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Santé de l'environnement et du milieu de travail

Contamination fongique dans les immeubles publics : effets sur la santé et méthodes d'évaluation (suite)

2. Effets sur la santé associés à la présence de moisissures en milieu intérieur

Docteur Amanda Wheeler

Photo : Docteur Amanda Wheeler

Depuis 1982, environ 30 études ont été effectuées en Europe et en Amérique du Nord sur les liens entre l'humidité, les moisissures et la santé respiratoire dans les immeubles résidentiels. Les études réalisées aux États-Unis et au Canada ont porté sur les plus vastes échantillons. Une étude de la santé respiratoire de 4 600 enfants dans six grandes villes du Nord-Est des États-Unis a montré que la présence de moisissures et d'humidité dans les maisons était associée à plusieurs symptômes respiratoires de même qu'à un certain nombre de symptômes non spécifiques. L'effet était aussi important que celui attribuable au tabagisme parental (Brunekreef et coll., 1989). Deux études portant sur 15 000 enfants et 18 000 adultes dans 30 collectivités au Canada ont abouti à des conclusions similaires. Les auteurs ont mis en cause un mécanisme non allergène, étant donné qu'aucune modification de l'effet n'a été observée dans les cas d'atopie et d'asthme déclarés. Un effet proportionnel à la dose a également été observé : plus les moisissures étaient visibles, plus les symptômes étaient fréquents. Dans l'ensemble, la contamination par les moisissures a été associée à une augmentation de 50 % des cas d'asthme et de 60 % des cas de maladies des voies respiratoires supérieures. (Dales et coll., 1991a; 1991b). Les données se rapportant à 13 000 autres enfants de 24 villes, dont 19 aux États-Unis et 5 au Canada, ont mis en évidence des résultats similaires (Spengler et coll., 1994). On estime à 20 % la limite supérieure du risque d'asthme attribuable aux moisissures au Canada (Dekker et coll., 1991). Les effets sur la santé de la contamination fongique dans les immeubles résidentiels demeurent significatifs même après pondération pour tenir compte des facteurs socio-économiques, de la présence d'animaux domestiques, de fumeurs, d'endotoxines et d'acariens (Dales et Miller 1999; Dales et coll., 1999).

Une étude publiée en 1995 par Santé Canada et le Comité consultatif fédéral provincial de l'hygiène du milieu et du travail (CHMT) a conclu que « . . . Des études épidémiologiques ont régulièrement permis d'associer certains symptômes respiratoires à l'humidité des maisons et à la croissance de moisissures, mais elles n'ont établi aucun lien de cause à effet » (CHMT 1995a). Les données établissant un lien entre l'exposition aux moisissures en milieu intérieure et les problèmes respiratoires ont également été examinées par Verhoeff et Burge (1997). Plus récemment, l'Institute of Medicine de la US National Academy of Sciences a publié un rapport sur l'asthme, intitulé Clearing the Air: Asthma and Indoor Air Exposures. Le groupe a conclu qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves fondées sur la santé de la population pour établir un lien entre l'exposition aux moisissures présentes dans les maisons et l'apparition de l'asthme, mais que les moisissures en milieu intérieur exacerbaient les symptômes asthmatiques chez les personnes sensibles aux moisissures, et que l'exposition pouvait être liée à des symptômes respiratoires. Le pourcentage d'asthmatiques sensibilisés aux moisissures est inconnu, mais il pourrait atteindre 40 % selon les estimations (Institute of Medicine 2000).

Le but de la présente section est de mettre à jour les données de l'étude effectuée par le CHMT en 1995 en passant en revue les études publiées depuis lors sur les effets sur la santé de l'exposition aux moisissures présentes dans les résidences et les milieux de travail non industriels (principalement les immeubles à bureaux et les écoles). Nous nous proposons également de déterminer si les données probantes actuelles justifient des conclusions plus définitives. Cette section comprend un résumé des études publiées depuis 1995 (section 2.1), une étude de certains des effets potentiels des moisissures dans des sous populations sensibles (section 2.2), suivie d'un aperçu des études expérimentales concernant les effets respiratoires des moisissures (section 2.3) et d'une analyse des données établissant un lien entre l'exposition aux moisissures et des effets nocifs sur la santé (section 2.4).

Le présent document ne traite pas des problèmes de santé comme la pneumopathie d'hypersensibilité (PHS) et le syndrome toxique dû aux poussières organiques, problèmes présents dans les milieux industriels et agricoles en raison d'une plus grande exposition aux moisissures (et, dans certains cas, à d'autres contaminants biologiques comme les actinomycètes thermophiles).

2.1 Études épidémiologiques sur les maladies respiratoires

Afin d'analyser les études transversales et les études de cohortes récentes sur les effets sur la santé des moisissures en milieu intérieur, nous avons consulté Medline en utilisant les mots clés suivants : fungi (champignons) ou mold (moisissures) et respiratory tract diseases (maladies des voies respiratoires). Nous avons pris en compte dans l'analyse les articles publiés à partir de 1995 et faisant état d'études transversales, d'études de cohortes ou d'études cas témoins évaluant le lien entre l'exposition aux moisissures en milieu intérieur (croissance de moisissures visibles ou dénombrement des cellules fongiques aéroportées) et l'asthme ou les symptômes respiratoires. Les études ne comprenant pas de variable liée à l'exposition aux moisissures (p. ex. celles qui ne tenaient compte que de l'humidité), de même que les études de prévalence ne comportant pas de mesure d'association, ont été exclues.

Mise à jour : 2005-08-03 Haut de la page