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Relations parents-enfants et adaptation pendant l'adolescence :  Constatations tirées du troisième cycle de l'enquête HBSC et du deuxième cycle de l'ELNEJ

Rapport technique présenté à la Division de l'enfance et de l'adolescence, Agence de santé publique du Canada

Anna Beth Doyle, Ph.D.
Université Concordia

Marlene M. Moretti, Ph.D.
Simon Fraser University

Mara Brendgen, Ph.D.
Université du Québec à Montréal

William Bukowski, Ph.D.
Université Concordia


Table des matières

Sommaire

I

Aperçu

II

Historique, contexte et résumé de la documentation pertinente

 

1.

Théorie de l'attachement

 

2.

Attachement et adaptation pendant l'enfance

 

3.

Développement de l'attachement pendant l'adolescence

 

4.

Attachement et adaptation pendant l'adolescence

 

5.

Approche parentale, sécurité de l'attachement et adaptation pendant l'adolescence

 

6.

Attachement, socialisation parentale et différences en fonction du sexe

 

7.

Contexte social

III

Questions de recherche abordées dans cette étude

IV

Description de la méthodologie

 

1.

Source des données

 

 

 

Description de l'échantillon des données de l'enquête HBSC

 

 

 

Description de l'échantillon des données de l'ELNEJ

 

2.

Variables prédictives et variables dépendantes

 

 

 

Parmi les variables prédictives de l'ensemble des données de l'enquête HBSC

 

 

 

Parmi les variables dépendantes de l'ensemble des données de l'enquête HBSC

 

 

 

Parmi les variables prédictives de l'ensemble des données de ELNEJ

 

 

 

Parmi les variables dépendantes (avis de l'enfant) de l'ensemble des données de l'ELNEJ

 

3.

Stratégie analytique

V

Résultats

 

1.

Tendances selon l'âge dans les relations parents-enfants et l'adaptation de l'enfant

 

2.

Qualité de la relation parent-enfant et adaptation de l'enfant

VI

Commentaires

 

1.

Changements en fonction de l'âge

 

2.

Différences en fonction du sexe

 

3.

Importance du style parental dans la relation parent-enfant

 

4.

Effets du contexte social

VII

Limites des données

VIII

Incidences sur le style parental

IX

Recommandations relatives à des programmes d'intervention

X

Incidences sur les politiques générales

XI

Bibliographie

Annexe A : 

Aperçu général et description des variables utilisées dans les ensembles de données de l'enquête HBSC et de l'ELNEJ

Annexe B : 

Regroupements de variables dans les ensembles de données de l'enquête HBSC et de l'ELNEJ

Annexe C : 

Tableau des résultats des analyses de régression fondées sur l'ensemble des données de l'enquête HBSC

Annexe D : 

Tableau des résultats des analyses de régression fondées sur l'ensemble des données de l'ELNEJ

Annexe E : 

Tableau des corrélations entre les variables des données de l'enquête HBSC

Annexe F : 

Tableau des corrélations entre les variables des données de l'ELNEJ

Annexe G : 

Analyses des pistes causales : Aperçu et pistes causales significatives de la dépression maternelle fondées sur les données de l'ELNEJ

Liste des figures

Figure 1 :

Différences en fonction de l'âge dans les relations parents-enfants (enquête HBSC)

Figure 2 :

Différences en fonction de l'âge dans les relations parents-enfants (ELNEJ)

Figure 3 :

Différences en fonction de l'âge dans l'adaptation de l'enfant (enquête HBSC)

Figure 4 :

Différences en fonction de l'âge dans l'adaptation de l'enfant (ELNEJ)

Figure 5 :

Différences en fonction de l'âge dans les relations avec les pairs (enquête HBSC)

Figure 6 :

Différences en fonction de l'âge dans les relations avec les pairs (ELNEJ)

Figure 7 :

Différences en fonction du sexe dans les relations parents-enfants (enquête HBSC)

Figure 8 :

Différences en fonction du sexe dans les relations parents-enfants (ELNEJ)

Figure 9 :

Différences en fonction du sexe dans l'adaptation de l'enfant (enquête HBSC)

Figure 10 :

Différences en fonction du sexe dans l'adaptation de l'enfant (ELNEJ)

Figure 11a :

Modèles testés (enquête HBSC)

Figure 11b :

Modèles testés (ELNEJ)

Figure 12:

Modèle d'analyse causale de l'usage des substances et des comportements d'extériorisation : échantillon de l'enquête HBSC

Figure 13 :

Modèle d'analyse causale des comportements d'intériorisation : échantillon de l'enquête HBSC

Figure 14 :

Modèle d'analyse causale du sentiment d'appartenance à l'école : échantillon de l'enquête HBSC

Figure 15 :

Modèle d'analyse causale des comportements à risque :échantillon de l'enquête HBSC

Figure 16 :

Modèle d'analyse causale de l'adaptation sociale :échantillon de l'enquête HBSC

Figure 17 :

Modèle d'analyse causale des comportements d'extériorisation : échantillon de l'ELNEJ

Figure 18 :

Modèle d'analyse causale de l'usage des substances : échantillon de l'ELNEJ

Figure 19 :

Modèle d'analyse causale des comportements d'intériorisation : échantillon de l'ELNEJ

Figure 20 :

Modèle d'analyse causale de l'adaptation au milieu scolaire : échantillon de l'ELNEJ

Figure 21 :

Modèle d'analyse causale de l'adaptation sociale : échantillon de l'ELNEJ

Figure 22 :

Modèle d'analyse causale de l'usage des substances et des comportements d'extériorisation (échantillon de l'enquête HBSC) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 23 :

Modèle d'analyse causale des comportements d'intériorisation (échantillon de l'enquête HBSC) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 24 :

Modèle d'analyse causale du sentiment d'appartenance à l'école (échantillon de l'enquête HBSC) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 25 :

Modèle d'analyse causale des comportements à risque (échantillon de l'enquête HBSC) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 26 :

Modèle d'analyse causale de l'adaptation sociale (échantillon de l'enquête HBSC) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 27 :

Modèle d'analyse causale des comportements d'extériorisation (échantillon de l'ELNEJ) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 28 :

Modèle d'analyse causale de l'usage des substances (échantillon de l'ELNEJ) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 29 :

Modèle d'analyse causale des comportements d'intériorisation (échantillon de l'enquête HBSC) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 30 :

Modèle d'analyse causale de l'adaptation au milieu scolaire (échantillon de l'ELNEJ) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 31 :

Modèle d'analyse causale de l'adaptation sociale (échantillon de l'ELNEJ) : pistes causales relatives à l'âge et au sexe

Figure 32 :

Pistes causales liées à la dépression maternelle (données de l'ELNEJ)




Sommaire

Le principal objectif de ce projet était d'examiner les changements développementaux dans les relations parents-enfants, ainsi que leurs liens avec l'adaptation de l'enfant, entre la fin de l'enfance et le milieu de l'adolescence. Ces questions ont été traitées en utilisant les données provenant de deux vastes échantillons nationaux représentatifs des enfants et des adolescents canadiens. Les recommandations visant des pratiques parentales saines et des initiatives gouvernementales ont été résumées.

Contexte

Des recherches ont démontré qu'un attachement sécurisant aux parents facilite l'adaptation des enfants. Les enfants ayant un attachement sécurisant perçoivent leurs parents comme disponibles et sensibles à leurs besoins. Ce sentiment de sécurité favorise l'exploration adaptative et met les enfants à l'abri du stress. En revanche, les enfants qui perçoivent leurs parents comme distants, insensibles ou rejetants développent un attachement insécurisant et évitent de compter sur leurs parents pour obtenir du soutien. Ces enfants qui ont un attachement évitant obtiennent peu de protection et d'encadrement dans leurs relations avec leurs parents. Les enfants qui considèrent leurs parents comme inconstants dans la disponibilité et la sensibilité dont ils font preuve à leur égard développent également un attachement insécurisant, particulièrement anxieux ou préoccupé. Ces enfants qui ont un attachement anxieux ou préoccupé ne peuvent jamais être sûrs de bénéficier du soutien de leurs parents et ont tendance à être dépendants et collants.  

Dans un récent examen de la documentation publiée sur le sujet, Doyle et Moretti (2000) ont constaté que les données recueillies démontrent dans une large mesure que l'attachement sécurisant continue de contribuer à l'adaptation pendant l'adolescence. Par exemple, un attachement plus positif aux parents parmi les jeunes de 15 ans était également lié à moins de problèmes de santé mentale comme l'anxiété, la dépression, l'inattention et les troubles de conduite (Nada-Raja, McGee et Stanton, 1992). Bien que l'attachement n'ait pas été évalué de façon précise, les adolescents qui ont indiqué entretenir une relation positive avec leurs parents et qui n'hésitent pas à se tourner vers eux pour obtenir du soutien donnent davantage le sentiment d'être maîtres de leur vie (Paterson, Pryor et Field, 1995) et ont moins tendance à se sentir seuls (Kerns et Stevens, 1996). 

Tout comme la sensibilité et la réceptivité des parents contribuent à un attachement sécurisant dans l'enfance, le soutien affectif et l'engagement, l'encouragement à accroître la maîtrise de soi et la faculté de prendre des décisions, l'établissement de limites adéquates et le suivi semblent favoriser l'attachement sécurisant et l'adaptation à la fin de l'enfance et au début de l'adolescence (Baumrind, 1991; Steinberg, Dornbusch et Brown, 1992; Karavasilis, Doyle et Margolese, 1999). Un soutien affectif et un encadrement déficients pourraient être liés particulièrement à un attachement rejetant et évitant, et un piètre encouragement à l'autonomie psychologique à un attachement anxieux. De même, les mesures disciplinaires dures et les interactions coercitives entre les parents et les enfants couplées à un manque de surveillance de la part des parents contribuent à l'apparition de problèmes de comportement à la préadolescence et à une conduite antisociale à l'adolescence (Dishion, Patterson, Stoolmiller et Skinner, 1991; Conger, Patterson et Ge, 1995). Un très petit nombre des études examinées, cependant, avaient trait à des familles canadiennes, et un bon nombre portaient sur des échantillons restreints. De plus, Doyle et Moretti (2000) ont décelé plusieurs lacunes dans la documentation et ont relevé des questions de recherche prioritaires demeurées sans réponses qu'il convient d'aborder dans le cadre du présent projet.

Données et méthodologie

L'échantillon de l'Enquête sur les comportements liés à la santé des enfants d'âge scolaire (HBSC) : une étude multinationale de l'Organisation mondiale de la santé est composé d'environ 11 000 enfants âgés de 11 à 15 ans en 1997-1998. L'échantillon du 2e cycle de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ) est composé d'environ 4 000 enfants âgés de 10 à 13 ans en 1996-1997, et de leur mère.

Principales constatations

Les résultats étaient très homogènes dans les deux ensembles de données. Ces résultats révèlent que la période de l'adolescence présente des défis développementaux majeurs, mais aussi de nouvelles possibilités de relations parents-enfants et de la façon dont ces relations peuvent influencer l'adaptation développementale des adolescents.  

Question de recherche 1 :

En quoi l'approche parentale et les relations parents-enfants diffèrent-elles entre la fin de l'enfance (de 10 à 11 ans) et le milieu de l'adolescence (15 ans)? 

Bien que la participation des mères aux activités scolaires de leurs enfants diminue à mesure que ces derniers grandissent, les enfants considèrent que leurs parents continuent de leur offrir du soutien pour leurs activités scolaires de manières différentes. Les parents d'enfants plus âgés ne font pas état de pratiques parentales différentes de celles des parents d'enfants plus jeunes. Néanmoins, à mesure qu'ils grandissent, les enfants estiment que la qualité de leurs relations avec leurs parents diminue. Les enfants plus âgés déclarent que leurs parents les comprennent moins bien et qu'ils se disputent beaucoup plus avec eux. Ils estiment aussi que leurs parents leur offrent moins de soutien affectif et qu'ils sont plus rejetants. Ils se sentent également moins à l'aise de se confier à leur mère et à leur père que les enfants plus jeunes.  

Question de recherche 2 :

Comment l'adaptation de l'enfant et les relations sociales évoluent-elles au cours de cette période?  

Les changements en fonction de l'âge dans les relations sociales étaient concordants dans les deux échantillons. L'usage du tabac, la consommation d'alcool et l'association à des pairs qui font usage de drogues augmentent avec l'âge alors que l'estime de soi diminue. Les enfants plus âgés sont moins susceptibles de porter des casques et des ceintures de sécurité que les plus jeunes. La qualité des relations avec les frères et les sours demeure stable, mais les enfants plus âgés ont des relations plus positives avec leurs ami(e)s que les enfants plus jeunes. Ils sont également moins souvent victimes d'intimidation et se sentent davantage en sécurité dans le périmètre de l'école que les plus jeunes.  

Question de recherche 3 :

Les pratiques parentales, les relations parents-enfants et l'adaptation de l'enfant diffèrent-elles chez les garçons et les filles au cours de cette période de développement? 

Les parents font état de pratiques similaires à l'égard de leurs garçons et de leurs filles. Cependant, les filles perçoivent leurs parents comme moins rejetants et plus enclins à leur offrir du soutien affectif que les garçons. Les garçons et les filles trouvent tout aussi facile de se confier à leur mère, mais les filles se confient moins souvent à leur père que les garçons.

Question de recherche 4 :

De bonnes pratiques parentales contribuent-elles à l'établissement de relations parents-enfants positives qui, à leur tour, favorisent un développement sain de l'enfant? 

Des pratiques parentales plus sévères (élever la voix et recourir à des punitions corporelles plus fréquemment, moins au raisonnement) amènent les enfants à percevoir leurs parents comme plus rejetants et froids envers eux. La façon dont les enfants perçoivent leur relation avec leurs parents est liée à l'adaptation de l'enfant. Les enfants qui bénéficient d'une relation positive avec leurs parents sont plus susceptibles de porter intérêt à l'école, de porter des casques de protection et des ceintures de sécurité et subissent moins de blessures graves. Ils ont une meilleure estime d'eux-mêmes, se sentent moins déprimés et sont moins anxieux. En revanche, les enfants qui perçoivent leurs parents comme plus rejetants sont plus susceptibles de faire usage de tabac et de consommer de l'alcool; ils sont plus agressifs, intimident les autres davantage, commettent davantage d'infractions contre des biens et s'associent plus facilement à des camarades déviants. Ils sont également plus susceptibles d'être victimes d'intimidation par d'autres enfants.  

Question de recherche 7 :

Existe-t-il des différences dans la façon dont les pratiques parentales influencent l'adaptation de l'enfant entre les filles et les garçons ou entre les plus jeunes et les plus vieux? 

Dans l'ensemble, les filles sont moins agressives, commettent moins d'infractions contre des biens, intimident moins les autres et sont moins souvent victimes d'intimidation que les garçons. De plus, même si les filles ont une plus faible estime d'elles-mêmes et davantage de problèmes d'intériorisation, elles entretiennent de meilleures relations avec leurs ami(e)s, adoptent plus de comportements prosociaux et portent davantage d'intérêt à l'école que les garçons. Néanmoins, l'influence des pratiques parentales sur les filles et les garçons est analogue. L'approche parentale est également associée à l'adaptation des enfants plus jeunes et plus vieux également de façons analogues. Ainsi, tant pour les garçons que pour les filles, tous âges confondus, une approche parentale sévère et arbitraire (c.-à-d. qui a peu recours au raisonnement) est liée à une moins bonne relation parent-enfant (c.-à-d. à des perceptions, de la part de l'enfant, de moins de soutien et de plus de rejet) qui, à son tour, est associée à de plus grandes difficultés d'adaptation. 

Question de recherche 8 :

Les influences des différentes pratiques parentales ou de la qualité de la relation parent-enfant diffèrent-elles dans des contextes sociaux traditionnellement perçus comme comportant plus de risques d'inadaptation pour les enfants? 

Bien que peu de contextes sociaux (p. ex., le niveau de scolarité de la mère, le revenu familial, l'emploi maternel et la monoparentalité) aient une incidence directe sur l'adaptation de l'enfant, certains influencent la qualité des relations parents-enfants. Les enfants dont les mères possèdent un faible niveau de scolarité et les enfants de familles à faible revenu ont tendance à avoir une opinion moins favorable de leurs relations avec leurs parents. Ces perceptions négatives sont à leur tour associées à une mauvaise adaptation. L'emploi maternel et le statut de famille monoparentale n'ont aucune incidence sur l'adaptation de l'enfant indépendamment de l'approche parentale et de la relation parent-enfant. 

Question de recherche 9 :

Y a-t-il des preuves selon lesquelles les relations avec la mère et le père contribuent de façon différente à l'adaptation de l'enfant? 

Les filles et les fils trouvent tout aussi facile de se confier à leur mère, mais les filles se confient moins à leur père que les fils. Les enfants qui se sentent à l'aise de se confier à leur père sont mieux adaptés à plusieurs égards.

Incidences

Recommandations à l'intention des parents

  • Les parents doivent reconnaître l'importance que continue d'avoir la relation qu'ils entretiennent avec leurs adolescents. Même si la relation parent-enfant se transforme pendant l'adolescence, l'adaptation des adolescents dépend en grande partie de la qualité de leur relation avec leurs parents.

  • Les jeunes sont plus susceptibles d'éprouver des difficultés d'adaptation pendant l'adolescence que pendant l'enfance. Les parents doivent s'attendre à ce que leur adolescent ait davantage besoin de soutien pendant les périodes de transition, comme celle de l'entrée à l'école secondaire.

  • Les adolescents ont besoin de sentir l'engagement et le soutien de leurs parents. Même s'ils sont plus indépendants que les enfants dans bien des aspects de leur vie, les adolescents ont besoin du soutien continu de leurs parents. Ces derniers doivent demeurer ouverts à la communication et disponibles à leur offrir de l'aide au besoin, tout en encourageant à la fois leur autonomie. Parmi les compétences parentales particulières favorisant l'adaptation, mentionnons, le soutien affectif, l'acceptation de l'individualité, l'écoute active, la surveillance des comportements, l'établissement de limites claires et la négociation.

  • Les parents doivent reconnaître le rôle important que joue le père dans l'amélioration du bien-être des enfants. Un soutien psychologique accru des pères envers leurs filles peut être particulièrement bénéfique pour ces dernières.

  • Il est certain que l'adaptation de l'adolescent est déterminée également par des facteurs qui interviennent en dehors de la famille et de la relation parent-enfant. Même si les parents n'influent qu'indirectement sur la façon dont les camarades, les partenaires romantiques et les autres influences sociales qui déterminent également l'adaptation de leurs enfants, le soutien des parents tout au long des épreuves stressantes de l'adolescence demeure essentiel.

Recommandations relatives à des programmes d'intervention 

  • Il serait avantageux d'aider les parents à acquérir des compétences parentales qui renforcent la relation qu'ils entretiennent avec leur adolescent de manière à favoriser la sécurité de l'attachement et le sain développement de ce dernier au cours de cette période.

  • Il convient de lancer des programmes d'éducation publique afin de briser le mythe du détachement des adolescents aux parents et d'accentuer la reconnaissance et la compréhension de l'importance de la relation parent-enfant. Les stratégies mises de l'avant pour atteindre cet objectif pourraient comprendre des campagnes de publicité dans les médias et la distribution de brochures d'information par l'entremise d'organismes gouvernementaux, de bureaux de santé publique et d'écoles. Des intervenants compétents, ainsi que des documents et des vidéos à l'intention des groupes de parents des écoles secondaires et des écoles secondaires de premier cycle, des centres communautaires, des bibliothèques, etc., s'avéreraient également efficaces.

  • Des organismes concernés en collaboration avec des chercheurs devraient mobiliser des efforts afin de mettre en ouvre et d'évaluer des programmes visant à aider les parents à acquérir des compétences parentales efficaces sur l'attitude à adopter avec les adolescents, notamment en ce qui a trait au soutien, à l'encadrement et à la négociation de limites en périodes de transition. On pourrait y parvenir de manière efficace en mettant sur pied des programmes universels dans la collectivité et dans les écoles visant à fournir aux parents d'enfants qui font leur entrée à l'école secondaire de l'information et du soutien concernant des attitudes parentales efficaces à adopter en périodes de transition afin de favoriser de bonnes relations parents-enfants.

  • Il faut mobiliser des efforts afin d'élaborer et d'évaluer des programmes d'intervention ciblés qui traitent des questions de l'attachement et de stratégies efficaces en matière d'approche parentale auprès des adolescents à haut risque et de leurs familles. L'insuffisance du revenu et le faible niveau de scolarité de la mère placent les enfants dans une situation susceptible de leur faire subir des attitudes parentales non optimales et de mauvaises relations parents-enfants, qui à leur tour constituent des facteurs de risque de difficultés d'adaptation chez l'enfant. À proprement parler, cependant, ni l'emploi maternel, ni le statut de famille monoparentale ne constituent des facteurs de risque indépendamment de l'approche parentale et de la relation parent-enfant.

  • Il faut mobiliser des efforts afin d'élaborer et d'évaluer des programmes d'intervention ciblés qui traitent des questions de l'attachement et de stratégies efficaces en matière d'approche parentale plus particulièrement auprès des adolescents et des familles caractérisés par des attitudes parentales non optimales et de mauvaises relations parents-enfants. L'importance de ces deux facteurs dans l'inadaptation de l'adolescent est une des constatations majeures qui se dégagent de la présente étude.

  • Les programmes doivent être axés tout autant sur la relation du père avec son adolescent que sur celle de la mère avec son adolescent. Il convient de souligner l'importance du soutien psychologique des pères dans le bien-être des filles.

  • Il faut mobiliser des efforts pour promouvoir la formation afin de favoriser une meilleure compréhension des questions de l'attachement pendant l'adolescence de la part des professionnels des services sociaux et de santé mentale, des enseignants, des aidants, des moniteurs de loisirs, des intervenants de première ligne et des organismes communautaires desservant les jeunes (p. ex., les Guides, les Scouts, les 4-H), etc., et de les sensibiliser davantage.

  • Il faut mettre un système coordonné des ressources à la disposition de ceux qui travaillent auprès des jeunes et des familles, afin que les familles et les jeunes dans le besoin puissent être dirigés vers les programmes d'intervention appropriés.

Recommandations pour la recherche 

  • Il faut réaliser d'autres recherches afin d'apporter des éclaircissements sur la nature changeante des relations qu'entretiennent les filles avec leur père pendant l'adolescence comparée aux garçons, l'influence de ces différences sur les écarts de socialisation parentale et les conséquences sur l'adaptation.

  • Les liens mentionnés précédemment entre les variables ne permettent pas de déterminer la relation de cause à effet. Des recherches sont nécessaires pour clarifier le rôle causal de l'approche parentale et de la relation parent-enfant dans l'adaptation de l'enfant. Des analyses longitudinales suivant le développement des enfants qui participent à l'ELNEJ dans le temps permettront de répondre à cette question. Il est également possible que les comportements des parents et des enfants soient attribuables à un autre facteur, comme le bagage génétique. Une fois de plus, des analyses de l'ensemble des données de l'ELNEJ, tenant compte des antécédents familiaux communs des enfants au sein d'une même famille, permettront de déterminer si de tels facteurs interviennent.

  • Les analyses longitudinales doivent continuer d'examiner le rôle des facteurs de risque associés au contexte social comme l'insuffisance du revenu et le faible niveau de scolarité de la mère dans le développement de problèmes reliés aux pratiques parentales et de difficultés d'adaptation chez l'enfant.

  • Les constatations mentionnées précédemment font ressortir la nécessité d'entreprendre de plus amples recherches sur ces questions en ayant recours à des mesures plus précises et plus complètes sur l'attitude des parents et la relation parent-enfant que celles des enquêtes HBSC et ELNEJ. Plus précisément, des mesures directes de l'approche parentale plus élaborées et plus fiables, ainsi que des mesures plus élaborées adaptées à l'âge de l'attachement enfant-parent s'imposent.

  • Des recherches plus poussées sont nécessaires afin d'établir si les pratiques parentales et la qualité des relations parents-enfants jouent un rôle en définissant comment d'autres facteurs - comme l'influence des camarades - contribuent à déterminer l'adaptation de l'enfant.

Recommandations en matière de politiques gouvernementales 

  • Les organismes gouvernementaux doivent soutenir les initiatives mentionnées précédemment à la faveur de programmes en santé mentale, de la coordination des services et du financement de plus amples recherches. 

Ouvrages de référence clés

Baumrind, Diana. The influence of parenting style on adolescent competence and substance use, « Journal of Early Adolescence », 1991, no 11-1, p. 56-95.  

Conger, Rand D., Gerald R. Patterson et Xiaojia Ge. It takes two to replicate: A mediational model for the impact of parents' stress on adolescent adjustment, « Child Development », 1995, no 66-1, p. 80-97. 

Dishion, T.J., G.R. Patterson, M. Stoolmiller et M.L. Skinner. Family, school, and behavioural antecedents to early adolescent involvement with antisocial peers, « Developmental Psychology », 1991, no 27-1, p. 172-180. 

Doyle, Anna Beth et Marlene M. Moretti. Attachement aux parents et adaptation pendant l'adolescene : analyse bibliographique et l'incidence des politiques, Ottawa, Santé Canada, numéro de dossier : 032ss.H5219-9-CYH7/001/SS, 2000 

Karavasilis, K., Anna Beth Doyle et S.K. Margolese. Links Between Parenting Styles and Adolescent Attachment, Affiche présentée aux réunions biennales de la Society for Research in Child Development, Albuquerque, mars 1999. 

Kerns, Kathryn A. et Joan M. Barth. Attachment and play: Convergence across components of parent-child relationships and their relations to peer competence, « Journal of Social and Personal Relationships », 1995, no 12-2, p. 243-260. 

Nada-Raja, Shyamala, Rob McGee et Warren R. Stanton. Perceived attachments to parents and peers and psychological well-being in adolescence, « Journal of Youth and Adolescence », 1992, no 21-4, p. 471-485. 

Paterson, Janis, Jan Pryor et Jeff Field. Adolescent attachment to parents and friends in relation to aspects of self-esteem, « Journal of Youth and Adolescence », 1995, no 24-3, p. 365-376. 

Steinberg, L., S.M Dornbusch et B.B. Brown. Ethnic differences in adolescent achievement: An ecological perspective, « American Psychologist », 1992, no 47-6, p. 723-729.

 

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Mise à jour : 2004-01-08 haut de la page