Les soins à la mère et au nouveau-né dans une
perspective familiale : lignes directrices nationales
- CHAPITRE 1 -
Introduction et philosophie
Table des matières |
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Introduction |
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Lignes directrices: historique et contexte |
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Lignes directrices: le but |
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Lignes directrices: le contenu |
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Qu'entend-on par soins à la mère et au nouveau-né
dans une |
perspective familiale? |
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Principes directeurs des soins à la mère et au nouveau-né
dans |
une perspective familiale |
Application des lignes directrices : faciliter le changement |
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Étapes facilitant la réussite d'un changement |
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Soutien, perfectionnement et formation |
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Comment les femmes et les familles peuvent-elles |
participer efficacement? |
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Conclusion |
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Bibliographie |
Introduction
Lignes directrices: historique et contexte
Les lignes directrices relatives aux soins à la mère et
au nouveau-né ont été publiées pour la première
fois au Canada en 1968, puis révisées en 1974 et en 1987.
Elles sont présentées ici dans leur quatrième édition.
Chacune des éditions tient compte des changements qui sont survenus
dans la société canadienne et qui ont influencé les
soins à la mère et au nouveau-né au Canada. Au cours
des trente dernières années, la prestation des soins à
la mère et au nouveau-né au Canada a subi l'influence
de plusieurs change-ments fondamentaux. Le contexte dans lequel s'inscrivent
les lignes directrices actuelles est présenté ci-après.
TECHNOLOGIE
L'explosion technologique de ces dernières années
n'est un secret pour personne. On dispose maintenant de nouveaux
outils technologiques plus perfectionnés pour prodiguer des soins
à la mère ou au nouveau-né, tels que le moniteur
foetal ou différentes mesures analgésiques invasives.
Les technologies de l'information ont nettement transformé
les communications dans le milieu de la santé.
PARTICIPATION DES CONSOMMATEURS ET DES PROFESSIONNELS
Un nombre croissant de consommateurs et de professionnels interprètent
dorénavant la naissance comme un événement familial
naturel et déplorent qu'on prodigue soins et soutien aux familles
en appliquant au cycle de la procréation un «modèle
de maladie». Certains remettent en question l'appli-cation
courante de la technologie et d'autres pratiques de routine pour
les soins à la mère et au nouveau-né. Ils insistent
sur la pleine participation des femmes et des familles aux décisions
concernant leurs soins. C'est à cette école de pensée
que l'on doit l'expression «soins dans une perspective
fami-liale».
- Dans la mesure du possible, les lignes directrices reflètent
les expressions utilisées par les femmes. C'est pourquoi
on y retrouve les termes «une femme et son bébé
à naître» et «une femme et son bébé»
plutôt que «une femme et son foetus».
De plus, lorsque la grande majorité des personnes dans une catégorie
d'emploi sont des femmes, le fémi-nin est employé
plutôt que le masculin.
RÉFORME DE LA SANTÉ
La réforme du système canadien de la santé se poursuit
et elle se traduit par des contraintes budgétaires. Bien que cette
réforme varie d'une région à l'autre, il
en émerge néanmoins certains traits communs. On note par
exem-ple une tendance à la décentralisation des services
à partir du palier provincial vers le palier municipal et, dans
certains endroits, à une régionalisation des services. Certains
établissements réduisent actuellement leurs effectifs, d'autres
ferment leurs portes, il y a transfert des services à d'autres
établis-sements. Les séjours à l'hôpital
sont de plus en plus courts. L'intégration et le rapprochement
des organismes et des collectivités pour en arriver à un
système totalement intégré font partie des objectifs
déclarés.
PRATIQUES FONDÉES SUR DES PREUVES SCIENTIFIQUES
Les pratiques en matière de soins de santé font de plus
en plus l'objet de discussions, et on exige maintenant qu'elles
s'appuient sur des preuves scientifiques. En fait, les soins à
la mère et au nouveau-né ont joué un rôle de
premier plan dans l'évolution de cette pratique misant sur
les preuves. La base de données Oxford des essais périnatals
(maintenant la base de données sur la grossesse et la naissance
du Centre de collaboration Cochrane/
Cochrane Collaboration Pregnancy and Childbirth Database) a
été la première à étayer l'efficacité
des interventions au moyen d'études systématiques fondées
sur l'expérience clinique. De plus en plus de lignes directrices
pour les pratiques cliniques des médecins, des infirmières2
et des sages-femmes s'appuient sur des preuves scientifiques.
DIVERSITÉ DE LA POPULATION CANADIENNE
La population canadienne en âge d'avoir des enfants s'est
diversifiée en termes de culture, d'ethnie, d'origine
raciale, de statut socioéconomique et d'âge; cela n'est
pas sans répercussions sur le soutien social et les systèmes
de ressources des familles et des collectivités. Bien des femmes
en âge de procréer sont maintenant sur le marché du
travail. Elles sont plus nombreu-ses à décider d'avoir
leurs enfants à un âge plus avancé. Bien des familles
sont dans l'impossibilité de recevoir l'aide de leur
famille élargie. Il faut donc que les programmes et les services
répondent à leurs besoins et qu'ils leur soient accessibles.
Il importe également de moduler tous les services pour tenir compte
des particularités des diverses collectivités auxquels ils
s'adres-sent. En plus d'être attrayants et pertinents,
ces services doivent être accessibles aux femmes et à leur
famille, en particulier à celles qui sont moins portées
à s'en prévaloir ou même hésitantes à
le faire. Une telle diversité pose un défi à tous
les intervenants qui prodiguent des soins aux mères et aux nouveau-nés.
- Dans le document, le terme «infirmière» désigne
la titulaire d'un permis de pratique en règle du corps professionnel
de sa province; par exemple, il désigne une infirmière
autorisée en Ontario et au Québec et une infirmière
immatriculée au Nouveau-Brunswick.
Lignes directrices: le but
Les lignes directrices ont pour but d'aider les hôpitaux
et les autres orga-nismes du secteur de la santé à planifier,
mettre en place et évaluer des programmes et des services de soins
à la mère et au nouveau-né. Elles sont conçues
à l'intention des décideurs, des intervenants de la
santé (notamment les médecins, les infirmières et
les sages-femmes), des parents, des planifi-cateurs et des administrateurs
de programmes. Bien qu'elles ne constituent pas à proprement
parler des lignes directrices de pratique clinique, il arrive toutefois
qu'elles renvoient aux lignes directrices régissant la pratique
clinique actuelle ou en présentent un aperçu.
En raison de la diversité des régions et des collectivités
canadiennes, le présent document se veut assez souple pour englober
les différents protocoles, politiques et approches des établissements,
organismes, collectivités et régions de tout le pays.
Lignes directrices: le contenu
Les lignes directrices établissent d'abord les principes
généraux pour ensuite présenter des précisions.
Le premier chapitre commence par une présenta-tion des concepts sous-jacents aux soins à la mère et au nouveau-né
dans une perspective familiale, puis explique le fondement de ces soins
- soit les principes directeurs. Le deuxième chapitre décrit
l'organisation des services au sein d'un système
régionalisé de soins à la mère et au nouveau-né
dans une perspective familiale. Les quatre chapitres suivants traitent
des lignes directrices régissant les soins à prodiguer au
cours du cycle de la procréation: soins avant la conception,
soins pendant la grossesse, soins durant le travail et la naissance, soins
postnatals3 mère-enfant et transition vers la col-lectivité. Les trois chapitres suivants analysent des thèmes relatifs aux
soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective
familiale: allaitement, perte et deuil, et transport.
Le dernier chapitre décrit les lignes directrices relatives aux installations et à l'équipement nécessaires
pour la prestation des soins.
- La présente édition des lignes directrices tient compte
de l'évolution de la terminologie dans les milieux de pratique
au Canada. Par exemple, les termes «prénatal, pernatal
et postnatal» sont utilisés de préfé-rence
à «antepartum, intrapartum et postpartum» et «naissance»
au lieu d'accouchement, lorsque le contexte s'y prête.
Chaque chapitre énonce d'abord les principes directeurs
pertinents à l'aspect des soins aux mères et aux nouveau-nés
dont il est question. Chacun comprend des renvois à des ouvrages
scientifiques. Les annexes à la fin de la plupart des chapitres
fournissent des détails supplémentaires sur certains domaines
spécifiques.
Les lignes directrices sont fondées sur les constats de la recherche.
Si ces constats laissent planer un doute ou si un aspect des soins est
encore controversé, mention en est faite. Si des travaux de recherche
très concluants font ressortir clairement un certain avantage,
cet avantage est expliqué en détail. S'il y a des risques,
ils sont définis. Enfin, si la recherche fait défaut ou
est insuffisante, il est recommandé d'étudier davantage
la question.
Il importe de prendre connaissance des limites de la pratique fondée
sur l'expérience clinique. De toute évidence, il faut
poursuivre les recher-ches, surtout en ce qui touche les données
qualitatives reliées aux aspects psychosociaux «vécus»
de la grossesse et de la naissance. Il reste aussi d'importants défis
à relever pour mettre en évidence l'efficacité
des interventions auprès des femmes et des familles. Par exemple,
le document de bonne notoriété A Guide to Effective
Care in Pregnancy and Childbirth (Enkin et coll., 1995) répertorie
plus de trente domaines où le manque de données de recherche
ne permet pas de tirer des conclusions.
Qu'entend-on par soins à la mère et au nouveau-né
dans une perspective familiale?
Par soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective
familiale, on entend un processus complexe, multidimensionnel et dynamique
permet-tant de fournir des soins de toute sécurité, compétents
et personnalisés, qui tiennent compte des besoins physiques, affectifs
et psychosociaux de la femme et de sa famille. Dans une telle perspective,
la grossesse et la nais-sance constituent une étape saine et normale
de la vie. Cette perspective permet également de reconnaître
l'importance du soutien aux familles, de leur participation et des
choix qu'elles effectuent. De fait, lorsqu'on parle de soins
à la mère et au nouveau-né dans une perspective familiale,
on invoque une attitude plutôt qu'un protocole (Rush, 1997,
p.1).
Principes directeurs des soins à la mère et au
nouveau-né dans une perspective familiale
Les soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective
familiale s'appuient sur les principes directeurs suivants:
La naissance est un événement heureux -
un événement normal et sain.
La majorité des femmes vivent une grossesse sans problème
et donnent nais-sance à un bébé en santé et
très attendu. Grâce à l'appui de la famille et
des proches, la naissance peut correspondre à un moment de grande
joie et de satisfaction. Les soins à la mère et au nouveau-né
dans une perspective familiale sont fondés sur le principe suivant:
la grossesse est un événement sain et naturel, et la naissance,
un processus physiologique tout à fait normal. Il s'agit d'un
événement marquant dans la vie d'une femme et de sa
famille.
Par contre, certaines femmes et certaines familles n'ont peut-être
pas prévu la grossesse ou ne la désirent pas; des complications
peuvent survenir ou des circonstances sociales négatives peuvent
entrer en jeu. La naissance elle-même peut s'avérer
difficile et connaître un dénouement inattendu. Dans de telles
situations, les soins prodigués dans une perspective familiale
prennent encore plus d'importance, puisqu'ils sont axés
sur les besoins particuliers de chaque famille.
Chaque femme vit sa grossesse et la naissance de façon
unique.
Les femmes n'ont pas toutes le même vécu ni les mêmes
besoins. Les femmes et les familles ont des philosophies différentes
de la naissance d'après leurs connaissances, leurs expériences,
leur culture, leurs contextes social et familial, et leur système
de croyances. Le soutien et les soins offerts doivent donc tenir compte
de ces facteurs. Certaines femmes éprouvent des craintes ou des
sentiments négatifs face à la naissance et hésitent
à prendre en charge leurs soins. Il faut savoir reconnaître
ces sentiments. Pour prodiguer des soins adéquats aux mères
et aux familles, il faut s'adapter à leurs besoins plutôt
que de s'attendre à ce que les femmes et les familles s'adaptent
aux besoins des organismes ou des intervenants.
Le principal objectif de la prestation de soins aux femmes,
aux bébés et aux familles est d'optimiser la probabilité
qu'une femme en santé donne naissance à un bébé
en santé.
La femme enceinte et sa famille se soucient plus que tout autre du dénoue-ment
heureux, en toute sécurité, de la grossesse. Elles visent
à ce que la grossesse, la naissance et la période postnatale
immédiate soient une expé-rience positive et enrichissante.
C'est aussi le but des intervenants de la santé. De toute
évidence, il faut reconnaître que chaque femme est un être
à part entière et que chacune a besoin de renseignements
impartiaux et clairs sur les choix qui s'offrent à elle.
Les soins à la mère et au nouveau-né
s'appuient sur des preuves scientifiques.
Les lignes directrices nationales s'appuient, dans la mesure du
possible, sur des preuves scientifiques. Comme on l'a déjà
mentionné, si les essais ne sont pas concluants, mention en est
faite. Par contre, si un avantage se dégage clairement des essais
cliniques, il est expliqué en détail. Les risques, s'il
y a lieu, sont également rapportés. Si la recherche fait
défaut ou si elle est insuf-fisante dans un domaine, il est recommandé
d'élaborer des travaux de recherche. Les ressources suivantes
peuvent aider à évaluer la recherche existante ainsi qu'à
planifier et à réaliser des projets de recherche: la biblio-thèque
Cochrane (Cochrane Library); les programmes ou les écoles universi-taires
de sciences infirmières, de médecine, de sages-femmes et
autres; les centres régionaux de périnatalité; les
centres de santé communautaires et les centres locaux des services
communautaires (CLSC); les chercheurs et les consultants. Enfin, il faut
être conscient des limites des pratiques fondées sur des
preuves scientifiques, la collecte de données probantes étant
loin d'être terminée.
Les rapports entre les femmes, les familles et les intervenants
de la santé reposent sur la confiance
et le respect mutuel.
Il importe que les intervenants de la santé respectent et soutiennent
la femme et sa famille. Cela aidera la femme à donner naissance
en toute sécurité, dans la dignité et dans un contexte
où elle aura davantage de contrôle sur l'expérience
qu'elle vit. La femme et sa famille doivent, à leur tour,
respecter les intervenants et leur faire confiance. La prestation efficace
de soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective
familiale repose sur ce respect mutuel et ce lien de confiance.
Les soins sont prodigués aux femmes dans leur contexte
familial.
La famille de la femme joue un rôle de première importance
pendant la gros-sesse et la naissance. De fait, la famille fait partie
du plan de soins. Il revient
- la femme de définir sa famille et le soutien dont elle veut
s'entourer;
- c'est elle de choisir qui est inclus et qui est exclu.
Sa définition de la famille peut n'inclure qu'une seule
personne ou s'élargir à plusieurs; il peut s'agir
du père, des frères, des soeurs et des grands-parents
de l'enfant; du conjoint; des oncles et tantes de l'enfant;
des amis; ainsi de suite. Les soins axés sur la famille considèrent
la famille comme une unité de soins.
Pour faire des choix éclairés, les femmes
et les familles ont besoin de connaissances
sur les soins prodigués.
L'aptitude à choisir entre diverses possibilités
repose sur l'information four-nie à la femme et à sa
famille relativement aux choix réels qui leur sont offerts, sur
un dialogue respectueux de leurs craintes et de leurs opinions, et sur
des politiques souples, favorables à la planification et à
la prise de décisions. L'échange des renseignements
devient la responsabilité mutuelle des intervenants de la santé,
des organismes, des femmes et des familles. Les avanta-ges et les risques
de toutes les procédures doivent être expliqués aux
femmes et aux familles, de même que tous les choix possibles. Il
ne suffit pas de s'attendre à ce que les femmes fassent des
«choix». Les intervenants de la santé doivent leur
donner le temps, le soutien et l'encouragement nécessaires
pour explorer les diverses possibilités entre lesquelles choisir.
Les femmes prennent des décisions autonomes. Grâce
au respect qu'on leur manifeste et à la possibilité
de faire des choix éclairés, les femmes sont en mesure d'assumer
leurs responsabilités.
Les femmes sont les premières responsables des décisions
relatives à leurs soins. De concert avec leur famille, elles fondent
cependant leurs décisions sur divers facteurs - notamment
les compétences des professionnels. Les intervenants de la santé
peuvent encourager les femmes et les familles à trouver les ressources
dont elles ont besoin pour prendre des décisions et ils peuvent
les guider. Une fois qu'elles ont obtenu l'information susceptible
de les aider à atteindre leurs buts, les femmes sont guidées,
non dirigées, par les intervenants avec qui elles ont choisi de
partager la responsabilité de leurs soins.
Les intervenants de la santé exercent une profonde
influence sur les femmes qui donnent naissance
et leur famille.
Les sentiments d'une femme face à la grossesse et à
la naissance sont déter-minés par au moins deux facteurs
importants: ses expériences antérieures et le soutien affectif
reçu au cours de ces expériences. Des études portant
sur la satisfaction des femmes envers leur expérience de la naissance
et sur leur perception des répercussions personnelles de cette
naissance démontrent que la satisfaction est associée davantage
au soutien affectif reçu pendant le travail qu'au processus
de la naissance. Les femmes se souviennent toute leur vie des événements
entourant la naissance et des sentiments qui s'y rattachent (Simkin,
1996). Elles se souviennent aussi avec précision des mots et des
gestes des intervenants. Leur satisfaction est liée au type de
soins reçus et à leurs sentiments de maîtrise personnelle
et de réalisation. Les intervenants de la santé doivent
donc être conscients du pouvoir qu'ils ont d'influencer
la portée à long terme de l'expérience de la
naissance sur la vie de la femme.
Les soins à la mère et au nouveau-né
peuvent être prodigués par des intervenants
de différentes disciplines.
Les femmes choisissent entre différents types d'intervenants
du secteur de la santé pour obtenir les soins et le soutien dont
elles ont besoin pendant la grossesse, la naissance et les premiers mois
suivant la naissance pour l'ajuste-ment à leur nouveau rôle
de parent. Il est important que les intervenants communiquent entre eux,
se traitent avec respect et se fassent confiance pour travailler ensemble
au bien-être de la femme, de son bébé et de sa famille.
Ces intervenants comprennent des médecins, des infirmières,
des sages-femmes, des accompagnantes/accompagnatrices ou des doulas4,
des moni-trices de cours prénatals et bien d'autres personnes
qui aident à satisfaire différents besoins physiques et
sociaux.
- Doula, du grec ancien «servante de la femme». La doula
accompagnatrice désigne une personne, autre qu'un être
cher, qui procure un soutien physique et émotif et de l'information
de façon continue à la mère et à son conjoint
avant, pendant et immédiatement après la naissance du
bébé. La doula postnatale apporte son aide aux familles
pour le rétablissement postnatal. Les doulas ont une formation
et une certification en soins périnatals, et elles travaillent
à domicile et à l'hôpital. Elles n'appliquent
que des techniques non médicales et n'accomplissent aucune
tâche clinique (Simkin, 1998). Les fonctions des accompagnantes
au Québec s'apparentent à celles des doulas.
En matière de soins à la mère et au
nouveau-né dans une perspective familiale,
la technologie est utilisée à bon escient.
Le recours à la technologie doit être judicieux et se faire
à bon escient; il doit se limiter aux cas où l'on a
démontré qu'il sera bénéfique. Par exemple,
il est important de ne pas substituer la technologie aux soins de soutien
directs ou à l'observation. De plus, on ne devrait pas justifier
une intervention et une surveillance technologiques qui ne sont pas
nécessaires en invo-quant des raisons de sécurité;
cela ne fait que reléguer l'expérience de la mère
et de la famille au deuxième plan.
La qualité des soins se mesure à l'aide
de plusieurs indicateurs.
Pour mesurer la qualité des soins, il faut non seulement tenir
compte de divers indicateurs, comme les taux de morbidité et de
mortalité, mais aussi évaluer l'expérience de
la femme en matière de grossesse, de naissance et de soins postnatals.
Il faut considérer l'évaluation de l'expérience
de la femme durant la naissance et la période postnatale comme
une activité importante d'assurance de la qualité des
soins offerts. Les intervenants de la santé peuvent recourir à
diverses méthodes pour obtenir les commentaires des femmes sur
les différentes approches des soignants, sur le libre arbitre qu'elles
peuvent exercer, leur confort et leur perception du milieu, la formation
reçue, la qualité de la préparation, et ainsi de
suite. Des entrevues, des sondages et des questionnaires réalisés
de façon régulière, de même que des cartes
de commentaires ou des boîtes à suggestions, peuvent aussi
aider à recueillir leurs observations.
Le choix des mots est important.
Le niveau de langue et les mots choisis pour les affiches, les documents
et les conversations en disent parfois aussi long que l'information
elle-même. Les mots peuvent refléter une attitude de respect
ou de manque de respect, d'inclusion ou d'exclusion, de jugement
ou d'acceptation; il s'ensuit donc que le langage peut favoriser
ou entraver la communication. Ainsi, d'une part, les expressions
« lignes directrices », « travailler ensemble »
et «bienvenue» transmettent des idées d'ouverture,
de compréhension de la situation et de valorisation de la famille.
D'autre part, les termes «politiques», « permis
» et « interdit » laissent présager de la part
des professionnels une position d'autorité sur les femmes
et les familles. En qualifiant les parents et les membres de la famille
de « partenaires », de « collègues », de
«collaborateurs dans la prise de décision» ou «d'experts»,
on reconnaît
le rôle essentiel des familles: celles-ci apportent de l'information
et des points de vue importants sur la grossesse et la naissance et, avec
les professionnels de la santé, elles constituent une équipe.
Application des lignes directrices: faciliter le changement
La culture, les attitudes et les normes des organismes et des établissements
influencent les approches et les pratiques des soins offerts aux femmes
et à leur famille. Pour prodiguer des soins à la mère
et au nouveau-né dans une perspective familiale, les organismes
doivent continuer à développer et à mettre au point
une culture plus humaniste. Pour apporter de véritables changements,
il leur faut examiner d'abord leur propre culture et leurs valeurs.
Cela signifie, notamment, qu'ils doivent comprendre comment, à
titre d'organismes, ils s'insèrent dans cette culture
humaniste et comment ils peuvent l'améliorer.
Les soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective
familiale peuvent nécessiter un changement dans la façon
de penser et d'exercer sa pratique. Il faudra peut-être aussi
procéder à certaines modifications, dont les suivantes:
Passage |
à |
|
|
|
d'une perspective de maladie et |
une perspective qui reconnaît les forces de la |
de déficit |
personne et de la famille, et qui mise sur ces |
|
forces; |
|
|
|
d'une dépendance envers |
un partenariat et une collaboration des |
l'expertise professionnelle et |
professionnels et des établissements avec les |
institutionnelle |
femmes et les familles; |
|
|
|
de pratiques qui nourrissent un |
des pratiques qui donnent du pouvoir aux |
état de dépendance |
femmes, aux familles et aux collectivités; |
|
|
|
d'une dépendance envers la |
une reconnaissance des capacités et du savoir- |
technologie |
faire des femmes, des familles et des |
|
professionnels, et |
|
un contexte qui limite la technologie à des |
|
indications spécifiques justifiables; |
|
|
|
d'une conception des services et |
une redécouverte de l'importance de la |
des programmes menée dans |
participation communautaire et des partenariats |
l'isolement |
avec la collectivité. |
Adaptation de Advances in Family-Centered Care, Institute for
Family-Centered Care, 1995, p. 2.
Un cadre de travail axé sur la famille peut modeler les pratiques
des établis-sements et des services non seulement au niveau de
l'organisation, mais aussi des interactions des personnes qui travaillent
ensemble. Les organismes dont l'approche des soins et des services
est déjà mieux axée sur la famille font appel aux
stratégies suivantes pour assurer leur réussite:
- Ils témoignent de respect envers les femmes et les familles
en s'informant de leur expérience, de leurs plans et de
leurs besoins.
- Ils évaluent les ressources et les services existants, et sont
disposés à répondre aux souhaits de la famille
et d'y voir un complément aux politiques et aux programmes
en place.
- Ils précisent clairement les valeurs fondamentales au moyen
d'une démarche de colla-boration à grande échelle
pour définir et promouvoir des valeurs axées sur la famille.
- Ils reconnaissent l'importance du leadership. Ainsi, les membres
d'un organisme peuvent s'efforcer de prodiguer les meilleurs
soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective
familiale, mais de tels soins de qualité ne seront véritablement
prodigués que dans la mesure où il y a correspondance
avec les priorités et l'engagement du conseil de direction,
de l'administration et des personnes clés parmi les médecins,
les infirmières et les sages-femmes. Le soutien du milieu est
nécessaire pour favoriser le changement.
- Ils modifient la prise de décisions relatives aux politiques
administratives en invitant les femmes et les familles à intervenir
dès le début du processus décisionnel, c'est-à-dire
à partir de la planification des programmes, des services et
des institutions, et de l'élaboration des politiques.
- Ils reconnaissent que le passage à une approche davantage axée
sur la famille requiert des efforts soutenus, de la patience, de la
créativité et une vision.
Adaptation de Advances in Family-Centered Care, Institute for
Family-Centered Care, 1995, p. 3.
Étapes facilitant la réussite d'un changement
Le processus de changement comprend des étapes bien précises,
comme le démontre le tableau 1.1.
Tableau 1.1 Étapes facilitant la réussite d'un
changement
- Déterminer le noyau de base dont le rôle sera de faciliter
le changement.
- Faire participer les femmes et les familles à toutes les étapes
du processus de changement.
- Créer des occasions pour en arriver à une compréhension
commune des soins prodigués dans une perspective familiale. Par
exemple, offrir aux soignants des occasions de perfectionnement et de
partage des connaissances - réunissant des membres de la
famille et des professionnels de différentes disciplines et de
divers départements et organismes.
- Encourager les gens à exprimer leurs divergences d'opinions.
- Planifier d'abord des changements qui peuvent réussir.
Ne pas s'attaquer de front aux tâches les plus complexes
ou les plus difficiles. Commencer de façon modeste.
- Demander à des membres clés du personnel de faire la
démonstration des nouvelles façons de penser et de travailler.
Les encourager à enseigner par l'exemple.
- Donner des séances de perfectionnement et de formation à
l'intention du personnel et des familles, et les aider à
adopter de nouvelles façons de travailler.
- Établir des mécanismes pour mesurer le changement et
en évaluer les effets.
Adaptation de Caring for Children and Families: Guidelines for Hospitals,
Johnson et coll., Association for the Care of Children's Health,
1992.
Soutien, perfectionnement et formation
Le soutien, le perfectionnement et la formation des intervenants sont
essentiels au succès de la mise en oeuvre des soins à
la mère et au nouveau-né dans une perspective familiale.
Ce qui compte le plus, ce sont les attitudes et le savoir-faire.
Non seulement faut-il que les soignants aient diverses compétences,
ils doivent de plus adopter des attitudes qui correspondent aux principes
fondamentaux des soins prodigués dans une perspective familiale.
De tels soins exigent des changements à la fois subtils et profonds
dans les prati-ques professionnelles: il faut passer du modèle
traditionnel de service «spécialisé » à
un modèle qui favorise la collaboration et incorpore un perfectionnement
continu axé sur les valeurs, les attitudes et les pratiques (Cannon
et Ploof, 1991).
De plus, il peut être nécessaire que le personnel explore
ses attitudes, en prenant comme point de départ les concepts présentés
au tableau 1.2.
Tableau 1.2 Concepts pour explorer les attitudes
- La volonté et la force nécessaires pour céder
le contrôle (à l'exception des situations où
il y a clairement des risques pour la santé).
- Une approche empathique et respectueuse à l'égard
des femmes et des familles.
- La conviction que les compétences uniques des femmes et des
familles enrichissent la relation intervenant-client.
- La conviction que les points de vue et les opinions des femmes et
des familles sont aussi importants que ceux des professionnels.
- La présomption que toutes les femmes, toutes les familles et
toutes les collectivités ont des forces, et la volonté
de les découvrir.
- Un respect du rôle primordial des femmes et des familles dans
la prise de décisions pour tous les niveaux de soins.
- La volonté d'améliorer les compétences en
relations humaines et les efforts nécessaires pour y arriver.
Comment les femmes et les familles peuvent-elles participer efficacement?
Les femmes et les familles peuvent conseiller de différentes
façons les responsables de la planification des programmes ou de
la prestation des services. Cette participation peut être officielle
et continue, ou simplement ponc-tuelle. Toute participation, quelle qu'elle
soit, est nécessaire pour s'assurer que les services satisfont
vraiment les besoins de la famille. Le tableau 1.3 présente diverses
façons d'inciter les femmes et les familles à participer
de manière efficace.
Tableau 1.3 Pour une participation efficace des familles
- Tenir des rencontres de groupes avec des femmes et des familles, à
mesure que des problèmes et des questions se présentent.
- Prévoir une pause café mensuelle réunissant les
familles et le personnel.
- Solliciter la rétroaction de familles pour évaluer les
besoins de la collectivité et des programmes
- Faire siéger des femmes et des familles aux comités
sur les soins à la mère et au nouveau-né ou à
d'autres comités ou conseils pertinents.
- Inclure des familles dans les équipes qui visitent d'autres
programmes ou centres.
- Prévoir des séances de remue-méninges avec des
familles avant d'élaborer du matériel éducatif.
- Demander aux familles de lire et de commenter les ébauches
de tous les documents éducatifs crits.
- Inviter des familles à présenter des exposés
lors de la formation d'accueil des nouveaux employés.
- Élaborer un sondage pour mesurer la satisfaction des femmes
et des familles.
- Tenir un livre de suggestions à portée de la main pour
que les familles puissent y inscrire leurs idées.
- Inviter les familles à présenter des exposés
dans le cadre d'ateliers organisés à l'interne
pour le personnel
Source: Jeppson E.S., J. Thomas. Essential Allies: Families as Advisors, Institute for Family-Centered Care, 1999.
Pour que les femmes et les parents puissent participer de façon
efficace aux comités et aux conseils, il faut souvent modifier
l'organisation du travail. Le tableau 1.4 offre quelques suggestions
utiles.
Tableau 1.4 Pour une participation efficace des familles aux
comités
- Préparer un plan pour préciser quelles seront les femmes
et les familles qui seront invitées à participer.
- Aider le personnel à comprendre l'importance de la participation
des familles.
- Prévoir le temps nécessaire pour présenter aux
familles et au personnel les enjeux, les participants et le processus.
- Faire en sorte que l'heure et l'endroit des réunions
conviennent aux familles.
- Rétribuer les familles pour le partage de leurs connaissances,
leur temps et leurs dépenses.
- Fournir, avant la réunion, des renseignements exacts, à
jour et opportuns, clairs, pertinents et dénués de jargon.
- Équilibrer la représentation des familles et des professionnels
dans les comités; un seul représentant des familles ne
suffit pas.
- Considérer la possibilité de direction conjointe; par
exemple, un parent et un professionnel pourraient être coprésidents.
- Reconnaître que certaines familles pourraient avoir besoin d'aide
supplémentaire pour participer de façon efficace.
Source: Jeppson, E.S., J. Thomas. Essential Allies: Families as
Advisors, Institute for Family-Centered Care, 1999.
Une bonne planification est nécessaire pour inciter tous les
partenaires de la collectivité à participer aux comités.
On trouve des stratégies utiles au tableau 1.5.
Tableau 1.5 Stratégies pour stimuler la participation
de la collectivité
- Organiser des groupes de discussion ou des tribunes pour connaître
les réactions à des programmes ou à des enjeux
précis.
- Préciser la composition des comités pour y inscrire
officiellement des représentants de la collectivité ou
des parents.
- Placer des annonces dans les journaux locaux, les bulletins des organismes
et les affiches des départements pour recruter des représentants
de la collectivité. Préciser les qualités requises
suivantes:
- la volonté d'assister aux réunions;
- la capacité de faire valoir le point de vue des consommateurs;
- la capacité d'être membre pour au moins un an
(préciser le mandat);
- le recours au programme durant la dernière année.
- S'assurer que tous saisissent clairement le rôle des représentants
communautaires.
- Jumeler un membre du comité avec un représentant des
parents à des fins de soutien, de présentation, de participation,
d'information et de bilan.
- Considérer la possibilité de rembourser les frais de
déplacement, de stationnement et de garde d'enfants, ou
d'allouer des fonds à ces frais.
- Penser à d'autres «consommateurs» de la collectivité:
des éducateurs dans le cadre de programmes s'adressant aux
mères et aux familles; des organismes fréquemment sollicités
(notamment les agences de protection de l'enfance, les centres
d'accueil pour femmes violentées, les maisons de naissance,
les centres de santé communautaires); des groupes choisis (par
ex., des monitrices de cours prénatals, des doulas, des groupes
de soutien pour parents, des cliniques de suivi périnatal); des
représentants des médias ou du milieu de la publicité.
Conclusion
En participant davantage aux décisions concernant la grossesse,
la naissance et les premiers mois après la naissance, les femmes
et les familles ont davantage confiance en leur capacité de s'occuper
des enfants. La création de liens efficaces parents-enfant commence
dès avant la grossesse, se poursuit durant la période prénatale
et s'intensifie lorsque les deux parents participent à la
naissance et aux soins de l'enfant. Les parents confiants et compétents
exercent une forte influence au sein de la société. Leur
contribution est essentielle à la croissance et à l'épanouissement
de leurs enfants.
Dans un contexte de soins axés sur la famille, la grossesse et
la nais-sance sont des événements marqués par de
grands changements affectifs, sociaux et physiques, mais ils ne sont pas
considérés comme des phases d'une maladie. D'une
part, les intervenants mettent leur expertise à la disposition
des parents; d'autre part, les intervenants et les parents font équipe.
Les soins décrits dans les lignes directrices nationales s'appuient
sur la philosophie sous-jacente aux soins à la mère et au
nouveau-né dans une perspective familiale. Ce premier chapitre
a présenté un aperçu des principes directeurs des
soins axés sur la famille. Le reste du livre vise à aider
les intervenants du secteur de la santé et les parents à
mettre ces principes en pratique.
Bibliographie
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direc-teur de l'examen de certification en soins infirmiers en périnatalité,
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Autres ressources
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Programme de soins intégrés et personnalisés en pré,
per et postnatal, Centre hospitalier Pierre-Boucher, Jocelyne Mailhot,
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chez l'auteur, 3e éd., Montréal, 1997.
RÉGIE RÉGIONALE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX. Mieux vivre avec son enfant, de la naissance à deux ans, Guide
pratique pour les parents, chez l'auteur, gouvernement du Québec,
1997.
WIELAND LADEWIG, P., M. L. LONDON et S. BROOKENS OLD. Soins infirmiers
en maternité et néonatologie, 2e éd., adaptation
française par Joëlle De Courval, Éditions du Renouveau
pédagogique, Montréal, 1996.
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