les conséquences liées au fait d'essayer des rôles différents.

L'adolescence apporte aussi une période de transition importante dans les attentes de la famille et en ce qui a trait au rôle social, accompagnée d'un accroissement de l'étendue et du degré d'intimité dans les rapports sociaux (Buhrmester et Furman, 1987; Selman, 1980). Les transitions cognitives et sociales de la période d'adolescence offrent la possibilité d'explorer de nouveaux rôles personnels et sociaux et d'entamer de nouvelles relations, différents et complexes. L'intégration de nouveaux renseignements, complexes et parfois contradictoires, sur soi-même à l'intérieur du contexte social constitue l'un des principaux défis de l'adolescence (Collins, 1990). Il n'est pas surprenant que cette période de croissance soit caractérisée par une intense préoccupation de soi (Elkind, 1967; Elkind, 1985) en raison du fait que les adolescents essaient de comprendre, d'intégrer et de solidifier leur identité et leur position par rapport à ceux qui les entourent.

L'adolescence se divise généralement en trois phases : une première phase (13 et 14 ans), une phase intermédiaire (de 15 à 18 ans) et une dernière phase (19 ans - adoption des rôles d'adulte). Pendant la première phase de l'adolescence, l'émergence de l'autonomie est perçue comme une importante tâche développementale (Allen, Hauser, Bell et O'Connor, 1994; Collins, 1990). Les modèles précédents de l'adolescence ont mis l'accent sur le détachement et la dissociation comme l'étape normative de développement des relations parent-enfant (Blos, 1968). Bien que l'adolescence comporte une transition d'un rapport de dépendance envers les parents vers des relations mutuellement réciproques avec d'autres (des parents, des pairs et des partenaires intimes, par exemple), ce changement ne force pas les adolescents à se détacher de leurs parents (Lamborn et Steinberg, 1993; Ryan, Deci et Grolnick, 1995). Les modèles récents, fondés sur une théorie de l'attachement, insistent sur l'importance de l'attachement ou de la connexité aux figures parentales pour pouvoir s'adapter pendant les années de l'adolescence, malgré une réduction du nombre d'activités partagées et d'interactions (Bowlby, 1969, 1973, 1980; Larson, Richards, Moneta et Holbeck, 1996). Les chercheurs soutiennent aujourd'hui que l'attachement profond aux parents et la connexité émotive aux parents facilitent la transition à une plus grande autonomie (Ryan et Lynch, 1989). Par exemple, Grolnick et Ryan (1989) ont découvert que l'autorégulation autonome chez les enfants est reliée au soutien parental de l'autonomie - c'est-à-dire à l'encouragement et au soutien des parents à participer aux prises de décision et à la résolution indépendante des problèmes. Ils affirment que l'autonomie est facilitée lorsque les parents permettent aux enfants de se diriger vers l'indépendance dans l'autorégulation à l'intérieur d'une relation solide et cordiale. Comme le précisent Ryan et Lynch (1989), « l'individualisation ne vient des parents, mais plutôt des adolescents » (p. 341).

Même avec le soutien parental, la transition à l'autonomie constitue toutefois un défi pour l'adolescent et ses parents. Cette tâche développementale demande que les adolescents se différencient de plus en plus et définissent qui ils sont, les valeurs auxquelles ils aspirent et l'incidence des relations sur leur identité. Au fur et à mesure que les jeunes approchent de l'adolescence, ils sont plus préoccupés par les opinions des autres à leur endroit, surtout par celles de leurs pairs et de leurs partenaires romantiques (Keating, 1990). Les sentiments intenses de connexion avec leurs partenaires romantiques et leurs meilleurs amis prennent le dessus et les jeunes doivent établir un équilibre entre ces relations et les relations avec leurs parents et les membres de la famille. Les adolescents sont fortement motivés à se faire accepter des autres et peuvent y arriver en se présentant eux-mêmes « faussement » , c'est-à-dire en démontrant des attributs ou des croyances qui ne sont pas les leurs, mais qui sont conçus pour impressionner les autres ou pour cacher des attributs qu'ils croient inacceptables pour les autres (Harter, Marold, Whitesell et Cobbs, 1996).

Bien qu'elle soit parfois difficile et douloureuse, la consolidation de l'identité et la clarification des valeurs aident les adolescents à établir leurs règles de conduite indépendamment de ceux qui les entourent. Mais ce processus peut poser des risques aux adolescents et à leurs relations avec leurs proches. Au fur et à mesure que les adolescents différencient leurs propres croyances et valeurs de celles de leurs parents, de leurs pairs et des autres figures sociales, il est de plus en plus vraisemblable qu'ils décèleront un conflit entre ces diverses sources d'information (Collins, 1990; Moretti et Higgins, 1999). Le conflit entre leurs propres valeurs et croyances et celles de leurs parents, de leurs pairs et des autres figures sociales importantes est particulièrement aigu du début à la mi-adolescence, car la capacité de représenter des opinions multiples et peut-être contradictoires l'emporte sur la capacité cognitive d'intégrer ces perspectives divergentes (Harter et Monsour, 1992). Pendant cette phase de développement, les adolescents peuvent être plus intensément conscients de la divergence plutôt que de la convergence entre leurs croyances, celles de leurs parents et celles de leurs pairs et d'autres personnes importantes.

En tentant de différencier leurs propres croyances et valeurs de celles des autres, plusieurs adolescents vivent des comportements risqués dans les domaines de la délinquance, de la consommation de drogues et de la toxicomanie, ainsi que du sexe (Adlaf, Ivis, Smart et Walsh, 1995; King, Beazley, Warren, Hankins, Robertson et al., 1988; Moffitt, 1993; Moore et Rosenthal, 1993). Certains ne s'engagent que de façon limitée dans ces comportements risqués; pour d'autres, cependant, l'adoption de ces comportements devient inquiétante. De plus, le processus stressant de la distinction et de la consolidation de l'identité peut mener à une détresse psychologique importante. Comparativement aux adultes, les adolescents montrent des degrés plus élevés de stress et ont moins de ressources d'adaptation (Allen et Hiebert, 1991). En outre, les symptômes dépressifs et la dépression augmentent grandement chez les adolescents qui passent de la phase intermédiaire à la dernière phase de l'adolescence (Compas, Orosan et Grant, 1993), surtout chez les filles (Nolen-Hoeksema et Girgus, 1994).

Il est important de comprendre que la qualité des relations parent-adolescent est liée à la qualité des relations pré-adolescence et l'adaptation pendant l'adolescence est reliée à l'adaptation pendant l'enfance. Dans le même ordre d'idées, bien que l'adolescence marque une période durant laquelle la cristallisation de l'identité est au centre du défi qu'engendre le développement, la construction de soi-même s'étend de la naissance jusqu'à la fin de la vie (Erikson, 1963). Néanmoins, la période d'adolescence présente des défis de développement uniques pour l'adaptation et de nouvelles possibilités de croissance dans les relations parent-enfant. Certains adolescents et leurs parents vivent cette période de développement comme une expérience enrichissante et fortifiante pour l'adaptation et leur relation, alors que d'autres la vivent comme une expérience stressante et dommageable.

2. Théorie de l'attachement

La théorie de l'attachement a été proposée par John Bowlby (1969, 1973, 1980) pour représenter le développement et l'adaptation sociale et émotionnelle de l'enfant. Il a conceptualisé l'attachement comme une construction qui s'échelonne tout au long de la vie, dans laquelle les enfants conservent des liens d'attachement envers leurs parents pendant l'enfance et jusqu'à l'âge adulte. Une condition élémentaire de la théorie veut que la qualité des rapports d'attachement proviennent des interactions des enfants et des personnes qui leur prodiguent des soins, reflétant le degré auquel les enfants peuvent se fier à leurs fournisseurs de soins pour obtenir de l'intimité et une camaraderie, une sécurité face à toute menace ou anxiété et un tremplin sans risque à partir duquel ils peuvent explorer. Le modèle unique de sensibilité et de réceptivité aux besoins de l'enfant du fournisseur de soins mène à une organisation particulière d'attachement chez l'enfant (Ainsworth, Blehar, Waters et Wall, 1978).

Après un certain temps, les expériences d'attachement de l'enfant sont consolidées en des « modèles réduits » internes de soi, des autres et de soi par rapport aux autres en ce qui concerne l'attachement. Ces modèles réduits comprennent des aspects cognitifs, affectifs et comportementaux à l'aide desquels ils influent sur l'adaptation. Les attentes et les attributions concernant les relations proches (Youngblade, Park et Belsky, 1993), la capacité de maîtriser ses émotions (Kobak, Cole, Ferenz-Gillies et Fleming, 1993) et le comportement (Putallaz et Heflin, 1990) sont influencées par les représentations d'attachement à chaque phase de développement.

La recherche sur l'attachement pendant la petite enfance et la première enfance a progressé en deux vagues (Lyons-Ruth, 1996). Les premières enquêtes (de 1970 à 1985) étaient concentrées sur l'établissement de la validité de trois modèles

élémentaires démontrés dans des situations présentant une menace pour la sécurité :

  1. Attachement profond : la tendance à reconnaître les menaces à la sécurité et à y répondre convenablement, et à s'approcher des fournisseurs de soins pour se faire rassurer;
  2. Attachement anxieux-évasif : la tendance à supprimer l'affect et le comportement reliés aux menaces à la sécurité, d'éviter les figures d'attachement et de rejeter les émotions associées vers les fournisseurs de soins;
  3. Attachement anxieux-ambivalent : la tendance à être vigilant et anxieux en ce qui concerne les menaces à la sécurité et la disponibilité et la réceptivité d'un fournisseur de soins, recherchant la proximité du fournisseur de soins, mais négligeant de se faire rassurer par lui.

La phase de recherche suivante (de 1985 à ce jour) s'est concentrée sur la compréhension de l'adaptation de l'attachement dans les populations d'enfants à risque élevé et une définition plus étendue des modèles d'une organisation d'attachement. En 1990, Main et Solomon ont introduit le concept « d'attachement désorganisé » pour faire référence au manque ou à l'effondrement d'un modèle constant de comportements d'attachement, que l'on retrouve généralement chez les enfants exposés aux mauvais traitements et à d'autres formes d'épreuves (Lyons-Ruth, Repacholi, McLeod et Silva, 1991).

Alors que les chercheurs faisaient des progrès définissant ces modèles de comportement d'attachement et examinant la distribution des modèles d'attachement dans différentes populations d'enfants, d'autres élaboraient aussi des méthodes d'évaluation des modèles d'attachement chez les adultes. Main et Goldwyn (1984) ont présenté l'Entrevue d'attachement chez l'adulte, une entrevue semi-structurée évaluant le contenu et la cohérence des souvenirs des adultes concernant leurs propres expériences de premier attachement. Quatre modèles d'attachement ont été définis dans l'attachement de l'adulte, correspondant aux quatre modèles d'attachement définis chez les enfants : profond, rejetant (évitant), préoccupé (ambivalent) et non résolu (désorganisé). Au même moment, de brèves mesures d'autodéclaration ont été élaborées pour déterminer les modèles d'attachement dans les relations romantiques des adultes (Hazan et Shaver, 1987; Simpson, 1990). Au cours de la dernière décennie, d'autres chercheurs ont présenté des méthodes d'entrevue et d'autodéclaration pour distinguer encore plus de modèles d'attachement dans les relations des adolescents de troisième phase avec leur famille et leurs pairs. Ces travaux se sont concentrés sur la façon de distinguer deux formes d'attachement évitant : rejetant par rapport à craintif. L'attachement rejetant se caractérise par la tendance à se dissocier des figures d'attachement et à dévaluer l'importance de l'attachement et des sentiments associés. À l'opposé, l'attachement craintif se caractérise par la tendance à éviter les figures d'attachement de peur d'être rejeté combinée au désir de poursuivre les rapports et d'exprimer un comportement d'attachement (Bartholomew et Horowitz, 1991). Certains chercheurs ont comparé la catégorie craintive de Bartholomew (1990) à la catégorie désorganisée/non résolue de Main (Brennan, Shaver et Tobey, 1991).

Les plus récentes découvertes dans la recherche sur l'attachement ont été concentrées sur la compréhension de l'attachement pendant la transition de l'enfance à l'âge adulte, c'est-à-dire pendant l'adolescence. Diverses méthodes ont été utilisées pour évaluer les modèles d'attachement de la dernière phase de l'adolescence, notamment les séquences d'interaction parent-adolescent, les entrevues sur l'attachement des adolescents et les mesures d'autodéclaration (entre autres, Bartholomew et Horowitz, 1991; Hauser, 1984; Kobak et Sceery, 1988). On a reconnu dans la dernière phase de l'adolescence des modèles d'attachement semblables à ceux que l'on a observés dans l'enfance (entre autres, Kobak et Sceery, 1988) et dans des échantillons de jeunes adultes (entre autres, Collins et Read, 1990; Hazan et Shaver, 1987; Main et Goldwyn, 1984).

Il est important de remarquer que les mesures d'attachement encore existantes ont été initialement élaborées pour les jeunes enfants ou les adultes, et les chercheurs viennent à peine d'élargir ces instruments à l'examen des modèles d'attachement des adolescents. Les chercheurs commencent maintenant à mettre en contraste et à comparer ces outils et à se demander s'ils mesurent vraiment ce qu'il faut mesurer (Bartholomew et Shaver, 1998; Brennan, Clark et Shaver, 1998; Stein, Jacobs, Ferguson, Allen et Fonagy, 1998).

Les progrès qu'ont réalisés les chercheurs dans le domaine de la définition des modèles d'attachement ont eu des incidences sur l'intégration des conclusions de la recherche sur une période de temps. Par exemple, avec la détermination du modèle d'attachement désorganisé dans l'enfance (Main et Solomon, 1990), les études commencent à rapporter que l'attachement désorganisé plutôt que l'attachement évitant permet de prédire les problèmes de comportement et de non-conformité (Lyons-Ruth, 1996). Par conséquent, en examinant la documentation sur l'attachement et l'adaptation, il importe de se rappeler qu'il faut comprendre les conclusions par rapport aux progrès historiques réalisés par les chercheurs dans leur définition des modèles d'attachement. Il faut poursuivre la recherche pour renforcer notre compréhension de la portée des modèles d'attachement dans la population à chaque phase de développement et les facteurs contribuant à l'émergence de ces modèles et à leur stabilité ou à leur transformation sur une période de temps.

3. Attachement et adaptation pendant l'enfance

La recherche exhaustive relie l'attachement et l'adaptation pendant l'enfance. Par exemple, dans un échantillonnage de référence, des enfants profondément attachés à leur mère montrent un comportement plus prosocial et sont perçus comme plus sociaux que les enfants peu attachés à leur mère (Sroufe, 1983). Ils démontrent un affect positif plus élevé et un affect négatif moins élevé dans leurs interactions sociales que les enfants peu attachés à leur mère. Les enseignants des enfants profondément attachés à leur mère disent qu'ils sont plus empathiques et plus dociles (LaFreniere et Sroufe, 1985).

Par ailleurs, plusieurs sources de recherche établissent un lien entre les modèles d'attachement moins profonds (évitant, ambivalent, désorganisé) pendant la petite enfance et des comportements de non-conformité et d'agression au début de l'enfance. Conformément à la théorie voulant que l'attachement moins profond soit proportionnel à une faible régulation émotive, les résultats d'études longitudinales démontrent que l'attachement évitant pendant la petite enfance prédit la négativité, la non-conformité et l'hyperactivité à l'âge de 3,5 ans et des taux plus élevés de comportement problématique de la première à la troisième année scolaire. Comparativement aux enfants profondément attachés, les enfants évitants sont plus agressifs envers leur mère et l'affrontent plus (Main et Weston, 1981) et ils sont plus agressifs, hostiles et distants avec leurs pairs (Erikson, Sroufe et Egeland, 1985; Sroufe, 1983). De même, l'attachement désorganisé pendant la petite enfance laisse prévoir un comportement agressif ultérieur. Plusieurs chercheurs ont démontré, par exemple, que les enfants ayant des modèles d'attachement désorganisés pendant la petite enfance manifestent un comportement dominateur et coercitif lorsqu'ils entrent dans la période préscolaire et de début d'enfance (Lyons-Ruth et al. , 1991; Wartner, Grossmann, Fremmer-Bombik et Suess, 1994). Les enfants ayant un attachement ambivalent sont par contre plus orientés vers l'adulte et plus dépendants sur le plan émotionnel que les enfants profondément attachés (Erikson et al., 1985; Renken, Egeland, Marvinney, Mangelsdorf et Sroufe, 1989). Avec leurs pairs, les enfants ayant un attachement ambivalent sont mal acceptés et plus repliés sur eux-mêmes et constituent des proies plus faciles (Finnegan, Hodges et Perry, 1996; LaFreniere et Sroufe, 1985; Renken et al., 1989)

Les modèles d'attachement précaires ne sont cependant pas constamment reliés à des problèmes de comportement ultérieurs. Bon nombre de chercheurs (Fagot et Kavanagh, 1990; Goldberg, Perrotta, Minde et Corter, 1986) ne mentionnent pas que l'attachement évitant ou désorganisé laisse prévoir un comportement agressif. L'examen de cette documentation montre que le rapport entre l'attachement précaire et les problèmes ultérieurs de comportement se retrouve plus constamment chez des enfants vivant dans des contextes à risque élevé (par exemple, la pauvreté de la famille, un faible soutien social, une psychopathologie parentale) que chez des enfants vivant dans des contextes à risque moins élevé. Par exemple, Lyons-Ruth et al. (1991) ont découvert que la sécurité de l'enfant prédit plus les problèmes d'agressivité ultérieurs dans des familles où la mère souffre d'une psychopathologie, surtout de dépression chronique, et lorsque la mère utilise des pratiques parentales importunes et hostiles envers l'enfant. Elle mentionne que 56 % des enfants de famille à faible revenu ayant été classés comme désorganisés à l'enfance et dont la mère souffrait à un moment ou l'autre d'une psychopathologie ont affiché un comportement agressif en maternelle. Par contre, seulement 25 % des enfants de famille à faible revenu ayant un seul facteur de risque et 5 % des enfants de famille à faible revenu sans facteur de risque (psychopathologie maternelle, utilisation maternelle de pratiques parentales hostiles et importunes) ont démontré un comportement agressif en maternelle.

En résumé, il existe un consensus sur le fait que l'attachement précaire est un facteur qui risque d'occasionner des problèmes ultérieurs, mais il n'est ni nécessaire ni suffisant en lui-même. Ce sont cependant des généralisations fondées sur de petits échantillons, avec des mesures d'attachement effectuées à un point seulement à un moment donné.

4. Développement de l'attachement pendant l'adolescence

Il faut considérer trois points élémentaires et reliés en ce qui concerne l'attachement pendant l'adolescence : 1) la nature des changements dans les relations enfant-parent et leur influence sur le rapport d'attachement; 2) le développement de nouvelles relations intimes chez l'adolescent (par exemple, avec des pairs et des partenaires romantiques) et l'incidence de ces nouveaux liens sur les relations enfant-parent; 3) l'émergence d'un système d'attachement différencié par rapport à un système d'attachement généralisé.

La relation enfant-parent subit des changements complexes pendant l'adolescence. Bien que les résultats de certaines études démontrent qu'un attachement profond autodéclaré aux deux parents diminue avec la maturité pubérale (Papini, Roggman et Anderson, 1991), les récentes enquêtes indiquent que seules certaines composantes de la relation d'attachement changent, alors que d'autres demeurent stables. Ainsi, le degré auquel les enfants recherchent la proximité et se fient sur la figure principale d'attachement en situation de stress diminue, contrairement à la perception de la disponibilité de la figure d'attachement (Lieberman, Doyle et Markiewicz, 1999). Ces conclusions donnent à entendre que le maintien de la proximité physique des parents et le besoin de protection en situation de menace ou de stress sont moins essentiels pour les enfants plus âgés en raison de leurs plus grandes capacités mentales et physiques (ils ont, par exemple, des mécanismes d'adaptation plus complexes), mais que la disponibilité de la figure d'attachement (c'est-à-dire la croyance que la figure d'attachement est ouverte à la communication et réceptive au besoin) demeure importante (Bowlby, 1973; Kerns, Klepac et Cole, 1996). En plus, bien qu'il soit reconnu que la fréquence et l'intensité de certains comportements d'attachement diminuent avec l'âge, la qualité de la liaison d'attachement est vue comme relativement stable (Bowlby, 1980). La capacité des adolescents à réussir à équilibrer leur besoin d'autonomie et leur désir de conserver un sens de rapprochement, surtout dans le contexte des désaccords adolescent-parent, peut même être considérée comme une manifestation d'attachement profond particulière à une phase (Allen, Moore et Kuperminc, 1997).

Pour ce qui est du développement de nouvelles relations d'attachement pendant l'adolescence, il est généralement accepté que cette phase de développement comprenne une transition allant d'une concentration première sur les parents en tant que figures d'attachement au développement d'une plus grande gamme de relations d'attachement (comme les pairs et les partenaires romantiques) (Fraley et Davis, 1997; Hazan et Zeifman, 1994; Trinke et Bartholomew, 1997). Le temps passé avec des amis du même sexe et la variété des activités réalisées avec eux sont à leur plus haut niveau en neuvième année et diminuent ensuite lorsque les adolescents plus âgés passent plus de temps avec leurs partenaires romantiques (Laursen et Williams, 1997). Les pairs remplacent les parents comme compagnons des enfants à partir de 9 ans, et à titre de confidents à l'âge de 12 ou 13 ans (Fraley et Davis, 1997; Hazan et Zeifman, 1994). Cependant, les parents, et surtout les mères, continuent d'être recherchés plus que les meilleurs amis en tant qu'appui de sécurité, et ce, jusqu'à la dernière phase de l'adolescence (Fraley et Davis, 1997; Trinke et Bartholomew, 1997). Certains chercheurs soutiennent que les adolescents généralisent de l'attachement à leurs parents à l'attachement aux meilleurs amis et, plus tard, à l'attachement à leurs partenaires romantiques (Furman et Wehner, 1994), mais il manque de preuve.

Il est largement accepté que les relations romantiques adultes à long terme soient des relations d'attachement aussi bien que des relations sexuelles (Hazan et Shaver, 1987; Hazan et Zeifman, 1994). Les personnes recherchent une proximité avec leurs partenaires romantiques, ont le désir de se fier sur eux en tant que refuge sûr et base solide, se sentent liés à eux sur le plan émotif et pleurent leur perte (Bowlby, 1979/77, dans Trinke et Bartholomew, 1997). Cependant, dans les phases primaire et intermédiaire de l'adolescence, les relations romantiques sont souvent très transitoires et les parents, surtout les mères, demeurent les principaux fournisseurs de sécurité (Hazan et Zeifman, 1994). Bien que pendant la dernière phase de l'adolescence, tout comme dans l'âge adulte, les relations romantiques deviennent la principale relation d'attachement après deux ans (Fraley et Davis, 1997; Hazan et Zeifman, 1994), les parents demeurent d'importantes, mais secondaires, figures d'attachement (Trinke et Bartholomew, 1997).

La question de savoir si l'adolescence marque l'arrivée de l'émergence d'une orientation généralisée de l'attachement est discutable. D'une part, certains théoriciens posent comme hypothèse qu'une orientation généralisée de l'attachement ressort et qu'elle peut compléter ou déplacer d'anciens modèles multiples d'attachement pertinents à des relations particulières d'attachement (par exemple, à la mère ou au père) (Allen et Land, 1999). Ces chercheurs font ressortir des études démontrant que ce point de vue généralisé est, à l'âge adulte, très prédictif du comportement à venir en matière d'attachement et de relations avec les fournisseurs de soins (Steele, Steele et Fonagy, 1996). D'autres chercheurs ne sont cependant pas d'accord et soutiennent que le système d'attachement pendant l'adolescence se caractérise par la différenciation et les modèles de comportement particuliers à une relation. Par exemple, Furman et Wehner (1994) ont remarqué que, bien que le modèle d'attachement d'une personne soit relativement stable à l'intérieur de relations particulières, son style d'attachement diffère fréquemment selon les relations. Cette preuve suggère qu'un style généralisé d'attachement n'est pas bien établi dans l'adolescence. Ces chercheurs et bien d'autres concluent qu'un modèle réduit de l'attachement est composé d'un regroupement de représentations de différentes relations d'attachement, organisées de façon hiérarchique (Trinke et Bartholomew, 1997).

Si un style généralisé d'attachement apparaît pendant l'adolescence, il ne semble pas produire une stabilité plus marquée du modèle d'attachement pour les adultes par rapport aux enfants. Des estimations typiques de stabilité d'attachement de la petite enfance jusqu'aux premières années de l'enfance, comme l'évalue la situation étrange, sont de l'ordre de 53 % à 96 % (Thompson, Lamb et Estes, 1982; Waters, 1978). Au début de l'âge adulte, le taux typique de stabilité à court terme dans l'attachement autodéclaré est de 70 % (Baldwin, Keelan, Fehr, Enns et Koh-Rangarajoo, 1996; Scharfe et Bartholomew, 1994). En outre, on a découvert une concordance de 70 % entre la classification selon la situation étrange du bébé et celle de l'entrevue sur l'attachement à l'adulte pendant la dernière phase de l'adolescence (Waters, Merrick, Albersheim et Treboux, 1995, dans Allen et Land, 1999). Bien que des changements dans le style d'attachement autodéclaré chez les jeunes adultes aient été moins clairement reliés aux changements dans les circonstances environnementales que dans les études chez les enfants (Scharfe et Bartholomew, 1994, par rapport à Thompson et al., 1982), dans au moins une étude couvrant les années d'adolescence (Waters et al. , 1995, dans Allen et Land, 1999), les adolescents ayant vécu d'importants changements de vie ont démontré des taux de concordance inférieurs à ceux qui ne les ont pas vécus (44 % contre 78 %).

La nature des attachements particuliers aux parents, leur relation avec un style généralisé d'attachement et l'incidence de ces attachements sur l'adaptation pendant l'adolescence méritent un examen plus minutieux et une recherche supplémentaire (Cantor et Sanderson, 1998; Trinke et Bartholomew, 1997). Il s'avère nécessaire d'approfondir la recherche pour établir avec précision si l'état d'attachement devient un caractère stable de la personne, et à quelle phase de développement il le devient, plutôt que principalement une réflexion des qualités d'une relation permanente (Allen et Land, 1999). Les résultats indiquent aussi une possibilité de changement considérable dans le style d'attachement pendant l'adolescence ainsi que plus tôt dans l'enfance. Toutefois, la variété des instruments de mesure utilisés dans la recherche sur la stabilité de l'attachement fait en sorte qu'il est difficile d'arriver à des conclusions fermes sur les questions essentielles de la stabilité, de la possibilité de changement et sur le rapport entre l'attachement aux parents et l'adaptation.

5. Attachement et adaptation pendant l'adolescence

Au cours de la dernière décennie, des études ont commencé à examiner la contribution de l'attachement adolescent-parent à l'adaptation psychologique. La plupart de ces études ont évalué cette relation dans les limites d'un échantillonnage d'adolescents de la dernière phase de développement (collège, première année universitaire) et relativement peu dans des échantillonnages d'adolescents en phase première et en phase intermédiaire.

Pour ce qui est de la relation entre les modèles d'attachement pendant l'adolescence et l'adaptation, les rapports présentés corroborent les conclusions fondées sur des études réalisées auprès de jeunes enfants, à savoir qu'un attachement profond est généralement lié à une adaptation plus saine, alors qu'un attachement moins profond est relié à diverses formes d'inadaptation.

Dans des études réalisées sur une population normale, les adolescents de dernière phase classés comme profondément attachés sont considérés par leurs pairs comme moins anxieux, moins hostiles et plus aptes à réguler avec succès leurs sentiments (c'est-à-dire à avoir une plus grande souplesse du moi) comparativement aux adolescents moins profondément attachés (Kobak et Sceery, 1988). Lorsqu'ils règlent des problèmes avec leur mère, les adolescents profondément attachés réussissent mieux à moduler leur rage et à équilibrer leur affirmation de soi et leur désir de demeurer « connectés » à leur parent, suggérant une plus grande capacité de réguler leur émotion (Kobak et al., 1993). Les personnes profondément attachées peuvent aussi reconnaître leurs attributs positifs et négatifs et présentent une structure de soi cohérente et bien organisée (Mikulincer, 1995). Les adolescents rapportant qu'ils ont une relation positive avec leurs parents et qui se sentent à l'aise de se tourner vers eux pour obtenir du soutien maîtrisent mieux leur monde (Paterson, Pryor et Field, 1995) et vivent moins de solitude (Kerns et Stevens, 1996). Dans le même ordre d'idées, les adolescents engagés dans une relation romantique présentent beaucoup moins de symptômes de détresse psychologique et ont un meilleur concept de soi (Cooper, Shaver et Collins, 1998). Enfin, l'attachement plus positif des adolescents de 15 ans à leurs parents est aussi associé à un moins grand nombre de problèmes de santé mentale comme les problèmes d'anxiété, de dépression, d'inattention et de conduite (Nada-Raja, McGee et Stanton, 1992).

L'attachement profond semble aussi jouer un rôle important dans le développement de capacités d'adaptation efficaces. Mikulincer et ses collègues (Florian, Mikulincer et Bucholtz, 1995; Mikulincer, Florian et Weller, 1993) ont découvert que les jeunes adultes profondément attachés recherchent chez les autres un soutien plus émotif et instrumental en situation de stress. Les adolescents plus profondément attachés à leur mère adoptent des habiletés d'adaptation plus constructives (par exemple, la résolution de problèmes, la réévaluation positive et la recherche de soutien) (Voss, 1999). L'attachement profond amortit aussi le passage stressant à l'école secondaire (Papini et Roggman, 1992) et, pendant leur première année au collège, les adolescents profondément attachés se voient comme des gens plus socialement compétents et rapportent moins de détresse psychologique que leurs pairs, même si la séparation les rend anxieux (Kenny et Donaldson, 1991).

Une bonne relation avec les parents peut aussi protéger les adolescents du risque. Les adolescents qui déclarent avoir des relations étroites et acceptantes avec leur mère affirment qu'ils participent moins à des activités délinquantes (Aseltine, 1995; Smith et Krohn, 1995). De même, le ton affectif, le temps consacré et l'identification avec les deux parents, ainsi que la préférence des parents sur les pairs ont été négativement associés à l'utilisation subséquente de drogues chez les adolescents, directement et indirectement par l'adoption d'attitudes conventionnelles par l'adolescent (Brook, Whiteman et Finch, 1993) et une diminution de la recherche de sensations (Barnea, Teichman et Rahav, 1992). Ces relations positives sont typiques chez les adolescents profondément attachés. Effectivement, l'attachement profond de l'adolescent à sa mère a été lié à moins d'expérimentations avec les drogues (Voss, 1999) et à une diminution de la fréquence d'utilisation des drogues (Cooper et al., 1998). La profondeur de l'attachement est aussi reliée à des attitudes plus positives envers la sexualité sans risque (Voss, 1999) et, pour les filles, à des taux réduits de comportement sexuel risqué et à moins d'antécédents de grossesse comparativement aux filles moins profondément attachées (Cooper et al., 1998).

Par rapport à un style particulier d'attachement moins profond, un style de rejet (c'est-à-dire une mauvaise communication et une faible confiance combinées à des sentiments d'aliénation et de décrochage de la relation d'attachement) a été associé à l'extériorisation des comportements problématiques (comme l'agression et la délinquance) (Nada-Raja et al., 1992; Voss, 1999), plus d'expérimentations avec les drogues (Voss, 1999) et des attitudes plus risquées envers la sexualité sans risque (Voss, 1999). Les adolescents et les jeunes adultes ayant un style de rejet sont évalués par leurs pairs comme étant plus hostiles que les personnes de tous les autres groupes d'attachement (Bartholomew et Horowitz, 1991; Kobak et Sceery, 1988). Dans les interactions de résolution de problèmes avec leur mère, les garçons adolescents (mais non les filles) ayant un style de rejet montrent plus de rage dysfonctionnelle que les adolescents profondément attachés (Kobak et al., 1993). D'un autre côté, les filles ayant un style de rejet désactivent la relation d'attachement, leurs mères dominant l'interaction (Kobak et al., 1993). Enfin, les jeunes adultes ayant un style de rejet déclarent qu'ils ont moins de soutien familial et souffrent plus de solitude que leurs pairs (Kobak et Sceery, 1988).

Les personnes qui rejettent semblent se protéger des sentiments de rejet en adoptant une position défensive et en ne reconnaissant que leurs attributs positifs (Mikulincer, 1995). Cette position défensive se reflète aussi dans l'utilisation de stratégies d'éloignement pour gérer des situations pénibles (Mikulincer et al., 1993; Mikulincer et Orbach, 1995). Les adolescents dont l'attachement à la mère et au père est très rejeté mentionnent aussi qu'ils évitent les émotions en situation de stress (Voss, 1999).

Comme les adolescents qui rejettent, les adolescents craintifs sont évitants, mais ils souffrent de leur manque d'intimité avec les autres et de sentiments d'incapacité et d'anxiété (Griffin et Bartholomew, 1994). L'attachement craintif à la mère a été lié à la délinquance et à une plus grande expérimentation avec les drogues (Voss, 1999). En plus, les deux formes d'attachement évitant (rejetant et craintif) au père sont associées au fait que les adolescents déclarent qu'ils consomment de la drogue en réponse aux émotions négatives et au conflit avec les autres (Voss, 1999).

Bien que la recherche concernant l'attachement craintif soit limitée, les conclusions existantes suggèrent que les adultes présentant un style d'attachement craintif sont socialement inhibés, manquent d'assertivité et sont susceptibles d'être exploités par les autres (Bartholomew et Horowitz, 1991). Les adolescents qui ont un attachement très craintif à leur père et à leur mère sont portés à l'autocritique en situation de stress, les empêchant de gérer efficacement leur stress (Voss, 1999). En outre, ces adolescents qui craignent beaucoup leur père sont aussi portés à adopter un comportement de retrait en réponse au stress (Voss, 1999).

Les adolescents qui présentent un style d'attachement préoccupé (c'est-à-dire qui ont des opinions positives des autres et négatives d'eux-mêmes) se voient comme socialement incompétents et leurs pairs les évaluent comme plus anxieux que ceux de tous les autres groupes d'attachement (Kobak et Sceery, 1988). Comparativement aux autres adolescents, ils présentent plus de symptômes physiques (Kobak et Sceery, 1988). En réponse à la détresse, les étudiants universitaires qui présentent un style d'attachement préoccupé sont portés à demander le soutien des autres (Ognibene et Collins, 1998). Les adolescents qui présentent un style d'attachement plus préoccupé à leur mère peuvent aussi éviter les émotions en situation de stress, peut-être pour réduire le taux élevé d'anxiété associé à un système d'attachement « hyperactivé » (Voss, 1999). Dans un système de classification d'attachement comportant trois catégories (profond, rejetant, préoccupé), les adolescents préoccupés sont les plus vulnérables à l'inadaptation (Cooper et al., 1998). L'attachement préoccupé chez les adultes est relié à une structure de soi mal intégrée, présentant peu de distinction, et à une difficulté à réguler la détresse (Mikulincer, 1995).

Il est important de mener un sondage de recherche auprès de populations normatives et cliniques pour étudier l'attachement et l'adaptation des adolescents. Premièrement, l'étude des deux populations donne une image des associations entre la profondeur de l'attachement et l'adaptation sur une plus vaste gamme de profondeur. La recherche montre que l'attachement profond domine dans un échantillonnage non clinique, alors que l'attachement moins profond domine dans un échantillonnage clinique (Van-IJzendoorn et Bakermans-Kranenburg, 1996). Deuxièmement, ces deux documentations réunies fournissent une structure pour élaborer des recommandations sur le rôle parental applicable à une vaste gamme de contextes familiaux et ont une incidence sur la suggestion d'initiatives en santé mentale.

La recherche auprès de populations à risque très élevé confirme les conclusions fondées sur un échantillonnage normatif : les adolescents à risque élevé qui présentent des modèles d'attachement précaire sont plus susceptibles de vivre une gamme de psychopathologies que les adolescents plus profondément attachés (Allen, Hauser et Borman-Spurrell, 1996), notamment la suicidabilité (Lessard et Moretti, 1998), la consommation de drogues (Lessard, 1994) et le comportement agressif et antisocial (Fonagy, Target, Steele, Steele, Leigh et al. , 1997; Moretti, Holland et Moore, 1998; Reimer, Overton, Steidl, Rosenstein et Horowitz, 1996; Rosenstein et Horowitz, 1996). Par exemple, dans un échantillon d'adolescents hospitalisés de sexe mâle, Rosenstein et Horowitz (1996) ont découvert que les symptômes du trouble des conduites étaient associés à un modèle d'attachement rejetant. Le style d'attachement a aussi été examiné par rapport aux traits de personnalité. En harmonie avec la théorie de l'attachement, les personnes qui rejettent sont plus antisociales, narcissiques et paranoïaques que les sujets préoccupés. Allen et ses collègues (1996) ont aussi découvert que la dépréciation de l'attachement, caractéristique du style rejetant, était associée à un comportement criminel concurrent et à la consommation de drogues à l'âge adulte chez les malades hospitalisés pendant l'adolescence pour une psychopathologie. Les adolescents préoccupés, d'autre part, sont plus portés à mentionner de l'anxiété, de la dysthymie et un intérêt pour les autres combiné à une crainte de la critique ou d'une rebuffade (Allen, Moore, Kuperminc et Bell, 1998; Rosenstein et Horowitz, 1996). La préoccupation est aussi associée aux comportements d'extériorisation des adolescents, bien que seulement en présence de facteurs de risque démographiques supplémentaires comme le sexe mâle et le faible revenu (Allen et al., 1998).

Dans une étude récente, Moretti et ses collègues ont utilisé l'entrevue sur l'attachement familial de Bartholomew pour différencier les styles d'attachement profond, préoccupé, craintif et rejetant chez des adolescents chez qui l'on a diagnostiqué un trouble des conduites (Moretti, Lessard, Scarfe et Holland, 1999). La majorité des adolescents ont été classés surtout comme craintifs ou préoccupés plutôt que comme rejetants; conformément à la recherche précédente, très peu d'entre eux ont été classés comme ayant un attachement profond. L'attachement craintif et l'attachement préoccupé laissent prévoir des taux élevés de problèmes d'internalisation; par contre, l'attachement profond et l'attachement rejetant prédisent des taux plus bas de psychopathologies. L'étude, en plus des autres études ayant examiné séparément l'attachement rejetant et l'attachement craintif (Bartholomew et Horowitz, 1991; Voss, 1999), souligne l'importance de distinguer les adolescents qui désirent établir des relations avec d'autres, mais qui craignent le rejet (craintifs) des adolescents non intéressés à des relations étroites avec les autres (rejetants). Les adolescents craintifs sont plus susceptibles d'anticiper le rejet dans les relations sociales; ce genre de croyances combiné à un désir d'intimité est probablement associé à une hypersensibilité aux indices sociaux bénins, ce qui peut mener à l'adoption d'un comportement agressif.

Bien que des modèles semblables de résultats soient présents dans un échantillonnage normatif et clinique (par exemple, Allen et Hauser, 1996), la recherche réalisée auprès de jeunes enfants (Lyons-Ruth et al., 1991) montre aussi que le rapport entre l'attachement et l'adaptation est plus fort chez les enfants à risque élevé (c'est-à-dire ceux qui vivent dans la pauvreté, qui ont un faible soutien social, dont un des parents souffre d'une psychopathologie) que dans des contextes à risque peu élevé. Autrement dit, le rapport entre l'attachement et l'adaptation semble être modéré par l'exposition à l'adversité, ce qui laisse entendre que le seul attachement précaire ne différencie pas les adolescents bien adaptés des adolescents mal adaptés. Une recherche plus poussée s'impose pour confirmer les effets de modération de l'adversité sur le rapport entre l'attachement et l'adaptation chez les adolescents. Généraliser les résultats de la recherche existante à de jeunes enfants suggère que les adolescents qui grandissent dans des conditions d'adversité et d'accès non convenable aux ressources ne souffriront peut-être pas d'une psychopathologie s'ils partagent des rapports d'attachement profond avec leurs parents. Réciproquement, les adolescents qui se développent dans un milieu favorable et riche en ressources, mais dont l'attachement à leurs parents est moins profond, peuvent avoir de moins bons résultats dans certains domaines.

6. Rôle parental, profondeur de l'attachement et adaptation pendant l'adolescence

Les fournisseurs de soins aux nouveau-nés qui sont sensibles et constamment réceptifs aux besoins de leur enfant favorisent l'attachement profond. Ces enfants développent des perceptions ( « se créent des modèles réduits internes » ) d'eux-mêmes en tant qu'êtres aimables et des perceptions des autres en tant qu'êtres aidants et disponibles. Réciproquement, les fournisseurs de soins qui sont insensibles et rejetants ont des enfants évitants qui se voient comme indignes et qui voient les autres comme des personnes qui ne veulent pas les aider et sur lesquels ils ne peuvent se fier. La recherche a relié l'attachement évitant à la colère réprimée de la mère, au manque de tendresse lorsqu'elle touche et prend l'enfant et au rejet du comportement d'attachement entamé par l'enfant. Ces enfants ont tendance à réprimer leurs émotions et à éviter le contact en situation de stress afin d'échapper encore plus à l'aliénation de leurs fournisseurs de soins (Main et Weston, 1981; Renken et al., 1989; Shaw et Bell, 1993). Les fournisseurs de soins inconstants, parfois réceptifs et parfois rejetants, semblent avoir des enfants préoccupés à découvrir des façons d'obtenir des soins et hypervigilants aux sources de détresse. Ces enfants vivent un conflit entre le désir d'approcher le fournisseur de soins et les sentiments de colère et d'anxiété à l'égard de leur manque de fiabilité (Bowlby, 1973). Ils en viennent à se voir comme incapables et indignes d'obtenir du soutien.

Pendant l'adolescence, des études empiriques réalisées sur le style de rôle parental ont établi que la participation parentale réceptive, l'encouragement de l'autonomie psychologique et les demandes de comportement appropriées à l'âge combinés à l'établissement de limites et à la surveillance (rôle parental « autoritaire » ) contribuent à une bonne adaptation psychosociale, scolaire et comportementale (Baumrind, 1971, 1991; Steinberg, Dornbusch et Brown, 1992; Steinberg, Darling et Fletcher, 1995). Des conclusions d'études récentes indiquent que, tout comme la sensibilité et la réceptivité parentales contribuent à un attachement profond dans la petite enfance, la chaleur et la participation parentale, l'autonomie et l'attribution psychologique ainsi que le contrôle et la surveillance du comportement sont associés à la profondeur de l'attachement vers la fin de l'enfance et au début de l'adolescence (Karavasilis, Doyle et Margolese, 1999). Peu de chaleur et peu de contrôle sont particulièrement significatifs pour l'attachement rejetant et évitant, et une faible attribution d'autonomie psychologique l'est pour l'attachement préoccupé des adolescents. Par conséquent, pendant l'adolescence, il semble que les comportements des parents qui encouragent l'autonomie dans le contexte de la disponibilité parentale, en plus de la chaleur et de la réceptivité parentales, deviennent des facteurs importants pour créer un attachement profond.

Pour ce qui est des corrélats avec l'adaptation de l'adolescent, la chaleur et la participation parentales de même que le contrôle du comportement sont associés à une plus grande compétence sociale, à l'autonomie, à des attitudes positives envers l'école et le travail, à la réussite scolaire et à l'estime de soi ainsi qu'à moins de dépression, d'inconduite à l'école, de délinquance et de consommation de drogues (Allen et Hauser, 1996, ID : 1142)(Lamborn, Mounts et al., 1991, ID : 846)(Parish et McCluskey, 1992, ID : 1435) (Steinberg, Lamborn et al., 1992, ID : 1168). Pour ce qui est de la protection contre la dépression, les perceptions de l'adolescent à l'égard de la disponibilité parentale semblent être particulièrement importantes (Margolese, Markiewicz et Doyle, 1999; Margolese, Markiewicz, Doyle et Ducharme, 1999). Quant à la résistance à la toxicomanie, l'effet du rôle parental semble opérer par l'entremise de l'adolescent qui développe de meilleures aptitudes d'autorégulation (c'est-à-dire un contrôle de soi, des compétences comportementales et l'adaptation face au stress) et moins d'affiliation avec des pairs déviants (Wills, DuHamel et Vaccaro, 1995). Les associations négatives entre les observations de la chaleur maternelle et les rapports de l'enseignant et les rapports officiels rapportant de la délinquance sont robustes et persistent même après le contrôle du QI de l'enfant, de l'âge, de l'attachement à des pairs délinquants, de la situation ethnique, de la pauvreté, de la taille de la famille, de la déviance parentale, de la surveillance et de la discipline (Sampson et Laub, 1994). D'un autre côté, le châtiment hostile et les interactions coercitives entre les parents et les enfants combinés à une mauvaise surveillance parentale contribuent à créer des troubles des conduites chez les préadolescents et un comportement antisocial chez les adolescents (Conger, Patterson et Ge, 1995; Dishion, Patterson, Stoolmiller et Skinner, 1991).

Bien qu'il se puisse que le lien entre la qualité de l'attachement de l'adolescent et le comportement parental soit bidirectionnel, les études longitudinales susmentionnées et au moins une autre, montrant que le rejet parental est un indicateur prévisionnel de la délinquance plus fort que le contraire (Simons, Robertson et Downs, 1989), soutiennent l'importance cruciale du comportement parental pour les résultats des adolescents. En plus, il importe de remarquer dans les conclusions des études récentes que, dans les contextes à risque élevé (par exemple, la pauvreté du voisinage, les crimes et le chômage), la surveillance parentale ne sera peut-être efficace que pour diminuer la déviation adolescente chez les adolescents profondément attachés (Allen, Moore, Bell et Kuperminc, 1998).

7. Attachement, socialisation parentale et sexe

Il est important de comprendre le rapport entre l'attachement adolescent-parent et l'adaptation pour examiner deux importants effets de modération : le sexe de l'enfant et le sexe du parent. Premièrement, il est prouvé que les différences sexuelles émergent dans les modèles d'attachement de l'adolescence et du début de l'âge adulte. Il est essentiel de se pencher sur les facteurs qui contribuent à ces différences. Deuxièmement, il est prouvé que les relations d'attachement avec les mères et les pères peuvent différer dans leur importance pour prédire l'adaptation.

À propos des différences de sexe dans les modèles d'attachement, dans la première enfance et l'enfance, les différences de sexe dans la qualité de l'attachement ne sont ni théoriquement implicites ni typiquement découvertes. Cependant, vers la fin de l'adolescence et à l'âge adulte, les différences de sexe dans les modèles d'attachement précaire ressortent parfois, plus d'hommes étant rejetants et plus de femmes étant préoccupées (entre autres, Bartholomew et Horowitz, 1991). Les pratiques parentales de socialisation particulières au sexe peuvent contribuer à ces différences de sexe dans un style d'attachement. Par exemple, les parents surveillent plus le comportement de leurs filles que celui de leurs garçons (consulter Cross et Madsen, 1997). De plus, bien que les parents exercent un degré semblable de contrôle sur le comportement de leurs filles et de leurs garçons, les résultats découlant d'enquêtes récentes ont montré des différences subtiles dans la façon utilisée pour exercer ce contrôle. Cela dit, Pomerantz et Ruble (1998) ont démontré que les mères étaient capables de contrôler de façon égale leurs filles et leurs garçons sans toutefois accorder d'autonomie à leurs filles. En outre, ils ont découvert que contrôler sans accorder d'autonomie augmente l'étendue à laquelle les enfants acceptent la responsabilité d'un échec. Les différences de ce type en socialisation sont probablement associées non seulement à une autoefficacité réduite pour le comportement autonome chez les filles (Bussey et Bandura, 1999), mais aussi à des opinions positives de soi en moindre quantité, comme cela se reflète dans l'attachement préoccupé ou craintif par rapport à l'attachement rejetant et profond.

D'autres études réalisées sur la socialisation particulière au sexe ont démontré que les filles sont plus encouragées que les garçons à s'occuper des besoins des autres, à se conformer aux attentes des autres et à juger leur réussite ou leur échec en fonction de l'acceptation des autres. Les mères sont plus portées à discuter des sentiments des autres avec leurs filles plutôt qu'avec leurs garçons (à l'âge de 18 mois) (Parke, 1967) et, dès l'âge de 2 ans, les filles sont plus susceptibles que les garçons de parler de leurs sentiments (Dunn, Bretherton et Munn, 1987). Les parents encouragent aussi plus leurs filles que leurs garçons à s'occuper des sentiments des autres en utilisant des techniques d'induction qui les aident à comprendre les répercussions de leur comportement sur les autres (Grusec, Dix et Mills, 1982; Smetana, 1989). Pour leur part, les filles sont plus susceptibles que les garçons à s'attendre à se sentir mal à l'aise si elles agissent agressivement envers les autres et à exprimer leur préoccupation concernant les conséquences de leur comportement agressif sur les autres (Perry, Perry et Weiss, 1989).

Il est possible que le rôle parental particulier à un sexe augmente le risque d'attachement anxieux et préoccupé chez les filles et d'attachement rejetant chez les garçons; cependant, la recherche n'a toujours pas exploré ce lien. Il faut réaliser des études pour déterminer si la confiance parentale dans les pratiques de socialisation particulière à un sexe est reliée à des différences qualitatives dans l'orientation de l'attachement, et dans quelle mesure.

En ce qui concerne les différences dans les relations d'attachement avec les mères et les pères, il est important de comprendre que la plupart des études sur l'attachement et l'adaptation de l'enfant se sont concentrées sur les relations mère-enfant plutôt que sur les relations père-enfant en raison du fait que la mère est généralement le principal fournisseur de soins pendant l'enfance et que la profondeur de l'attachement pendant l'enfance est prévisible plus pour l'attachement de l'enfant à sa mère que pour l'attachement de l'enfant à son père (Cassidy, 1988; Main, Kaplan et Cassidy, 1985). De surcroît, l'attachement de l'enfant est prévisible principalement à partir du style d'attachement de la mère plutôt qu'à celui du père (Van-IJzendoorn et De-Wolff, 1997). Vers la fin de l'adolescence, comme pendant l'enfance, les mères demeurent la principale figure d'attachement (Hazan et Zeifman, 1994; Trinke et Bartholomew, 1997). Bien que les garçons et les filles voient que la disponibilité de leur mère demeure constante au cours des ans, les adolescentes perçoivent plus que les filles plus jeunes que leur père est moins disponible (Lieberman et al., 1999). En harmonie avec ces constatations, les résultats de plusieurs études ont démontré qu'il existe d'importants changements dans la qualité des rapports des filles avec leur père pendant l'adolescence (Hosley et Montemayor, 1997, ID : 1187)(Paterson, Pryor et al., 1995, ID : 1012)(Youniss et Smollar, 1985, ID : 695). Ainsi, avec le passage à l'adolescence, les filles mentionnent qu'elles se sentent plus distantes, mal à l'aise et éloignées de leur père et pensent que leur père ne respecte pas leurs besoins émotifs (Youniss et Smollar, 1985).

Les chercheurs ont quelquefois découvert que l'attachement au père, plus que l'attachement à la mère, a des associations significatives, bien que différentes, à l'adaptation (compétence des pairs) (Kerns et Stevens, 1996; Kerns et Barth, 1995; Suess, Grossmann et Sroufe, 1992; Youngblade et Belsky, 1992; Youngblade et al., 1993). Il semble que la chaleur et la participation du père jouent un rôle unique dans le développement intellectuel (Radin, 1981) et dans la réussite scolaire (Wagner et Phillips, 1992), et qu'elle est associée à une plus grande estime de soi au milieu de l'enfance (Amato, 1986). Il est en plus possible que des relations plus fortes entre l'attachement enfant-père et l'adaptation émergent pendant l'adolescence. Par exemple, dans une étude longitudinale menée auprès d'enfants du nord de l'Allemagne, les styles de gestion du stress des adolescents âgés de 16 ans ont été reliés à plusieurs mesures de la qualité de l'attachement au père au tout début de l'enfance, mais non à la mère (Grossmann, Grossmann et Zimmermann, 1999). En outre, les évaluations des adolescents concernant l'affection négative de leur père, mais non de leur mère, étaient associées aux évaluations des adolescents concernant la qualité de leurs relations avec leur parent (Flannery, Montemayor et Eberly, 1994). Enfin, en ce qui a trait aux symptômes dépressifs à la mi-adolescence, il a été démontré que les perceptions de soi en tant que personne indigne de l'amour du père sont d'une importance particulière (Margolese et al., 1999a et b).

Il est important d'éclaircir la nature changeante de l'attachement des filles à leur père, comparativement à celui des garçons, pendant l'adolescence, la relation de ces différences à la socialisation parentale différentielle et les incidences dans l'adaptation. Une fois de plus, il faut poursuivre la recherche pour comprendre pleinement le rôle différentiel des relations d'attachement avec les mères par rapport aux relations d'attachement avec les pères au cours de la croissance.

8. Contexte culturel et social

Étant donné la diversité des cultures contribuant à la société canadienne, il importe d'évaluer le degré auquel les constatations examinées plus haut s'appliquent à toutes les familles canadiennes de divers horizons ethniques. Des chercheurs ont découvert que les pratiques parentales varient selon les normes culturelles et les valeurs de socialisation (Ellis et Petersen, 1992). En Chine, par exemple, les parents contrôlent plus le comportement de leurs enfants et leur accordent moins d'autonomie psychologique que les parents d'origine européenne aux États-Unis (Lin et Fu, 1990). La distribution des styles d'attachement moins profond chez les enfants varie aussi entre les pays selon que l'on met l'accent sur l'individualisme ou sur l'interdépendance (Sagi, Van-IJzendoorn et Koren-Karie, 1991). Ainsi, plus d'enfants allemands sont classés comme évitants et plus d'enfants japonais le sont comme ambivalents. Dans un échantillonnage de 400 enfants et adolescents montréalais, on a découvert que les parents arabes sont plus chaleureux et participent plus avec leurs enfants et que les parents canadiens-français accordent plus d'autonomie psychologique; les parents des Indes occidentales font moins des deux (Karavasilis, Dayan, Doyle, Lanaro et Markiewicz, 1999). Cependant, les différences interculturelles sont généralement moins prononcées que les différences intraculturelles (Sagi et al., 1991). Au surplus, malgré les différences culturelles dans le style parental ou l'attachement de l'enfant, le rapport entre le style parental et l'adaptation de l'enfant demeure généralement le même (Feldman et Rosenthal, 1991). Les enfants qui perçoivent leurs parents comme chaleureux, intéressés, faisant des demandes appropriées et permettant une autonomie psychologique ont généralement une meilleure estime de soi, une plus grande autonomie et moins de dépression et de délinquance, peu importe l'origine ethnique ou l'orientation culturelle (Karavasilis et al., 1999; Steinberg et al., 1995). La seule exception est la réussite scolaire; là où les adolescents européens et hispano-américains ont profité de ce style parental autoritaire, contrairement aux adolescents africains et américains d'origine asiatique (Steinberg et al., 1995).

Il est aussi important d'évaluer la généralité des constatations susmentionnées dans différentes structures familiales (un ou deux revenus). La plupart des études réalisées sur les effets de l'emploi maternel sur le rôle parental et l'attachement se sont concentrées sur les nouveau-nés et les jeunes enfants. Les résultats de ces études indiquent que ce n'est pas vraiment l'emploi de la mère qui affecte la solidité de l'attachement de l'enfant, mais plutôt sa sensibilité et sa réceptivité envers son enfant, l'investissement dans le rôle parental et la participation dans des activités partagées (Hoffman, 1989; Moorehouse, 1991). Les jeunes adolescents dont les mères travaillent à l'extérieur ne passent pas moins de temps avec leur famille, leurs parents, leurs amis, en classe ou seuls, mais ils passent plus de temps seuls avec leur père (Richards et Duckett, 1994). En plus, les adolescents de mères monoparentales ou travaillant à l'extérieur ne vivent pas de relations plus litigieuses ou distantes avec elles que leurs pairs appartenant à des familles « traditionnelles » (Laursen, 1995). Cependant, il faut réaliser plus de recherche pour déterminer la façon dont l'emploi maternel et la condition monoparentale interagissent avec d'autres facteurs comme la pauvreté, le faible soutien social et le stress de la vie pour influencer la disponibilité parentale et l'attachement adolescent-parent.

III Répercussions sur le rôle parental

La prochaine section du rapport se concentre sur les répercussions de la recherche sur l'attachement et les recommandations concernant le rôle parental. Il est important de reconnaître que l'attachement seul ne peut permettre de prédire l'adaptation. Il y a une multitude de facteurs, notamment l'attachement, qui interagissent de façon complexe et qui permettent de prévoir l'adaptation. En conséquence, il faut considérer les incidences discutées dans cette section dans le contexte de la recherche sur d'autres facteurs qui influencent l'adaptation de l'enfant et de l'adolescent.

1.Adolescence : Détachement ou autonomie?

Ce que les parents doivent savoir

Une perception erronée commune dans la société insinue que l'adolescence est une période de détachement des parents. Cette perception est renforcée par plusieurs facteurs :

  • Le temps que les adolescents consacrent à leur famille diminue d'une façon spectaculaire. La recherche montre que le temps consacré à la famille durant les heures de veille chute de 35 % à 14 % entre la fin de l'enfance et la mi-adolescence (Larson et al., 1996). Les parents attribuent souvent ce changement dans le comportement de leur adolescent au détachement croissant ou au rejet de la famille.
  • La vision voulant que les adolescents se détachent de leurs parents a été propagée par des théories de l'adolescence dépassées qui dominaient au cours des dernières décennies. Ces théories proposaient que les défis de l'adolescence liés au rôle pubertaire et social nécessitaient une augmentation graduelle de l'éloignement émotif des parents.
  • Les anciennes théories ont mêlé les concepts de détachement et d'autonomie. « Être autonome signifie être autoinitié et autorégulé » (Ryan et al., 1995). L'autonomie, pour les parents, est le sentiment qu'un adolescent a la liberté d'exprimer ses croyances et ses désirs, le choix de négocier avec ses parents et les autres symboles d'autorité et la possibilité d'assumer un pouvoir raisonnable sur les décisions importantes de sa vie. Par contre, le détachement demande nécessairement un désengagement émotif et physique des parents, jumelé à des sentiments négatifs concernant l'importance de la relation enfant-parent et la valeur des parents comme source d'orientation et de confort émotionnel (Steinberg et Silverberg, 1986). Les adolescents qui vivent la séparation de leurs parents comme un mouvement vers une plus grande autonomie et une autodirection combinées à une relation continue avec leurs parents, vivent plus positivement le passage à l'âge adulte que les adolescents qui vivent la séparation de leurs parents comme un détachement émotionnel (Moore, 1987).

Il est maintenant clair que les relations parent-enfant traversent une transformation pendant l'adolescence, mais que la plupart des adolescents demeurent sur les plans émotif et psychologique en lien avec leurs parents. Les efforts éducatifs déployés pour défaire le mythe du détachement de l'adolescent peuvent être profitables aux parents.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent reconnaître l'importance continue de leur relation avec leur adolescent malgré les changements dans la nature de leurs interactions. Ils doivent faire attention de ne pas prendre le besoin d'autonomie pour un rejet de la relation parentale et doivent travailler avec leur adolescent pour établir un équilibre entre la connexité continue et l'autonomie croissante.

2. De quelle façon les parents peuvent-ils contribuer au développement sain de l'adolescent?

Ce que les parents doivent savoir

Si l'adolescent n'a pas besoin de la présence et de la protection physique des parents de la même manière que le jeune enfant, de quoi alors a-t-il besoin?

  • Bien que le temps consacré à la famille diminue pendant cette période, l'adolescent continue de passer autant de temps seul avec sa mère et son père qu'il le faisait à la fin de l'enfance et il passe plus de temps à discuter de questions interpersonnelles.
  • L'adolescent a besoin de ressentir que ses parents sont accessibles et qu'ils le soutiennent. L'adolescent qui se sent en confiance devant la disponibilité du soutien émotif de ses parents développe plus facilement ses habiletés d'adaptation.
  • L'adolescent profite surtout du soutien parental au cours du développement de son autonomie. Le soutien de l'autonomie par les parents (comme le soutien de l'adolescent lorsqu'il exprime son désaccord et qu'il en explique les motifs; l'écoute de ses commentaires; la confirmation de sa position et de ses sentiments) pendant la phase intermédiaire de l'adolescence (14 ans) laisse prévoir un attachement profond et une adaptation saine au début de l'âge adulte (Allen et Hauser, 1996). Les adolescents à qui les parents permettent de participer graduellement aux prises de décision pendant les années de l'adolescence sont moins portés à répondre à la pression exercée par les pairs pour participer à des activités délinquantes (Fuligni et Eccles, 1993).
  • Pendant l'adolescence, la sensibilité parentale s'exprime par une disponibilité psychologique pour l'enfant tout en favorisant l'autonomie. Les habiletés parentales particulières comprennent la chaleur, l'acceptation de l'individualisme, l'écoute active, la surveillance du comportement, l'établissement de limites et la négociation. Les adolescents demandent la participation de leurs parents dans les discussions sur les rapports interpersonnels, les valeurs et les buts. Les adolescents demandent aussi à leurs parents d'être disposés à renégocier les règles et les responsabilités. Il faut toujours éviter la négligence, l'hostilité, l'excès de contrôle et l'indiscrétion.

Aider les parents à acquérir des habiletés parentales qui soutiennent l'autonomie de leur adolescent et la connexité à lui peut être profitable pour maintenir la profondeur de l'attachement pendant cette période de développement.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent être disponibles pour leur adolescent, lui donner leur appui et participer activement à la négociation d'une plus grande autonomie et liberté. Ils doivent soutenir l'expression des sentiments, croyances et buts de leur adolescent. Cela peut s'avérer difficile, car l'affrontement entre les valeurs parentales et celles de l'adolescent peut mener à un conflit et à une détresse émotive. Comprendre que le conflit peut être une possibilité de développer l'autonomie, de résoudre les problèmes interpersonnels et de faire croître la relation adolescent-parent peut aider à éviter des conflits de pouvoir, l'escalade du conflit et les sentiments de rejet. Les parents doivent continuer à préciser leurs préoccupations et leurs limites mais en restant ouverts à la discussion et à la négociation.

Par exemple, un parent dont l'adolescent songe à prendre un premier emploi dans un café de fin de soirée du centre-ville, loin de la maison, a peut-être raison de s'inquiéter de sa sécurité au retour à la maison, du temps pris sur le temps consacré à ses travaux scolaires et de sa capacité de se présenter à l'école à l'heure. Au lieu de mentionner à l'adolescent qu'il ne peut pas accepter cet emploi, le parent doit plutôt écouter l'adolescent parler de son intérêt pour l'emploi et peut-être lui demander ce qu'il en pense. Cela donne à l'adolescent la chance de prendre l'initiative de mentionner ses propres désirs et préoccupations concernant l'emploi. Si l'adolescent soulève des préoccupations, le parent doit appuyer l'idée d'avoir un emploi à temps partiel et s'informer de la possibilité de solutions de rechange comprenant moins de points négatifs. Si l'adolescent croit que le parent pourrait le conduire au travail et le ramener à la maison, ou dit qu'il est prêt à accepter n'importe quel horaire de travail, le parent doit préciser les limites et les raisons de ces limites, être disposé à discuter de façon raisonnable, écouter le point de vue de l'adolescent et être ouvert à la possibilité de négocier des changements. La participation parentale peut, par exemple, s'exprimer par une disponibilité continue pour parler de ces questions et de ces préoccupations, en fournissant une aide temporaire pour le transport, en manifestant son intérêt en visitant le café comme client, si l'adolescent le souhaite.

3. À quel moment l'attachement profond est-il particulièrement bénéfique à l'adolescent?

Ce que les parents doivent savoir

L'attachement profond est important pour fournir un refuge sûr pendant les périodes de stress et pour encourager l'exploration pendant les périodes de croissance. Les adolescents traversent généralement plusieurs transitions importantes associées à une augmentation des sentiments de stress et d'anxiété. Le soutien parental pendant ces périodes peut être particulièrement utile pour favoriser l'attachement profond et promouvoir une adaptation saine.

  • Transitions scolaires : Le passage à l'école secondaire est fréquemment associé à une augmentation de la vulnérabilité, à une baisse de l'estime de soi et à des sentiments d'incompétence, combinés à une augmentation du risque de dépression et de comportement antisocial. La preuve montre que l'attachement profond constitue, pour les adolescents, une mesure de protection contre le stress associé à ce genre de transitions (Papini et Roggman, 1992).
  • Exploration des règles et des normes sociales : La participation à certaines activités délinquantes est normative pendant l'adolescence (entre autres, Shedler et Block, 1990) et peut être reliée à l'exploration, par l'adolescent, des règles et des normes sociales. Les pressions sociales qu'on exerce sur les adolescents pour qu'ils se conforment aux attentes du groupe contribuent aussi à la participation à des activités délinquantes. Les adolescents tirent profit de l'accessibilité parentale pour obtenir un soutien émotif, une structure et une surveillance quant à leur participation à ce genre de comportement et à leur association avec des pairs qui appuient ce comportement. En fait, pour les adolescents de contextes à risque élevé, la structure et la surveillance parentales sont moins efficaces en l'absence d'une relation fondée sur un attachement adolescent-parent profond (Allen, Moore, Kuperminc et Bell, 1998). Discuter avec les adolescents des valeurs associées au comportement, fournir une structure claire et favoriser l'autonomie dans une bonne prise de décision constituent aussi des comportements parentaux productifs pendant cette période.

Aider les parents à déterminer les périodes particulières de stress de leurs adolescents au cours desquelles l'accessibilité et le soutien parentaux sont critiques peut contribuer à élaborer des stratégies parentales efficaces.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent anticiper que leur adolescent aura besoin d'une plus grande disponibilité et de leur soutien émotif pendant les périodes de transition, comme l'entrée à l'école secondaire. Avant le début de la transition, les parents doivent être disponibles pour leur adolescent afin de discuter, entre autres, des changements que peut apporter l'entrée à l'école secondaire, de ses sentiments à cet égard, de ce qu'il peut faire s'il se sent stressé et des ressources disponibles. Les parents doivent participer à ce genre de discussions d'une façon terre-à-terre, sans minimiser les préoccupations de leur adolescent ni créer d'inquiétudes inutiles. Les parents peuvent trouver que les enseignants et les autres parents constituent une ressource utile pour soutenir le passage à l'école secondaire. Par exemple, une telle transition se déroule plus facilement lorsqu'un groupe de pairs la traverse ensemble et lorsque de nouvelles amitiés se forment. Les parents peuvent faciliter l'intégration sociale de leur adolescent dans le nouveau milieu en discutant et en collaborant avec les autres parents et les enseignants, par exemple en fournissant le transport aux événements et aux sorties scolaires, en établissant des règles normatives comme un couvre-feu et en fournissant une surveillance convenable lors d'activités sociales comme les fêtes à la maison.

Les parents doivent soutenir les adolescents dans leur exploration des normes sociales en écoutant les préoccupations de leur adolescent concernant l'approbation sociale et la pression du groupe, en discutant des valeurs associées à divers comportements, en discutant des raisons expliquant l'établissement de limites et, au besoin, en négociant les règles. Si les parents s'aperçoivent que leur adolescent ne peut pas gérer l'exploration des normes sociales, ils doivent exprimer leurs préoccupations et travailler avec lui pour assurer sa sécurité.

4. Hormones : Quelle est leur importance?

Ce que les parents doivent savoir

Dans le passé, on considérait généralement que les changements hormonaux pendant l'adolescence créaient invariablement de l'agitation, des perturbations et un désengagement de la famille. Les recherches montrant que la plupart des adolescents ne souffrent pas de détresse profonde ni de perturbations pendant cette période et qu'ils ont des sentiments positifs envers eux-mêmes et leur famille ont dissipé ce mythe (Arnett, 1999). Bien que certains chercheurs aient avancé que la puberté stimule l'éloignement de l'enfant et de ses parents, tel un mécanisme biologique chargé de décourager l'accouplement endogène (Steinberg, 1990), les recherches n'ont pas démontré de preuve concluante à cet effet. Dans une étude, on relie le début de la puberté chez les garçons à une diminution du temps passé en famille pendant la première phase de l'adolescence; cependant, cet effet ne s'est pas produit chez les filles (Larson et al., 1996). En outre, d'autres facteurs, comme les occasions de socialiser avec les pairs, se présentent comme des médiateurs plus importants de la réduction du temps passé en famille chez les garçons.

Dissiper les mythes de l'agitation et du désengagement de l'adolescent en raison de changements hormonaux peut aider les parents à mieux déterminer et reconnaître les vrais défis que leur adolescent doit affronter.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent reconnaître les périodes de détresse chez leur adolescent. Ils doivent s'assurer de ne pas négliger les vraies difficultés émotionnelles ni de croire faussement qu'elles sont causées par des changements physiques associés à l'adolescence.

5. Relations avec les pairs et pairs par rapport à parents comme sources d'influence sur les adolescents

Ce que les parents doivent savoir

Les adolescents, en vieillissant, passent de plus en plus de temps avec leurs pairs, surpassant le temps passé avec les parents dès la 12e année (17 ans) (Clark-Lempers, Lempers et Ho, 1991; Larson et Richards, 1991), et se fient plus sur leurs pairs que sur leurs parents pour obtenir de l'intimité et du soutien (Furman et Buhrmester, 1992; Laursen et Williams, 1997). Les amitiés étroites durent plus longtemps et valent plus pour les jeunes adolescents que pour les jeunes enfants (Sullivan, 1953). Les jeunes adolescents ressentent souvent beaucoup de pression de la part de leurs pairs pour être conformes dans plusieurs aspects de l'habillement, des activités, des choses qu'ils aiment et détestent (Feldman et Elliott, 1990). Il en résulte que les parents peuvent se sentir inefficaces et peu importants dans leur rôle d'orienter et de soutenir leur adolescent. Les parents peuvent aussi sentir que l'ami de l'adolescent les remplace comme figure primaire d'attachement (c'est-à-dire qu'il le recherche en situation de stress, qu'il lui manque lorsqu'ils sont séparés). Ils peuvent craindre que de « mauvais » amis influencent leur adolescent à suivre des directions indésirables dans leurs buts et leurs comportements. Bien que les amis influencent les adolescents, ces derniers jouent aussi un rôle dans la sélection des pairs. La tendance d'un adolescent à s'associer à des pairs qu'il perçoit semblables à lui (homophilie) est un processus primaire régissant la sélection des amis des adolescents (Fletcher, Darling, Steinberg et Dornbusch, 1995).

  • Il est important que les parents comprennent que, malgré l'accroissement de l'importance des relations avec les pairs, les parents continuent d'avoir une forte influence dans la vie de leur adolescent (Laursen et Williams, 1997). L'intimité avec les parents, le soutien parental et l'orientation sont d'importants déterminants de l'adaptation de l'adolescent. Les amitiés étroites remplacent surtout les besoins d'affiliation plutôt que les besoins d'attachement. L'investissement croissant de l'adolescent dans des amitiés étroites et dans les activités des pairs est mieux perçu, tout comme l'adolescent qui utilise la relation d'attachement parental comme une base sûre pour explorer le monde social des relations avec les pairs.
  • En général, les adolescents sont moins influencés par les pairs et plus influencés par leurs parents à l'égard des valeurs fondamentales comme les objectifs scolaires, les croyances religieuses et la moralité (Laursen et Williams, 1997). En fait, comme il est mentionné plus haut, en soutenant le développement de l'autonomie d'une façon convenable, les parents protègent leur adolescent de l'influence exagérée des pairs. Par exemple, les adolescents que les parents font de plus en plus participer aux prises de décision sont moins portés à succomber à l'influence des pairs pour s'engager dans des activités antisociales (Fuligni et Eccles, 1993). De plus, comme il est mentionné plus haut, les parents qui surveillent les activités et les compagnons de leur adolescent le protègent des relations avec des pairs délinquants, qui constituent un facteur qui risque de l'embarquer dans des activités délinquantes comme la consommation de drogues illicites (Dishion, Patterson et Kavanagh, 1992). Le besoin de conformité aux pairs à l'égard de l'habillement et des activités, si puissant chez les plus jeunes adolescents (Feldman et Elliott, 1990), diminue avec les années et est mieux vu comme une indication de la fragilité de leur autonomie et de leur besoin d'avoir des preuves tangibles de similitude, d'acceptation et d'appartenance.
  • Il est important que les parents comprennent le sens de la surveillance (contrôle ferme) exercée dans une ambiance chaleureuse et visant à encourager l'autonomie. Il est nécessaire également qu'ils comprennent la distinction entre la disponibilité et l'indiscrétion, comme ces termes ont été définis plus haut.
  • La participation et la communication des parents avec les responsables de l'école de leur adolescent sont aussi associées à la compétence scolaire. Par exemple, les parents qui participent aux activités scolaires sont mieux renseignés et sont plus disponibles pour leur adolescent, tant dans les bons moments pour soutenir leur autonomie que dans les moments stressant pour leur fournir la sécurité et la protection.

Fournir aux parents une compréhension du rôle des pairs par rapport à celui des parents comme sources de soutien et d'orientation pendant l'adolescence est une stratégie utile pour améliorer l'efficacité des parents.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent reconnaître l'importance continue de leur engagement avec l'adolescent à l'égard de l'adaptation, même si ce dernier accorde plus d'intérêt et de temps à ses pairs. Ils doivent écouter ses préoccupations en ce qui a trait aux pressions du groupe, au choix judicieux de ses relations d'amis et à ses sentiments d'acceptation sociale. Les parents doivent être au courant de la participation de leur adolescent à divers groupes de pairs et aux activités scolaires. Ils doivent surveiller ces points de façon convenable et respectueuse. Comme il a été mentionné précédemment, si les parents découvrent que leur adolescent participe à des situations de groupe dangereuses et hors de ses compétences en matière de jugement et d'influence, ils doivent agir de façon à le protéger de ces situations.

6. Relations romantiques

Ce que les parents doivent savoir

La nature et l'importance des relations romantiques au début de l'adolescence sont imprécises et ont fait l'objet d'une recherche considérable, dont voici les questions fondamentales : 1) Jusqu'à quel point les relations romantiques remplissent-elles les fonctions d'attachement pendant la période de l'adolescence? 2) De quelle façon les relations romantiques sont-elles reliées aux tendances de l'attachement adolescent-parent? 3) Quelles sont les incidences des relations romantiques sur l'adaptation?

  • Sur le plan du développement, les relations romantiques sont généralement brèves au début de l'adolescence et consistent souvent à peu de connaissance intime du partenaire et à beaucoup de fantaisie. Au moins pendant la première phase de l'adolescence, elles sont mieux conceptualisées comme une exploration du monde social plutôt que comme des relations d'attachement.
  • Cette vision des relations romantiques ne rejette pas le fait qu'elles constituent des expériences importantes et puissantes sur le plan émotif pour les adolescents. Bien que les relations romantiques peuvent être surtout importantes pour les adolescents plus âgés en raison du transfert graduel des fonctions d'attachement, les adolescents plus jeunes peuvent vivre des relations romantiques aussi puissantes sur le plan émotif en raison de leurs capacités non développées pour traiter des événements émotionnels. La disponibilité et le soutien parentaux comme source et refuge sûrs pendant ces événements sont importants. Les adolescents profondément attachés à leurs parents sont mieux munis pour se débrouiller de façon adaptative dans ce nouveau domaine. Par exemple, pendant la phase intermédiaire de l'adolescence, les adolescents profondément attachés s'engagent plus tard dans des rapports sexuels et les jeunes adultes profondément attachés ont moins de partenaires sexuels et sont moins portés à participer à des relations sexuelles risquées que leurs pairs moins profondément attachés (Cooper et al., 1998).

Fournir aux parents des renseignements concernant l'importance d'entreprendre des relations romantiques à la fin plutôt qu'au début de l'adolescence et concernant le besoin continu de la disponibilité parentale comme base sûre pour les adolescents les aidera à répondre convenablement à ces nouvelles relations.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent comprendre que leur adolescent peut profiter de leur soutien émotionnel et de leur orientation au moment d'entamer des relations romantiques. Ils doivent s'assurer de ne pas interpréter faussement la participation à des relations romantiques comme un déplacement de l'importance de la relation parentale. Les parents doivent être à la disposition des adolescents pour discuter de leurs sentiments, de leurs valeurs et de leurs prises de décision concernant les questions d'intimité et de participation sexuelle dans les relations romantiques.

7. Est-ce que certains adolescents ont plus de chances d'avoir des problèmes d'attachement pendant l'adolescence?

Ce que les parents doivent savoir

Certains adolescents sont vulnérables aux modèles d'attachement profond en raison de la grande difficulté de leurs premières expériences de socialisation. Par exemple, les enfants exposés à de mauvais traitements comme la violence physique ou sexuelle, la négligence ou la violence familiale sont plus à risque d'attachement précaire (Cicchetti et Barnett, 1991; Morton et Browne, 1998). Lorsque ces enfants arrivent à l'adolescence, les modèles d'attachement précaire et d'autres problèmes affectifs peuvent rendre cette période de développement plus difficile pour eux et pour leurs fournisseurs de soins primaires. Les relations avec les fournisseurs de soins peuvent être menacées et le risque de psychopathologie peut grandement augmenter. Il est particulièrement important de prédire les besoins de ces adolescents avant l'émergence des difficultés et de faire en sorte que ces familles aient accès à des programmes spéciaux. Les mesures préventives, mises en oeuvre avant l'entrée dans l'adolescence, peuvent s'avérer rentables à long terme.

Ce que les parents doivent faire

Il est conseillé aux parents d'enfants ayant vécu des difficultés extrêmes dans les premières relations enfant-parent d'anticiper les défis de l'adolescence et d'évaluer le besoin de soutien en santé mentale. Lorsque les enfants ont vécu une interruption de leurs relations avec les fournisseurs de soins qui a résulté en une séparation prolongée ou une perte, l'adolescence peut raviver des questions émotives reliées à ces premières expériences. Cela dépendra des relations passées et actuelles et de l'importance de soutien qu'ont reçu les adolescents en intégrant ces différentes relations avec les fournisseurs de soins. Les parents doivent appuyer leur adolescent, comprendre le sens de ses relations avec divers fournisseurs de soins et l'aider à équilibrer ses liens et son autonomie au sein de ces relations. Ils doivent s'efforcer de comprendre ce processus et de ne pas l'interpréter comme un rejet de la relation parentale. Dans certaines situations, cette démarche demande le soutien de la famille ou de thérapeutes individuels.

8. De quelle façon la psychopathologie parentale et le style d'attachement du parent sont-ils reliés à l'attachement de l'adolescent?

Ce que les parents doivent savoir

La recherche montre des taux plus élevés d'attachement précaire chez les enfants de parents souffrant de divers désordres, notamment la dépression (Lyons-Ruth et al., 1991) et l'alcoolisme (Brennan et al., 1991). Dans le même ordre d'idées, les enfants de parents ayant eux-mêmes vécu un attachement précaire dans leurs relations avec leurs propres parents sont plus portés à être moins profondément attachés que les enfants de parents ayant profité d'une relation profonde avec leurs propres parents (Van-IJzendoorn et Bakermans-Kranenburg, 1996). Par exemple, Benoit et Parker (1994) montrent que le style d'attachement de la mère a prédit l'attachement du bébé dans 81 % des cas et que le style d'attachement des grands-mères a prédit l'attachement du bébé dans 75 % des cas. Bien que la recherche n'ait toujours pas examiné la transmission de l'attachement entre les générations pendant la période de l'adolescence, il est presque certain que l'attachement précaire des parents sera associé à une augmentation des taux d'attachement précaire chez les adolescents, peut-être un peu moins profondément que dans la prime enfance.

Ce que les parents doivent faire

Les parents qui reconnaissent en eux les facteurs qui risquent de mettre leur adolescent dans une relation d'attachement précaire peuvent profiter de conseils ou de thérapies pour régler leurs propres difficultés ou pour réduire la transmission du risque à l'intérieur de la famille.

9. Jusqu'à quel point les caractéristiques de l'enfant plutôt que les caractéristiques du rôle parental représentent-elles la profondeur de l'attachement?

Ce que les parents doivent savoir

La recherche sur les modèles d'attachement pendant la période de l'adolescence est malheureusement insuffisante pour fournir une réponse à cette question; cependant, les études d'autres phases de développement sont informatives. Bien que le parent et l'enfant contribuent à leurs relations sur une période de temps (Lollis et Kuczynski, 1997), la preuve recueillie auprès de jeunes enfants souligne l'importance des parents pour le modelage des modèles d'attachement de leurs enfants. Par exemple, si le style d'attachement était inhérent à l'enfant, on s'attendrait à voir les mêmes genres d'attachement chez les parents. Pourtant, il est bien connu que la qualité de l'attachement d'un enfant à un parent n'est pas fortement associée à la qualité de son attachement à l'autre parent (Lyons-Ruth, 1996). En outre, bien que le tempérament permette de prédire l'étendue de la détresse qu'exprime un enfant à la séparation de sa mère, il ne permet pas de prédire des modèles particuliers d'attachement (Belsky et Rovine, 1987; Vaughn, Lefever, Seifer et Barglow, 1989). Le fait que l'attachement de l'enfant peut être anticipé par le modèle d'attachement propre de la mère avant la naissance de l'enfant est peut-être l'élément le plus convaincant (Fonagy, Steele et Steele, 1991).

  • Il est évident qu'il faut poursuivre la recherche pour comprendre le rôle des facteurs endogènes aux adolescents par rapport à la socialisation parentale qui représente l'attachement pendant cette période particulière de développement. La recherche examinée dans ce document, combinée aux études sur les bébés et les jeunes enfants, mentionne le rôle puissant et important des parents en modelant l'attachement de l'adolescent.

Ce que les parents doivent faire

Bien que les enfants et leurs parents contribuent activement à leur relation au cours des ans, les parents qui reconnaissent l'importance de leur rôle dans le modelage de l'orientation d'attachement de leur adolescent et qui se sentent en confiance et appuyés dans le respect des besoins de leur adolescent seront plus portés à contribuer à un développement sain. Les parents doivent s'assurer de ne pas rejeter les problèmes de la relation adolescent-parent comme s'ils étaient simplement causés par le tempérament ou les autres caractéristiques de l'enfant. Ils doivent reconnaître qu'ils contribuent avec leur adolescent aux modèles d'interaction et de comportement.

10. Stabilité de l'attachement pendant l'adolescence

Ce que les parents doivent savoir

Il existe une multitude de possibilités de changement dans les modèles d'attachement pendant l'adolescence. Ainsi, la recherche montre qu'environ 30 % des jeunes adultes changent dans leur orientation d'attachement sur une courte période (Baldwin et al., 1996; Scharfe et Bartholomew, 1994).

Ce que les parents doivent faire

À la lumière de ces constatations, les parents doivent comprendre l'importance de continuer à déployer des efforts pour favoriser l'attachement profond chez leur adolescent. Par contre, les parents d'adolescents présentant des modèles d'attachement précaire peuvent être renforcés en sachant que cette période de développement offre une importante conjoncture qui favorise le changement vers une plus grande profondeur.

Fournir aux parents une compréhension du rôle des pairs comparativement à celui des parents comme sources de soutien et d'orientation pendant l'adolescence (consulter la section III 5., de ce document) est une stratégie utile pour améliorer l'efficacité des parents.

IV Incidences sur les politiques gouvernementales et recommandations pour la recherche à venir

1. Éducation parentale ciblant le mythe du détachement de l'adolescent

L'éducation publique devrait cibler le mythe du détachement de l'adolescent et du rejet de la famille (consulter les sections III 1 et 5).

Il faudrait assurer le soutien continu des parents par l'entremise de programmes parentaux communautaires qui adoptent des concepts d'attachement et de transformation plutôt que de dissolution de la relation parent-adolescent. Les programmes de formation au rôle de parent devraient aider les parents à déterminer les périodes importantes de transition dans la vie de leur adolescent, à établir une communication efficace avec lui et à lui assurer un soutien.

2. Stratégies de soutien pour les parents d'adolescents

La transformation de la relation parent-enfant pendant l'adolescence demande aux parents d'adapter convenablement leurs pratiques parentales. La documentation examinée indique que la disponibilité parentale, le soutien et la surveillance continuent d'être des composantes importantes de l'efficacité du rôle parental. Contrairement aux jeunes enfants, cependant, les adolescents s'éloignent plus de la surveillance parentale immédiate et ils souhaitent une plus grande participation et une négociation des règles et des attentes. En plus, l'importante croissance cognitive qui se produit pendant l'adolescence signifie que les adolescents pensent maintenant au genre de personne qu'ils sont, au genre de personne que sont leurs parents et aux valeurs chères à chacun. Les valeurs et les croyances de l'adolescent deviennent des indicateurs prévisionnels importants de leurs attentes et de leurs comportements.

La recherche sur l'attachement a donné lieu à l'élaboration d'interventions concentrées sur la prévention et la correction de l'attachement précaire chez les bébés et les jeunes enfants (en autres, Crittenden, 1992; Leiberman, Weston et Pawl, 1991; van den Boom, 1994). Les interventions ont été concentrées sur deux objectifs complémentaires : 1) modifier la sensibilité parentale aux besoins et aux comportements d'attachement chez les bébés et les jeunes enfants; 2) modifier les représentations d'attachement parental pour qu'elles deviennent un véhicule favorisant la modification du comportement parental. La recherche sur ces interventions est relativement préliminaire, mais elle indique à ce jour une certaine forme de réussite (Lieberman et al., 1991; van den Boom, 1994).

Il est surprenant de constater qu'on a peu tenté d'appliquer la théorie de l'attachement aux interventions avec les adolescents et leur famille ou d'adapter des modèles d'intervention pour les plus jeunes enfants afin qu'ils puissent être appliqués aux adolescents. Cependant, les principes de l'attachement s'appliquent clairement tout au long de la vie et il est possible d'adapter les interventions pour les rendre appropriées au développement des adolescents et à leur famille. Par exemple, les points suivants représentent fidèlement la sensibilité et l'habitude des parents d'adolescents :

  • Reconnaissance et réceptivité des besoins de l'adolescent en matière d'accessibilité et de soutien continus des parents en tant que base sûre;
  • Détermination des besoins de l'adolescent pour accéder à l'autonomie par l'entremise de négociations actives à l'intérieur de la relation parent-adolescent;
  • Acceptation et soutien des perspectives et des expériences de l'adolescent comme mode de garantie d'une interdépendance continue entre le parent et l'adolescent en dépit de la différence des rôles et des valeurs.

Soutenir les parents dans l'élaboration d'un rôle parental adapté à leur adolescent peut constituer une intervention productive justifiant une enquête.

De quelle façon le gouvernement peut-il contribuer à la mise sur pied de programmes qui mettent en valeur le rôle parental pour les adolescents et, en fin de compte, l'adaptation de l'adolescent?

  • Il est essentiel de concevoir des programmes fondés sur la sensibilisation aux besoins de la population générale (c'est-à-dire des programmes universels) et aux besoins de groupes spéciaux (c'est-à-dire des programmes ciblés). Il faut poursuivre la recherche pour porter à la connaissance des parents les défis de l'adolescence et le rôle joué par leurs relations pour assurer un apprentissage fonctionnel. Cette recherche montrera probablement que plusieurs parents possèdent des croyances erronées concernant l'adolescence et sous-évaluent l'importance des relations avec leur enfant. Elle montrera aussi que l'adolescence est une période difficile pour les parents et que plusieurs parents veulent des renseignements sur la façon de bien jouer leur rôle parental pendant cette période. Avec ces renseignements, il est possible de prendre des mesures pour cibler des programmes universels aux domaines particuliers des besoins en éducation. Les résultats de la recherche montrent que les enfants exposés aux mauvais traitements, à la négligence et à l'abandon sont plus à risque d'attachement précaire. Ces adolescents ont particulièrement besoin d'interventions qui aident au développement de la profondeur de l'attachement.
  • La sensibilité aux périodes spéciales de défi pendant le développement de l'adolescent constituera aussi un élément important de ce genre de programme.
  • Pour ce qui est des programmes universels, l'affectation de fonds pour des conférenciers, des animateurs de groupe, des listes de livres et de matériel recommandés et des enregistrements vidéo pour les groupes de parents d'écoles secondaires de premier et de second cycle, les centres communautaires, les bibliothèques, la télévision et la radio serait précieuse pour augmenter la sensibilisation et l'éducation. Les annonces télévisées semblables à celles qui ont été conçues pour augmenter la sensibilité à l'intimidation et à la consommation de drogues (entre autres, Olweus, 1992, 1997) seraient une méthode idéale pour communiquer l'information aux parents et aux adolescents. La distribution de dépliants dans les écoles et les cabinets de médecin aiderait aussi à transmettre l'information à grande échelle. On pourrait aussi envoyer ces dépliants à tous les parents d'adolescents entrant à l'école secondaire, accompagnés des renseignements sur les centres de soutien à joindre pour obtenir plus d'information.
  • Étant donné que plusieurs parents peuvent vivre des difficultés de gestion de l'équilibre entre l'établissement de limites et le soutien de l'autonomie et interpréter la recherche d'autonomie de leur adolescent comme une menace à leur relation, les programmes parentaux communautaires ou scolaires concentrés particulièrement sur ces questions peuvent leur être utiles. Ces programmes ont plus de chances de réussir s'ils sont fournis par des professionnels formés pour travailler avec des groupes de parents et d'adolescents en vue de les éduquer, de faciliter une meilleure communication et de résoudre les problèmes par des jeux de rôles.
  • Les programmes de cette nature devraient être offerts pendant les jonctions importantes du développement de l'adolescent, où le changement dans l'attachement est très probable et le risque, très élevé. Il serait donc idéal d'offrir des programmes ciblant le début de l'adolescence ou l'entrée à l'école secondaire. Par exemple, les programmes scolaires offrant de tels groupes à tous les parents et adolescents dès l'entrée à l'école secondaire peuvent aider à prévenir, pour la famille et l'adolescent, le développement des difficultés associées à cette transition.
  • Pour ce qui est des programmes ciblés, la recherche montre que les adolescents provenant de populations cliniques sont portés à avoir un attachement précaire et il serait avantageux d'élaborer des interventions concentrées sur l'attachement pour les besoins spéciaux de ces adolescents et leur famille. La recherche sur la thérapie utilisée chez des adolescents montre que l'efficacité est rehaussée lorsque les interventions ciblent des facteurs multiples dans l'écologie de la jeunesse, par exemple les problèmes individuels, les questions familiales et les sujets scolaires et professionnels. Dans une récente tentative pour présenter les incidences de la théorie de l'attachement pour une intervention auprès d'adolescents à risque élevé, Moore et ses collègues (Moore, Moretti et Holland, 1998) ont proposé plusieurs principes élémentaires pour orienter l'application de la théorie de l'attachement à l'élaboration des programmes. Bien qu'il soit préliminaire, ce travail fournit une base pour la poursuite du développement dans ce domaine. L'importance de comprendre le sens du comportement dans la perspective de l'attachement et des modèles réduits internes est un principe fondamental de cette approche. Les principes reconnaissent aussi l'importance des premières expériences répétées avec des proches pour former la base des modèles d'attachement, tout en reconnaissant que les modèles d'attachement sont « en cours » et qu'ils peuvent être révisés en fournissant de nouvelles expériences et une réintégration des expériences passées. Les jeunes à risque élevé ont généralement des antécédents d'expériences d'attachement anormal mal adapté, y compris des expériences de mauvais traitements, de négligence et d'abandon. Ils se méfient de l'autorité et sont portés à interpréter les tentatives de rôle parental conventionnel comme coercitives et menaçantes. Par l'entremise de la compréhension et l'empathie de ce que les jeunes perçoivent de leurs relations avec les fournisseurs de soins, les cliniciens peuvent mieux réussir à établir une relation avec eux et les aider à transformer leurs modèles et leur comportement d'attachement. L'un des principes importants de cette approche réside dans le fait que les nouveaux fournisseurs de soins, qu'ils soient des parents de famille d'accueil ou des professionnels de la santé mentale, doivent élargir leurs relations avec les jeunes et comprendre que les expériences vécues à l'intérieur de la relation influencent et peuvent modifier les modèles d'attachement des jeunes. Dans le même ordre d'idées, il est reconnu qu'endurer le changement ne se produit que s'il est appuyé par un changement suffisant et durable des systèmes (par exemple, le contexte scolaire, familial et social plus large) dans lesquels vivent les jeunes.
  • Cette approche requiert un déplacement de la position primaire de « contrôle » vers une position de « connexion » . Ce genre de déplacement s'avère un défi en raison des pressions sociales exigeant un « contrôle » du comportement alarmant des jeunes à risque élevé. L'adoption d'une perspective d'attachement comprend une volonté de comprendre la jeunesse et de s'y connecter en dépit de son comportement, accompagnée de l'établissement de limites claires concernant le comportement problématique. Le but ultime de ce genre d'approche est d'aider la jeunesse à développer un « contrôle interne » plutôt que de la laisser se fier sur un « contrôle externe » par l'entremise de services de santé mentale ou de services de psychiatrie légale pour les jeunes.
  • ·La preuve suggère beaucoup de similitude entre le style d'attachement des parents et des enfants (Van IJzendoorn, 1995). Par conséquent, la prestation de soutien social et de thérapie pour les parents en ce qui concerne leurs propres besoins d'attachement ainsi qu'une concentration sur leur prestation pour les besoins de leur adolescent peuvent être un ajout important aux interventions à l'adresse des adolescents et de leur famille.
  • Il faut appuyer les efforts déployés pour comprendre la valeur de l'attachement pour intervenir auprès des adolescents et de leur famille, pour les échantillonnages normatifs et cliniques. La recherche concentrée sur l'articulation des programmes et l'évaluation de leur efficacité est justifiée.

3. Ressources existantes et besoins à venir

La disponibilité de programmes universels et ciblés pour les adolescents et leur famille varie considérablement entre les provinces et les collectivités. Les ressources communes s'étendent des groupes de parents et de soutien et des groupes communautaires connexes qui ne dépendent pas d'un financement gouvernemental aux services de santé mentale qui sont financés au sein de chaque collectivité. Parfois, des programmes universels médiatisés et financés par les gouvernements sont offerts pour accroître la sensibilisation à des problèmes particuliers (comme les problèmes de consommation de drogues chez les adolescents, de violence et d'intimidation). Il est essentiel de déplacer l'attention et de se concentrer dans les limites des services existants afin de mieux comprendre, connaître et intégrer dans des programmes les problèmes d'attachement des adolescents et des parents. Les chances de réussite sont meilleures grâce aux efforts des gouvernements qui déplacent la concentration des programmes existants et désuets dans des initiatives spéciales (par exemple, une campagne médiatique concentrée sur l'importance des parents tout au long de l'adolescence) ou des programmes spéciaux (par exemple, l'appui de nouveaux programmes ou la restructuration de programmes existants).

Une des préoccupations est que les programmes ont surtout été mis en place pour les jeunes enfants (c'est-à-dire les enfants âgés de moins de 10 ans) et les adolescents plus âgés (de 15 ans et plus). Les interventions pour les plus jeunes enfants se concentrent sur l'acquisition de nouvelles compétences parentales, l'acquisition de nouvelles compétences sociales et l'intervention correctrice en milieu scolaire. Par contre, les interventions pour les adolescents plus âgés se concentrent sur la psychothérapie individuelle, les installations récréatives et sociales (programmes pour les adolescents) et la formation professionnelle. Il existe relativement peu de programmes pour les jeunes adolescents (de 11 à 14 ans). Cela est regrettable en raison des risques documentés associés au passage à l'école secondaire pour les membres de ce groupe d'âge et le fait que la période de la pré-adolescence jusqu'au début de l'adolescence est connue comme une période dangereuse pour l'émergence du trouble des conduites à début tardif. Les programmes pour ce groupe d'âge peuvent être particulièrement rentables en prévenant l'émergence des problèmes fonctionnels de l'adolescent qui s'empirent et placent éventuellement un fardeau important sur les ressources en santé mentale. Comme il a été mentionné précédemment, les programmes universels ciblant l'entrée à l'école secondaire peuvent être très utiles à cet égard. Ce genre de programme pourrait être intégré dans l'orientation de l'école secondaire, exigeant la participation et des parents et des jeunes. Ce programme peut être fourni très efficacement dans l'année de transition précédant l'entrée à l'école secondaire, bien qu'il faille penser à élargir certaines composantes du programme aux premières années de l'école secondaire (par exemple, poursuivre la distribution d'information aux parents et aux adolescents). Un tel programme pourrait être intégré à une visite de l'école secondaire et à une discussion du protocole de l'établissement (attentes) et à ses préoccupations (sécurité). À l'intérieur de ce contexte, on pourrait discuter, entre autres, des questions concernant la transition à l'adolescence et de l'importance du soutien et de la surveillance continus dans les limites de la relation parent-enfant. Une présentation vidéo et la distribution de matériel éducatif (par exemple, des dépliants, des ressources de référence pour les parents et la jeunesse en besoin) pourraient être ajoutées si le temps le permet. Les programmes devraient cibler et les parents et les adolescents à des niveaux appropriés pour assurer un changement dans la façon dont les membres de la famille comprennent la période de l'adolescence et le rôle parental pendant cette période. Les composantes clés de ce programme comprendraient la dissipation des mythes au sujet de l'adolescence, la compréhension des défis de l'adolescence et les transitions dans la relation parent-enfant et mettraient l'accent sur le besoin d'une participation active et continue pour soutenir et surveiller les adolescents.

Il est essentiel que les professionnels de la santé mentale et autres professionnels participant à la prestation de services soient sensibilisés et connaissent les questions d'attachement adolescent-parent et incorporent ces connaissances dans des programmes d'intervention. En ce moment, il y a un manque de personnel bien formé pour voir à l'élaboration du programme et pour former d'autres personnes oeuvrant déjà dans le milieu. La formation est nécessaire non seulement pour l'attachement adolescent-parent, mais aussi pour le développement psychologique de l'adolescent, le rôle parental et les interventions d'attachement avec des personnes et des groupes. Il faut organiser des programmes de formation interne.

La formation devrait être offerte aussi aux nouveaux praticiens dans les programmes de formation appliquée du développement, clinique ou communautaire spécialisés dans l'adaptation de l'adolescent. Des programmes médicaux, de soins infirmiers et de travail social axés sur la médecine familiale, la médecine communautaire et la médecine de l'adolescent ainsi que des programmes en éducation peuvent aussi fournir des contextes pour ce genre de formation. Il faut déployer des efforts pour que ces programmes traitent des questions d'attachement afin que les diplômés, et surtout les praticiens fournissant les services à toute la population (médecins de famille ou généralistes, enseignants), puissent mieux comprendre les besoins de leur clientèle et y répondre.

4. Comprendre l'influence des pairs et des partenaires romantiques

Compte tenu de la transition dans les relations avec la famille et les pairs pendant l'adolescence, il est nécessaire d'avoir des programmes d'éducation parentale soulignant les renseignements importants en matière d'attachement aux pairs et le développement des relations romantiques.

Beaucoup plus de recherche s'impose pour comprendre les transitions dans les fonctions d'attachement à différentes figures ciblées pendant les années de l'adolescence.

5. Le rôle du contexte dans le lien attachement-adaptation

La recherche existante suggère qu'il existe une relation modérée entre l'attachement et l'adaptation pour que la relation entre l'attachement et l'adaptation soit élargie dans les contextes à risque. Bien que la recherche ne suffise pas à tirer avec certitude ce genre de conclusion, une des incidences est que les programmes d'intervention pour favoriser l'attachement sain entre l'adolescent et le parent devraient cibler des familles de contextes à risque élevé. On devrait effectuer ce genre d'interventions dans des centres de santé communautaire ou dans des écoles situées dans des secteurs à faible revenu.

V. Résumé des l' orientation de la recherche

  • Étant donné les changements normatifs au comportement d'attachement avec les parents au milieu de l'enfance et pendant l'adolescence, il faut poursuivre la recherche pour déterminer la façon dont se manifestent les différences qualitatives dans l'attachement adolescent-parent pendant l'adolescence. Par exemple, nous n'avons pas établi de mesures d'autodéclaration pour les périodes de la mi-enfance et de l'adolescence pour les différents modèles d'attachement précaire, malgré la réussite des mesures d'autodéclaration dans d'autres domaines (par exemple, l'autoconcept, le style parental) avec ce groupe d'âge. Ainsi, il semble que les pointages préoccupés des enfants de cinquième année sur le Coping Strategies Questionnaire (Finnegan et al., 1996) ont un rapport positif plutôt que négatif avec les instruments de mesure de la profondeur de l'attachement (Karavasilis et al., 1999; Mayseless, communication personnelle, 28 juillet 1999). La majorité de la documentation sur les enfants de ce groupe d'âge est fondée sur des études longitudinales d'enfants classés par la situation étrange en tout bas âge ou au début de l'enfance. Le travail d'entrevue (entre autres, Bartholomew, Moretti et Kobak) a élargi les mesures élaborées d'abord chez les adultes, mais ces mesures d'entrevue n'ont pas été généralement utilisées dans des études d'adaptation.
  • La recherche sur le déplacement du développement dans les fonctions d'attachement des parents vers les partenaires romantiques n'a pas évalué les adolescents manifestant des différences qualitatives dans la profondeur d'attachement.
  • Il faut poursuivre la recherche sur les mesures d'autodéclaration, d'entrevue et d'observation de l'attachement chez les adolescents et leurs parents pour évaluer la façon dont les différences développementales et qualitatives sont reliées à l'adaptation.
  • Ce genre de recherche doit aussi incorporer une approche à plusieurs méthodes de mesure d'attachement et d'adaptation, incorporant des mesures de différents informants (Ge, Best, Conger et Simons, 1996), pour éviter les associations gonflées par une méthode de variance partagée.
  • Il faut aussi poursuivre la recherche développementale qui prend en considération la différence qualitative de l'attachement, comme il est souligné dans la section III 4, pour examiner l'incidence des nouvelles figures d'attachement (proches amis, partenaires romantiques) sur la relation parent-enfant, notamment le degré auquel le parent est recherché pour remplir des fonctions d'attachement (proximité, base sûre, estime de soi, refuge sûr, etc.). Le travail réalisé sur des adultes (Fraley et Davis, 1997; Trinke et Bartholomew, 1997) touche à l'importance et à la complexité de ces travaux dans le contexte développemental.
  • Il faut aussi poursuivre la recherche pour évaluer si un style d'attachement généralisé, propriété assez stable de la personne, se développe pendant l'adolescence ou si l'attachement de l'adolescent est surtout une réflexion des qualités des relations continues d'attachement (Allen et Land, 1989). Ce genre de recherche, expliquant le raffinement des mesures disponibles, doit évaluer la qualité de l'attachement à différentes figures ciblées, aux parents, aux amis et aux partenaires romantiques. Il faut en fin de compte effectuer des études longitudinales comprenant des mesures d'attachement et de contexte préliminaires et concurrentes. Dans ce genre de recherche, il est surtout important de prendre simultanément en considération les différences qualitatives dans le style parental à long terme (Ge et al., 1996) et dans les changements de développement dans l'interaction adolescent-parent (Fuligni et Eccles, 1993). Ce genre de recherche s'impose pour planifier les cibles les plus efficaces et le calendrier des interventions dans l'intention d'améliorer les relations d'attachement des adolescents avec leurs parents.
  • Le recherche existante sur la stabilité de l'état d'attachement (seulement 70 % de stabilité sur une période de plusieurs mois) suggère actuellement un potentiel considérable d'interventions pendant l'adolescence conçues pour favoriser un attachement plus profond. Il est pleinement justifié de poursuivre la recherche concernant les déterminants de stabilité et de changement dans l'attachement de l'adolescent, surtout sur le degré auquel le changement est possible dans les limites du contexte d'une relation parent-adolescent continue par rapport au contexte de nouvelles relations. Ce genre de connaissances est essentiel à la conception de programmes d'intervention pour favoriser un attachement sain et une adaptation saine pour l'adolescent.
  • Ce genre de recherche doit comprendre une vaste gamme de classes sociales, de structures familiales et d'origines ethniques, des pères et des mères ainsi que des garçons et des filles. La taille de l'échantillonnage doit être convenable pour permettre des analyses statistiques valables à l'intérieur de sous-groupes pour évaluer la généralisabilité de tout le sous-groupe.
  • Il faut appuyer les efforts déployés pour comprendre la valeur de l'attachement pour une intervention auprès des adolescents et de leur famille, pour un échantillonnage normatif et un échantillonnage clinique. La recherche concentrée sur l'articulation des programmes et l'évaluation de leur efficacité est essentielle.
    • Une recherche suffisante a été effectuée pour justifier d'autres étapes visant une orientation universelle vers le genre de programme d'école secondaire susmentionné. Il faut poursuivre les travaux de développement de programmes pour préciser les composantes de l'intervention. Cette initiative peut comprendre la sélection préliminaire des attitudes des parents et des adolescents envers l'adolescence et la relation parent-adolescent pour déterminer les secteurs clés des besoins en éducation. Une évaluation formelle du programme demanderait une mise à l'essai de l'incidence du programme sur les connaissances et le comportement du rôle parental et sur les attitudes et l'adaptation des adolescents fréquentant les écoles ciblées par rapport aux écoles n'offrant pas ce genre de programme.
    • Pour ce qui est de l'évaluation des interventions cliniques, bien que certains praticiens et centres utilisent actuellement une théorie de l'attachement pour orienter la pratique clinique, il faut poursuivre les travaux pour articuler clairement les composantes de ces programmes et préparer les manuels de traitement, après quoi la recherche peut alors être concentrée sur l'évaluation de l'efficacité de ce genre de programmes à l'intérieur de populations particulières (par exemple, les adolescents agressifs, les adolescents souffrant de dépression ou d'anxiété). L'efficacité sera mieux évaluée à l'aide de méthodes d'évaluation comparative (par exemple, l'intervention d'attachement comparée à d'autres formes d'intervention) et d'approches qualitatives (par exemple, des études de cas).

Résumé : Recommandations pour la recherche à venir

  • Élaborer et valider des mesures d'autodéclaration, d'observation ou d'entrevue fondées sur des mesures de l'attachement pour les adolescents.
  • Préciser les déterminants de la stabilité et du changement dans l'attachement de l'enfance à l'adolescence et de l'adolescence à l'âge adulte.
  • Enquêter sur les transitions dans les fonctions d'attachement des parents, des pairs et des partenaires romantiques du début de l'adolescence au début de l'âge adulte.
  • Documenter l'émergence des représentations d'attachement généralisées par rapport aux représentations d'attachement différenciées du début de l'adolescence au début de l'âge adulte.
  • Enquêter sur les facteurs du rôle parental pertinents aux déplacements de l'attachement profond à l'attachement précaire par rapport à celui de l'attachement précaire à l'attachement profond pendant l'adolescence.
  • Examiner les facteurs de médiation et de modération en matière de relation entre l'attachement et le fonctionnement de l'adolescent au début de l'âge adulte (c'est-à-dire la pauvreté, une psychopathologie parentale, les relations avec les pairs, la réussite scolaire).
  • Élaborer et évaluer les programmes universels et ciblés qui se concentrent sur l'attachement, les relations familiales et l'adaptation pendant l'adolescence.

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Attachement aux parents et adaptation pendant l'adolescence : analyse bibliographique et incidences politiques

Anna Beth Doyle, Ph.D. et Marlene M. Moretti, Ph.D.

Université Concordia
Université Simon Fraser
Avec la collaboration de
Kirsten Voss, M.A. Stephanie K. Margolese, M.A.
Université Concordia

Rapport préparé pour la Division de l'enfance et de l'adolescence

(Numéro de dossier 032ss.H5219-9-CYH7/001/SS) 31 mars 2000

Adresse du premier auteur : Centre de recherche en développement humain, Université Concordia, 7141, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec), Canada H4B 1R6. Téléphone : (514) 848-7538 - Télécopieur : (514) 848-2815 -Courriel : abdoyle@vax2.concordia.ca.

Attachement aux parents et adaptation pendant l'adolescence : analyse bibliographique et incidences politiques

Résumé

Ce document présente un compte rendu de l'analyse bibliographique concernant le rapport entre l'attachement aux parents pendant l'adolescence et l'adaptation psychologique et sociale des adolescents. Le document résume les recommandations en matière de pratiques parentales saines, les programmes gouvernementaux et la recherche.

Conclusions

"Question de recherche no 1 : L'attachement aux parents pendant l'adolescence a-t-il une incidence sur l'adaptation psychologique et sociale des adolescents?

L'attachement profond pendant l'adolescence est lié à un nombre moins élevé de problèmes de santé mentale, notamment une diminution des taux de dépression, d'anxiété et de sentiments d'incompétence personnelle1-5. Les adolescents très attachés à leurs parents ont moins de chances de se livrer à la toxicomanie, à adopter un comportement antisocial et agressif et à s'engager dans des activités sexuelles risquées2,6-9. Ils gèrent aussi beaucoup mieux le passage à l'école secondaire et jouissent de relations plus positives avec leur famille et leurs pairs10, 11. Ils démontrent moins de préoccupations envers la solitude et le rejet social que les adolescents moins attachés à leurs parents et ils font preuve de plus de stratégies d'adaptation1,12.

Question de recherche no 2 : Quel rôle les parents jouent-ils pour assurer un attachement profond pendant l'adolescence?

Les relations parent-enfant traversent d'importantes transitions pendant l'adolescence, notamment une diminution du temps consacré aux parents et un déplacement de la dépendance vers une réciprocité mutuelle13,14. Les parents jouent un rôle important en soutenant un attachement profond pendant ces transitions15. Les adolescents profitent d'un soutien parental favorisant le développement de l'autonomie tout en assurant une surveillance continue et une connexité émotive. La disponibilité psychologique, la chaleur, l'écoute active, la maîtrise du comportement, l'établissement de limites, l'acceptation de la personnalisation et la négociation des règlements et des responsabilités font partie des compétences parentales particulières qui mettent en valeur le renforcement de l'attachement et le développement de l'autonomie16-18. Le soutien parental pendant les périodes stressantes de transition (par exemple, le passage à l'école secondaire) laisse présager une adaptation positive de l'adolescent11.

RECOMMANDATIONS

Incidences sur l'efficacité du rôle parental

  • Les parents doivent reconnaître l'importance continue de leur relation avec leur adolescent. Ils doivent prendre soin de ne pas confondre le développement de l'autonomie de l'adolescent et le rejet de la relation parentale.
  • Les parents doivent être à la disposition de leur adolescent, l'appuyer et être activement engagés à négocier une plus grande autonomie et autosuffisance.
  • Les parents doivent s'attendre à ce que leur adolescent leur demande d'être plus disponibles et de l'appuyer pendant les périodes de transition comme le passage à l'école secondaire. Les parents doivent appuyer leur adolescent dans la planification et la gestion efficaces de cette transition.
  • Les parents doivent appuyer leur adolescent dans l'exploration des normes sociales en écoutant ses préoccupations concernant l'acceptation sociale et la pression des pairs, en discutant des valeurs et des motifs d'établissement de limites et en négociant les règlements nécessaires. Les parents doivent surveiller la participation de leur adolescent à des situations susceptibles de présenter un danger et voir avec lui à assurer sa sécurité.
  • Les parents doivent prendre soin de ne pas faire abstraction des vrais problèmes émotifs de leur adolescent en assumant qu'ils sont causés par des changements physiologiques ou hormonaux associés à cette période de développement.
  • Les parents doivent prendre soin de ne pas rejeter les problèmes associés à la relation adolescent-parent comme s'ils étaient causés par l'âge, le tempérament ou d'autres caractéristiques de l'enfant. Les parents et leur adolescent contribuent ensemble à cette relation.
  • Les parents doivent reconnaître l'importance continue de leur relation avec leur adolescent pour que celui-ci puisse s'adapter, en dépit de l'augmentation de l'intérêt et du temps que leur enfant consacre à ses pairs. Les parents doivent connaître et surveiller les groupes de pairs desquels leur adolescent fait partie et leurs activités à l'école.
  • Les parents doivent comprendre qu'au moment où leur adolescent entre dans des relations romantiques, celui-ci peut profiter de leur soutien affectif et de leur encadrement. Les parents doivent être disponibles pour discuter avec leur adolescent de ses émotions, de ses valeurs et de sa prise de décision concernant les questions touchant l'intimité et l'aspect sexuel dans les relations romantiques.
  • Il est conseillé aux parents d'un enfant ayant vécu de grandes difficultés au cours des premières relations enfant-parent de prévoir les défis de l'adolescence et d'évaluer s'il a besoin d'un soutien en santé mentale.
  • Les parents qui reconnaissent en eux les facteurs de risque pouvant mettre en danger l'attachement précaire de leur adolescent peuvent profiter de conseils ou de thérapies pour régler leurs propres difficultés ou pour réduire la transmission du risque à d'autres membres de la famille.

Incidences sur les programmes gouvernementaux

Le gouvernement doit appuyer les initiatives suivantes dans son programme de santé mentale :

  • Élaborer des initiatives d'éducation publique qui démythifient l'éloignement de l'adolescent de ses parents et qui mettent en valeur la reconnaissance et la compréhension de l'importance de la relation parent-enfant. Parmi les stratégies visant ce but figurent les campagnes de publicité-médias et la distribution de brochures d'information par l'entremise des organismes gouvernementaux, des bureaux de santé publique et des écoles. L'affectation de fonds pour couvrir les frais de conférenciers spécialisés et de matériel écrit et vidéo pour les groupes de parents d'écoles secondaire de premier cycle et de second cycle, les centres communautaires, les bibliothèques et autres constituerait aussi une mesure efficace.
  • Élaborer et évaluer des programmes pour aider les parents à acquérir des compétences parentales efficaces axées sur les adolescents, notamment les compétences nécessaires pour les soutenir et les encadrer pendant les périodes de transition. Cette initiative peut se réaliser rapidement par l'élaboration de programmes universels ciblant l'entrée à l'école secondaire et fournissant l'éducation et le soutien en relation avec les transitions dans les relations parent-enfant et les compétences parentales efficaces.
  • Élaborer et évaluer des programmes ciblés se concentrant sur les questions relatives à l'attachement et les stratégies parentales efficaces pour les adolescents à risque élevé et leur famille.
  • Appuyer une formation éducative offerte par des professionnels de la santé mentale et d'autres professionnels touchés par la prestation de services pour augmenter la compréhension des questions ayant trait à l'attachement de l'adolescent et accroître la sensibilisation à ce sujet.

"Recommandations pour les initiatives de recherche

  • Élaborer et valider des mesures d'attachement pour les adolescents fondées sur l'autodéclaration, l'observation ou l'entrevue.
  • Effectuer une recherche sur les déterminants de stabilité et de changement dans l'attachement, de l'enfance à l'adolescence et de l'adolescence à l'âge adulte.
    • Enquêter sur les transitions dans les fonctions d'attachement des parents, des pairs et des partenaires romantiques, du début de l'adolescence jusqu'au début de l'âge adulte.
    • Documenter l'émergence des représentations d'attachement généralisées par rapport aux représentations d'attachement différenciées, du début de l'adolescence jusqu'au début de l'âge adulte.
  • Enquêter sur le rôle parental relatif aux changements reliés à l'attachement pendant l'adolescence : passage de l'attachement profond à l'attachement précaire par rapport au passage de l'attachement précaire à l'attachement profond.
  • Déterminer les éléments de médiation et de modération du rapport entre l'attachement de l'adolescent et son fonctionnement au début de l'âge adulte (c'est-à-dire la pauvreté, la psychopathologie parentale, les relations avec les pairs, la réussite scolaire).
  • Élaborer et évaluer des programmes universels et ciblés se concentrant sur l'attachement aux parents, les relations familiales et l'adaptation pendant l'adolescence.

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I Objectifs
II Analyse bibliographique
1. Contexte: Le défi de l'adolescence pour les jeunes et leurs parents
2. Théorie de l'attachement
3. Attachement et adaptation pendant l'enfance
4. Développement de l'attachement pendant l'adolescence
5. Attachement et adaptation pendant l'adolescence
6. Rôle parental, profondeur de l'attachement et adaptation pendant l'adolescence
7. Attachement, socialisation parentale et sexe
8. Contexte culturel et social
III Incidences sur le rôle parental
1. Adolescence : Détachement ou autonomie?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
2. De quelle façon les parents peuvent-ils contribuer au développement sain de l'adolescent?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
3. À quel moment l'attachement profond est-il particulièrement bénéfique aux adolescents?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
4. Hormones : Quelle est leur importance?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
5. Relations avec les pairs et pairs par rapport à parents comme sources d'influence sur les adolescents.
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
6. Relations romantiques
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
7. Est-ce que certains adolescents ont plus de chances d'avoir des problèmes d'attachement pendant l'adolescence?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
8. De quelle façon la psychopathologie parentale et le style d'attachement du parent sont-ils reliés à l'attachement de l'adolescent?
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
9. Jusqu'à quel point les caractéristiques de l'enfant plutôt que les caractéristiques du rôle parental représentent-elles la profondeur de l'attachement? xviii Ce que les parents doivent savoir Ce que les parents doivent faire
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
10. Stabilité de l'attachement pendant l'adolescence
Ce que les parents doivent savoir
Ce que les parents doivent faire
IV Incidences sur les politiques gouvernementales et recommandations pour la recherche à venir
1. Éducation parentale ciblant le mythe du détachement de l'adolescent
2. Stratégies de soutien pour les parents d'adolescents
3. Ressources existantes et besoins à venir
4. Comprendre l'influence des pairs et des partenaires romantiques
5. Le rôle du contexte dans le lien attachement-'adaptation
Résumé des directives de recherche
Résumé : recommandations pour la recherche à venir

I Objectifs

L'attachement profond est de plus en plus reconnu comme un élément central de l'apprentissage fonctionnel à l'indépendance durant tout la vie. Au cours des deux dernières décennies, les chercheurs ont précisé le rôle du renforcement de l'attachement en mettant en valeur le bien-être psychologique pendant l'enfance et l'âge adulte. Plus récemment, l'attention s'est tournée sur la compréhension du rôle de l'attachement aux parents pour assurer une adaptation saine pendant l'adolescence. Les objectifs de ce document comportent deux volets :

  1. Analyser la bibliographie et fournir une critique qualitative du rapport entre l'attachement adolescent-parent et l'adaptation de l'adolescent;
  2. Élaborer des recommandations relatives à des pratiques parentales saines mettant en valeur la qualité de l'attachement adolescent-parent et déterminer les incidences politiques sur les programmes gouvernementaux.

II Analyse bibliographique

À titre d'introduction à la question du rôle de l'attachement profond dans l'adaptation saine de l'adolescent, nous commençons par une brève discussion sur le défi spécial qu'engendre la période d'adolescence pour les enfants et leurs parents.

1. Contexte : Le défi de l'adolescence pour les jeunes et leurs parents

L'adolescence apporte de nouveaux défis et de nouvelles possibilités pour se comprendre à l'intérieur de notre contexte social. Les écarts de croissance dans la capacité métacognitive et représentationnelle qui surviennent pendant l'adolescence (Case, 1985; Chalmers et Lawrence, 1993; Selman, 1980) favorisent une vision hautement différenciée et complexe de soi et des autres (Harter, 1990; Marsh, 1989; Moretti et Higgins, 1990; Moretti et Higgins, 1999). Les adolescents se forment des perceptions généralement de plus en plus abstraites d'eux-mêmes et des autres en considérant de multiples attributs.

Mais le plus important, c'est qu'ils acquièrent des capacités métacognitives leur permettant simultanément de comparer leur propre évaluation de ces attributs et de les distinguer des évaluations qu'ils croient que les autres, tels que leurs parents et leurs pairs, font. Les adolescents peuvent de plus spéculer sur ce que serait le fait d'être une personne différente, d'être dans une relation différente avec leurs parents ou avec leurs pairs, et ainsi de suite. La capacité de l'adolescent à représenter ces scénarios lui fournit la possibilité d'imaginer et de jouer un autre rôle de lui-même dans sa relation avec les autres et de considérer les conséquences liées au fait d'essayer des rôles différents.

L'adolescence apporte aussi une période de transition importante dans les attentes de la famille et en ce qui a trait au rôle social, accompagnée d'un accroissement de l'étendue et du degré d'intimité dans les rapports sociaux (Buhrmester et Furman, 1987; Selman, 1980). Les transitions cognitives et sociales de la période d'adolescence offrent la possibilité d'explorer de nouveaux rôles personnels et sociaux et d'entamer de nouvelles relations, différents et complexes. L'intégration de nouveaux renseignements, complexes et parfois contradictoires, sur soi-même à l'intérieur du contexte social constitue l'un des principaux défis de l'adolescence (Collins, 1990). Il n'est pas surprenant que cette période de croissance soit caractérisée par une intense préoccupation de soi (Elkind, 1967; Elkind, 1985) en raison du fait que les adolescents essaient de comprendre, d'intégrer et de solidifier leur identité et leur position par rapport à ceux qui les entourent.

L'adolescence se divise généralement en trois phases : une première phase (13 et 14 ans), une phase intermédiaire (de 15 à 18 ans) et une dernière phase (19 ans - adoption des rôles d'adulte). Pendant la première phase de l'adolescence, l'émergence de l'autonomie est perçue comme une importante tâche développementale (Allen, Hauser, Bell et O'Connor, 1994; Collins, 1990). Les modèles précédents de l'adolescence ont mis l'accent sur le détachement et la dissociation comme l'étape normative de développement des relations parent-enfant (Blos, 1968). Bien que l'adolescence comporte une transition d'un rapport de dépendance envers les parents vers des relations mutuellement réciproques avec d'autres (des parents, des pairs et des partenaires intimes, par exemple), ce changement ne force pas les adolescents à se détacher de leurs parents (Lamborn et Steinberg, 1993; Ryan, Deci et Grolnick, 1995). Les modèles récents, fondés sur une théorie de l'attachement, insistent sur l'importance de l'attachement ou de la connexité aux figures parentales pour pouvoir s'adapter pendant les années de l'adolescence, malgré une réduction du nombre d'activités partagées et d'interactions (Bowlby, 1969, 1973, 1980; Larson, Richards, Moneta et Holbeck, 1996). Les chercheurs soutiennent aujourd'hui que l'attachement profond aux parents et la connexité émotive aux parents facilitent la transition à une plus grande autonomie (Ryan et Lynch, 1989). Par exemple, Grolnick et Ryan (1989) ont découvert que l'autorégulation autonome chez les enfants est reliée au soutien parental de l'autonomie - c'est-à-dire à l'encouragement et au soutien des parents à participer aux prises de décision et à la résolution indépendante des problèmes. Ils affirment que l'autonomie est facilitée lorsque les parents permettent aux enfants de se diriger vers l'indépendance dans l'autorégulation à l'intérieur d'une relation solide et cordiale. Comme le précisent Ryan et Lynch (1989), « l'individualisation ne vient des parents, mais plutôt des adolescents » (p. 341).

Même avec le soutien parental, la transition à l'autonomie constitue toutefois un défi pour l'adolescent et ses parents. Cette tâche développementale demande que les adolescents se différencient de plus en plus et définissent qui ils sont, les valeurs auxquelles ils aspirent et l'incidence des relations sur leur identité. Au fur et à mesure que les jeunes approchent de l'adolescence, ils sont plus préoccupés par les opinions des autres à leur endroit, surtout par celles de leurs pairs et de leurs partenaires romantiques (Keating, 1990). Les sentiments intenses de connexion avec leurs partenaires romantiques et leurs meilleurs amis prennent le dessus et les jeunes doivent établir un équilibre entre ces relations et les relations avec leurs parents et les membres de la famille. Les adolescents sont fortement motivés à se faire accepter des autres et peuvent y arriver en se présentant eux-mêmes « faussement » , c'est-à-dire en démontrant des attributs ou des croyances qui ne sont pas les leurs, mais qui sont conçus pour impressionner les autres ou pour cacher des attributs qu'ils croient inacceptables pour les autres (Harter, Marold, Whitesell et Cobbs, 1996).

Bien qu'elle soit parfois difficile et douloureuse, la consolidation de l'identité et la clarification des valeurs aident les adolescents à établir leurs règles de conduite indépendamment de ceux qui les entourent. Mais ce processus peut poser des risques aux adolescents et à leurs relations avec leurs proches. Au fur et à mesure que les adolescents différencient leurs propres croyances et valeurs de celles de leurs parents, de leurs pairs et des autres figures sociales, il est de plus en plus vraisemblable qu'ils décèleront un conflit entre ces diverses sources d'information (Collins, 1990; Moretti et Higgins, 1999). Le conflit entre leurs propres valeurs et croyances et celles de leurs parents, de leurs pairs et des autres figures sociales importantes est particulièrement aigu du début à la mi-adolescence, car la capacité de représenter des opinions multiples et peut-être contradictoires l'emporte sur la capacité cognitive d'intégrer ces perspectives divergentes (Harter et Monsour, 1992). Pendant cette phase de développement, les adolescents peuvent être plus intensément conscients de la divergence plutôt que de la convergence entre leurs croyances, celles de leurs parents et celles de leurs pairs et d'autres personnes importantes.

En tentant de différencier leurs propres croyances et valeurs de celles des autres, plusieurs adolescents vivent des comportements risqués dans les domaines de la délinquance, de la consommation de drogues et de la toxicomanie, ainsi que du sexe (Adlaf, Ivis, Smart et Walsh, 1995; King, Beazley, Warren, Hankins, Robertson et al., 1988; Moffitt, 1993; Moore et Rosenthal, 1993). Certains ne s'engagent que de façon limitée dans ces comportements risqués; pour d'autres, cependant, l'adoption de ces comportements devient inquiétante. De plus, le processus stressant de la distinction et de la consolidation de l'identité peut mener à une détresse psychologique importante. Comparativement aux adultes, les adolescents montrent des degrés plus élevés de stress et ont moins de ressources d'adaptation (Allen et Hiebert, 1991). En outre, les symptômes dépressifs et la dépression augmentent grandement chez les adolescents qui passent de la phase intermédiaire à la dernière phase de l'adolescence (Compas, Orosan et Grant, 1993), surtout chez les filles (Nolen-Hoeksema et Girgus, 1994).

Il est important de comprendre que la qualité des relations parent-adolescent est liée à la qualité des relations pré-adolescence et l'adaptation pendant l'adolescence est reliée à l'adaptation pendant l'enfance. Dans le même ordre d'idées, bien que l'adolescence marque une période durant laquelle la cristallisation de l'identité est au centre du défi qu'engendre le développement, la construction de soi-même s'étend de la naissance jusqu'à la fin de la vie (Erikson, 1963). Néanmoins, la période d'adolescence présente des défis de développement uniques pour l'adaptation et de nouvelles possibilités de croissance dans les relations parent-enfant. Certains adolescents et leurs parents vivent cette période de développement comme une expérience enrichissante et fortifiante pour l'adaptation et leur relation, alors que d'autres la vivent comme une expérience stressante et dommageable.

2. Théorie de l'attachement

La théorie de l'attachement a été proposée par John Bowlby (1969, 1973, 1980) pour représenter le développement et l'adaptation sociale et émotionnelle de l'enfant. Il a conceptualisé l'attachement comme une construction qui s'échelonne tout au long de la vie, dans laquelle les enfants conservent des liens d'attachement envers leurs parents pendant l'enfance et jusqu'à l'âge adulte. Une condition élémentaire de la théorie veut que la qualité des rapports d'attachement proviennent des interactions des enfants et des personnes qui leur prodiguent des soins, reflétant le degré auquel les enfants peuvent se fier à leurs fournisseurs de soins pour obtenir de l'intimité et une camaraderie, une sécurité face à toute menace ou anxiété et un tremplin sans risque à partir duquel ils peuvent explorer. Le modèle unique de sensibilité et de réceptivité aux besoins de l'enfant du fournisseur de soins mène à une organisation particulière d'attachement chez l'enfant (Ainsworth, Blehar, Waters et Wall, 1978).

Après un certain temps, les expériences d'attachement de l'enfant sont consolidées en des « modèles réduits » internes de soi, des autres et de soi par rapport aux autres en ce qui concerne l'attachement. Ces modèles réduits comprennent des aspects cognitifs, affectifs et comportementaux à l'aide desquels ils influent sur l'adaptation. Les attentes et les attributions concernant les relations proches (Youngblade, Park et Belsky, 1993), la capacité de maîtriser ses émotions (Kobak, Cole, Ferenz-Gillies et Fleming, 1993) et le comportement (Putallaz et Heflin, 1990) sont influencées par les représentations d'attachement à chaque phase de développement.

La recherche sur l'attachement pendant la petite enfance et la première enfance a progressé en deux vagues (Lyons-Ruth, 1996). Les premières enquêtes (de 1970 à 1985) étaient concentrées sur l'établissement de la validité de trois modèles

élémentaires démontrés dans des situations présentant une menace pour la sécurité :

  1. Attachement profond : la tendance à reconnaître les menaces à la sécurité et à y répondre convenablement, et à s'approcher des fournisseurs de soins pour se faire rassurer;
  2. Attachement anxieux-évasif : la tendance à supprimer l'affect et le comportement reliés aux menaces à la sécurité, d'éviter les figures d'attachement et de rejeter les émotions associées vers les fournisseurs de soins;
  3. Attachement anxieux-ambivalent : la tendance à être vigilant et anxieux en ce qui concerne les menaces à la sécurité et la disponibilité et la réceptivité d'un fournisseur de soins, recherchant la proximité du fournisseur de soins, mais négligeant de se faire rassurer par lui.

La phase de recherche suivante (de 1985 à ce jour) s'est concentrée sur la compréhension de l'adaptation de l'attachement dans les populations d'enfants à risque élevé et une définition plus étendue des modèles d'une organisation d'attachement. En 1990, Main et Solomon ont introduit le concept « d'attachement désorganisé » pour faire référence au manque ou à l'effondrement d'un modèle constant de comportements d'attachement, que l'on retrouve généralement chez les enfants exposés aux mauvais traitements et à d'autres formes d'épreuves (Lyons-Ruth, Repacholi, McLeod et Silva, 1991).

Alors que les chercheurs faisaient des progrès définissant ces modèles de comportement d'attachement et examinant la distribution des modèles d'attachement dans différentes populations d'enfants, d'autres élaboraient aussi des méthodes d'évaluation des modèles d'attachement chez les adultes. Main et Goldwyn (1984) ont présenté l'Entrevue d'attachement chez l'adulte, une entrevue semi-structurée évaluant le contenu et la cohérence des souvenirs des adultes concernant leurs propres expériences de premier attachement. Quatre modèles d'attachement ont été définis dans l'attachement de l'adulte, correspondant aux quatre modèles d'attachement définis chez les enfants : profond, rejetant (évitant), préoccupé (ambivalent) et non résolu (désorganisé). Au même moment, de brèves mesures d'autodéclaration ont été élaborées pour déterminer les modèles d'attachement dans les relations romantiques des adultes (Hazan et Shaver, 1987; Simpson, 1990). Au cours de la dernière décennie, d'autres chercheurs ont présenté des méthodes d'entrevue et d'autodéclaration pour distinguer encore plus de modèles d'attachement dans les relations des adolescents de troisième phase avec leur famille et leurs pairs. Ces travaux se sont concentrés sur la façon de distinguer deux formes d'attachement évitant : rejetant par rapport à craintif. L'attachement rejetant se caractérise par la tendance à se dissocier des figures d'attachement et à dévaluer l'importance de l'attachement et des sentiments associés. À l'opposé, l'attachement craintif se caractérise par la tendance à éviter les figures d'attachement de peur d'être rejeté combinée au désir de poursuivre les rapports et d'exprimer un comportement d'attachement (Bartholomew et Horowitz, 1991). Certains chercheurs ont comparé la catégorie craintive de Bartholomew (1990) à la catégorie désorganisée/non résolue de Main (Brennan, Shaver et Tobey, 1991).

Les plus récentes découvertes dans la recherche sur l'attachement ont été concentrées sur la compréhension de l'attachement pendant la transition de l'enfance à l'âge adulte, c'est-à-dire pendant l'adolescence. Diverses méthodes ont été utilisées pour évaluer les modèles d'attachement de la dernière phase de l'adolescence, notamment les séquences d'interaction parent-adolescent, les entrevues sur l'attachement des adolescents et les mesures d'autodéclaration (entre autres, Bartholomew et Horowitz, 1991; Hauser, 1984; Kobak et Sceery, 1988). On a reconnu dans la dernière phase de l'adolescence des modèles d'attachement semblables à ceux que l'on a observés dans l'enfance (entre autres, Kobak et Sceery, 1988) et dans des échantillons de jeunes adultes (entre autres, Collins et Read, 1990; Hazan et Shaver, 1987; Main et Goldwyn, 1984).

Il est important de remarquer que les mesures d'attachement encore existantes ont été initialement élaborées pour les jeunes enfants ou les adultes, et les chercheurs viennent à peine d'élargir ces instruments à l'examen des modèles d'attachement des adolescents. Les chercheurs commencent maintenant à mettre en contraste et à comparer ces outils et à se demander s'ils mesurent vraiment ce qu'il faut mesurer (Bartholomew et Shaver, 1998; Brennan, Clark et Shaver, 1998; Stein, Jacobs, Ferguson, Allen et Fonagy, 1998).

Les progrès qu'ont réalisés les chercheurs dans le domaine de la définition des modèles d'attachement ont eu des incidences sur l'intégration des conclusions de la recherche sur une période de temps. Par exemple, avec la détermination du modèle d'attachement désorganisé dans l'enfance (Main et Solomon, 1990), les études commencent à rapporter que l'attachement désorganisé plutôt que l'attachement évitant permet de prédire les problèmes de comportement et de non-conformité (Lyons-Ruth, 1996). Par conséquent, en examinant la documentation sur l'attachement et l'adaptation, il importe de se rappeler qu'il faut comprendre les conclusions par rapport aux progrès historiques réalisés par les chercheurs dans leur définition des modèles d'attachement. Il faut poursuivre la recherche pour renforcer notre compréhension de la portée des modèles d'attachement dans la population à chaque phase de développement et les facteurs contribuant à l'émergence de ces modèles et à leur stabilité ou à leur transformation sur une période de temps.

3. Attachement et adaptation pendant l'enfance

La recherche exhaustive relie l'attachement et l'adaptation pendant l'enfance. Par exemple, dans un échantillonnage de référence, des enfants profondément attachés à leur mère montrent un comportement plus prosocial et sont perçus comme plus sociaux que les enfants peu attachés à leur mère (Sroufe, 1983). Ils démontrent un affect positif plus élevé et un affect négatif moins élevé dans leurs interactions sociales que les enfants peu attachés à leur mère. Les enseignants des enfants profondément attachés à leur mère disent qu'ils sont plus empathiques et plus dociles (LaFreniere et Sroufe, 1985).

Par ailleurs, plusieurs sources de recherche établissent un lien entre les modèles d'attachement moins profonds (évitant, ambivalent, désorganisé) pendant la petite enfance et des comportements de non-conformité et d'agression au début de l'enfance. Conformément à la théorie voulant que l'attachement moins profond soit proportionnel à une faible régulation émotive, les résultats d'études longitudinales démontrent que l'attachement évitant pendant la petite enfance prédit la négativité, la non-conformité et l'hyperactivité à l'âge de 3,5 ans et des taux plus élevés de comportement problématique de la première à la troisième année scolaire. Comparativement aux enfants profondément attachés, les enfants évitants sont plus agressifs envers leur mère et l'affrontent plus (Main et Weston, 1981) et ils sont plus agressifs, hostiles et distants avec leurs pairs (Erikson, Sroufe et Egeland, 1985; Sroufe, 1983). De même, l'attachement désorganisé pendant la petite enfance laisse prévoir un comportement agressif ultérieur. Plusieurs chercheurs ont démontré, par exemple, que les enfants ayant des modèles d'attachement désorganisés pendant la petite enfance manifestent un comportement dominateur et coercitif lorsqu'ils entrent dans la période préscolaire et de début d'enfance (Lyons-Ruth et al. , 1991; Wartner, Grossmann, Fremmer-Bombik et Suess, 1994). Les enfants ayant un attachement ambivalent sont par contre plus orientés vers l'adulte et plus dépendants sur le plan émotionnel que les enfants profondément attachés (Erikson et al., 1985; Renken, Egeland, Marvinney, Mangelsdorf et Sroufe, 1989). Avec leurs pairs, les enfants ayant un attachement ambivalent sont mal acceptés et plus repliés sur eux-mêmes et constituent des proies plus faciles (Finnegan, Hodges et Perry, 1996; LaFreniere et Sroufe, 1985; Renken et al., 1989)

Les modèles d'attachement précaires ne sont cependant pas constamment reliés à des problèmes de comportement ultérieurs. Bon nombre de chercheurs (Fagot et Kavanagh, 1990; Goldberg, Perrotta, Minde et Corter, 1986) ne mentionnent pas que l'attachement évitant ou désorganisé laisse prévoir un comportement agressif. L'examen de cette documentation montre que le rapport entre l'attachement précaire et les problèmes ultérieurs de comportement se retrouve plus constamment chez des enfants vivant dans des contextes à risque élevé (par exemple, la pauvreté de la famille, un faible soutien social, une psychopathologie parentale) que chez des enfants vivant dans des contextes à risque moins élevé. Par exemple, Lyons-Ruth et al. (1991) ont découvert que la sécurité de l'enfant prédit plus les problèmes d'agressivité ultérieurs dans des familles où la mère souffre d'une psychopathologie, surtout de dépression chronique, et lorsque la mère utilise des pratiques parentales importunes et hostiles envers l'enfant. Elle mentionne que 56 % des enfants de famille à faible revenu ayant été classés comme désorganisés à l'enfance et dont la mère souffrait à un moment ou l'autre d'une psychopathologie ont affiché un comportement agressif en maternelle. Par contre, seulement 25 % des enfants de famille à faible revenu ayant un seul facteur de risque et 5 % des enfants de famille à faible revenu sans facteur de risque (psychopathologie maternelle, utilisation maternelle de pratiques parentales hostiles et importunes) ont démontré un comportement agressif en maternelle.

En résumé, il existe un consensus sur le fait que l'attachement précaire est un facteur qui risque d'occasionner des problèmes ultérieurs, mais il n'est ni nécessaire ni suffisant en lui-même. Ce sont cependant des généralisations fondées sur de petits échantillons, avec des mesures d'attachement effectuées à un point seulement à un moment donné.

4. Développement de l'attachement pendant l'adolescence

Il faut considérer trois points élémentaires et reliés en ce qui concerne l'attachement pendant l'adolescence : 1) la nature des changements dans les relations enfant-parent et leur influence sur le rapport d'attachement; 2) le développement de nouvelles relations intimes chez l'adolescent (par exemple, avec des pairs et des partenaires romantiques) et l'incidence de ces nouveaux liens sur les relations enfant-parent; 3) l'émergence d'un système d'attachement différencié par rapport à un système d'attachement généralisé.

La relation enfant-parent subit des changements complexes pendant l'adolescence. Bien que les résultats de certaines études démontrent qu'un attachement profond autodéclaré aux deux parents diminue avec la maturité pubérale (Papini, Roggman et Anderson, 1991), les récentes enquêtes indiquent que seules certaines composantes de la relation d'attachement changent, alors que d'autres demeurent stables. Ainsi, le degré auquel les enfants recherchent la proximité et se fient sur la figure principale d'attachement en situation de stress diminue, contrairement à la perception de la disponibilité de la figure d'attachement (Lieberman, Doyle et Markiewicz, 1999). Ces conclusions donnent à entendre que le maintien de la proximité physique des parents et le besoin de protection en situation de menace ou de stress sont moins essentiels pour les enfants plus âgés en raison de leurs plus grandes capacités mentales et physiques (ils ont, par exemple, des mécanismes d'adaptation plus complexes), mais que la disponibilité de la figure d'attachement (c'est-à-dire la croyance que la figure d'attachement est ouverte à la communication et réceptive au besoin) demeure importante (Bowlby, 1973; Kerns, Klepac et Cole, 1996). En plus, bien qu'il soit reconnu que la fréquence et l'intensité de certains comportements d'attachement diminuent avec l'âge, la qualité de la liaison d'attachement est vue comme relativement stable (Bowlby, 1980). La capacité des adolescents à réussir à équilibrer leur besoin d'autonomie et leur désir de conserver un sens de rapprochement, surtout dans le contexte des désaccords adolescent-parent, peut même être considérée comme une manifestation d'attachement profond particulière à une phase (Allen, Moore et Kuperminc, 1997).

Pour ce qui est du développement de nouvelles relations d'attachement pendant l'adolescence, il est généralement accepté que cette phase de développement comprenne une transition allant d'une concentration première sur les parents en tant que figures d'attachement au développement d'une plus grande gamme de relations d'attachement (comme les pairs et les partenaires romantiques) (Fraley et Davis, 1997; Hazan et Zeifman, 1994; Trinke et Bartholomew, 1997). Le temps passé avec des amis du même sexe et la variété des activités réalisées avec eux sont à leur plus haut niveau en neuvième année et diminuent ensuite lorsque les adolescents plus âgés passent plus de temps avec leurs partenaires romantiques (Laursen et Williams, 1997). Les pairs remplacent les parents comme compagnons des enfants à partir de 9 ans, et à titre de confidents à l'âge de 12 ou 13 ans (Fraley et Davis, 1997; Hazan et Zeifman, 1994). Cependant, les parents, et surtout les mères, continuent d'être recherchés plus que les meilleurs amis en tant qu'appui de sécurité, et ce, jusqu'à la dernière phase de l'adolescence (Fraley et Davis, 1997; Trinke et Bartholomew, 1997). Certains chercheurs soutiennent que les adolescents généralisent de l'attachement à leurs parents à l'attachement aux meilleurs amis et, plus tard, à l'attachement à leurs partenaires romantiques (Furman et Wehner, 1994), mais il manque de preuve.

Il est largement accepté que les relations romantiques adultes à long terme soient des relations d'attachement aussi bien que des relations sexuelles (Hazan et Shaver, 1987; Hazan et Zeifman, 1994). Les personnes recherchent une proximité avec leurs partenaires romantiques, ont le désir de se fier sur eux en tant que refuge sûr et base solide, se sentent liés à eux sur le plan émotif et pleurent leur perte (Bowlby, 1979/77, dans Trinke et Bartholomew, 1997). Cependant, dans les phases primaire et intermédiaire de l'adolescence, les relations romantiques sont souvent très transitoires et les parents, surtout les mères, demeurent les principaux fournisseurs de sécurité (Hazan et Zeifman, 1994). Bien que pendant la dernière phase de l'adolescence, tout comme dans l'âge adulte, les relations romantiques deviennent la principale relation d'attachement après deux ans (Fraley et Davis, 1997; Hazan et Zeifman, 1994), les parents demeurent d'importantes, mais secondaires, figures d'attachement (Trinke et Bartholomew, 1997).

La question de savoir si l'adolescence marque l'arrivée de l'émergence d'une orientation généralisée de l'attachement est discutable. D'une part, certains théoriciens posent comme hypothèse qu'une orientation généralisée de l'attachement ressort et qu'elle peut compléter ou déplacer d'anciens modèles multiples d'attachement pertinents à des relations particulières d'attachement (par exemple, à la mère ou au père) (Allen et Land, 1999). Ces chercheurs font ressortir des études démontrant que ce point de vue généralisé est, à l'âge adulte, très prédictif du comportement à venir en matière d'attachement et de relations avec les fournisseurs de soins (Steele, Steele et Fonagy, 1996). D'autres chercheurs ne sont cependant pas d'accord et soutiennent que le système d'attachement pendant l'adolescence se caractérise par la différenciation et les modèles de comportement particuliers à une relation. Par exemple, Furman et Wehner (1994) ont remarqué que, bien que le modèle d'attachement d'une personne soit relativement stable à l'intérieur de relations particulières, son style d'attachement diffère fréquemment selon les relations. Cette preuve suggère qu'un style généralisé d'attachement n'est pas bien établi dans l'adolescence. Ces chercheurs et bien d'autres concluent qu'un modèle réduit de l'attachement est composé d'un regroupement de représentations de différentes relations d'attachement, organisées de façon hiérarchique (Trinke et Bartholomew, 1997).

Si un style généralisé d'attachement apparaît pendant l'adolescence, il ne semble pas produire une stabilité plus marquée du modèle d'attachement pour les adultes par rapport aux enfants. Des estimations typiques de stabilité d'attachement de la petite enfance jusqu'aux premières années de l'enfance, comme l'évalue la situation étrange, sont de l'ordre de 53 % à 96 % (Thompson, Lamb et Estes, 1982; Waters, 1978). Au début de l'âge adulte, le taux typique de stabilité à court terme dans l'attachement autodéclaré est de 70 % (Baldwin, Keelan, Fehr, Enns et Koh-Rangarajoo, 1996; Scharfe et Bartholomew, 1994). En outre, on a découvert une concordance de 70 % entre la classification selon la situation étrange du bébé et celle de l'entrevue sur l'attachement à l'adulte pendant la dernière phase de l'adolescence (Waters, Merrick, Albersheim et Treboux, 1995, dans Allen et Land, 1999). Bien que des changements dans le style d'attachement autodéclaré chez les jeunes adultes aient été moins clairement reliés aux changements dans les circonstances environnementales que dans les études chez les enfants (Scharfe et Bartholomew, 1994, par rapport à Thompson et al., 1982), dans au moins une étude couvrant les années d'adolescence (Waters et al. , 1995, dans Allen et Land, 1999), les adolescents ayant vécu d'importants changements de vie ont démontré des taux de concordance inférieurs à ceux qui ne les ont pas vécus (44 % contre 78 %).

La nature des attachements particuliers aux parents, leur relation avec un style généralisé d'attachement et l'incidence de ces attachements sur l'adaptation pendant l'adolescence méritent un examen plus minutieux et une recherche supplémentaire (Cantor et Sanderson, 1998; Trinke et Bartholomew, 1997). Il s'avère nécessaire d'approfondir la recherche pour établir avec précision si l'état d'attachement devient un caractère stable de la personne, et à quelle phase de développement il le devient, plutôt que principalement une réflexion des qualités d'une relation permanente (Allen et Land, 1999). Les résultats indiquent aussi une possibilité de changement considérable dans le style d'attachement pendant l'adolescence ainsi que plus tôt dans l'enfance. Toutefois, la variété des instruments de mesure utilisés dans la recherche sur la stabilité de l'attachement fait en sorte qu'il est difficile d'arriver à des conclusions fermes sur les questions essentielles de la stabilité, de la possibilité de changement et sur le rapport entre l'attachement aux parents et l'adaptation.

5. Attachement et adaptation pendant l'adolescence

Au cours de la dernière décennie, des études ont commencé à examiner la contribution de l'attachement adolescent-parent à l'adaptation psychologique. La plupart de ces études ont évalué cette relation dans les limites d'un échantillonnage d'adolescents de la dernière phase de développement (collège, première année universitaire) et relativement peu dans des échantillonnages d'adolescents en phase première et en phase intermédiaire.

Pour ce qui est de la relation entre les modèles d'attachement pendant l'adolescence et l'adaptation, les rapports présentés corroborent les conclusions fondées sur des études réalisées auprès de jeunes enfants, à savoir qu'un attachement profond est généralement lié à une adaptation plus saine, alors qu'un attachement moins profond est relié à diverses formes d'inadaptation.

Dans des études réalisées sur une population normale, les adolescents de dernière phase classés comme profondément attachés sont considérés par leurs pairs comme moins anxieux, moins hostiles et plus aptes à réguler avec succès leurs sentiments (c'est-à-dire à avoir une plus grande souplesse du moi) comparativement aux adolescents moins profondément attachés (Kobak et Sceery, 1988). Lorsqu'ils règlent des problèmes avec leur mère, les adolescents profondément attachés réussissent mieux à moduler leur rage et à équilibrer leur affirmation de soi et leur désir de demeurer « connectés » à leur parent, suggérant une plus grande capacité de réguler leur émotion (Kobak et al., 1993). Les personnes profondément attachées peuvent aussi reconnaître leurs attributs positifs et négatifs et présentent une structure de soi cohérente et bien organisée (Mikulincer, 1995). Les adolescents rapportant qu'ils ont une relation positive avec leurs parents et qui se sentent à l'aise de se tourner vers eux pour obtenir du soutien maîtrisent mieux leur monde (Paterson, Pryor et Field, 1995) et vivent moins de solitude (Kerns et Stevens, 1996). Dans le même ordre d'idées, les adolescents engagés dans une relation romantique présentent beaucoup moins de symptômes de détresse psychologique et ont un meilleur concept de soi (Cooper, Shaver et Collins, 1998). Enfin, l'attachement plus positif des adolescents de 15 ans à leurs parents est aussi associé à un moins grand nombre de problèmes de santé mentale comme les problèmes d'anxiété, de dépression, d'inattention et de conduite (Nada-Raja, McGee et Stanton, 1992).

L'attachement profond semble aussi jouer un rôle important dans le développement de capacités d'adaptation efficaces. Mikulincer et ses collègues (Florian, Mikulincer et Bucholtz, 1995; Mikulincer, Florian et Weller, 1993) ont découvert que les jeunes adultes profondément attachés recherchent chez les autres un soutien plus émotif et instrumental en situation de stress. Les adolescents plus profondément attachés à leur mère adoptent des habiletés d'adaptation plus constructives (par exemple, la résolution de problèmes, la réévaluation positive et la recherche de soutien) (Voss, 1999). L'attachement profond amortit aussi le passage stressant à l'école secondaire (Papini et Roggman, 1992) et, pendant leur première année au collège, les adolescents profondément attachés se voient comme des gens plus socialement compétents et rapportent moins de détresse psychologique que leurs pairs, même si la séparation les rend anxieux (Kenny et Donaldson, 1991).

Une bonne relation avec les parents peut aussi protéger les adolescents du risque. Les adolescents qui déclarent avoir des relations étroites et acceptantes avec leur mère affirment qu'ils participent moins à des activités délinquantes (Aseltine, 1995; Smith et Krohn, 1995). De même, le ton affectif, le temps consacré et l'identification avec les deux parents, ainsi que la préférence des parents sur les pairs ont été négativement associés à l'utilisation subséquente de drogues chez les adolescents, directement et indirectement par l'adoption d'attitudes conventionnelles par l'adolescent (Brook, Whiteman et Finch, 1993) et une diminution de la recherche de sensations (Barnea, Teichman et Rahav, 1992). Ces relations positives sont typiques chez les adolescents profondément attachés. Effectivement, l'attachement profond de l'adolescent à sa mère a été lié à moins d'expérimentations avec les drogues (Voss, 1999) et à une diminution de la fréquence d'utilisation des drogues (Cooper et al., 1998). La profondeur de l'attachement est aussi reliée à des attitudes plus positives envers la sexualité sans risque (Voss, 1999) et, pour les filles, à des taux réduits de comportement sexuel risqué et à moins d'antécédents de grossesse comparativement aux filles moins profondément attachées (Cooper et al., 1998).

Par rapport à un style particulier d'attachement moins profond, un style de rejet (c'est-à-dire une mauvaise communication et une faible confiance combinées à des sentiments d'aliénation et de décrochage de la relation d'attachement) a été associé à l'extériorisation des comportements problématiques (comme l'agression et la délinquance) (Nada-Raja et al., 1992; Voss, 1999), plus d'expérimentations avec les drogues (Voss, 1999) et des attitudes plus risquées envers la sexualité sans risque (Voss, 1999). Les adolescents et les jeunes adultes ayant un style de rejet sont évalués par leurs pairs comme étant plus hostiles que les personnes de tous les autres groupes d'attachement (Bartholomew et Horowitz, 1991; Kobak et Sceery, 1988). Dans les interactions de résolution de problèmes avec leur mère, les garçons adolescents (mais non les filles) ayant un style de rejet montrent plus de rage dysfonctionnelle que les adolescents profondément attachés (Kobak et al., 1993). D'un autre côté, les filles ayant un style de rejet désactivent la relation d'attachement, leurs mères dominant l'interaction (Kobak et al., 1993). Enfin, les jeunes adultes ayant un style de rejet déclarent qu'ils ont moins de soutien familial et souffrent plus de solitude que leurs pairs (Kobak et Sceery, 1988).

Les personnes qui rejettent semblent se protéger des sentiments de rejet en adoptant une position défensive et en ne reconnaissant que leurs attributs positifs (Mikulincer, 1995). Cette position défensive se reflète aussi dans l'utilisation de stratégies d'éloignement pour gérer des situations pénibles (Mikulincer et al., 1993; Mikulincer et Orbach, 1995). Les adolescents dont l'attachement à la mère et au père est très rejeté mentionnent aussi qu'ils évitent les émotions en situation de stress (Voss, 1999).

Comme les adolescents qui rejettent, les adolescents craintifs sont évitants, mais ils souffrent de leur manque d'intimité avec les autres et de sentiments d'incapacité et d'anxiété (Griffin et Bartholomew, 1994). L'attachement craintif à la mère a été lié à la délinquance et à une plus grande expérimentation avec les drogues (Voss, 1999). En plus, les deux formes d'attachement évitant (rejetant et craintif) au père sont associées au fait que les adolescents déclarent qu'ils consomment de la drogue en réponse aux émotions négatives et au conflit avec les autres (Voss, 1999).

Bien que la recherche concernant l'attachement craintif soit limitée, les conclusions existantes suggèrent que les adultes présentant un style d'attachement craintif sont socialement inhibés, manquent d'assertivité et sont susceptibles d'être exploités par les autres (Bartholomew et Horowitz, 1991). Les adolescents qui ont un attachement très craintif à leur père et à leur mère sont portés à l'autocritique en situation de stress, les empêchant de gérer efficacement leur stress (Voss, 1999). En outre, ces adolescents qui craignent beaucoup leur père sont aussi portés à adopter un comportement de retrait en réponse au stress (Voss, 1999).

Les adolescents qui présentent un style d'attachement préoccupé (c'est-à-dire qui ont des opinions positives des autres et négatives d'eux-mêmes) se voient comme socialement incompétents et leurs pairs les évaluent comme plus anxieux que ceux de tous les autres groupes d'attachement (Kobak et Sceery, 1988). Comparativement aux autres adolescents, ils présentent plus de symptômes physiques (Kobak et Sceery, 1988). En réponse à la détresse, les étudiants universitaires qui présentent un style d'attachement préoccupé sont portés à demander le soutien des autres (Ognibene et Collins, 1998). Les adolescents qui présentent un style d'attachement plus préoccupé à leur mère peuvent aussi éviter les émotions en situation de stress, peut-être pour réduire le taux élevé d'anxiété associé à un système d'attachement « hyperactivé » (Voss, 1999). Dans un système de classification d'attachement comportant trois catégories (profond, rejetant, préoccupé), les adolescents préoccupés sont les plus vulnérables à l'inadaptation (Cooper et al., 1998). L'attachement préoccupé chez les adultes est relié à une structure de soi mal intégrée, présentant peu de distinction, et à une difficulté à réguler la détresse (Mikulincer, 1995).

Il est important de mener un sondage de recherche auprès de populations normatives et cliniques pour étudier l'attachement et l'adaptation des adolescents. Premièrement, l'étude des deux populations donne une image des associations entre la profondeur de l'attachement et l'adaptation sur une plus vaste gamme de profondeur. La recherche montre que l'attachement profond domine dans un échantillonnage non clinique, alors que l'attachement moins profond domine dans un échantillonnage clinique (Van-IJzendoorn et Bakermans-Kranenburg, 1996). Deuxièmement, ces deux documentations réunies fournissent une structure pour élaborer des recommandations sur le rôle parental applicable à une vaste gamme de contextes familiaux et ont une incidence sur la suggestion d'initiatives en santé mentale.

La recherche auprès de populations à risque très élevé confirme les conclusions fondées sur un échantillonnage normatif : les adolescents à risque élevé qui présentent des modèles d'attachement précaire sont plus susceptibles de vivre une gamme de psychopathologies que les adolescents plus profondément attachés (Allen, Hauser et Borman-Spurrell, 1996), notamment la suicidabilité (Lessard et Moretti, 1998), la consommation de drogues (Lessard, 1994) et le comportement agressif et antisocial (Fonagy, Target, Steele, Steele, Leigh et al. , 1997; Moretti, Holland et Moore, 1998; Reimer, Overton, Steidl, Rosenstein et Horowitz, 1996; Rosenstein et Horowitz, 1996). Par exemple, dans un échantillon d'adolescents hospitalisés de sexe mâle, Rosenstein et Horowitz (1996) ont découvert que les symptômes du trouble des conduites étaient associés à un modèle d'attachement rejetant. Le style d'attachement a aussi été examiné par rapport aux traits de personnalité. En harmonie avec la théorie de l'attachement, les personnes qui rejettent sont plus antisociales, narcissiques et paranoïaques que les sujets préoccupés. Allen et ses collègues (1996) ont aussi découvert que la dépréciation de l'attachement, caractéristique du style rejetant, était associée à un comportement criminel concurrent et à la consommation de drogues à l'âge adulte chez les malades hospitalisés pendant l'adolescence pour une psychopathologie. Les adolescents préoccupés, d'autre part, sont plus portés à mentionner de l'anxiété, de la dysthymie et un intérêt pour les autres combiné à une crainte de la critique ou d'une rebuffade (Allen, Moore, Kuperminc et Bell, 1998; Rosenstein et Horowitz, 1996). La préoccupation est aussi associée aux comportements d'extériorisation des adolescents, bien que seulement en présence de facteurs de risque démographiques supplémentaires comme le sexe mâle et le faible revenu (Allen et al., 1998).

Dans une étude récente, Moretti et ses collègues ont utilisé l'entrevue sur l'attachement familial de Bartholomew pour différencier les styles d'attachement profond, préoccupé, craintif et rejetant chez des adolescents chez qui l'on a diagnostiqué un trouble des conduites (Moretti, Lessard, Scarfe et Holland, 1999). La majorité des adolescents ont été classés surtout comme craintifs ou préoccupés plutôt que comme rejetants; conformément à la recherche précédente, très peu d'entre eux ont été classés comme ayant un attachement profond. L'attachement craintif et l'attachement préoccupé laissent prévoir des taux élevés de problèmes d'internalisation; par contre, l'attachement profond et l'attachement rejetant prédisent des taux plus bas de psychopathologies. L'étude, en plus des autres études ayant examiné séparément l'attachement rejetant et l'attachement craintif (Bartholomew et Horowitz, 1991; Voss, 1999), souligne l'importance de distinguer les adolescents qui désirent établir des relations avec d'autres, mais qui craignent le rejet (craintifs) des adolescents non intéressés à des relations étroites avec les autres (rejetants). Les adolescents craintifs sont plus susceptibles d'anticiper le rejet dans les relations sociales; ce genre de croyances combiné à un désir d'intimité est probablement associé à une hypersensibilité aux indices sociaux bénins, ce qui peut mener à l'adoption d'un comportement agressif.

Bien que des modèles semblables de résultats soient présents dans un échantillonnage normatif et clinique (par exemple, Allen et Hauser, 1996), la recherche réalisée auprès de jeunes enfants (Lyons-Ruth et al., 1991) montre aussi que le rapport entre l'attachement et l'adaptation est plus fort chez les enfants à risque élevé (c'est-à-dire ceux qui vivent dans la pauvreté, qui ont un faible soutien social, dont un des parents souffre d'une psychopathologie) que dans des contextes à risque peu élevé. Autrement dit, le rapport entre l'attachement et l'adaptation semble être modéré par l'exposition à l'adversité, ce qui laisse entendre que le seul attachement précaire ne différencie pas les adolescents bien adaptés des adolescents mal adaptés. Une recherche plus poussée s'impose pour confirmer les effets de modération de l'adversité sur le rapport entre l'attachement et l'adaptation chez les adolescents. Généraliser les résultats de la recherche existante à de jeunes enfants suggère que les adolescents qui grandissent dans des conditions d'adversité et d'accès non convenable aux ressources ne souffriront peut-être pas d'une psychopathologie s'ils partagent des rapports d'attachement profond avec leurs parents. Réciproquement, les adolescents qui se développent dans un milieu favorable et riche en ressources, mais dont l'attachement à leurs parents est moins profond, peuvent avoir de moins bons résultats dans certains domaines.

6. Rôle parental, profondeur de l'attachement et adaptation pendant l'adolescence

Les fournisseurs de soins aux nouveau-nés qui sont sensibles et constamment réceptifs aux besoins de leur enfant favorisent l'attachement profond. Ces enfants développent des perceptions ( « se créent des modèles réduits internes » ) d'eux-mêmes en tant qu'êtres aimables et des perceptions des autres en tant qu'êtres aidants et disponibles. Réciproquement, les fournisseurs de soins qui sont insensibles et rejetants ont des enfants évitants qui se voient comme indignes et qui voient les autres comme des personnes qui ne veulent pas les aider et sur lesquels ils ne peuvent se fier. La recherche a relié l'attachement évitant à la colère réprimée de la mère, au manque de tendresse lorsqu'elle touche et prend l'enfant et au rejet du comportement d'attachement entamé par l'enfant. Ces enfants ont tendance à réprimer leurs émotions et à éviter le contact en situation de stress afin d'échapper encore plus à l'aliénation de leurs fournisseurs de soins (Main et Weston, 1981; Renken et al., 1989; Shaw et Bell, 1993). Les fournisseurs de soins inconstants, parfois réceptifs et parfois rejetants, semblent avoir des enfants préoccupés à découvrir des façons d'obtenir des soins et hypervigilants aux sources de détresse. Ces enfants vivent un conflit entre le désir d'approcher le fournisseur de soins et les sentiments de colère et d'anxiété à l'égard de leur manque de fiabilité (Bowlby, 1973). Ils en viennent à se voir comme incapables et indignes d'obtenir du soutien.

Pendant l'adolescence, des études empiriques réalisées sur le style de rôle parental ont établi que la participation parentale réceptive, l'encouragement de l'autonomie psychologique et les demandes de comportement appropriées à l'âge combinés à l'établissement de limites et à la surveillance (rôle parental « autoritaire » ) contribuent à une bonne adaptation psychosociale, scolaire et comportementale (Baumrind, 1971, 1991; Steinberg, Dornbusch et Brown, 1992; Steinberg, Darling et Fletcher, 1995). Des conclusions d'études récentes indiquent que, tout comme la sensibilité et la réceptivité parentales contribuent à un attachement profond dans la petite enfance, la chaleur et la participation parentale, l'autonomie et l'attribution psychologique ainsi que le contrôle et la surveillance du comportement sont associés à la profondeur de l'attachement vers la fin de l'enfance et au début de l'adolescence (Karavasilis, Doyle et Margolese, 1999). Peu de chaleur et peu de contrôle sont particulièrement significatifs pour l'attachement rejetant et évitant, et une faible attribution d'autonomie psychologique l'est pour l'attachement préoccupé des adolescents. Par conséquent, pendant l'adolescence, il semble que les comportements des parents qui encouragent l'autonomie dans le contexte de la disponibilité parentale, en plus de la chaleur et de la réceptivité parentales, deviennent des facteurs importants pour créer un attachement profond.

Pour ce qui est des corrélats avec l'adaptation de l'adolescent, la chaleur et la participation parentales de même que le contrôle du comportement sont associés à une plus grande compétence sociale, à l'autonomie, à des attitudes positives envers l'école et le travail, à la réussite scolaire et à l'estime de soi ainsi qu'à moins de dépression, d'inconduite à l'école, de délinquance et de consommation de drogues (Allen et Hauser, 1996, ID : 1142)(Lamborn, Mounts et al., 1991, ID : 846)(Parish et McCluskey, 1992, ID : 1435) (Steinberg, Lamborn et al., 1992, ID : 1168). Pour ce qui est de la protection contre la dépression, les perceptions de l'adolescent à l'égard de la disponibilité parentale semblent être particulièrement importantes (Margolese, Markiewicz et Doyle, 1999; Margolese, Markiewicz, Doyle et Ducharme, 1999). Quant à la résistance à la toxicomanie, l'effet du rôle parental semble opérer par l'entremise de l'adolescent qui développe de meilleures aptitudes d'autorégulation (c'est-à-dire un contrôle de soi, des compétences comportementales et l'adaptation face au stress) et moins d'affiliation avec des pairs déviants (Wills, DuHamel et Vaccaro, 1995). Les associations négatives entre les observations de la chaleur maternelle et les rapports de l'enseignant et les rapports officiels rapportant de la délinquance sont robustes et persistent même après le contrôle du QI de l'enfant, de l'âge, de l'attachement à des pairs délinquants, de la situation ethnique, de la pauvreté, de la taille de la famille, de la déviance parentale, de la surveillance et de la discipline (Sampson et Laub, 1994). D'un autre côté, le châtiment hostile et les interactions coercitives entre les parents et les enfants combinés à une mauvaise surveillance parentale contribuent à créer des troubles des conduites chez les préadolescents et un comportement antisocial chez les adolescents (Conger, Patterson et Ge, 1995; Dishion, Patterson, Stoolmiller et Skinner, 1991).

Bien qu'il se puisse que le lien entre la qualité de l'attachement de l'adolescent et le comportement parental soit bidirectionnel, les études longitudinales susmentionnées et au moins une autre, montrant que le rejet parental est un indicateur prévisionnel de la délinquance plus fort que le contraire (Simons, Robertson et Downs, 1989), soutiennent l'importance cruciale du comportement parental pour les résultats des adolescents. En plus, il importe de remarquer dans les conclusions des études récentes que, dans les contextes à risque élevé (par exemple, la pauvreté du voisinage, les crimes et le chômage), la surveillance parentale ne sera peut-être efficace que pour diminuer la déviation adolescente chez les adolescents profondément attachés (Allen, Moore, Bell et Kuperminc, 1998).

7. Attachement, socialisation parentale et sexe

Il est important de comprendre le rapport entre l'attachement adolescent-parent et l'adaptation pour examiner deux importants effets de modération : le sexe de l'enfant et le sexe du parent. Premièrement, il est prouvé que les différences sexuelles émergent dans les modèles d'attachement de l'adolescence et du début de l'âge adulte. Il est essentiel de se pencher sur les facteurs qui contribuent à ces différences. Deuxièmement, il est prouvé que les relations d'attachement avec les mères et les pères peuvent différer dans leur importance pour prédire l'adaptation.

À propos des différences de sexe dans les modèles d'attachement, dans la première enfance et l'enfance, les différences de sexe dans la qualité de l'attachement ne sont ni théoriquement implicites ni typiquement découvertes. Cependant, vers la fin de l'adolescence et à l'âge adulte, les différences de sexe dans les modèles d'attachement précaire ressortent parfois, plus d'hommes étant rejetants et plus de femmes étant préoccupées (entre autres, Bartholomew et Horowitz, 1991). Les pratiques parentales de socialisation particulières au sexe peuvent contribuer à ces différences de sexe dans un style d'attachement. Par exemple, les parents surveillent plus le comportement de leurs filles que celui de leurs garçons (consulter Cross et Madsen, 1997). De plus, bien que les parents exercent un degré semblable de contrôle sur le comportement de leurs filles et de leurs garçons, les résultats découlant d'enquêtes récentes ont montré des différences subtiles dans la façon utilisée pour exercer ce contrôle. Cela dit, Pomerantz et Ruble (1998) ont démontré que les mères étaient capables de contrôler de façon égale leurs filles et leurs garçons sans toutefois accorder d'autonomie à leurs filles. En outre, ils ont découvert que contrôler sans accorder d'autonomie augmente l'étendue à laquelle les enfants acceptent la responsabilité d'un échec. Les différences de ce type en socialisation sont probablement associées non seulement à une autoefficacité réduite pour le comportement autonome chez les filles (Bussey et Bandura, 1999), mais aussi à des opinions positives de soi en moindre quantité, comme cela se reflète dans l'attachement préoccupé ou craintif par rapport à l'attachement rejetant et profond.

D'autres études réalisées sur la socialisation particulière au sexe ont démontré que les filles sont plus encouragées que les garçons à s'occuper des besoins des autres, à se conformer aux attentes des autres et à juger leur réussite ou leur échec en fonction de l'acceptation des autres. Les mères sont plus portées à discuter des sentiments des autres avec leurs filles plutôt qu'avec leurs garçons (à l'âge de 18 mois) (Parke, 1967) et, dès l'âge de 2 ans, les filles sont plus susceptibles que les garçons de parler de leurs sentiments (Dunn, Bretherton et Munn, 1987). Les parents encouragent aussi plus leurs filles que leurs garçons à s'occuper des sentiments des autres en utilisant des techniques d'induction qui les aident à comprendre les répercussions de leur comportement sur les autres (Grusec, Dix et Mills, 1982; Smetana, 1989). Pour leur part, les filles sont plus susceptibles que les garçons à s'attendre à se sentir mal à l'aise si elles agissent agressivement envers les autres et à exprimer leur préoccupation concernant les conséquences de leur comportement agressif sur les autres (Perry, Perry et Weiss, 1989).

Il est possible que le rôle parental particulier à un sexe augmente le risque d'attachement anxieux et préoccupé chez les filles et d'attachement rejetant chez les garçons; cependant, la recherche n'a toujours pas exploré ce lien. Il faut réaliser des études pour déterminer si la confiance parentale dans les pratiques de socialisation particulière à un sexe est reliée à des différences qualitatives dans l'orientation de l'attachement, et dans quelle mesure.

En ce qui concerne les différences dans les relations d'attachement avec les mères et les pères, il est important de comprendre que la plupart des études sur l'attachement et l'adaptation de l'enfant se sont concentrées sur les relations mère-enfant plutôt que sur les relations père-enfant en raison du fait que la mère est généralement le principal fournisseur de soins pendant l'enfance et que la profondeur de l'attachement pendant l'enfance est prévisible plus pour l'attachement de l'enfant à sa mère que pour l'attachement de l'enfant à son père (Cassidy, 1988; Main, Kaplan et Cassidy, 1985). De surcroît, l'attachement de l'enfant est prévisible principalement à partir du style d'attachement de la mère plutôt qu'à celui du père (Van-IJzendoorn et De-Wolff, 1997). Vers la fin de l'adolescence, comme pendant l'enfance, les mères demeurent la principale figure d'attachement (Hazan et Zeifman, 1994; Trinke et Bartholomew, 1997). Bien que les garçons et les filles voient que la disponibilité de leur mère demeure constante au cours des ans, les adolescentes perçoivent plus que les filles plus jeunes que leur père est moins disponible (Lieberman et al., 1999). En harmonie avec ces constatations, les résultats de plusieurs études ont démontré qu'il existe d'importants changements dans la qualité des rapports des filles avec leur père pendant l'adolescence (Hosley et Montemayor, 1997, ID : 1187)(Paterson, Pryor et al., 1995, ID : 1012)(Youniss et Smollar, 1985, ID : 695). Ainsi, avec le passage à l'adolescence, les filles mentionnent qu'elles se sentent plus distantes, mal à l'aise et éloignées de leur père et pensent que leur père ne respecte pas leurs besoins émotifs (Youniss et Smollar, 1985).

Les chercheurs ont quelquefois découvert que l'attachement au père, plus que l'attachement à la mère, a des associations significatives, bien que différentes, à l'adaptation (compétence des pairs) (Kerns et Stevens, 1996; Kerns et Barth, 1995; Suess, Grossmann et Sroufe, 1992; Youngblade et Belsky, 1992; Youngblade et al., 1993). Il semble que la chaleur et la participation du père jouent un rôle unique dans le développement intellectuel (Radin, 1981) et dans la réussite scolaire (Wagner et Phillips, 1992), et qu'elle est associée à une plus grande estime de soi au milieu de l'enfance (Amato, 1986). Il est en plus possible que des relations plus fortes entre l'attachement enfant-père et l'adaptation émergent pendant l'adolescence. Par exemple, dans une étude longitudinale menée auprès d'enfants du nord de l'Allemagne, les styles de gestion du stress des adolescents âgés de 16 ans ont été reliés à plusieurs mesures de la qualité de l'attachement au père au tout début de l'enfance, mais non à la mère (Grossmann, Grossmann et Zimmermann, 1999). En outre, les évaluations des adolescents concernant l'affection négative de leur père, mais non de leur mère, étaient associées aux évaluations des adolescents concernant la qualité de leurs relations avec leur parent (Flannery, Montemayor et Eberly, 1994). Enfin, en ce qui a trait aux symptômes dépressifs à la mi-adolescence, il a été démontré que les perceptions de soi en tant que personne indigne de l'amour du père sont d'une importance particulière (Margolese et al., 1999a et b).

Il est important d'éclaircir la nature changeante de l'attachement des filles à leur père, comparativement à celui des garçons, pendant l'adolescence, la relation de ces différences à la socialisation parentale différentielle et les incidences dans l'adaptation. Une fois de plus, il faut poursuivre la recherche pour comprendre pleinement le rôle différentiel des relations d'attachement avec les mères par rapport aux relations d'attachement avec les pères au cours de la croissance.

8. Contexte culturel et social

Étant donné la diversité des cultures contribuant à la société canadienne, il importe d'évaluer le degré auquel les constatations examinées plus haut s'appliquent à toutes les familles canadiennes de divers horizons ethniques. Des chercheurs ont découvert que les pratiques parentales varient selon les normes culturelles et les valeurs de socialisation (Ellis et Petersen, 1992). En Chine, par exemple, les parents contrôlent plus le comportement de leurs enfants et leur accordent moins d'autonomie psychologique que les parents d'origine européenne aux États-Unis (Lin et Fu, 1990). La distribution des styles d'attachement moins profond chez les enfants varie aussi entre les pays selon que l'on met l'accent sur l'individualisme ou sur l'interdépendance (Sagi, Van-IJzendoorn et Koren-Karie, 1991). Ainsi, plus d'enfants allemands sont classés comme évitants et plus d'enfants japonais le sont comme ambivalents. Dans un échantillonnage de 400 enfants et adolescents montréalais, on a découvert que les parents arabes sont plus chaleureux et participent plus avec leurs enfants et que les parents canadiens-français accordent plus d'autonomie psychologique; les parents des Indes occidentales font moins des deux (Karavasilis, Dayan, Doyle, Lanaro et Markiewicz, 1999). Cependant, les différences interculturelles sont généralement moins prononcées que les différences intraculturelles (Sagi et al., 1991). Au surplus, malgré les différences culturelles dans le style parental ou l'attachement de l'enfant, le rapport entre le style parental et l'adaptation de l'enfant demeure généralement le même (Feldman et Rosenthal, 1991). Les enfants qui perçoivent leurs parents comme chaleureux, intéressés, faisant des demandes appropriées et permettant une autonomie psychologique ont généralement une meilleure estime de soi, une plus grande autonomie et moins de dépression et de délinquance, peu importe l'origine ethnique ou l'orientation culturelle (Karavasilis et al., 1999; Steinberg et al., 1995). La seule exception est la réussite scolaire; là où les adolescents européens et hispano-américains ont profité de ce style parental autoritaire, contrairement aux adolescents africains et américains d'origine asiatique (Steinberg et al., 1995).

Il est aussi important d'évaluer la généralité des constatations susmentionnées dans différentes structures familiales (un ou deux revenus). La plupart des études réalisées sur les effets de l'emploi maternel sur le rôle parental et l'attachement se sont concentrées sur les nouveau-nés et les jeunes enfants. Les résultats de ces études indiquent que ce n'est pas vraiment l'emploi de la mère qui affecte la solidité de l'attachement de l'enfant, mais plutôt sa sensibilité et sa réceptivité envers son enfant, l'investissement dans le rôle parental et la participation dans des activités partagées (Hoffman, 1989; Moorehouse, 1991). Les jeunes adolescents dont les mères travaillent à l'extérieur ne passent pas moins de temps avec leur famille, leurs parents, leurs amis, en classe ou seuls, mais ils passent plus de temps seuls avec leur père (Richards et Duckett, 1994). En plus, les adolescents de mères monoparentales ou travaillant à l'extérieur ne vivent pas de relations plus litigieuses ou distantes avec elles que leurs pairs appartenant à des familles « traditionnelles » (Laursen, 1995). Cependant, il faut réaliser plus de recherche pour déterminer la façon dont l'emploi maternel et la condition monoparentale interagissent avec d'autres facteurs comme la pauvreté, le faible soutien social et le stress de la vie pour influencer la disponibilité parentale et l'attachement adolescent-parent.

III Répercussions sur le rôle parental

La prochaine section du rapport se concentre sur les répercussions de la recherche sur l'attachement et les recommandations concernant le rôle parental. Il est important de reconnaître que l'attachement seul ne peut permettre de prédire l'adaptation. Il y a une multitude de facteurs, notamment l'attachement, qui interagissent de façon complexe et qui permettent de prévoir l'adaptation. En conséquence, il faut considérer les incidences discutées dans cette section dans le contexte de la recherche sur d'autres facteurs qui influencent l'adaptation de l'enfant et de l'adolescent.

1.Adolescence : Détachement ou autonomie?

Ce que les parents doivent savoir

Une perception erronée commune dans la société insinue que l'adolescence est une période de détachement des parents. Cette perception est renforcée par plusieurs facteurs :

  • Le temps que les adolescents consacrent à leur famille diminue d'une façon spectaculaire. La recherche montre que le temps consacré à la famille durant les heures de veille chute de 35 % à 14 % entre la fin de l'enfance et la mi-adolescence (Larson et al., 1996). Les parents attribuent souvent ce changement dans le comportement de leur adolescent au détachement croissant ou au rejet de la famille.
  • La vision voulant que les adolescents se détachent de leurs parents a été propagée par des théories de l'adolescence dépassées qui dominaient au cours des dernières décennies. Ces théories proposaient que les défis de l'adolescence liés au rôle pubertaire et social nécessitaient une augmentation graduelle de l'éloignement émotif des parents.
  • Les anciennes théories ont mêlé les concepts de détachement et d'autonomie. « Être autonome signifie être autoinitié et autorégulé » (Ryan et al., 1995). L'autonomie, pour les parents, est le sentiment qu'un adolescent a la liberté d'exprimer ses croyances et ses désirs, le choix de négocier avec ses parents et les autres symboles d'autorité et la possibilité d'assumer un pouvoir raisonnable sur les décisions importantes de sa vie. Par contre, le détachement demande nécessairement un désengagement émotif et physique des parents, jumelé à des sentiments négatifs concernant l'importance de la relation enfant-parent et la valeur des parents comme source d'orientation et de confort émotionnel (Steinberg et Silverberg, 1986). Les adolescents qui vivent la séparation de leurs parents comme un mouvement vers une plus grande autonomie et une autodirection combinées à une relation continue avec leurs parents, vivent plus positivement le passage à l'âge adulte que les adolescents qui vivent la séparation de leurs parents comme un détachement émotionnel (Moore, 1987).

Il est maintenant clair que les relations parent-enfant traversent une transformation pendant l'adolescence, mais que la plupart des adolescents demeurent sur les plans émotif et psychologique en lien avec leurs parents. Les efforts éducatifs déployés pour défaire le mythe du détachement de l'adolescent peuvent être profitables aux parents.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent reconnaître l'importance continue de leur relation avec leur adolescent malgré les changements dans la nature de leurs interactions. Ils doivent faire attention de ne pas prendre le besoin d'autonomie pour un rejet de la relation parentale et doivent travailler avec leur adolescent pour établir un équilibre entre la connexité continue et l'autonomie croissante.

2. De quelle façon les parents peuvent-ils contribuer au développement sain de l'adolescent?

Ce que les parents doivent savoir

Si l'adolescent n'a pas besoin de la présence et de la protection physique des parents de la même manière que le jeune enfant, de quoi alors a-t-il besoin?

  • Bien que le temps consacré à la famille diminue pendant cette période, l'adolescent continue de passer autant de temps seul avec sa mère et son père qu'il le faisait à la fin de l'enfance et il passe plus de temps à discuter de questions interpersonnelles.
  • L'adolescent a besoin de ressentir que ses parents sont accessibles et qu'ils le soutiennent. L'adolescent qui se sent en confiance devant la disponibilité du soutien émotif de ses parents développe plus facilement ses habiletés d'adaptation.
  • L'adolescent profite surtout du soutien parental au cours du développement de son autonomie. Le soutien de l'autonomie par les parents (comme le soutien de l'adolescent lorsqu'il exprime son désaccord et qu'il en explique les motifs; l'écoute de ses commentaires; la confirmation de sa position et de ses sentiments) pendant la phase intermédiaire de l'adolescence (14 ans) laisse prévoir un attachement profond et une adaptation saine au début de l'âge adulte (Allen et Hauser, 1996). Les adolescents à qui les parents permettent de participer graduellement aux prises de décision pendant les années de l'adolescence sont moins portés à répondre à la pression exercée par les pairs pour participer à des activités délinquantes (Fuligni et Eccles, 1993).
  • Pendant l'adolescence, la sensibilité parentale s'exprime par une disponibilité psychologique pour l'enfant tout en favorisant l'autonomie. Les habiletés parentales particulières comprennent la chaleur, l'acceptation de l'individualisme, l'écoute active, la surveillance du comportement, l'établissement de limites et la négociation. Les adolescents demandent la participation de leurs parents dans les discussions sur les rapports interpersonnels, les valeurs et les buts. Les adolescents demandent aussi à leurs parents d'être disposés à renégocier les règles et les responsabilités. Il faut toujours éviter la négligence, l'hostilité, l'excès de contrôle et l'indiscrétion.

Aider les parents à acquérir des habiletés parentales qui soutiennent l'autonomie de leur adolescent et la connexité à lui peut être profitable pour maintenir la profondeur de l'attachement pendant cette période de développement.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent être disponibles pour leur adolescent, lui donner leur appui et participer activement à la négociation d'une plus grande autonomie et liberté. Ils doivent soutenir l'expression des sentiments, croyances et buts de leur adolescent. Cela peut s'avérer difficile, car l'affrontement entre les valeurs parentales et celles de l'adolescent peut mener à un conflit et à une détresse émotive. Comprendre que le conflit peut être une possibilité de développer l'autonomie, de résoudre les problèmes interpersonnels et de faire croître la relation adolescent-parent peut aider à éviter des conflits de pouvoir, l'escalade du conflit et les sentiments de rejet. Les parents doivent continuer à préciser leurs préoccupations et leurs limites mais en restant ouverts à la discussion et à la négociation.

Par exemple, un parent dont l'adolescent songe à prendre un premier emploi dans un café de fin de soirée du centre-ville, loin de la maison, a peut-être raison de s'inquiéter de sa sécurité au retour à la maison, du temps pris sur le temps consacré à ses travaux scolaires et de sa capacité de se présenter à l'école à l'heure. Au lieu de mentionner à l'adolescent qu'il ne peut pas accepter cet emploi, le parent doit plutôt écouter l'adolescent parler de son intérêt pour l'emploi et peut-être lui demander ce qu'il en pense. Cela donne à l'adolescent la chance de prendre l'initiative de mentionner ses propres désirs et préoccupations concernant l'emploi. Si l'adolescent soulève des préoccupations, le parent doit appuyer l'idée d'avoir un emploi à temps partiel et s'informer de la possibilité de solutions de rechange comprenant moins de points négatifs. Si l'adolescent croit que le parent pourrait le conduire au travail et le ramener à la maison, ou dit qu'il est prêt à accepter n'importe quel horaire de travail, le parent doit préciser les limites et les raisons de ces limites, être disposé à discuter de façon raisonnable, écouter le point de vue de l'adolescent et être ouvert à la possibilité de négocier des changements. La participation parentale peut, par exemple, s'exprimer par une disponibilité continue pour parler de ces questions et de ces préoccupations, en fournissant une aide temporaire pour le transport, en manifestant son intérêt en visitant le café comme client, si l'adolescent le souhaite.

3. À quel moment l'attachement profond est-il particulièrement bénéfique à l'adolescent?

Ce que les parents doivent savoir

L'attachement profond est important pour fournir un refuge sûr pendant les périodes de stress et pour encourager l'exploration pendant les périodes de croissance. Les adolescents traversent généralement plusieurs transitions importantes associées à une augmentation des sentiments de stress et d'anxiété. Le soutien parental pendant ces périodes peut être particulièrement utile pour favoriser l'attachement profond et promouvoir une adaptation saine.

  • Transitions scolaires : Le passage à l'école secondaire est fréquemment associé à une augmentation de la vulnérabilité, à une baisse de l'estime de soi et à des sentiments d'incompétence, combinés à une augmentation du risque de dépression et de comportement antisocial. La preuve montre que l'attachement profond constitue, pour les adolescents, une mesure de protection contre le stress associé à ce genre de transitions (Papini et Roggman, 1992).
  • Exploration des règles et des normes sociales : La participation à certaines activités délinquantes est normative pendant l'adolescence (entre autres, Shedler et Block, 1990) et peut être reliée à l'exploration, par l'adolescent, des règles et des normes sociales. Les pressions sociales qu'on exerce sur les adolescents pour qu'ils se conforment aux attentes du groupe contribuent aussi à la participation à des activités délinquantes. Les adolescents tirent profit de l'accessibilité parentale pour obtenir un soutien émotif, une structure et une surveillance quant à leur participation à ce genre de comportement et à leur association avec des pairs qui appuient ce comportement. En fait, pour les adolescents de contextes à risque élevé, la structure et la surveillance parentales sont moins efficaces en l'absence d'une relation fondée sur un attachement adolescent-parent profond (Allen, Moore, Kuperminc et Bell, 1998). Discuter avec les adolescents des valeurs associées au comportement, fournir une structure claire et favoriser l'autonomie dans une bonne prise de décision constituent aussi des comportements parentaux productifs pendant cette période.

Aider les parents à déterminer les périodes particulières de stress de leurs adolescents au cours desquelles l'accessibilité et le soutien parentaux sont critiques peut contribuer à élaborer des stratégies parentales efficaces.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent anticiper que leur adolescent aura besoin d'une plus grande disponibilité et de leur soutien émotif pendant les périodes de transition, comme l'entrée à l'école secondaire. Avant le début de la transition, les parents doivent être disponibles pour leur adolescent afin de discuter, entre autres, des changements que peut apporter l'entrée à l'école secondaire, de ses sentiments à cet égard, de ce qu'il peut faire s'il se sent stressé et des ressources disponibles. Les parents doivent participer à ce genre de discussions d'une façon terre-à-terre, sans minimiser les préoccupations de leur adolescent ni créer d'inquiétudes inutiles. Les parents peuvent trouver que les enseignants et les autres parents constituent une ressource utile pour soutenir le passage à l'école secondaire. Par exemple, une telle transition se déroule plus facilement lorsqu'un groupe de pairs la traverse ensemble et lorsque de nouvelles amitiés se forment. Les parents peuvent faciliter l'intégration sociale de leur adolescent dans le nouveau milieu en discutant et en collaborant avec les autres parents et les enseignants, par exemple en fournissant le transport aux événements et aux sorties scolaires, en établissant des règles normatives comme un couvre-feu et en fournissant une surveillance convenable lors d'activités sociales comme les fêtes à la maison.

Les parents doivent soutenir les adolescents dans leur exploration des normes sociales en écoutant les préoccupations de leur adolescent concernant l'approbation sociale et la pression du groupe, en discutant des valeurs associées à divers comportements, en discutant des raisons expliquant l'établissement de limites et, au besoin, en négociant les règles. Si les parents s'aperçoivent que leur adolescent ne peut pas gérer l'exploration des normes sociales, ils doivent exprimer leurs préoccupations et travailler avec lui pour assurer sa sécurité.

4. Hormones : Quelle est leur importance?

Ce que les parents doivent savoir

Dans le passé, on considérait généralement que les changements hormonaux pendant l'adolescence créaient invariablement de l'agitation, des perturbations et un désengagement de la famille. Les recherches montrant que la plupart des adolescents ne souffrent pas de détresse profonde ni de perturbations pendant cette période et qu'ils ont des sentiments positifs envers eux-mêmes et leur famille ont dissipé ce mythe (Arnett, 1999). Bien que certains chercheurs aient avancé que la puberté stimule l'éloignement de l'enfant et de ses parents, tel un mécanisme biologique chargé de décourager l'accouplement endogène (Steinberg, 1990), les recherches n'ont pas démontré de preuve concluante à cet effet. Dans une étude, on relie le début de la puberté chez les garçons à une diminution du temps passé en famille pendant la première phase de l'adolescence; cependant, cet effet ne s'est pas produit chez les filles (Larson et al., 1996). En outre, d'autres facteurs, comme les occasions de socialiser avec les pairs, se présentent comme des médiateurs plus importants de la réduction du temps passé en famille chez les garçons.

Dissiper les mythes de l'agitation et du désengagement de l'adolescent en raison de changements hormonaux peut aider les parents à mieux déterminer et reconnaître les vrais défis que leur adolescent doit affronter.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent reconnaître les périodes de détresse chez leur adolescent. Ils doivent s'assurer de ne pas négliger les vraies difficultés émotionnelles ni de croire faussement qu'elles sont causées par des changements physiques associés à l'adolescence.

5. Relations avec les pairs et pairs par rapport à parents comme sources d'influence sur les adolescents

Ce que les parents doivent savoir

Les adolescents, en vieillissant, passent de plus en plus de temps avec leurs pairs, surpassant le temps passé avec les parents dès la 12e année (17 ans) (Clark-Lempers, Lempers et Ho, 1991; Larson et Richards, 1991), et se fient plus sur leurs pairs que sur leurs parents pour obtenir de l'intimité et du soutien (Furman et Buhrmester, 1992; Laursen et Williams, 1997). Les amitiés étroites durent plus longtemps et valent plus pour les jeunes adolescents que pour les jeunes enfants (Sullivan, 1953). Les jeunes adolescents ressentent souvent beaucoup de pression de la part de leurs pairs pour être conformes dans plusieurs aspects de l'habillement, des activités, des choses qu'ils aiment et détestent (Feldman et Elliott, 1990). Il en résulte que les parents peuvent se sentir inefficaces et peu importants dans leur rôle d'orienter et de soutenir leur adolescent. Les parents peuvent aussi sentir que l'ami de l'adolescent les remplace comme figure primaire d'attachement (c'est-à-dire qu'il le recherche en situation de stress, qu'il lui manque lorsqu'ils sont séparés). Ils peuvent craindre que de « mauvais » amis influencent leur adolescent à suivre des directions indésirables dans leurs buts et leurs comportements. Bien que les amis influencent les adolescents, ces derniers jouent aussi un rôle dans la sélection des pairs. La tendance d'un adolescent à s'associer à des pairs qu'il perçoit semblables à lui (homophilie) est un processus primaire régissant la sélection des amis des adolescents (Fletcher, Darling, Steinberg et Dornbusch, 1995).

  • Il est important que les parents comprennent que, malgré l'accroissement de l'importance des relations avec les pairs, les parents continuent d'avoir une forte influence dans la vie de leur adolescent (Laursen et Williams, 1997). L'intimité avec les parents, le soutien parental et l'orientation sont d'importants déterminants de l'adaptation de l'adolescent. Les amitiés étroites remplacent surtout les besoins d'affiliation plutôt que les besoins d'attachement. L'investissement croissant de l'adolescent dans des amitiés étroites et dans les activités des pairs est mieux perçu, tout comme l'adolescent qui utilise la relation d'attachement parental comme une base sûre pour explorer le monde social des relations avec les pairs.
  • En général, les adolescents sont moins influencés par les pairs et plus influencés par leurs parents à l'égard des valeurs fondamentales comme les objectifs scolaires, les croyances religieuses et la moralité (Laursen et Williams, 1997). En fait, comme il est mentionné plus haut, en soutenant le développement de l'autonomie d'une façon convenable, les parents protègent leur adolescent de l'influence exagérée des pairs. Par exemple, les adolescents que les parents font de plus en plus participer aux prises de décision sont moins portés à succomber à l'influence des pairs pour s'engager dans des activités antisociales (Fuligni et Eccles, 1993). De plus, comme il est mentionné plus haut, les parents qui surveillent les activités et les compagnons de leur adolescent le protègent des relations avec des pairs délinquants, qui constituent un facteur qui risque de l'embarquer dans des activités délinquantes comme la consommation de drogues illicites (Dishion, Patterson et Kavanagh, 1992). Le besoin de conformité aux pairs à l'égard de l'habillement et des activités, si puissant chez les plus jeunes adolescents (Feldman et Elliott, 1990), diminue avec les années et est mieux vu comme une indication de la fragilité de leur autonomie et de leur besoin d'avoir des preuves tangibles de similitude, d'acceptation et d'appartenance.
  • Il est important que les parents comprennent le sens de la surveillance (contrôle ferme) exercée dans une ambiance chaleureuse et visant à encourager l'autonomie. Il est nécessaire également qu'ils comprennent la distinction entre la disponibilité et l'indiscrétion, comme ces termes ont été définis plus haut.
  • La participation et la communication des parents avec les responsables de l'école de leur adolescent sont aussi associées à la compétence scolaire. Par exemple, les parents qui participent aux activités scolaires sont mieux renseignés et sont plus disponibles pour leur adolescent, tant dans les bons moments pour soutenir leur autonomie que dans les moments stressant pour leur fournir la sécurité et la protection.

Fournir aux parents une compréhension du rôle des pairs par rapport à celui des parents comme sources de soutien et d'orientation pendant l'adolescence est une stratégie utile pour améliorer l'efficacité des parents.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent reconnaître l'importance continue de leur engagement avec l'adolescent à l'égard de l'adaptation, même si ce dernier accorde plus d'intérêt et de temps à ses pairs. Ils doivent écouter ses préoccupations en ce qui a trait aux pressions du groupe, au choix judicieux de ses relations d'amis et à ses sentiments d'acceptation sociale. Les parents doivent être au courant de la participation de leur adolescent à divers groupes de pairs et aux activités scolaires. Ils doivent surveiller ces points de façon convenable et respectueuse. Comme il a été mentionné précédemment, si les parents découvrent que leur adolescent participe à des situations de groupe dangereuses et hors de ses compétences en matière de jugement et d'influence, ils doivent agir de façon à le protéger de ces situations.

6. Relations romantiques

Ce que les parents doivent savoir

La nature et l'importance des relations romantiques au début de l'adolescence sont imprécises et ont fait l'objet d'une recherche considérable, dont voici les questions fondamentales : 1) Jusqu'à quel point les relations romantiques remplissent-elles les fonctions d'attachement pendant la période de l'adolescence? 2) De quelle façon les relations romantiques sont-elles reliées aux tendances de l'attachement adolescent-parent? 3) Quelles sont les incidences des relations romantiques sur l'adaptation?

  • Sur le plan du développement, les relations romantiques sont généralement brèves au début de l'adolescence et consistent souvent à peu de connaissance intime du partenaire et à beaucoup de fantaisie. Au moins pendant la première phase de l'adolescence, elles sont mieux conceptualisées comme une exploration du monde social plutôt que comme des relations d'attachement.
  • Cette vision des relations romantiques ne rejette pas le fait qu'elles constituent des expériences importantes et puissantes sur le plan émotif pour les adolescents. Bien que les relations romantiques peuvent être surtout importantes pour les adolescents plus âgés en raison du transfert graduel des fonctions d'attachement, les adolescents plus jeunes peuvent vivre des relations romantiques aussi puissantes sur le plan émotif en raison de leurs capacités non développées pour traiter des événements émotionnels. La disponibilité et le soutien parentaux comme source et refuge sûrs pendant ces événements sont importants. Les adolescents profondément attachés à leurs parents sont mieux munis pour se débrouiller de façon adaptative dans ce nouveau domaine. Par exemple, pendant la phase intermédiaire de l'adolescence, les adolescents profondément attachés s'engagent plus tard dans des rapports sexuels et les jeunes adultes profondément attachés ont moins de partenaires sexuels et sont moins portés à participer à des relations sexuelles risquées que leurs pairs moins profondément attachés (Cooper et al., 1998).

Fournir aux parents des renseignements concernant l'importance d'entreprendre des relations romantiques à la fin plutôt qu'au début de l'adolescence et concernant le besoin continu de la disponibilité parentale comme base sûre pour les adolescents les aidera à répondre convenablement à ces nouvelles relations.

Ce que les parents doivent faire

Les parents doivent comprendre que leur adolescent peut profiter de leur soutien émotionnel et de leur orientation au moment d'entamer des relations romantiques. Ils doivent s'assurer de ne pas interpréter faussement la participation à des relations romantiques comme un déplacement de l'importance de la relation parentale. Les parents doivent être à la disposition des adolescents pour discuter de leurs sentiments, de leurs valeurs et de leurs prises de décision concernant les questions d'intimité et de participation sexuelle dans les relations romantiques.

7. Est-ce que certains adolescents ont plus de chances d'avoir des problèmes d'attachement pendant l'adolescence?

Ce que les parents doivent savoir

Certains adolescents sont vulnérables aux modèles d'attachement profond en raison de la grande difficulté de leurs premières expériences de socialisation. Par exemple, les enfants exposés à de mauvais traitements comme la violence physique ou sexuelle, la négligence ou la violence familiale sont plus à risque d'attachement précaire (Cicchetti et Barnett, 1991; Morton et Browne, 1998). Lorsque ces enfants arrivent à l'adolescence, les modèles d'attachement précaire et d'autres problèmes affectifs peuvent rendre cette période de développement plus difficile pour eux et pour leurs fournisseurs de soins primaires. Les relations avec les fournisseurs de soins peuvent être menacées et le risque de psychopathologie peut grandement augmenter. Il est particulièrement important de prédire les besoins de ces adolescents avant l'émergence des difficultés et de faire en sorte que ces familles aient accès à des programmes spéciaux. Les mesures préventives, mises en oeuvre avant l'entrée dans l'adolescence, peuvent s'avérer rentables à long terme.

Ce que les parents doivent faire

Il est conseillé aux parents d'enfants ayant vécu des difficultés extrêmes dans les premières relations enfant-parent d'anticiper les défis de l'adolescence et d'évaluer le besoin de soutien en santé mentale. Lorsque les enfants ont vécu une interruption de leurs relations avec les fournisseurs de soins qui a résulté en une séparation prolongée ou une perte, l'adolescence peut raviver des questions émotives reliées à ces premières expériences. Cela dépendra des relations passées et actuelles et de l'importance de soutien qu'ont reçu les adolescents en intégrant ces différentes relations avec les fournisseurs de soins. Les parents doivent appuyer leur adolescent, comprendre le sens de ses relations avec divers fournisseurs de soins et l'aider à équilibrer ses liens et son autonomie au sein de ces relations. Ils doivent s'efforcer de comprendre ce processus et de ne pas l'interpréter comme un rejet de la relation parentale. Dans certaines situations, cette démarche demande le soutien de la famille ou de thérapeutes individuels.

8. De quelle façon la psychopathologie parentale et le style d'attachement du parent sont-ils reliés à l'attachement de l'adolescent?

Ce que les parents doivent savoir

La recherche montre des taux plus élevés d'attachement précaire chez les enfants de parents souffrant de divers désordres, notamment la dépression (Lyons-Ruth et al., 1991) et l'alcoolisme (Brennan et al., 1991). Dans le même ordre d'idées, les enfants de parents ayant eux-mêmes vécu un attachement précaire dans leurs relations avec leurs propres parents sont plus portés à être moins profondément attachés que les enfants de parents ayant profité d'une relation profonde avec leurs propres parents (Van-IJzendoorn et Bakermans-Kranenburg, 1996). Par exemple, Benoit et Parker (1994) montrent que le style d'attachement de la mère a prédit l'attachement du bébé dans 81 % des cas et que le style d'attachement des grands-mères a prédit l'attachement du bébé dans 75 % des cas. Bien que la recherche n'ait toujours pas examiné la transmission de l'attachement entre les générations pendant la période de l'adolescence, il est presque certain que l'attachement précaire des parents sera associé à une augmentation des taux d'attachement précaire chez les adolescents, peut-être un peu moins profondément que dans la prime enfance.

Ce que les parents doivent faire

Les parents qui reconnaissent en eux les facteurs qui risquent de mettre leur adolescent dans une relation d'attachement précaire peuvent profiter de conseils ou de thérapies pour régler leurs propres difficultés ou pour réduire la transmission du risque à l'intérieur de la famille.

9. Jusqu'à quel point les caractéristiques de l'enfant plutôt que les caractéristiques du rôle parental représentent-elles la profondeur de l'attachement?

Ce que les parents doivent savoir

La recherche sur les modèles d'attachement pendant la période de l'adolescence est malheureusement insuffisante pour fournir une réponse à cette question; cependant, les études d'autres phases de développement sont informatives. Bien que le parent et l'enfant contribuent à leurs relations sur une période de temps (Lollis et Kuczynski, 1997), la preuve recueillie auprès de jeunes enfants souligne l'importance des parents pour le modelage des modèles d'attachement de leurs enfants. Par exemple, si le style d'attachement était inhérent à l'enfant, on s'attendrait à voir les mêmes genres d'attachement chez les parents. Pourtant, il est bien connu que la qualité de l'attachement d'un enfant à un parent n'est pas fortement associée à la qualité de son attachement à l'autre parent (Lyons-Ruth, 1996). En outre, bien que le tempérament permette de prédire l'étendue de la détresse qu'exprime un enfant à la séparation de sa mère, il ne permet pas de prédire des modèles particuliers d'attachement (Belsky et Rovine, 1987; Vaughn, Lefever, Seifer et Barglow, 1989). Le fait que l'attachement de l'enfant peut être anticipé par le modèle d'attachement propre de la mère avant la naissance de l'enfant est peut-être l'élément le plus convaincant (Fonagy, Steele et Steele, 1991).

  • Il est évident qu'il faut poursuivre la recherche pour comprendre le rôle des facteurs endogènes aux adolescents par rapport à la socialisation parentale qui représente l'attachement pendant cette période particulière de développement. La recherche examinée dans ce document, combinée aux études sur les bébés et les jeunes enfants, mentionne le rôle puissant et important des parents en modelant l'attachement de l'adolescent.

Ce que les parents doivent faire

Bien que les enfants et leurs parents contribuent activement à leur relation au cours des ans, les parents qui reconnaissent l'importance de leur rôle dans le modelage de l'orientation d'attachement de leur adolescent et qui se sentent en confiance et appuyés dans le respect des besoins de leur adolescent seront plus portés à contribuer à un développement sain. Les parents doivent s'assurer de ne pas rejeter les problèmes de la relation adolescent-parent comme s'ils étaient simplement causés par le tempérament ou les autres caractéristiques de l'enfant. Ils doivent reconnaître qu'ils contribuent avec leur adolescent aux modèles d'interaction et de comportement.

10. Stabilité de l'attachement pendant l'adolescence

Ce que les parents doivent savoir

Il existe une multitude de possibilités de changement dans les modèles d'attachement pendant l'adolescence. Ainsi, la recherche montre qu'environ 30 % des jeunes adultes changent dans leur orientation d'attachement sur une courte période (Baldwin et al., 1996; Scharfe et Bartholomew, 1994).

Ce que les parents doivent faire

À la lumière de ces constatations, les parents doivent comprendre l'importance de continuer à déployer des efforts pour favoriser l'attachement profond chez leur adolescent. Par contre, les parents d'adolescents présentant des modèles d'attachement précaire peuvent être renforcés en sachant que cette période de développement offre une importante conjoncture qui favorise le changement vers une plus grande profondeur.

Fournir aux parents une compréhension du rôle des pairs comparativement à celui des parents comme sources de soutien et d'orientation pendant l'adolescence (consulter la section III 5., de ce document) est une stratégie utile pour améliorer l'efficacité des parents.

IV Incidences sur les politiques gouvernementales et recommandations pour la recherche à venir

1. Éducation parentale ciblant le mythe du détachement de l'adolescent

L'éducation publique devrait cibler le mythe du détachement de l'adolescent et du rejet de la famille (consulter les sections III 1 et 5).

Il faudrait assurer le soutien continu des parents par l'entremise de programmes parentaux communautaires qui adoptent des concepts d'attachement et de transformation plutôt que de dissolution de la relation parent-adolescent. Les programmes de formation au rôle de parent devraient aider les parents à déterminer les périodes importantes de transition dans la vie de leur adolescent, à établir une communication efficace avec lui et à lui assurer un soutien.

2. Stratégies de soutien pour les parents d'adolescents

La transformation de la relation parent-enfant pendant l'adolescence demande aux parents d'adapter convenablement leurs pratiques parentales. La documentation examinée indique que la disponibilité parentale, le soutien et la surveillance continuent d'être des composantes importantes de l'efficacité du rôle parental. Contrairement aux jeunes enfants, cependant, les adolescents s'éloignent plus de la surveillance parentale immédiate et ils souhaitent une plus grande participation et une négociation des règles et des attentes. En plus, l'importante croissance cognitive qui se produit pendant l'adolescence signifie que les adolescents pensent maintenant au genre de personne qu'ils sont, au genre de personne que sont leurs parents et aux valeurs chères à chacun. Les valeurs et les croyances de l'adolescent deviennent des indicateurs prévisionnels importants de leurs attentes et de leurs comportements.

La recherche sur l'attachement a donné lieu à l'élaboration d'interventions concentrées sur la prévention et la correction de l'attachement précaire chez les bébés et les jeunes enfants (en autres, Crittenden, 1992; Leiberman, Weston et Pawl, 1991; van den Boom, 1994). Les interventions ont été concentrées sur deux objectifs complémentaires : 1) modifier la sensibilité parentale aux besoins et aux comportements d'attachement chez les bébés et les jeunes enfants; 2) modifier les représentations d'attachement parental pour qu'elles deviennent un véhicule favorisant la modification du comportement parental. La recherche sur ces interventions est relativement préliminaire, mais elle indique à ce jour une certaine forme de réussite (Lieberman et al., 1991; van den Boom, 1994).

Il est surprenant de constater qu'on a peu tenté d'appliquer la théorie de l'attachement aux interventions avec les adolescents et leur famille ou d'adapter des modèles d'intervention pour les plus jeunes enfants afin qu'ils puissent être appliqués aux adolescents. Cependant, les principes de l'attachement s'appliquent clairement tout au long de la vie et il est possible d'adapter les interventions pour les rendre appropriées au développement des adolescents et à leur famille. Par exemple, les points suivants représentent fidèlement la sensibilité et l'habitude des parents d'adolescents :

  • Reconnaissance et réceptivité des besoins de l'adolescent en matière d'accessibilité et de soutien continus des parents en tant que base sûre;
  • Détermination des besoins de l'adolescent pour accéder à l'autonomie par l'entremise de négociations actives à l'intérieur de la relation parent-adolescent;
  • Acceptation et soutien des perspectives et des expériences de l'adolescent comme mode de garantie d'une interdépendance continue entre le parent et l'adolescent en dépit de la différence des rôles et des valeurs.

Soutenir les parents dans l'élaboration d'un rôle parental adapté à leur adolescent peut constituer une intervention productive justifiant une enquête.

De quelle façon le gouvernement peut-il contribuer à la mise sur pied de programmes qui mettent en valeur le rôle parental pour les adolescents et, en fin de compte, l'adaptation de l'adolescent?

  • Il est essentiel de concevoir des programmes fondés sur la sensibilisation aux besoins de la population générale (c'est-à-dire des programmes universels) et aux besoins de groupes spéciaux (c'est-à-dire des programmes ciblés). Il faut poursuivre la recherche pour porter à la connaissance des parents les défis de l'adolescence et le rôle joué par leurs relations pour assurer un apprentissage fonctionnel. Cette recherche montrera probablement que plusieurs parents possèdent des croyances erronées concernant l'adolescence et sous-évaluent l'importance des relations avec leur enfant. Elle montrera aussi que l'adolescence est une période difficile pour les parents et que plusieurs parents veulent des renseignements sur la façon de bien jouer leur rôle parental pendant cette période. Avec ces renseignements, il est possible de prendre des mesures pour cibler des programmes universels aux domaines particuliers des besoins en éducation. Les résultats de la recherche montrent que les enfants exposés aux mauvais traitements, à la négligence et à l'abandon sont plus à risque d'attachement précaire. Ces adolescents ont particulièrement besoin d'interventions qui aident au développement de la profondeur de l'attachement.
  • La sensibilité aux périodes spéciales de défi pendant le développement de l'adolescent constituera aussi un élément important de ce genre de programme.
  • Pour ce qui est des programmes universels, l'affectation de fonds pour des conférenciers, des animateurs de groupe, des listes de livres et de matériel recommandés et des enregistrements vidéo pour les groupes de parents d'écoles secondaires de premier et de second cycle, les centres communautaires, les bibliothèques, la télévision et la radio serait précieuse pour augmenter la sensibilisation et l'éducation. Les annonces télévisées semblables à celles qui ont été conçues pour augmenter la sensibilité à l'intimidation et à la consommation de drogues (entre autres, Olweus, 1992, 1997) seraient une méthode idéale pour communiquer l'information aux parents et aux adolescents. La distribution de dépliants dans les écoles et les cabinets de médecin aiderait aussi à transmettre l'information à grande échelle. On pourrait aussi envoyer ces dépliants à tous les parents d'adolescents entrant à l'école secondaire, accompagnés des renseignements sur les centres de soutien à joindre pour obtenir plus d'information.
  • Étant donné que plusieurs parents peuvent vivre des difficultés de gestion de l'équilibre entre l'établissement de limites et le soutien de l'autonomie et interpréter la recherche d'autonomie de leur adolescent comme une menace à leur relation, les programmes parentaux communautaires ou scolaires concentrés particulièrement sur ces questions peuvent leur être utiles. Ces programmes ont plus de chances de réussir s'ils sont fournis par des professionnels formés pour travailler avec des groupes de parents et d'adolescents en vue de les éduquer, de faciliter une meilleure communication et de résoudre les problèmes par des jeux de rôles.
  • Les programmes de cette nature devraient être offerts pendant les jonctions importantes du développement de l'adolescent, où le changement dans l'attachement est très probable et le risque, très élevé. Il serait donc idéal d'offrir des programmes ciblant le début de l'adolescence ou l'entrée à l'école secondaire. Par exemple, les programmes scolaires offrant de tels groupes à tous les parents et adolescents dès l'entrée à l'école secondaire peuvent aider à prévenir, pour la famille et l'adolescent, le développement des difficultés associées à cette transition.
  • Pour ce qui est des programmes ciblés, la recherche montre que les adolescents provenant de populations cliniques sont portés à avoir un attachement précaire et il serait avantageux d'élaborer des interventions concentrées sur l'attachement pour les besoins spéciaux de ces adolescents et leur famille. La recherche sur la thérapie utilisée chez des adolescents montre que l'efficacité est rehaussée lorsque les interventions ciblent des facteurs multiples dans l'écologie de la jeunesse, par exemple les problèmes individuels, les questions familiales et les sujets scolaires et professionnels. Dans une récente tentative pour présenter les incidences de la théorie de l'attachement pour une intervention auprès d'adolescents à risque élevé, Moore et ses collègues (Moore, Moretti et Holland, 1998) ont proposé plusieurs principes élémentaires pour orienter l'application de la théorie de l'attachement à l'élaboration des programmes. Bien qu'il soit préliminaire, ce travail fournit une base pour la poursuite du développement dans ce domaine. L'importance de comprendre le sens du comportement dans la perspective de l'attachement et des modèles réduits internes est un principe fondamental de cette approche. Les principes reconnaissent aussi l'importance des premières expériences répétées avec des proches pour former la base des modèles d'attachement, tout en reconnaissant que les modèles d'attachement sont « en cours » et qu'ils peuvent être révisés en fournissant de nouvelles expériences et une réintégration des expériences passées. Les jeunes à risque élevé ont généralement des antécédents d'expériences d'attachement anormal mal adapté, y compris des expériences de mauvais traitements, de négligence et d'abandon. Ils se méfient de l'autorité et sont portés à interpréter les tentatives de rôle parental conventionnel comme coercitives et menaçantes. Par l'entremise de la compréhension et l'empathie de ce que les jeunes perçoivent de leurs relations avec les fournisseurs de soins, les cliniciens peuvent mieux réussir à établir une relation avec eux et les aider à transformer leurs modèles et leur comportement d'attachement. L'un des principes importants de cette approche réside dans le fait que les nouveaux fournisseurs de soins, qu'ils soient des parents de famille d'accueil ou des professionnels de la santé mentale, doivent élargir leurs relations avec les jeunes et comprendre que les expériences vécues à l'intérieur de la relation influencent et peuvent modifier les modèles d'attachement des jeunes. Dans le même ordre d'idées, il est reconnu qu'endurer le changement ne se produit que s'il est appuyé par un changement suffisant et durable des systèmes (par exemple, le contexte scolaire, familial et social plus large) dans lesquels vivent les jeunes.
  • Cette approche requiert un déplacement de la position primaire de « contrôle » vers une position de « connexion » . Ce genre de déplacement s'avère un défi en raison des pressions sociales exigeant un « contrôle » du comportement alarmant des jeunes à risque élevé. L'adoption d'une perspective d'attachement comprend une volonté de comprendre la jeunesse et de s'y connecter en dépit de son comportement, accompagnée de l'établissement de limites claires concernant le comportement problématique. Le but ultime de ce genre d'approche est d'aider la jeunesse à développer un « contrôle interne » plutôt que de la laisser se fier sur un « contrôle externe » par l'entremise de services de santé mentale ou de services de psychiatrie légale pour les jeunes.
  • ·La preuve suggère beaucoup de similitude entre le style d'attachement des parents et des enfants (Van IJzendoorn, 1995). Par conséquent, la prestation de soutien social et de thérapie pour les parents en ce qui concerne leurs propres besoins d'attachement ainsi qu'une concentration sur leur prestation pour les besoins de leur adolescent peuvent être un ajout important aux interventions à l'adresse des adolescents et de leur famille.
  • Il faut appuyer les efforts déployés pour comprendre la valeur de l'attachement pour intervenir auprès des adolescents et de leur famille, pour les échantillonnages normatifs et cliniques. La recherche concentrée sur l'articulation des programmes et l'évaluation de leur efficacité est justifiée.

3. Ressources existantes et besoins à venir

La disponibilité de programmes universels et ciblés pour les adolescents et leur famille varie considérablement entre les provinces et les collectivités. Les ressources communes s'étendent des groupes de parents et de soutien et des groupes communautaires connexes qui ne dépendent pas d'un financement gouvernemental aux services de santé mentale qui sont financés au sein de chaque collectivité. Parfois, des programmes universels médiatisés et financés par les gouvernements sont offerts pour accroître la sensibilisation à des problèmes particuliers (comme les problèmes de consommation de drogues chez les adolescents, de violence et d'intimidation). Il est essentiel de déplacer l'attention et de se concentrer dans les limites des services existants afin de mieux comprendre, connaître et intégrer dans des programmes les problèmes d'attachement des adolescents et des parents. Les chances de réussite sont meilleures grâce aux efforts des gouvernements qui déplacent la concentration des programmes existants et désuets dans des initiatives spéciales (par exemple, une campagne médiatique concentrée sur l'importance des parents tout au long de l'adolescence) ou des programmes spéciaux (par exemple, l'appui de nouveaux programmes ou la restructuration de programmes existants).

Une des préoccupations est que les programmes ont surtout été mis en place pour les jeunes enfants (c'est-à-dire les enfants âgés de moins de 10 ans) et les adolescents plus âgés (de 15 ans et plus). Les interventions pour les plus jeunes enfants se concentrent sur l'acquisition de nouvelles compétences parentales, l'acquisition de nouvelles compétences sociales et l'intervention correctrice en milieu scolaire. Par contre, les interventions pour les adolescents plus âgés se concentrent sur la psychothérapie individuelle, les installations récréatives et sociales (programmes pour les adolescents) et la formation professionnelle. Il existe relativement peu de programmes pour les jeunes adolescents (de 11 à 14 ans). Cela est regrettable en raison des risques documentés associés au passage à l'école secondaire pour les membres de ce groupe d'âge et le fait que la période de la pré-adolescence jusqu'au début de l'adolescence est connue comme une période dangereuse pour l'émergence du trouble des conduites à début tardif. Les programmes pour ce groupe d'âge peuvent être particulièrement rentables en prévenant l'émergence des problèmes fonctionnels de l'adolescent qui s'empirent et placent éventuellement un fardeau important sur les ressources en santé mentale. Comme il a été mentionné précédemment, les programmes universels ciblant l'entrée à l'école secondaire peuvent être très utiles à cet égard. Ce genre de programme pourrait être intégré dans l'orientation de l'école secondaire, exigeant la participation et des parents et des jeunes. Ce programme peut être fourni très efficacement dans l'année de transition précédant l'entrée à l'école secondaire, bien qu'il faille penser à élargir certaines composantes du programme aux premières années de l'école secondaire (par exemple, poursuivre la distribution d'information aux parents et aux adolescents). Un tel programme pourrait être intégré à une visite de l'école secondaire et à une discussion du protocole de l'établissement (attentes) et à ses préoccupations (sécurité). À l'intérieur de ce contexte, on pourrait discuter, entre autres, des questions concernant la transition à l'adolescence et de l'importance du soutien et de la surveillance continus dans les limites de la relation parent-enfant. Une présentation vidéo et la distribution de matériel éducatif (par exemple, des dépliants, des ressources de référence pour les parents et la jeunesse en besoin) pourraient être ajoutées si le temps le permet. Les programmes devraient cibler et les parents et les adolescents à des niveaux appropriés pour assurer un changement dans la façon dont les membres de la famille comprennent la période de l'adolescence et le rôle parental pendant cette période. Les composantes clés de ce programme comprendraient la dissipation des mythes au sujet de l'adolescence, la compréhension des défis de l'adolescence et les transitions dans la relation parent-enfant et mettraient l'accent sur le besoin d'une participation active et continue pour soutenir et surveiller les adolescents.

Il est essentiel que les professionnels de la santé mentale et autres professionnels participant à la prestation de services soient sensibilisés et connaissent les questions d'attachement adolescent-parent et incorporent ces connaissances dans des programmes d'intervention. En ce moment, il y a un manque de personnel bien formé pour voir à l'élaboration du programme et pour former d'autres personnes oeuvrant déjà dans le milieu. La formation est nécessaire non seulement pour l'attachement adolescent-parent, mais aussi pour le développement psychologique de l'adolescent, le rôle parental et les interventions d'attachement avec des personnes et des groupes. Il faut organiser des programmes de formation interne.

La formation devrait être offerte aussi aux nouveaux praticiens dans les programmes de formation appliquée du développement, clinique ou communautaire spécialisés dans l'adaptation de l'adolescent. Des programmes médicaux, de soins infirmiers et de travail social axés sur la médecine familiale, la médecine communautaire et la médecine de l'adolescent ainsi que des programmes en éducation peuvent aussi fournir des contextes pour ce genre de formation. Il faut déployer des efforts pour que ces programmes traitent des questions d'attachement afin que les diplômés, et surtout les praticiens fournissant les services à toute la population (médecins de famille ou généralistes, enseignants), puissent mieux comprendre les besoins de leur clientèle et y répondre.

4. Comprendre l'influence des pairs et des partenaires romantiques

Compte tenu de la transition dans les relations avec la famille et les pairs pendant l'adolescence, il est nécessaire d'avoir des programmes d'éducation parentale soulignant les renseignements importants en matière d'attachement aux pairs et le développement des relations romantiques.

Beaucoup plus de recherche s'impose pour comprendre les transitions dans les fonctions d'attachement à différentes figures ciblées pendant les années de l'adolescence.

5. Le rôle du contexte dans le lien attachement-adaptation

La recherche existante suggère qu'il existe une relation modérée entre l'attachement et l'adaptation pour que la relation entre l'attachement et l'adaptation soit élargie dans les contextes à risque. Bien que la recherche ne suffise pas à tirer avec certitude ce genre de conclusion, une des incidences est que les programmes d'intervention pour favoriser l'attachement sain entre l'adolescent et le parent devraient cibler des familles de contextes à risque élevé. On devrait effectuer ce genre d'interventions dans des centres de santé communautaire ou dans des écoles situées dans des secteurs à faible revenu.

V. Résumé des l' orientation de la recherche

  • Étant donné les changements normatifs au comportement d'attachement avec les parents au milieu de l'enfance et pendant l'adolescence, il faut poursuivre la recherche pour déterminer la façon dont se manifestent les différences qualitatives dans l'attachement adolescent-parent pendant l'adolescence. Par exemple, nous n'avons pas établi de mesures d'autodéclaration pour les périodes de la mi-enfance et de l'adolescence pour les différents modèles d'attachement précaire, malgré la réussite des mesures d'autodéclaration dans d'autres domaines (par exemple, l'autoconcept, le style parental) avec ce groupe d'âge. Ainsi, il semble que les pointages préoccupés des enfants de cinquième année sur le Coping Strategies Questionnaire (Finnegan et al., 1996) ont un rapport positif plutôt que négatif avec les instruments de mesure de la profondeur de l'attachement (Karavasilis et al., 1999; Mayseless, communication personnelle, 28 juillet 1999). La majorité de la documentation sur les enfants de ce groupe d'âge est fondée sur des études longitudinales d'enfants classés par la situation étrange en tout bas âge ou au début de l'enfance. Le travail d'entrevue (entre autres, Bartholomew, Moretti et Kobak) a élargi les mesures élaborées d'abord chez les adultes, mais ces mesures d'entrevue n'ont pas été généralement utilisées dans des études d'adaptation.
  • La recherche sur le déplacement du développement dans les fonctions d'attachement des parents vers les partenaires romantiques n'a pas évalué les adolescents manifestant des différences qualitatives dans la profondeur d'attachement.
  • Il faut poursuivre la recherche sur les mesures d'autodéclaration, d'entrevue et d'observation de l'attachement chez les adolescents et leurs parents pour évaluer la façon dont les différences développementales et qualitatives sont reliées à l'adaptation.
  • Ce genre de recherche doit aussi incorporer une approche à plusieurs méthodes de mesure d'attachement et d'adaptation, incorporant des mesures de différents informants (Ge, Best, Conger et Simons, 1996), pour éviter les associations gonflées par une méthode de variance partagée.
  • Il faut aussi poursuivre la recherche développementale qui prend en considération la différence qualitative de l'attachement, comme il est souligné dans la section III 4, pour examiner l'incidence des nouvelles figures d'attachement (proches amis, partenaires romantiques) sur la relation parent-enfant, notamment le degré auquel le parent est recherché pour remplir des fonctions d'attachement (proximité, base sûre, estime de soi, refuge sûr, etc.). Le travail réalisé sur des adultes (Fraley et Davis, 1997; Trinke et Bartholomew, 1997) touche à l'importance et à la complexité de ces travaux dans le contexte développemental.
  • Il faut aussi poursuivre la recherche pour évaluer si un style d'attachement généralisé, propriété assez stable de la personne, se développe pendant l'adolescence ou si l'attachement de l'adolescent est surtout une réflexion des qualités des relations continues d'attachement (Allen et Land, 1989). Ce genre de recherche, expliquant le raffinement des mesures disponibles, doit évaluer la qualité de l'attachement à différentes figures ciblées, aux parents, aux amis et aux partenaires romantiques. Il faut en fin de compte effectuer des études longitudinales comprenant des mesures d'attachement et de contexte préliminaires et concurrentes. Dans ce genre de recherche, il est surtout important de prendre simultanément en considération les différences qualitatives dans le style parental à long terme (Ge et al., 1996) et dans les changements de développement dans l'interaction adolescent-parent (Fuligni et Eccles, 1993). Ce genre de recherche s'impose pour planifier les cibles les plus efficaces et le calendrier des interventions dans l'intention d'améliorer les relations d'attachement des adolescents avec leurs parents.
  • Le recherche existante sur la stabilité de l'état d'attachement (seulement 70 % de stabilité sur une période de plusieurs mois) suggère actuellement un potentiel considérable d'interventions pendant l'adolescence conçues pour favoriser un attachement plus profond. Il est pleinement justifié de poursuivre la recherche concernant les déterminants de stabilité et de changement dans l'attachement de l'adolescent, surtout sur le degré auquel le changement est possible dans les limites du contexte d'une relation parent-adolescent continue par rapport au contexte de nouvelles relations. Ce genre de connaissances est essentiel à la conception de programmes d'intervention pour favoriser un attachement sain et une adaptation saine pour l'adolescent.
  • Ce genre de recherche doit comprendre une vaste gamme de classes sociales, de structures familiales et d'origines ethniques, des pères et des mères ainsi que des garçons et des filles. La taille de l'échantillonnage doit être convenable pour permettre des analyses statistiques valables à l'intérieur de sous-groupes pour évaluer la généralisabilité de tout le sous-groupe.
  • Il faut appuyer les efforts déployés pour comprendre la valeur de l'attachement pour une intervention auprès des adolescents et de leur famille, pour un échantillonnage normatif et un échantillonnage clinique. La recherche concentrée sur l'articulation des programmes et l'évaluation de leur efficacité est essentielle.
    • Une recherche suffisante a été effectuée pour justifier d'autres étapes visant une orientation universelle vers le genre de programme d'école secondaire susmentionné. Il faut poursuivre les travaux de développement de programmes pour préciser les composantes de l'intervention. Cette initiative peut comprendre la sélection préliminaire des attitudes des parents et des adolescents envers l'adolescence et la relation parent-adolescent pour déterminer les secteurs clés des besoins en éducation. Une évaluation formelle du programme demanderait une mise à l'essai de l'incidence du programme sur les connaissances et le comportement du rôle parental et sur les attitudes et l'adaptation des adolescents fréquentant les écoles ciblées par rapport aux écoles n'offrant pas ce genre de programme.
    • Pour ce qui est de l'évaluation des interventions cliniques, bien que certains praticiens et centres utilisent actuellement une théorie de l'attachement pour orienter la pratique clinique, il faut poursuivre les travaux pour articuler clairement les composantes de ces programmes et préparer les manuels de traitement, après quoi la recherche peut alors être concentrée sur l'évaluation de l'efficacité de ce genre de programmes à l'intérieur de populations particulières (par exemple, les adolescents agressifs, les adolescents souffrant de dépression ou d'anxiété). L'efficacité sera mieux évaluée à l'aide de méthodes d'évaluation comparative (par exemple, l'intervention d'attachement comparée à d'autres formes d'intervention) et d'approches qualitatives (par exemple, des études de cas).

Résumé : Recommandations pour la recherche à venir

  • Élaborer et valider des mesures d'autodéclaration, d'observation ou d'entrevue fondées sur des mesures de l'attachement pour les adolescents.
  • Préciser les déterminants de la stabilité et du changement dans l'attachement de l'enfance à l'adolescence et de l'adolescence à l'âge adulte.
  • Enquêter sur les transitions dans les fonctions d'attachement des parents, des pairs et des partenaires romantiques du début de l'adolescence au début de l'âge adulte.
  • Documenter l'émergence des représentations d'attachement généralisées par rapport aux représentations d'attachement différenciées du début de l'adolescence au début de l'âge adulte.
  • Enquêter sur les facteurs du rôle parental pertinents aux déplacements de l'attachement profond à l'attachement précaire par rapport à celui de l'attachement précaire à l'attachement profond pendant l'adolescence.
  • Examiner les facteurs de médiation et de modération en matière de relation entre l'attachement et le fonctionnement de l'adolescent au début de l'âge adulte (c'est-à-dire la pauvreté, une psychopathologie parentale, les relations avec les pairs, la réussite scolaire).
  • Élaborer et évaluer les programmes universels et ciblés qui se concentrent sur l'attachement, les relations familiales et l'adaptation pendant l'adolescence.

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