Agence de santé public du Canada / Public Health Agency of Canada
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Agence de santé publique du Canada

4e livret : L'agressivitéIntervention enfance famille :
Guide-ressources pour favoriser la croissance des enfants

4e livret : L'agressivité

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La production de cette ressource a été rendue possible grâce à une contribution financière provenant de Santé Canada avant l’annonce de la création de l’Agence de santé publique du Canada le 24 septembre 2004. Toute référence à Santé Canada devrait être acheminée à l’Agence de santé publique du Canada.

 

Table des matières


Comité consultatif

Nancy Engels
Coordonnatrice de projets, JFS
JoAnn Gillan
Kristie Gomuwka
Myrna Martin
Kate O'Brodovich
Lynda Stewart
Irene Szabla
Annette Thexton
Michelle Ward
Lisa Fiorentino
Rédactrice/recherchiste
Susan Karpman
Directrice, services aux familles et aux enfants, JFS
Marilyn Turnley
Consultante de programmes, Santé Canada

Consultants

Andrea Borod Révision de texte
Rebekah Frojmovic Conseillère en recherche
Jacinte Gauvin Traduction/adaptation
Carey Gold Marketing, site Internet
Davina Mill Psychologue clinicienne
Richard F. Schmid Évaluation
Rose Marie Scissons Conseillère en recherche et en technologies de l'information
David Wells Évaluation

Intervention Enfance Famille
Guide-ressources pour favoriser la croissance des enfants

Ce document a été produit grâce à une contribution financière du
Fonds des projets nationaux PACE/PCNP, Santé Canada.
Les idées exprimées ici ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de Santé Canada.
© 2004 Les Services d'aide à la famille juive de l'Institut Baron de Hirsch.
ISBN 0-9734557-5-6

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Qu'est-ce que l'agressivité?

On peut définir l'agressivité comme un comportement hostile. L'agressivité est liée aux sentiments de détresse et de frustration et peut mener à des actes de violence physique et verbale.

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Vous trouverez dans ce livret :

  • Des renseignements sur le développement de l'agressivité depuis la naissance jusqu'à l'âge de six ans, en soulignant quelques éléments importants pour chaque sous-groupe d'âge.
  • Les facteurs qui peuvent susciter l'agressivité et quelques pistes servant à évaluer le risque, chez les enfants, de développer un problème d'agressivité plus sérieux.
  • Différentes stratégies et activités que les parents et les personnes responsables1 des enfants peuvent adopter pour aider les enfants qui ont des comportements agressifs.
  • Un lexique de la terminologie.

1 Dans ce livret, nous utiliserons l'expression « parents/responsables » pour désigner toutes les personnes
qui s'occupent des enfants ou qui en ont la charge.

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Les bébés (0 - 18 mois)

La petite enfance est une période de développement social et émotionnel pendant laquelle le bébé acquiert la conscience de soi. Certains comportements courants chez les bébés ne sont pas considérés comme étant agressifs, mais plutôt comme des réactions de colère face à certaines situations.

Émotions et tempérament

Les bébés naissent avec la faculté de produire plusieurs expressions faciales (p.ex. sourire, tirer la langue) et des mouvements corporels (p.ex. donner des coups de pied et prendre de la main). Ils se servent de cela pour exprimer deux états émotionnels de base : le contentement et le mécontentement.

Dès l'âge de trois mois, les bébés expriment leur contentement en souriant et en se montrant généralement détendus et calmes. Les bébés peuvent aussi exprimer leur mécontentement ou leur frustration par des pleurs, des coups de pied, en tirant ou en repoussant.

Les bébés naissent avec des tempéraments différents, ce qui peut moduler la façon dont ils expriment la colère et la frustration. Le tempérament est lié à la personnalité de base d'un bébé et à la façon dont il réagit au monde qui l'entoure. Certains bébés ont une personnalité relativement calme et passive. Ces bébés sont généralement faciles à consoler lorsqu'ils sont frustrés. D'autres bébés ont une personnalité plus animée; ils sont plus facilement contrariés et plus difficiles à consoler. Les bébés animés risquent également de manifester des comportements de colère quand ils sont frustrés. Bien qu'il soit parfois difficile de composer avec de tels bébés, la plupart de ces comportements sont normaux et ne sont pas signe d'un problème sérieux. S'occuper d'un bébé demande beaucoup de patience et de constance de la part des parents/responsables, lesquels ont besoin en retour de soutien pour bien gérer les comportements colériques de leurs enfants.

Conscience de soi

Pendant la première année de vie, les bébés vont graduellement prendre conscience de leur corps, de leurs gestes, de leurs capacités et de leur milieu. De 6 à 9 mois, les bébés découvrent qu'ils sont capables d'agir sur les objets. Lorsqu'un bébé parvient à produire un tel impact sur son milieu, il voit qu'il a réussi et éprouve du plaisir devant le but accompli. En revanche, lorsque le bébé n'y parvient pas, il risque de percevoir l'expérience négativement et d'exprimer de la colère et de la frustration face à son échec.

Pendant la première année de vie, les bébés vont graduellement prendre conscience de leur corps, de leurs gestes, de leurs capacités et de leur milieu.

Abby, 9 mois, joue avec un jouet qui couine dans son berceau. Un jour, Abby donne par mégarde un coup de pied au jouet. Le jouet produit un son aigu : Abby en est tout excitée, elle prend plaisir au bruit que fait le jouet. Elle se remet à agiter les jambes. Elle frappe à nouveau le jouet qui laisse aussitôt échapper un autre cri. Abby recommence son manège jusqu'à ce que le bruit du jouet la laisse indifférente.

Abby découvre qu'une action qu'elle produit seule (frapper le jouet du pied) provoque une situation nouvelle et excitante (le bruit aigu du jouet). Abby a fait le lien entre le mouvement de ses pieds et le bruit aigu que produit son jouet quand elle le heurte du pied. Cette nouvelle situation s'avère une réussite pour Abby qui vient d'y affirmer sa conscience de soi.

Juan, 9 mois, commence à marcher à quatre pattes. Tandis qu'il se déplace dans le salon, Juan remarque son chat Miu Miu qui fait la sieste dans un coin. Juan tente de s'approcher de Miu Miu pour le caresser, mais Miu Miu est trop rapide pour lui et se sauve dans la cuisine. Juan essaie de suivre le chat, mais il n'arrive pas à le rattraper. Juan se met à pleurer de frustration. Quand sa mère arrive pour le prendre dans ses bras, Juan agite ses pieds avec colère.

Les coups de pied de Juan sont une expression de frustration. Juan essaie de créer une expérience agréable, mais n'y parvient pas. Son but est de caresser son chat, mais Miu Miu n'est pas intéressé et se sauve. Juan n'obtient pas ce qu'il veut et exprime de la colère face à son incapacité à atteindre son but.

Lorsque les bébés se mettent à tirer, à saisir, à crier ou à pleurer, ils communiquent leurs besoins. Il peut s'agir de besoins physiques et affectifs (p.ex. faim, besoin d'attention et d'affection), de frustration (p.ex. une couche mouillée et inconfortable) ou de peur (p.ex. être laissé seul). À mesure que les bébés dirigent leur énergie ou de peur (p.ex. être laissé seul). À mesure que les bébés dirigent leur énergie vers l'extérieur, ils se découvrent eux-mêmes par leurs relations avec les autres et par les réactions d'autrui.

Cameron, 14 mois, vient de se réveiller de sa sieste et se met à pleurer. Son père, qui l'a entendu pleurer, entre dans la chambre et le prend dans ses bras. Cameron continue à pleurer et semble mal à l'aise dans les bras de son père. Tandis qu'il essaie de consoler Cameron, le père pense que son fils a peut-être faim et fait chauffer un biberon. Dès qu'il reçoit son biberon, Cameron le repousse. Son père vérifie alors la couche du bébé et s'aperçoit qu'il faut la changer.

Dans l'exemple ci-dessus, Cameron essaie de communiquer ses besoins du mieux qu'il peut, c'est-à-dire en pleurant et en repoussant son biberon. Quand son père vérifie la couche de son fils, il voit que c'est là le problème. Mais comme son père n'était pas certain de ce que Cameron ressentait, il a d'abord tenté de le consoler, puis il a vérifié s'il avait faim. Tandis que le père apprend à décoder les sentiments de son fils, Cameron apprend qu'il peut manifester ses besoins par certains gestes.

Les bébés éprouvent également de la colère lorsque leurs intentions sont frustrées. À l'âge de 10-12 mois, les bébés sont capables d'éprouver beaucoup de frustration et de bien l'exprimer. Les tapes et les coups de pied sont des manifestations de colère typiques de ce groupe d'âge. Les bébés s'expriment aussi émotionnellement. L'expression de colère chez le bébé se caractérise par la bouche ouverte, le visage penché vers le bas, les yeux ouverts et le regard intense.

Les bébés éprouvent également de la colère lorsque leurs intentions sont frustrées.

Pensez-y bien. . .

Les bébés se servent de formes de communication simples telles que les expressions faciales, les mouvements corporels et les pleurs pour communiquer leurs besoins. Les parents/responsables doivent faire preuve de beaucoup d'habileté pour décoder ce langage et comprendre les besoins du bébé. Lorsqu'un bébé est contrarié et qu'il exprime sa frustration, il est important d'essayer de comprendre ce qu'il communique plutôt que de chercher à éliminer le comportement agressif.

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Les bambins (18 mois - 3 ans)

Les bambins sont des explorateurs curieux qui sont capables de traiter de grandes quantités d'informations en très peu de temps. Les nouvelles expériences qu'ils font stimulent l'expression des émotions, y compris de l'agressivité. Au cours de la deuxième année de vie, les bambins connaissent une poussée d'agressivité, mieux connue sous le nom de la crise des deux ans. Les bambins sont réputés pour être agressifs quand ils sont frustrés. Si les comportements agressifs sont parfois considérés comme normaux, voire caractéristiques de certains stades de développement, ce n'est pas socialement acceptable pour les bambins de se comporter avec agressivité, surtout s'ils causent du tort aux autres et abîment des objets.

Conscience de soi et autonomie

Les bambins continuent de développer leur conscience de soi. Vers l'âge de 2 ou 3 ans, les bambins commencent, grâce aux nouvelles expériences, à se percevoir comme des individus à part entière, de plus en plus conscients de leurs sentiments et de leurs réactions face aux gens.

Les bambins continuent de développer leur conscience de soi.

David, 2 ans, est en train de jouer gentiment dans son carré de sable quand son jeune frère Liam sort pour jouer, accompagné de sa mère. Liam vient d'apprendre à marcher. Au moment d'entrer dans le carré de sable, Liam perd l'équilibre et tombe sur la tour que David était en train de construire. David se fâche et se met à pleurer et à pousser son frère.

Dans l'exemple ci-dessus, David est bouleversé parce que son frère a détruit sa tour de sable en tombant. La réaction de David - une agression due à de la frustration - lui sert de défoulement d'énergie.

Chez les bambins, le développement de la conscience de soi va de pair avec le développement de l'autonomie. L'autonomie peut mener à des comportements de défi et d'agressivité, surtout lorsque le bambin est mécontent. Bien qu'ils soient encore dépendants de leurs parents, les bambins ont désormais une confiance accrue en leur autonomie en tant qu'individu à part entière. Cette autonomie peut s'affirmer par du défi ou de l'agressivité.

Intention et impulsivité

Les comportements agressifs ne se produisent pas seulement en réaction à une situation contrariante, ils sont aussi l'expression d'une intention.

Davina a 3 ans et vient de commencer à fréquenter le groupe de jeu « parent/enfant » du centre communautaire. Davina se met à jouer seule dans le coin de la dînette. Une autre petite fille arrive, prend la poêle à frire en plastique avec laquelle jouait Davina, et fait semblant de préparer le petit déjeuner. Davina devient toute rouge et se met à frapper l'autre enfant et à lui mordre la main pour l'empêcher de jouer. L'enfant se met à pleurer. Les deux mères accourent aussitôt vers la dînette.

Davina se sent frustrée parce qu'elle n'a pas pu continuer à jouer à la dînette. Elle s'est fâchée et a exprimé sa colère intentionnellement en frappant l'autre enfant. Le comportement de Davina est un exemple de geste intentionnel. Une autre petite fille s'est emparée du jouet avec lequel elle s'amusait, et Davina l'a intentionnellement frappée et mordue pour soulager sa frustration; Davina a exprimé une agressivité intentionnelle. Il arrive toutefois que les bambins manifestent leur frustration de façon plus vague, sous forme de crise par exemple.

Mordre et frapper ne sont pas des comportements acceptables pour des bambins, mais à ce stade, il est difficile de les raisonner. Les bambins peuvent agir impulsivement et agressivement pour exprimer leur frustration sans toutefois comprendre qu'ils sont en train de blesser quelqu'un. Bien que Davina ait pu vouloir frapper l'autre enfant, cela ne veut pas dire qu'elle comprenait qu'elle lui faisait mal. Les bambins n'ont ni le contrôle total ni une parfaite compréhension de leurs comportements : ils n'en sont qu'au début de l'apprentissage des conséquences de leurs gestes.

Étant donné les habiletés langagières restreintes des bambins, il est plus facile pour eux d'exprimer de la frustration par des gestes que par des mots. S'ils sont incapables de trouver les mots pour communiquer leurs sentiments, les bambins trouvent un autre moyen de le faire, notamment par des moyens agressifs.

Égocentrisme des bambins

Les bambins ont du mal à comprendre le point de vue des autres. Ils n'attachent de l'importance qu'à leur propre point de vue sans considérer celui d'autrui. On parle alors d'égocentrisme.

Marie-Ève, 3 1/2 ans, s'aperçoit que son petit train préféré n'est pas dans sa chambre. Elle se met dans tous ses états parce qu'elle ne trouve pas son jouet et se met à hurler de colère. Son père vient lui demander ce qui ne va pas et tente de la consoler. Marie-Ève s'exclame, « Je veux le train » et se met à frapper le bras de son père. Le père essaie de calmer Marie-Ève; il lui dit qu'il ne sait pas où se trouve le train mais qu'il l'aidera à le trouver. Elle n'est pas apaisée et continue de frapper son père.

Pour les bambins, la grande aventure de l'autonomie est faite de hauts et de bas.Marie-Ève est contrariée parce qu'elle ne trouve pas son jouet préféré. Elle a frappé son père pour exprimer sa frustration. Elle reste frustrée et continue de s'exprimer avec agressivité même si son père affirme ne pas savoir où se trouve le train et propose de l'aider à le trouver. Marie-Ève ne considère pas la perspective de son père : elle est complètement absorbée par sa frustration et l'exprime par des cris et des coups.

Les bambins ont du mal à comprendre le point de vue des autres parce qu'ils sont égocentriques. Les bambins peuvent avoir du mal à éprouver de l'empathie pour les autres quand ils sont frustrés.

Pensez-y bien. . .

Pour les bambins, la grande aventure de l'autonomie est faite de hauts et de bas. Parce qu'ils sont jeunes et inexpérimentés, les bambins apprennent, par les réactions de leurs parents/responsables, à profiter d'un sentiment d'accomplissement en cas de réussite et à exprimer leur colère de façon acceptable en cas de défaite.

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Les enfants d'âge préscolaire (3 - 6 ans)

Les enfants d'âge préscolaire évoluent sur les plans cognitif, émotionnel et social. Ils possèdent maintenant des habiletés langagières plus sophistiquées pour communiquer leurs besoins. Ces enfants sont néanmoins encore susceptibles d'exprimer leurs frustrations par des comportements physiques et verbaux agressifs.

Mésinterprétation des indices sociaux

Les enfants d'âge préscolaire, tout comme les bambins, ont du mal à comprendre le point de vue des autres (égocentrisme). Ils ont aussi du mal à comprendre qu'on puisse envisager une question sous de multiples angles. Finalement, les enfants d'âge préscolaire n'arrivent pas encore à voir dans le comportement d'autrui des indices sociaux quant aux comportements appropriés à adopter en différentes situations.

Adrien, 4 ans, joue avec son père à la garderie. Un nouveau camarade, qui vient de commencer à fréquenter l'endroit, est tout excité à l'idée de jouer avec les dinosaures qu'Adrien a soigneusement alignés. Le garçon s'exclame « Wow! Ils sont super ces dinosaures. Est-ce que je peux jouer aussi? » et se précipite sur les dinosaures pour les ramasser et les examiner. Adrien se met à crier « Ne touche pas à mes dinosaures! » et repousse son camarade.

Adrien éprouve de la détresse quand le nouveau camarade se met à jouer avec les dinosaures. Du point de vue d'Adrien, le garçon est une menace pour son espace de jeu. Adrien regarde le nouvel enfant s'emparer des dinosaures qu'il avait alignés avec tant de soin. Le nouveau camarade est impressionné par les dinosaures et cherche à participer au jeu. Il n'est pas conscient de la perspective d'Adrien. La réaction agressive d'Adrien est un geste impulsif provoqué par sa colère face au comportement du nouvel enfant. Adrien n'a pas perçu l'intervention du garçon comme un désir de participer au jeu, mais comme une intrusion hostile.

Si l'enfant d'âge préscolaire se sent menacé dans son espace de jeu, il risque de se comporter avec agressivité pour le protéger. Cette forme de protection peut se manifester par des bousculades et des coups inappropriés. Voici une liste de comportements agressifs typiques des enfants d'âge préscolaire :

  • Agripper quelqu'un ou un objet
  • Pousser
  • Frapper
  • Griffer
  • Insulter
  • Crier

Certains comportements agressifs sont de nature physique, tandis que d'autres sont de nature verbale. On parle d'agression physique lorsqu'une agression implique des gestes physiques (mordre, frapper, pousser et bousculer). On parle d'agression verbale quand une agression se manifeste par des expressions verbales ou des paroles (taquiner et insulter).

Développement social

L'enfant d'âge préscolaire commence à développer une sensibilité aux points de vue des autres grâce aux nouvelles relations sociales qu'il tisse. C'est alors que les premiers germes de l'empathie, c'est-à-dire la capacité de ressentir les émotions d'autrui et d'y être sensible, portent fruit. À mesure qu'il vieillit, l'enfant d'âge préscolaire rencontre davantage d'enfants de son âge, surtout s'il fréquente une garderie ou une maternelle.

C'est excitant de rencontrer des amis, mais c'est aussi stressant! Certains enfants d'âge préscolaire ont du mal à bien communiquer et à jouer avec leurs pairs. Les malentendus sont fréquents et certains enfants se sentent rejetés et frustrés.

Eunyoung vient de déménager dans un nouveau quartier (il s'agit du troisième déménagement pour sa famille cette année). Aujourd'hui, elle se rend à la garderie avec ses parents pour la première fois. Bien qu'Eunyoung ait déjà rencontré des enfants de son âge (5 ans), elle n'a jamais encore eu le temps de se faire des amis. La rencontre de nouveaux enfants est donc devenue, pour elle, une expérience stressante et frustrante. Elle refuse souvent de respecter les consignes et cherche à contrôler les jeux de ses camarades. Son comportement est souvent infructueux; les enfants cessent de jouer avec elle, et Eunyoung accourt vers sa mère pour être réconfortée. Eunyoung a aussi commencé à frapper et à disputer les enfants qui ne veulent pas se plier à ses règles de jeu.

Les réseaux sociaux ont de plus en plus d'importance dans la vie des enfants d'âge préscolaire. En raison de ses déménagements fréquents, Eunyoung a du mal à établir des relations solides et enrichissantes. Elle est frustrée par cette situation et a commencé à exprimer sa détresse par des comportements agressifs.

Pensez-y bien. . .

L'enfant d'âge préscolaire a une vision unique des situations, et tel un morceau de casse-tête, cette vision ne cadre pas toujours avec les autres points de vue. Si les morceaux ne s'imbriquent pas, l'enfant d'âge préscolaire risque d'éprouver de la frustration et de se comporter avec agressivité. Les parents/responsables doivent aider l'enfant à trouver sa place dans le casse-tête afin qu'il puisse bien gérer ses frustrations.

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Facteurs qui suscitent l'agressivité

Facteurs de santé

Certains facteurs de santé ont parfois une influence sur l'agressivité des enfants. Dans certains cas, la douleur et l'inconfort causés par une maladie provoquent un état d'irritabilité. Les enfants malades peuvent aussi être frustrés de ne plus pouvoir participer aux activités qu'ils aiment. Ces émotions peuvent pousser un enfant à exprimer son irritabilité et sa frustration par des comportements agressifs.

Facteurs environnementaux

Des facteurs relatifs aux milieux dans lesquels évolue un enfant (comme la maison et la garderie) peuvent aussi contribuer à l'apparition de comportements agressifs. Certains facteurs de stress à la maison peuvent avoir une influence néfaste sur les enfants. Les problèmes familiaux tels que les difficultés matrimoniales, ou encore un deuil ou un déménagement, peuvent provoquer de la frustration chez les enfants. Les enfants risquent alors d'exprimer leurs émotions de façon agressive en frappant et en mordant par exemple. Il est donc important de comprendre le contexte de vie de l'enfant pour déterminer dans quelle mesure les facteurs de stress peuvent inciter l'enfant à adopter des comportements agressifs.

Les parents/responsables peuvent aussi avoir une influence sur les comportements agressifs des enfants. Les parents/responsables qui affichent des comportements agressifs donnent l'exemple aux enfants. Lorsqu'un parent/responsable pose un geste agressif et qu'aucune conséquence négative n'en découle, l'enfant comprend que l'agressivité est un comportement acceptable.

Le mode d'interaction des parents/responsables peut également entraîner un comportement agressif. Les parents/responsables qui réagissent trop durement aux comportements d'un enfant, ou qui le critiquent, contribuent à créer un sentiment de frustration chez lui. Les parents/responsables doivent établir des règles claires pour que les enfants sachent quelles conséquences accompagnent quels comportements. Les parents/responsables dont les méthodes de discipline sont inadéquates ou inconstantes peuvent aussi créer de la frustration puisque ce genre de discipline est imprévisible et irrespectueuse à l'égard des enfants. Les parents/responsables constituent d'importants points de repère pour les enfants.

Il arrive aussi qu'un enfant rencontre des personnes qui donnent l'exemple de comportements agressifs. Si ces personnes, qui jouent le rôle de modèles, ne subissent aucune conséquence négative pour leurs comportements agressifs, l'enfant retient que les comportements agressifs sont socialement acceptables.

Facteurs de personnalité

Il peut y avoir des traits de personnalité propices au développement de l'agressivité, surtout chez les enfants en âge d'aller à l'école. Les enfants de personnalité plus animée (p.ex. actifs, facilement irritables et difficilement consolables lorsqu'ils sont contrariés) risquent de développer des problèmes comportementaux à l'âge scolaire.

À l'âge scolaire, certains enfants peuvent avoir des comportements d'impulsivité, d'inattention ou d'hyperactivité, comme déranger les autres, ne pas attendre son tour ou parler de manière excessive. Ces enfants reçoivent moins d'encouragement et de soutien des parents/responsables et des éducateurs que leurs pairs. En revanche, ils sont plus à risque d'être punis pour leurs comportements, d'être rejetés par leurs pairs et de vivre de l'isolement social. Il est essentiel pour les enfants qui sont en situation d'interaction avec leurs pairs de développer des compétences sociales. L'isolement social peut devenir un irritant pour les enfants, et provoquer des comportements agressifs en réaction au manque de contacts sociaux.

À l'âge scolaire, certains enfants peuvent avoir des comportements d'impulsivité, d'inattention ou d'hyperactivité, comme déranger les autres, ne pas attendre son tour ou parler de manière excessive.

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Quand l'agressivité devient un problème sérieux

Les comportements agressifs peuvent devenir un véritable sujet d'inquiétude à l'âge préscolaire et même chez des enfants plus jeunes. Il est important d'être vigilant et de faire le suivi des comportements agressifs quand ils paraissent problématiques. Tout problème sérieux d'agressivité devrait être signalé à un professionnel de la santé.

Les enfants qui ont un problème d'agressivité ont souvent du mal à exprimer leur colère de façon non destructive (p.ex. discuter de leurs émotions, utiliser des objets sécuritaires pour défouler leur colère). En effet, ces enfants expriment leur colère en se blessant eux-mêmes ou en faisant mal à autrui. Ce sont là des comportements agressifs intenses (bien au-dessus de la normale pour leur catégorie d'âge).

Les comportements agressifs s'accompagnent parfois d'attitudes d'opposition et de défi. Les enfants qui adoptent ce genre d'attitudes ont du mal à écouter et à respecter l'autorité. Voici une liste de comportements d'opposition à surveiller s'ils se produisent fréquemment et avec intensité :

  • L'enfant se fâche souvent.
  • L'enfant argumente souvent avec les adultes.
  • L'enfant défie souvent les consignes et refuse de s'y conformer.
  • L'enfant semble souvent en colère et plein de ressentiment.
  • L'enfant a souvent beaucoup de mal à suivre les règles.
  • L'enfant provoque délibérément des disputes avec ses pairs et les adultes.

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Stratégies et activités

Dans cette section, vous trouverez différentes stratégies à adopter et activités à faire pour aider les enfants qui ont des comportements agressifs. Certaines de ces stratégies conviennent à tous les enfants de 0 à 6 ans, tandis que d'autres s'adressent spécialement aux bébés, aux bambins ou aux enfants d'âge préscolaire. Toutes ces stratégies et activités peuvent être adaptées aux besoins particuliers d'un enfant ou d'un établissement.

Stratégies et activités pour bébés, bambins et enfants d'âge préscolaire

  1. Faire passer un examen médical à l'enfant régulièrement.
    • Un enfant peut avoir un problème de santé qui l'amène à être agressif. C'est la raison pour laquelle tous les enfants doivent voir un médecin ou une infirmière sur une base régulière.
  2. Aider les parents/responsables à comprendre le tempérament de leur enfant.
    • Les informer des différences de tempérament et de personnalité.
    • Leur poser des questions relatives à la personnalité de l'enfant. Ne pas oublier d'aborder les :
      1. Habitudes de vie
      2. Niveaux de pleurs
      3. Humeurs
      4. Niveaux d'activité
      5. Réactions aux changements
      6. Niveaux de frustration
    • Se servir de ces renseignements pour envisager des changements possibles dans les habitudes de vie et au foyer afin de répondre aux besoins de l'enfant.
  3. Faire des changements dans l'environnement physique pour aider à apaiser les enfants.
    • Parfois, la disposition des meubles dans une pièce peut contribuer à engendrer des sentiments de frustration et d'agressivité ou au contraire à apaiser l'humeur. Créer un milieu calme lorsque les enfants éprouvent de la détresse.
    • Utiliser un éclairage doux.
    • Garder des jouets douillets et légers à portée de la main.
    • Utiliser des pièces à aire ouverte et faciliter les transitions entre les activités peut contribuer à diminuer le niveau de frustration des enfants et les aider à faire face aux difficultés.
  4. Établir des règles et des habitudes de vie.
    • Les enfants apprennent ce que sont les comportements acceptables par l'entremise des règles et des rituels quotidiens.
    • Essayer de respecter ces règles et ces rituels à la maison et dans les autres milieux que fréquente l'enfant (groupe de jeu, garderie).
    • Travailler avec les parents/responsables pour arriver à un ensemble raisonnable de règles assez simples pour que l'enfant puisse les suivre à la maison et pendant les activités de la garderie ou de l'école (s'il y a lieu).
  5. Reconnaître et valider les comportements positifs.
    • Valider la réussite et encourager les comportements positifs.
    • Être constant dans la façon de valider les comportements positifs.
  6. Décourager les comportements indésirables.
    • Signifier clairement quels sont les comportements indésirables et dire pourquoi.
    • Lorsqu'un comportement indésirable se produit, signifier à l'enfant que ce comportement est inacceptable et qu'il entraîne des conséquences.
    • Ne pas étiqueter l'enfant, mais plutôt le comportement (p.ex. « Frapper les autres, c'est méchant » plutôt que « Tu es méchant quand tu frappes les autres ».
    • Les enfants tirent profit de conséquences logiques et constantes lorsqu'ils ne suivent pas les règles.
    • Les conséquences devraient être appliquées à la maison et dans les autres milieux que fréquente l'enfant (groupe de jeu, garderie).
    • Les conséquences fonctionnent mieux lorsqu'elles sont simples, précises et appliquées avec constance afin que l'enfant en profite à la maison et pendant les activités de la garderie ou de l'école (s'il y a lieu).
  7. Être vigilant face à tout comportement potentiellement agressif envers les bambins de la part des parents/responsables.
    • Parfois, les adultes envoient des messages contradictoires aux enfants en manifestant de l'agressivité en guise de réaction à une situation.
    • Faire comprendre aux adultes que les enfants observent leurs comportements et prennent exemple sur eux.
    • Les comportements des parents/responsables sont parfois le reflet de différences culturelles. Envisager de tenir un atelier de sensibilisation aux différences culturelles.
  8. Suivre les étapes ACC pour observer les comportements.
    • Les étapes ACC (antécédents, comportements et conséquences) sont fondées sur un modèle d'observation et de compréhension du comportement. Pour comprendre les comportements agressifs d'un enfant, se reporter ci-dessous.

    Antécédents
    Quels événements se sont produits avant que le comportement agressif ne se présente?

      • Qui était là?
      • Où est-ce arrivé?
      • Quand est-ce arrivé?

    Comportements
    Qu'est-ce que l'enfant a fait ou n'a pas fait dans la situation?

      • Décrire tous les comportements qui se sont produits (paroles et gestes) de l'enfant lui-même et des personnes qui étaient présentes.

    Conséquences
    Qu'est-il arrivé après le comportement?

      • À quel type d'intervention a-t-on fait appel?
      • À quel type d'intervention a-t-on fait appel?
      • Comment les parents/responsables et les pairs ont-ils réagi?
      • Comment la situation s'est-elle terminée?
        Le comportement a-t-il continué, augmenté d'intensité ou s'est-il arrêté?
      • Comment l'enfant a-t-il réagi?
  9. Offrir du soutien aux parents/responsables dont les enfants se comportent avec agressivité.
    • Encourager les parents/responsables à s'entraider en échangeant entre eux sur des situations vécues, sur des techniques ou sur des stratégies.
    • Interroger les parents/responsables sur leur propre histoire. Il peut arriver que leurs expériences passées influent sur les soins qu'ils prodiguent aux enfants.
    • Si un parent/responsable traverse une situation stressante, il peut être bon de le diriger vers un organisme ou un groupe d'entraide.

Stratégies et activités pour bébés

  1. Satisfaire les besoins du bébé rapidement et de façon régulière.
    • Encourager les parents/responsables à satisfaire les besoins du bébé aussitôt qu'il les leur communique. Si ses besoins sont satisfaits rapidement et avec régularité, le bébé développera une confiance accrue envers le parent/responsable.
    • La régularité des soins et des réponses des parents/responsables favorise le développement d'un sentiment de confiance et de sécurité.
  2. Aider les bébés à s'orienter et à éprouver moins de détresse face aux nouvelles expériences.
    • Suggérer aux parents/responsables d'introduire de nouveaux défis au bébé afin qu'il découvre de nouveaux rituels.
    • Introduire les nouvelles expériences graduellement.
    • Le jeu est une excellente façon d'introduire la nouveauté parce qu'il la rend amusante. Jouer à faire coucou ou chanter des chansons sont de bonnes idées de jeu. En aidant le bébé à se sentir plus à l'aise avec une nouvelle expérience, les parents/responsables l'encouragent à développer des habitudes de réconfort qui diminueront son niveau d'anxiété.

Stratégies et activités pour bambins et enfants d'âge préscolaire

  1. Répondre de façon adéquate aux comportements agressifs dès qu'ils se produisent ou peu de temps après.
    • Si les comportements agressifs continuent de se produire, répondre immédiatement et de façon appropriée.
    • Plus on tarde, plus il se passe de temps entre le comportement agressif et ses conséquences. Cet écart entre le comportement et sa conséquence risque d'empêcher l'enfant de bien saisir la situation et d'en tirer une leçon.
  2. Expliquer la situation à l'enfant.
    • Expliquer de façon claire et précise pourquoi le comportement agressif est inacceptable.
  3. Créer un milieu sécuritaire et calme.
    • Accorder un petit moment à l'enfant après le comportement agressif ou la crise pour se détendre et se calmer.
    • Valider les sentiments de l'enfant face à la situation. Se servir d'affirmations comme « Je vois que tu t'es fâché parce que ton ami a pris ton jouet ».
    • Retirer l'enfant de la situation stressante.
    • Les enfants plus jeunes peuvent aussi être redirigés (p.ex. en retirant l'enfant de la situation agressive ou en retirant l'objet qui a suscité le comportement agressif) vers une autre activité.
  4. Laisser l'enfant identifier lui-même ses sentiments.
    • Aider l'enfant à se servir de mots pour communiquer sa frustration.
  5. Aider l'enfant à reprendre le contrôle de ses émotions.
    • Les enfants ont besoin de savoir qu'il existe des moyens acceptables d'exprimer de la colère. Désigner un endroit où l'enfant pourra s'exprimer physiquement sans risquer de blesser les autres (p. ex. un coin « soupape »).
    • L'enfant qui a des comportements agressifs peut aussi tirer profit de certains objets ou activités qui permettent d'extérioriser sa frustration
      (p. ex. jeux de rôle).
    • Voici quelques exemples : déchirer un journal, se défouler en courant, écouter de la musique apaisante, se bercer dans une chaise berçante, s'amuser avec un jouet qui aide à extérioriser les frustrations.
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En résumé

  • Tout au long des premiers mois de vie, les bébés développent leur conscience de soi et leurs émotions. Chaque bébé naît avec un tempérament qui lui est propre et se sert d'expressions faciales et de mouvements corporels pour exprimer son contentement ou son mécontentement. À mesure qu'il prend conscience de lui-même, le bébé apprend qu'il peut susciter des expériences agréables. S'il est incapable d'atteindre son but, le bébé est susceptible d'exprimer sa colère et sa frustration.
  • Les bambins sont des explorateurs infatigables qui n'arrêtent pas d'apprendre sur eux-mêmes et sur leur milieu. Ils sont en voie de devenir autonomes et peuvent agir intentionnellement, impulsivement, et avec défi dans certaines situations. Si les bambins sont plus à l'aise avec le langage, ils ont encore du mal à s'exprimer et peuvent avoir recours à des comportements agressifs quand ils sont frustrés. Les bambins deviennent aussi des êtres de plus en plus sociaux, et ce malgré leur difficulté à comprendre le point de vue d'autrui (égocentrisme) et à éprouver de l'empathie, surtout dans le feu de l'action.
  • Les enfants d'âge préscolaire apprennent à devenir des communicateurs efficaces mais ils demeurent égocentriques dans leurs points de vue. Ils apprennent à décoder les différents indices sociaux donnés par autrui, mais éprouvent encore de la difficulté à déchiffrer le comportement des autres enfants, ce qui est source de conflit. Les enfants d'âge préscolaire peuvent se livrer à des agressions physiques et verbales.
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Lexique

Agressivité : Sentiment d'hostilité accompagné d'un passage à l'acte. Comportement hostile.

Agression physique : Geste agressif de nature physique (mordre, frapper, pousser et bousculer).

Agression verbale : Manifestation agressive de nature verbale (taquiner et insulter).

Comportement impulsif : Se dit d'un comportement facilement provoqué, hautement intrusif et impatient.

Défi : Comportement rebelle, bravade face aux représentants de l'autorité.

Égocentrisme : Tendance à voir les choses selon sa propre perspective, et difficulté à considérer celle d'autrui.

Empathie : Capacité de ressentir les émotions d'autrui et d'y être sensible.

Indices sociaux : Gestes physiques et verbaux servant de référence pour les interactions sociales d'un enfant.

Intention : Agir délibérément, dans le but d'accomplir un acte.

Tempérament : La façon dont l'enfant interagit en général avec son milieu; est généralement fixé vers l'âge de 2 ou 3 mois.

 

Mise à jour : 2005-02-11 haut de la page