La santé des jeunes : tendances au Canada
Chapitre 2 : La vie à l'école
Les adolescents passent une partie importante de leur vie quotidienne
à l'école. Les résultats de recherches de plus en plus nombreuses tendent
à confirmer que ce que les jeunes vivent à l'école exerce une profonde
influence sur leur développement social et affectif, notamment sur leurs
comportements de santé et l'opinion qu'ils ont d'eux-mêmes (Rudd et Walsh,
1993; Resnick et coll., 1993). Pour beaucoup d'élèves, l'école est une
expérience largement satisfaisante. Leur attitude positive à l'égard de
l'école est constamment renforcée par la reconnaissance de leurs réalisations
par leurs enseignants ainsi que par leur participation à la vie sociale
qui tourne autour du milieu scolaire. Pour certains jeunes, toutefois,
l'école est un endroit menaçant, où les attentes exagérément élevées les
exposent aux critiques et à l'exclusion. Bon nombre d'entre eux abandonnent
graduellement l'école. Une recherche récente a démontré que ces élèves
en voie d'abandonner l'école ont tendance à s'associer à des jeunes qui
ont des sentiments et des valeurs analogues aux leurs et avec lesquels
ils finissent par adopter des comportements présentant des risque pour
la santé (Connop et King, 1999).
Il n'y a pas de système d'éducation national au Canada. Chaque province
et territoire peut établir son curriculum d'enseignement et son propre
système scolaire (voir la figure 1.1). Il est utile de signaler qu'en
ce qui concerne la 6e et la 10e année, la structure
du système scolaire est assez semblable partout au pays, et que le contenu
des cours qui y sont enseignés ne varie pas beaucoup d'une province à
l'autre. Les élèves de la 6e année restent ensemble la plupart
du temps, et ils ont le même enseignant. Ceux de la 10e année
choisissent leurs cours et ont des horaires individuels. Les enseignants
et la composition des groupes varient selon les matières. En règle générale,
deux ou trois programmes sont offerts, permettant soit d'entreprendre
des études postsecondaires, soit d'accéder directement au monde du travail.
En ce qui concerne la 8e année, toutefois, le système scolaire
diffère davantage d'une région à l'autre du pays. Plusieurs provinces
ont un premier cycle de l'enseignement secondaire qui va de la 7e à la 9e année. Les écoles secondaires de premier cycle se trouvent
souvent dans les mêmes établissements que les écoles secondaires de deuxième
cycle, où vont les élèves de la 10e à la 12e année.
Les systèmes scolaires des provinces et des territoires vont jusqu'à la
12e année, sauf au Québec, où il existe un volet primaire (de
la lre à la 6e année) et un volet secondaire (de
la 7e à la 11e année). En Ontario, où l'enseignement
secondaire peut durer 4 ou 5 ans, il existe des écoles intermédiaires
et des écoles primaires, cours moyens, ainsi que différentes combinaisons
entre les deux. Bref, les systèmes scolaires en vigueur au Canada sont
organisés de façon très semblable au niveau de la 6e et de
la 10e année, mais ils diffèrent notablement d'une région du
pays à l'autre au niveau de la 8e année.
Ces dernières années, le Conseil des ministres de l'Éducation, Canada
(CMEC) a joué un rôle de premier plan dans l'élaboration de curricula
communs à travers le pays. Le Conseil a aussi mis en place le Programme
d'indicateurs du rendement scolaire, qui permet d'évaluer les connaissances
des élèves des 3e, 6e et 9e années en
anglais, en mathématiques et en sciences.
Le Canada a aussi participé à des programmes internationaux d'évaluation
des connaissances des élèves en mathématiques et en sciences. Cet intérêt
attaché aux épreuves standardisées et à des curricula communs dans un
contexte comparatif entre les pays et les provinces a donné son élan à
des initiatives d'élaboration de curricula qui mettent l'accent sur des
résultats mesurables. Les cours axés sur les objectifs de carrière (travail,
collège, université) sont une autre retombée logique de cette orientation.
Figure 2.1
Par ailleurs, non seulement les systèmes d'éducation varient d'un pays
à l'autre, mais la nature des rapports entre les élèves et les enseignants
ainsi que le traitement des élèves n'ayant pas obtenu la note de passage
ne sont pas partout les mêmes (King et coll., 1996). Dans des pays comme
la France, la Belgique et la Hongrie, beaucoup d'élèves redoublent une
classe si leurs résultats ne sont pas jugés satisfaisants. Ailleurs, par
exemple en Norvège, en Suède et au Danemark, presque tous les élèves avancent
d'une année à l'autre avec leurs camarades, au moins jusqu'à ce qu'ils
aient terminé leur 10e année. Ces différences tant sur le plan
des systèmes d'éducation que de l'enseignement et de l'apprentissage n'ont
que peu d'effets sur le degré de satisfaction des élèves, mais certaines
observations à cet égard méritent néanmoins d'être signalées. Ainsi, dans
les pays où on utilise davantage des méthodes pédagogiques plus autoritaires
centrées sur l'enseignant, plus d'élèves disaient ne pas aimer l'école.
Dans le présent chapitre, nous examinons les changements survenus depuis
1990 quant à l'opinion qu'ont les élèves de leur rendement scolaire ainsi
qu'à leurs attentes et à leur degré de satisfaction à l'égard de l'école,
notamment en ce qui concerne leurs rapports avec les enseignants et les
autres élèves, l'intérêt que portent leurs parents à ce qui se passe à
leur école, les pressions exercées sur les élèves pour qu'ils obtiennent
de bons résultats ainsi que les comportements de harcèlement. Il est également
question des résultats de l'enquête de 1998 concernant les absences de
l'école sans raison valable, le harcèlement et le sentiment d'être en
sécurité à l'école.
Le rendement scolaire
Des différences considérables d'un pays à l'autre quant à l'opinion qu'avaient
les élèves de leur rendement scolaire étaient ressorties de l'enquête
de 1994 (King et coll., 1996). À la question « Selon toi, que pensent
tes enseignants du travail que tu fais à l'école par rapport au travail
de tes camarades? », les élèves pouvaient répondre « excellent
», « bon », « moyen » ou « inférieur
à la moyenne ». Nous nous attendions à ce que les réponses des élèves
se répartissent de façon à peu près égale entre ces quatre choix, mais
ce ne fut le cas que dans quelques pays. Au Canada, notamment, une proportion
étonnamment élevée d'élèves ont répondu « bon » ou «
excellent » (85 % des filles et 74 % des garçons de la 6e année). Dans des pays comme l'Allemagne et l'Autriche, où la répartition
des élèves selon leurs résultats et capacités commence tôt et débouche
sur des programmes spécialisés dans les écoles secondaires, on observe
d'une manière générale qu'une proportion beaucoup moindre d'élèves ont
choisi les réponses « bon » et « excellent » que
dans les pays comme le Canada et le Danemark, où cette répartition s'opère
plus tard.
Comme on le voit à la figure 2.2, les réponses des élèves à cette question
n'ont pas beaucoup changé en dix ans. Ainsi, il y a toujours un nombre
beaucoup plus élevé de filles que de garçons, dans chaque classe, qui
pensent que leur travail à l'école est « bon » ou «
excellent ». Cet écart témoigne-t-il des différences réelles qui
existent entre garçons et filles sur le plan du rendement scolaire, comme
le démontrent les notes scolaires et les résultats obtenus aux épreuves
standardisées des élèves de l'un et l'autre sexes? La réponse est oui,
mais avec certaines réserves. Il est vrai que les filles obtiennent de
meilleures notes à l'école que les garçons dans presque toutes les matières
(King et Peart, 1994). Pour ce qui est des épreuves standardisées, toutefois,
l'écart entre garçons et filles est beaucoup moins important et ne correspond
pas nécessairement à l'opinion qu'ont les élèves de leur rendement à l'école.
Ainsi, à l'épreuve de mathématiques proposée aux élèves de 8e année dans le cadre de la Troisième étude internationale sur les mathématiques
et les sciences, les filles ont obtenu en moyenne de meilleurs résultats
que les garçons à trois des six sous-épreuves et des résultats comparables
à une des sous-épreuves (Robitaille et coll., 1996). À l'épreuve de sciences,
les garçons ont obtenu de meilleures notes que les filles à cinq des sept
sous-épreuves (Robitaille et coll., 1996). Aux épreuves d'écriture et
de lecture proposées en 1998 dans le cadre du Programme d'indicateurs
du rendement scolaire du CMEC, tant les filles de 13 ans que celles de
16 ans ont obtenu des résultats dépassant de loin ceux des garçons (Conseil
des ministres de l'Éducation, 1998).
Figure 2.2 Élèves
qui ont répondu que leurs enseignants jugeaient « bon
» ou « excellent » leur travail à l'école
par rapport au travail de leurs camarades (%) |
|
1990 |
1994 |
1998 |
Année |
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
6 |
67 |
80 |
74 |
84 |
71 |
81 |
8 |
64 |
71 |
68 |
78 |
60 |
76 |
10 |
61 |
68 |
62 |
72 |
61 |
74 |
Malheureusement, tous les élèves ne retirent pas les mêmes avantages
de leurs années d'école. Les notes servent à distinguer les élèves et,
en définitive, à déterminer quels sont ceux qui pourront entreprendre
des études postsecondaires et récolter les avantages sociaux et économiques
normalement associés à une telle formation plus poussée. Les jeunes qui
sont privés de cette possibilité de poursuivre leurs études ont tendance
à se détacher tant de l'école que du foyer familial. La figure 2.3 illustre
le rapport qu'on observe entre l'opinion qu'ont les élèves de leur rendement
scolaire et certains autres éléments de l'enquête. Les corrélations ainsi
observées étaient très rarement supérieures à 0,15 pour les élèves de
6e année, mais elles étaient plus nombreuses et plus fortes
pour ceux des 8e et 10e années. Pour les élèves
de toutes les classes étudiées, il existe une nette corrélation entre
l'opinion quant à son rendement scolaire et le degré de satisfaction à
l'égard de l'école. Même chose au chapitre des relations avec les parents.
Donc, plus l'opinion des élèves quant à leur rendement scolaire est positive,
meilleures sont leurs relations avec leurs parents et plus ils sont satisfaits
de l'école. Il existe en outre une corrélation moyenne entre l'opinion
qu'ont les élèves des 8e et 10e années de leur rendement
scolaire et les comportements nuisibles pour la santé. De façon plus précise,
les élèves qui estiment leur rendement scolaire médiocre ont plus tendance
que les autres à consommer de la marijuana, à fumer, à s'enivrer ainsi
qu'à avoir des ami-e-s qui ont ces mêmes comportements. Il semble aussi
exister un lien positif entre le fait de vivre avec les deux parents et
l'opinion des élèves quant à leur rendement scolaire, mais seulement pour
les répondants de la 8e année. Par ailleurs, les élèves qui
n'ont pas une grande estime d'eux-mêmes étaient plus susceptibles d'avoir
une opinion négative de leur rendement scolaire.
Figure 2.3 Facteurs associés à l'opinion
qu'ont les élèves de leur rendement scolaire |
6e année |
8e année |
10e année |
Les élèves qui obtiennent de bons résultats
à l'école ont davantage tendance à : |
M |
F |
M |
F |
M |
F |
Être bien adaptés à l'école |
1 |
2 |
2 |
2 |
2 |
2 |
Avoir des relations positives avec leurs parents |
1 |
1 |
2 |
2 |
2 |
2 |
Avoir une bonne estime de soi |
1 |
2 |
1 |
1 |
1 |
1 |
Être heureux |
— |
1 |
2 |
1 |
2 |
1 |
Se sentir en bonne santé |
— |
1 |
1 |
1 |
2 |
1 |
Ne pas fumer |
— |
— |
1 |
1 |
1 |
2 |
Ne pas avoir d'amis qui prennent de la drogue |
— |
— |
1 |
1 |
2 |
1 |
Ne pas consommer de marijuana |
— |
— |
1 |
1 |
1 |
1 |
Ne jamais s'être enivrés |
— |
— |
1 |
1 |
1 |
1 |
Ne pas avoir de périodes de déprime |
— |
— |
1 |
1 |
1 |
1 |
Ne pas avoir d'amis qui fument |
— |
— |
— |
1 |
1 |
2 |
Ne pas manquer l'école sans raison valable |
— |
— |
1 |
— |
1 |
2 |
Ne pas avoir d'amis qui ne sont pas déja enivrés |
— |
— |
— |
1 |
1 |
1 |
Coefficient de corrélation: 1=
.15 to .24 | 2= .25
to .34 | 3= .35 to .44 | 4=
.45 + |
La satisfaction à l'égard de l'école
L'équipe de recherche sur les comportements de santé des jeunes d'âge
scolaire (enquête HBSC) a accordé la priorité aux questions de l'adaptation
à l'école et à la vie scolaire dans les enquêtes de 1994 et de 1998. La
question des rapports entre l'école et la santé n'était abordée que de
façon superficielle dans l'enquête de 1990.
On voit à la figure 2.4 que, pour les trois classes étudiées, beaucoup
plus de filles que de garçons disent aimer beaucoup l'école. Fait inexplicable,
plus d'élèves étaient satisfaits de l'école en 1994 qu'en 1990 et en 1998.
Ce sont les élèves de 6e année qui ont indiqué dans la plus
forte proportion qu'ils aimaient beaucoup l'école, puis cette proportion
se stabilise graduellement en 8e, 9e et 10e années. Cet écart correspond au passage d'un mode d'enseignement davantage
axé sur l'élève (un enseignant par classe) en 6e année à un
mode d'enseignement plus axé sur les matières au secondaire, où les élèves
ont un enseignant différent pour chaque matière.
Figure 2.4 Élèves
qui ont répondu qu'ils aimaient « beaucoup »
l'école (%) |
|
1990 |
1994 |
1998 |
|
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
6e année |
18 |
35 |
29 |
46 |
28 |
42 |
8e année |
17 |
25 |
20 |
29 |
16 |
26 |
10e année |
15 |
22 |
19 |
26 |
17 |
24 |
Figure 2.5 Élèves
de treize ans qui ont répondu qu'ils aimaient «
beaucoup » l'école, par pays, 1998 (%) |
|
Garçons |
Filles |
NOR |
31 |
38 |
ALL* |
25 |
27 |
CAN |
17 |
27 |
SUÈ |
19 |
25 |
FRA* |
16 |
25 |
ANG |
19 |
24 |
GRÈ |
16 |
24 |
DAN |
19 |
22 |
É-U |
18 |
22 |
SUI |
19 |
21 |
POL |
12 |
17 |
*La France et l'Allemagne sont représentées
par région (on trouvera les explications à ce sujet
au chapitre 1). |
Dans tous les pays, plus de filles que de garçons ont répondu qu'elles
aimaient l'école. Les proportions d'élèves qui aimaient beaucoup l'école
sont comparables dans la plupart des pays; elles sont toutefois les plus
élevées en Norvège et les plus faibles en Pologne. Les différences qui
existent d'un pays à l'autre quant à l'organisation du système scolaire
ou aux méthodes d'enseignement et à l'approche de l'apprentissage n'influent
apparemment pas beaucoup sur cette variable. (King et coll., 1996)
Figure 2.6 Élèves
qui étaient d'accord avec l'énoncé
« J'éprouve un sentiment d'appartenance à
mon école » (%) |
|
1994 |
1998 |
|
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
6e année |
65 |
68 |
62 |
69 |
8e année |
55 |
61 |
53 |
57 |
10e année |
58 |
62 |
59 |
59 |
Figure 2.7 Élèves
qui étaient d'accord avec les énoncés concernant
leurs enseignants, 1998 (%) |
Nos ensiegnants nous traitent de façon
équitable. |
|
Garçons |
Filles |
6e année |
76 |
80 |
7e année |
66 |
69 |
8e année |
59 |
59 |
9e année |
60 |
56 |
10e année |
57 |
51 |
Mes enseignants s'interéssent
à moi en tant que personne. |
|
Garçons |
Filles |
6e année |
66 |
71 |
7e année |
55 |
62 |
8e année |
53 |
53 |
9e année |
48 |
50 |
10e année |
41 |
47 |
Les enquêtes de 1994 et de 1998 comprenaient des énoncés supplémentaires
concernant la satisfaction générale des élèves à l'égard de l'école, notamment
« Notre école est un endroit où on se sent bien », «
Dans notre école, les règles sont équitables » ainsi que «
J'éprouve un sentiment d'appartenance à mon école », dont les résultats
sont présentés à la figure 2.6. Ces énoncés portent sur différents aspects
de la vie à l'école, mais il existe une forte corrélation entre la plupart
d'entre eux. Plus de la moitié des élèves étaient d'accord avec l'énoncé
« J'éprouve un sentiment d'appartenance à mon école », légèrement
plus de filles que de garçons ayant cette opinion, à l'exception des élèves
de 10e année à l'enquête de 1998. Les résultats des deux enquêtes
ont été à peu près les mêmes pour cet énoncé.
Les relations avec les enseignants
C'est une tâche difficile pour les enseignants que de participer au choix
des élèves qui pourront entreprendre des études universitaires tout en
faisant en sorte que tous les jeunes auxquels ils enseignent se sentent
acceptés et appréciés en tant que personnes. Néanmoins, la mesure dans
laquelle les enseignants parviennent à créer un milieu stimulant joue
un rôle fondamental dans le degré de satisfaction des élèves à l'égard
de l'école (Samdal et coll., 1998). Les élèves devaient répondre à quatre
questions concernant leurs relations avec leurs enseignants. Comme ces
questions étaient formulées de façon légèrement différentes dans les questionnaires
d'enquête de 1994 et de 1998, seuls les résultats de l'enquête de 1998
pour deux de ces questions sont présentés (figure 2.7).
La très grande majorité des élèves affirment pouvoir obtenir de l'aide
supplémentaire de leurs enseignants au besoin. Les résultats varient très
peu selon le sexe et la classe. Ce qui est quelque peu étonnant, étant
donné que pour les deux énoncés relatifs aux enseignants présentés dans
les figures (« Nos enseignants nous traitent de façon équitable
» et « Mes enseignants s'intéressent à moi en tant que personne
»), la proportion des réponses positives diminue dans les classes
supérieures.
De toute évidence, les élèves estiment que leurs enseignants du niveau
primaire s'intéressent davantage à eux en tant que personnes que leurs
enseignants du secondaire. Obligés de se concentrer davantage sur l'enseignement
de leur matière et sur la réussite de leurs élèves et, bien sûr, ayant
à enseigner à plus d'élèves chaque jour, les enseignants trouvent apparemment
plus difficile d'accorder aux jeunes tout le temps et l'attention dont
ceux-ci estiment avoir besoin. À noter que légèrement plus de filles que
de garçons pensaient que leurs enseignants s'intéressaient à elles en
tant que personnes.
Les relations avec les autres élèves
Dans le rapport d'enquête précédent sur les comportements de santé des
jeunes d'âge scolaire (enquête HBSC), nous signalions des différences
importantes entre les pays concernant la nature des relations des élèves
avec leurs camarades (King et coll., 1996). Dans certains pays, on favorise
le processus de socialisation en offrant régulièrement aux élèves des
occasions de discuter entre eux de questions d'actualité ainsi qu'en faisant
en sorte qu'ils restent dans les mêmes groupes d'une classe à l'autre.
Au Canada, la grande place accordée aux matières enseignées et l'organisation
des classes suivant les choix de cours des élèves, qui fait en sorte que
la composition des groupes change de période de classe en période de classe,
ne permettent apparemment pas de créer le climat le plus propice au développement
social des jeunes.
Figure 2.8 Élèves
de quinze ans qui étaient d'accord avec l'énoncé
« Mes
enseignants s'intéressent à moi en tant que personne
», par pays, 1998 (%) |
|
Garçons |
Filles |
SUI |
60 |
57 |
DAN |
52 |
55 |
ALL* |
44 |
48 |
CAN |
40 |
48 |
É-U |
39 |
45 |
POL |
40 |
42 |
FRA* |
43 |
41 |
NOR |
43 |
39 |
ANG |
39 |
39 |
SUÈ |
31 |
38 |
GRÈ |
35 |
35 |
Il est difficile pour des enseignants de 10e année de faire
en sorte que leurs élèves aient le sentiment qu'ils se soucient d'eux,
étant donné qu'ils ne voient ces élèves qu'en classe, dans un contexte
essentiellement axé sur la matière enseignée et l'attribution de notes.
Même au Danemark, où la composition des groupes ne change pas selon les
cours, beaucoup d'élèves estiment que leurs enseignants ne s'intéressent
pas à eux en tant que personnes. Les enseignants suisses ont particulièrement
bien réussi à faire en sorte que leurs élèves considèrent qu'ils s'intéressent
à eux en tant que personnes.
Figure 2.9 Élèves
qui estimaient que les autres élèves de leurs
classes étaient « souvent » ou « toujours
» gentils et serviables (%) |
|
1994 |
1998 |
|
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
6e année |
51 |
54 |
53 |
56 |
8e année |
46 |
53 |
43 |
48 |
10e année |
47 |
56 |
44 |
52 |
Par rapport à ce qu'on observe dans d'autres pays, une proportion importante
d'élèves canadiens se considèrent comme des personnes solitaires n'ayant
pas beaucoup de rapports avec leurs camarades (King et coll., 1996). La
figure 2.9 illustre à la fois la façon dont la situation a évolué entre
1994 et 1998 et la façon dont les résultats des enquêtes varient de la
6e à la 10e année à cet égard. Plus de filles que
de garçons ont indiqué que les autres élèves étaient « souvent »
ou « toujours » gentils et serviables avec elles. La situation
n'a pas beaucoup changé entre les deux enquêtes. Fait intéressant, la
proportion d'élèves qui ont répondu « souvent » ou «
toujours » à cette question est la plus élevée en 6e année, puis elle tombe à son plus bas en 8e année, puis commence
à augmenter en 10e année. Cela peut laisser croire que les
réseaux d'entraide s'affaiblissent lorsque les élèves passent d'une situation
où ils ont un seul enseignant à une situation où ils ont un enseignant
pour chaque matière, mais qu'ils se rétablissent graduellement au secondaire,
au fur et à mesure que les élèves se retrouvent plus souvent dans les
mêmes groupes à la suite de leurs choix de cours.
Figure 2.10 Élèves
de treize ans qui estimaient que les autres élèves de
leurs
classes étaient « souvent » ou « toujours
» gentils et serviables, par pays, 1998 (%) |
|
Garçons |
Filles |
DAN |
81 |
76 |
SUÈ |
79 |
77 |
SUI |
74 |
75 |
ALL* |
61 |
66 |
FRA* |
59 |
56 |
NOR |
58 |
63 |
GRÈ |
51 |
45 |
POL |
49 |
47 |
ANG |
43 |
48 |
CAN |
42 |
50 |
É-U |
34 |
39 |
On observe des écarts importants entre les pays pour cette variable.
Les pourcentages d'élèves qui estimaient que leurs camarades sont gentils
et serviables sont particulièrement faibles dans les pays anglophones.
Les pourcentages élevés obtenus au Danemark et, dans une moindre mesure,
en Suède et en Suisse, ne sont pas sans rapport avec l'accent que mettent
ces pays sur le développement social.
Les jeunes ont un besoin impératif de se sentir acceptés et soutenus
par leurs parents, leurs enseignants et leurs camarades. L'adolescence
est une période de la vie particulièrement difficile, et il est troublant
de constater le nombre relativement peu élevé d'élèves qui estiment que
les autres élèves de leurs classes les acceptent toujours tels qu'ils
sont (figure 2.11). Les proportions ne varient pas beaucoup d'une enquête
à l'autre.
Les absences de l'école sans raison valable
Une question portant sur les absences de l'école sans raison valable
des élèves canadiens a été ajoutée au questionnaire de l'enquête de 1998.
L'hypothèse à la base de cet ajout était que ces absences pouvaient avoir
des conséquences pour la santé des élèves concernés qui pouvaient ainsi,
les jours où ils devraient être à l'école, rencontrer d'autres élèves
ayant fait comme eux à des endroits où ils ont le loisir de fumer, de
prendre de la drogue et de boire de l'alcool. Un pourcentage étonnamment
élevé d'élèves des deux sexes ont indiqué qu'ils avaient manqué l'école
sans raison valable (figure 2.12). Les proportions sont à peu près les
mêmes chez les garçons et chez les filles, et elles augmentent de façon
régulière de la 6e à la 10e année. Plus précisément,
20 p. 100 des filles et 22 p. 100 des garçons de la 10e année
avaient manqué trois jours d'école ou plus durant le semestre en cours.
Figure 2.11 Élèves
qui estimaient que les autres élèves de leurs classes
les acceptaient « toujours » tels qu'ils
sont (%) |
|
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
|
1994 |
1994 |
1998 |
1998 |
6e année |
34 |
35 |
35 |
34 |
8e année |
30 |
33 |
31 |
29 |
10e année |
31 |
34 |
30 |
32 |
Figure 2.12 Élèves
qui ont manqué l'école sans raison valable au
cours du semestre, par classe et par sexe, 1998 (%) |
|
Garçons |
Filles |
|
Pas un seul jours |
Un ou deux jours |
Trois jours ou plus |
Pas un seul jours |
Un ou deux jours |
Trois jours ou plus |
6e année |
71 |
18 |
11 |
75 |
17 |
8 |
7e année |
72 |
17 |
11 |
73 |
17 |
10 |
8e année |
70 |
16 |
14 |
69 |
18 |
13 |
9e année |
62 |
20 |
18 |
65 |
18 |
17 |
10e année |
57 |
21 |
22 |
56 |
24 |
20 |
La figure 2.13 montre les corrélations observées entre l'habitude de
manquer l'école sans raison valable et d'autres variables. Aucune de ces
corrélations n'est supérieure à 0,15 pour la 6e année, mais
les rapports sont plus étroits pour plusieurs variables pour la 8e et la 10e année. Il ressort clairement de l'analyse que les
élèves qui manquent souvent l'école sans raison valable ont d'avantage
tendance à s'associer à des élèves qui fument, qui boivent de l'alcool
ou qui prennent de la drogue, ce qui, bien évidemment, les incite à faire
de même. Ces élèves ont aussi davantage tendance à passer du temps en
soirée avec leurs ami-e-s, souvent pour se livrer à ces mêmes comportements
qui mettent en péril leur santé. En outre, une plus forte proportion d'entre
eux ont des relations difficiles avec leurs parents ainsi qu'à l'école
et, pour ce qui est des élèves de 10e année, ils ont tendance
à obtenir des notes inférieures à la moyenne. L'habitude de manquer l'école
n'est apparemment qu'une des conséquences de l'aliénation des jeunes ainsi
que de leur désengagement à l'égard de l'école et du foyer familial.
Figure 2.13 Facteurs associés à l'habitude
de manquer l'école sans raison valable |
Les élèves qui manquent l'école
sans raison valable ont davantage tendance à : |
8e année |
10e année |
M |
F |
M |
F |
S'être déjà enivré |
3 |
2 |
3 |
3 |
Consommer de la marijuana |
3 |
2 |
3 |
3 |
Fumer |
2 |
2 |
2 |
3 |
Avoir des amis qui fument |
2 |
2 |
3 |
3 |
Avoir des amis qui prennent de la drogue |
2 |
2 |
3 |
3 |
Avoir des amis qui se sont déja enivrés |
2 |
1 |
2 |
2 |
Passer des soirées avec des amis |
2 |
1 |
2 |
2 |
Avoir des relations difficiles avec leurs parents |
2 |
2 |
1 |
1 |
Être mal adaptés à l'école |
1 |
2 |
1 |
2 |
Avoir harcelé d'autres élèves |
2 |
1 |
2 |
1 |
Se sentir fatigués quand ils se rendent à l'école
le matin |
1 |
2 |
1 |
1 |
Obtenir de mauvais résultats à l'école |
1 |
— |
1 |
2 |
Coefficient de corrélation 1=
.15 to .24 | 2= .25
to .34 | 3= .35 to .44 | 4=
.45 + |
Figure 2.14 Élèves qui
estimaient que leurs parents étaient « toujours; »
prêts à venir discuter avec leurs enseignants à
l'école (%) |
|
1994 |
1998 |
|
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
6e année |
56 |
60 |
53 |
58 |
8e année |
53 |
50 |
51 |
53 |
10e année |
50 |
49 |
49 |
47 |
Les parents et l'école
Le soutien des parents joue un rôle déterminant dans l'intégration des
jeunes à l'école et leur rendement scolaire (Steinberg et coll., 1992).
Il est aussi particulièrement important que les parents puissent communiquer
facilement avec l'école de leurs enfants et qu'ils se sentent à l'aise
de discuter avec les enseignants et vice versa. Dans certains pays, on
fait beaucoup d'efforts pour associer les parents au processus de prise
de décisions dans les écoles; dans d'autres pays, on les incite plutôt
à ne pas se mêler des affaires des enseignants et de l'école. La première
de ces deux attitudes a manifestement des effets positifs sur la satisfaction
des élèves à l'égard de l'école (King et coll., 1996; Resnick et coll.,
1998). Au Canada, les parents sont invités à venir discuter avec les enseignants
de leurs enfants à intervalles réguliers durant l'année scolaire. La proportion
des élèves qui estiment que leurs parents sont toujours prêts à venir
discuter avec leurs enseignants à l'école est indiquée à la figure 2.14.
Les pourcentages diminuent légèrement de classe en classe mais, globalement,
à peu près la moitié des élèves ont répondu que leurs parents étaient
toujours disposés à venir discuter avec leurs enseignants. On n'observe
que peu de différence entre garçons et filles pour cette variable, sauf
en 6e année. Comme il en va nettement de l'intérêt des élèves
que leurs parents viennent régulièrement discuter avec leurs enseignants,
c'est donc un point que tant les écoles que les parents devraient s'efforcer
d'améliorer.
La pression associée aux attentes quant au rendement scolaire
II est difficile tant pour les parents que pour les enseignants de bien
doser les attentes à l'égard du rendement scolaire de leurs enfants et
de leurs élèves. Le stress qu'éprouvent les élèves qui se sentent continuellement
talonnés ou qui ont l'impression de ne pas être à la hauteur de ce qu'on
attend d'eux peut leur donner des maux de tête, les empêcher de bien dormir
ou même les pousser à se replier sur eux-mêmes. Comme on pouvait s'y attendre,
le rendement scolaire des élèves qui disent éprouver trop de pression
à l'école est souvent inférieur à la moyenne ou en deçà des attentes de
leurs enseignants et de leurs parents. Les figures 2.15 et 2.16 montrent
les proportions d'élèves qui disaient subir des pressions considérables
pour bien réussir à l'école. La première des deux figures montre clairement
que la proportion d'élèves qui avaient ce sentiment augmente de façon
constante entre la 6e et la 10e année. Fait à signaler,
les garçons sont plus nombreux à se considérer ainsi talonnés en 6e et en 8e année, alors qu'en 10e année, une plus
forte proportion de filles que de garçons disaient être aux prises avec
ce problème. La proportion des élèves qui disent éprouver beaucoup de
pression à cause du travail scolaire qu'ils ont à faire a légèrement augmenté
entre l'enquête de 1994 et celle de 1998.
Contrairement à ce qu'on observe concernant les attentes des parents,
où les résultats ne sont pas très différents pour les garçons et pour
les filles (voir la figure 3.11), plus de garçons que de filles de toutes
les classes estimaient que leurs enseignants attendent trop d'eux à l'école
(figure 2.16).
Figure 2.15 Élèves
qui ont dit éprouver beaucoup de pression à cause du
travail scolaire qu'ils ont à faire (%) |
|
1994 |
1998 |
|
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
6e année |
11 |
9 |
12 |
10 |
8e année |
16 |
13 |
19 |
17 |
10e année |
20 |
21 |
21 |
26 |
Figure 2.16 Élèves qui
étaient d'accord avec l'énoncé «
Mes enseignants attendent trop de moi à l'école
» (%) |
|
1994 |
1998 |
|
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
6e année |
20 |
15 |
20 |
16 |
8e année |
23 |
15 |
27 |
17 |
10e année |
23 |
17 |
24 |
18 |
Figure 2.17 Élèves de
quinze ans qui ont dit éprouver beaucoup de pression cause
du travail scolaire qu'ils ont à faire, 1998 (%) |
|
Garçons |
Filles |
ANG |
23 |
36 |
É-U |
27 |
31 |
CAN |
21 |
25 |
FRA* |
10 |
17 |
SUÉ |
9 |
16 |
GRÈ |
14 |
15 |
POL |
10 |
9 |
NOR |
6 |
8 |
DAN |
7 |
7 |
SUI |
5 |
6 |
ALL* |
2 |
3 |
*La France et l'Allemagne sont représentées
par région (on trouvera les explications à ce sujet
au chapitre 1). |
Les élèves des pays anglophones, à savoir l'Angleterre, les États-Unis
et le Canada, sont plus nombreux à éprouver beaucoup de pression à cause
du travail scolaire qu'ils ont à faire. À l'opposé, ceux des pays Scandinaves
et de l'Allemagne sont peu nombreux à subir une telle pression. Rien n'indique
que les élèves qui subissent beaucoup de pressions liées à leur rendement
scolaire obtiennent de meilleurs résultats aux épreuves internationales
de sciences et de mathématiques.
Figure 2.18 Élèves qui
se sentent « rarement » ou ne se sentent « jamais
» en sécurité à l'école, 1998
(%) |
|
Garçons |
Filles |
6e année |
11 |
7 |
7e année |
14 |
7 |
8e année |
13 |
7 |
9e année |
11 |
6 |
10e année |
8 |
3 |
Le sentiment d'être en sécurité à l'école
On se préoccupe de plus en plus de la violence et des problèmes de harcèlement
à l'école depuis quelques années (Pépier, Craig et Roberts, 1998). Ainsi,
des programmes destinés à s'attaquer au problème du harcèlement entre
élèves dans les écoles ont été élaborés et mis en œuvre d'après les
travaux d'un chercheur norvégien, Dan Olweus (Olweus, 1994). On s'inquiète
aussi du nombre d'élèves qui apportent des armes à l'école. Dans quelle
mesure ces situations influent-elles sur le sentiment des élèves d'être
en sécurité à l'école? La figure 2.18 montre les proportions d'élèves
qui ont affirmé qu'ils ne se sentaient que rarement ou ne se sentaient
jamais en sécurité à l'école en réponse à une question qui n'a été posée
que dans l'enquête de 1998. Une plus forte proportion de garçons que de
filles éprouvaient ce sentiment d'insécurité à l'école, le pourcentage
le plus élevé étant observé en 7e année. À l'opposé, seulement
3 p. 100 des filles de 10e année s'inquiétaient de leur sécurité
à l'école. Il reste que le simple fait qu'autant de jeunes se sentent
ainsi menacés à l'école donne à penser qu'il est urgent d'intervenir.
On a demandé aux élèves non pas s'ils portaient eux-mêmes des armes,
jugeant la question trop délicate, mais si leurs ami-e-s en portaient.
La figure 2.19 montre ainsi indirectement qu'un nombre peu élevé —
mais néanmoins d'une certaine importance — d'élèves portent des
armes. La plupart des jeunes concernés soutiennent qu'il ne s'agit que
d'une simple précaution au cas où ils auraient à se défendre.
Le problème du harcèlement entre élèves était un élément important de
l'enquête HBSC de 1994. Il n'existe pas de définition universellement
reconnue du harcèlement, mais on s'entend généralement pour dire qu'il
s'agit de comportements qui sont destinés à intimider physiquement, verbalement
ou psychologiquement une personne en lui faisant peur, en lui causant
du chagrin ou en lui faisant du mal, qui se caractérisent par un rapport
de force inégal et qui se manifestent sans qu'il n'y ait eu provocation
de la part de la victime (Farrington, 1993). Les victimes de harcèlement
sont plus susceptibles de se sentir seules ou mal acceptées à l'école
(figure 2.20). Elles sont aussi plus susceptibles d'être solitaires, de
ne pas être heureuses et de ne pas avoir une très grande estime d'eux-mêmes.
Ironiquement, elles ont également davantage tendance à harceler d'autres
élèves.
Figure 2.19 Élèves
qui ont répondu que la plupart ou la totalité de leurs
ami-e-s portent des armes, 1998 (%) |
|
Garçons |
Filles |
8e année |
9 |
3 |
9e année |
10 |
2 |
10e année |
7 |
2 |
Figure 2.20 Facteurs associés
au fait d'être victime de harcèlement |
Les élèves qui ont été victimes de harcèlement
ont davantage tendance à: |
6e année |
8e année |
10e année |
|
M |
F |
M |
F |
M |
F |
Avoir le sentiment d'être tenu à l'écart |
2 |
3 |
3 |
2 |
2 |
1 |
Se sentir démunis |
2 |
2 |
2 |
1 |
1 |
1 |
Se sentir seuls |
1 |
2 |
2 |
2 |
1 |
1 |
Avoir des périodes de déprime |
1 |
2 |
2 |
2 |
1 |
1 |
Être mal adaptés à l'école |
1 |
2 |
1 |
1 |
1 |
1 |
Avoir harcelé d'autres élèves |
1 |
2 |
1 |
1 |
1 |
1 |
Avoir une mauvaise estime de soi |
1 |
2 |
2 |
1 |
1 |
— |
Avoir des periodes de irritabilité |
— |
1 |
1 |
1 |
1 |
1 |
Ne pas être heureux |
— |
2 |
1 |
1 |
— |
1 |
Éprouver de la pression à cause du travail scolaire |
1 |
2 |
1 |
1 |
— |
— |
Avoir des relations difficiles avec leurs parents |
1 |
2 |
1 |
1 |
— |
— |
N'être pas intéGRÈs socialement |
1 |
1 |
1 |
— |
1 |
— |
Coefficient de corrélation 1=
.15 to .24 | 2= .25
to .34 | 3= .35 to .44 | 4=
.45 + |
Figure 2.21 Élèves
qui ont été victimes de harcèlement à
l'école au cours du semestre (%) |
|
1994 |
1998 |
|
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
6e année |
39 |
30 |
42 |
35 |
8e année |
36 |
29 |
43 |
35 |
10e année |
26 |
20 |
29 |
28 |
Figure 2.22 Élèves
qui en ont harcelé d'autres à l'école
au cours du semestre (%) |
|
1994 |
1998 |
|
Garçons |
Filles |
Garçons |
Filles |
6e année |
40 |
28 |
35 |
28 |
8e année |
45 |
32 |
56 |
40 |
10e année |
42 |
23 |
50 |
30 |
Dans toutes les classes, sauf celles de la 10e année, une
plus forte proportion de garçons se disaient victimes de harcèlement.
Fait à signaler, malgré les efforts, sporadiques faut-il dire, déployés
dans beaucoup d'écoles pour s'attaquer au problème du harcèlement, la
proportion des élèves affirmant avoir été harcelés par des camarades était
plus élevée en 1998 qu'en 1994 (figure 2.21). Les élèves qui harcèlent
leurs camarades sont généralement un peu plus âgés que les autres élèves
et ils ont tendance à avoir des difficultés scolaires. Ils sont aussi
plus nombreux à faire des choses qui mettent leur santé en péril et, peut-être
plus important, à avoir été eux-mêmes victimes de harcèlement. Toutes
classes confondues, beaucoup plus de garçons que de filles ont reconnu
avoir déjà harcelé certains de leurs camarades (figure 2.22). Entre 1994
et 1998, la proportion des élèves de 8e et de 10e année qui ont dit en avoir harcelé d'autres a augmenté, à l'exception
toutefois de celle des garçons de 6e année, qui a diminué.
Figure 2.23 Élèves
de treize ans qui ont été victimes de harcèlement
à l'école au cours du semestre, 1998 (%) |
|
Garçons |
Filles |
ALL* |
67 |
62 |
SUI |
55 |
50 |
DAN |
54 |
53 |
É-U |
43 |
31 |
CAN |
42 |
35 |
FRA* |
40 |
42 |
GRÈ |
39 |
27 |
POL |
35 |
24 |
NOR |
33 |
20 |
ANG |
24 |
22 |
SUÈ |
18 |
13 |
*La France et l'Allemagne sont représentées
par région (on trouvera les explications à ce sujet
au chapitre 1). |
La notion de harcèlement n'étant pas comprise de la même façon partout
dans le monde, la prudence s'impose lorsqu'on compare la situation entre
les pays. Fait étonnant, les pays où le plus grand nombre d'élèves considèrent
que leurs camarades sont gentils et serviables sont aussi souvent les
pays où il y a le plus de problèmes de harcèlement. C'est le cas par exemple
de l'Allemagne, de la Suisse et du Danemark. Même si le Canada se situe
dans la moyenne des autres pays pour cette variable, la proportion d'élèves
qui ont été victimes de harcèlement est assez élevée pour que ce comportement
soit considéré comme un problème social.
Le questionnaire d'enquête 1998 comprenait deux questions destinées à
établir les formes que prenait le harcèlement. Les résultats de ce que
les élèves de 6e et de 10e année ont répondu à la
question « Au cours du présent semestre, as-tu été victime de l'une
ou l'autre des formes de harcèlement décrites ci-dessous de la part d'autres
élèves? » sont présentés à la figure 2.24. Les résultats varient
selon le sexe—par exemple, la violence physique est plus courante
chez les garçons, mais les écarts sont peu importants pour la plupart
des catégories. De façon plus précise, assez peu d'élèves ont répondu
qu'on s'était moqué d'eux à cause de leur religion ou de leur race, tandis
qu'ils sont plus nombreux à avoir dit qu'on s'était moqué d'eux à cause
de leur apparence et/ou à avoir fait courir des rumeurs ou à avoir inventé
des mensonges à leur sujet. Pour ce qui est des élèves qui ont répondu
qu'on avait fait des blagues ou des commentaires à caractère sexuel à
leur endroit, les proportions sont à peu près les mêmes en 6e et en 10e année.
Figure 2.24 Formes de harcèlement
dont les élèves ont été victimes, 1998
(%) |
On s'est moqué de toi à cause de
ta religion ou de ta race. |
|
Garçons |
Filles |
6e année |
6 |
6 |
8e année |
6 |
4 |
10e année |
5 |
3 |
On s'est moqué de toi à cause de
ton apparence ou de la façon dont tu parles |
|
Garçons |
Filles |
6e année |
19 |
20 |
8e année |
24 |
23 |
10e année |
16 |
16 |
On t'a frappé(e), giflé(e) ou poussé(e) |
6e année |
32 |
17 |
8e année |
30 |
14 |
10e année |
15 |
8 |
On t'a menacé(e) |
6e année |
20 |
14 |
8e année |
20 |
11 |
10e année |
12 |
9 |
On a fait courir des rumeurs ou on inventé des
mensonges odieux à ton sujet. |
6e année |
24 |
22 |
8e année |
20 |
20 |
10e année |
12 |
15 |
On a fait des blagues, des commentaires ou des gestes
à caractère sexuel à ton endroit |
6e année |
17 |
12 |
8e année |
16 |
14 |
10e année |
11 |
14 |
La deuxième question inédite concernait les auteurs des actes de harcèlement.
Comme on le voit à la figure 2.25, près de la moitié des garçons, toutes
classes confondues, qui ont répondu avoir été harcelés disaient l'avoir
été par un autre garçon seul et, pour plus du tiers d'entre eux, par un
groupe de garçons. À peu près 10 p. 100 d'entre eux avaient été harcelés
par un groupe de garçons et de filles. Fait à signaler, 6 p. 100
des garçons de 10e année qui avaient été harcelés l'avaient
été par des filles. La situation est assez différente pour les filles,
quoique, comme dans le cas des garçons, l'auteur du harcèlement était
le plus souvent un garçon seul. Venaient ensuite « un fille »
ou « un groupe de garçons » (environ 20 p. 100 dans l'un et
l'autre cas) et, pas loin derrière, « un groupe de garçons et de
filles ». Environ 15p. 100 des filles avaient été harcelées par
un groupe de filles. On observe peu de différences d'une classe à l'autre
quant au sexe de l'élève ou des élèves (dans le cas de groupes) qui harcelaient
leurs camarades.
Figure 2.25 Élèves qui
en ont harcelé d'autres, 1998 (%) |
Garçons |
|
Un Garçon |
Une Fille |
Groupe de Garçons |
Groupe de Filles |
Garçons et Filles |
6e année |
43 |
2 |
40 |
4 |
12 |
8e année |
44 |
1 |
40 |
4 |
11 |
10e année |
42 |
4 |
42 |
4 |
8 |
Filles |
|
Un Garçon |
Une Fille |
Groupe de Garçons |
Groupe de Filles |
Garçons & Filles |
6e année |
24 |
19 |
17 |
18 |
22 |
8e année |
24 |
22 |
20 |
16 |
18 |
10e année |
24 |
22 |
19 |
17 |
19 |
Résumé
D'une manière générale, les élèves canadiens sont plutôt satisfaits de
leur vie à l'école, quoique la proportion de ceux qui disent aimer beaucoup
l'école diminue progressivement entre la 6e et la 10e année. On observe une corrélation entre les attitudes positives à l'égard
de l'école et la qualité des relations avec les parents, un bon état de
santé et le sentiment d'être heureux ainsi que le fait d'éviter les comportements
dommageables pour la santé. En progressant dans leurs études, les élèves
ont de plus en plus le sentiment que leurs enseignants s'intéressent moins
à eux en tant que personnes. Ce sentiment tient probablement au fait qu'on
attache une plus grande importance au rendement scolaire et aux matières
enseignées dans les classes supérieures. Les filles étaient plus nombreuses
que les garçons à trouver gentils et serviables leurs camarades de classe,
mais c'est tout de même un point qui, de toute évidence, devrait être
amélioré. Dans beaucoup de pays d'Europe, les élèves sont plus nombreux
à pouvoir compter sur le soutien de leurs camarades de classe.
Par ailleurs, le nombre élevé d'élèves, même des classes inférieures,
qui manquent l'école sans raison valable étonne. Et cette tendance s'observait
autant chez les filles que chez les garçons. Il existait par ailleurs
une corrélation entre ces absences non motivées et certains comportements
nuisibles pour la santé (par exemple, le fait de prendre de la drogue,
de fumer et de s'être déjà enivrés) ainsi que la fréquentation d'ami-e-s
qui font eux aussi des choses qui mettent en péril leur santé.
Juste un peu plus de la moitié des élèves estimaient que leurs parents
sont toujours prêts à venir discuter avec leurs enseignants à l'école.
Comme il s'agit d'une importante stimulation pour le rendement scolaire
et la motivation des élèves, cette proportion devrait être plus élevée.
Par ailleurs, les élèves éprouvent de plus en plus de pression à cause
du travail scolaire qu'ils ont à faire à mesure qu'ils progressent de
classe en classe, une fille sur quatre en 10e année se plaignant
de cette pression. Notre enquête a en outre démontré que les parents avaient
des attentes plus élevées que les enseignants à l'égard des répondants,
ce qui donne à penser que les parents ont une plus grande part de responsabilité
que l'école dans la création d'attentes déraisonnables.
Même si relativement peu d'élèves ont dit qu'ils se sentaient en danger
à l'école, la sécurité à l'école est en voie de devenir une préoccupation
réelle. Plus de garçons que de filles se sentaient menacés à l'école,
les proportions de répondants qui entretenaient de telles craintes diminuant
dans les classes supérieures.
Enfin, il ressort des enquêtes que le problème du harcèlement entre élèves
est très répandu. Plus de garçons que de filles avaient été victimes de
harcèlement et les proportions d'élèves qui disent avoir été harcelés
ont légèrement augmenté entre 1994 et 1998. Le harcèlement est un comportement
d'autant plus nuisible qu'il a des conséquences négatives tant pour les
victimes que pour les auteurs des actes en cause. Rien ou presque n'indique
que les efforts déployés pour lutter contre le harcèlement entre élèves
dans les écoles du Canada aient donné les résultats escomptés.
|