Attitude des parents vis-à-vis les blessures infantiles non intentionelles
Préparé pour l'Unité de la santé de la famille et de l'enfance (maintenant, la Division de l'enfance et de l'adolescence), par SAGE Research Corporation
Les opinions exprimées dans ce rapport sont celles des auteurs et
ne reflètent pas nécessairement les points de vue officiels de l'Agence de santé publique du Canada ou de Santé Canada.
Also available in English under the title: Parental Attitudes Toward
Unintentional Childhood Injuries.
© Ministre des Approvisionnements et Services Canada 1996 N° de cat
: H39-358/1996F ISBN 0-662-80942-4
PRÉFACE
La prévention des blessures infantiles est l'un des principaux champs
d'action de l'Initiative pour le développement de l'enfant qui vise à
réduire les conditions de risque auxquelles font face les enfants canadiens
en bas âge. La présente étude est l'un des nombreux projets réalisés dans
le cadre de cette Initiative. Si la prévention des blessures constitue
une priorité en matière de santé , on sait bien peu de choses des connaissances
et attitudes parentales en ce qui a trait à la prévention des blessures
chez leurs enfants. La présente étude vient combler cette lacune et les
renseignements qu'elle contient aideront à élaborer des programmes et
des politiques efficaces en matière de prévention.
De nombreuses personnes ont participé à cette étude et nous tenons à
souligner leur contribution.
Nos remerciements s'adressent notamment aux intervenants dévoués qui,
d'un bout à l'autre du pays, nous ont aidés à recruter des parents pour
participer à l'étude. Plusieurs de ces intervenants ont également pris
part aux groupes de discussion.
Nous remercions également l'équipe de professionnels qui a créé les outils
de recherche, animé les groupes de discussion et analysé les données ;
il s'agit, en l'occurrence, d'Anita Pollak, de Barbara Morrongiello et
de leurs collègues associés à la Sage Research Corporation.
Pour l'élaboration du projet, nous tenons à remercier Hélène Bleau, Vicki
Rutledge et Greg Vickers du Service de la publicité et des sondages, Travaux
publics et Services gouvernementaux Canada.
Plusieurs employées de l'Unité de la santé de la famille et de l'enfance
ont pris part aux différentes étapes du projet. Nous remercions notamment
Sally Lockhart, Margo Craig Garrison, Debbie Hull et Marie Labrèche.
Enfin, nous tenons à exprimer notre gratitude aux parents qui ont participé
à cette étude et qui ont généreusement accepté de partager leur expérience
en matière de prévention des blessures infantiles.
Si la prévention des blessures infantiles vous intéresse, nous vous suggérons
les documents de référence ci-dessous, que les membres du Réseau canadien
de la sécurité infantile ont préparés dans le cadre de l'Initiative pour
le développement de l'enfant.
- Le Répertoire des programmes et chercheurs - Prévention des traumatismes
chez les enfants/jeunes contient une liste exhaustive de programmes
et de chercheurs d'un bout à l'autre du Canada. On peut l'obtenir auprès
du Réseau canadien de la sécurité infantile, sur le service national RCSI en direct. Comme le nombre d'intervenants en matière de
prévention des blessures ne cesse de croître, RCSI en direct procède
régulièrement à une mise à jour de la liste.
- Pour commander des exemplaires du Répertoire canadien des sources
de données relatives à la prévention des blessures infantiles, on
doit s'adresser à l'Injury Prevention Centre d'Edmonton. Ce document
non technique dresse la liste des sources de données canadiennes pertinentes
en matière de prévention des blessures infantiles.
- La santé des enfants du Canada - Profil réalisé par l'ICSI, 2e édition, présente un résumé statistique des tendances générales
en matière de santé et de maladies, surtout en ce qui touche aux blessures
infantiles. On peut se procurer ce document auprès de l'Institut canadien
de la santé infantile.
Lorie Root
Unité de la santé de la famille et de l'enfance
TABLE DES MATIERES
CONTEXTE ET BUT
METHODE
SOMMAIRE EXECUTIF
CONCLUSIONS
RÉSULTATS DÉTAILLÉS
Sommaire des données du questionnaire
Sommaire des données des scénarios
Résultats du groupe de discussion
RÉFÉRENCES
CONTEXTE ET BUT
Malgré les réductions considérables des décès liés aux blessures depuis
les 20 dernières années, plus d'enfants canadiens décèdent par suite de
blessures non intentionnelles que de toutes les maladies infantiles combinées.
En 1990, les blessures non intentionnelles ont compté pour plus de 60
% de tous les décès d'enfants et de jeunes de 1 à 19 ans. La prévention
des blessures se situe au premier rang des préoccupations de santé pour
tous les enfants canadiens, mais nous ne comprenons qu'en partie les raisons
pour lesquelles les risques de blessures ne sont pas les mêmes parmi certains
groupes de la population.
Les données existantes indiquent que les enfants autochtones et ceux
qui vivent dans les quartiers où les revenus sont les plus faibles courent
les plus grands risques de décéder par suite de leurs blessures. Cependant,
il est important de prendre note que la condition socioéconomique en soi
n'est pas directement en corrélation avec les taux de blessures une fois
que les variables enfant et parent ont été séparées (Matheny, 1980, 1986).
La condition socioéconomique est plutôt considérée comme une variable par procuration qui sert à signaler la probabilité accrue d'autres
caractéristiques présentes au domicile qui prédisposent les enfants à
se blesser. Tout particulièrement, il est plus probable que des enfants
se blessent lorsqu'il y a :
- de la confusion, de la désorganisation et des degrés élevés de bruit
(Matheny, 1986,1987)
- une prédominance d'interactions dysfonctionnelles et un manque de
soutien social pour les parents (Plionis, 1977), et
- des conflits conjugaux, un manque de cohésion et un manque de règlements
pour les enfants (Langley et autres, 1983).
Il existe aussi des différences aux niveaux du sexe et des régions. Les
garçons décèdent par suite de blessures d'enfant non intentionnelles à
environ deux fois le nombre des filles pour tous les âges de plus de deux
ans. Les raisons de ces différences de sexe au niveau des blessures ne
sont pas bien comprises. Les enquêteurs attribuent souvent ces différences
de sexe aux différences de comportement, comme le niveau accru d'activités
(Eaton, 1989) et le caractère impulsif (Manheimer et Mellinger, 1963)
chez les garçons, qui entraînent apparemment les garçons à courir plus
de risques de se blesser. Cependant, une incidence plus élevée de blessures
subies par les garçons que les filles se distingue dans presque toutes
les catégories de blessures, même celles qui ne sont pas très susceptibles
de se rapporter au niveau d'activité (par ex., les empoisonnements). De
plus, au niveau statistique du contrôle des risques, on observe toujours
cette différence de sexe (Routledge et autres, 1974). Bref, nous n'avons
pas d'aperçus clairs qui pourraient expliquer la raison pour laquelle
les garçons ont plus de blessures - et des blessures plus graves - que
les filles. Une des collaboratrices à ce projet, Barbara Morrongiello,
participe à un programme de recherche visant particulièrement à déterminer
les facteurs qui contribuent au nombre plus élevé de blessures chez les
garçons que chez les filles. Des comparaisons régionales faites d'un bout
à l'autre du pays indiquent également que les territoires détiennent des
taux de blessures infantiles beaucoup plus élevés que la moyenne nationale.
Les blessures que les enfants subissent comprennent les brûlures, les
ébouillantages et les empoisonnements au domicile, les chutes, la noyade,
les collisions impliquant les bicyclettes et les véhicules automobiles;
ces blessures sont aussi diverses que les organismes intéressés à les
contrôler. Les Canadiens et Canadiennes travaillent activement à protéger
les enfants contre la mortalité de la morbidité liées aux blessures par
le biais de campagnes de sensibilisation du public, d'éducation sur la
santé , des lois, des normes de protection des consommateurs et de la recherche.
La prévention des blessures est devenue une priorité pour plusieurs organismes
non gouvernementaux, éducateurs, chercheurs, membres des secteurs bénévoles
et des entreprises, et pour les gouvernements fédéral, provinciaux/territoriaux
et municipaux.
La Direction de la santé de la population travaille étroitement avec
des partenaires afin d'aider à accroître la capacité des intervenants
participant aux programmes et à la recherche sur la prévention des blessures
d'un bout à l'autre du pays. Sous les auspices de l'Initiative du développement
de l'enfant, l'Unité de la santé de la famille et de l'enfance se concentre
sur la mise en oeuvre des principes de promotion de la santé dans les
programmes de prévention des blessures, la mobilisation communautaire
et l'amélioration de la collecte des données. De nombreux projets ont
été exécutés avec les partenaires qui sont membres du Réseau canadien
de la sécurité infantile. Ce réseau a été créé , avec le concours de Santé Canada, dans le but d'améliorer la communication et la collaboration parmi
les intervenants en prévention des blessures infantiles qui représentent
le gouvernement, la communauté et les secteurs d'entreprises.
Une étude s'est avérée nécessaire auprès de parents d'enfants de un à
six ans afin d'explorer la sensibilisation, les attitudes, les perceptions
des parents quant à leur rôle et à leurs actions dans la prévention des
blessures non intentionnelles chez les enfants.
Les résultats qui reviennent peut-être le plus souvent dans l'étude sur
les attitudes et les méthodes des parents relativement à la prévention
des blessures infantiles confirment qu'ils surestiment les capacités de
leurs enfants à agir de manière sécuritaire et les connaissances de leurs
enfants sur la façon d'affronter les situations d'urgence (p. ex., Rivara
et autres, 1989). Si nous portons plus loin ces résultats, les parents
peuvent supposer à tort que les enfants peuvent eux-mêmes agir pour éviter
les blessures et que le rôle des parents dans la prévention des blessures
chez les enfants est minime. En outre, les parents peuvent démontrer une
mauvaise connaissance des pratiques de sécurité pour les enfants (p. ex.,
Halperin et autres, 1989; Hsu et autres, 1991). À la lumière de ces résultats,
nous avons incorporé , dans cette étude, des mesures pour explorer les
aspects des connaissances des parents au sujet des pratiques de sécurité pertinentes aux enfants de un à six ans, ainsi que leurs attentes au niveau
des capacités de leurs enfants à rester hors de danger et leurs attentes
sur leur propre rôle à l'égard de la prévention des blessures infantiles.
En s'inspirant des théories qui se sont avérées pertinentes aux comportements
à risque des adultes (Modèle des convictions sur la santé — Janz
et Becker, 1984; Théorie du comportement planifié — Azjen, 1991),
nous avons également incorporé des mesures pour évaluer la connaissance
des parents de la portée du problème, leurs convictions au sujet de la
vulnérabilité personnelle de leurs enfants aux blessures, leurs convictions
que les blessures puissent se prévenir, et jusqu'à quel point ils se sentent
prêts à réduire les risques de blessures chez les enfants dans nombre
de contextes pertinents au groupe d'âge cible (domicile par rapport à
voiture par rapport à piéton par rapport à terrain de jeu).
Dans la documentation relative aux facteurs qui influent sur les décisions
des adultes en matière de santé , il est évident que la connaissance du
risque en général n' est pas suffisante pour faire changer le comportement
de plusieurs adultes. L'essentiel, plutôt, est que la personne croie qu'elle
est elle-même vulnérable dans la situation en question, que le fait d'agir
pourrait régler la situation, et qu' elle a les moyens d'agir. Dans l'étude
présente, nous avons examiné le fait qu'il se pourrait que les parents
comprennent la portée du problème et aient suffisamment de connaissances
en méthodes de sécurité , mais qu'ils résistent à accepter le fait que
leur enfant soit personnellement vulnérable aux blessures et, par conséquent,
qu'ils n'agissent pas conformément à ces connaissances. En fait, dans
la documentation des adultes, une telle « inclination à l'optimisme »
est bien documentée et est reconnue comme un obstacle au changement des
comportements à risque pour la santé (DeJoy, 1989). On a évalué dans cette
étude jusqu'où les parents maintiennent une inclination à l'optimisme
pour ce qui est de la sécurité de leurs propres enfants.
L'approche s'attache aussi à mettre en lumière les gestes que les parents
disent poser pour réduire les risques de blessures infantiles; elle incorpore
également les opinions des parents quant aux meilleures stratégies de
prévention. La documentation indique que lorsque l'on demande aux parents
d'énumérer des stratégies efficaces de prévention, ils (particulièrement
ceux de faible niveau socioéconomique) parlent souvent en termes vagues,
comme « faire plus attention »; ils ne peuvent pas (ou ne veulent pas)
exprimer clairement ce que cela pourrait signifier du point de vue des
comportements (p. ex., Eichenberger et autres, 1990). En gardant ceci
à l'esprit, particulièrement auprès des groupes à nombre élevé de blessures
où les parents peuvent être tout spécialement réticents à discuter des
choix risqués qu'ils ont faits, nous avons planifié une approche différente
pour recueillir l'information sur la connaissance du risque par les parents
et d'autres choix de comportements qu'ils pourraient faire afin de réduire
le risque de blessures chez les enfants. Nous avons tout particulièrement
utilisé une discussion basée sur un scénario pour une partie du
groupe de discussion.
En nous servant de techniques de discussion plus conventionnelles, nous
avons également exploré la connaissance des parents au sujet des sources
d'information (y compris les ressources communautaires, telles que les
organismes qui louent des sièges de voiture), leurs idées sur ce qui pourrait
être fait (par eux-mêmes, la communauté immédiate, le gouvernement) pour
réduire le risque des blessures chez les enfants et les barrières qu'ils
voient comme entravant la création d'environnements sécuritaires pour
leurs propres enfants.
Les objectifs particuliers de l'étude étaient les suivants :
- À quel point les parents sont-ils conscients du risque de blessures
infantiles comparativement aux maladies infantiles?
- Les parents croient-ils que l'on peut prévenir les blessures chez
les enfants? Les parents pensent-ils qu'ils ont suffisamment d'information
pour prévenir les blessures?
- Quelle autre information recherchent-ils?
- Quelles sont les attitudes des parents face à la prévention des blessures
infantiles et comment perçoivent-ils leur rôle?
- Que font les parents pour réduire au minimum les risques de blessures
chez leurs enfants?
- Quels sont les obstacles/difficultés auxquels les parents font face
pour assurer des environnements sécuritaires pour leurs enfants?
- Quelles sont les sources d'information sur la prévention destinées
aux parents? Lesquelles les poussent à changer leur environnement ou
leur comportement?
- Selon les parents, quelles sont les meilleures stratégies pour prévenir
les blessures infantiles? Les stratégies sont-elles conformes au message
qui est présentement communiqué par les intervenants en prévention des
blessures?
MÉTHODE
DESCRIPTION
Quatorze groupes de discussion, au total, se sont rencontrés entre le
23 mars et le 19 avril 1995. Ils se composaient de Canadiens et Canadiennes
« du grand public », d'Autochtones et de Métis (dans ce rapport, nous
désignerons ces deux groupes par le nom Autochtones), de personnes des
Indes orientales et d'origine chinoise. Les participants à l'étude satisfaisaient
aux critères suivants :
- ils ont au moins un enfant âgé de un à six ans;
- la majorité des participants n'avaient pas poursuivi leurs études
au-delà de l'école secondaire et(ou) leur revenu familial était inférieur
à 30 000 $ (Remarque : le revenu familial des immigrants chinois était
de 35 000 $ ou moins).
Ont été exclus de l'étude les candidats qui :
- avaient eu un enfant qui soit était décédé , soit avait été hospitalisé par suite d'une blessure, ou avaient subi une blessure grave au cours
des trois derniers mois ayant nécessité un traitement médical ou dentaire;
- travaillent dans l'un des domaines suivants : établissement de soins
de santé ou de soins des enfants; marketing ou publicité ; étude de marché ,
médias;
- avaient participé à un groupe de discussion au cours des six derniers
mois ou avaient déjà assisté à une discussion de groupe sur un sujet
se rapportant aux blessures infantiles.
Dans chacun des groupes, nous avons ciblé une représentation égale de
parents de garçons et de filles ainsi qu'un bon échantillon de personnes
selon les critères suivants :
- occupation et situation de travail;
- état civil;
- composition familiale;
- âge (à la fois âge des parents et âge(s) de l'enfant (des enfants)).
Les critères de qualification suivants ont été ajoutés pour les participants
des Indes orientales et d'origine chinoise :
Indes orientales :(effectuée en anglais) |
- des parents venant du Punjab, du Pakistan, du Sri Lanka et
d'Afrique de l'Est
- ayant immigré au Canada entre 1987 et 1995, sans séjour aux
É.-U. ni en G.-B.
|
Immigrants chinois :(effectuée en cantonais; interprétation simultanée
pour les observateurs) |
- venant de Hong Kong et ayant immigré au Canada en 1987 ou ultérieurement.
|
Les 14 groupes se présentaient comme suit :
|
Endroit |
Genre |
« Grand public » (7) |
- Renfrew (Ont.)
- Bay Roberts (T.-N.)
- Battleford (Sask.)
- Deauville, (Qc) (français)
- St. John' s (T.-N.)
- Winnipeg (Man.)
- Montréal (Qc)
|
- Rural
- Rural
- Rural
- Rural
- Urbain
- Urbain
- Urbain
|
Autochtones (5) |
- Vancouver (C.-B.)
- Yellowknife (T.N.-O.)
- Winnipeg (Man.)
- Battleford (Sask.)
|
- Urbain - hommes seulement
- Urbain - 1 homme seulement;
- 1 femme seulement
- Urbain -femmes seulement
- Rural -femmes seulement
|
Indes orientales (1) |
Vancouver (C.-B.) |
Urbain |
Immigrants chinois (1) |
Toronto (Ont.) |
Urbain |
Les répondants ont été recrutés par téléphone à l'aide d'une combinaison
de techniques -recrutement au hasard et références, particulièrement dans
le cas des groupes autochtones et des Indes orientales.
Des honoraires de 50 $ ont été versés à tous les participants.
MARCHE À SUIVRE
Chacune des séances a duré entre deux heures et deux heures et demie
et se composait des trois parties suivantes :
- questionnaire à remplir soi-même;
- discussion des scénarios « à risques »;
- discussion des questions connexes à la prévention des blessures chez
les enfants.
Questionnaire à remplir soi-même
Le questionnaire à remplir soi-même a été conçu de façon à évaluer les
connaissances, les attitudes et les convictions des parents relativement
aux risques de blessures chez les enfants et à évaluer les méthodes de
prévention des blessures utilisées par les parents.
L'inclusion de cette composante avait pour but « d'utiliser au maximum
» la quantité d'information qui pourrait être recueillie des participants
d'une manière économique au point de vue du temps. De plus, nous avons
jugé qu'il y avait certains genres d'information pouvant être recueillis
plus facilement dans cet encadrement privé et confidentiel que dans une
discussion de groupe (p. ex., l'évaluation de toute « inclination à l'optimisme
» dans le jugement des parents au sujet du risque de blessures chez leurs
propres enfants comparativement à d'autres enfants de leur âge).
Veuillez prendre note que les données recueillies au moyen de ce questionnaire
ne sont pas statistiquement « prévisibles » dans le sens technique puisqu'elles
ont été recueillies dans un environnement « qualitatif ». Néanmoins, les
données fournissent un contexte important pour comprendre et préciser
la discussion dans les groupes. De plus, puisque le questionnaire est
rempli par le(la) répondant(e) avant toute discussion de groupe, il peut
validement rendre compte des résumés de tous les groupes.
Discussion des scénarios risqués
Six scénarios au total ont été élaborés pour l'étude. Chacun comprenait
une histoire très courte qui décrivait un événement mettant en cause un
enfant et un des parents. L'histoire de chacun des scénarios présentait
une situation de risque de blessures pertinente aux enfants de 1 à 6 ans
et un choix risqué fait par le parent. On a demandé aux participants de
se transporter dans cette situation et de discuter de questions telles
que :
- Pourquoi la mère ou le père a-t-elle(il) fait ce choix? Qu'est-ce
que le parent aurait pu faire plutôt? Pourquoi le parent n'a-t-il pas
fait l'un de ces autres choix? À qui reviendrait la faute si l'enfant
s'était blessé ?
- Quelle aurait vraisemblablement été la gravité de la blessure ? (spécialement
instructif pour les groupes ciblés puisqu'ils pourraient ne pas se rendre
compte de la gravité des blessures qui pourraient en résulter)
- Jusqu'à quel point le genre de choix fait par le parent est-il courant?
(une bonne mesure indirecte de leur propre probabilité de faire ce choix)
- De quelle façon devrions-nous essayer de sensibiliser les parents
aux risques des choix qu'ils font?
Cette approche a été utilisée dans le but d'explorer indirectement les
attitudes des parents sur leurs comportements relatifs aux questions de
sécurité /blessures infantiles c.-à-d., réduire les réponses « socialement
désirables » en permettant aux participants de discuter de leurs opinions
à la troisième personne. Cette approche indirecte a encouragé la
discussion sur la raison pour laquelle une mère ou un père pourrait se
comporter de manière risquée sans que les participants ne se préoccupent
de présenter l'image « d'une mauvaise mère ou d'un mauvais père » aux
autres participants.
Chacun des six scénarios est décrit ci-dessous :
Scénario n° 1 - Poison
La mère ou le père, à genoux sur le plancher de la cuisine, nettoie l'extérieur
du réfrigérateur avec un nettoyant en vaporisateur qui est toxique. Un
enfant de deux ans et demi, qui joue avec des jouets, est assis à côté de la mère ou du père. De temps en temps, l'enfant fait rouler une balle
sur le vaporisateur pour le faire tomber et crie de plaisir quand le parent
remet la bouteille debout.
Le téléphone se met à sonner dans la pièce adjacente. La mère ou le père
pose le chiffon et le nettoyant sur le plancher de la cuisine et vient
prendre la main de l'enfant. L'enfant crie parce qu'il veut continuer
à jouer. La mère ou le père laisse l'enfant jouer et se dépêche d'aller
répondre au téléphone dans la pièce adjacente. La bouteille de nettoyant
est toujours sur le plancher.
Scénario n° 2 - Chutes
La mère ou le père d'un enfant de deux ans et demi place un gâteau sur
le comptoir de la cuisine. L'enfant supplie le parent de lui faire voir
le gâteau. La mère ou le père soulève l'enfant pour lui montrer le gâteau
et lui faire goûter au glaçage. La mère ou le père dépose ensuite l'enfant
par terre et quitte la cuisine pour répondre à la sonnette de la porte.
L'enfant tire une chaise et essaie de monter sur le comptoir pour atteindre
le gâteau.
Scénario n° 3 - Étouffement
Une mère ou un père est en train de payer des factures pendant qu'un
bébé de 14 mois joue sur le plancher avec des jouets. Son frère plus âgé et l'ami de ce dernier arrivent et demandent à la mère ou au père s'ils
peuvent jouer aux billes dans la pièce. La mère ou le père accepte, mais
leur dit de jouer à l'autre bout de la pièce, loin de l'enfant qui joue.
Sans que les garçons ni la mère ou le père ne s'en rendent compte, une
des billes roule et s'arrête en face du bébé .
Scénario n° 4 - Brûlures
Une mère ou un père est assis(e) et boit une tasse de café chaud. Un
enfant de deux ans et demi commence à pleurnicher et à crier parce qu'il
veut s'asseoir sur ses genoux. La mère ou le père laisse l'enfant s'asseoir
sur ses genoux et continue à boire le café chaud. Lorsque l'enfant fait
tomber son jouet et que la mère ou le père tend le bras pour le ramasser
sur le plancher, l'enfant tend la main vers la tasse de café chaud.
Scénario n° 5 - Noyades
Un enfant de deux ans et demi joue dans la baignoire. L'enfant se met
à pleurer pour avoir son jouet de bain favori qui a été laissé au second
étage. La mère ou le père dit à l'enfant de rester assis dans la baignoire
et se dépêche d'aller chercher le jouet à l'étage.
Scénario n° 6 - Véhicule automobile
La mère ou le père d'un enfant de cinq ans et demi conduit sur une distance
d'environ six pâtés de maisons pour se rendre à l'épicerie locale chercher
du lait. L'enfant refuse de rester assis avec sa ceinture de sécurité bouclée. La mère ou le père accepte de laisser l'enfant s'asseoir sur
la banquette arrière sans ceinture de sécurité , après que l'enfant lui
a promis de rester assis et de ne pas sauter dans la voiture.
Dans les groupes, les participants ont discuté de trois différents scénarios.
Les situations nos 1 et 2 ont été présentées dans tous les
groupes, sauf parmi les femmes autochtones à Winnipeg. Un troisième scénario
a été passé d'un groupe à l'autre afin d'assurer que tous les différents
genres de dangers soient discutés.
Toutes les séances ont été enregistrées sur cassettes audio et quelques-unes,
sur vidéocassettes. Aucune des séances des groupes autochtones n'a été filmée sur vidéocassette.
ORGANISATION DU RAPPORT
Le rapport est divisé en cinq sections principales :
- sommaire exécutif;
- conclusions;
- résultats en fonction du questionnaire à remplir soi-même;
- résultats en fonction des discussions liées aux scénarios - les résultats
pour chacun des scénarios sont présentés individuellement et suivis
d'une discussion des thèmes et découvertes communs pour tous les scénarios;
- résultats du groupe de discussion.
SOMMAIRE EXÉCUTIF
BLESSURES EN TANT QUE MENACE À LA SANTÉ DES ENFANTS
Les parents de condition socioéconomique faible qui ont participé à cette
étude n'étaient généralement pas au courant que les blessures sont la
cause numéro un des décès chez les enfants. De plus, près du quart des
participants ont démontré une inclination à l'optimisme, c'est-à-dire
une conviction que leur enfant était moins susceptible
de se blesser que les autres enfants.
Ces résultats, considérés dans l'ensemble, suggèrent qu'une préoccupation
réelle au sujet des blessures infantiles et la conscience de l'importance
de cette menace pour la santé de leurs enfants ne sont pas bien établies
parmi ces parents.
ON PEUT PRÉVENIR LES BLESSURES INFANTILES - ATTITUDES
Les participants ont généralement appuyé les affirmations indiquant que
les parents pourraient faire beaucoup pour réduire la probabilité des
blessures infantiles et que ces dernières peuvent se prévenir assez facilement.
Cependant, les Autochtones étaient moins certains du contrôle qu'ils pourraient
exercer sur la prévention des blessures infantiles comparativement aux
attitudes exprimées par les groupes du grand public (courant dominant).
Ces résultats suggèrent que la plupart des parents conceptualisaient
les « blessures » non comme des « accidents » qui sont incontrôlables
mais plutôt comme des événements négatifs sur lesquels ils peuvent exercer
un certain contrôle. Cependant, les parents ont clairement exprimé que
:
- la supervision constante des enfants par les parents, reconnue comme
une façon de réduire les blessures infantiles, n'était pas une attente
réaliste. Par conséquent, les enfants seraient toujours exposés
à certains risques de se blesser;
- les caractéristiques individuelles de l'enfant influaient sur la probabilité de blessures chez les enfants presque sans égard à ce que les parents
faisaient pour prévenir les blessures et superviser les enfants;
- les risques que courent les enfants et les blessures qu'ils subissent
étaient des aspects du jeu qui se produisent naturellement (c'est-à-dire
que les risques dans ce contexte étaient d'une certaine façon moins modifiables que les risques dans des contextes où les enfants
ne jouent pas).
Ainsi, bien que la plupart des parents aient été d'avis que l'on pouvait
assez aisément prévenir les blessures infantiles, si les parents faisaient
les efforts en ce sens, ils reconnaissaient d'emblée que :
- les enfants se blesseront en jouant, certains plus
que d'autres, tout dépendant des caractéristiques individuelles de l'enfant,
et
- qu'il était légitime que l'on ne s'attende pas à ce que les parents
fassent une supervision constante des enfants, les exposant ainsi à
certains risques de se blesser.
CONNAISSANCE DES QUESTIONS DE SÉCURITÉ PERTINENTES AUX
BLESSURES INFANTILES
Les parents étaient au courant des genres de blessures qui
pourraient survenir à différents âges. Cependant, en général, les parents
n'étaient pas très bien informés des sources de blessures
fréquentes à différents âges.
Les parents étaient d'avis que le degré de risque dans
une situation était déterminé , en partie, par les caractéristiques individuelles
de l'enfant, telles que :
- le niveau de développement de l'enfant en question
- les attributs de personnalité d'un enfant
- le sexe de l'enfant, dans une mesure plus limitée.
La plupart des participants avaient l'impression qu'ils avaient suffisamment
de connaissances avec lesquelles ils pouvaient agir pour prévenir les
blessures à leurs enfants. Cependant, les parents « du grand public »
vivant dans les centres urbains se sentaient moins certains d'avoir suffisamment
de connaissances pour prévenir ces blessures comparativement aux parents
« du grand public » vivant dans les régions rurales.
Les parents n'ont pas identifié de lacunes particulières dans leurs connaissances
et ils n'ont pas mentionné le besoin d'avoir de l'information particulière.
Néanmoins, lorsqu'on leur a spécifiquement demandé de répondre à la question
portant sur les genres d'information qui pourraient être les plus utiles
pour eux, ils étaient davantage intéressés à obtenir de l'information
sur la façon de réduire les blessures à différents âges qu'à obtenir de
l'information sur les genres de blessures communes à différents âges.
Environ le quart des répondants étaient également intéressés à la formation
gratuite en premiers soins.
En ce qui a trait aux sujets particuliers sur la sécurité , les participants
ont obtenu uniformément des notes élevées sur les mesures liées à la sécurité automobile et piétonne du fait qu'ils reconnaissaient l'importance :
- d'utiliser des sièges de sécurité pour les jeunes enfants;
- de superviser les enfants d'âge préscolaire qui traversent les rues;
- de superviser étroitement les enfants qui commencent à marcher puisqu'ils
pourraient courir dans la rue.
Néanmoins, la discussion des répondants relativement au scénario du siège
de voiture a montré que les parents n'agissaient pas de
façon constante avec la sécurité automobile en tête. Les parents étaient
particulièrement prêts à envisager de ne pas insister auprès de l'enfant
pour qu'il boucle sa ceinture de sécurité , tout dépendant des demandes
et circonstances immédiates (p. ex., la distance et la vitesse du déplacement,
le degré de résistance de l'enfant). Ainsi, la connaissance des règlements
de sécurité à observer (p. ex., toujours boucler la ceinture de sécurité )
n' a pas nécessairement eu une influence directe sur ce qui était, selon
les parents, des pratiques acceptables à suivre dans des situations réelles.
CONVICTIONS RELATIVES AUX INFLUENCES SUR LES COMPORTEMENTS À
RISQUE ET DE PRUDENCE DES ENFANTS
Les parents appuyaient les affirmations selon lesquelles les enfants
apprennent à reconnaître une situation risquée en fonction
de ce que les adultes leur montrent et par leur propres expériences quotidiennes
(p. ex., se blesser, observer les autres qui se blessent). Ils n'étaient
pas d'accord pour dire que les enfants naissent avec un sens inné du danger
qui les aide à reconnaître des situations risquées.
Les parents n' étaient pas d'avis qu'un sens de prudence était
quelque chose qui se développait tout naturellement au fur et à mesure
que les enfants vieillissaient. L'enseignement direct (par les adultes)
et l'apprentissage en fonction des blessures subies étaient perçus comme
des influences plus importantes sur les manières qu'avaient les enfants
d'agir avec prudence et d'éviter les risques. Comparativement aux groupes
« du grand public », un plus grand nombre d'Autochtones croyaient fermement
que les blessures apprenaient aux enfants à éviter les risques par la
suite.
Les parents croyaient fermement que les adultes pouvaient exercer un
impact important lorsqu'ils montraient aux enfants comment éviter
de prendre des risques. Les mères, davantage que les pères, sentaient
tout spécialement que les adultes avaient la responsabilité de montrer
aux enfants comment agir avec prudence et éviter de prendre des risques.
Cependant, aucun des parents n'a suggéré que l'on devrait enseigner aux
enfants à prendre des risques calculés, à réfléchir sur les risques —
c.-à-d. à équilibrer les conséquences possibles et le désir personnel
de faire cette activité .
Les parents étaient également d'avis que les enfants qui agissent
de manières risquées lorsqu'ils jouent reflétaient un certain
nombre de facteurs, y compris :
- les enfants ont naturellement beaucoup d'énergie et, par conséquent,
sont très actifs lorsqu'ils jouent;
- les enfants ne pensent pas suffisamment au danger lorsqu'ils jouent;
- les enfants imitent le comportement risqué des autres lorsqu'ils jouent;
- les caractéristiques de l'enfant, telles que :
- l'âge (les enfants plus jeunes sont naturellement curieux);
- le sexe (les garçons sont plus susceptibles de prendre des risques
que les filles);
- les attributs de la personnalité (certains enfants sont plus téméraires
que d'autres).
INFLUENCES SUR LA CONNAISSANCE DES PARENTS AU SUJET DES RISQUES DE BLESSURES
DANS LES SITUATIONS
Les parents ont présenté deux possibilités à l'égard de la conscience
des risques de blessures dans les situations dépeintes dans les divers
scénarios (qui, en eux-mêmes, étaient considérés comme des représentations
justes de situations réelles) :
- le manque de conscience des risques de la part des parents, ou
- le fait d'écarter consciemment ou de minimiser l'importance des risques
de blessures, de la part des parents.
Certains parents sont conscients des risques de blessures mais décident
d'accepter ces risques sur une base rationnelle. Les explications courantes
de l'acceptation des risques comprenaient les raisons suivantes :
- les parents ont un « faux sentiment de sécurité » que rien ne pourrait
survenir, parce qu'ils ont eu ce comportement risqué plusieurs fois
auparavant et qu'il n'y a eu aucune conséquence négative;
- les parents sont stressés et distraits par un enfant qui pleure ou
qui est fâché , et décident d'accepter un comportement plus risqué afin
de minimiser, ou de faire cesser, le comportement de l'enfant.
Quelquefois, les parents sont distraits par quelque chose qui, selon
eux, nécessite leur attention immédiate (p. ex., le téléphone, la sonnette),
ou qui met à l'épreuve soit leur attention (p. ex., payer des factures),
soit leurs émotions (p. ex., enfant qui a de la peine). Dans ces situations,
ils cessent de penser d'abord à la sécurité avant d'agir. Les sources
de distraction ont été mentionnées comme des raisons pour lesquelles les
parents pouvaient ne pas être conscients des risques de blessures.
INFLUENCES SUR L'ÉVALUATION DES PARENTS DU DEGRÉ DES RISQUES DE BLESSURES
DANS LES SITUATIONS
Un certain nombre de facteurs ont influencé le jugement des parents au
sujet du degré des risques de blessures, y compris :
- les caractéristiques individuelles de l'enfant, telles que :
- l'âge de l'enfant;
- à quel point les parents « connaissaient » leur enfant et savaient
dans quelle mesure l'enfant était susceptible d'agir soit pour éviter
les risques, soit pour les rechercher;
- le sexe de l'enfant, dans une mesure plus limitée (environ 50
% des participants croyaient que les garçons avaient davantage que
les filles un comportement à risque de blessures et étaient, par
conséquent, plus susceptibles de se blesser plus souvent).
- Les convictions sur la fréquence des blessures (c.-à-d. que la plupart
des enfants, sinon tous, subissent ces genres de blessures au cours
de leur enfance) ont influencé leurs attitudes sur la probabilité que
leur enfant subisse cette blessure dans la situation donnée.
INFLUENCES SUR LE JUGEMENT DES PARENTS AU SUJET DE LA RESPONSABILITÉ
DES BLESSURES INFANTILES
Les participants n'ont pas nécessairement attribué l'entière responsabilité des blessures des enfants aux parents. Les décisions des participants
au sujet de la responsabilité des blessures chez les enfants ont été influencées
par nombre de facteurs, tels que :
- les caractéristiques individuelles de l'enfant, comme l'âge, la personnalité et le sexe, dont les parents ont présumé qu'elles influençaient comment
la mère ou le père aurait pu prévoir les blessures;
- le degré auquel le danger était évident en soi (p. ex., un poison
par rapport à un gâteau comme source de danger);
- la mesure à laquelle la blessure était probable (p. ex., tout enfant
dans cette circonstance se serait probablement blessé );
- la perception du caractère approprié du niveau de supervision des
parents (c.-à-d., dans certaines circonstances, on a jugé qu'il était approprié de s'attendre à une supervision constante d'un enfant
par les parents).
CONVICTIONS DES PARENTS SUR LA MEILLEURE FAÇON D'ENSEIGNER LA SÉCURITÉ
AUX ENFANTS
L'approche pour enseigner la sécurité qui a été le plus fréquemment exprimée
était de répéter souvent les principes de sécurité . Bref, de « sermonner
» sans arrêt.
Certains parents ont également mentionné l'importance de donner le bon
exemple. Cependant, fait surprenant, ce point n'a pas souvent été souligné comme étant spécialement important. Les parents semblaient penser que
ce qu'ils disaient aux enfants était plus significatif
que l'exemple qu'ils donnaient.
Plusieurs facteurs ont influencé la façon dont les parents enseignaient
la sécurité à leurs enfants et comment éviter les risques de blessures,
y compris :
- la gravité potentielle de la blessure - on se disait d'accord avec
une discipline plus sévère quand la gravité de la blessure potentielle
était considérable;
- les caractéristiques de l'enfant, particulièrement son âge - on peut
raisonner les enfants plus âgés davantage que les plus jeunes, et les
enfants plus âgés ont une meilleure mémoire pour se rappeler l'information
sur la sécurité .
Ce qui est surprenant, c'est que le sexe de l'enfant n'a pas été considéré comme un facteur qui influençait la façon dont les parents enseignaient
la sécurité aux enfants. Bien que la moitié des participants aient été d'avis que les garçons s'adonnaient plus que les filles à des activités
comportant des risques, la plupart des parents n'ont pas indiqué qu'ils
avaient fourni un enseignement à leurs fils différent d'à leurs filles.
Les parents différaient d'opinion quant au meilleur moment d'apprendre
la sécurité aux enfants. Certains affirmaient qu'il valait mieux le faire
lorsque l'enfant prend des risques et d'autres appuyaient l'idée que l'enseignement
anticipé est une meilleure façon de faire. Généralement, les parents étaient
d'avis que l'enseignement anticipé , si l'on y a recours, convenait davantage
aux enfants plus âgés, puisqu'ils avaient une meilleure mémoire que les
plus jeunes enfants.
Les parents qui préféraient attendre le moment où l'enfant était en situation
de prendre des risques semblaient croire que l'enseignement anticipé pourrait
« donner l'idée aux enfants » de prendre des risques plutôt que
de réduire le risque qu'ils en courent.
SOURCES D'INFORMATION DES PARENTS SUR LA SÉCURITÉ
Les parents ont pu identifier nombre de sources d'information sur la
sécurité qu'ils avaient eux-mêmes utilisées. Cependant, le fait qu' il
leur ait fallu du temps pour réfléchir et identifier ces sources suggère
qu' ils ne les utilisent pas souvent dans leur quête d'information sur
la sécurité . S'ajoute à ces réponses très fréquentes (sur les sources
non utilisées) la notion que la sécurité est affaire « de bon sens », ne requérant donc pas de matériel éducatif particulier.
Les sources d'information sur la sécurité mentionnées le plus fréquemment
comprenaient :
- d'autres parents, la famille;
- la documentation écrite (p. ex., les livres sur la façon d'élever
son enfant, les dépliants, les revues pour les parents);
- le médecin de famille et(ou) le personnel de la santé publique;
- les émissions à la télévision (p. ex., Urgence 911).
Les participants étaient tous d'avis qu'il existait beaucoup plus de
sources d'information sur la façon de garder les nourrissons en sécurité ,
comparativement à l'information offerte relativement aux enfants plus
âgés.
CONCLUSIONS
COMMUNICATION GÉNÉRALE
La conviction des parents que la probabilité de blessures relève en
quelque sorte de leur contrôle personnel représente une première étape
essentielle permettant de mobiliser les parents à prendre de plus grandes
précautions pour éviter que leurs enfants se blessent. Les communications
visant à promouvoir davantage l'attitude de base que « les blessures
infantiles ne sont pas des accidents » devraient se concentrer
sur les éléments suivants :
- encourager les parents à faire de meilleurs choix et faire de la prévention
des blessures infantiles un but premier dans tout ce qu'ils font qui
met en cause leurs enfants (p. ex., s'arrêter et penser à la façon dont
le choix que l'on s'apprête à faire pourrait exposer son enfant au risque
de se blesser).
- information qui vise à encourager les parents à prendre conscience
qu'un faux sentiment de sécurité (c.-à-d. un comportement à risque antérieur
n'ayant pas entraîné de blessure à leur enfant) peut mener à « un mauvais
jugement » de la part des parents et exposer leur enfant au risque de
blessures.
Les points essentiels à souligner sont :
- s'attendre à l'imprévu, et agir de façon à prévenir une blessure en
cessant tout comportement à risque;
- créer consciemment et activement les environnements les plus sécuritaires
possibles pour les enfants.
- information qui vise à souligner l'importance de donner le bon exemple
aux enfants en évitant de s'adonner soi-même à des activités risquées.
Les parents ont affirmé constamment que les enfants apprennent à prendre
des risques en observant les autres. Par contre, ils n'ont pas compris
l'importance potentielle de leurs propres comportements à risque influençant
le comportement et(ou) les attitudes de leurs jeunes enfants.
- information particulière, lignes directrices et exemples de stratégies
que les parents pourraient utiliser pour apprendre à leurs enfants comment
éviter les risques, information soulignant l'importance de l'enseignement
anticipé ou proactif (avant que la situation de risques ne survienne)
ainsi que l'enseignement réactif (qui se produit quand ils s'adonnent
à des activités risquées).
Il pourrait être nécessaire de déployer plus d'efforts dans ce domaine
afin d'identifier clairement les stratégies et les méthodes d'enseignement
qui pourraient être plus efficaces avec les garçons et avec les filles.
Il pourrait s'avérer également utile d'explorer la nature et le degré d'utilisation de différentes méthodes d'enseignement par les parents selon
les caractéristiques particulières de la situation entraînant des blessures.
La question des événements marquants du développement et de l'importance
de ceux-ci du point de vue des possibilités de blessures doit être incluse.
Une discussion honnête et ouverte et la mise en relief de cette question
pourraient entraîner une meilleure supervision et de meilleures méthodes
pour mettre les enfants en sécurité afin de réduire les blessures des
enfants.
Les points essentiels à souligner sont :
- Chaque nouvelle habileté entraîne de nouvelles sources possibles de
danger. On ne peut dire quand une nouvelle habileté apparaîtra chez
son enfant. Par conséquent, il importe d'agir de manière anticipée en
tout temps. Si on ne le fait pas, alors la première fois que les parents
savent que leur enfant a acquis une nouvelle habileté peut être quand
l'enfant exerce cette habileté et qu'il se blesse;
- Les parents doivent être au courant du développement cognitif et physiologique
de l'enfant et en tenir compte, ainsi que des conséquences de ce développement
au niveau des blessures potentielles.
- Les parents autochtones pourraient profiter tout particulièrement
de l'information qui favorise le développement d'un sentiment de contrôle
sur la probabilité des blessures infantiles.
INFORMATION PARTICULIÈRE SUR LES DANGERS POUR L'ENFANT
En fonction des domaines traités dans cette étude, l'information visant
à alerter et à mieux informer les parents sur la nécessité d'une meilleure
supervision et d'une meilleure protection des enfants est suggérée dans
les domaines suivants qui représentent les « sources » fréquentes des
blessures habituelles subies par les enfants :
- l'empoisonnement causé par les vitamines et le parfum comparativement
au seul empoisonnement à des produits nettoyants;
- la noyade dans les baignoires, les toilettes et les contenants décoratifs
pour les plantes par rapport à celles dans les piscines seulement;
- les brûlures par la nourriture et les boissons par rapport à celles
par les allumettes et autres sources liées au feu, etc.
L'information sur la gravité des blessures qui peuvent résulter d'une
chute est clairement nécessaire. Les chutes n'étaient PAS considérées
comme une menace sérieuse à la santé des enfants. Les parents les voyaient
plutôt comme allant naturellement de pair avec l'enfance.
Le renforcement de l'importance d'appliquer certaines règles inconditionnellement
(des règles qui s'appliquent aux blessures pouvant être mortelles) peu
importe les attributs de l'enfant ou les circonstances atténuantes. À
titre d'exemples :
- TOUJOURS utiliser les dispositifs de retenue de sécurité dans un véhicule;
- NE JAMAIS laisser un enfant seul dans la baignoire.
La communication destinée aux parents doit souligner particulièrement
l'éducation des parents en matière de prévention des blessures lorsque
les enfants jouent. Ce qui est important, c'est que le jeu représentait
le contexte où les parents « s'attendent » véritablement à un comportement
à risque, le tolèrent et pensent de plus que les blessures font « naturellement
» partie des jeux d'enfants. Le partage des expériences en matière de
blessures qui se sont produites réellement pourrait s'avérer un moyen
particulièrement efficace pour convaincre les parents que les blessures
de jeu peuvent être très graves.
Il pourrait également être nécessaire de travailler davantage à comprendre
les activités que les parents classent comme «jeu » en insistant sur le
sexe de l'enfant et sur la supervision parentale de cette activité , compte
tenu des différences perçues dans le comportement risqué entre les garçons
et les filles et de la différence des niveaux de tolérance démontrés par
les mères et les pères dans ce contexte.
RÉSULTATS DÉTAILLÉS
SOMMAIRE DES DONNÉES DU QUESTIONNAIRE
INTRODUCTION
Comme en fait foi la section sur la méthode, on a demandé aux participants
de répondre à un questionnaire avant la discussion de groupe sur la prévention
des blessures infantiles non intentionnelles.
Les objectifs généraux du questionnaire étaient de mesurer :
- la connaissance du fait que les blessures sont une menace clé à la
santé de l'enfant;
- les attitudes et convictions qui contribuent aux blessures infantiles;
- les convictions sur la capacité d'éviter les blessures infantiles;
- la connaissance des questions de sécurité pertinentes aux blessures
infantiles.
Dans cette section, nous avons résumé les résultats du questionnaire
en fonction de 97 répondants (remarque : un total de 101 personnes ont
participé à l'étude, mais 4 des questionnaires ont été jugés inutilisables)
comme suit :
Total |
Nbre. 97 |
Mères |
55 |
Pères |
42 |
Immigrants chinois |
8 |
Immigrants des Indes orientales |
6 |
Autochtones |
32 |
« Grand public » |
51 |
Rural |
29 |
Urbain |
22 |
Anglophones |
38 |
Francophones |
13 |
Un enfant |
15 |
Deux enfants |
24 |
Trois enfants ou plus |
12 |
Les différences qui existent entre ces groupes sont indiquées dans la
section pertinente. Les différences les plus importantes et les plus systématiques
se sont retrouvées entre les parents autochtones et les parents « du grand
public ». Remarque : ni les opinions des parents immigrants chinois ni
ceux des parents immigrants des Indes orientales n'ont été signalées parce
que les résultats du questionnaire et des discussions subséquentes reflétaient
très étroitement les résultats des parents canadiens « du grand public
» sur ce point particulier. On n'a d'autre part remarqué aucune différence
notable entre les anglophones et les francophones.
RECONNAISSANCE DES BLESSURES COMME MENACE CLÉ À LA SANTÉ
DE L'ENFANT
Nombre de questions incluses dans le questionnaire à remplir soi-même
visaient à mesurer la connaissance des parents face aux blessures en tant
que menace à leur enfant en général, et en particulier, et la différence
perçue entre la probabilité de blessures aux garçons par rapport aux filles
:
À votre avis, quelle est la cause numéro un de décès chez
les enfants de 1 à 6 ans? (VEUILLEZ COCHER D'UN « X » UNE SEULE RÉPONSE)
- Maladie
- Blessures
- Abus ou négligence envers les enfants
- Problèmes de santé congénitaux - par exemple, malformation du
coeur
Avez-vous « intuitionné » ce que vous avez répondu à la question
ci-dessus?
Pensez à votre enfant qui est âgé de 1 à 6 ans. À
votre avis, est-il probable qu'il ou elle doive voir un médecin en raison
d'une blessure au cours de l'an prochain? (VEUILLEZ COCHER D'UN « X »
UNE SEULE RÉPONSE)
- Pas du tout probable
- Quelque peu probable
- Assez probable
- Très probable
- Très certain(e) que cela se produira
Pensez au nombre de fois que votre enfant âgé de 1 à 6 ans
s'est blessé . À votre avis, QUELLE phrase parmi les suivantes s'applique
le plus?
- Mon enfant est plus susceptible de se
blesser que les autres enfants de son âge
- Mon enfant est moins susceptible de
se blesser que les autres enfants de son âge
- Mon enfant est tout aussi susceptible
de se blesser que les autres enfants de son âge
Avec QUELLE phrase, parmi les suivantes, êtes-vous le plus
d'accord? (VEUILLEZ COCHER D'UN « X » UNE SEULE RÉPONSE)
- Les garçons et les filles sont susceptibles, de façon égale, d'agir
de manière à se (faire) blesser
- Les garçons sont plus susceptibles que les filles d'agir de manière
à se (faire) blesser
- Les filles sont plus susceptibles que les garçons d'agir de manière
à se (faire) blesser
Les résultats de ces questions sont résumés ci-dessous.
En général, les répondants n'étaient pas au courant que les blessures
sont la cause numéro un de décès chez les enfants de un à six ans. Quarante-cinq
(45) pour cent seulement ont souscrit à l'opinion que les « blessures
» sont la cause numéro un des décès et 64 % ont indiqué qu'ils avaient
« deviné » que les blessures sont la cause première de décès chez les
jeunes enfants. Ainsi, il ne s'agissait pas d'un échantillon bien informé quant aux influences sur les taux de mortalité des enfants. (Remarque
: ces parents savaient qu'on leur demandait de participer à une discussion
de groupe portant sur la sécurité des enfants.)
Cause numéro de décès chez les enfants de 1
à 6 ans |
Total 97% |
Blessures |
45 |
Maladie |
27 |
Abus ou négligence envers les enfants |
15 |
Problèmes de santé congénitaux |
9 |
Toutes les causes, pareillement |
4 |
En ce qui a trait à la probabilité que leurs propres enfants se blessent, environ la moitié des sondés (52 %) pensaient qu'il
n'était pas très probable qu'ils aient à amener leur enfant chez un médecin
au cours de l'année suivante en raison d'une blessure. En conformité avec
cette donnée, 22 % des répondants démontraient une « inclination à l'optimisme
», c'est-à-dire la conviction que leurs enfants étaient moins susceptibles que d'autres enfants de se blesser. En fait, en
fonction de la discussion subséquente des scénarios, nous suggérons que
pour certains, cette conviction dépassait « l'inclination à l'optimisme
» pour se présenter sous forme de dénégation absolue de la possibilité de décès résultant d'une blessure au foyer, malgré les preuves du contraire.
En particulier, dans les discussions sur les « chutes », les parents ont
souvent minimisé la gravité possible de telles blessures, les considérant
comme des événements de tous les jours.
La preuve d'une « inclination à l'optimisme » a déjà fait surface dans
la documentation sur les convictions des adultes à propos de leur propre probabilité de se blesser mais elle n'a pas été précédemment évaluée dans
la documentation sur les convictions des parents au sujet des blessures
infantiles. La présence d'une « inclination à l'optimisme » pourrait prédisposer
les parents à exercer une supervision moins que convenable des activités
des enfants, entraînant par le fait même plus de blessures chez les enfants
dans les familles où les parents manifestent cette inclination.
Probabilité que leur enfant aille chez le médecin
au cours de l'année suivante en raison d' une blessure |
Total 97% |
Pas du tout probable |
10 |
Quelque peu probable |
42 |
Assez probable |
24 |
Très probable |
17 |
Très certain(e) que cela se produira |
7 |
Probabilité que leur enfant se blesse relativement
à d'autre enfants du même âge |
|
Mon enfant est tout aussi susceptible de se blesser
que les autres de son âge |
71 |
Mon enfant est moins susceptible de se blesser
que les autres de son âge |
22 |
Mon enfant est plus susceptible de se blesser que
les autres de son âge |
7 |
Environ la moitié des répondants ont également démontré une tendance
à croire que les garçons étaient plus susceptibles que les filles de se
comporter de manières risquées, qui pourraient entraîner des blessures.
L'autre moitié des répondants étaient d'avis que les garçons et les filles
étaient susceptibles à parts égales de se comporter de manières risquées
pouvant entraîner des blessures. Très peu de participants ont mentionné que les filles se comportaient davantage que les garçons de manières risquées.
Un nombre plus élevé de pères que de mères étaient portés à appuyer le
comportement risqué chez les garçons et un plus grand nombre de participants
des régions rurales que des centres urbains souscrivaient à cette conviction.
|
Total
97% |
Mères
55% |
Pères
42% |
Rural
29% |
Urbain
22 % |
Probabilité que les garçons agissent de manière à se (faire) blesser,
par rapport aux filles |
|
|
|
|
|
Les garçons sont plus susceptibles que les filles d'agir de manière
à se (faire) blesser |
50 |
42 |
58 |
68 |
41 |
Les garçons et les filles sont susceptibles, de façon égale, d'agir
de manière à se (faire) blesser |
48 |
55 |
40 |
32 |
55 |
Les filles sont plus susceptibles que les garçons d'agir de manière
à se (faire) blesser |
2 |
3 |
2 |
- |
4 |
Les sections sur les données des scénarios et des groupes de discussion
approfondissent la question des convictions des parents au sujet des différences
de sexe dans le comportement à risque. Le point le plus intéressant de
cette étude, au sujet des différences de sexe dans les blessures infantiles,
est que la moitié des parents croyaient que les garçons se comportaient
de manières plus risquées que les filles mais que la majorité des parents
n'ont pas signalé qu'ils surveillaient différemment les enfants ou qu'ils
apprenaient différemment à leurs enfants la sécurité et comment éviter
les risques (consulter la section sur le groupe de discussion pour approfondir).
Les parents qui croient que les garçons prennent plus de risques que les
filles n' ont donc pas signalé avoir pris des approches différentes pour
s'entretenir avec leurs fils par rapport à leurs filles sur la sécurité .
CONVICTIONS SUR LA CAPACITÉ D'ÉVITER LES BLESSURES INFANTILES
Trois questions ont été posées aux participants dans le but d'évaluer
leur point de vue sur la capacité d'éviter les blessures aux enfants,
leur propre capacité d'avoir un impact au chapitre des blessures d'enfant
à la maison et la mesure dans laquelle ils croient avoir suffisamment
d'information pour éviter que l'enfant se blesse chez eux :
Avec QUELLE phrase. parmi les suivantes, êtes-vous le plus
d'accord? Probabilité que leur enfant aille chez le médecin au cours
de l'année suivante en raison d'une blessure
- Les blessures des enfants sont assez évitables
- Les blessures des enfants sont très évitables
- Les blessures des enfants sont complètement évitables
Quel énoncé , parmi les suivantes , exprime le mieux
votre opision au sujet de ce que vous pouvez personnellement faire pour
réduire les risques de blessures de votre enfant?
- Je n ai pas beaucoup de contrôle là-dessus
- Je peux faire des choses, mais ce que je fais ne fera pas une
grosse différence
- Je peux faire des choses qui réduiront de beaucoup les risques
Jusqu 'à quel point êtes-vous sûr(e) d'avoir suffisamment
d'information pour éviter que votre enfant se blesse à la maison? (VEUILLEZ
COCHERD'UN«X» UNE CASE SEULEMENT)
- Pas du tout sûr(e)
- Quelque peu sûr(e)
- Assez sûr(e)
- Très sûr(e)
- Complètement sûr(e)
L'opinion prédominante exprimée par les parents était que les blessures
des enfants étaient « quelque peu » ou « assez » évitables (74 %), qu'ils
pouvaient faire des choses pour réduire « de beaucoup » les risques de
blessure de leur enfant (77 %) et qu'ils se sentaient « assez » ou « très
» confiants d'avoir suffisamment d'information pour éviter les blessures
(69 %). Ainsi, les parents considéraient généralement les blessures infantiles
comme des événements sur lesquels ils pouvaient exercer un certain contrôle
et non pas comme des « accidents » (c.-à-d. des événements fortuits) au
sujet desquels ils ne pouvaient rien faire.
Une différence de groupe est apparue chez les répondants autochtones.
Ces groupes ont exprimé une conviction plus faible du contrôle qu'ils
pourraient exercer sur la prévention des blessures infantiles par rapport
aux groupes « du grand public » : 63 % des Autochtones ont indiqué qu'ils
pourraient faire des choses afin de « réduire de beaucoup » la probabilité des blessures infantiles, comparativement à 88 % des groupes « du grand
public ». En conformité avec ces données, 11 % seulement des groupes autochtones
souscrivaient à l'opinion que les blessures étaient « très » évitables,
alors que 20 % des groupes « du grand public » en faisaient autant. Généralement
parlant, les groupes autochtones ont donc exprimé le sentiment d'avoir
moins d'impact sur la probabilité de prévenir les blessures infantiles
comparativement aux groupes « du grand public ».
Étant donné que les taux de blessures parmi les enfants faisant partie
des communautés autochtones sont quatre fois plus élevés que ceux de la
population générale (Institut canadien de la santé infantile, 1994), les
convictions exprimées par les parents autochtones de cet échantillon peuvent
refléter la réalité des taux de blessures dont ils ont fait l'expérience
dans leurs communautés (c.-à-d., s'il y a beaucoup de blessures, on peut
en venir à croire que l'on ne peut exercer que peu de contrôle sur la
prévention de ces blessures). Ou bien, la conviction que l'on ne peut
faire que très peu pour prévenir les blessures peut entraîner une supervision
moins vigilante des enfants, ce qui multiplie les occasions de blessures
chez les enfants.
Une autre différence de groupe est apparue dans les groupes « du grand
public » des régions rurales par rapport à ceux des centres urbains. Les
parents des centres urbains se sentaient moins préparés à prévenir les
blessures que les parents des régions rurales : 38 % des parents des régions
rurales ont indiqué qu'ils étaient « très certains » d'avoir suffisamment
d'information pour prévenir les blessures chez leurs enfants comparativement
à 18 % des répondants des centres urbains. De plus, 42 % des parents des
centres urbains ont répondu à cette question en mentionnant « pas du tout
certains » et « quelque peu certains » comparativement à 14 % des parents
des régions rurales se sentant aussi incertains d'avoir suffisamment d'information
pour prévenir les blessures infantiles.
Cependant, il convient de noter que les convictions des parents des centres
urbains et des régions rurales ne différaient pas au sujet de la capacité de prévenir les blessures ou de leur capacité à maîtriser la probabilité des blessures infantiles. Ainsi, la différence tenait à la question d'être
prêts (préparés) à agir afin de prévenir les blessures infantiles.
|
Total |
Autocht. |
Dom. |
Rural |
Urbain |
|
97% |
32% |
51% |
29% |
22 % |
Capacité de prévenir les blessures des enfants |
|
|
|
|
|
Les blessures des enfants ne sont pas du tout évitables |
7 |
12 |
6 |
|
|
Les blessures des enfants sont quelque peu évitables |
32 |
26 |
39 |
|
|
Les blessures des enfants sont assez évitables |
42 |
50 |
35 |
|
|
Les blessures des enfants sont très évitables |
17 |
12 |
20 |
|
|
Les blessures des enfants sont complètement évitables |
2 |
_ |
_ |
|
|
|
|
|
|
|
|
Le contrôle des parents pour réduire les risques de blessures
de leur enfant |
|
|
|
|
|
Je peux faire des choses qui réduiront de beaucoup les risques |
77 |
63 |
88 |
|
|
Je peux faire des choses, mais ce que je fais ne fera pas une grosse
différence |
14 |
29 |
6 |
|
|
Je n'ai pas beaucoup de contrôle là-dessus |
9 |
8 |
6 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Certitude d'avoir suffisamment d'information pour prévenir
les blessures de leur enfant à la maison |
|
|
|
|
|
Pas du tout sûr(e) |
8 |
|
|
4 |
9 |
Quelque peu sûr(e) |
19 |
|
|
10 |
33 |
Assez sûr(e) |
40 |
|
|
48 |
40 |
Très sûr(e) |
29 |
|
|
38 |
18 |
Complètement sûr(e) |
4 |
|
|
- |
- |
CONNAISSANCE DES QUESTIONS DE SÉCURITÉ PERTINENTES AUX BLESSURES INFANTILES
Les participants ont reçu une liste de neuf énoncés relativement aux
causes des blessures infantiles. Pour chacun des énoncés, on leur a demandé d'indiquer si l'énoncé était vrai ou faux; une réponse « ne sais pas »
était également prévue pour chacun. On leur a également demandé d'indiquer
les sources d'information qu'ils trouveraient les plus utiles pour prévenir
les blessures infantiles :
Pour les questions suivantes, indiquez si vous pensez que
l'énoncé est vrai ou faux, ou si vous ne le savez pas. Rappelez-vous qu'il
s'agit d'enfants âgés de 1 é 6 ans. VEUILLEZ COCHER D'UN « X »
LA CASE INDIQUANT VOTRE RÉPONSE.
- La plupart des brûlures que subissent les jeunes enfants sont
reliées au feu
- Les vitamines sont une source très courante d'empoisonnement chez
les jeunes enfants
- Les très jeunes bébés ne sont pas susceptibles de tomber d'une
table à langer jusqu'à ce qu 'ils puissent se tourner d'eux-mêmes
- Les noyades de jeunes enfants se produisent habituellement dans
des endroits de baignade comme les piscines et les lacs
- Même à trois ans, les enfants ne savent pas éviter de boire des
nettoyants et des liquides qui ont une mauvaise odeur
- A l'âge de deux ans et demi, les enfants ont une bonne idée de
ce qui peut se manger sans danger et ne sont pas susceptibles de mettre
de petits jouets dans leur bouche
- Lorsqu'ils ont trois ans, les enfants savent qu 'ils ne doivent
pas se précipiter dans la rue et ils n'ont pas besoin d'être retenus
ou qu'on leur tienne la main constamment
- Même à cinq ans, la plupart des enfants ne peuvent pas traverser
la rue en toute sécurité sans supervision
- En voiture, en autant que vous soyez assis(e) à l'arrière avec
un bébé , ce dernier est tout aussi en sécurité lorsque vous le tenez
bien dans vos bras que s'il était dans un siège de bébé
QUEL énoncé , parmi les suivants, trouveriez-vous le plus
utile ?
- Avoir plus d'information sur les blessures que les enfants de
un à six ans sont susceptibles de subir
- Avoir plus d'information sur ce que je peux faire pour réduire
les risques que mon enfant se blesse
- Avoir libre accès aux choses qui aident à garder les enfants en
sécurité (comme des verrous pour les portes d'armoire, les sièges de
voiture)
- Avoir libre accès à une séance de formation en premiers soins
|
Total 97% |
Une note « correcte en % » a été calculée pour chacun des énoncés,
et les résultats sont résumés ci-dessous suivant l'ordre de l'énoncé le plus correct à l'énoncé le moins correct : |
95 |
En voiture, en autant que vous soyez assis(e) à l'arrière avec un
bébé , ce dernier est tout aussi en sécurité lorsque vous le tenez
bien dans vos bras que s'il était dans un siège de bébé |
87 |
Lorsqu'ils ont trois ans, les enfants savent qu'ils ne doivent pas
se précipiter dans la rue et ils n'ont pas besoin d'être retenus ou
qu'on leur tienne la main constamment |
83 |
Même à cinq ans, la plupart des enfants ne peuvent pas traverser
la rue en toute sécurité sans supervision |
82 |
Même à trois ans, les enfants ne savent pas éviter de boire des
nettoyants et des liquides qui ont une mauvaise odeur |
74 |
Les très jeunes bébés ne sont pas susceptibles de tomber d'une table
à langer jusqu'à ce qu'ils puissent se tourner d'eux-mêmes |
73 |
La plupart des brûlures que subissent les jeunes enfants sont reliées
au feu |
54 |
Les noyades de jeunes enfants se produisent habituellement dans
des endroits de baignade comme les piscines et les lacs |
47 |
Les vitamines sont une source très courante d'empoisonnement chez
les jeunes enfants |
21 |
Généralement, la connaissance des questions sur la sécurité variait avec
le point en question. Les répondants ont obtenu des notes élevées « correctes
en % » à la question ayant rapport à l'utilisation des sièges de bébés
(95 %), à la question d'éviter le risque que des enfants se précipitent
dans la rue (87 %) et à celle relative à la supervision des jeunes enfants
pour traverser les rues (82 %). Ainsi, ce groupe échantillon a bien établi
sa connaissance en matière de sécurité dans la rue/la voiture.
Les répondants avaient également de solides connaissances quant au besoin
de prendre le niveau de développement d'un enfant en considération lors
de l'évaluation du risque de blessures infantiles. Ils ont obtenu des
notes élevées « correctes en % » pour ce qui est de comprendre : qu' à
deux ans et demi, les enfants mettent encore souvent des objets non comestibles
dans leur bouche (83 %); que même à trois ans, ils boiront des nettoyants
liquides (74 %); et que les jeunes bébés peuvent tomber des endroits en
hauteur même avant qu'ils puissent se tourner d'eux-mêmes (73 %).
S'agissant de ce genre de questions, l'on n'est guère surpris de constater
une tendance à l'augmentation des notes en pourcentage correctes parallèle
à l'augmentation du nombre d'enfants dans la famille âgés de un à trois
ans ou plus. Il semble donc qu'une expérience accrue avec les enfants
sert à améliorer la capacité des personnes à prendre en considération
le niveau du développement de l'enfant lors de l'évaluation du risque
de blessures :
|
1
enfant |
2
enfants |
3
enfants ou plus |
|
15% |
24% |
12% |
À l'âge de deux ans et demi, les enfants ont une bonne idée de
ce qui peut se manger sans danger et ne sont pas susceptibles de mettre
de petits jouets dans leur bouche |
71 |
83 |
100 |
Même à trois ans, les enfants ne savent pas éviter de boire des
nettoyants et des liquides qui ont une mauvaise odeur |
60 |
79 |
83 |
Les très jeunes bébés ne sont pas susceptibles de tomber d'une
table à langer jusqu'à ce qu'ils puissent se tourner d'eux-mêmes |
80 |
75 |
100 |
L'aptitude de pouvoir réfléchir sur les risques à la lumière de l'état
de développement d'un enfant est critique pour exercer le rôle de parents
de façon à prévenir les blessures infantiles. Il est certainement important
de se rendre compte que ce qui est acceptable pour un enfant de six ans
peut exposer un enfant de quatre ans au risque de se blesser et mènera
très certainement un enfant de deux ans à se blesser. Comme les données
des scénarios le manifestent aussi, les participants reconnaissaient que
le risque était déterminé en partie par l'état de développement de l'enfant
et rarement seulement par l'activité ou le comportement en soi (consulter
la section sur les Données des scénarios).
Par contraste, les répondants étaient moins au courant des faits concernant
les types courants de blessures infantiles. Leurs notes « correctes en
% » étaient relativement peu élevées à l'égard de faits tels que : la
plupart des brûlures des enfants ne sont pas causées par les feux (correctes
à 54 %), les noyades chez les jeunes enfants ne se produisent habituellement
pas dans les endroits de baignade (47 %) et les vitamines sont une source
fréquente d'empoisonnement chez les jeunes enfants (21 %).
En général, les Autochtones et les Canadiens et Canadiennes « du grand
public » avaient des niveaux semblables de connaissances sur les questions
de sécurité . La seule différence à ressortir se rapportait à la connaissance
du fait que les jeunes bébés peuvent tomber d'un endroit en hauteur même
avant qu'ils puissent se tourner d'eux-mêmes. À cet égard, les participants
autochtones ont obtenu une note « correcte en % » moins élevée que les
Canadiens et Canadiennes « du grand public », soit 37 % par rapport à
73 %, respectivement.
La note correcte en % moyenne pour l'ensemble de l'échantillon était
de 68 %. Le seul groupe qui a obtenu une note considérablement moins élevée
sur cette base générale était les parents des centres urbains - note correcte
générale de 43 %. Par contre, il convient de noter qu'ils n'étaient pas
statistiquement différents de leurs homologues des régions rurales sur
les énoncés individuels figurant dans la liste pour évaluer les niveaux
de connaissances sur les questions de sécurité liées aux enfants.
En conformité avec la variabilité des notes sur les connaissances, 53
% des participants ont dit, lorsqu'on leur a demandé quelle information
serait la plus utile pour prévenir les blessures infantiles, qu'il s'agissait
de l'information sur la façon de réduire les risques de blessures particulières
chez les enfants; 10 % cherchaient à obtenir plus d'information sur les
genres particuliers de blessures qui sont susceptibles de se produire.
Ces parents voulaient plus d'information sur les genres de blessures à
surveiller pour ce qui est de leurs enfants. Les répondants cherchaient
également à accroître leurs connaissances sur les premiers soins afin
d'améliorer leurs connaissances sur la façon de traiter les blessures.
Par conséquent, la plupart des parents voulaient de l'information préventive
plutôt que de l'information sur la façon d'aborder les conséquences des
blessures.
Genre d' information qui serait utile |
Total 97% |
Avoir plus d'information sur ce que je peux faire pour réduire
les risques que mon enfant se blesse |
53 |
Avoir libre accès à une séance de formation en premiers soins |
23 |
Avoir libre accès aux choses qui aident à garder les enfants en
sécurité (comme des verrous pour les portes d'armoire, les sièges
de voiture) |
14 |
Avoir plus d'information sur les blessures que les enfants de un
à six ans sont susceptibles de subir |
10 |
Les groupes autochtones étaient également davantage intéressés à l'accès
libre aux dispositifs de sécurité (20 % des répondants) que les groupes
« du grand public » (8 %).
ATTITUDES ET CONVICTIONS PERTINENTES AUX BLESSURES INFANTILES
Quatre (4) questions générales relativement à la façon dont les blessures
infantiles peuvent se produire étaient posées aux répondants. Pour chacune
des questions, trois énoncés étaient présentés qui pouvaient expliquer
les blessures infantiles et les parents devaient indiquer dans quelle
mesure ils étaient d'accord ou en désaccord, en suivant ces directives
:
Après chaque question, il y a trois phrases. Lisez chaque phrase et choisissez
ensuite un chiffre de la liste ci-dessous (un chiffre entre 0 et 5) pour
nous dire jusqu'à quel point vous êtes d'accord avec la phrase. Choisissez
un chiffre pour chaque phrase et cochez d'un « X » la case qui correspond
à votre réponse. Vous pouvez choisir le même chiffre pour plusieurs phrases.
CHIFFRES À UTILISER :
- 0 = Je ne suis pas d'accord avec la phrase
- 1 = Je suis un peu d'accord avec la phrase
- 2 = Je suis plutôt d'accord avec la phrase
- 3 = Je suis pas mal d'accord avec la phrase
- 4 = Je suis presque complètement d'accord avec la phrase
- 5 = Je suis complètement d'accord avec la phrase
Les questions générales et les réponses possibles étaient les suivantes
:
Qu 'est-ce qui fait agir les enfants avec prudence dans
des situations où ils pourraient se blesser?
- Ils sont nés avec la peur du danger
- Ils apprennent en se blessant à faire attention aux signes de
danger
- Les adultes leur apprennent à reconnaître le danger et à l'éviter
Comment les enfants en viennent-ils à se rendre compte des
conséquences de se comporter de manière « risquée »?
- Cela se développe au fur et à mesure que les enfants vieillissent
- Leurs expériences quotidiennes leur apprennent quelles actions
peuvent provoquer des blessures Les adultes enseignent aux enfants le
danger de certaines actions
Les enfants font des choses quand ils jouent qui pourraient
provoquer des blessures, comme sauter de haut ou lancer des choses. Pourquoi?
- Les enfants ont naturellement beaucoup d'énergie et ils ont besoin
d'être actifs
- Ils ne pensent pas assez au danger
- Ils apprennent à faire ces choses par imitation (télévision, amis,
etc.)
Pourquoi les enfants se blessent-ils quelquefois lorsqu'ils
jouent?
- Ça fait partie de l'enfance tout simplement; ça arrive
- Ils ne pensent pas à la sécurité avant d'agir
- Les adultes n'ont pas enseigné aux enfants à faire assez attention
Les résultats de chacune de ces questions générales et ses éléments composants
sont résumés ci-dessous.
Qu'est-ce qui fait agir les enfants avec prudence?
Les parents n'étaient en grande partie pas d'accord avec l'explication
que les enfants se comportent avec prudence parce qu' ils sont nés avec
une peur du danger (81 % ont mentionné « pas d'accord » et « un peu d'accord
»). Par contraste, les parents étaient pour la plupart d'accord pour dire
que les enfants apprennent à agir avec prudence en se
blessant et grâce aux adultes qui leur apprennent ces
comportements. Ainsi, ils percevaient les blessures comme ayant une fonction
utile pour les enfants et ils croyaient également que les adultes pouvaient
faire en sorte que les enfants agissent plus prudemment.
|
Nés avec la peur du danger
97% |
Apprennent grâce aux adultes
97% |
Apprennent en se blessant
97% |
Pas d'accord |
61 |
2 |
12 |
Un peu d'accord |
20 |
2 |
13 |
Plutôt d'accord |
6 |
14 |
22 |
Pas mal d'accord |
6 |
17 |
39 |
Presque complètement d'accord |
6 |
32 |
15 |
Complètement d'accord |
1 |
32 |
9 |
La seule différence de groupe provenait des Autochtones qui étaient plus
fortement d'accord pour dire que les enfants apprennent en se blessant.
En fait, 68 % étaient « pas mal d'accord », « presque complètement » et
« complètement » d'accord pour dire que les enfants apprennent en se blessant
à agir avec plus de prudence, comparativement à 43 % pour les groupes
« du grand public ».
Pour les Autochtones, ce résultat pourrait traduire une rationalisation
de leur part qui leur permet de s'expliquer le nombre élevé de blessures
dans leur communauté d'une façon qui ne favorise pas la culpabilité (p.
ex., les blessures ne sont pas des événements entièrement « mauvais »
puisque les enfants apprennent de ces expériences). Leurs convictions
peuvent également mener à plus de blessures dans leur communauté : ils
peuvent être moins vigilants dans la prévention des blessures par suite
de leur conviction que quelque chose de bon résulte des blessures (p.
ex., les enfants apprennent à agir avec prudence) et ils ont moins de
contrôle sur ces dernières (se reporter à la section sur les Convictions
au sujet de la capacité de prévenir les blessures infantiles).
Comment les enfants en viennent-ils à reconnaître une situation comme
étant risquée?
Les participants étaient principalement d'avis que les enfants apprennent
à reconnaître une situation comme étant risquée en fonction de ce que
les adultes leur enseignent au sujet du risque et également
en fonction des expériences de tous les jours. Ils étaient
moins d'accord avec l'énoncé précisant que la reconnaissance du risque
se développe naturellement au fur et à mesure que l'enfant vieillit. Ainsi,
ils étaient d'avis que la perception du risque des enfants était modifiable
en fonction de l'enseignement et des expériences quotidiennes. Ceci est
compatible avec leur conviction générale qu'ils pourraient faire des choses
afin de réduire le risque de blessures pour leurs enfants.
|
Adultes qui enseignent
97% |
Appris par les expériences quotidiennes
97% |
Se développe alors que l'enfant vieillit
97% |
Pas d'accord |
3 |
2 |
16 |
Un peu d'accord |
3 |
10 |
18 |
Plutôt d'accord |
18 |
20 |
21 |
Pas mal d'accord |
18 |
40 |
21 |
Presque complètement d'accord |
26 |
21 |
15 |
Complètement d'accord |
32 |
7 |
9 |
La seule différence de groupe notable était le cas des mères par rapport
aux pères, alors que plus de mères étaient « complètement » d'accord (42
%) pour dire que les adultes doivent enseigner le risque aux enfants comparativement
aux pères (20 %). Ainsi, les mères étaient d'avis que la responsabilité d'apprendre le risque aux enfants incombait très largement aux adultes,
alors que les pères ne souscrivaient pas aussi fortement à cette opinion.
Pourquoi les enfants jouent-ils de manières risquées qui pourraient
entraîner des blessures?
Les parents attribuaient le jeu risqué de façon presque égale aux trois
facteurs qui leur étaient présentés : les enfants ne pensent pas suffisamment au danger lorsqu'ils décident de leur comportement
durant le jeu, les enfants apprennent des autres à jouer
de manières risquées (p. ex., la télévision) et les enfants ont naturellement
beaucoup d'énergie (p. ex., c'est naturel et typique
que les enfants jouent de manières risquées qui pourraient entraîner des
blessures). Le fait que les parents souscrivent à ces explications suggère
qu'ils croient que les risques font naturellement partie des
activités de jeu chez les enfants. (Les résultats de la question suivante,
abordés dans la section suivante, confirment cette interprétation.)
|
Ne pensent pas au danger
97% |
Apprennent des autres
97% |
Énergie naturelle
97% |
Pas d'accord |
3 |
- |
3 |
Un peu d'accord |
6 |
10 |
4 |
Plutôt d'accord |
13 |
12 |
23 |
Pas mal d'accord |
16 |
28 |
28 |
Presque complètement d'accord |
31 |
26 |
25 |
Complètement d'accord |
31 |
24 |
17 |
Pourquoi les enfants se blessent-ils en jouant ?
Les parents étaient d'avis que les blessures subies par les enfants lorsqu'ils
jouent résultent du fait qu'ils ne pensent pas suffisamment
à la sécurité avant d'agir et que cela est tout à fait naturel chez les enfants. Ils étaient beaucoup moins d'accord avec l'explication
que les parents n'ont pas appris suffisamment le risque aux enfants, avec
pour conséquence que les enfants se blessent lorsqu'ils jouent
|
Ne pensent pas à la sécurité 97% |
Naturel chez les enfants
97% |
Pas appris des adultes
97% |
Pas d'accord |
2 |
13 |
27 |
Un peu d'accord |
10 |
16 |
24 |
Plutôt d'accord |
10 |
11 |
18 |
Pas mal d'accord |
23 |
23 |
10 |
Presque complètement d'accord |
31 |
21 |
10 |
Complètement d'accord |
24 |
16 |
11 |
Ce dernier résultat contraste avec le fait que les parents reconnaissent
l'importance de l'enseignement parental pour encourager la prudence dans
le comportement (consulter la section sur Qu'est-ce qui fait agir les
enfants avec prudence), et se rapporte vraisemblablement au contexte du
« jeu » dans lequel le comportement à risques de l'enfant est présenté dans cette question. Les parents se voient apparemment moins responsables
du comportement à risques des enfants dans les situations de jeu. Dans
la mesure où les parents supervisent les enfants moins étroitement parce
qu'ils croient qu'ils peuvent avoir un impact moins important sur les
comportements à risques des enfants durant le jeu, cette attitude pourrait
certainement prédisposer les enfants à courir de plus grands risques de
se blesser. Il convient de noter que ces convictions ont été exprimées
à l'égard des enfants de 1 à 6 ans, enfants qui ne peuvent pas juger d'eux-mêmes
ce qui est risqué et ce qui pourrait entraîner des blessures.
La seule différence notable était le cas des mères par rapport aux pères
: 59 % des mères, comparativement à 42 % des pères, n'étaient « pas d'accord
» ou étaient « un peu d'accord » avec la notion que les enfants se comportent
de manières risquées lorsqu'ils jouent parce que les adultes ne leur ont
pas enseigné à faire autrement. Ainsi, une fois de plus, les mères ont
démontré une plus grande tendance que les pères à attribuer la responsabilité de la prévention des blessures aux adultes.
SOMMAIRE DES DONNÉES DES SCÉNARIOS
INTRODUCTION
Dans cette section du rapport, nous résumerons les résultats de chacun
des scénarios dont les parents ont discuté dans les groupes. Suivra un
sommaire général dans lequel les thèmes et les résultats communs à tous
les scénarios sont traités.
La discussion de chacun des scénarios a été organisée en sept thèmes
:
- Dans quelle mesure le comportement de la mère ou du père dans le scénario
était-il typique?
- La mère ou le père dans le scénario était-elle (il) conscient(e) que
le « risque/danger » était un enjeu dans la situation?
- Le groupe a-t-il tenu compte de l'âge de l'enfant pour évaluer le
risque dans le scénario?
- Quelles affirmations, s'il y a lieu, le groupe a-t-il exprimées pour
expliquer le comportement de la mère ou du père ou pour minimiser l'enjeu
du « risque/danger » dans le scénario?
- Les groupes ont-ils reconnu la blessure/les blessures qui pourrait
(pourraient) se produire, et combien rapidement?
- Quels comportements « de rechange » de la mère ou du père ont été identifiés?
- Qu'est-ce que les groupes ont décidé au sujet des responsabilités
quant aux blessures que pourrait subir l'enfant dans le scénario?
En fonction des discussions qui ont eu lieu, nous avons remarqué très
peu de différences entre les parents du grand public, les Autochtones,
les parents des Indes orientales et les parents chinois, les anglophones
et les francophones. Les quelques différences que nous avons pu observer
sont indiquées dans le scénario pertinent. De plus, il n'y avait aucune
différence systématique au niveau d'autres caractéristiques, telles que
mères par rapport à pères, régions rurales par rapport à centres urbains
ou selon le nombre d'enfants dans la famille.
SCÉNARIO 1 : POISON - NETTOYANT EN VAPORISATEUR SUR LE PLANCHER (COMMUN
À TOUS LES GROUPES)
Une mère ou un père est à genoux sur le plancher de la cuisine et nettoie
l'extérieur du réfrigérateur avec un nettoyant en vaporisateur qui est
toxique. Un enfant de deux ans et demi, qui joue avec des jouets, est
assis à côté de la mère ou du père. De temps en temps, l'enfant fait rouler
une balle sur le vaporisateur pour le faire tomber et crie de plaisir
quand le parent remet la bouteille debout.
Le téléphone se met à sonner dans la pièce adjacente. La mère ou le père
pose le chiffon et le nettoyant sur le plancher de la cuisine et vient
prendre la main de l'enfant. L'enfant crie parce qu'il veut continuer
à jouer. La mère ou le père laisse l'enfant jouer et se dépêche d'aller
répondre au téléphone dans la pièce adjacente. La bouteille de nettoyant
est toujours sur le plancher.
Dans quelle mesure le comportement de la mère ou du père dans
le scénario était-il typique ?
La majorité des participants de tous les groupes ont jugé le comportement
de la mère ou du père dans ce scénario comme étant « très typique
». « Ça arrive tout le temps » et « Ce n'est absolument pas inhabituel
» étaient les thèmes fréquents exprimés par le biais des commentaires
des participants.
Le seul groupe qui n'était pas d'accord avec ce point de vue était celui
des femmes autochtones à Yellowknife. Elles étaient d'avis que le comportement
de la mère ou du père n'était « pas raisonnable » et que la plupart
des parents agiraient autrement et prendraient l'enfant avec eux ou éloigneraient
le nettoyant de l'enfant, ou encore utiliseraient des nettoyants non toxiques
comme du bicarbonate de soude.
La mère ou le père dans le scénario était-elle(il) conscient(e)
que le « risque/danger » était un enjeu dans la situation ?
Les participants ont exprimé deux points de vue relativement à cette
question. Les deux points de vue avaient en commun que la mère ou le père
n'avait pas suffisamment pensé à la question de la sécurité de l'enfant
:
- le premier point de vue était que le parent avait agi « instinctivement
» pour aller répondre au téléphone et ne s'était pas rendu compte
qu'il avait laissé le nettoyant sur le plancher, à la portée de l'enfant.
Bref, la mère ou le père n'avait pas suffisamment pensé à tous les aspects
de la situation et, par conséquent, n'avait pas compris le danger possible;
- le deuxième point de vue était que la mère ou le père était conscient(e)
du danger mais avait choisi de laisser l'enfant pour répondre au téléphone
parce qu'elle(il) pouvait le justifier dans son esprit (consulter la
section sur l'explication du comportement des parents).
Le groupe a-t-il tenu compte de l'âge de l'enfant pour évaluer
le risque dans le scénario ?
La seule discussion liée à l'âge de l'enfant, et ce point n'a pas été fréquemment mentionné , a fait ressortir que les enfants de 2 ans sont « naturellement curieux » : on ne peut s'attendre à ce qu'ils
comprennent le danger associé au nettoyant. D'où il s'ensuit que la mère
ou le père aurait dû se rendre compte du danger potentiel d'avoir laissé le nettoyant près de l'enfant; c'était son entière responsabilité de le
faire. Essentiellement, les participants étaient d'avis que la mère ou
le père n'aurait pas dû s'attendre à ce qu'un enfant de 2 ans sache qu'il
ne doit pas toucher au nettoyant, peu importe ce qu'elle(il) a dit à l'enfant
lorsqu'elle(il) l'a laissé seul dans la cuisine.
Quelles affirmations, s'il y a lieu, le groupe a-t-il exprimées
pour expliquer le comportement de la mère ou du père ou pour minimiser
l'enjeu du « risque/ danger » dans le scénario ?
Les participants ont parlé du « réflexe » d'aller répondre au
téléphone, d'être « préoccupé par tout ce qui doit être fait » et
de « répondre aux pressions immédiates » dans la situation -
l'enfant qui pleurniche pour rester où il est, le téléphone qui sonne
et sollicite le parent. Plusieurs participants étaient d'avis que «
la mère ou le père ne pensait pas au danger » ou « avait oublié de penser à la sécurité de l'enfant pendant une seconde ».
Deux points de vue contraires se sont exprimés :
- un point de vue commun était que la mère ou le père n'était pas vraiment
conscient(e) du risque ou du danger. La mère ou le père a plutôt «
agi impulsivement », était « distrait(e) » par d'autres
préoccupations (p. ex., finir le nettoyage, répondre au téléphone) et
ressentait même du stress en raison des demandes de la situation (p.
ex., « responsabilités concourantes »), avec pour conséquence
une exposition involontaire de l'enfant au risque par suite du geste
posé par le parent pour réduire son propre stress (laisser l'enfant
seul pour qu'il cesse de pleurnicher, aller répondre au téléphone),
sans tenir compte des conséquences de son propre comportement pour la
sécurité de l'enfant;
- un autre point de vue commun était que la mère ou le père était conscient(e)
du risque, puisqu'elle(il) a tenté d'emmener l'enfant avec elle(lui).
Cependant, la mère ou le père s'est trouvé une justification pour se
dépêcher d'aller répondre au téléphone. Les justifications mentionnées
étaient reliées :
- aux caractéristiques attribuées à l'enfant (p. ex., « elle(il)
a pensé que son enfant n'y toucherait pas »)
- à la commodité (p. ex., « c'est plus facile de laisser l'enfant
jouer que de l'entendre crier quand la mère ou le père essaie de
parler au téléphone »)
- à la période de temps pendant laquelle l'enfant serait sans supervision
(p. ex., « elle(il) a estimé qu'elle(il) ne serait parti(e)
que quelques secondes seulement » ou « au téléphone une
minute et demie »).
Ces deux genres d'explications des comportements des parents sont revenus
souvent dans la discussion autour des scénarios.
Les groupes ont-ils reconnu la blessure/les blessures qui pourrait
(pourraient) se produire, et combien rapidement ?
Les participants de tous les groupes ont rapidement mentionné les dangers
clés (empoisonnement, dommages à la peau, aux yeux, etc. par suite de
la vaporisation du poison sur soi ou de l'inhalation de vapeurs toxiques)
et ont mentionné moins fréquemment ceux qui représentaient les dangers
plus généraux que l'on retrouve dans les cuisines (p. ex., les couteaux,
la cuisinière, etc.).
Quels comportements « de rechange » de la mère ou du père ont
été identifiés ?
Les deux choix clés identifiés se résumaient comme suit : emmener l'enfant
avec soi répondre au téléphone (la mère ou le père donnant suite à son
idée première de garder l'enfant avec elle(lui)) ou faire disparaître
les dangers principaux (nettoyant, chiffon) tout en laissant l'enfant
dans la cuisine - une solution qui ne tient pas compte des autres dangers
qui pourraient être présents dans la cuisine.
Les participants ont également mentionné d'autres choix, bien que moins
fréquemment :
- mettre l'enfant dans un parc pour enfants ou une couchette;
- nettoyer une autre fois quand l'enfant n'est pas là;
- demander à un autre adulte de surveiller l'enfant;
- attirer l'attention de l'enfant sur un autre jouet dans la cuisine
avant de le laisser seul pour aller répondre au téléphone;
- utiliser un téléphone sans fil, ce qui réduit la probabilité des parents
de devoir choisir entre une supervision adéquate de l'enfant et le goût
de répondre au téléphone;
- laisser sonner le téléphone.
Il est intéressant de prendre note qu'à l'exception de « laisser
sonner le téléphone », tous les autres choix mentionnés permettraient
quand même à la mère ou au père d'atteindre son but, soit de « répondre
au téléphone ». Ainsi, le genre de solutions auxquelles les participants
ont surtout pensé n'étaient pas celles qui demandaient à la mère ou au
père de modifier son propre but. Elles étaient plutôt des solutions qui
auraient permis à la mère ou au père d'atteindre son but, bien que de
manières différentes.
Quelques participants ont mentionné également que le parent n'aurait
pas dû jouer comme il le faisait avec l'enfant à faire tomber le nettoyant.
Ils percevaient ceci comme n'étant pas compatible avec le fait d'apprendre
à l'enfant à ne pas toucher aux poisons comme les nettoyants. Cependant,
il est intéressant de noter que peu de participants ont mentionné ceci
comme un enjeu. En fait, ceux qui en ont fait mention appuyaient également
l'idée que les parents font quelquefois des choses qui ne sont pas particulièrement
sécuritaires pour leur enfant mais qui sont pratiques pour eux - p. ex., « nous sommes tous coupables de cela », c'est-à-dire de laisser
un enfant jouer avec quelque chose qui n'est pas entièrement sécuritaire
parce que cela le tranquillise et que c'est commode pour les parents.
Ainsi, les participants ont reconnu que les décisions qu'ils prennent
en tant que parents sont, en partie, motivées par des objectifs à eux,
sans rapport aux questions concernant la sécurité de l'enfant. Et, en
fait, à l'occasion, la question de la sécurité de l'enfant est volontairement
mise de côté afin d'atteindre un autre objectif, comme aller répondre
au téléphone.
Qu'est-ce que les groupes ont décidé au sujet des responsabilités
quant aux blessures que pourrait subir l'enfant dans le scénario ?
L'opinion générale était que la mère ou le père serait responsable de
toute blessure que pourrait subir l'enfant. Les participants étaient d'avis
que l'enfant était trop jeune pour savoir quoi faire ou pour faire autre
chose que d'être curieux et d'explorer des choses intéressantes (p. ex.,
nettoyant en vaporisateur). Certains participants ont discuté de la question
sous l'angle du « mauvais jugement » dont la mère ou le père
a fait preuve et qui, à leur avis, était une façon moins désobligeante
de jeter le blâme sur la mère ou le père. Cependant, en général, la plupart
des participants étaient fortement d'avis que la mère ou le père serait
entièrement à blâmer si quelque chose était survenu à l'enfant une fois
laissé seul dans la cuisine dans ces circonstances.
Ce qui est intéressant dans le contexte de la discussion sur la responsabilité des blessures dans ce scénario, c'est que quelques répondants se sont
montrés très fermes sur un point : si la mère ou le père prend soin de
l'enfant, alors elle(il) est responsable de ce qui survient à l'enfant, peu importe la situation. Cependant, pour la majorité des participants, la responsabilité de la mère ou du père était tempérée par d'autres facteurs (p. ex., les attributs de l'enfant, les
circonstances entraînant la blessure). Ainsi, l'attribution du blâme pour
les blessures subies par les enfants a été influencée par une variété de facteurs. On n'attribuait pas nécessairement aux parents l'entière
responsabilité des blessures d'enfants.
SCENARIO 2 : CHUTES - G&éàcirc;TEAU SUR LE COMPTOIR (COMMUN À
13 DES 14 GROUPES)
La mère ou le père d'un enfant de deux ans et demi place un gâteau sur
le comptoir de la cuisine. L'enfant supplie le parent de lui faire voir
le gâteau. La mère ou le père soulève l'enfant pour lui montrer le gâteau
et lui faire goûter au glaçage. La mère ou le père dépose ensuite l'enfant
par terre et quitte la cuisine pour répondre à la sonnette de la porte.
L'enfant tire une chaise et essaie de monter sur le comptoir pour atteindre
le gâteau.
Dans quelle mesure le comportement de la mère ou du père dans
le scénario était-il typique
Les participants étaient d'accord pour dire que le comportement de la
mère ou du père dans le scénario (vouloir aller répondre à la porte) et
même le comportement de l'enfant étaient « très typiques » et « fréquents ».
La mère ou le père dans le scénario était-elle(il) conscient(e)
que le « risque/danger » était un enjeu dans la situation ?
L'opinion générale était que la mère ou le père n'était pas conscient(e)
du risque parce qu'il n'y a rien de dangereux à première vue pour l'enfant
dans le scénario, particulièrement puisque le point de mire est le gâteau (« Ce n'est qu'un gâteau. » « Un gâteau ne représente certainement
pas une situation dangereuse. »). De plus, les participants considéraient « raisonnable » le fait que la mère ou le père dans le scénario
juge que l'intérêt de l'enfant au gâteau avait été adéquatement satisfait
puisqu'elle(il) avait fait goûter le glaçage à l'enfant et le lui avait
fait voir. Ainsi, la plupart ont jugé le risque dans ce scénario comme
étant « imprévisible » par la mère ou le père. Cependant, quelques
participants étaient d'avis que la mère ou le père avait créé une « tentation
» pour l'enfant et que donc ce dernier chercherait à mettre la main sur
le gâteau.
Il convient de noter que presque aucun participant n' a reconnu le danger
inhérent au fait de laisser le jeune enfant seul dans la cuisine.
Le groupe a-t-il tenu compte de l'âge de l'enfant pour évaluer
le risque dans le scénario ?
Il n'y a pas eu de discussion approfondie au sujet de l'âge de l'enfant
comme facteur contributif en soi.
Plusieurs participants ont discuté du fait que les enfants de cet âge
sont « naturellement curieux ». Cependant, ils ont mentionné ceci pour expliquer le comportement de l'enfant et non pour justifier
la raison pour laquelle la mère ou le père n'aurait pas dû laisser l'enfant
dans cette situation. De plus, dans plusieurs groupes, les participants
étaient d'avis que le comportement de la mère ou du père était tout à
fait acceptable : « C'est assez normal de laisser un enfant de deux
ans et demi seul quelques instants quand il ne se présente aucun danger
immédiat. »
L'âge n'a pas été traité comme un facteur déterminant dans ce scénario,
mais plusieurs groupes ont souligné que la mère ou le père devrait « connaître
son propre enfant » et savoir comment il pourrait agir (p. ex., «
Si l'enfant avait l'habitude de grimper sur les chaises pour atteindre
des choses, la mère devrait s'en souvenir »). Naturellement, d'après
cette logique, les enfants seraient particulièrement exposés à un risque
de blessure « la première fois » qu'ils feraient preuve d'une nouvelle
habilité , que la mère ou le père ne sait pas qu'ils possèdent, et qui
peut entraîner des blessures (p. ex., grimper sur une chaise et sur le
comptoir).
Quelles affirmations, s'il y a lieu, le groupe a-t-il exprimées
pour expliquer le comportement de la mère ou du père ou pour minimiser
l'enjeu du « risque/ danger » dans le scénario ?
Comme pour le scénario sur le nettoyant, le point de vue prédominant
était que la mère ou le père « ne pensait pas » au danger et
était allé (e) « automatiquement » répondre à la porte. Les participants
ont également mentionné qu'il n'y avait pas de vrai danger imminent dans
cette situation et que le manque de sensibilisation au danger de la part
de la mère ou du père était, par conséquent, légitime. Les participants
ont également admis que la mère ou le père n'était probablement pas parti(e)
pour longtemps et qu'elle(il) pourrait même s'attendre à ce que l'enfant
la (le) suive.
Les groupes ont-ils reconnu la blessure/les blessures qui pourrait
(pourraient) se produire, et combien rapidement ?
Généralement, les groupes n'ont pas immédiatement reconnu le danger de
chute dans cette situation. En fait, souvent, la préoccupation immédiate
identifiée était que l'enfant tirerait le gâteau vers lui (il se salirait,
le gâteau serait réduit en miettes, etc.). De plus, lorsque les participants
ont reconnu qu'une chute pourrait survenir, ils n'ont souvent pas immédiatement
interprété ceci comme une menace grave au bien-être physique de l'enfant.
En fait, plusieurs participants ont parlé du fait que « tomber est
quelque chose que les enfants font » et que « tous les enfants
tomberont des comptoirs de temps à autre ». Ainsi, les participants
n'ont pas perçu une chute comme une menace grave au bien-être physique
des jeunes enfants (« Ils pourrait tomber et se blesser mais ça ne
serait pas dangereux »). Les chutes étaient plutôt considérées comme
une conséquence naturelle d'être un enfant. En fait, c'est peut-être parce
que les participants avaient eu plusieurs expériences où leurs propres
enfants sont tombés et qu'ils ne se sont pas blessés, qu'ils avaient de
la difficulté à comprendre la gravité potentielle de la blessure qui pourrait
résulter des chutes des enfants (« Mon enfant tombe tout le temps.
Ça semble être naturel pour lui. J'y suis habituée. »; « J'ai six enfants
et ils sont tous tombés des chaises et ils vont tous bien. »)
Quels comportements « de rechange » de la mère ou du père ont
été identifiés ?
Plusieurs participants étaient d'avis que la décision prise par le parent
était appropriée, que c' était la chose à faire et qu'ils feraient la
même chose. Après s'être fait poser d'autres questions, ils ont éventuellement
mentionné d'autres choix, comme : emmener l'enfant répondre à la porte,
laisser la sonnette sonner, déplacer le gâteau, mettre l'enfant dans un
parc pour enfants. Cependant, il était manifeste que la plupart des participants
ne pensaient pas que d'autres comportements étaient justifiés.
Qu'est-ce que les groupes ont décidé au sujet des responsabilités
quant aux blessures que pourrait subir l'enfant dans le scénario ?
La plupart des participants attribuaient la blessure à la malchance («
C'est inévitable. Les enfants sont très actifs. »; « On ne peut pas prévoir
cela. »; « C'est de la malchance. On ne penserait jamais que cela pourrait
survenir. »). L'absence d'un élément dangereux clair semblait être
le facteur déterminant pour que les participants ne fassent pas porter
le blâme à la mère ou au père (« II n'y a rien de dangereux dans un
gâteau. »). Le défaut des participants à reconnaître la gravité de
la blessure qui pourrait résulter de la chute d'un enfant (« Ce n
'est pas trop grave; les enfants tombent même lorsqu'ils marchent sur
une route plate. ») a de toute évidence joué un rôle dans la manière
dont ils ont attribué le blâme dans ce scénario. (Et ce, malgré le fait
que la cause première de l'hospitalisation pour blessures des enfants
d'âge préscolaire - de 1 à 4 ans - est la chute. Ceci démontre clairement
que les parents sous-estiment la gravité potentielle des blessures dans
de telles situations.)
Un autre facteur qui a vraisemblablement contribué au fait qu'ils n'ont
pas jeté le blâme sur la mère ou le père était leur conviction que «
les enfants grimpent partout, c 'est naturel » et « on ne peut
pas être là constamment pour les superviser ». Dans cet ordre d'idées,
certains participants avaient le sentiment que la mère ou le père était responsable de la décision de laisser l'enfant dans la cuisine,
mais que cela ne la(le) rendait pas responsable de la blessure en soi,
puisqu'elle(il) ne pouvait d'aucune façon prévoir cette possibilité , conséquence
du comportement imprévisible de l'enfant.
SCÉNARIO 3 : ÉTOUFFEMENT - JOUER AUX BILLES PRES D'UN
PETIT ENFANT
Une mère ou un père est en train de payer des factures pendant qu'un
bébé de 14 mois joue sur le plancher avec des jouets. Son frère plus âgé et l'ami de ce dernier arrivent et demandent à la mère ou au père s'ils
peuvent jouer aux billes dans la pièce. La mère ou le père accepte, mais
leur dit de jouer à l'autre bout de la pièce, loin de l'enfant qui joue.
Sans que les garçons ni la mère ou le père ne s'en rendent compte, une
des billes roule et s'arrête en face du bébé .
Dans quelle mesure le comportement de la mère ou du père dans
le scénario était-il typique?
Deux points de vue sur cette question se sont distingués :
- l'opinion minoritaire était que les billes sont des objets par essence
dangereux pour les jeunes enfants, et que le scénario, par conséquent,
n'était pas réaliste;
- cependant, le point de vue de la majorité était que le scénario présentait
une situation très naturelle et que le comportement de la mère ou du
père était typique de ce que la plupart des parents feraient dans la
même situation.
Les commentaires des participants ont souvent porté sur la question de
s'attendre qu'un frère ou une soeur plus âgé (e) surveille son frère ou
sa soeur plus jeune. Cette situation était « fréquente », puisque
plusieurs participants ont admis avoir fait cela par le passé .
La mère ou le père dans le scénario était-elle(il) conscient(e)
que le « risque/danger » était un enjeu dans cette situation ?
Certains participants ont jugé que la mère ou le père était conscient(e)
du danger que représentaient les billes, puisqu'elle (il) a insisté pour
que les enfants plus vieux jouent aux billes loin de l'endroit où se trouvait
le bébé . Cependant, les participants ont également mentionné que la mère
ou le père « ne pensait pas vraiment » et qu'elle(il) « était
préoccupé (e) par les factures ». Ainsi, certains participants étaient
d'avis qu'il était venu à l'esprit de la mère ou du père que l'enfant
pourrait se blesser, alors que d'autres avaient l'impression que la mère
ou le père n'était pas suffisamment attentive(attentif) au risque potentiel
de blessures inhérent à la situation puisqu'elle(il) se concentrait sur
ses propres buts (payer les factures).
La plupart des groupes ont jugé l'objectif de la mère ou du père de payer
les factures comme une raison légitime de ne pas porter leur entière attention
à l'enfant; la seule exception était le groupe des immigrants chinois
de Toronto, qui trouvait que la mère ou le père était « négligent(e)
» et que les parents devraient « sacrifier le travail » pour
donner aux enfants toute leur attention.
Le groupe a-t-il tenu compte de l'âge de l'enfant pour évaluer
le risque dans ce scénario ?
Les groupes étaient généralement d'avis que c'était l'âge de l'enfant
qui les avait menés à juger que l'objet en cause représentait un danger.
En d'autres mots, en général, les billes n'étaient pas considérées comme
dangereuses par leur nature même. Les participants les jugeaient plutôt
dangereuses (ou non) tout dépendant de l'âge de l'enfant en contact avec
ces billes. Une fois de plus, les participants ont débattu du risque en
fonction des facteurs contextuels présents dans le scénario. Les participants
n'ont généralement pas exprimé des justifications « fondées sur des règles
» (p. ex., les billes sont dangereuses pour n'importe quel enfant) pour
ce qui constituait des facteurs à risque pour les blessures infantiles.
Le risque était défini, en partie, par les attributs de l'enfant (p. ex.,
âge, sexe, personnalité ).
Quelles affirmations, s'il y a lieu, le groupe a-t-il exprimées
pour expliquer le comportement de la mère ou du père ou pour minimiser
l'enjeu du « risque/ danger » dans le scénario ?
Les participants ont jugé que la mère ou le père était distrait(e) et
qu'elle(il) ne supervisait pas l'enfant de façon à le garder en sécurité .
Un point d'intérêt à souligner est que la distraction était vue comme
légitime (payer des factures est quelque chose qui « doit être fait ») par la plupart des groupes; on a reconnu que cet aspect du scénario
symbolisait tout spécialement les situations à risques. Bref, les participants
ont reconnu que, lorsque les parents sont distraits, les enfants sont
susceptibles d'être exposés à un risque accru de blessures.
Cependant, les participants ont également admis que les enfants se blessent
aussi même lorsque les parents les supervisent sans aucune faute de la
part des parents (« On doit avoir des yeux tout le tour de la tête
»). Les participants ont exprimé l'opinion que les enfants sont «
trop rapides pour nous » et que « même si on les surveille, la
minute où on regarde ailleurs, ça y est! C'est à ce moment-là que c'est
dangereux. » Dans le même ordre d'idées, les participants se sont
souvent « plaints » du fait que les parents ne peuvent pas superviser
leurs enfants 100 % du temps; ce n'était tout simplement pas vu comme
une attente raisonnable. Ainsi, bien que les réponses du questionnaire
à remplir soi-même indiquent que les participants croyaient généralement
qu'ils avaient un certain contrôle sur la probabilité des blessures infantiles,
ils semblaient également croire qu'il y avait des « limites » à ce qu'
ils pouvaient faire étant donné qu'ils ne pouvaient pas « constamment
surveiller » leurs enfants.
Quelques participants ont également déclaré que les enfants « trouvent
» des choses (p. ex., de petits objets comme des billes, etc.) même quand
ils sont supervisés par les parents (personne ne passe l'aspirateur aussi
bien que ça).
En ce qui a trait à ce dernier point, il est également intéressant de
noter que certains participants ont exprimé l'opinion que si la mère ou
le père avait dit plus clairement aux enfants plus âgés de faire attention
avec les billes à cause de l'enfant (risque d'étouffement), cela aurait
été mieux que ce qui a été fait. On semble entendre par là que si quelqu'un
ne supervise pas attentivement un enfant, la responsabilité devrait alors
être donnée à une autre personne qui pourrait le faire.
La question de la supervision d'un jeune enfant par un frère ou une soeur
plus âgé (e) s'est posée de temps à autre dans les scénarios et l'opportunité de cette supervision prêtait quelquefois à la discussion, souvent en raison
de la relative inopportunité de ces décisions vu l'âge du frère ou de
la soeur plus âgé (e) dans les scénarios. Certains participants ont affirmé que l'âge de 15 ans était un âge minimal pour la responsabilité de supervision
dans ce scénario particulier, bien que le fondement du choix de cet âge
n'ait pas été clair.
Lors des discussions au sujet de la supervision d'un enfant plus jeune
par un frère ou une soeur plus âgé (e), les participants ont également
parlé des attributs du frère ou de la soeur plus âgé (e) comme point à
envisager. Par exemple, ils considéraient la mesure dans laquelle le frère
ou la soeur plus âgé (e) était « responsable » et « digne
de confiance » comme attributs importants que l'enfant devrait posséder
s'il doit superviser un enfant plus jeune. Une fois de plus, les jugements
de la part des participants au sujet des questions du risque et de la
supervision sous-entendaient une considération attentive des attributs
de leur propre enfant.
Dans certains cas par contre, le frère ou la soeur plus âgé (e) assumait
simplement la responsabilité de « surveiller l'enfant plus jeune et d'avertir
la mère ou le père de tout signe de danger » plutôt que de le superviser.
Les groupes ont-ils reconnu la blessure/les blessures qui pourrait
(pourraient) se produire, et combien rapidement ?
Le groupe a automatiquement reconnu le risque d'étouffement et ce dernier
a été perçu comme le seul risque de blessure dans ce scénario.
Quels comportements « de rechange » de la mère ou du père ont
été identifiés ?
Aucune solution n'a été approuvée de façon constante par l'ensemble des
groupes :
- quelques participants ont mentionné que les billes n'auraient jamais
dû se trouver dans la pièce où se trouve le petit enfant;
- quelques-uns ont mentionné le parc pour enfants.
Il est intéressant de noter que les parents n'ont pas dit qu'une
personne devrait porter toute son attention au bébé en tout temps. Le
contraire s'est produit, c'est-à-dire que la légitimité de payer les factures
suggérait aux parents qu'ils avaient des « responsabilités concourantes
» (enfant par rapport à obligations à remplir) et que cela était
une réalité de la vie, ce qui rend impossible une supervision constante
des enfants. En fait, la plupart des participants ont très clairement
exprimé leur conviction qu'une supervision constante de leur enfant ne
constituait pas une attente raisonnable étant donné les réalités de leur
vie. Un élément compatible avec ce point est que lorsque l'on a demandé aux parents ce qu'ils auraient pu faire d'autre, quelques-uns ont dit
que la mère ou le père pourrait payer les factures une autre fois lorsqu'elle
(il) n'aurait pas à surveiller le bébé aussi attentivement. Une fois de
plus, lorsqu'ils se penchaient sur les solutions de rechange, les participants
avaient tendance à se concentrer sur les options qui permettraient quand
même à la mère ou au père d'atteindre son but immédiat (payer les factures),
contrairement à envisager des choix qui permettraient d'obtenir la sécurité de l'enfant en modifiant les buts immédiats de la mère ou du père.
Qu'est-ce que les groupes ont décidé au sujet des responsabilités
quant aux blessures que pourrait subir l'enfant dans le scénario ?
La plupart des participants étaient d'avis que la mère ou le père serait
responsable des blessures subies par l'enfant, mais certains n'étaient
pas d'accord avec cette prise de position « dure ». Les participants qui
percevaient le résultat comme attribuable à la mère ou au père l'ont exprimé
à l'aide de « mauvais jugement » de la part de la mère ou du
père. Les autres participants ont blâmé les blessures sur la malchance (« C'est arrivé , tout simplement »). La question en cause semblait
être que la mère ou le père avait reconnu le risque et avait tenté d'agir
en conséquence. Cependant, le parent avait fait preuve de « mauvais
jugement » en ne supervisant pas l'enfant d'une meilleure façon ou
en ne mettant pas en oeuvre un plan qui garderait l'enfant plus en sécurité (p. ex., utiliser un parc pour bébés ou demander au frère ou à la soeur
plus âgé (e) de superviser le jeune enfant).
Ils ont reconnu les questions de développement auxquelles la mère ou
le père aurait dû être sensible, comme par exemple que la plupart des
jeunes enfants mettent tout dans leur bouche - 83 % des participants ont
identifié ce danger dans le questionnaire à remplir soi-même. Une fois
de plus émergeait une propension à considérer les facteurs de l'enfant,
comme son âge, dans l'évaluation de l'opportunité des décisions de la
mère ou du père dans le scénario. Ce genre de raisonnement au sujet du
risque à la lumière des facteurs contextuels (p. ex., l'âge de l'enfant,
la légitimité de la distraction de la mère ou du père) est ressorti dans
un certain nombre de scénarios et semblait refléter une approche commune
que les parents prennent pour juger du risque dans les situations réelles
de la vie.
La « légitimité » de la mère ou du père qui ne porte pas son entière
attention à l'enfant était également un facteur pour juger de la responsabilité de blessures. Les participants semblaient réticents à qualifier la mère
ou le père dans cette situation d'entièrement responsable étant donné la légitimité de la distraction. Les participants qui ont blâmé la mère
ou le père ont plutôt qualifié la décision de « mauvais jugement » de la part de la personne en cause.
SCÉNARIO 4 : BRÛLURES — CAFÉ CHAUD
Une mère ou un père est assis(e) et boit une tasse de café chaud. Un
enfant de deux ans et demi commence à pleurnicher et à crier parce qu'il
veut s'asseoir sur ses genoux. La mère ou le père laisse l'enfant s'asseoir
sur ses genoux et continue à boire le café chaud. Lorsque l'enfant fait
tomber son jouet et que la mère ou le père tend le bras pour le ramasser
sur le plancher, l'enfant tend la main vers la tasse de café chaud.
Dans quelle mesure le comportement de la mère ou du père dans
le scénario était-il typique
Le scénario et le comportement de la mère ou du père ont été jugés comme
étant typiques, « ça arrive tout le temps », « tous les matins »,
« cela arrive tous les jours, et plus d'une fois par jour ». En fait,
la plupart des participants ont mentionné qu'ils avaient eux-mêmes fait
cela à plusieurs reprises avec leurs enfants, c.-à-d. boire une tasse
café chaud avec l'enfant assis sur leurs genoux.
La mère ou le père dans le scénario était-elle(il) conscient(e)
que le « risque/danger » était un enjeu dans la situation ?
La plupart des participants ont reconnu que l'enfant pouvait être
en danger mais ils ne pensaient pas que ce danger était
imminent et que la mère ou le père était complètement conscient(e) du
risque. La plupart des participants semblaient croire que la mère ou le
père savait que quelque chose pouvait se produire, mais
qu'elle(il) ne pensait pas que tel serait le cas. De plus, ils semblaient
être d'avis que ceci était acceptable et reflétait un choix qu'ils feraient
probablement eux-mêmes. Plusieurs ont admis l'avoir fait avec leurs propres
enfants (« II y a toujours un danger mais nous avons le droit de vivre.
Sinon, nous ne ferions rien. »).
Plusieurs participants étaient d'avis que le but immédiat de la mère
ou du père dans le scénario était de faire en sorte que l'enfant cesse
de pleurer et elle(il) avait agi, par conséquent, avec cette idée en tête.
La mère ou le père n'a pas prêté attention au danger possible dans cette
situation.
Le groupe a-t-il tenu compte de l'âge de l'enfant pour évaluer
le risque dans le scénario ?
On n'a pas souvent soulevé la question de l'âge de l'enfant lors des
discussions de ce scénario. La seule mention de l'âge était liée au fait
que les enfants de deux ans et demi sont à l'occasion imprévisibles dans
ce qu'ils feront. Pour cette raison, certains participants étaient d'avis
que la mère ou le père ne pouvait pas prévoir que l'enfant essaierait
d'atteindre la tasse de café chaud et, par conséquent, qu'elle(il) aurait
dû garder cette possibilité en tête.
Quelles affirmations, s'il y a lieu, le groupe a-t-il exprimées
pour expliquer le comportement de la mère ou du père ou pour minimiser
l'enjeu du « risque/ danger » dans le scénario ?
La fréquence à laquelle le scénario se produit dans la vie réelle semblait
être ce qui le rendait acceptable pour les participants. D'autres explications
englobaient la fatigue ou le sentiment de la mère ou du père d'être sous
pression (c.-à-d. que la mère ou le père « pensait à sa propre satisfaction »), que le café n'était pas par essence dangereux et que la mère
ou le père avait probablement fait asseoir l'enfant sur ses genoux plusieurs
fois auparavant et ce, sans incident, pendant qu'elle(il) buvait du café .
Les groupes ont-ils reconnu la blessure/les blessures qui pourrait
(pourraient) se produire, et combien rapidement ?
Les participants ont immédiatement reconnu que des brûlures causées par
le café pouvaient entraîner des blessures. En fait, plusieurs participants
ont relaté leurs propres histoires concernant les brûlures reliées à la
nourriture/aux breuvages chauds. Néanmoins, ils ont quand même jugé le
risque comme étant minime du point de vue de la probabilité qu'il se produise
et ils ont maintenu qu'ils ne s'abstiendraient pas du plaisir de boire
une tasse de café relaxante avec leur enfant sur leurs genoux à cause
de ce risque. Une fois de plus, lorsque les parents agissent à la lumière
de leurs propres besoins et buts immédiats (savourer une tasse de café ),
ils sont prêts à accepter un certain degré de risque vis-à-vis la sécurité de leur enfant.
Quels comportements « de rechange » de la mère ou du père ont
été identifiés ?
Les comportements de rechange les plus souvent mentionnés comprenaient
les suivants : éloigner le café de l'enfant et laisser l'enfant ramasser
le jouet, solutions qui permettent à la mère ou au père de poursuivre
son but, qui est de boire un café . Une option moins fréquemment mentionnée
était de cesser de boire le café avec l'enfant sur les genoux.
Qu'est-ce que les groupes ont décidé au sujet des responsabilités
quant aux blessures que pourrait subir l'enfant dans le scénario ?
Dans l'ensemble, la mère ou le père était jugé (e) responsable des blessures
que pourrait subir l'enfant dans cette situation. Le sentiment semblait
être que la mère ou le père est la seule personne dans le scénario qui
puisse évaluer le risque et elle(il) a la responsabilité de le faire.
Cependant, il y a eu des discussions sur les attributions, relativement
au caractère typique de ce scénario. Les participants étaient d'avis que
les blessures seraient dues à la « malchance » et qu'il serait
difficile de « blâmer la mère ou le père » si l'enfant s'était
brûlé une fois, étant donné la fréquence à laquelle ils avaient probablement
fait la même chose et que rien ne s'était passé . Pour certains participants,
donc, quand une blessure était l'exception à une pratique fréquente, elle
était plus susceptible d'être attribuée à la malchance, même si cette
blessure était survenue à la suite d'une décision que
la mère ou le père avait prise.
SCÉNARIO 5 : NOYADE - UN PETIT ENFANT DANS LA BAIGNOIRE
Un enfant de deux ans et demi joue dans la baignoire. L'enfant se met
à pleurer et à faire des scènes parce qu'il veut son jouet favori qui
a été laissé au second étage. La mère ou le père dit à l'enfant de rester
assis dans la baignoire et se dépêche d'aller à l'étage pour trouver le
jouet.
Dans quelle mesure le comportement de la mère ou du père dans
le scénario était-il typique?
Les participants étaient d'avis qu'il s'agissait là d'un scénario fréquent,
mais ils différaient d'opinion pour dire à quel point le comportement
de la mère ou du père était fréquent. Certains ont interprété le comportement
comme de la « négligence » et d'autres ont exprimé un point de
vue moins extrême, donnant à entendre que cette décision était typique
de celles que les parents pourraient prendre.
La mère ou le père dans le scénario était-elle(il) conscient(e)
que le « risque/danger » était un enjeu dans la situation ?
La plupart des participants ont déclaré que la mère ou le père «
ne s'était absolument pas » rendu compte que l'enfant pouvait se
blesser dans cette situation. L'opinion générale était que le but principale
de la mère ou du père était de faire en sorte que
l'enfant cesse de pleurer et elle(il) a agi en conséquence.
Le groupe a-t-il tenu compte de l'âge de l'enfant pour évaluer
le risque dans le scénario ?
L'âge de l'enfant était considéré comme un facteur de la situation qui
influençait le degré de risque créé par le comportement de la mère ou
du père. La plupart des participants étaient d'avis que l'enfant était
trop jeune pour être laissé seul, même un moment, alors qu'un enfant plus
âgé pourrait rester seul quelques instants, tout dépendant de son âge
et d'autres attributs, comme la probabilité qu'il obéisse aux ordres et
reste assis.
Quelles affirmations, s'il y a lieu, le groupe a-t-il exprimées
pour expliquer le comportement de la mère ou du père ou pour minimiser
l'enjeu du « risque/ danger » dans le scénario ?
Les participants étaient d'avis que la mère ou le père était distrait(e)
parce que l'enfant pleurait et, donc, ne pensait pas d'abord à la sécurité .
Essentiellement, la mère ou le père n'a pas pris en considération le danger
de laisser l'enfant seul dans la baignoire un moment. Ils pensaient également
que la période de temps pouvait avoir de l'importance, la mère ou le père
croyant qu'elle(il) serait de retour dans un instant et que rien ne se
produirait dans une période de temps si courte.
Les groupes ont-ils reconnu la blessure/les blessures qui pourrait
(pourraient) se produire, et combien rapidement ?
Le danger de la noyade, l'enfant qui tombe et qui se heurte la tête,
et qui peut s'ébouillanter en ouvrant le robinet d'eau chaude sont des
risques qui ont tous été aisément mentionnés comme des blessures possibles
dans cette situation.
Quels comportements « de rechange » de la mère ou du père ont
été identifiés ?
La mère ou le père aurait pu emmener l'enfant chercher le jouet, donner
à l'enfant un autre jouet (tenter de le distraire), demander à quelqu'un
d'autre d'aller chercher le jouet au second étage ou s'être préparé (e)
à l'avance en allant chercher le jouet favori avant de mettre l'enfant
dans la baignoire. Une fois de plus, la prédominance des comportements
de rechange sous-entendait que la mère ou le père fasse quelque chose
de différent pour atteindre son but, qui est de calmer l'enfant, plutôt
qu'elle(il) change de but.
Qu'est-ce que les groupes ont décidé au sujet des responsabilités
quant aux blessures que pourrait subir l'enfant dans le scénario ?
On a jugé que la mère ou le père était entièrement responsable si quelque
chose devait se produire dans cette situation. L'opinion générale exprimée
était qu'une mère ou un père devrait savoir qu'il ne faut pas laisser
un enfant si jeune seul dans une baignoire, peu importe les circonstances.
Les participants se sont tous entendus sur ce point et ils étaient fortement
d'avis que c' était extrêmement dangereux que la mère ou le père ait agi
de cette façon. En fait, plusieurs participants ont qualifié le comportement
de la mère ou du père de « négligent ».
SCÉNARIO 6 : DANGER DANS LE VEHICULE AUTOMOBILE - SIÈGE
DE VOITURE
La mère ou le père d'un enfant de cinq ans et demi conduit sur une distance
d'environ six pâtés de maisons pour aller chercher du lait à l'épicerie
locale. L'enfant refuse de rester assis avec sa ceinture de sécurité bouclée.
La mère ou le père accepte de laisser l'enfant s'asseoir sur la banquette
arrière sans porter de ceinture de sécurité , après que l'enfant ait promis
de rester assis et de ne pas sauter dans la voiture.
Dans quelle mesure le comportement de la mère ou du père dans
le scénario était-il typique?
Le scénario a été qualifié de courant. Ce qui est surprenant, c'est que
le comportement de la mère ou du père a été lui aussi qualifié de courant en raison d'aspects particuliers du scénario : la distance
et la vitesse. Les participants étaient d'avis que lorsque les parents
parcourent une courte distance, et à basse vitesse, ils étaient le plus
susceptibles de ne pas insister auprès de leurs enfants pour qu'ils bouclent
les ceintures de sécurité si ces derniers opposaient de la résistance.
Il a également été mentionné que c'était plus pratique et plus facile
pour la mère ou le père de ne pas se disputer avec l'enfant à propos de
la ceinture de sécurité . Ainsi, même s'il s'agissait d'un échantillon
de répondants ayant obtenu des notes très élevées aux questions de l'étude
au sujet de l'utilisation du siège de voiture et de la sécurité automobile
(consulter la section sur les Données du questionnaire : connaissance
des questions de sécurité pertinentes aux blessures infantiles), ils n'appliquent
apparemment pas ces règles inconditionnellement et régulièrement. Plutôt,
la mesure où ils observent ces règles dépend de facteurs particuliers
à la situation (p. ex., la distance à parcourir, la vitesse à laquelle
ils conduiront) et de questions de commodité (p. ex., l'enfant se plaint-il
de porter la ceinture de sécurité ou non).
La mère ou le père dans le scénario était-elle(il) conscient(e)
que le « risque/danger » était un enjeu dans la situation ?
La mère ou le père était vraisemblablement conscient(e) du danger, puisqu'
elle(il) insistait auprès de l'enfant pour qu'il porte une ceinture de
sécurité . Cependant, d'autres facteurs ont de toute évidence influencé sa décision de ne pas appliquer strictement cette règle. Les participants
ont également mentionné que les parents pourraient juger que la possibilité d'accident était très faible. En d'autres mots, un accident pourrait survenir mais c'était un événement à faible probabilité («
oui, mais les risques sont minimes »).
Le groupe a-t-il tenu compte de l'âge de l'enfant pour évaluer
le risque dans le scénario ?
L'âge de l'enfant était un facteur en ce sens que les participants ont
mentionné que des enfants plus âgés peuvent harceler de manière répétitive
les parents et même créer une situation de conduite routière dangereuse
en raison du stress éprouvé par la mère ou le père. Ainsi, il peut parfois
s'avérer plus sensé de céder à leurs désirs que de se disputer avec eux,
particulièrement si le risque de blessures est considéré comme un événement
à faible probabilité .
Quelles affirmations, s'il y a lieu, le groupe a-t-il exprimées
pour expliquer le comportement de la mère ou du père ou pour minimiser
l'enjeu du « risque/ danger » dans le scénario ?
On a qualifié le comportement de la mère ou du père de rationnel en ce
sens que le parent ne conduisait que sur une courte distance (n'était
pas dans la voiture trop longtemps) et à basse vitesse. De plus, la mère
ou le père présumait probablement qu'elle(il) n'aurait pas d'accident
de voiture (inclination à l'optimisme) et ne pensait pas, par conséquent,
à un accident de voiture comme résultat possible (« Ça ne m'arrivera
pas »). Sous la tension du moment (l'enfant qui se plaint, le besoin
d'y aller, etc.), il se peut que la mère ou le père n'ait pensé qu'à se
rendre au magasin rapidement (c.-à-d. que la poursuite de son but ne tenait
pas compte de la question de la sécurité ).
Les groupes ont-ils reconnu la blessure/les blessures qui pourrait
(pourraient) se produire, et combien rapidement ?
La possibilité d'une blessure en voiture a été rapidement reconnue et
elle a été jugée comme potentiellement grave. Contrairement au scénario
du gâteau, où les participants ont minimisé la gravité potentielle des
blessures reliées à une chute, il n'y a pas eu de minimisation des blessures
potentielles de la sorte dans ce scénario. Les participants ont reconnu
que l'enfant pouvait mourir ou devenir invalide. Ils n'ont pas mentionné de blessures moins graves.
Quels comportements « de rechange » de la mère ou du père ont
été identifiés ?
La mère ou le père aurait pu laisser crier l'enfant, tenté de le distraire
avec un jouet dans la voiture, arrêté la voiture jusqu'à ce que l'enfant
boucle sa ceinture de sécurité .
Qu'est-ce que les groupes ont décidé au sujet des responsabilités
quant aux blessures que pourrait subir l'enfant dans le scénario ?
Les groupes étaient tous d'avis que la mère ou le père serait entièrement
responsable des blessures qui pourraient survenir.
THÈMES ET RÉPONSES COMMUNS À TOUS LES SCÉNARIOS
L'efficacité du scénario à saisir le comportement « typique »
de la mère ou du père
En général, tous les scénarios ont été jugés par les participants comme
des situations fréquentes auxquelles les parents font face régulièrement.
De plus, le comportement de l'enfant et la décision de la mère ou du père
ont également été considérés comme typiques et réalistes. On a pu le constater
non seulement dans la richesse de la discussion au sujet de chacun des
scénarios, mais également dans la mesure où les participants se sont souvent
placés eux-mêmes dans la situation et où plusieurs parents ont raconté comment ils avaient réagi dans des situations semblables.
En résumé , le recours à des scénarios s'est avéré une approche très efficace
pour discuter avec les parents de ce sujet difficile. Cette approche a
permis aux participants de partager leurs opinions sur l'art d'être parents
en matière de sécurité , sans les obliger à personnaliser la discussion
(c.-à-d. à discuter de leurs propres décisions qui pourraient avoir exposé leur(s) enfant(s) au risque de se blesser). Cette méthode contournait
le problème potentiel du « caractère social désirable » altérant les réponses
sur le rôle joué par les parents dans la prévention des blessures infantiles.
L'impression claire lors de l'observation et de l'écoute des groupes était
que les participants parlaient sincèrement du rôle des parents dans la
prévention des blessures infantiles et qu'ils se sentaient tout à fait
à l'aise d'en discuter.
Les facteurs influençant la conscience des parents du « risque/danger
» dans les scénarios
On a dégagé quelques thèmes communs à tous les scénarios :
- les parents, souvent, ne sont pas conscients du risque parce qu'ils
sont distraits par quelque chose qui, à leur avis, demande leur attention
immédiate - p. ex., le téléphone, la sonnette de la porte, aller chercher
quelque chose dont ils ont besoin pour achever une tâche, etc. De même,
s'ils s'adonnent à une activité qui pourrait être stressante (p. ex.,
payer les factures) et, par conséquent, qui demande toute leur attention,
ils ne vont probablement pas penser du tout au risque de blessure. Le
thème des parents « qui ne pensent pas » à la possibilité de
blessures pour leurs enfants est ressorti dans toutes les discussions
de groupe;
- les parents sont quelquefois conscients du risque de blessures pour
leur enfant, mais ils ont un faux sentiment de sécurité en pensant que
rien n'arrivera. Ce faux sentiment de sécurité peut provenir du fait
qu'ils ont pris ce risque plusieurs fois auparavant dans les activités
de tous les jours (p. ex., avoir l'enfant sur soi tout en buvant quelque
chose de chaud) et qu'il n'est résulté aucune conséquence négative grave
de ces risques. Ainsi, bien qu'ils soient conscients que des blessures
sont possibles, ils ne croient pas que ce soit un résultat très probable;
- les parents sont quelquefois conscients du risque de blessures que
pourrait subir l'enfant mais ce dernier se comporte de manières qui
rendent difficile pour la mère ou le père de choisir un cours d'action
non risqué . Le stress causé par un enfant qui pleure semble régulièrement
faire en sorte que les parents repensent leur objectif à long terme
qui ne pose pas de menace à la sécurité de l'enfant (p. ex., le bain
complet de l'enfant avec supervision, le trajet jusqu'au magasin avec
la ceinture de sécurité attachée) pour adopter un objectif à court terme
plus immédiat qui est une source plus grande de stress, notamment, faire
en sorte que l'enfant cesse de pleurer. Dans ces circonstances, les
parents « prendront quelquefois le risque » si cela met immédiatement
fin aux pleurs ou pleurnichages de l'enfant. Il a semblé apparent que
le stress d'un enfant qui fait une scène pourrait également miner la
capacité de la mère ou du père de penser clairement à la situation et
de peut-être considérer ou reconnaître pleinement les facteurs du risque
inhérent.
Les attributs de l'enfant comme sources d'influence sur l'évaluation
du risque par les parents
L'âge de l'enfant a régulièrement influencé les jugements
des parents au sujet du risque de blessure. De manière appropriée, les
parents se sont rendu compte que certaines activités (p. ex., rester seul
un moment dans le bain, jouer avec des billes) n'étaient pas des événements
dangereux en soi. Plutôt, le degré du danger et la probabilité des risques
de blessures dépendaient de l'âge de l'enfant en cause.
Ce qui serait totale négligence de la part d'une mère ou d'un père face
à un enfant de deux ans serait probablement une décision parfaitement
raisonnable à prendre avec un enfant de six ans (p. ex., le laisser seul
un moment dans la baignoire).
Les parents ont également réfléchi à la notion de « connaître
son propre enfant », avoir une bonne idée de ce que leur
enfant est susceptible de faire dans des situations différentes, cette
notion étant perçue comme critique pour déterminer la mesure à laquelle
une mère ou un père devrait s'inquiéter du danger potentiel. En conformité avec cette notion, les parents ont également parlé de différents attributs
de personnalité , tels que « le caractère digne de confiance
» et « la responsabilité » comme facteurs influençant leurs
jugements sur le risque pour leur enfant dans une situation donnée. Ces
attributs de personnalité ont également joué un grand rôle dans leurs
jugements sur l'opportunité de demander à un frère ou à une soeur plus
âgé (e) de surveiller un enfant plus jeune.
Le sexe de l'enfant était une autre dimension qui a
influencé les attentes des parents au sujet du comportement à risques.
Environ la moitié des répondants étaient d'avis que les garçons s'adonnaient
davantage que les filles à des activités risquées qui pourraient entraîner
des blessures. De plus, bien qu'ils n'aient pas indiqué qu'ils apprenaient
différemment aux garçons qu'aux filles, les parents ont souvent fait le
commentaire qu'il était plus difficile d'apprendre la sécurité , et comment
éviter les risques, aux garçons qu'aux filles.
Bref, la plupart des parents étaient réticents à l'idée que la sécurité doive s'accompagner de « règles ». Plutôt, les risques dépendaient en
grande partie des attributs de l'enfant (âge, sexe, traits
de personnalité , habilités physiques). Dans le même ordre d'idées, les
parents n'étaient en général pas prêts à appliquer inconditionnellement
des règles de sécurité . La meilleure illustration en est le port de la
ceinture de sécurité pour leur enfant. Bien que la connaissance de l'importance
d'utiliser ce dispositif de sécurité ait été presque universel, les parents
étaient tout de même d'avis qu'ils pouvaient en « discuter » avec leur
enfant - selon la distance à parcourir, la vitesse à laquelle ils conduiraient
et la résistance de l'enfant à porter la ceinture de sécurité !
Explications données pour le comportement risqué des parents
Généralement, il y avait deux genres d'explications :
- ceux qui croyaient que la mère ou le père n'avait pas reconnu le risque
inhérent à son comportement;
- ceux qui étaient d'avis que la mère ou le père était conscient(e)
du risque mais avait tout de même opté pour le comportement en cause.
Quand les participants ont jugé que la mère ou le père n'était pas
conscient(e) du risque, c'était habituellement parce qu'elle(il)
était perçu(e) comme distrait(e) par un autre but pressant, et agissant
impulsivement pour atteindre ce but (p. ex., répondre au téléphone ou
à la sonnette de la porte).
Quand la mère ou le père était conscient(e) du risque mais se comportait
quand même d'une manière qui exposait son enfant à des risques de blessure
personnelle, les participants ont expliqué le comportement de la mère
ou du père de nombreuses façons, dont :
- c'est plus pratique de faire ce que la mère ou le père a fait;
- c'est moins stressant pour la mère ou le père que de faire autrement;
- il y a un faux sentiment de sécurité que rien n'arrivera vraiment;
- le parent croit que son enfant est « différent » des autres enfants
de son âge et que, par conséquent, il n'y a aucun risque de blessure;
- le parent est convaincu que l'enfant est laissé sans supervision pendant
une période de temps trop courte pour qu'il se blesse.
Reconnaissance des blessures potentielles
Dans tous les scénarios, sauf pour celui au sujet du « gâteau », les
participants ont rapidement reconnu la menace clé de blessures. Pour le
scénario du gâteau, bien qu'ils aient reconnu le danger de chute, ils
n'ont pas interprété ceci comme présentant un potentiel de « blessure
grave ». Les remarques les plus communes étaient du genre : « Les
enfants (y compris les miens) tombent tout le temps » et « Rien
de grave ne se produit » (en d'autres mots, la conviction que tomber
fait naturellement partie de l'enfance).
Spécification des comportements « de rechange » de la mère ou
du père
Les participants ont éprouvé peu de difficulté à identifier des comportements
de rechange que la mère ou le père aurait pu adopter dans chacune des
situations. Ce qui est intéressant, c'est que la majorité des solutions
suggéraient que la mère ou le père atteigne son but premier (p. ex., répondre
au téléphone ou à la sonnette de la porte) plutôt qu'elle(il) ne le modifie
(p. ex., laisser sonner le téléphone).
Quand ces résultats sont considérés à la lumière des explications que
les participants ont données en matière de comportements des parents,
il semble que la préoccupation de leurs propres buts immédiats (p. ex.,
payer les factures, aller au magasin) entraîne souvent le manque de reconnaissance
des dangers potentiels pour l'enfant, par suite des choix de comportement
faits par les parents.
Il convient de noter également que les parents ont rarement mentionné qu'ils devraient porter toute leur attention à l'enfant en tout temps,
comme comportement de rechange qui garderait l'enfant en toute sécurité .
En fait, les participants ont clairement souligné qu'ils ne percevaient
pas la constante supervision de leur enfant comme une attente raisonnable.
Quelques-uns ont suggéré l'utilisation de dispositifs de sécurité , comme
un parc pour bébés.
Facteurs influençant les jugements sur la responsabilité des
blessures
1) Attributs de l'enfant
Si l'âge de l'enfant ou sa personnalité , par exemple, laisse supposer
certaines choses sur le comportement probable de l'enfant dans la situation
(p. ex., « les bébés qui commencent à marcher sont naturellement curieux »), alors la mère ou le père était tenu(e) responsable d'exposer
l'enfant à une situation risquée en ne prenant pas ces événements probables
en considération.
2) Mesure dans laquelle la cause de la blessure était un danger
évident
Pour les sources de blessures qui pourraient être fondamentalement dangereuses,
telles que le poison, les participants ont déclaré les parents entièrement
responsables des blessures, comparativement aux situations où l'on ne
pouvait prévoir les sources de danger en tant que telles (p. ex., le gâteau
sur le comptoir).
3) Mesure dans laquelle la blessure était probable
Si la blessure se produit peu fréquemment (c.-à-d., une seule fois toutes
les 200 fois où ils font des choses comme laisser s'asseoir un enfant
sur leurs genoux pendant qu'ils boivent quelque chose de chaud), alors
les participants avaient tendance à interpréter le comportement de la
mère ou du père comme démontrant un « mauvais jugement » ou même de la
« malchance », plutôt qu'à blâmer la mère ou le père.
4) L'opportunité (selon les perceptions) du niveau de supervision
par la mère ou le père
Si la mère ou le père était distrait(e) d'une manière « légitime » (p.
ex., payer les factures), alors les participants étaient moins susceptibles
de tenir la mère ou le père responsable des blessures à l'enfant. Par
contraste, si la distraction était considérée moins légitime et que l'enfant
était laissé sans supervision ou dans une situation potentiellement dangereuse
découlant de ce manque de surveillance (p. ex., un désir de répondre au
téléphone), alors les participants étaient plus susceptibles d'attribuer
le blâme de la blessure à la mère ou au père.
RÉSULTATS DU GROUPE DE DISCUSSION
CONVICTIONS AU SUJET DE LA MEILLEURE FAÇON D'ENSEIGNER LA SÉCURITÉ AUX
ENFANTS
Répéter aux enfants (« sermonner sans arrêt ») et mettre l'accent
sur les conséquences de blessures potentielles afin qu'ils apprennent
la sécurité , voilà qui résume l'opinion générale des participants. Les
participants ont également mentionné le besoin d'utiliser un langage simple
que les enfants peuvent comprendre. Certains parents étaient en faveur
de l'utilisation de « mots clés », tels que « danger », pour apprendre
aux enfants les sources de blessures potentielles.
Certains parents ont tenté de simuler les blessures potentielles découlant
de certaines situations, et d'influencer le comportement de l'enfant,
avant que ce dernier ne passe à l'action. À titre d'exemple de cette approche,
certains parents ont été jusqu'à tenir la main de l'enfant au-dessus d'un
rond de cuisinière chaud pour lui faire comprendre le danger de ce geste
et les blessures qui pourraient en résulter, si l'enfant touchait à la
cuisinière.
L'importance de donner le bon exemple a été mentionnée par certains participants (« faites ce que vous dites »), mais, étonnamment, ce point n'a
pas été souligné comme étant particulièrement significatif; certains groupes
ne l'ont pas du tout mentionné . Dans le même ordre d'idées, les participants
ont parlé du rôle éducatif que jouent les frères ou soeurs plus âgés,
mais on a traité cette question sous l'angle des blessures subies par
les frères ou soeurs plus âgés, blessures servant à illustrer aux plus
jeunes comment éviter de prendre des risques. Peu de participants ont
mentionné que les frères ou soeurs plus âgés apprenaient effectivement
aux plus jeunes les questions de sécurité en soi. En fait, certains frères
ou soeurs plus âgés se sont vu attribuer des rôles « d'espions » pour
le compte des parents (c.-à-d., « surveillez-le(la) ») plutôt
que d'être chargés de superviser les activités de l'enfant plus jeune.
Certains participants étaient également d'avis que la discipline en réponse
aux activités risquées était un moyen par lequel les enfants apprenaient
la sécurité (« On doit exercer une discipline raisonnable pour montrer
aux enfants à ne pas toucher »). L'opinion générale semblait être
qu'une discipline plus sévère était plus frappante pour les enfants. Par
exemple, bien que les participants aient typiquement mentionné qu'ils
ne croyaient pas à la discipline physique, plusieurs ont dit qu'ils avaient
administré une fessée à leur enfant quand il(elle) s'était précipité (e)
dans la rue.
IMPACT DE LA GRAVITÉ DES BLESSURES SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA SÉCURITÉ
La question de la gravité des blessures a également été discutée à la
lumière de l'enseignement de la sécurité et du risque aux enfants. Les
parents considéraient les blessures potentiellement graves comme nécessitant
des formes de discipline plus sévères pour enseigner les dangers aux enfants.
Les participants étaient également d'avis que, pour certains enfants (quoique
pas tous), l'expérience d'une blessure faisait en sorte qu'ils évitaient
de prendre des risques par la suite (« On se souvient plus de la douleur
que des mots ») et que plus grave est la blessure (« douloureuse »), plus l'enfant apprend à éviter de prendre des risques.
IMPACT DE L'ÂGE DES ENFANTS SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA SÉCURITÉ
Les participants ont généralement reconnu que l'âge de l'enfant influence
la manière dont on enseigne la sécurité aux enfants et également à quoi
on doit s'attendre au sujet de ce que les enfants apprendront et se rappelleront
en fonction des efforts déployés pour leur enseigner la sécurité . Les
enfants plus âgés sont jugés plus aptes à se rappeler ce qu'on leur a
dit, ce qui par conséquent exige moins de répétition d'information que
pour les enfants plus jeunes. De plus, il faut être plus concret lorsque
l'on explique la sécurité aux enfants plus jeunes. Le fait que l'on puisse
raisonner davantage avec les enfants plus âgés, par opposition à la seule
énonciation des règles de sécurité , a également été mentionné comme un
facteur influençant comment une personne enseigne la sécurité aux enfants.
Les participants ont également suggéré que l'âge de l'enfant influence quand on enseigne la sécurité aux enfants. On doit enseigner
le risque aux enfants plus jeunes quand ils sont sur le point de s'adonner
à des activités risquées qui pourraient entraîner des blessures, ou lorsqu'ils
s'adonnent à ce genre d'activités. Cependant, les enfants plus âgés peuvent
aussi apprendre si on leur explique à l'avance les activités risquées
et les risques de blessures. Il y a eu une discussion approfondie sur
la question de savoir si l'enseignement à l'avance pousserait, en réalité ,
l'enfant à prendre plus de risques au nom du concept « lui donner l'idée
». Il n'y a pas eu d'unanimité sur ce point.
Il était également évident que certains parents n'avaient pas une bonne
idée du développement cognitif et physique de leur enfant. Une mère qui
s'attendait à ce que son enfant de 9 mois ne la suive pas dans l'escalier
parce qu'elle lui avait dit de rester où il était en est un bon exemple.
IMPACT DU SEXE DE L'ENFANT SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA SÉCURITÉ
Même si la moitié des participants étaient d'avis que les garçons s'adonnent
à plus d'activités risquées que les filles (consulter la section sur les
Résultats du questionnaire), ils croyaient néanmoins que l'on doit apprendre
aux garçons et aux filles la sécurité de la même façon. Ils ne considéraient
pas que le fait que les garçons s'adonnent à des activités plus risquées
devrait influer sur la façon dont on enseigne la sécurité aux enfants.
Certains participants étaient d'avis qu'il « est plus difficile d'enseigner
aux garçons. Les filles comprennent mieux. ». Cependant, ils n'ont
pu préciser l'impact de cette conviction sur la façon dont ils enseignaient
la sécurité aux garçons comparativement aux filles. En général, les participants
ne semblaient pas conscients de la nécessité d'enseigner différemment
la sécurité aux garçons et aux filles.
Les participants ont reconnu que les parents réagissent souvent face
aux garçons et aux filles d'une manière différente, lorsqu'il s'agit de
leurs blessures : en « serrant davantage » les filles dans leurs
bras et en « plaisantant davantage » au sujet des blessures subies
par les garçons. Les participants étaient d'avis que ces réactions différentes
face aux enfants, selon leur sexe, a probablement un effet sur les comportements
à risques. Cependant, ils n'ont pu traduire exactement la façon dont cet
enseignement indirect pourrait avoir un effet sur l'apprentissage des
risques de blessures par les enfants.
Dans le contexte des questions qu'on leur a posées sur la façon dont
ils enseignaient différemment aux garçons et aux filles, le point de la
personnalité de l'enfant a été soulevé par plusieurs groupes. Les participants
ont tenu à souligner le fait que, même dans les groupes de filles (ou
de garçons), le comportement à risques et la nécessité d'enseigner la
sécurité variaient considérablement. Bien que le sexe de l'enfant ait
été reconnu comme un important facteur quant à la prise de risques, les
attributs individuels de la personnalité ont donc également été perçus
comme critiques relativement à la prise de risques et à la nécessité d'un
enseignement sur les questions de sécurité .
DOCUMENTATION POUR ENSEIGNER LA SÉCURITÉ AUX ENFANTS
Les participants ont mentionné qu'il existait un certain nombre d'outils
différents pour aider les enfants à apprendre la sécurité (émissions de
télévision, livres, enseignement à l'école). Ils n'ont pas mentionné qu'ils
pensaient que les enfants avaient davantage besoin de sources d'information
qui les exposeraient aux questions de sécurité .
SOURCES D'INFORMATION UTILISÉES PAR LES PARENTS
En ce qui a trait aux sources d'information que les parents utilisaient
pour en apprendre davantage sur les questions de sécurité en rapport avec
les enfants, les principales sources mentionnées étaient : la famille,
d'autres parents, de la documentation écrite comme des livres et dépliants
(par exemple, émanant du domaine de la santé publique), des émissions
à la télévision, le bon sens et le médecin de famille. Certains participants
ont indiqué que les dépliants devraient être traduits dans une plus grande
variété de langues. Les groupes autochtones ont mentionné le problème
de l'analphabétisme comme étant une barrière pour les parents qui veulent
avoir accès à l'information sur la sécurité des enfants.
Il n'y a pas eu d'opinion générale claire sur le genre d'information
supplémentaire nécessaire, ni même sur le fait que de l'information supplémentaire
soit nécessaire. Certains participants étaient d'avis qu'une grande partie
de la sécurité reliée aux enfants découlait du « bon sens » et qu'une
personne n' a pas à s'éduquer formellement ou à se sensibiliser à ce genre
d'information (en d'autres mots, le fait d'avoir des enfants était déterminant
pour prendre conscience des questions de sécurité ).
QUESTIONS SUR LES RISQUES DE L'ENVIRONNEMENT
Tout au long de la discussion portant sur les divers scénarios, la plupart
des parents ont clairement indiqué leur sensibilisation et leur responsabilité face à la réduction des risques dans l'environnement de leurs enfants.
Les commentaires comme « mettre l'enfant dans un parc pour bébés » ainsi qu'une grande sensibilisation aux dispositifs de sécurité et
un usage répandu de ces derniers en témoignaient.
Dans ce contexte, les parents ont également fait des commentaires faisant
preuve de leur connaissance du fait que les risques de l'environnement
étaient liés à l'âge (certains risques existent pour les bébés qui commencent
à marcher mais ne sont pas inquiétants pour des enfants plus âgés), ou
encore étaient le résultat de l'interaction de l'enfant avec l'environnement
plutôt que quelque chose de dangereux par sa nature même (par exemple,
un gâteau).
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