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Santé de l'environnement et du milieu de travail

Contamination fongique dans les immeubles publics : effets sur la santé et méthodes d'évaluation (suite)

2. Effets sur la santé associés à la présence de moisissures en milieu intérieur (suite)

2.1.2 Études cas témoins

Dans les études cas témoins, l'exposition est évaluée et comparée entre des sujets ayant la maladie à l'étude (cas) et d'autres personnes qui n'ont pas cette maladie (témoins). Neuf études cas témoins, résumées dans le tableau 4, ont examiné le lien éventuel entre les moisissures et l'asthme; la plupart faisaient uniquement appel à l'autodéclaration pour évaluer aussi bien l'exposition aux moisissures que les effets sur la santé. L'une de ces études a mis en évidence un lien significatif entre « les moisissures ou l'humidité » et l'asthme; une autre a fait ressortir un lien significatif entre les moisissures et l'asthme, mais ne s'est pas intéressée à l'humidité; trois études ont établi un lien significatif entre les moisissures et l'asthme (l'une d'elles après pondération pour tenir compte de l'humidité), mais non entre l'humidité et l'asthme; enfin, deux études ont établi un lien significatif entre l'humidité et l'asthme, mais non entre les moisissures et l'asthme. Fait intéressant, dans ces deux dernières études, l'évaluation des effets sur la santé était basée sur des critères objectifs au lieu de l'autodéclaration, et l'on procédait à une inspection des maisons pour évaluer l'exposition ou valider le questionnaire sur l'exposition.

  • Aux Pays Bas, une étude cas témoins a été effectuée au sein d'un échantillon aléatoire de 7 632 enfants âgés de 6 à 12 ans dont les parents avaient rempli un questionnaire de dépistage. Les cas ont été choisis parmi les cas déclarés d'asthme (n = 76), de toux chronique (n = 81) ou d'autres maladies respiratoires, pour un total de 259. Les témoins (n = 257) ont été choisis parmi les enfants n'ayant aucun symptôme respiratoire. Les données ont été recueillies par le biais d'un questionnaire auto administré envoyé aux parents et d'une visite faite au domicile de tous les participants par un enquêteur qualifié ignorant le statut de cas ou de témoin de l'enfant. Les rapports de cotes bruts ont été calculés : la présence déclarée de moisissures quelque part dans la maison a été associée à un risque accru de toux chronique (RC : 1,90, IC à 95 % : 1,02 à 3,52), la présence déclarée de moisissures dans le salon, à l'asthme diagnostiqué par un médecin (RC : 2,95, IC à 95% : 1,34 à 6,52), et la présence déclarée de moisissures dans la chambre à coucher, à une toux chronique (RC : 3,52, IC à 95 % : 1,55 à 8,03). Aucun lien significatif n'a été établi avec la présence de moisissures observée par l'enquêteur. Les rapports de cotes ajustés ont également été calculés, et ils étaient généralement inférieurs aux rapports de cotes bruts correspondants. Une comparaison entre les cas ayant des taux élevés d'anticorps (immunoglobuline E ou IgE) contre les moisissures et/ou les acariens et les témoins n'ayant pas d'IgE contre ces allergènes a révélé que l'exposition aux moisissures observée par l'enquêteur était associée à la sensibilisation et à l'asthme diagnostiqué par un médecin (RC brut : 2,61, IC à 95 % : 1,21 à 5,64) et à la sensibilisation et à la toux chronique (RC brut : 3,45, IC à 95 % : 1,20 à 9,93) (Verhoeff et coll., 1995).

  • Au Royaume Uni, 486 cas qui avaient présenté une respiration sifflante fréquente ou excessive (empêchant de parler) au cours des 12 mois précédents, et 475 témoins ont été choisis parmi les participants à une enquête antérieure sur la santé. Les participants avaient entre 11 et 16 ans. L'évaluation de l'exposition était basée sur la présence d'humidité ou de moisissures dans la chambre à coucher des enfants : « aucune », « humidité seulement » et « humidité et moisissures ». L'analyse univariée n'a révélé aucun lien entre la présence d'humidité dans la chambre à coucher (sans moisissures) et l'asthme (RC non ajusté : 0,85, IC à 95 % : 0,39 à 1,83), mais la présence d'humidité et de moisissures dans la chambre à coucher a été associée à un risque accru de respiration sifflante (RC brut : 2,20, IC à 95 % : 1,11 à 4,43). Aux fins de l'analyse multivariée, la variable moisissures/humidité a été divisée en « aucune moisissure » et « toute présence de moisissures », et elle n'était plus associée à la respiration sifflante (Strachan et Carey 1995).

  • Au Royaume Uni, 102 patients souffrant d'asthme diagnostiqué par un médecin et âgés de 5 à 44 ans, et 196 témoins issus de la population ont été interrogés sur leur santé respiratoire et leurs conditions de logement. Après l'entrevue, on a demandé aux participants l'autorisation de faire inspecter leur logement par un enquêteur ignorant leur statut de cas ou de témoin, et 222 participants sur 298 ont accepté. Les rapports de cotes ont été ajustés pour tenir compte de l'âge, du sexe, du revenu, du chômage, du tabagisme, de la présence d'autres fumeurs et de la présence d'animaux. En considérant l'exposition autodéclarée (283 participants), l'étude a révélé des associations entre l'asthme et la présence de « toute forme d'humidité » (RC : 1,93, IC à 95 % : 1,14 à 3,28) ou d'un « degré d'humidité élevé » (RC : 5,45, IC à 95 % : 2,81 à 10,6), la présence d'humidité dans le logement précédent (RC : 2,55, IC à 95 % : 1,49 à 4,37), et le déménagement du participant à cause d'un problème d'humidité dans le logement précédent (RC : 2,08, IC à 95 % : 1,02 à 4,24). Quand l'exposition observée par l'enquêteur a été considérée, une association a été révélée entre l'asthme et la présence de « toute forme d'humidité » (RC : 3,03, IC à 95 % : 1,65 à 5,57) et d'un « degré d'humidité élevé » (RC : 2,36, IC à 95 % : 1,34 à 4,01) mais non la présence de moisissures (RC pour « quantité importante de moisissures » : 1,70, IC à 95 % : 0,78 à 3,71) (Williamson et coll., 1997).

Tableau 4. Études cas-témoins sur l’asthme et l’exposition aux moisissures en milieu intérieur, 1995 à 2001

Tableau 4. Études cas-témoins sur l?asthme et l?exposition aux moisissures en milieu intérieur, 1995 à 2001

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  • En Suède, une étude cas-témoins a été effectuée au sein d'un échantillon de personnes âgées de 20 à 44 ans ayant participé à une enquête sur la santé respiratoire. Tous avaient subi un test de fonction respiratoire et un test de provocation bronchique à la métacholine et fourni un échantillon de sang. Quatre-vingt-dix-huit cas souffraient d'asthme actif, caractérisé, en l'occurrence, par une hyperréactivité bronchique accompagnée soit d'une respiration sifflante soit d'un essoufflement au cours des 12 mois précédents, et 357 témoins ne présentaient pas d'asthme actif. L'évaluation de l'exposition reposait sur les données du questionnaire. Les rapports de cotes ont été ajustés pour tenir compte de l'âge, du sexe et du tabagisme. Un lien a été établi entre l'asthme actif et les dégâts d'eau ou les problèmes d'inondation dans les logements (RC : 1,8. IC a 95 % : 1,002 a 3,2) et la présence de taches d'humidité sur le plancher (RC : 4,6, IC a 95 % : 2,0 a 10,5), et une tendance semblable quoique non significative a été observée en ce qui concerne les moisissures visibles sur les surfaces intérieures (RC : 1,9, IC a 95 % : 0,93 a 3,8). Un échantillon aléatoire stratifié de 88 logements a été inspecté par un hygiéniste du travail qui a relevé les signes d'humidité dans les loge-ments, comme on le demandait dans le questionnaire. Les déclarations des participants et le rapport de l'hygiéniste du travail concordaient quant aux dégâts d'eau (test de concordance de Kappa élaboré par Cohen 0,40, ρ = 0,001) et aux moisissures visibles (test de concordance de Kappa élabore par Cohen 0,36, ρ = 0,004) (Norback et coll., 1999).

  • En Autriche, un sous groupe de participants à une enquête sur la santé menée auprès d’enfants âgés de 6 à 9 ans a été utilisé aux fins d’une étude cas-témoins. Les cas, au nombre de 1 781, étaient ceux ayant répondu par l’affirmative à la question concernant la présence d’une « respiration sifflante au cours des 12 derniers mois », et les témoins, ceux ayant répondu par la négative. Les rapports de cotes ont été ajustés pour tenir compte de l’âge, du sexe, des antécédents d’asthme chez les parents ou les frères et soeurs, de la scolarité des parents et de l’exposition à la fumée secondaire du tabac. Un lien significatif a été établi entre la présence d’humidité ou de moisissures dans la maison et la respiration sifflante (RC : 1,43, IC à 95 % : 1,24 à 1,65) Zacharasiewicz et coll., 1999).

  • En Suède, une étude cas-témoins a été menée parmi les répondants à une enquête par questionnaire, âgés de 20 à 50 ans. Les cas étaient ceux qui avaient déclaré souffrir d’asthme diagnostiqué par un médecin à l’âge de 16 ans ou après, et les témoins avaient été choisis au hasard parmi les participants à l’enquête. Les participants retenus ont reçu un questionnaire détaillé sur leur santé, leur environnement domestique et d’autres facteurs de risque. Les rapports de cotes ont été calculés au moyen d’une analyse de régression logistique tenant compte de l’âge, du sexe, du tabagisme et de l’atopie. Un lien significatif a été établi entre la croissance de moisissures visibles dans l’un ou l’autre des six derniers logements habités et l’asthme (RC : 2,2, IC à 95 % : 1,4 à 3,5), et ce lien est demeuré significatif après pondération pour tenir compte de l’humidité visible (RC : 2,4, IC à 95 % : 1,3 à 4,2) (Thorn et coll., 2001).

  • Au Canada, une étude cas-témoins a été réalisée auprès d’enfants de 5 à 19 ans habitant dans deux collectivités de l’Alberta. Les participants ont été choisis parmi ceux dont les parents avaient répondu à un questionnaire postal. Cinq cent quatre-vingt-douze cas ont été choisis au hasard parmi ceux qui souffraient d’asthme actif diagnostiqué par un médecin, et 443 témoins ont été choisis parmi ceux qui n’avaient aucun antécédent d’asthme. Les données démographiques et environnementales et les données sur les antécédents médicaux et les facteurs de l’hôte ont été recueillies dans le cadre d’entrevues téléphoniques. Les rapports de cotes et les intervalles de confiance ont été calculés au moyen d’un modèle de régression logistique inconditionnelle tenant compte des variables confusionnelles potentielles : sexe, âge, utilisation d’une cuisinière au gaz, et asthme et allergies chez les parents ou les frères et soeurs. Un lien significatif a été établi entre l’exposition aux moisissures en milieu intérieur au cours de la dernière année et l’asthme (RC : 1,6, IC à 95 % : 1,1 à 2,3) (Hessel et coll., 2001).

  • En Finlande, une étude cas-témoins a été menée auprès d’adultes âgés de 21 à 63 ans. Les cas étaient des personnes souffrant d’asthme récemment diagnostiqué et les témoins ne souffraient pas d’asthme et n’en avaient jamais souffert. Les rapports de cotes ont été ajustés pour tenir compte du sexe, de l’âge, de l’atopie ou de l’asthme des parents, de la scolarité, du tabagisme, de l’exposition à la fumée secondaire, de la présence d’animaux domestiques et de l’exposition professionnelle. Aucun lien n’a été établi entre l’humidité ou l’exposition aux moisissures à la maison et l’asthme. Cependant, un lien a été établi entre les moisissures visibles ou l’odeur de moisi au travail et un risque accru d’asthme apparu à l’âge adulte (RC : 1,54, IC à 95 % : 1,01 à 2,32). Aucun lien de cette nature n’a été établi entre l’humidité ou les dégâts d’eau et l’asthme ( Jaakkola et coll., 2002).
Mise à jour : 2005-08-03 Haut de la page