Le développement sain des enfants et des jeunes
Chapitre 2 : L'Emploi
et le milieu de travail
Aperçu
L'emploi et les conditions de travail peuvent influer sur la santé des
parents et des enfants. En général, les personnes qui travaillent, qui
ont prise sur leurs conditions de travail et qui occupent un emploi peu
stressant sont en meilleure santé. Un emploi stable et un salaire adéquat
déterminent le revenu et la situation économique des enfants et de la
famille. Le chômage chronique ou le stress excessif au travail chez les
parents peuvent nuire à la santé mentale et physique de toute la famille.
La participation accrue des femmes à la population active rémunérée a
eu une incidence importante sur l'organisation de la vie familiale, dont
la nécessité de prendre des dispositions pour faire garder les enfants
pendant que les parents travaillent. C'est pourquoi la disponibilité et
la qualité des services de garde d'enfants constituent une préoccupation
primordiale.
L'emploi, le chômage et le soutien social au travail sont aussi importants
pour les jeunes que pour les parents. Au Canada, une proportion élevée
d'adolescents travaille. Bon nombre d'entre eux occupent un emploi à temps
partiel qui leur permet d'acquérir de l'expérience tout en étudiant et
de gagner de l'argent afin de poursuivre leurs études.
Rapport avec le développement sain des enfants
L'emploi contribue à améliorer la santé des parents et des enfants.
L'emploi peut être un déterminant de la santé chez les parents et les
enfants. De plus, l'emploi et les conditions de travail influent beaucoup
sur les possibilités économiques des parents. Ces déterminants ont une
incidence sur la capacité des gens à assumer leurs responsabilités parentales
et, partant, à établir de saines relations avec leurs enfants.
Inversement, le chômage est un déterminant d'une mauvaise santé. Une
vaste étude menée par l'Organisation mondiale de la santé a révélé qu'un
taux de chômage élevé et l'instabilité économique sont néfastes pour la
santé aussi bien mentale que physique des chômeurs, de leurs familles
et de leur communauté (Wescott et coll., 1985). Une étude canadienne,
pour sa part, a démontré que les chômeurs éprouvent beaucoup plus de détresse
psychologique, d'anxiété et de symptômes dépressifs, sont plus souvent
incapables de travailler, sont plus limités dans leurs activités, ont
des problèmes de santé et sont plus souvent hospitalisés que les gens
qui travaillent (D'Arcy, 1986, p. 127).
À leur tour, ces facteurs se répercutent sur la santé des enfants; ceux-ci
risquent d'éprouver des problèmes de santé mentale et d'estime de soi
et de moins bien gérer leur stress. Il arrive aussi qu'ils soient moins
sociables et fassent moins confiance aux autres pendant les périodes de
problèmes familiaux.
Un environnement de travail sain favorise la santé.
Ceux qui ont prise sur leurs conditions de travail et sont moins exposés
au stress lié au rythme rapide de travail et à des échéanciers fréquents,
par exemple, sont en meilleure santé et vivent en général plus longtemps
que ceux qui ont un emploi stressant et dangereux. Ajoutons à cela que
ceux qui bénéficient d'un bon soutien social au travail (déterminé par
le nombre et la qualité des interactions avec leurs collègues de travail)
sont plus en santé que ceux qui en sont privés (Comité consultatif fédéral-provincial-territorial
sur la santé de la population, 1994, p. 18).
Le soutien en milieu de travail, lié à des politiques reconnaissant et
appuyant les besoins des parents, contribue à réduire le stress et à améliorer
la capacité des parents à répondre aux exigences de leur travail et de
leur situation en tant que parents.
L'accessibilité des services de garde d'enfants de haute qualité est
essentielle.
L'arrivée, ces dernières décennies, d'un nombre croissant de femmes sur
le marché du travail rémunéré a entraîné une réorganisation radicale du
mode de garde des enfants. Des services de garde d'enfants accessibles
sont essentiels pour soutenir et promouvoir l'emploi. Ils permettent également
aux parents de terminer ou de poursuivre leurs études ou de participer
à des programmes de formation pratique (Lero et Johnson, 1994, p. 36).
En outre, la qualité des services de garde est importante. « Lorsque
le personnel de la garderie est réceptif et chaleureux, qu'il comprend
en quoi consiste le développement des enfants et n'est pas chargé d'un
trop grand nombre d'enfants, la garderie peut-être aussi bénéfique, et
parfois plus, que la famille — surtout en ce qui concerne la socialisation
et l'acquisition du langage. Inversement, lorsque les responsables de
l'enfant sont négligents ou trop durs, ou lorsqu'ils sont incapables d'accorder
à l'enfant une attention individualisée parce qu'ils s'occupent d'un trop
grand nombre, la stimulation est insuffisante et la recherche montre alors
que le développement de l'enfant peut en pâtir. » (Guy, 1997, p. 91).
Conditions et tendances
La documentation soulève certaines questions concernant l'emploi liées
de très près au développement sain des enfants. La présente section fournit
des données récentes illustrant les quatre points suivants : la présence
des parents sur le marché du travail, le travail et les responsabilités
parentales, la garde des enfants et l'emploi chez les jeunes.
La présence des parents sur le marché du travail
La plupart des parents de jeunes enfants travaillent, situation qui à
la fois profite aux enfants et pose des problèmes en ce qui a trait au
bon développement des enfants et à la vie de famille. Voici quelques faits
relatifs à la présence des parents sur le marché du travail.
Beaucoup de parents travaillent.
Les parents qui travaillent sont la norme dans presque toutes les familles.
L'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ)
montre une différence entre les familles biparentales et les familles
monoparentales. En 1994-1995, plus du tiers (35,5 %) des enfants de moins
de 12 ans vivaient dans des familles où les deux parents travaillaient
à temps plein, et un tiers (33,2 %) dans des familles biparentales où
l'un des parents travaillait. La situation était fort différente, cependant,
dans le cas des enfants de familles monoparentales. Plus de la moitié
d'entre eux (54,9 %) vivaient dans des familles dont le parent était sans
emploi, tandis que, pour un peu plus du tiers, le parent occupait un emploi
à temps plein (Ross, Scott et Kelly, 1996, p. 39). Voir la figure 2.1.
Les familles biparentales ayant des enfants de moins de 18 ans ont présenté
une augmentation du nombre combiné moyen de 5,7 semaines de travail, passant
de 72,6 semaines en 1984 à 78,3 semaines en 1994 (CCDS, 1996, p. 15).
Répartition des enfants de 0 à 11 ans,
selon la situation professionnelle des parents, au Canada, en 1994-1995 |
|
Familles biparentales (%) |
Familles monoparentales (%) |
Les deux à temps plein (sauf dans le cas
d'une monoparentalité) |
35,5 |
34,1 |
Un à temps plein, un à temps partiel |
21,8 |
n/a |
Un à temps plein, un sans emploi |
33,2 |
n/a |
Temps partiel seulementa |
2,9 |
10,9 |
Sans emploi |
6,6 |
54,9 |
a. Inclut les familles biparentales où un
parent travaille à temps partiel et l'autre est à temps
partiel ou sans emploi, n/a ne s'applique pas. |
Source : Adapté de D.P. Ross, K Scott et M.A. Kelly. « Aperçu
: les enfants du Canada durant les années 90 » dans Grandir
au Canada : enquête longitudinale
nationale sur les enfants et les jeunes, n° de catalogue : 89-550-MPF
n° 1, Développement des ressources humaines Canada et Statistique
Canada, 1996, p. 41.
Un plus grand nombre de femmes travaillent.
L'analyse des données du recensement de 1991 montre que la proportion
de femmes sur le marché du travail a plus que doublé entre 1961 et 1991,
passant de 29 % à 60 %. La proportion d'hommes est tombée quant à elle,
au cours de cette période, de 81 % à 76 % (Gunderson, 1998, p. 25).
La proportion de femmes sur le marché du travail qui ont de jeunes enfants
est en général supérieure à celle des femmes en général. En 1976, seulement
50 % des mères ayant des enfants de moins de trois ans étaient sur le
marché du travail (ICSI, 1994, p. 7). Voir la figure 2.2. Alors que d'autres
donnés en 1991 démontrent plus de 70 % des mères d'enfants d'âge préscolaire
et 78 % des mères d'enfants de 6 à 14 ans occupaient un emploi rémunéré
(Gunderson, 1998, p. 30). En 1995, la plupart des pères mariés (94 %)
occupaient un emploi, quel que soit l'âge de leurs enfants (Marshall,
1998, p. 73).
Le taux de chômage est supérieur chez les familles autochtones et monoparentales.
Le pourcentage de familles dont au moins l'un des parents était au chômage
depuis plus de six mois est passé de 7,1 % en 1981 à 12,2 % en 1994 (CCDS,
1996, p. 19).
En 1994-1995, 6,6 % des enfants de moins de 11 ans de familles biparentales
vivaient dans des familles dont aucun des parents n'était sur le marché
du travail, tandis que 54,9 % des enfants de familles monoparentales vivaient
avec un parent qui n'occupait pas un emploi (Ross, Scott et Kelly, 1996,
p. 39). Voir la figure 2.1.
En 1991, 10 % des Canadiens étaient en chômage par rapport à 25 % dans
le cas des Autochtones. Les Autochtones vivant dans des réserves ont le
taux de chômage le plus élevé au Canada, soit 31 % (Statistique Canada,
1993, cité dans ICSI, 1994, p. 138).
Figure 2.2: Présence des femmes
sur le marché du travaila, selon l'âge
du plus jeune enfant, Canada, de 1976 à 1992 |
|
1976 |
1981 |
1986 |
1992 |
Moins de 3 |
50 |
61 |
69 |
76 |
3-5 |
41 |
52 |
62 |
68 |
6-15 |
32 |
44 |
56 |
61 |
a. Inclut une participation à temps plein et à temps partiel. |
Source : Institut canadien de la santé infantile. La santé
des enfants du Canada : un profil de l'ICSI, 2e édition,
Ottawa, Institut canadien de la santé infantile, 1994, p. 7.
Le travail et le rôle parental
La présence accrue des femmes sur le marché du travail a posé de nouveaux
défis aux parents, aux employeurs et aux collectivités en ce qui concerne
l'intégration des responsabilités inhérentes au travail et à la famille.
Quelle que soit leur situation d'emploi, les femmes assument encore principalement
la garde des enfants et les tâches domestiques, un double rôle qui accroît
beaucoup leur stress et leurs problèmes de santé (Marshall, 1994, p. 33-35).
Les femmes effectuent plus de tâches domestiques.
Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à déclarer que
les tâches domestiques et leur emploi sont ce qui les occupent le plus,
et seulement une femme pour deux hommes affirme qu'elle travaille seulement
pour la paye ou le profit (Comité consultatif fédéral-provincial-territorial
sur la santé de la population, 1996, p. 50). Voir la figure 2.3.
Figure 2.3: Activité quotidienne
des adultes ayant 15 ans et plus, selon le type d'activité
et par sexe, au Canada, en 1994–1995 (%) |
|
Hommes |
Femmes |
Travaille pour un salaire |
53 |
24 |
S'occupe de la famille/ travaille |
10 |
19 |
S'occupe de la famille |
15 |
15 |
Retraité |
15 |
15 |
Va à l'école |
12 |
11 |
Cherche du travail |
5 |
2 |
Source : Comité consultatif fédéral-provincial-territorial
sur la santé de la population. Rapport sur la santé des
Canadiens et des Canadiennes : Annexes techniques, no de catalogue : H39-385/1-1996F,
Ottawa, Santé Canada, 1996, p. 53. |
En fait, le travail qui profite le plus aux enfants est surtout celui
fait par les femmes, et ce, même si elles occupent un emploi à temps plein,
peu importe si leur mari travaille aussi à temps plein. En 1992, dans
le cas des familles ayant de jeunes enfants dont la mère et le père occupaient
tous deux un emploi à temps plein (rémunéré), les femmes consacraient
près de deux fois plus de temps ( 1,86 heure) avec les enfants que les
hommes (une heure) (Ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables
de la situation de la femme, 1997, p. 29).
La même étude montre aussi qu'en 1992 les femmes ont travaillé une demi-heure
de plus par jour (avec ou sans rémunération) que les hommes, soit l'équivalent
de cinq semaines par année de travail à temps plein (Ministres fédéral,
provinciaux et territoriaux responsables de la situation de la femme,
1997, p.21).
Le stress est élevé chez les mères qui
travaillent.
Selon de récentes recherches, l'obligation de concilier les exigences
de la famille et du travail est liée de près aux problèmes de stress et
de santé mentale, spécialement chez les femmes. Dans un document intitulé Le progrès des enfants au Canada, du Conseil canadien de développement
social (1996, p. 15) on constate que les mères qui ont un emploi déclarent
:
- éprouver beaucoup de difficultés à concilier le travail et la famille
(40 %);
- endurer un niveau élevé de stress (50 %);
- être aux prises avec des niveaux élevés de dépression (40 %).
Le stress des mères qui occupent un emploi est particulièrement élevé
chez les mères chefs de famille monoparentale. Selon une étude menée en
1993, celles-ci sont davantage exposées au stress lié au travail et à
la famille que les mères mariées qui sont sur le marché du travail (Institut
Vanier de la famille, 1998, p. 29). Les pères à la tête d'une famille
monoparentale ont eux aussi plus de stress.
Selon des recherches, les employeurs sont peu nombreux à considérer que
les obligations familiales des employés ont une incidence sur leur travail.
Les employés sont souvent stressés et en mauvaise santé, ils refusent
l'avancement et les mutations, et, pourtant, se sentent coupables de la
qualité de leur rôle parental. Les employeurs ont tendance à regarder
seulement les effets négatifs de ces obligations sur le rendement au travail,
l'absentéisme, le taux de roulement et le moral des employés (Institut
Vanier de la famille, 1998, p. i et ii).
La souplesse est essentielle.
Les femmes qui ont des enfants sont en général plus nombreuses à travailler
à temps partiel que celles qui n'en ont pas (respectivement 26 % et 18
%), à être travailleuses autonomes (17 % contre 12 %), à avoir un horaire
variable (32 % contre 29 %) et des modalités de travail flexibles (27
% contre 16 %) (Fast et Frederick, 1996, p. 16).
La garde des enfants
Etant donné le nombre croissant de femmes qui travaillent, l'offre de
bons services accessibles de garde d'enfants est de plus en plus importante.
Les chiffres montrent, toutefois, que les services ne répondent pas aux
nouveaux besoins des familles canadiennes.
Il y a une forte demande de services de garde d'enfants et
de subventions.
En 1994-1995, 32,4 % des enfants de moins de 12 ans (1,5 million d'enfants)
ont bénéficié d'une garde non parentale pendant
que leurs parents travaillaient ou étudiaient. Sur ce nombre,
un peu plus du tiers (34,2 %) ont obtenu un service de garde d'enfants
non réglementé ailleurs que chez un parent,
et un peu plus du quart (26,9 %), un service réglementé.
Près
du quart des enfants (23,9 %) ont été gardés par
un parent (y compris un frère ou une sœur)
ou sont restés seuls (Ross, Scott et Kelly, 1996, p. 29). Voir
la figure 2.4. Nous savons, en outre, qu'au cours de la même année
:
- II y avait 360 000 places dans les garderies réglementées pour les
enfants de moins de 13 ans et 270 000 autres pour le million d'enfants
d'âge préscolaire dont les parents travaillaient ou étudiaient plus
de 20 heures par semaine (DRHC, 1994, p. 60).
- Environ 42 % des places dans les garderies réglementées étaient subventionnées
en vue de les rendre accessibles aux familles à faible revenu (DRHC,
1994, p. 60).
Depuis le début des années 1970 jusqu'à la fin des années 1980, le taux
d'augmentation du nombre de places dans les garderies au Canada se situait
entre 10 % et 16 % par année. Toutefois, cette croissance a ralenti depuis
1990. En 1995, le taux a été de 4,7 %, ce qui est assez conforme à la
tendance de la décennie (DRHC, 1995 et 1996, p. 3 et 9).
Ces dernières années, le nombre de subventions accordées aux parents
à faible revenu pour faire garder leurs enfants ou aux propriétaires de
garderie pour assurer leur fonctionnement ou verser des salaires a diminué
dans plusieurs provinces. Certains gouvernements provinciaux ont également
abaissé les normes des garderies et allégé les règlements en matière de
contrôle et d'application (CCDS, 1997, p. 30).
Répartition des enfants de 0 à 11 ans, selon
le mode de garde non parentale, au Canada, en 1994-1995 |
Arrangements pour soins primaires |
% d'enfants |
Soins à la maison non reliés à la
famille, non réglementés |
34,2 |
Garde par un parent, dans la maison de l'enfant ou de
quelqu'un d'autre |
21,4 |
Soins, réglementée |
15,7 |
Dans la maison de l'enfant par un non-parent, non réglementé |
14,2 |
Soins à la maison non reliés à la
famille, réglementés |
7,2 |
Programme réglementé avant et après
l'école |
4,0 |
Sœur, frère ou seul |
2,5 |
Autre |
0,7' |
a. Estimé moins fiable en raison de la forte variabilité d'échantillonnage. |
Source : D.P. Ross, K Scott et M.A. Kelly. « Aperçu
: les enfants du Canada durant les années 90 » dans Grandir
au Canada : enquête longitudinale nationale sur les
enfants et les jeunes, n° de catalogue : 89-550-MPF, n° 1,
Développement
des ressources humaines Canada et Statistique Canada, 1996, p. 29. |
Les frères et les sœurs jouent un rôle
important.
En 1988, 23 % des enfants canadiens de 6 à 12 ans (340 000) que les parents
devaient faire garder sont restés seuls pendant un certain temps ou avec
un frère ou une sœur de moins de 13 ans pendant que leurs parents
travaillaient. Rester seuls ou se faire garder par un frère ou une sœur
a été la principale forme de garde pour 7 % des enfants de 6 à 9 ans et
pour 21 % des enfants de 10 à 12 ans (Lero et Johnson, 1994, p. 40).
L'accès des communautés des Premières
nations aux services de garde d'enfants est limité.
Il y a peu de données nationales sur les services de garde d'enfants
dans les communautés des Premières nations. Il semble toutefois que les
conceptions des Autochtones soient plus globales et reposent davantage
sur la famille étendue que celles de la population canadienne en général.
Selon les données les plus récentes, il n'y a que 68 garderies pour plus
de 1 000 communautés des Premières nations au Canada (Enquête nationale
sur les services de garde des enfants de Premières nations, 1989).
Les nouveaux besoins exigent de nouveaux services.
L'offre de places dans les garderies réglementées n'a pas suivi la demande
et ne répond pas au besoin de garderies accréditées. Une étude nationale
réalisée en 1994 a révélé que moins de la moitié (45 %) des enfants dont
les parents préfèrent les garderies accréditées allaient dans ce type
de garderie. Les parents interrogés ont expliqué de diverses façons leur
choix :
- II n'y avait pas de garderies accréditées ou, s'il yen avait, elles
manquaient de place (70%).
- Les garderies accréditées coûtent trop cher (22 %).
- Les heures d'ouverture ne correspondent pas aux horaires de travail
des parents (8 %) (Lero et Johnson, 1994, p. 41).
D'autres indications montrent que les garderies ne sont pas adaptées
au monde du travail en évolution. La plupart étant ouvertes seulement
pendant les heures « normales » de travail, il est par conséquent difficile
pour les parents qui travaillent le soir ou la fin de semaine d'avoir
recours à la garde non parentale (Lero et coll., 1992, p. 64).
L'emploi chez les jeunes
Le taux de chômage chez les jeunes est supérieur à celui de la population
en général, même s'ils ont plus d'années de scolarité qu'autrefois. Les
perspectives pour les jeunes qui ont un diplôme d'études postsecondaires
sont bonnes. Toutefois, les filles qui abandonnent le secondaire ont en
général plus de difficultés à se trouver du travail que les garçons qui
ont fait comme elles.
Le chômage chez les jeunes augmente.
De 1989 à 1995, le nombre déjeunes de 15 à 24 ans qui travaillaient a
diminué d'environ 500 000, tandis que celui des adultes a augmenté d'un
million. Cette différence s'explique en grande partie par le manque d'expérience
ou d'ancienneté des jeunes (DRHC, 1996, p. 3). À cause de l'informatisation
accrue et de la recherche d'employés très instruits, les jeunes se voient
souvent fermer des possibilités d'emplois (CCDS, 1997, p. 51).
Les conséquences de l'abandon du secondaire sont en général plus graves
pour les filles que pour les garçons. D'après l'Enquête de suivi auprès
des sortants de 1995, 30 % des filles qui ne terminent pas leur secondaire
ne trouvent pas d'emploi, comparativement à 17 % pour les garçons (DRHC
et Statistique Canada, 1996, p. 5). À noter, toutefois, que les deux tiers
des abandons au secondaire sont le fait des garçons.
Les jeunes travaillent à temps partiel et à
bas salaire.
Davantage de jeunes travaillent à temps partiel. En 1994, 40 % des adolescents
(aux études ou pas) occupaient un emploi, dont 80 % à temps partiel (CCDS,
1996, p. 54). En 1996, 20 % des emplois occupés par des jeunes qui n'étudiaient
pas étaient à temps partiel contre 6 % en 1976 (Statistique Canada, 1997,
p. 31).
Les jeunes occupent le plus souvent des emplois peu rémunérateurs dans
le secteur des services. Parmi les élèves du secondaire âgés de 15 à 18
ans qui avaient un emploi en 1995, la majorité (89 %) travaillaient dans
le secteur des services, les deux tiers d'entre eux dans des dépanneurs,
dans le domaine de la restauration ou dans la vente au détail (Greenon,
1998, p. 86).
En 1995, les jeunes du secondaire gagnaient en moyenne 6,66 $ l'heure,
tandis que ceux qui poursuivaient des études postsecondaires gagnaient
8,13 $ l'heure (Greenon, 1998, p. 87).
Les études postsecondaires contribuent à l'employabilité.
En 1995, environ quatre personnes sur cinq détentrices d'un diplôme universitaire
ou collégial en 1990 travaillaient à temps plein, dont moins de 10 % dans
des postes sans lien avec leur domaine d'études. Plus des deux tiers des
diplômés dans les secteurs commerciaux ou professionnels occupaient un
emploi à temps plein (DRHC, 1998, p. 2). Voir la figure 2.5.
Le niveau d'emploi et de revenu des diplômés qui ont une formation postsecondaire
est stable depuis 1982. Trois études menées par DRHC et Statistique Canada,
en 1982, en 1986 et en 1990, auprès de diplômés cinq ans après l'obtention
de leur diplôme, montrent que la proportion de diplômés de programmes
d'études collégiales et universitaires qui avaient un emploi à temps plein
est restée passablement constante (DRHC, 1998, p. 2).
Taux de chômage des jeunes de
15 à 24 ans, selon le degré de scolarité, au Canada, de 1980 à 1995 |
Année |
Niveau élémentaire (0-8 ans) |
Une partie des études secondaires ou la
totalité |
Une partie des études postsecondaires ou
la totalité |
Certificat ou diplôme postsecondaire |
Grade universitaire |
1980 |
22,2 |
14,0 |
9,3 |
8,7 |
7,0 |
1985 |
27,4 |
18,9 |
11,7 |
10,3 |
9,7 |
1990 |
25,0 |
14,6 |
9,3 |
8,7 |
6,6 |
1995 |
27,0 |
18,7 |
12,4 |
11,0 |
8,6 |
Source : Préparé par le Conseil canadien de développement
social au moyen des chiffres de Statistique Canada (Moyennes annuelles
de la population active, années données). Conseil canadien
de développement social
(1997), le progrès des enfants au Canada, 1997, Ottawa, CCDS,
p. 52. |
Emploi et autres déterminants
L'éducation
L'emploi et l'éducation influent sur la santé en général.
Ainsi, plus les gens sont instruits, moins ils risquent de se retrouver
sans emploi,
et ce, à n'importe quel moment de leur vie. En outre, les personnes
ayant moins de neuf années de scolarité occupent plus
souvent des emplois peu valorisants, mal rémunérés
que celles qui en comptent plus. Elles sont plus susceptibles d'occuper
un emploi caractérisé par un fort taux de
blessures professionnelles, de vivre des périodes de chômage
et de faire appel à l'aide sociale (Chevalier et coll., 1995,
cité dans Groupe d'étude des systèmes d'information sur la santé communautaire,
1995, p. 72).
L'éducation des parents est également liée à la situation relative à
l'emploi et au revenu familial, puisque ceux qui ont d'excellentes qualifications
professionnelles sont plus nombreux en général à occuper des emplois mieux
rémunérés (Ross, Scott et Kelly, 1996, p. 41).
L'éducation influe sur les possibilités d'emploi des jeunes. Près de
19 % des jeunes de 15 à 24 ans ayant terminé ou non le secondaire étaient
en chômage en 1995, comparativement à moins de 9 % dans le cas des diplômés
universitaires. Ces taux se comparent à ceux de 1985, mais sont supérieurs
à ceux de 1990 (CCDS, 1997, p. 10). Voir la figure 2.5.
Les adolescents qui travaillent sont moins susceptibles d'abandonner
l'école. Toutefois, ceux qui travaillent plus de 20 heures par
semaine risquent davantage d'abandonner tôt l'école (CCDS,
1996, p. 54). En 1993, les adolescents de 14 à 17 ans ont beaucoup
contribué à accroître le revenu
familial, puisqu'ils ont gagné, ensemble, plus de deux milliards
de dollars (CCDS, 1996, p. 54).
Les facteurs génétiques et biologiques
Étant donné le nombre croissant d'enfants qui arrivent à l'âge adulte
avec des troubles génétiques, psychiatriques et du développement, il faudra
plus d'emplois adaptés à leur situation qui respectent leur dignité, leur
assurent une rémunération et tiennent compte de leurs aptitudes particulières.
La culture
II est reconnu que la culture a une incidence sur l'éducation et la profession
des gens de même que celles de leur conjoint. La culture influe sur le
revenu, la connaissance des structures de soutien, l'accès au soutien
informel et les habiletés d'adaptation personnelles (Erickson, 1991, p.
4).
Références
Assemblées des Premières nations, Enquête nationale sur les services
de garde des enfants de Premières nations. Report of thé National
Inquiry into First Nations Child Care, Summerstown (Ontario), Fraternité
nationale des Indiens, 1989.
Chevalier, S., et coll. Cité dans Indicateurs sociosanitaires : définitions
et interprétations, Groupe d'étude des systèmes d'information sur
la santé communautaire, Ottawa, Institut canadien d'information sur la
santé, 1995.
Comité consultatif fédéral-provincial-territorial
sur la santé de la
population. Stratégies d'amélioration de la santé de la population : investir dans la santé des
Canadiens, n° de catalogue : H39-316/ 1994F, Ottawa, Santé Canada,
1994.
Comité consultatif fédéral-provincial-territorial sur la santé de la
population. Rapport sur la santé des Canadiens et des Canadiennes
: Annexes techniques, n° de catalogue : H39-385/ 1-1996F, Ottawa,
Santé Canada, 1996.
Conseil canadien de développement social. Le progrès des enfants
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