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WENDY L. JOSEPHSON, PH.D. |
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Le ministère du Patrimoine canadien remercie sincèrement Santé Canada
qui a contribué à l'impression de ce document. Les opinions exprimées
dans la présente publication sont celles de l'auteur et ne reflètent
pas nécessairement les vues ni la politique du gouvernement fédéral.
On peut se procurer d'autres exemplaires de cet ouvrage en français
ou en anglais, ainsi que des documents supplémentaires en s'adressant
au :
Centre national d'information sur la violence dans la famille
Santé Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 1B4
Téléphone: 1-800-267-1291
Télécopieur: 1-613-941-8930
*Ligne ATS: 1-800-561-5643
* Appareil de télécommunication pour les sourds
©Ministre des Approvisionnements et Services Canada 1995
Nº de cat. H72-1/8-1995F
ISBN 0-662-80121-0
RÉSUMÉ
LES HABITUDES QUE LES ENFANTS PRENNENT VERS
L'ÂGE DE DEUX ANS ET DEMI INFLUENCERONT LEUR COMPORTEMENT FUTUR DE TÉLÉSPECTATEURS.
Selon leur âge, les enfants regardent, voire comprennent la télévision
différemment.. Cela tient à leur capacité d'attention, à leur façon
de traiter l'information reçue, à l'effort intellectuel qu'ils peuvent
consentir, à leur expérience de vie. On doit tenir compte de ces variables
si l'on veut comprendre comment la violence télévisuelle affecte les
enfants d'âges différents.
Les enfants de moins de dix-huit mois peuvent regarder la télévision
pendant de courtes périodes, mais cela exige un effort considérable
de leur part. Ils préfèrent leurs propres activités. Même quand la télévision
retient leur attention, sans doute ce que des adultes considéreraient
comme la signification du contenu leur échappe-t-elle. Ces enfants saisiraient
d'abord des fragments discontinus de sons et lumière avec, occasionnellement,
la capacité de reconnaître des personnages humains ou animaux.
Aucune recherche n'a abordé l'effet d'un contenu télévisuel violent
sur des enfants de cet âge, mais certains indices laissent croire que
ceux-ci peuvent imiter le comportement vu à la télévision quand ce dernier
est présenté simplement, sobrement et dans une intention didactique.
C'est vers l'âge de deux ans et demi que les enfants deviennent téléspectateurs.
Le téléviseur allumé retient leur attention, et leur capacité de saisir
le contenu des émissions se développe. Ils peuvent imiter ce qu'ils
voient et entendent à la télévision.
Les habitudes prises par les enfants de cet âge influenceront leur
comportement futur de téléspectateurs. Or, ces enfants préfèrent les
dessins animés ou les émissions équivalentes, peuplées de personnages
dynamiques. On peut donc supposer qu'ils seront soumis à un régime intense
de violence télévisuelle.
À l'âge préscolaire (de trois à cinq ans), les enfants regardent la
télévision de façon délibérée. Ils recherchent la signification du contenu,
mais ils sont aussi attirés par les effets frappants de mise en scène,
tels que le dynamisme des personnages, les changements rapides de décor,
les jeux de sons et lumière intenses et inattendus.
La violence télévisuelle est étroitement liée à ces effets saisissants.
Ainsi les enfants de cet âge sont-ils portés à rechercher la violence,
en particulier celle des dessins animés, et à être retenus par elle,
Ce n'est pas la violence en elle-même qui les attire, mais ce qui accompagne
sa mise en scène. Préférant les dessins animés, les enfants d'âge préscolaire
sont ainsi soumis à un grand nombre d'actes violents pendant une journée
normale comme téléspectateurs. De plus, ils ne peuvent guère mettre
cette violence en contexte, car les nuances subtiles sur la motivation
des personnages ou les conséquences des gestes posés leur échappent.
Ces enfants jouent de façon plus agressive après avoir regardé des
émissions dont les péripéties sont vives et intenses, et en particulier
après avoir regardé des émissions violentes.
On considère qu'une étape déterminante pour la compréhension des effets
de la télévision sur un comportement violent se situe entre les âges
de six et onze ans. À ce stade de leur développement, les enfants ont
les aptitudes pour suivre une intrigue, pour comprendre un contenu,
même implicite, pour saisir les motivations des personnages et les conséquences
de leurs gestes. Toutefois, en retour, les émissions exigent d'eux de
moins en moins d'effort intellectuel; et c'est précisément l'effort
exigé qui déterminera si l'attention est diffuse et superficielle ou
si le contenu informatif de l'émission aura un effet profond.
À l'âge de huit ans, les enfants sont plus aptes à sentir des effets
modérateurs importants dans le contenu des émissions; ils ne deviendront
pas plus agressifs si la violence vue est représentée comme manifestement
mauvaise, c'est-à-dire perçue comme causant des souffrances, ou objet
de désapprobation et de châtiments. Par ailleurs, des émissions violentes
suscitent tout particulièrement des comportements agressifs chez des
enfants de cet âge s'ils sont portés à croire que cette violence reflète
la réalité, s'ils s'identifient à un héros violent (c'est le cas des
garçons, surtout), ou encore s'ils se livrent à des fantasmes d'agression.
Les enfants de six à onze ans regardent encore des dessins animés,
mais ils commencent aussi à suivre davantage des émissions pour adultes
ou orientées vers la famille. Ils deviennent également friands des films
d'horreur. Peut-être ce goût surprenant est-il simplement une tentative
d'exorcicer ses peurs en se faisant peur. Toutefois, dans la mesure
où ce régime habitue les enfants à la peur et à la violence, peut-être
cela les rend-il plus tolérants de la violence dans la réalité.
À l'adolescence, à partir de douze ans, les enfants sont aptes à la
pensée abstraite et au raisonnement logique. Ces aptitudes, toufois,
interviennent très peu dans leur comportement de téléspectateurs, qui
exige peu d'effort intellectuel. Les adolescents regardent moins de
télévision que les enfants plus jeunes, et la regardent moins en famille.
Leurs intérêts sont centrés sur des questions d'indépendance, de sexe,
d'amour romantique, et leur préférences vont vers des formes dexpression
qui exploitent ces préoccupations, le plus souvent négativement : les
clips vidéo, les films d'horreur et, pour les garçons, les films pornographiques.
Les adolescents, davantage que les enfants plus jeunes, mettent en
question la vraisemblance du contenu des émissions; de plus, ils sont
moins portés à s'identifier aux personnages du petit écran. Un petit
pourcentage des adolescents croit en la réalité des émissions et s'identifie
aux héros violents : ces jeunes seront vraisemblablement plus agressifs,
surtout si des thèmes d'héroïsme agressif alimentent leurs fantasmes.
Les aptitudes au raisonnement et à l'abstraction, couplées à la tendance
normale de l'âge à contester l'autorité, rendent les adolescents particulièrement
influençables par certaines formes de violence, de criminalité, de suicide
représentées à la télévision. Ces actes imitateurs, toutefois, sont
le fait de seulement un petit pourcentage des adolescents.
Dans un monde où la violence télévisuelle est envahissante et où les
enfants ne peuvent guère échapper à son influence, les parents sont
les meilleurs intervenants dans les habitudes téléspectatrices de leurs
enfants.
Les parents peuvent s'interposer de plusieurs façons pour limiter l'exposition
de leurs enfants à la violence. Restreindre le nombre et le genre des
émissions vues est sans doute le moyen le plus efficace et commun. Toutefois,
différentes méthodes d'intervention peuvent s'imposer selon l'âge des
enfants.
Normalement, les parents n'ont pas vraiment à s'inquiéter d'un effet
néfaste de la télévision sur leurs enfants de bas âge. Néanmoins, ils
peuvent souhaiter limiter l'exposition de ceux-ci à la violence ou à
tout autre comportement potentiellement dangereux.
La même remarque vaut pour les bambins, qui sont davantage portés à
imiter ce qu'ils ont vu à la télévision. Les parents, par une décision
simple et efficace, pourraient également évaluer leurs propres habitudes
de téléspectateurs, car les enfants de cet âge sont très influencés
par le comportement de leurs parents.
Afin de réduire l'agressivité d'un enfant d'âge préscolaire ou encore
de dissiper ses peurs, les parents pourraient regarder des émissions
avec leurs enfants, commenter le contenu de celles-ci, distraire ou
rassurer l'enfant apeuré, renforcer ou interdire des comportements imités
de la télévision.
Réduire le temps d'écoute est certainement une façon efficace d'intervenir
auprès des jeunes enfants; avec les enfants plus âgés, les parents doivent
discuter, expliquer ou encore interpeller la télévision. De cette façon,
les parents aident leurs enfants à interpréter ce qu'ils voient et surmontent
l'effet que la violence télévisuelle pourrait avoir sur les attitudes
et le comportement de ceux-ci. De plus, cette façon de faire développe
l'esprit critique des enfants : l'effort intellectuel et analytique
qu'ils sont amenés à fournir fait d'eux des téléspectateurs moins passifs.
Une stratégie efficace pour réduire les peurs et l'aggressivité des
adolescents est de les encourager à exprimer leurs opinions sur les
émissions, ou encore à analyser et mettre en question le contenu de
celles-ci. Du même coup ils deviennent plus critiques.
Malheureusement, il existe très peu démissions non violentes, instructives
et amusantes pour enfants. Il ne serait pourtant pas si difficile de
réaliser une programmation non violente, car ce n'est pas la violence
en elle-même qui attire les jeunes téléspectateurs. Uindustrie télévisuelle
devrait créer une programmation s'adressant aux enfants qui tiendrait
compte des comportements des téléspectateurs et qui répondrait aux intérêts
des différents groupes lâge.
Les enfants en bas âge ne comprennent guère le contenu des émissions.
Toutefois des émissions instructives qui utiliseraient de l'animation,
des voix enfantines ou féminines, une gestuelle et des prises simplifiées
gagneraient leur faveur. À regarder de telles émissions plutôt que des
dessins animés, ils seront moins exposés à la violence et, en vieillissant,
plus aptes à profiter d'une programmation éducative.
Pour les enfants d'âge préscolaire, une bonne programmation intégrerait
des effets de mise en scène frappants et un type de discours s'adressant
aux enfants : phrases simples prononcées lentement, se référant à des
objets représentés à l'écran, avec répétition. Ces techniques amélioreront
leur capacité d'attention et leur compréhension et peuvent mettre en
relief les aspects importants du contenu, tels que les moments essentiels
de l'intrigue.
Les enfants du primaire sont un groupe quasi oublié dans la programmation.
Leurs émissions pourraient facilement éviter la violence car les enfants
de cet âge sont davantage attirés par la variété et le tempo que par
la violence. Les garçons, il est vrai, recherchent des héros masculins
(qui ont tendance à être violents), mais, en vérité, c'est la puissance
du héros, et non sa violence, qui les attire. On pourrait créer des
personnages forts mais positifs, à contre-courant des stéréotypes actuels,
pour répondre à ce besoin. De tels personnages retiennent leur attention,
tout autant que les héros violents.
La programmation pour adolescents doit se garder de promouvoir des
fantasmes de viols et éviter de représenter des comportements agressifs
comme générateurs de plaisir ou de renommée. Si la programmation pour
adolescents s'adressait à leurs besoins et à leurs intérêts spécifiques,
peut-être ceux-ci regarderaient-ils moins de films d'horreur et de vidéos
pornographiques.
La violence à la télévision n'est pas responsable de toute l'agressivité
constatée chez les enfants. Par ailleurs, certains enfants sont beaucoup
plus-sensibles à la violence télévisuelle que d'autres. Certes, ces
enfants seraient probablement plus agressifs de toute façon. Mais la
violence à la télévision rend ces enfants à risque plus agressifs qu'ils
ne le seraient autrement. Ils constituent une minorité de téléspectateurs,
mais formeront vraisemblablement la majorité des agresseurs. Ce constat,
et la violence à la télévision qui en est inséparable, commandent notre
attention.
INTRODUCTION
LES ENFANTS EXPOSÉS À LA VIOLENCE TÉLÉVISÉE
PEUVENT DEVENIR INSENSIBLES À L'ÉGARD DE LA VIOLENCE RÉELLE, VOIR LE
MONDE COMME UN ENDROIT MÉCHANT ET CRAINDRE QU'ON PUISSE USER DE FORCE
PHYSIQUE POUR RÉSOUDRE DES CONFLITS.
En psychologie, la recherche sur l'incidence de la violence télévisuelle
sur le comportement des enfants a permis de dénombrer plusieurs effets
: l'imitation de la violence et des crimes vus à la télévision (mimétisme)
1; la désinhibition à l'endroit des comportements violents2,
le , déclenchement » de gestes impulsifs d'agression (amorçage)3;
et le transfert d'activités telles la socialisation avec les autres
enfants et l'interaction avec les adultes, qui enseigneraient aux enfants
des façons non violentes de résoudre les conflits4. Des effets
émotionnels ont également été constatés, parmi lesquels on compte. une
désensibilisation à l'égard de la violence réelle5, la conviction
ue le monde extérieur est méchant et menaçant6 et une forte
crainte qu'autrui puisse user de force physique pour résoudre des situations
conflictuelles7. Certaines recherches8 avaient
d'abord avancé que la violence à la télévision pouvait permettre aux
téléspectateurs de laisser libre cours à leurs puisions destructrices
par le biais de leur imaginaire plutôt que de passer aux actes contre
des cibles réelles, mais aucune étude ultérieure n'est venue corroborer
cette hypothèse, soi-disant « cathartique ».
La plus grande préoccupation sur le plan social, et partant la majeure
partie de la recherche dans ce domaine, visaient les jeunes téléspectateurs,
même si ces effets ont tous été observés chez les adolescents et les
adultes. Aucun ne semble entièrement spécifique à l'un ou l'autre des
groupes d'âge. 'Toutefois, selon une analyse réalisée en 19869
regroupant près de 300 études, l'ampleur des effets de la violence à
la télévision, tant sur les agressions physiques que sur d'autres types
de comportements antisociaux, semble être légèrement plus élevée chez
les enfants d'âge préscolaire que chez les enfants plus âgés et ce,
jusqu'à 9 ou 10 ans. Les effets de la violence télévisuelle (particulièrement
en ce qui a trait aux agressions physiques) s'accentuent chez les garçons
et s'atténuent beaucoup chez les filles au cours de l'adolescence.
Pour comprendre comment la violence à la télévision affecte différemment
les enfants selon leur âge, il faut considérer les autres différences
entre ces enfants. Selon leur âge, en effet, les enfants ne sont pas
exposés au même contenu, le contexte d'écoute est différent, de même
que leur façon de regarder la télévision et le sens qu'ils lui donnent.
Ils ont également une expérience différente du monde et de la télévision
comme médium. C'est en jetant un regard sur toutes ces différences que
nous parviendrions à vraiment comprendre les effets engendrés par la
violence à la télévision chez les jeunes téléspectateurs.
Notes
1 par exemple, Bandura, 1965.
2par exemple, Bandura, 1973.
3par exemple, Josephson, 1987.
4par exemple, Joy, Kimball et Zabrack, 1986.
5par exemple, Thomas, Horton et Lippincott, 1977
6par exemple, Singer, Singer et Rapaczynski, 1984.
7par exemple, Leifer et Roberts, 1972.
8Feshbach et Singer, 1971.
9Hearold, 1986.
BÉBÉS
(de la naissance à 18 mois)
IL EST HABITUELLEMENT PLUS INTÉRESSANT POUR
LES BÉBÉS DE MANGER, DE GRIMPER SUR LES MEUBLES ET DE FAIRE CHANGER
SA COUCHE QUE DE REGARDER LA TÉLÉ.
Portée du champ d'attention de l'enfant lorsqu'il regarde la
télévision
À trois mois, les bébés peuvent fixer un écran de télévision allumé
pendant de courtes périodes si un adulte les met face au poste de télévision.
Mais l'attention visuelle qu'ils portent à la télévision semble exiger
un effort considérable. En effet, des bébés de ce groupe d'âge qui ont
regardé la moitié ou plus d'un dessin animé télévisé de six min 1 utes
ont presque invariablement manifesté par la suite des signes de fatigue,
notamment des pleurs, de l'irritabilité ou des bâillements1.
Dès l'âge de six mois, les bébés se montrent intéressés par la télévision
et sont attentifs durant des périodes pouvant atteindre 16 minutes,
si on les place dans un parc à proximité d'un téléviseur et qu'ils n'ont
rien d'intéressant à faire2. Toutefois, les bébés ont souvent
des choses plus intéressantes à faire que de regarder la télé. Il est
habituellement plus captivant pour eux de manger, grimper sur les meubles
et faire changer sa couche3 que de fixer le petit écran.
Selon des études américaines, bien que les bébés soient exposés environ
deux heures par jour à la télévision4 ils ne consacrent pas
plus de 10 p. 100 de ce temps à la regarder5 et ne se tournent
que très rarement vers l'écran de télévision.6
Les bébés japonais semblent être de plus attentifs téléspectateurs
que les bébés américains. (Aucune étude comparable n'a été réalisée
au Canada.) Alors que l'exposition des bébés américains semble être
surtout l'effet du hasard, du fait que le bébé se trouve dans la pièce
où les autres membres de la famille regardent la télévision, une étude
effectuée au Japon révèle que les mères japonaises interrogées-ont déclaré
veiller à ce que leurs bébés regardent les émissions télévisées éducatives
inscrites à l'horaire. On s'est rendu compte que les bébés japonais,
tout comme les bébés américains, sont exposés à environ deux heures
de télévision par jour7. À cet âge cependant, aux dires de
leur maman, plusieurs bébés japonais étaient déjà des téléspectateurs
assidus de Avec maman, l'émission télévisée éducative la plus
populaire auprès des enfants d'âge préscolaire, et près de 80 p. 100
des mères interrogées ont déclaré avoir observé des signes d'écoute
attentive : ils ont par exemple tapé des mains « comme à la télévision
». Un tel degré de loyauté et de participation de la part des bébés
téléspectateurs contraste nettement avec la relative inattention rapportée
par des chercheurs arnéricains8 mais concorde assez avec
les observations faites de parents qui regardaient délibérément l'émission
Sesame Street et d'autres émissions pour enfants avec leurs bébés9.
Contrairement aux bébés simplement exposés au choix des autres membres
de la famille, ces enfants ont démontré qu'ils connaissaient l'émission
et qu'ils y réagissaient (par exemple, en pointant du doigt les personnages
familiers à lécran dès lâge de 10 mois.
Quels avantages les enfants peuvent-ils vraisemblablement tirer de
la télévision? Par l'observation des mouvements oculaires des enfants
occupés à regarder la télévision, une étude japonaise a révélé qu'à
un an, les enfants portaient une attention visuelle aux segments d'émission
accompagnés de musique et de changements de scènes ou de personnages
fréquents, mais qu'ils ne se montraient pas intéressés par les portions
de l'émission liées au déroulement de l'intriguel0. Par contre,
les enfants de trois ans, eux, scrutaient l'écran pour y capter les
indices nécessaires pour suivre l'intrigue. Cela donne à penser que
les enfants d'un an qui i, regardent » la télévision passent probablement
à côté de ce que les adultes considèrent comme le contenu de l'émission,
y voyant surtout des manifestations de lumière et de sons qu'ils peuvent,
en déployant des efforts, regrouper parfois en une seule image comme
celle d'un personnage qui parle ou agit.
Lorsque les mères japonaises déclarent que leurs bébés imitent les
gestes qu'ils voient à la télévision, comme les applaudissements et
certains mouvements de gymnastique, il semble que les enfants puissent
imiter les personnages de la télévision presque aussitôt qu'ils sont
en mesure de séparer ces personnages du milieu dans lequel ils se trouvent.
Bien sûr, on peut aussi supposer que les enfants reproduisent en réalité
des gestes posés par leurs parents ou leurs frères et soeurs, plutôt
que d'imiter les gestes des personnages de télévision, car ces rapports
se fondent tous sur l'observation d'enfants qui regardaient la télévision
dans un contexte naturel, avec d'autres membres de leur famille.
COMME LES ENFANTS PEUVENT IMITER LES COMPORTEMENTS SIMPLES
QU'ILS VOIENT À LA TÉLÉVISION, LES PARENTS ÉVITERONT D'EXPOSER LEURS
ENFANTS À DE LA VIOLENCE OU À D'AUTRES IMAGES TÉLÉVISÉES QU'ILS POURRAIENT
IMITER.
Une autre recherche incite à prendre au sérieux les affirmations de
parents selon lesquelles leurs bébés apprennent par la télévision 11.
On a en effet découvert que des bébés de 14 mois pouvaient regarder
attentivement, puis imiter la démonstration télévisée que faisait un
adulte d'une nouvelle façon d'utiliser un jouet. Aucune aide parentale
n'était possible dans l'étude, et la démonstration du jouet supposait
une suite relativement complexe de gestes. Il faut préciser qu'en plus,
la démonstration comportait certaines caractéristiques qui peuvent rebuter
les tout-petits (pellicule noir et blanc, absence de trame sonore musicale,
recours à un comédien en chair et en os), même si elle avait l'avantage
d'être extrêmement simple dans sa forme, sans autre action à l'écran,
et d'être présentée aux bébés dans le contexte d'un laboratoire où très
peu d'autres choses pouvaient les occuper ou capter leur attention.
Fait plus remarquable encore, ces bébés de 14 mois ont réussi à reproduire
les gestes observés à la télévision, même s'ils ont dû attendre au lendemain
(parce que le jouet n'était pas disponible). Ainsi, lorsque des gestes
sont présentés à la télévision d'une façon simple et didactique et qu'ils
sont dégagés de toute interférence, il semble que les bébés plus âgés
imitent bel et bien des gestes vus à la télévision.
Répercussions éventuelles de la violence à la télévision
Aucune recherche n'a porté sur les effets particuliers de la violence
télévisée sur les enfants. On a démontré que ce n'est qu'avec un matériel
télévisuel simple, dégagé de toute interférence et présenté de façon
didactique que les enfants pouvaient imiter les comportements qu'ils
voyaient à la télé. La violence présentée à la télévision n'a pas ces
caractéristiques. Toutefois, on s'est aperçu que les enfants pouvaient
imiter des gestes forts attrayants au plan visuel, tels les applaudissements
et les mouvements de gymnastique et que la violence à la télévision
comporte habituellement de ces éléments qui semblent capter l'attention
et l'intérêt de téléspectateurs d'un an par ailleurs assez dépourvus
de discernement : action, mouvements, changements de scènes ou de personnages
et bruit12.
Suggestions aux parents
Étant donné qu'un phénomène de mimétisme semble toujours
possible, les parents éviteront d'exposer leurs enfants à de lu violence
ou à d'autres images télévisées qu'il serait dangereux que leurs enfants
imitent. Dans des conditions habituelles d'écoute, il n'y a donc probablement
pas lieu que les parents s'inquiètent de possibles influences pernicieuses
sur leurs bébés. En fait, les bébés plus âgés peuvent apprécier les
émissions éducatives conçues pour les enfants d'âge préscolaire, sans
compter que l'écoute active de ce type d'émissions permet aux parents
et aux enfants de s'amuser ensemble et d'échanger, un peu comme à l'heure
du conte13. Des études ont révélé que les parents qui regardaient
activement les émissions éducatives pour enfants avec leurs bébés et
leurs bombins, attiraient fréquemment leur attention sur les personnages,
les gestes, les objets et autres effets télévisuels.14
De telles interventions peuvent fort bien avoir pu inculquer à ces
tout jeunes téléspectateurs leurs premiers rudiments de l'écoute télévisuelle15.
Notes
1 Mizukami et lshibashi, 1990.
2Fiollenbech et Slaby, 1979.
3Lemish, 1984.
4Anderson, Lorch, Field, Collins et Nathan, 1986; Hollenbech,
1978.
5Anderson et al., 1986.
6Anderson et Levin, 1976.
7Kodaira, 1990, 1992.
8Anderson et al., 1986; Anderson et Lorch, 1983
9Lemish, 1984.
10Takahashi, 1991. Le segment de l'émission a été conçu
expressément pour les enfants de deux ans et moins, c'est-à-dire qu'il
était plus court et plus simple que les émissions conçues pour les
enfants d'âge préscolaire.
11Meltzoff, 1988.
12Takahashi, 1991.
13Lemish and Rice, 1986.
14Lemish and Rice, 1986.
15Wartella, 1986.
BAMBINS (de 18 mois à 3 ans)
LES BAMBINS REPRODUISENT CE QU'ILS VOIENT ET
ENTENDENT À L'ÉCRAN, COMME LE DÉMONTRENT DES ENFANTS DE MOINS DE DEUX
ANS QUI POUVAIENT RÉPÉTER DES PHRASES ENTIÈRES TIRÉES D'UNE PUBLICITÉ
POUR DES BOISSONS GAZEUSES.
Comment regarder la télévision
Brusquement, vers l'âge de deux ans et demi, les enfants
commencent à appréhender fort différemment la télévision. Le temps moyen
qu'ils passent à proximité d'un poste de télévision allumé1
ne change pas de façon appréciable, mais ils y sont de trois à quatre
fois plus attentifs, au point où ils le fixent près de la moitié du
temps quand il est allumé. À cet âge, les enfants commencent également
à se tourner vers l'appareil lorsqu'il est allumé, même s'ils sont occupés
à un jeu ou à une autre activité. Cette transition semble inhérente
au développement des fonctions cognitives de l'enfant de cet âge : sa
capacité d'intérioriser les objets et les gestes sous la forme de pensées,
de mots ou de souvenirs, lui permet de décoder le contenu télévisue2.
Ce raffinement des facultés cognitives fait soudainement
entrer les enfants dans le monde des téléspectateurs à proprement parler.
Lorsqu'ils atteignent l'âge de trois ans, la plupart des enfants déclarent
avoir une émission favorite3. En moyenne, ils regardent environ
deux heures de télévision par jour, et se montrent très fidèles à certains
types d'émissions (par ex., émissions éducatives pour enfants, émissions
et films d'action ou d'aventures, comédies, jeux télévisé4.
Comme pour les téléspectateurs plus âgés, leur choix en matière d'émissions
télévisées dépend des heures de diffusions5 mais ils expriment
également de fortes préférences à l'endroit des dessins animés et autres
émissions dépeignant des personnages qui bougent rapidement6.
Ils sont particulièrement enclins à regarder des émissions éducatives
pour enfants7.
Répercussions éventuelles de la violence à
la télévision
Même si aucune étude n'a encore porté sur les effets
spécifiques de la violence télévisuelle sur les. bambins, nous savons
qu'ils sont capables d'apprendre un langage et des gestes en regardant
la télévision. Les jeunes bambins reproduisent non seulement ce qu'ils
voient à 1'écran8 mais aussi ce qu'ils entendent, comme le
démontrent des jeunes téléspectateurs de moins de deux ans qui pouvaient
répéter des phrases entières tirées de publicités pour des boissons
gazeuses9.
C'est à ce stade que peuvent s'enraciner les habitudes
d'écoute susceptibles d'exposer les enfants à un contenu très violent
tout au long de leur enfance. Certaines études ont révélé que les habitudes
d'écoute des tout-petits (tant en ce qui a trait à la quantité qu'au
type d'émission) persistent jusqu'à lapremière enfance10,
tout comme les habitudes d'écoute de la première enfance persistent
tout au long de la seconde enfance 11.
Suggestions aux parents
Les habitudes télévisuelles des enfants, ou moment
où ils deviennent vraiment téléspectateurs, son largement tributaires
de celles de leurs porenisl2. Les parents pourraient influer
fortement sur les enfants en examinant leurs propres habitudes d'écoute
et en les corrigeant au besoin. Étant donné que les bombins imitent
ce qu'ils voient et entendent à la télévision, les parents devraient
éviter de les exposer à des émissions qui, par leur violence ou autrement,
pourraient les amener à se blesser ou à blesser autrui.
Suggestions à l'industrie télévisuelle
Une étude a été menée ou Jupon par des chercheurs universitaires
et par l'industrie de la télévision afin de trouver des moyens de rendre
les tout-petits plus attendri aux émissions éducatives et de leur foire
mieux comprendre ces émissions ou moment où ils commencent à devenir
de véritables téléspectateurs, soit autour de l'âge de deux ans et demi13.
Selon les résultats, il est facile de produire un contenu qui sait ottroyant
pour les enfants de deux uns, mois il est par contre difficile de leur
présenter ce contenu d'une manière compréhensible.
Les éléments qui ont le plus retenu l'attention des
enfants de deux ans étaient les dessins animés, les personnages d'enfants
et de gros animaux, les voix d'enfants et les mouvements « en plans
fixes » West-à-dire que l'action d'agiter les brus ou de sauter sur
place se déroule toujours dans la même section de l'écran, sons que
la caméra effectue des panoramiques ou des effets de loupe).
La simplification des arrière-plans, les répétitions
plus fréquentes, lu taille plus grosse des personnages principaux par
rapport à celle des personnages secondaires, ont semblé rendre plus
compréhensibles les segments destinés aux enfants de deux ans. Toutefois,
20 p. 100 seulement de ces enfants de deux ans ont semblé comprendre
le matériel qui leur était présenté, et il s'agissait dons ce ces d'enfants
d'un peu plus de deux ans (soit de deux ans et sept mois à trois ans).
Il y a lieu de se demander quel intérêt pédagogique
il y a à offrir une programmation eux tout-petits s'ils sont si peu
nombreux à sembler comprendre les émissions qui leur sont présentées.
Toutefois, la grande accessibilité des émissions éducatives comportant
les éléments et techniques suggérés en fera tout probablement des téléspectateurs
fidèlesl4. Àinsi, ils seront plus susceptibles de regarder ces émissions
plus tord, lorsque leur contenu pédagogique prendre un sens pour eux.
Des habitudes télévisuelles axées davantage sur les émissions éducatives
plutôt que sur les dessins animés commerciaux réduiraient également
leur exposition à la violence.
Notes
1Anderson et coll., 1986, Kodaira, 1990,
1992.
2Anderson et Lorch, 1983; Kodaira, 1990; Takahashi, 1991
3Lyle et Hoffman, 1972,
4Singer et Singer, 1981; Kodaira, 1992; Lemish et Rice, 1986.
5Singer et Singer, 1981; Huston, Wright, Rice, Kerkman et
St. Peters, 1990
6Huston et Wright, 1983.
7Huston, Wright et coll., 1990; Kodaira, 1992; Lemish, 1984;
Winick et Winick, 1979
8Kodaira, 1992; Lemish, 1984; McCall, Parke et Kavanaugh,
1977; Meltzoff, 1988,
9Lemish et Rice, 1986.
10Singer et Singer, 1981.
11Huston, Wright et coll., 1990; Tangney et Feshback, 1988;
Williams et Boyes, 1986
12Huston, Wright et coll., 1990, St. Peters, Fitch, Huston,
Wright et Eakins, 1991.
13Kodaira, 1990j Akiyama et Kodaira, 1987.
14Kodaira, 1990; Lemish et Rice, 1986.
PETITE ENFANCE OU ÂGE
PRÉSCOLAIRE
(de 3 à 5 ans)
LES ENFANTS D'ÀGE PRÉSCOLAIRE SE CONCENTRENT
SURTOUT SUR LES ÉLÉMENTS PHYSIQUES LES PLUS PERCEPTIBLES DES ÉMISSIONS
TÉLÉVISÉES, EN PARTICULIER LORSQUE LE CONTENU SE SITUE HORS DE LEUR
CHAMP D'EXPÉRIENCE. DANS UNE SCÈNE VISUELLEMENT RÉALISTE MAIS ACCESSOIRE
D'UNE ÉMISSION ÉDUCATIVE SUR LES USAGES ET LA CONSTRUCTION DE CANAUX,
LES CONDUCTEURS DE BATEAUX COUVRENT LEUR TÊTE POUR ÉVITER QUE LES ARAIGNÉES
NE TOMBENT SUR EUX LORSQU'ILS TRAVERSENT DES TUNNELS. LES ENFANTS AVAIENT
TENDANCE À DÉCRIRE LE TOUT COMME ÉTANT UNE ÉMISSION DANS LAQUELLE DES
ARAIGNÉES SAUTENT SUR LES GENS ALORS QU'ILS TRAVERSENT DES TUNNELS.
Une bonne part de la recherche sur les effets de la
violence à la télévision a porté sur les enfants d'âge préscolaire.
On a relevé certains effets relativement prononcés de la violence télévisuelle,
tant chez les filles que chez les garçons de ce groupe d'âge1
et ce, particulièrement dans le cas de dessins animés violents. Un certain
nombre de raisons peuvent expliquer pourquoi les enfants d'âge préscolaire
seraient un public particulièrement sensible à ce type d'émissions.
Comment traiter l'information et comment regarder
la télévision
Les enfants d'âge préscolaire manifestent une forte
tendance à se concentrer sur les éléments physiques les plus évidents
de leur environnement. Souvent, ils sont ainsi très attentifs à une
caractéristique qui éclipse les autres. Au début de l'âge préscolaire,
les enfants peuvent utiliser des processus symboliques, comme la pensée
ou l'imagerie mentale, ce qui leur permet de commencer à développer
des attentes structurées quant à l'aspect des choses, à leurs éléments
ou aux gestes qui s'y rattachent et qui entrent dans une même catégorie,
et de prévoir les étapes d'un déroulement quelconque. C'est ce qu'on
appelle un « schéma »j à mesure que l'enfant se développe, il arrive
à saisir davantage les nuances entre les éléments essentiels et les
éléments accessoires d'une illustration, d'une image ou d'un événement.
En utilisant les schémas d'événement (parfois appelés « scénarios »),
les enfants d'âge préscolaire augmentent également leur capacité à comprendre
qu'une série d'événements peut former un tout plutôt que de n'être qu'un
ensemble décousu de personnages et d'actions indépendants les uns des
autres2. L'élaboration des schémas dépend de l'expérience
acquise et du développement cognitif, de sorte que les enfants d'âge
préscolaire demeurent passablement dépendants des éléments formels les
plus perceptibles pendant que se développent leurs propres schémas directeurs.
Ce mode de traitement de l'information amène les téléspectateurs
d'âge préscolaire à regarder la télévision d'un point de vue « exploratoire»3.
Ils cherchent le sens du contenu télévisuel4 mais ils demeurent
particulièrement sensibles aux éléments formels les plus perceptibles
des émissions télévisées : mouvements rapides des personnages, changements
rapides des scènes et des personnages, décors variés, intensité et imprévisibilité
des scènes et des effets sonores, forte intensité de la musique et voix
étranges ou inhumaines. Ces éléments formels de la
production représentent en fait une liste allongée des effets télévisuels
qui semblent capter l'attention des bambins et même des bébés.
LES DESSINS ANIMÉS, EN PARTICULIER, PEUVENT
ÊTRE UNE SOURCE DE STÉRÉOTYPES NÉGATIFS À L'ENDROIT DE CERTAINES MINORITÉS
OU DE GROUPES AUTRES QUE NORD-AMÉRICAINS CAR LES ENNEMIS DES HÉROS SONT
SOUVENT REPRÉSENTÉS AVEC DES ACCENTS ÉTRANGERS ET DES TRAITS PHYSIQUES
QUI NE SONT PAS CEUX DE LA RACE BLANCHE.
Les enfants d'âge préscolaire ne réagissent pas bêtement
aux éléments formels les plus perceptibles. Tout comme ils apprennent
à élaborer des scénarios et d'autres types de schémas qui les aident
à organiser leur expérience de la vraie vie et à lui donner un sens,
il semble que les enfants d'âge préscolaire développent aussi des schémas
reliés aux éléments formels de la télévision et qu'ils peuvent les utiliser
pour explorer ce médium. Ils semblent traiter ces éléments comme autant
de signaux à l'effet que quelque chose d'intéressant est sur le point
de se produire. Les caractéristiques importantes ou centrales du contenu
télévisuel peuvent passer inaperçues ou être oubliées à moins d'être
annoncées par les éléments formels les plus perceptibles de la productions
particulièrement dans le cas de matériel télévisuel qui se situe hors
du champ d'expérience de l'enfant d'âge préscolaire et qu'il est, par
conséquent, peu susceptible de comprendre les événements qui se déroulent.
Une émission éducative sur les usages et la construction
de canaux6 illustre bien le degré d'attention accordé par
les enfants d'âge préscolaire aux éléments formels d'une émission ors
de leur champ d'expérience. Dans une scène visuellement réaliste mais
accessoire de cette émission, les conducteurs de bateux couvrent leur
tête pour éviter que les araignées ne se posent sur eux pendant la traversée.
Les jeunes téléspectateurs étaient plus susceptibles de décrire le tout
comme étant une émission dans laquelle des araignées sautent sur des
gens alors qu'ils traversent des tunnels, sans mentionner le contenu
éducatif intentionnel de l'émission.
Un autre exemple porte sur un enfant de trois ans qui
regarde une émission éducative pour enfants au sujet de la préparation
dune expédition dans l'Arctique en traîneau à chiens7. Ne
possédant aucune expérience qui puisse servir de point de comparaison
avec un tel sujet, l'enfant a imaginé un synopsis apparemment fondé
sur un élément de l'émission qui lui était familier: « Ils ont des verres
fumés. J'ai des verres fumés. Maman m'en a acheté ».
L'attrait des éléments les plus perceptibles pour les
enfants d'âge préscolaire est particulièrement fort, parce qu'à cet
âge, ils ne consacrent une attention visuelle à l'écran de télévision
qu'environ la moitié du temps où celui-ci est allumé8. Ils
semblent toutefois écouter pendant la majeure partie du temps lorsqu'ils
ne fixent pas l'écran9, et ils se retournent fréquemment
pour le regarder, en réponse à des éléments formels sonores bien perceptibles,
comme une musique ou des effets sonores puissants10. Ils
sont sans doute à l'écoute de ces signaux sonores qui les avertissent
de regarder l'écran pour savoir ce qui s'y passe, plutôt qu'ils ne semblent
suivre le déroulement de l'histoire en écoutant la bande sonore. Les
enfants d'âge préscolaire comprennent plus facilement l'information
visuelle qui apparaît à l'écran que le matériel auditif11,
quoiqu'ils puissent tirer un enseignement d'un dialogue adapté à leur
vocabulaire12.
Les enfants d'âge préscolaire comprennent déjà beaucoup
mieux les éléments formels des émissions, mais ils ne comprennent pas
encore les éléments formels plus subtils. À titre d'exemple, ils reconnaissent
immédiatement les dessins animés dont ils savent que le contenu leur
est destiné13. Ils s'attendent à comprendre et restent attentifs
à un matériel assez hermétique s'il leur est présenté sous cette forme14.
Dès l'âge de quatre ans, la plupart des enfants comprennent que les
« effets de loupe » de la caméra signifient le rapprochement ou l'éloignement
d'un objet donné. Certains peuvent comprendre que l'éloignement ou le
rapprochement d'un objet peuvent aussi être transmis par une séquence
montée à partir de différents plans de caméra15.
Les reprises instantanées16 sont rarement
comprises des enfants d'âge préscolaire. Il en est de même des éléments
formels qui signalent le passage du temps17 comme les fondus
et les retours en arrière, les sauts dans le temps18 ou les
rêves19. Souvent, les enfants d'âge préscolaire restent insensibles
aux éléments formels moins évidents utilisés pour marquer la transition
entre les diverses portions d'une émission ou pour séparer le contenu
de l'émission des messages publicitaires. À cet âge, ils risquent donc
d'intégrer le contenu publicitaire au récit qu'ils font de l'intrigue
ou d'être confus d'autres manières, surtout si le segment dure plus
de huit minutes20. Toutefois, l'expérience aidant, même les
très jeunes enfants pourront décoder les éléments formels plus subtils.
Les enfants qui regardent beaucoup la télévision sont
parmi les premiers de leur groupe d'âge à comprendre le sens des effets
de loupe et du montage des plans21. Par exemple, les enfants
de trois ans, qui regardaient assidûment le magazine télévisé pour enfants
a lé Play school, tournaient régulièrement la tête pour regarder l'écran
aux moments charnières qui assuraient la transition entre les différentes
portions de l'émission, caractéristique formelle subtile s'il en est22.
La plupart des enfants d'âge préscolaire réagissent avec assez de constance
à un élément formel sonore moins perceptible, comme une voix d'enfant
ou de femme, élément annonciateur de matériel potentiellement intéressant
et compréhensible pour eux23.
UNE ENFANT D'ÂGE PRÉSCOLAIRE A ÉTONNÉ SES PROCHES
EN EXPRIMANT SUBITEMENT SA CRAINTE ET SON HOSTILITÉ À L'ENDROIT DES
NOIRS APRÈS AVOIR REGARDÉ LA SÉRIE TÉLÉVISÉE ROOTS. LA SCÈNE QUI L'AVAIT
EFFRAYÉE MONTRAIT UN ESCLAVE NOIR RECEVANT DES COUPS DE FOUET. ELLE
A CONCLU QUE, POUR MÉRITER UN TEL CHÂTIMENT, LE PERSONNAGE FOUETTÉ DEVAIT
ÊTRE TRÈS MAUVAIS ET, PAR CONSÉQUENT, TRES EFFRAYANT.
Les motifs et les réactions émotionnelles des personnages
de l'intrigue s'accompagnent presque toujours d'éléments formels subtils,
difficiles à comprendre24. Cela peut expliquer pourquoi les
enfants d'âge préscolaire semblent rarement attentifs à ce qui touche
aux émotions des personnages de télévision et ils ont même du mal à
se les rappeler, particulièrement si ces personnages sont présentés
sous forme animée ou sous forme de marionnettes25. Ils arrivent
quand même assez facilement à classer les personnages en « bons » et
en « mauvais » sur la base de leur apparence26. Un personnage
très repoussant, ou dont les caractéristiques physiques sont étonnantes,
comme un corps scindé en deux parties ou une peau verte, risque de passer
dans la catégorie des « mauvais » ou des « effrayants », même s'il se
comporte gentiment ou qu'il est bien intentionné27. Les dessins
animés, en particulier, peuvent être une source des stéréotype négatifs
appliqués à certaines minorités ou groupes autres que nord-américains28
car les ennemis des héros sont souvent représentés avec des accents
étrangers et des traits physiques qui ne sont pas ceux de la race blanche29.
Attrait de la violence à la télévision
Les enfants d'âge préscolaire sont prédisposés à rechercher
la violence à la télévision et à y accorder de l'attention, parce que
la violence s'accompagne d'éléments formels perceptibles, comme une
musique puissante, des mouvements brusques, des changements de plans
rapides et des effets sonores30. La violence elle-même est
transmise visuellement de sorte qu'elle est plus susceptible d'être
facilement comprise par les enfants. De plus, les enfants de cet âge
sont moins susceptibles de comprendre les informations plus subtilement
encodées comme les motivations négatives, les conséquences punitives
qui surviennent ultérieurement ou la souffrance des victimes, rendant
ainsi peu probable le fait qu'ils puissent situer la violence dans un
contexte précis31.
Le Committee on Social Issues Croup for the Advancement
of Psychiatry a décrit le cas type d'une enfant d'âge préscolaire qui
a étonné ses proches en exprimant subitement sa crainte et son hostilité
à l'endroit des gens de race noire après avoir regardé en famille la
série télévisée Roots32. Elle a décrit la scène qui l'avait
effrayée dans laquelle un esclave noir recevait des coups de fouet.
Elle a conclu de cette scène que, pour mériter un tel châtiment, le
personnage fouetté devait être très mauvais et, par conséquent, très
effrayant.
Bien qu'il n'y ait aucune raison de croire que cette
réaction particulière soit typique chez les enfants d'âge préscolaire
qui ont vu Roots, elle concorde certainement avec le mode d'écoute des
enfants d'âge préscolaire. Cette scène était très réaliste, marquée
par le claquement fort et répété du fouet et de rapides changements
de plans de la victime à son agresseur. L'action et l'arrière-plan étaient
par ailleurs relativement simples, et la scène se concentrait sur deux
personnages seulement. Ces éléments suffisaient à attirer et à retenir
l'attention d'un enfant d'âge préscolaires D'autres éléments de l'intrigue,
perçus bien sûr par les téléspectateurs adultes (et par les enfants
plus âgés), révélaient que les coups de fouet étaient injustifiés, excessivement
cruels et administrés par un personnage dont les motifs et les agissements
passés étaient inacceptables à l'endroit d'un personnage dont les motifs
et les agissements passés étaient dignes d'éloges. Ces indices ont probablement
échappé à la jeune téléspectatrice, puisqu'ils figuraient dans des scènes
précédentes qu'elle n'avait probablement pas associées à la scène des
sévices : l'information avait été principalement transmise sous forme
de dialogue entre des adultes, dialogue qu'elle ne pouvait comprendre.
Elle n'a peut-être même pas réalisé que les personnages des scènes précédentes
étaient les mêmes que dans la scène du fouet, étant donné que, dans
les scènes précédentes, ils portaient des vêtements différents, et ils
arboraient des expressions différentes, se trouvaient dans d'autres
décors et se comportaient différemment. Il n'est pas étonnant qu'elle
ait eu de cette scène une perception différente de celles des adultes
ou des enfants plus âgés et qu'elle n'ait pas ressenti beaucoup d'empathie
à l'endroit de la victime. Elle aura basé son jugement sur l'information
la plus immédiate et la plus évidente de la scène, interprétant ce visage
noir et grimaçant de douleur comme étant à la fois méchant et effrayant.
Le fait qu'elle n'ait pas reconnu l'expression de la douleur et qu'elle
n'ait éprouvé aucune empathie concorde bien également avec l'insensibilité
des enfants d'àge préscolaire à l'endroit des manifestations d'émotion
à la télévision. Sa façon de percevoir la télévision comme une « fenêtre
sur le monde » c'est-à-dire, offrant une interprétation exacte et non
modifiée du monde) a amplifié sa peur du personnage. Le fait qu'il s'agisse
d'un numéro d'acteur et que les événements se soient produits dans un
lointain passé ne signifiait rien pour elle.
CE N'EST PAS LA VIOLENCE EN SOI QUI REND LES
DESSINS ANIMÉS SI ATTRAYANTS POUR LES ENFANTS D'ÂGE PRÉSCOLAIRE. LES
ENFANTS SONT ATTIRÉS PAR LES ÉLÉMENTS LES PLUS PERCEPTIBLES DES DESSINS
ANIMÉS : DES MOUVEMENTS BRUSQUES, DES EFFETS SONORES ET UNE MUSIQUE
PUISSANTE.
Préférence à l'endroit des dessins animés
Les enfants d'âge préscolaire préfèrent de loin les
dessins animés (une formule particulièrement violente) et ils leur accordent
beaucoup d'attention. Par exemple, les dessins animés du samedi matin
comportent de 20 à 25 actes de violence par heure (contre cinq par heur
pour les émissions diffusées aux heures de grande écoute)33.
Étant donné que les enfants d'âge préscolaire préfèrent, et de loin,
ce format et qu'ils y accordent une très grande attention34
ils sont, par conséquent, exposés à un grand nombre d'actes de violence
durant leur journée de visionnement. Sur la base des habitudes télévisuelles
notées35 on a estimé que, par le biais de la télévision,
les enfants auront en moyenne assisté à 8 000 meurtres et à 100 000
autres actes divers de violence et de destruction, lorsqu'ils commenceront
l'école.
L'analyse des préférences des enfants en matière d'émissions
de télévision et de l'attention qu'ils consacrent à ces émissions a
révélé que ce n'est pas la violence en soi qui rend les dessins animés
si attrayants pour les enfants d'âge préscolaire36. Les enfants
sont attirés par les éléments formels les plus perceptibles des dessins
animés : des mouvements brusques des personnages, des effets sonores
et une musique puissante. Les dessins animés non violents et les émissions
présentant des personnages réels, dotés de telles caractéristiques attirent
tout autant les enfants si elles sont pourvues de ces éléments formels.
Par exemple, ce groupe d'âge est celui qui manifeste la préférence la
plus marquée à l'endroit des émissions éducatives pour enfants38.
Bien qu'il puisse être rassurant de savoir que c'est
l'action qui attire les enfants d'âge préscolaire vers la télévision
violente plutôt que la violence elle-même, il faut noter que le fait
de beaucoup regarder de telles émissions risque d'augmenter le taux
d'agressivité des enfants.' On a découvert que les enfants d'âge préscolaire
adoptent un comportement plus agressif au jeu après avoir regardé une
émission de télé forte en rebondissements, mais totalement dépourvue
de contenu violent39. Il fut révélé que le fort degré d'excitation
à lui seul peut engendrer de l'agressivité et que ce sont les éléments
formels les plus perceptibles qui suscitent de tels niveaux d'excitation.
Il fut aussi démontré que tout contenu violent produit des effets substantiels
et excite encore davantage les enfants40.
UN ENFANT QUI FRÉQUENTAIT UN JARDIN D'ENFANTS
A DÉCLARÉ : «JE SAIS QUE BIG BIRD N'EXISTE PAS POUR VRAI. C'EST JUSTE
UN COSTUME. À L'INTÉRIEUR IL Y A JUSTE UN OISEAU ORDINAIRE.»
Distinction entre réel et imaginaire
Étant donné qu'une grande part de la violence offerte
au regard des enfants durant la petite enfance est sous forme de dessins
animés, on pourrait la croire relativement inoffensive puisque les enfants
savent qu'il s'agit d'un monde imaginaire. En fait, chez les enfants
plus âgés et les adultes, la distinction entre le réel et l'imaginaire
s'est souvent révélée apte à tempérer l'influence de la violence télévisuelle
sur le comportement et les émotions41. Les études qui ont
comparé spécifiquement la violence véhiculée par des personnages en
chair et en os à celle des dessins animés concluent en général que la
violence filmée exerce nettement plus d'effets sur les comportements
agressifs42. Toutefois, ces études comparatives n'ont pas
été faites spécifiquement auprès d'enfants d'age préscolaire. Les études
qui n'ont utilisé que les dessins animés comme exemple de violence télévisuelle
incluaient des enfants d'âge préscolaire et ont révélé un accroissement
de la violence. Une étude australienne a démontré que la combinaison
de dessins animés violents et de jouets thématiques assortis pouvait
avoir des effets considérables : tant les garçons que les filles étaient
plus susceptibles de manifester physiquement et verbalement leur agressivité
à l'endroit d'un petit copain s'ils venaient de visionner ensemble un
dessin animé violent, et encore davantage, s'ils avaient à leur disposition
les jouets assortis au dessin animé43.
Lorsqu'on le leur demande, les enfants d'âge préscolaire
peuvent généralement dire des dessins animés qu'ils « ne sont pas vrais
» ou qu'ils sont « pour faire semblant ),44. Ils tendent
également à classer les émissions qui parlent de fantômes, de monstres,
de vampires, de sorcières et de génies dans la catégorie de « ce qui
n'est pas vrai »45., Toutefois, les enfants d'âge préscolaire
ne peuvent pas en général préciser ce qu'ils veulent dire par « vrai
»46 et les questions ouvertes révèlent habituellement que
les dessins animés font partie de la « fenêtre magique » qu'est la télévision,
une représentation exacte et inaltérée du monde47.
Les enfants d'âge préscolaire ne font probablement
pas référence à la même notion que les adultes lorsqu'ils disent des
choses qu'elles sont « pour vrai » ou « pour faire semblant ». Des garçonnets
fréquentant un jardin d'enfants décrivaient ce qui arrivait lorsque
l'émission Superman était terminée selon eux, dans la ( vraie » vie,
le personnage retournait à la maison, retirait sa cape et redevenait
« Dick Clark ». (Ils voulaient probablement dire Clark Kent48.)
Un autre enfant qui fréquentait le jardin d'enfants déclarait : « je
sais que Big Bird n'existe pas pour vrai. C'est juste un costume. À
l'intérieur il y a juste un oiseau ordinaire.49 » De même,
des enfants qui fréquentent le jardin d'enfants ne comprennent pas la
différence entre marionnette, personnage animé et personnage en chair
et en os dans les émissions qu'ils regardent régulièrement.50
En fait, la dimension réel-imaginaire n'a peut-être aucune portée sur
le jugement des enfants d'âge préscolaire lorsqu'il est question de
contenu télévisuel51
Il ne semble pas non plus que le fait que les personnages
de dessins animés soient imaginaires puisse empêcher les enfants d'âge
préscolaire de s'identifier à ces personnages. On a découvert que plus
le personnage était irréel, plus les enfants d'âge préscolaire avaient
tendance à la fois à vouloir lui ressembler et à penser qu'ils lui étaient
semblables52. Une analyse historique sur les héros des enfants
de 1900 à 1980 et un sondage auprès des adultes qui ont grandi avant
et après l'avènement de la télévision confirmait que les enfants d'âge
préscolaire, contrairement aux enfants de la seconde enfance, sont désormais
plus susceptibles de choisir des héros imaginaires plutôt que des héros
en chair et en os, de s'adonner plus à des jeux d'aventures épiques
et de pénétrer dans l'univers des héros et des thèmes de jeu par l'entremise
de la télévision plutôt que par les amis, les frères et soeurs ou les
parents53.
Craintes des enfants d'âge préscolaire inspirées
par la violence à la télévision
PEUT-ÊTRE, LES ADULTES INTERPRÈTENT-ILS MAL
LE SENS QUE DONNENT LES ENFANTS AUX MOTS «POUR VRAI» ET «POUR FAIRE
SEMBLANT». UN ENFANT PARTICIPANT UNE ÉTUDE SUR LES FRAYEURS ENFANTINES
A DIT AU SUJET DES ANIMAUX EFFRAYANTS QUI HANTAIENT SES CAUCHEMARS «JE
LEUR AI DIT QU'ILS N'ÉTAIENT QU'UN RÊVE, MAIS ILS N'ONT PAS VOULU PARTIR.»
Environ 50 p. 100 des enfants d'âge préscolaire déclarent
avoir été effrayés par la télévision54 et même les créatures
ou les événements les plus improbables peuvent effrayer un enfant d'âge
préscolaires55. Chez ces enfants les craintes peuvent être
moindres à l'endroit des dessins animés qu'à l'endroit d'autres types
d'émissions violentes. On a constaté une plus grande manifestation physique
de peur chez des enfants d'âge préscolaire qui regardaient des dessins
animés violents, par opposition à des dessins animés ou des émissions
réalistes non violentes. Toutefois, ces enfants avaient des manifestations
physiques de peur plus marquées et ils qualifiaient volontiers les émissions
d'« effrayantes » lorsqu'ils y voyaient une scène de violence réaliste
mettant en jeu des comédiens en chair et en os56
Ceci dit, le réalisme n'est pas un préalable pour effrayer
un enfant d'âge préscolaire. En fait, l'un des effets télévisuels parmi
les plus effrayants pour les enfants d'âge préscolaire est la transformation
très impressionnante de David Banner en « l'Incroyable Hulk ), dans
la série enfantine du même nom57. Parce que les enfants d'âge
préscolaire ne comprennent pas comment les choses peuvent demeurer les
mêmes tout en revêtant un aspect différent, ils trouvent Hulk terrifiant
et voient en ce personnage un être vilain à cause de son apparence physique.
Ils n'arrivent tout simplement pas à comprendre que Hulk représente
en fait le même personnage bienveillant qu'est David Banner.
Pour essayer de rassurer leurs enfants d'âge préscolaire
sur ce qu'ils ont vu à la télévision, les parents ont le plus fréquemment
recours à des stratégies cognitives, comme de parier de l'émission ou
de rappeler que les scènes effrayantes ne sont pas réelles58.
Or, les stratégies cognitives n'aident généralement pas les enfants
d'âge préscolaire à maîtriser ces peurs. Ce sont des stratégies qui
fonctionnent bien chez les enfants un peu plus âgés. Les explications
verbales d'un documentaire sur les serpents ont en fait intensifié les
craintes des enfants d'âge préscolaire lorsqu'ils ont par la suite vu
la scène des serpents du film Les Aventuriers de l'arche perdue, en
comparaison avec les enfant du même âge qui avaient vu le documentaire
sans entendre les explications59. Dans le cadre d'une étude
réalisée en 1984, presque tous les enfants d'âge préscolaire pouvaient
répondre correctement que la vilaine sorcière du , Magicien d'Oz » n'existait
pas vraiment, si l'expérimentateur le leur avait dit auparavant. Or,
cette explication n'a aucunement apaisé leurs craintes lorsqu'ils ont
vu la vilaine sorcière menacer Dorothée. Ils ont eu tout aussi peur
que les enfants qui n'avaient pas été avertis que la sorcière n'était
pas réelle60. Les enfants d'âge préscolaire (particulièrement
lorsqu'ils sont distraits par la peur) risquent d'être incapables de
reconceptualiser le stimulus qui a provoqué leur peur. Ou peut-être,
les adultes interprètent-ils mal le sens que donnent les enfants aux
mots « pour vrai » et « pour faire semblant ». Un enfant qui avait participé
à une étude sur les frayeurs enfantines et qui décrivait les animaux
effrayants qui hantaient ses cauchemars déclarait : «Je leur ai dit
qu'ils n'étaient qu'un rêve, mais ils n'ont pas voulu partir »61.
Suggestions aux parents
LES PARENTS PEUVENT RÉDUIRE DE BEAUCOUP L'EFFET
DE LA VIOLENCE TÉLÉVISUELLE EN REFUSANT D'ACHETER À L'ENFANT DES JOUETS
LIÉS À UNE ÉMISSION VIOLENTE.
Plutôt que de tenter de réconforter un enfant apeuré
avec des explications logiques, les parents feraient peut-être mieux
de lui changer les idées, par exemple ou moyen d'un goûter, ou de lui
fournir un réconfort physique, pur exemple en le faisant asseoir près
d'eux ou en lui donnant une couverture ou un jouet à manipuler62.
Outre le fait de fournir à l'enfant une distraction ou un réconfort,
les parents de ces enfants peuvent peut-être les empêcher de ressentir
de fortes craintes vis-à-vis la télévision en régissent leurs habitudes
d'écoute. Les enfants d'âge préscolaire dont les parents ne régissaient
pas d'une façon ou d'une autre leurs habitudes d'écoute étaient plus
enclins à trouver le monde extérieur « vilain et effrayant »63.
Les enfants dont les parents régissent les habitudes
télévisuelles sont non seulement moins craintifs, mois aussi moins agressifs64.
Pour atténuer chez l'enfant les peurs et les comportements agressifs,
ces parents peuvent avoir recours à diverses formes d'interventions
notamment en limitant le nombre d'émission violentes ou effrayantes
que l'enfant regarde, en regardant la télé avec lui, en encourageant
ou en décourageant certains comportements que l'enfant imite de la télévision,
en émettent des commentaires sur un contenu violent ou effrayant et
en l'encouru tient à regarder des émissions à contenu prosocial65.
En outre, ils peuvent réduire de beaucoup l'effet de lu violence télévisuelle
en refusant d'acheter à l'enfant des jouets liés à une émission violente66.
La mesure dans laquelle les parents régissent les habitudes
d'écoute de leurs enfants varie considérablement d'un pays à l'outre.
Au Japon, les mères disent utiliser fréquemment la télévision comme
« gardienne » pour leurs jeunes enfants67. On a découvert
qu'à l'âge de trois ou quatre ans les enfants japonais passaient plus
de lu moitié de leur temps d'écoute de télévision à la regarder seuls
ou avec d'autres enfants. Cela contraste nettement avec la situation
des enfants d'âge préscolaire américains qui passent environ 75 p. 100
de leur temps d'écoute en compagnie de l'un de leurs parents ou des
deux68. Toutefois, le temps passé à regarder la télévision
en compagnie des parents est plus susceptible d'être consacré à des
émissions concues pour un public adulte, et choisies pur les adultes69.
Un tel mode d'écoute expose probablement les enfants d'âge' préscolaire
à un contenu qui peut être vident, effrayant, ou à tout le moins, incompréhensible.
Les habitudes télévisuelles observées aux États-Unis
semblent toutefois différentes de celles du Canada. Les recherches effectuées
par le Centre fer Media and Youth Studies révèlent que bien ou-delà
de 80 p. 100 des émissions les plus souvent regardées pur les enfants
d'âge préscolaire dom les zones urbaines ou (anode sont des émissions
pour enfants70. D'autre part, nous ignorons dans quelle mesure
les parents canadiens utilisent la télévision comme « gardienne d'enfants
» pour leurs enfants d'âge préscolaire. Il semble que les parents soient
plus susceptibles de laisser leurs jeunes enfants regarder lu télévision
seuls s'il s'agit d'émissions éducatives7l. Cette tendance
est somme toute normale si l'on songe que c'est en regardant des émissions
pour adultes que les enfants risquent davantage d'avoir besoin de ces
derniers pour répondre à leurs questions et les réconforter72.
Des résultats récents indiquaient toutefois que l'émission Sésame Street
facilite à tout le moins un apprentissage du vocabulaire, même si les
parents ne regardent pas l'émission avec l'enfant73. En s'abstenant
de regarder les émissions enfantines avec leurs enfants d'âge préscolaire,
les parents se privent toutefois d'une occasion de renforcer l'apprentissage
qui se fait quand ils discutent avec eux du contenu des émissions et
qu'ils opèrent un suivi pur le biais d'activités qui s'y rattachent74.
Suggestions à l'industrie télévisuelle
LES ENFANTS CANADIENS REGARDENT LES ÉMISSIONS
QUI LEUR SONT DESTINÉES LORSQUE CES ÉMISSIONS SONT DISPONIBLES MAIS,
MALHEUREUSEMENT, CE N'EST PAS SOUVENT LE CAS.
La violence n'est pas nécessaire pour attirer l'attention
des enfants d'âge préscolaire et s'est révélée propice à une exacerbation
des manifestations d'agressivité. Il serait donc bon d'éviter toute
violence dons les émissions qui leur sont destinées et il semble inutile
de recourir à la violence à la télévision pour donner aux enfants d'âge
préscolaire des leçons sur les aspects négatifs ou Les conséquences
pernicieuses de la violence. Leur capacité d'abstraction dom ce domaine
est extrêmement limitée.
Les enfants canadiens regardent les émissions qui leur
sont spécifiquement destinées lorsque ces émissions sont disponibles
mois, malheureusement, ce n'est pas souvent le cas75. Conséquemment,
ils regardent beaucoup d'émissions concues pour un public plus âgé.
Les chaînes de télévision canadiennes pourraient mieux servir leurs
jeunes publics en leur offrant une programmation plus variée (plutôt
que la kyrielle de dessins animés qui forment la majeure partie des
émissions pour enfants) et en réservant les plus horaires qui correspondent
aux moments où les enfants sont plus susceptibles de regarder la télévision
le matin, après 15 heures et en début de soirée76. Par exemple,
la recherche sur les téléspectateurs d'âge préscolaire comporte un certain
nombre de suggestions claires pour améliorer le compréhension qu'ont
les enfants de la télévision et pour leur offrir des émissions mieux
adoptées77. Des éléments formels plus perceptibles peuvent
être utilisés pour orienter l'attention des téléspectateurs d'âge préscolaire
vers les caractéristiques les plus importantes du contenu télévisuel
tek les incidents manquants de l'intrigue. Les effets sonores sont dans
certains ces plus efficaces que les effets visuels78. L'attention
générale des enfants à l'endroit du matériel télévisuel peut également
être intensifiée par l'ajoute à différents moments, d'éléments formels
plus perceptibles ou de pointes d'humour, dons le mesure où celui-ci
ne désinforme pas, comme c'est le cas pour l'ironie, qui peut être interprétée
comme le contraire de ce que l'on désire foire comprendre79.
Pour les enfants d'âge préscolaire, l'attention et
la compréhension semblent presque augmenter en proportion de la vitesse
du déroulement80, mois un déroulement rapide peut également
accroître l'agressivité chez ces enfants. Il y a d'outres forons de
maintenir l'intérêt des enfants pour une émission de télévision, ou
de la leur foire comprendre, qu'en lui impriment un rythme trépidant,
par exemple en ayant recours à la narration ou au dialogue lus par des
voix de femmes ou d'enfants, ou à un « discours destiné aux enfants
», lequel suppose l'emploi d'un débit oratoire lent, de phrases simples
et de références concrètes à ce qui est immédiat c'est-à-dire aux événements
et objets qui apparaissent à l'écran) et de répétitions81.
Ces méthodes se sont révélées efficaces pour accroître l'attention et
lu compréhension de l'enfant82.
Les enfants d'âge préscolaire éprouvent de le difficulté
à comprendre les émotions à partir de la télévision. Pour les aider
à comprendre les émotions, le recours à des comédiens en choir et en
os plutôt qu'à des personnages animés ou à des marionnettes serait plus
efficace83. On peut intéresser les enfants aux émotions en
utilisant des éléments formels qui captent leur attention, en insérant
des pauses dons le déroulement des événements pour permettre à l'enfant
de réfléchir à ce qu'il vient de voir, en prévoyant une narration qui
portera sur lu réaction émotionnelle ou en prolongeant la présentation
d'un contenu émotionnel. Bien qu'il vaille la peine d'examiner de telles
mesures, leurs répercussions pourraient être minimes84. les
chercheurs n'ont obtenu que des succès de courte durée lorsqu'ils ont
tenté d'enseigner aux enfants d'âge préscolaire à reconnaître les émotions
d'autrui.
Notes
1Hearold, 1986.
2Keating, 1984;
Schank et Abelson, 1977, Hawkins et Pingree, 1986
3Wright et Huston,
1983.
4Takahashi,
1991.
5Calvert et
Gersh, 1987.
6Choat, 1988.
7Winick et Winick,
1979.
8Anderson et
Lorch, 1983.
9Hawkins, Kim
et Pingree, 1991 ; Rolandelli, Wright, Huston et Eakins, 1991.
10Anderson et
Lorch, 1983.
11Choat, 1988;
Hayes et Birnbaum, 1980; Hayes, chemelski et Birnbaum.
12jacobvitz,
Wood et Albin, 1991.
13Huston et
Wright, 1983.
14Campbell,
Wright et Huston, 1987.
15Abelman, 1989.
16Huston et
Wright, 1989.
17Calvert, 1988.
18Abelman, 1990.
19Wilson et
Weiss, 1993.
20Huston et
Wright, 1989; Kunkel, 1988, Stutts et Hunnicutt, 1987; Van Evra,
1990, Wilson et Weiss, 1992
21Abelman, 1989,
1990.
22Duck, Gregson,
Jones, Noble et Noy, 1988.
23Huston et
Wright, 1983.
24Collins, 1982.
25Hayes et Casey,
1992.
26Liss, Reinhardt
et Fredriksen, 1983.
27 Hoffner et
Cantor, 1985; Liss et coll., 1983.
28Dietz et Strasburger,
1991.
29Hesse et Mack,
1991.
30Rice, Huston
et Wright, 1982.
31Collins, 1982,
1983.
32Committee
on Social Issues Group for the Advancement of Psychiatry, 1982.
33Huston, Donnerstein
et coll, 1992.
34Voir, par
exemple, Argenta, Stoneman et Brody, 1986; Caron et Croteau, 1991;
Caron, Nardella, Limoges et Meunier, 1993; Huston, Wright et coll.,
1990; Jaglom et Gardner, 1981; Kodaira, 1992.
35Huston et
ses collègues.
36Voir, par
exemple, Potts, Huston et Wright, 1986.
37Voir, par
exemple, les enfants d'âge préscolaire « magnétisés » décrits
dans les travaux d'Argenta, Stoneman et Brody, 1986. La fascination
des enfants d'âge préscolaire à l'endroit des éléments formels
des dessins animés (Argenta et coll., 1986) peut en soi susciter
l'inquiétude. En effet, les enfants d'âge préscolaire manifestent
un type d'attention visuelle appelée « inertie de l'attention
» (Anderson et Lorch, 1983; Krull, 1983), qui est la tendance
à regarder d'autant plus l'écran qu'ils ont déjà passé beaucoup
de temps devant la télévision. Anderson et Lorch expliquent que
les enfants d'âge préscolaire ont tendance à arrêter de regarder
la télévision lorsqu'ils ne comprennent plus, mais que l'inertie
de l'attention retient encore le regard de l'enfant au-delà des
premiers signes d'incompréhensibilité et permet par conséquent
à l'enfant de « s'aventurer dans un territoire cognitif encore
inconnu » (Anderson et Lorch, 1983; p. 25). Les dessins animés
ne possèdent probablement pas énormément de « territoire cognitif
inconnu », mais l'inertie de l'attention peut être suffisante
pour river le regard de l'enfant à l'écran pendant les portions
de dessins animés relativement brèves où il n'y a aucun élément
formel perceptible, d'où cet état d'apparente « magnétisation
». Il pourrait s'agir d'un phénomène unique aux enfants d'âge
préscolaire. Bien qu' Anderson et Lorch aient fait mention d'une
telle inertie de l'attention chez les enfants plus âgés et chez
les adultes également, Krult (1983) note pour sa part qu'elle
n'exerce qu'une faible influence sur les habitudes télévisuelles
passé le stade scolaire. Selon son analyse des données, jusqu'à
50 p. 100 de l'attention que portent les enfants dâge préscolaire
à la télévision repose sur l'inertie de l'attention, contre 10
p. 100 environ chez les enfants de 7 et 8 ans.
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38Jaglom et
Gardner, 1981; Lemish, 1984; Winick et Winick, 1979; Huston, Wright
et coll., 1990.
39Huston-Stein,
Fox, Greer, Watkins et Whitaker, 1981 Greer, Potts, Wright et
Huston, 1982.
40Potts, Huston
et Wright, 1986; Josephson, 1987.
41Par exemple,
Feshbach, 1976; Hapkiewicz et Stone, 1974; Huesmann, Eron, Klein,
Brice et Fischer, 1983.
42Hearold, 1986.
43Sanson et
DiMuccio, 1993.
44Dorr, 1983;
Downs, 1990; Jaglom et Gardner, 1981.
45Dorr, 1983.
46Dorr, 1983.
47FIavell, Flavell,
Green et Korfmacher, 1990; Lurcat, 1991; Nikken et Peters, 1988;
Potter, 1988; Watkins, Sprafkin, Gadow et Sadetsky, 1988.
48Fernie, 1981.
49Morison et
Gardner, 1978.
50Quarforth,
1979.
51FIavell, Flavell,
Green et Korfmacher, 1990; Morison et Gardner, 1978.
52Fernie, 1981.
53French et
Pena, 1991
54Wilson, Hoffner
et Cantor, 1987.
55Huston, Donnerstein
et coll., 1992.
56Osborn et
Endsley, 1971.
57Par exemple,
Sparks et Cantor, 1986.
58Wilson et
Cantor, 1987.
59Wilson et
Cantor, 1987.
60Cantor et
Wilson, 1984.
61Jersild et
Holmes, 1935, cités par Cantor et Wilson, 1984; pp 443.
62Wilson et
Cantor, 1987; Wilson, Hoffner et Cantor, 1987; Wilson et Weiss,
1993.
63Singer, Singer,
Desmond, Hirsch et Nichol, 1988.
64Singer et
Singer, 1981; Singer et coll., 1988.
65Huston, Wright,
Rice, Kirkman et St. Peters, 1990.
66Dorr, 1986;
Huston et Wright, 1989; Sanson et DiMuccio, 1993.
67Kodaira, 1990,
1992.
68Huston, Wright
et coll., 1990.
69St. Peters
et coll., 1990; Singer et Singer, 1981.
70Caron, Frenette,
Daoust et Robert, 1992; Caron et coll., 1993.
71Singer et
Singer, 1981.
72Singeret Singer,
1981.
73Rice, Huston,
Truglio et Wright, 1990.
74Par exemple,
Choat, 1988; Cook, Appleton, Conner, Shaffer, Tamkin et Weber,
1975; Salomon, 1977.
75Caron et coll.,
1993.
76Caron et coll.,
1993; Luke, 1988; Kodaira, 1992.
77Par exemple,
Keating, 1984.
78Calvert et
Gersh, 1987.
79Zillmann et
Bryant, 1988.
80Calvert et
Scott, 1989.
81Rollandelli,
Wright et coll., 1991.
82Rollandelli,
1989; Rollandelli, Wright et coll., 1991.
83Hayes et Casey,
1992.
84Feshbach et
Cohen, 1988.
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ÀGE DE L'ÉCOLE PRIMAIRE OU SECONDE ENFANCE
( de 6 à 11 ans )
L'ÀGE DE HUIT ANS EST CRITIQUE SUR LE PLAN
DU LIEN QUI SE FAIT ENTRE VIOLENCE TÉLÉVISUELLE ET DÉVELOPPEMENT DE
L'AGRESSIVITÉ EN RAISON DU DÉVELOPPEMENT COGNITIF ET ÉMOTIONNEL PROPRE
À LA SECONDE ENFANCE.
Habitudes d'écoute
Lorsque les enfants commencent à fréquenter l'école,
ils regardent moins la télévision puisqu'ils ne peuvent plus la regarder
autant durant le jour. Dès la deuxième ou la troisième année, le temps
d'écoute augmente de nouveau puisqu'ils peuvent se coucher un peu plus
tard; cette tendance s'accentue graduellement jusqu'à l'adolescence1.
À cet âge, les enfants nord-américains et japonais regardent la télévision
sans leurs parents plus souvent qu'ils ne le faisaient à l'âge préscolaire2
alors que les enfants suédois ont davantage tendance à regarder encore
la télévision avec leurs parents3. Les enfants du primaire
commencent à réduire leur consommation d'émissions éducatives au profit
des dessins animés, des comédies et des émissions d'action et d'aventures4.
La seconde enfance est considérée comme une période
cruciale pour ce qui est de la compréhension des effets de la télévision
sur le degré d'agressivité. Certains auteurs sont d'avis que la seconde
enfance pourrait être la plus importante parce que c'est entre 9 et
12 ans que les enfants regardent le plus la télévision (et qu'ils peuvent
de ce fait être immergés dans la violence)5. D'autres chercheurs
croient pour leur part que les âges de 10 à 12 ans seraient les plus
importants parce que c'est à cet âge que naissent les intérêts durables
et que s'ancrent les comportements chez les enfants6. La
plupart des chercheurs s'entendent toutefois pour dire que l'âge de
huit ans est critique sur le plan du lien qui se fait entre violence
télévisuelle et développement de l'agressivité en raison du développement
cognitif et émotionnel propre à la seconde enfance. Ces développements
sont probablement dus au fait que désormais, les enfants ne se fient
plus d'abord et avant tout à leurs perceptions, mais bien à l'information
conceptuelle pour appréhender leur univers7.
Habitudes télévisuelles et mode de traitement
de l'information
Entre les âges de six et sept ans, les enfants développent
un « schéma de déroulement » typique, un souvenir ou des attentes sur
la façon dont les histoires (peu importe le médium) sont structurées8.
Ils arrivent ainsi à mieux comprendre l'histoire (y compris l'intrigue
dans les émissions de télévision) parce qu'ils peuvent maintenant anticiper
le contenu pertinent et diriger leur attention en conséquence, mémoriser
l'information selon son importance, et assortir l'information en fonction
de leurs attentes quant à l'issue de l'intrigue.
À L'ÂGE DE HUIT ANS, LES ENFANTS SONT MOINS
SUSCEPTIBLES DE MANIFESTER EUX-MEMES PLUS D'AGRESSIVITÉ SI LA VIOLENCE
DONT ILS SONT TÉMOINS LEUR APPARAÎT MOTIVÉE PAR LA MÉCHANCETÉ, SI ELLE
CAUSE UNE SOUFFRANCE OU SI ELLE EST PUNIE OU DÉSAPPROUVÉE.
Vers l'âge de sept ans, l'attention visuelle accordée
à la télévision augmente pour correspondre à environ 70 p. 100 du temps
découte et atteint là un plateau9 Bien que toujours attentif
aux repères perceptibles, l'enfant de cet âge peut plus facilement les
reléguer au second plan, au profit de caractéristiques relatives au
contenu ou aux motifs personnels qu'a l'enfant de regarder l'émission.
À l'âge de huit ans, les enfants peuvent interpréter les codes formels
spécifiquement télévisuels les plus complexes, comme les fondus ou les
coupures qui indiquent un saut dans le temps, un retour en arrière ou
un rêve, et les informations fournies pour donner une perspective, informations
rendues par le montage des différents plans de caméra10.
Les enfants du primaire peuvent reconnaître les caractéristiques formelles
du réel et de l'imaginaire dans le contenu télévisuel. Les enfants interrogés
dans le cadre d'une étude ont déclaré savoir que l'explosion de la navette
spatiale Challenger à la télévision était réelle à cause de la piètre
qualité de l'image, de l'absence de gros plans, du débit de voix saccadé
des annonceurs et de la présence de mots affichés à l'écran11.
L'acquisition, durant la seconde enfance, de la faculté
d'utiliser des systèmes de classification plus complexes d'objets et
d'événements et de reconnaître-l'immuabilité d'objets en apparence changeants
permet à l'enfant de comprendre les éléments formels, de saisir la plus
grande subtilité du contenu et d'établir des inférences fiables en l'absence
d'indices concrets. Ainsi, ils sont davantage en mesure de comprendre
pleinement l'intrigue et de l'interpréter à la lumière des émotions
et des motivations des personnages12. Bien que les enfants
utilisent encore des stéréotypes pour classer les personnages selon
qu'ils sont bons ou mauvais, ils sont attentifs aux renseignements fournis
sur le comportement passé ou les motifs et les intègrent désormais s'ils
sont fournis13. À l'âge de huit ans, les enfants sont plus
susceptibles de subir des influences modératrices quant au contenu télévisuel
et ne manifestent pas plus d'agressivité si la violence dont ils sont
témoins leur apparaît motivée par la méchanceté, si elle cause une souffrance
ou si elle est punie ou désapprouvée14.
Même si cette faculté de comprendre l'univers télévisuel
est réellement impressionnante chez les enfants, elle n'est pas toujours
utilisée. C'est la somme des efforts intellectuels qui détermine si
le téléspectateur met à profit ses capacités cognitives et son sens
critique pour traiter l'information télévisuelle en profondeur ou s'il
n'y réagit que d'une façon superficielle, sans y accorder d'attention
particulièrel5. Les enfants d'âge préscolaire fournissent
un effort intellectuel considérable dès qu'ils croient pouvoir comprendre
le matériel qui leur est présenté16 mais les enfants du niveau
primaire déploient globalement de moins en moins d'efforts intellectuels
en regardant la télévision17. Les enfants qui regardent la
télévision pour en tirer de l'information fournissent un effort intellectuel
plus grand et ils apprennent davantage, mais la plupart du temps, les
enfants de cet âge regardent la télé pour se détendre, se divertir ou
simplement pour passer le temps18. Par conséquent, le traitement
de l'information est superficiel et dépourvu de sens critique.
Il existe aussi des différences culturelles en ce qui
concerne la somme des efforts intellectuels investis.
À titre d'exemple, en Israël, les enfants trouvent que la télévision
est un médium moins « facile » à comprendre, de sorte qu'ils fournissent
par rapport aux jeunes Américains du même âge, un plus grand effort
intellectuel et apprennent davantage en la regardant19. Au
sein des cultures qui considèrent effectivement la télévision comme
un médium facile, les rappels ou aide-mémoire20 ou encore
une discussion amorcée par un adulte2l s'avèrent nécessaires
pour amener les enfants à utiliser les aptitudes perceptuelles et le
sens critique qu'ils ont développés.
Fragilité particulière à l'effet de la violence
télévisuelle
AU SEIN DES CULTURES QUI CONSIDÈRENT LA TÉLÉVISION
COMME UN MÉDIUM FACILE À REGARDER, EN AMÉRIQUE DU NORD PAR EXEMPLE,
IL EST PEUT NÉCESSAIRE POUR LES PARENTS DE RAPPELER AUX ENFANTS D'UTILISER
LES APTITUDES PERCEPTUELLES ET LE SENS CRITIQUE QU'ILS ONT DÉVELOPPÉS.
Pour plusieurs raisons, l'âge de huit ans a été désigné
comme un âge critique en ce qui a trait aux effets de la violence télévisuelle
sur les enfants22.
Distinction entre réel et imaginaire. À l'âge de huit
ans, l'incidence de la violence télévisuelle sur le degré d'agressivité
manifesté après avoir regardé une émission violente est plus marquée
si le téléspectateur croit que la violence est le reflet de la réalité23.
Pour un enfant de huit ans, le mot « réel , semble signifier « ce qui
existe matériellement dans l'univers »24. Les personnages
dotés de pouvoirs surhumains sont perçus comme irréels puisque les enfants
reconnaissent que leurs exploits sont h si uement im ossibles à réaliser
concrètement. Par contre un drame policier peut être perçu comme réel
puisque les agents de police existent vraiment. Parmi les sujets de
deuxième année participant à une étude, un enfant expliquait que la
famille Brady existe , réellement « parce qu'ils ont un réfrigérateur
et que les réfrigérateurs existent vraiment »25.
Pour les enfants de 10 ans, le mot « réel » est plus
susceptible de signifier « possible dans la "vraie vie" »26.
À cet âge, les participants à une recherche tendaient à considérer réel
le drame policier britannique Tbe Bill parce qu'ils voyaient s'y dérouler
des événements jugés possibles, même s'ils savaient que les scènes les
plus sanglantes étaient réalisées avec du maquillage ou de la peinture.
Un enfant de 12 ans est même allé jusqu'à prétendre que les acteurs
de cette émission « devaient être des policiers pour une période d'environ
un mois ou quelque chose du genres qu'ils devaient s'enrôler pour ensuite
voir ce qui se passait »27.
POUR UN ENFANT DE HUIT ANS, LE MOT «RÉEL» SEMBLE
SIGNIFIER «CE QUI EXISTE MATÉRIELLEMENT DANS L'UNIVERS». UN DRAME POLICIER
PEUT ÊTRE PERÇU COMME RÉEL PUISQUE LES AGENTS DE POLICE EXISTENT VRAIMENT.
UN ENFANT DE DEUXIÈME ANNÉE PARTICIPANT À UNE ÉTUDE A EXPLIQUÉ QUE LA
FAMILLE BRADY EXISTE RÉELLEMENT PARCE QU'ILS ONT UN RÉFRIGÉRATEUR ET
QUE LES RÉFRIGÉRATEURS EXISTENT VRAIMENT.
Dans le cadre de cette étude, certains enfants de huit
ans utilisaient la dimension même de violence comme critère de réalité
de l'émission. Celle-ci à été décrite comme réelle par ces enfants «
parce qu'on y parle de voleurs » ou « parce que c'est une émission à
propos de menottes, de policiers et de sang »28. Pour ce
groupe qui associe violence et réalité, tout contenu violent est considéré
réel et peut par conséquent servir en quelque sorte de guide en matière
de comportements à adopter dans la vie réelle. Cette croyance à l'effet
que la violence est fondamentalement réaliste est assez répandue, même
parmi les jeunes de huit ans, mais certains indices portent à croire
qu'elle peut persister au-delà de la période intermédiaire de l'enfance
chez ceux qui y souscrivent. D'autres études ont révélé une conviction
similaire chez des garçons de 12 ans29 (mais seulement parmi
les groupes au QI faible et les délinquants). Des adultes interrogés
aux États-Unis et en Grande-Bretagne partageaient la même opinion30,
malgré le fait que la violence soit beaucoup plus présente à la télévision
aux heures de grande écoute qu'elle ne l'est même dans les villes nord-américaines
les plus violentes31.
LES ENFANTS QUI ONT DES FANTASMES VIOLENTS
OU HÉROÏQUE ET QUI S'IDENTIFIENT À DES HÉROS AGRESSIFS SONT PLUS SUSCEPTIBLES
DE SUBIR L'INFLUENCE DE LA VIOLENCE TÉLÉVISUELLE, CAR LES FANTASMES
SERVENT DE RÉPÉTITION GÉNÉRALE POUR LES ÉVÉNEMENTS VIOLENTS QUI PEUVENT
SURVENIR DANS LA VIE RÉELLE .
Identification à des héros agressifs et actualisation
Les sujets de huit à dix ans continuaient, dans le cadre d'une étude,
de nommer beaucoup plus souvent des personnages fictifs de télévision
que des personnes qu'ils savaient être réelles, lorsqu'on leur demandait
à qui ils voulaient ressembler32. Le thème récurrent, dans
les raisons invoquées pour expliquer leur choix, était que ces personnages
imaginaires étaient puissants, courageux et forts. Malheureusement,
ils avaient une fâcheuse tendance à exprimer ces qualités surtout au
moyen de gestes violents.
Bien avant que la télévision ne fasse son entrée dans
l'univers des enfants, autour des années 1950, le thème de la bravoure,
de la force et du pouvoir prédominait nettement dans les jeux imaginaires
des enfants de six à onze ans. Lorsque les jeunes sujets d'une étude
choisissaient d'imiter et d'incarner des héros imaginaires (en comparaison
avec des héros de la vie réelle), ces héros étaient presque toujours
décrits en termes de bravoure ou de courage33. C'est le thème
du « pouvoir », qui est le plus fréquemment mentionné par les enfants
de ce groupe d'âge lorsqu'ils regardent la télévision ou qu'ils en discutent34.
La prépondérance de ce thème vient sans doute du fait
que l'acquisition des compétences et de l'autonomie est un enjeu important
pour le développement social et personnel des enfants de cet âge35.
Quoiqu'il en soit, compte tenu du raffinement des facultés perceptuelles
et des processus mentaux acquis à ce stade de la vie, il est plutôt
étonnant de constater la si grande popularité de héros somme toute si
peu substantiels. Certains estimen que la télévision offre aux enfants
un éventail de personnages plutôt minces et stéréotypés, de sorte qu'ils
ont peu de chances de mettre à profit ces facultés récemment acquises
s'ils choisissent de tels personnages pour héros36. Dans
le cadre d'une étude, les enfants qui avaient choisi leurs héros parmi
les membres de la famille, ou d'autres personnes réelles démontraient
effectivement un degré plus raffiné de compréhension. Les enfants décrivaient
ces héros comme étant pourvus d'un plus large éventail de qualités humaines37.
Ils les qualifiaient de « serviables », « gentils » et « doux », en
plus d'être « forts ».
Bien qu'ils soient plutôt unidimensionnels, les héros
des scènes violentes des dessins animés ou des émissions dramatiques
incarnent les qualités apparemment les plus importantes pour les enfants
de cet âge, surout pour les garçons. Ces héros sont particulièrement
admirables, ils sont forts et ils gagnent toutes les batailles38.
Pas étonnant que les enfants s'y identifient! Les victimes des héros
prennent la forme d'êtres dangereux, malicieux, qui méritent bien leur
sort, et ils ne semblent pas manifester la moindre douleur qui pourrait
susciter un peu de compassion ou d'empathie chez le téléspectateur39.
En fait, il s'agit là d'un domaine dans lequel, preuve à l'appui, les
enfants de cet âge peuvent formuler un jugement relativement complexe.
Les enfants de cinquième et de sixième année pouvaient faire la distinction
entre violence justifiée et injustifiée dans les dessins animés et,
par conséquent, ils trouvaient la violence d'un film comique (La Panthère
rose) plus agressive et moins acceptable que la violence d'un film d'action
(Dick Tracy)40.
Il semble que le fait de regarder la violence à la
télévision rend les enfants plus susceptibles d'avoir ultérieurement
des fantasmes violents. Il existe une très forte tendance de la part
des enfants de première et de deuxième années à reproduire le contenu
des dessins animés télévisés dans leurs jeux immédiatement après un
visionnement, particulièrement s'ils disposent d'un jouet assorti au
contenu de l'émission41. On a découvert que l'écoute d'émissions
de télévision très violentes à l'âge de huit ans engendrait une plus
grande occurrence de fantasmes agressifs - héroïques plus tard, vers
l'âge de dix ans42. Les enfants qui ont des fantasmes violents
ou héroïque43 et qui s'identifient à des héros agressifs
sont plus susceptibles de subir l'influence de la violence télévisuelle44.
Le raisonnement à la base de cette idée est que les fantasmes servent
de répétition générale pour les événements violents qui peuvent survenir
dans la vie réelle. Les enfants qui ne reproduisent pas la violence
télévisuelle dans leurs fantasmes ou leurs jeux seront moins touchés
dans leurs comportements par ces images violentes, sans doute parce
qu'ils les considèrent comme étrangères à leur vie ou à leur image de
soi.
Attentes face aux réactions à la violence selon le
sexe. Il semble qu'au niveau primaire les filles reconnaissent de plus
en plus que l'agressivité n'est pas un comportement approprié pour elles,
ce qui pourrait expliquer le fait qu'elles s'intéressent moins aux émissions
violentes et qu'elles risquent moins d'être agressives dans des situations
de la vie réelle46. À cette âge, les filles semblent reconnaître
davantage que les contenus violents et les dessins animés s'adressent
aux garçons47. Selon certains chercheurs, les enfants qui
arrivent à la seconde enfance connaissent déjà les caractéristiques
formelles indicatrices d'un contenu à l'intention des garçons (présence
d'un plus grand nombre d'éléments formels perceptibles, narrateurs masculins,
bruit) et les caractéristiques indicatrices d'un contenu à l'intention
des filles (fondus, transitions, trame sonore musicale, dialogue et
narration rendus par des voix de femmes)48. À ce stade, les
garçons continuent d'apprécier les éléments formels les plus perceptibles
et regardent davantage de dessins animés et de programmes d'action et
d'aventures violents qui foisonnent de caractéristiques formelles captivantes
pour eux. Ce n'est pas le cas pour les filles et ainsi, le degré de
violence de leurs émissions favorites, pour la plupart des comédies,
est habituellement beaucoup plus faible49. Les filles sont
moins portées à s'identifier aux héros violents qui attirent tant les
garçons et ne semblent pas non plus s'intéresser autant au pouvoir ou
à la force des héros qu'elles choisissent50. Les filles croient
tout autant que les garçons pouvoir manifester efficacement un comportement
agressif, mais elles sont beaucoup plus enclines que les garçons à le
juger socialement répréhensible5l. Les filles s'attendent
également à ressentir plus de culpabilité si elles posent un geste agressif
et elles sont plus convaincues de faire souffrir leurs victimes. La
culpabilité face à l'agressivité et l'empathie à l'endroit d'autrui
semblent également caractéristiques chez les garçons de cet âge qui
ne manifestent pas de comportements agressifs52.
C'est pourquoi certains chercheurs en ont conclu qu'à
partir de l'âge de huit à dix ans, la violence télévisuelle produit
un impact plus fort chez les garçons que chez les filles. Néanmoins,
les filles qui regardent les émissions de télévision violentes risquent
de devenir plus agressives que celles qui ne le font pas, et celles
qui préfèrent des activités de type masculin durant la seconde enfance
sont particulièrement affectées par le visionnement d'émissions de télévision
violentes53.
Télévision et perception du monde
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Depuis les années 1970, les chercheurs savent que les
enfants qui regardent beaucoup la télévision perçoivent le monde comme
un endroit menaçant, effrayant et dangereux, beaucoup plus que les enfants
qui ne regardent pas beaucoup la télévision54. Des attitudes
similaires ont été observées chez les adultes55.
Les enfants en viennent-ils à croire que le monde est
violent et dangereux parce que la télévision le leur présente sous ce
jour ou établissons-nous simplement un lien entre écoute prolongée et
perception que le monde est « méchant » parce que les enfants apeurés
se réconfortent en regardant la télévision plutôt que de sortir et d'affronter
ce monde qu'ils craignent tant? Certains chercheurs ont noté que les
adultes qui vivent dans des quartiers dangereux sont particulièrement
susceptibles de regarder beaucoup la télévision et si leurs enfants
les imitent, cela pourrait expliquer la conclusion selon laquelle les
enfants qui regardent beaucoup la télévision voient le monde comme un
endroit agressif.56 D'autre part, nous savons, à partir d'expériences57,
qu'une exposition prolongée à des films de violence gratuite, comme
ceux de la série Friday tbe 13th, accroît effectivement la
peur chez les jeunes adultes et renforce leur perception à l'effet que
l'univers est menaçant, et il se pourrait bien qu'il en aille de même
pour les enfants. Il est concevable que ces deux phénomènes se produisent
simultanément.
Malheureusement, si les enfants craintifs cherchent
refuge auprès de la télévision, ils sont peu susceptibles d'y trouver
un réconfort. Le message que les enfants reçoivent de la télévision
à leur propre propos en est un de dévalorisation et de danger, particulièrement
en ce qui concerne les filles58. Les enfants représentés
à la télévision aux heures de grande écoute et durant la fin de semaine,
en Amérique du Nord, sont plus souvent même que les adultes victimes
de violence ou malades59. Les adolescents y sont souvent
victimisés par les autres et ils adoptent des comportements auto-destructeurs,
comme de fumer et de boire de l'alcool60.
LES ENFANTS DE LA SECONDE ENFANCE RISQUENT
DAVANTAGE D'ÊTRE EFFRAYÉS SI LES ÉVÉNEMENTS GÉNÉRATEURS DE CRAINTE SEMBLENT
POSSIBLES ET EN PARTICULIER S'ILS SE SITUENT DANS UN CONTEXTE SEMBLABLE
À CELUI OÙ ILS ÉVOLUENT.
Dans le cadre d'une étude, les enfants d'âge scolaire
étaient encore plus susceptibles que ceux du préscolaire d'avoir été
effrayés par ce qu'ils ont vu à la télévision61. Cela pourrait
représenter davantage que la simple accumulation d'expériences effrayantes
vécues au fil du temps. Une autre étude révélait que les enfants les
plus âgés de ce groupe d'âge (sixième année) se sont dits plus effrayés
que les enfants de deuxième année après avoir vu The Day After, un film
réalisé pour la télévision sur les survivants d'une catastrophe nucléaire62.
Il se peut que cette peur plus intense et plus complexe apparaisse plus
tôt chez les filles que chez les garçons. Lors de la couverture télévisuelle
accordée à l'explosion de la navette spatiale Challenger, les filles
de la quatrième à la sixième année réagissaient plus intensément et
plus émotivement que les garçons, qui exprimaient un regret plutôt impersonnel63.
Ce qui effraie les enfants à la télévision
La violence télévisuelle n'est pas nécessairement effrayante
pour les téléspectateurs de la seconde enfance64. À cet âge,
les enfants risquent davantage d'être effrayés si les événements générateurs
de crainte semblent possibles65 et en particulier s'ils se
situent dans un contexte semblable à celui où ils évoluent66.
The Day After a particulièrement effrayé les élèves de sixième année,
non seulement à cause du grand réalisme des scènes, mais aussi parce
que les héros et les héroïnes étaient des enfants comme eux qui souffraient
et qui mouraient dans un environnement par ailleurs fort semblable au
leur67. Compte tenu de leur capacité à s'identifier à autrui,
à manifester de l'empathie et à imaginer qu'il est possible de se transformer
sans altérer sa nature profonde selon les circonstances, les enfants
du primaire sont apparemment très sensibles à de tels spectacles68.
La distanciation face à une violence qui touche des gens qui ne leur
ressemblent pas, dans un contexte tout à fait différent du leur, peut
être plus divertissante qu'effrayante. Après des interviews en profondeur
conduites auprès de jeunes Torontois de quatrième et de cinquième année,
un chercheur affirmait : « La description que donnent les enfants des
incidents qui les effraient résulte de la transformation négative d'un
environnement qui leur est familier, qui leur semble sécurisant, comme
leur maison, leurs parents et leurs proches. La maison devient un terrain
de chasse et les parents sont impuissants à les protéger; les poupées
deviennent des êtres meurtriers.69 »
UN GARÇON A DÉCRIT SA FAÇON D'APAISER SES FRAYEURS
AU MOYEN DE L'IDENTIFICATION. LA PREMIÈRE FOIS QU'IL A REGARDÉ NIGHTMARE
ON ELM STREET : «C'ÉTAIT FACILE. JE FAISAIS SEMBLANT D'ÊTRE FREDDY KRUGER.
ET JE N'AVAIS PLUS PEUR. MAINTENANT, C'EST CE QUE JE FAIS TOUJOURS ET
JE N'AI JAMAIS PEUR». COMME L'IDENTIFICATION À UN HÉROS AGRESSIF PRODUIT
UN FORT IMPACT SUR LES TAUX DÉJÀ CROISSANTS D'AGRESSIVITÉ, CETTE TACTIQUE
EMPLOYÉE POUR APAISER LA PEUR FAIT L'EFFET D'UNE DOUCHE FROIDE.
Les enfants du primaire sont davantage apeurés par
la violence télévisuelle s'ils s'identifient à la victime70.
Comme on l'a fait remarquer précédemment, la plupart des enfants de
cet âge s'identifient au héros des émissions de télévision et non pas
aux victimes7l. En agissant ainsi, il est possible qu'ils
évitent la peur et l'inquiétude, révélées dans au moins une étude, chez
les enfants qui regardent beaucoup la télévision72. À titre
d'exemple, un garçon a décrit sa façon d'apaiser ses frayeurs au moyen
de l'identification, la première fois qu'il a regardé Nightmare on Elm
Street : « C'était facile. Je faisais semblant d'être Freddy Kruger.
Et je n'avais plus peur. Maintenant, c'est ce que je fais toujours et
je n'ai jamais peur »73. Étant donné ue l'identification
à un héros agressif produit un fort impact sur les taux déjà croissants
d'ressivité, cette tactique employée pour apaiser la peur fait l'effet
d'une douche froide74.
Attrait des films d'horreur
POUR LES ENFANTS QUI ASSOCIENT VIOLENCE ET
RÉALITÉ, TOUT CONTENU VIOLENT EST CONSIDÉRÉ RÉEL ET PEUT, PAR CONSÉQUENT,
SERVIR EN QUELQUE SORTE DE GUIDE EN MATIÈRE DE COMPORTEMENTS À ADOPTER
DANS LA VIE RÉELLE.
Parmi les traits de la seconde enfance, l'un des plus
surprenants est sûrement l'engouement pour les films d'épouvante75.
C'est le genre de films le plus susceptible d'effrayer les enfants76.
Outre le grand nombre de scènes de violence explicites et sanglantes
qu'ils contiennent, les films d'horreur comportent des caractéristiques
formelles qui les rendent tout particulièrement terrifiants. Les gros
plans, par exemple, provoquent une réaction plus intense lors de scènes
saisissantes ou sanglantes. Les coupures de scènes subites et les changements
abrupts de plans de caméra sont utilisés pour désarçonner le spectateur.
Les gros plans et les prises de vues qui empruntent la perspective de
la victime favorisent l'identification du spectateur à cette dernière.
Les fondus au noir sont utilisés pour rehausser le suspense77.
Pourquoi les enfants cherchent-ils délibérément à se
faire terroriser par des films d'horreur? [Ou, selon l'expression d'un
chercheur, « Comment cette formule peut-elle remporter un tel succès
auprès de publics qui ne sont par ailleurs pas masochistes? »]78.
Nous ne le savons pas précisément, mais un certain nombre d'explications
ont été avancées. Selon l'une d'elles, la souffrance partagée avec la
victime fait en sorte que le plaisir ressenti lors du dénouement heureux
de l'intrigue est plus intense79. L'idée qui sous-tend cette
explication est qu'il persiste probablement un certain degré d'excitation
physiologique résiduelle inspirée par toute l'incertitude et la détresse
qui précèdent la résolution finale de l'intrigue du film d'horreur.
Cette excitation résiduelle ajoute à la puissance des émotions positives
ressenties lors du dénouement heureux, et accentue la sensation capiteuse
et euphorique du moment. On peut établir un rapprochement entre ce phénomène
et la joie que ressentent les supporters d'une équipe qui gagne aux
termes d'une joute ardue, et qui est plus vive que si la joute est gagnée
avec une relative facilité80.
IL SE PEUT QUE LES ENFANTS TENTENT DÉLIBÉRÉMENT
DE VAINCRE LEUR CRAINTE DE LA VULNÉRABILITÉ ET DE LA VICTIMISATION EN
REGARDANT DE FAÇON RÉPÉTÉE DES FILMS D'HORREUR. MAIS, DANS LA MESURE
OÙ ILS RÉUSSISSENT AINSI À SE DÉSENSIBILISER, ILS DEVIENNENT AUSSI DAVANTAGE
TOLÉRANTS VIS-À-VIS LA VIOLENCE DANS LE MONDE RÉEL.
Une deuxième explication est que les enfants de cet
âge ont à un tel point hâte de surmonter leur situation de vulnérabilité
et de dépendance qu'ils cherchent activement des occasions de se renseigner
davantage sur la peur et sur tout ce qui la génère81. Selon
une autre hypothèse apparentée, les enfants tentent délibérément de
dompter leurs peurs de la vulnérabilité et de la victimisation en se
désensibilisant par une exposition répétée aux films d'épouvante82.
On a noté que la désensibilisation peut atténuer avec une relative efficacité
les peurs des enfants du primaire83. Contrairement aux enfants
d'âge préscolaire, la peur que suscite chez les enfants du primaire
la scène des serpents dans le film Les Aventuriers de l'arche perdue
a été grandement atténuée par une exposition préalable à un documentaire,
même dépourvu de narration, sur les serpents84. La même émission
de télévision regardée à plusieurs reprises provoque une réaction physique
de moins en moins intense à chaque visionnement85. La popularité
particulière d'une série de films d'horreur (par ex., la série apparemment
infinie des vidéocassettes Freddy86 relève peut-être de ce
phénomène. Chaque fois u'un enfant est confronté à un personnage effrayant
connu ou à un événement prévisible, il peut avoir le sentiment de vaincre
de plus en plus sa crainte de ce qui le terrorisait jusque-là. Vaincre
ses peurs peut être particulièrement gratifiant pour les enfants durant
la seconde enfance, compte tenu de leur profond désir d'acquérir de
nouvelles compétences personnelles et une plus grande autonomie. La
maîtrise de soi lors de situations effrayantes peut être particulièrement
importante pour les garçons, car elle cadre avec la recherche de leur
identité sexuelle87. L'un des sujets de sixième année, par
exemple, après avoir vu le téléfilm The Day After, décrivait ainsi sa
réaction, à la perspective d'une attaque nucléaire : « ... parce que
si ça doit arriver, il faut que je me prépare comme il faut, que je
pense à des façons de ne pas avoir peur quand cela arrivera.88
»
On a également remarqué que certaines personnes qui
craignent d'être victimes (il pourrait tout aussi bien s'agir d'enfants)
apprécient les films d'action pour leur côté rassurant et réconfortant
une fois la justice sociale rétablie89. Ces émissions renferment
beaucoup de violence, mais les personnages bienveillants l'emportent
habituellement sur les méchants et mettent fin à la victimisation criminelle,
du moins jusqu'à l'épisode suivant. Le fait d'élever le degré d'appréhension
chez les jeunes adultes les amène à privilégier encore les drames dont
le thème central est le rétablissement de la justice. Et l'importance
qu'ils accordent au retour de cette justice sociale influe davantage
sur leur choix que le degré de violence de l'émission (c'est particulièrement
le cas pour les femmes)90.
S'il est possible d'expliquer ainsi cet engouement,
les films d'horreur demeurent peu susceptibles de nous rassurer sur
le fait que le monde est juste91. En effet, il y a tant de
scènes de violence et les victimes sont habituellement si démunies et
elles souffrent tant, que la majorité de ces scènes illustrent surtout
des situations profondément injustes davantage que la restauration de
la justice. Au mieux, le message des films d'horreur serait que la justice
pourrait éventuellement être rétablie, mais souvent trop peu et trop
tard. De plus, la nécessité de garder le « méchant » dans les alentours
pour les épisodes suivants signifie que le m'al ne peut habituellement
pas être définitivement et radicalement écarté. Si les enfants choisissent
les films d'horreur pour tenter de se réconforter et de se rassurer
sur la justice qui règne dans le monde, ils en viennent alors probablement
à la conclusion que leur stratégie est boiteuse. Et, dans la mesure
où les enfants réussissent à se désensibiliser en regardant des films
d'horreur, ils deviennent davantage tolérants vis-à-vis la violence
dans le monde réel92.
Suggestions aux parents
ON A NOTÉ QUE LORSQUE LES PARENTS REGARDENT
LES ÉMISSIONS DE TÉLÉVISION VIOLENTES EN COMPAGNIE DE LEURS ENFANTS
ET QU'ILS NE DISCUTENT PAS AVEC EUX DE CE QUI SE PASSE À L'ÉCRAN, LES
ENFANTS PEUVENT EN FAIT DEVENIR PLUS AGRESSIFS.
Les parents peuvent influer sur les habitude télévisuelles
de leurs enfants en modifiant leur propre comportement à ce chapitre,
étant donné qu'il influe largement sur le temps que passent leurs enfants
de cet âge devant le petit écran93. Les pères deviennent
plus influents que les mères auprès de ce groupe d'âge, peut-être parce
que les enfants regardent désormais la télévision plus souvent à l'heure
où les hommes la regardent le plus, c'est-à-dire aux heures de grande
écoute94.
Notamment en ce qui concerne les jeunes enfants du
primaire, il a été recommandé aux parents d'exercer un contrôle sur
la quantité et le type d'émissions, aussi bien pour apaiser les frayeurs
enfantines que pour diminuer le degré d'agressivité. En choisissent
de restreindre le temps d'écoute, les parents affichent leurs couleurs
: « ce sont bien eux, et non pas la télévision qui élèvent leurs enfants
»95. On recommande de fixer à une heure par jour le temps
d'écoute chez les enfants d'âge préscolaire et à deux heures par jour
chez les jeunes écoliers96. Bien sûr, s'ils restreignent
le temps d'écoute, les parents doivent prévoir d'autres activités pour
leurs enfants97. Les jeux instructifs et constructifs n'apparaissent
pas par génération spontanée, du simple fait que le poste de télévision
est éteint98. Dans une étude, où l'on réduisait le temps
d'écoute de la télévision d'enfants du primaire et où on le remplacait
par des activités avec les parents, de grands progrès ont été enregistrés
sur le plan de la lecture et du rendement cognitif99.
Les parents sont beaucoup moins enclins à appliquer
de telles stratégies restrictives chez leurs enfants plus âgés100,
et cela peut s'avérer de toute façon relativement inefficace chez les
plus grands101. Parce que la signification (des faits autant
que des sentiments) est un important médiateur de l'impact de la violence
télévisuelle sur le degré d'agressivité et sur les craintes propres
à la seconde enfance, les stratégies parentales visant à aider les enfants
à comprendre et à évaluer le contenu risquent d'être plus utiles que
de simples interdictions. Au début de cette période, les parents peuvent
également aider les enfants à décoder certaines caractéristiques formelles
plus complexes de la télévision, puisqu'à cet âge les jeunes commencent
à peine à saisir les aspects les plus sophistiqués du médium102.
LES PARENTS DEVRAIENT DISCUTER AVEC LEURS ENFANTS
DE LA SIGNIFICATION DES ÉVÉNEMENTS PRÉSENTÉS À LA TÉLÉVISION ET ÉGALEMENT
LEUR FAIRE COMPRENDRE POURQUOI ILS RESTREIGNENT LEUR TEMPS D'ÉCOUTE.
CES STRATÉGIES AIDERONT LES ENFANTS À DÉPLOYER DAVANTAGE D'EFFORTS INTELLECTUELS
LORSQU'ILS REGARDENT LA TÉLÉVISION, DEVENANT AINSI DES TÉLÉSPECTATEURS
PLUS CRITIQUES.
Avec des enfants de cet âge, il s'est révélé très efficace
de discuter, d'expliquer et de remettre en question le contenu des émissions,
afin de les aider à comprendre et à interpréter ce qui leur est présenté103,
et contrebalancer l'effet de la violence télévisuelle sur leurs attitudes
et leurs comportements104. On a noté que, lorsque les parents
regardent les émissions de télévision violentes en compagnie de leurs
enfants, ils peuvent en fait alimenter l'agressivité de ces derniers
s'ils ne discutent pas avec eux de ce qui se passe à l'écran105.
Cela pourrait être dû au fait que les enfants sont ainsi exposés à une
plus grande violente télévisuelle s'ils regardent des émissions violentes
en compagnie de leurs parents, et si ces derniers semblent par leur
silence cautionner cette violence.
On conseille aux parents de discuter avec leurs enfants
et de leur faire comprendre pourquoi ils restreignent leur temps d'écoute,
afin qu'à leur tour, les enfants puissent acquérir les principes intellectuels
ou moraux qui motivent ces décisions parentales106. Les chercheurs
recommandent également que les parents discutent avec les enfants de
la signification des événements qu'ils voient à la télévision (et, bien
sûr, dons la vie réelle) avant qu'ils n'y soient confrontés, et qu'ils
le fassent de nouveau après. Les parents aident ainsi les enfants à
élaborer une structure qui leur permettra de comprendre et d'évaluer
ces événements.
Ces stratégies donnent lieu à un outre effet positif
: les enfants déploient davantage d'efforts intellectuels lorsqu'ils
regardent la télévision et deviennent ainsi des téléspectateurs plus
critiques qui analysent davantage le contenu des émissions107.
Par de telles interventions, les parents qui regardent
la télévision avec leurs enfants, répondent à leurs questions et expriment
des commentaires contribuent à leurs objectifs éducatifs, même si le
fait d'écouter une émission ensemble résulte davantage de goûts partagés
que d'une stratégie didactique délibérée de la part des parents108.
Les parents d'enfants intellectuellement doués ont tendance à agir en
ce sens plus que les autres, probablement en reconnaissance de la relativement
grande capacité de leurs enfants à comprendre leurs commentaires. Il
appert, par ailleurs, que tous les enfants semblent firer profit de
cette approche, même s'ils ne sont pas particulièrement avancés sur
le plan intellectuelle109.
Pour les aider à surmonter leurs craintes, les parents
conseillent porfois, mais sons grand succès, à leurs enfants d'âge scolaire
de se fermer les yeux ou d'éteindre le poste de télévision. En fait,
il ne sert à rien d'éteindre Io télévision durant les passages effrayants,
même si les enfants sont d'âge préscolaire110. Pendant Io
seconde enfance, les enfants peuvent efficacement apaiser leurs craintes
en utilisont une stratégie cognitive, comme se convaincre de ln nature
irréelle des scènes de l'émission qui leur font peur ou d'en parler
à leurs parents111. Les stratégies non cognitives ne fonctionnent
pas aussi bien pour eux, sauf, par exemple, de « s'asseoir tout près
de maman ou de papa », stratégie relativement satisfaisante chez les
enfants d'âge préscolaire et de l'élémentaire.
Les parents s'inquiètent à juste titre des effets négatifs
qui pourraient résulter des films d'horreur. Heureusement, ces films
ne sont pas très largement accessibles, sauf sur quelques chaînes de
câblodistribution et par lu locution de vidéocassettes112.
Mais les enfants de cet âge doivent pouvoir parler de leurs craintes,
y faire face et les voincrel13. À ce chapitre, les parents
ont à leur portée des outils beaucoup plus efficaces et directs que
les films d'horreur. Les parents peuvent, par exemple, discuter de leurs
propres expériences et expliquer comment ils ont surmonté cette situation.
Ils peuvent également aider les enfants à réinterprèter et à confronter
leurs craintes qui ne sont pas fondées sur la réalité, puis les
aider à développer la confiance et les compétences
nécessaires pour affronter les défis réels causés par des craintes réalistes.
Suggestions à l'industrie télévisuelle
C'EST LE POUVOIR, ET NON PAS LA VIOLENCE OU
LA CONFORMITÉ AUX STÉRÉOTYPES SEXUELS, QUI JOUE DANS LA RECHERCHE DE
L'IDENTITÉ CHEZ LES GARÇONS. ON A CONSTATÉ QUE LES GARÇONS ACCEPTENT
VOLONTIERS DES COMPORTEMENTS TRÈS CONTRAIRES AUX STÉRÉOTYPES DE LA PART
DE PERSONNAGES DE TÉLÉVISION MASCULINS S'ILS ONT UN STATUT ÉLEVÉ OU
S'ILS SONT PUISSANTS.
Pour l'industrie de le télévision, le plus grand défi
est probablement d'offrir une programmation divertissonte à travers
laquelle les problèmes de Io vie courante ne sont pus expéditivement
réglés pur le violence ou le sarcasme114. Les enfants de
l'élémentaire (particulièrement les garçons) regardent beaucoup de dessins
animés et d'émissions d'action ou d'aventures, et leur grand intérêt
pour le pouvoir la compétence et l'autonomie les rend beaucoup de dessins
animés et d'aventures, et leur grand intérêt pour le pouvoir, la compétence
et l'autonomie les rend beaucoup plus sensibles à l'illustration simplifiée
et souvent violente du mode de résolution des problèmes ou des conflits
que propose le télévision.
La popularité apparente de Io violence et des héros
violents auprès des garçons de ce groupe d'âge (et des groupes plus
âgés, qui pourraient bien constituer le principal public ciblé) représente
un défi qui n'est toutefois pus insurmontable. En effet, à cet âge,
les enfants s'intéressent plus à la diversité et ou rythme qu'à la violence
proprement dite115, et les cotes attribuées pur les adultes
tiennent très peu compte du degré de violence116. Selon certains
auteurs, bien que les gorcons soient particulièrement attentifs aux
héros de sexe masculin117 et qu'ils rejettent podois les
personnages de télévision masculins qui ne correspondent pas aux stéréotypes118,
il existe des modèles masculins forts et bons (comme Bill Cosby, dons
l'émission The Cosby Show) qui sont très populaires et incitent aussi
les garcons à adopter une gomme de comportements moins stéréotypés en
ce qu'i a trait ou sexe119. Au chapitre des stéréotypes,
les filles gognent encore plus à regarder des émissions où les stéréotypes
ne sont pas aussi flagrants. Il est important de se rappeler que, pour
une bonne port, c'est le pouvoir, et non pas Io violence ou la conformité
aux stéréotypes sexuels en soi, qui joue dans la recherche de l'identité
chez les garçons. On a constaté que les garçons acceptent volontiers
des comportements très contraires aux stéréotypes de la port de personnages
de télévision masculins s'ils ont un statut élevé ou qu'ils sont puissants120.
Le public de la seconde enfonce a été qualifié de «
quasi-oublié », puisqu'il est très peu ciblé de façon spécifique, même
par la télévision publique américaine qui favorise pourtant le télévision
pour enfants121. Selon un récent rapport canadien, si les
enfants de ce groupe d'âge regardent surtout des dessins animés et des
émissions pour les adultes, c'est peut-être que trop peu d'émissions
leur sont destinées au Canada122. Étant donné les grands
progrès cognitifs et 'sociaux qui marquent la seconde enfance, il semblerait
justifié d'offrir aux enfants de cet âge une programmation axée sur
leurs besoins et leurs intérêts 123.
Les documentaires télévisés sur lu réalisation des
effets spéciaux (en particulier ceux qui visent à foire peur aux téléspectateurs)
se révèlent d'une grande utilité car les enfants saisissant alors mieux
le fonctionnement du médium. Les enfants de cet âge semblent effectivement
très intéressés par de tels sujets124 et les émissions de
ce type arrivent très efficacement à désamorcer leurs craintes à l'égard
d'un contenu télévisuel concu pour foire peur125.
On a relevé certaines techniques qui peuvent aider
les jeunes enfants de l'élémentaire (de six et sept uns) à passer d'une
compréhension perceptuelle à une compréhension conceptuelle. Les bandes-annonces
où figurent les principaux éléments de l'intrigue d'une émission télévisée
aident les élèves à rester attentifs et à retenir plus efficacement
les grandes lignes de lhistoire 126, Les synopsis de l'émission
insérés après les messages publicitaires aident considérablement ces
mêmes élèves à comprendre le déroulement de l'intriguel27.
La narration peut faciliter la compréhension des événements de l'intrigue
que l'on ne voit pus à l'étron et d'autres éléments implicites128.
Les éléments chronologiques, comme les retours en arrière, sont mieux
compris des jeunes téléspectateurs s'ils sont rendus plus évidents au
moyen de caractéristiques formelles stylisées, comme les fondus ou les
flous, plutôt que par de simples changements de plans129.
L'humour peut être utilisé pour améliorer font le degré d'attention
que le degré de compréhension, dans la mesure où l'on évite l'ironie
et toute autre forme de désinformations130. La trame sonore,
si elle est mélodique et rythmée, attire l'attention d'enfants de première
et de deuxième année et maintient leur intérêt, mais en revanche, elle
nuit à leur compréhension du contenu131.
Notes
1Luke, 1988,
au Canada; Rosengren et Wiridahl, 1989, en Suède; Kodaira, 1992,
au Japon; Utamachant et Kodaira, 1991, au Japon; St. Peters et
coll., 1991, aux États- Unis.
2Dorr, Kovaric
et Doubleday, 1989; Kodaira, 1992; Lawrence et Wozniak, 1989,
St. Peters et Coll., 1991.
3Schyller, Rydin,
Filipson et Feilitzen, 1986.
4Caron, et coll.,
1992; Caron etcoll., 1993; St. Petersetcoll., 1991; Winick et
Winick, 1979
5Van der Voort,
1986; Eron et Coll, 1983.
6Winick et Winick,
1979.
7Par exemple,
Cantor, Wilson et Hoffner, 1986.
8Meadowcroft
et Reeves, 1989.
9Huston, Donnerstein
et Coll., 1992.
10Abelman, 1989,
1990, Calvert, 1988; Wilson et Weis, 1993
11 Wright, Kunkel,
Pinon et Huston, 1989.
12Collins, 1993;
Huston et Wright, 1983; Knowles et Nixon, 1989, 1990.
13Hoffner et
Cantor, 1985.
14Collins, 1982;
Comstock, 1980; Hearold, 1986.
15Salomon, 1981,
1983.
16Par exemple,
Hawkins, Kim et Pingree, 1991; Pingree, 1986.
17Bordeaux et
Lange, 1991; Fowles, 1992.
18Par exemple,
Rubin, 1977; Atkin, 1985.
19Salomon, 1983.
20Brucks, Armstrong
et Goldberg, 1988.
21Watkins, Calvert,
Huston-Stein et Wright, 1980.
22Par exemple,
Eron, Huesmann, Brice, Fischer et Mermelstein, 1983; Huesmann
et Eron, 1984; Huesmann, Lagerspetz et Eron, 1984.
23Eron et coll.,
1983.
24Kelly, 1981.
25Kelly, 1981,
Buckingham, 1993.
26Kelly, 1981;
Dorr, 1983.
27Buckingham,
1993, pp 224.
28Buckingham,
1993.
29Chaney, 1970.
30Messaris,
1986, aux États-Unis; Docherty, 1990, en Grande Bretagne.
31Gerbner, Gross,
Morgan et Signorielli, 1986.
32Fernie, 1981.
33French et
Pena, 1991.
34Winick et
Winick, 1979.
35Par exemple,
Owens, 1993.
36French et
Pena, 1991.
37French et
Pena, 1991.
38Par exemple,
Luke, 1988; Selnow, 1986; Gerbner, Gross, Morgan et Signorielli,
1986.
39Par exemple,
Meyrowitz, 1986.
40Haynes, 1978.
41 Greenfield,
Yut et coll., 1990.
42Valkenburg
et coll., 1992-93.
43Huesmann et
Eron, 1984.
|
44Huesmann et
coll., 1983.
45Viernero et
Paajanen, 1992.
46Eron et coll.,
1983.
47Buckingham,
1993.
48Huston et
Wright, 1983.
49Kent, Nixon
et Rendell, 1986; Huston, Wright et coll., 1990.
50Reeves et
Miller, 1978.
51 Perry Perry
et Rasmussen, 1986.
52Perry et Bussey,
1977.
53Eron et coll.,
1983.
54Par exemple,
Gerbner, Gross, Eleey, Jackson Beeck, Jeffries-Fox et Signorielli,
1977; et Singer, Singer et Rapaczynski, 1984, aux États-Unis;
McIIwraith et Schallow, 1982, au Canada.
55Gerbner, Cross,
Fleey et coll., 1977; Mcllwraith et Josephson, 1985.
56Doob et Macdonald,
1979.
57Par exemple,
Ogles et Hoffner, 1987.
58Signorielli,
1987.
59Signorielli,
1987.
60Signorielli,
1987.
61Wilson et
coll., 1987.
62Palmer, 1986.
63Wright, Kundel
et coll., 1989.
64Campbell,
1992; Cullingford, 1984.
65Wilson et
coll., 1987.
66Campbell,
1992, au Canada; Cullingford, 1984, en Grande-Bretagne; Cantor
et Hoffner, 1990, et Palmer, 1986, aux États-Unis.
67Palmer, 1986.
68Par exemple,
Cantor, Wilson et Hoffner, 1986.
69Campbell,
1992, pp 24.
70Cantor et
Wilson, 1984.
71 Par exemple,
Fernie, 1981; DeAngelis, 1993.
72Mcllwraith
et Schallow, 1982.
73Campbell,
1992.
74Campbell,
1992.
75Campbell,
1992.
76Par exemple,
Cantor, Wilson et Hoffner, 1986.
77Meyrowitz,
1986.
78Zillmann et
Bryant, 1986, pp 315.
79Zillmann et
Bryant, 1986.
80Zillmann et
Bryant, 1986.
81Voir l'explication
de Fenigstein et Heyduk sur« l'acquisition des facultés perceptuelles
», 1985.
82Voir Zillmann
et Bryant, 1985.
83Wilson et
Cantor, 1987.
84Wilson et
Cantor, 1987.
85Tannenbaum,
1985.
86Caron, Meunier
et coll., 1990, ont documenté la popularité des vidéocassettes.
87Zillman et
Bryant, 1986.
|
88Palmer, 1986.
89Zillman et
Wakshlag, 1985.
90Zillman et
Wakshlag, 1985.
91Zillman et
Bryant, 1986.
92Drabman et
Thomas, 1974, 1976.
93St. Peters
et coll., 1991.
94Webster et
coll., 1986.
95Desmond et
coll., 1990.
96Desmond et
coll, 1990; Fosarelli, 1986.
97Par exemple,
Jason, 1987.
98Mutz et coll.,
1993.
99Gadberry,
1980.
100Austin, 1992;
van der Voort, Nikken et van Lil, 1992; Weaver et Barbour, 1992,
l
101Sarlo et
coll., 1988.
102Collins et
coll., 1981; Desmond et coll, 1990.
103Austin et
coll., 1990; Collins et coll., 1981; Corder-Bolz, 1980; Desmond
et col., 1990; Watkins, Calvert et coll., 1980.
104Abelman,
1990; Desmond et coll., 1990; Grusec, 1973; Vooijs and van der
Voort, 1993a, 1993b.
105Wright, St.
Peters et Huston, 1990.
106Desmond et
coll., 1990.
107Singer et
coll., 1988.
108Dorr et coll.,
1989.
109Par exemple,
Abelman, 1987.
110Cantor et
Wilson, 1988; Wilson 1989.
111Cantor et
Wilson, 1988.
112Campbell,
1992; Caron, Nardella et coll., 1993; Caron, Meunier et coll.,
1990.
113Campbell,
1992.
114Par exemple,
DeAngelis, 1993; Luke, 1988; Selnow, 1986.
115Huston et
Wright, 1989.
1l6Diener et
DeFour, 1978.
117Reeves et
Miller, 1978.
118Par exemple,
Calvert et Huston, 1987; Wroblewski et Huston, 1987.
119Rosenwasser
et coll., 1989.
120Jeffery et
Durkin, 1989.
121Palmer 1988.
122Caron, Nardella
et coll., 1993.
123Par exemple,
Hall et coll., 1990.
124Par exemple,
Buckingham, 1993.
125Cantor, Sparks
et Hoffner, 1988.
126Calvert et
coll., 1987; Neuman et coll., 1990.
127Kelly et
Spear, 1991.
128Calvert et
coll., 1987.
129Calvert,
1988.
130Weaver et
coll., 1988.
131Wakshlag,
1985.
|
ADOLESCENCE
( DE 12 à 17 ANS )
Habitudes d'écoute
L'ÉCOUTE DE LA TÉLÉVISION EST UNE EXPÉRIENCE
PASSIVE, RELAXANTE, QUI EXIGE PEU DE CONCENTRATION ET QUE LES ADOLESCENTS
SONT LE PLUS ENCLINS À CHOISIR LORSQU'ILS S'ENNUIENT OU QU'ILS SE SENTENT
SEULS.
Les adolescents qui fréquentent l'école intermédiaire
et l'école secondaire regardent moins la télévision puisqu'ils passent
désormais plus de temps hors du foyer, qu'ils écoutent davantage la
radio et qu'ils s'adonnent plus à des activités de groupe1.
Ce changement des habitudes télévisuelles marque la transition entre
l'enfance et l'adolescence pour de nombreux jeunes gens2.
La musique populaire est le médium qui répond le mieux aux préoccupations
des adolescents face à leur développement, à savoir l'acquisition de
leur autonomie, l'amour et la sexualité. Ces thèmes occupent une place
prépondérante dans les textes des chansons populaires, que les adolescents
aiment écouter seuls ou entre amis. S'ils regardent la télévision, un
médium qui dans l'ensemble cadre plus avec la culture de leurs parents,
ils l'écoutent avec les membres de leur famille3.
Dans le cadre d'une étude, les adolescents américains
et italiens qui regardaient la télévision à la même fréquence qu'à la
pré-adolescence passent aussi davantage de temps avec leur famille et
moins avec leurs amis, et qu'ils préfèrent en fait passer du temps en
famille4. On fait état d'un comportement similaire chez les
adolescents suédois5. En effet, écouter ensemble la télévision
pourrait être l'une des rares activités que les adolescents partagent
avec leurs parents. Parmi 1 000 périodes de temps répertoriées à partir
du quotidien d'adolescents, on n'en a relevé que dix représentant du
temps passé par l'adolescent seul avec son père. Cinq de ces échantillons
étaient du temps d'écoute de télévision6.
Les adolescents regardent également des émissions différentes
de celles qu'ils écoutaient lorsqu'ils étaient plus jeunes. Ils aiment
toujours les comédies, mais les dessins animés sont moins populaires,
à l'exception de ceux qui leur sont destinés, comme Les Simpsons (c'est
peut-être aussi dû au fait que les adolescents aiment bien faire la
grasse matinée le samedi!). Les drames gagnent en popularité, particulièrement
si l'on y trouve des personnages adolescents, comme dans Beverly Hills
90210 et Blossom. Les téléromans commencent à faire leur apparition
dans la liste des émissions préférées des filles vers la fin de cette
période; les sports sont mentionnés relativement souvent, et les émissions
musicales, ainsi que les émissions de science-fiction, gagnent également
en popularité. Les aventures policières priment souvent aussi chez les
jeunes Américains, ce qui n'est pas le cas chez les jeunes Canadiens7.
Comment traiter l'information et comment regarder
la télévision
Les adolescents en sont à un stade où ils deviennent
capables de raisonner abstraitement, d'élaborer des principes à partir
de données concrètes, de saisir la complexité et la multiplicité des
rôles sociaux, d'intégrer les contrastes et les contradictions des gens
et des expériences et de départager ce qui les concerne personnellement
dans une grande diversité de situations. Ils ne sont plus ancrés dans
l'immédiateté, ils peuvent faire des plans ou prévoir une orientation
hypothétique8.
FACE AU MÉDIUM QU'EST LA TÉLÉVISION, LES ADOLESCENTS
UTILISENT RAREMENT LEURS FACULTÉS COGNITIVES ET EMPATHIQUES.
Parvenus à l'adolescence, c'est-à-dire à l'école intermédiaire,
les enfants attribuent souvent plusieurs sens au mot « réel » (« Réel
de quelle façon? », demandent-ils lorsqu'on leur demande si telle chose
est réelle9). Ils expliquent alors clairement ce qu'ils entendent
par ce terme10. L'une des significations du mot « réel »
qui émerge à cet âge est « plausible » ou « probable ». Même si, sur
le strict plan matériel, il est tout à fait plausible que la famille
Brady possède un réfrigérateur et qu'elle soit recomposée à partir de
deux grandes cellules familiales, elle serait considérée « irréelle
», selon les éléments de cette définition, si elle ne mettait pas en
scène des rapports et des comportements humains correspondant à l'idée
que se fait le téléspectateur de la nature humaine. Certains adolescents
considéraient les familles représentées à la télévision comme « irréelles
», parce que les membres étaient trop gentils, qu'ils avaient trop ou
trop peu de problèmes, et que leur environnement était trop beau pour
être vrai11. À ce moment, toutefois, le sens donné au mot
« réel » dépend des expériences de vie de chaque adolescent. Un jeune
déclarait à propos du téléroman australien Neigbbours, « c'est probablement
comme ça en Australie »12. Une autre définition du mot «
réel » utilisée par ce groupe d'âge comporte une connotation appréciative
sur le jeu des comédiens et sur les décors et fait référence à un aspect
hautement technique, qui éclipse la nature artificielle ou forcée du
contenu.
Et pourtant, face au médium qu'est la télévision, les
adolescents perdent rarement leurs facultés cognitives d'acquisition
récente. L'écoute de la télévision est une expérience passive, relaxante,
qui exige peu de concentration et que les adolescents sont le plus enclins
à choisir lorsqu'ils s'ennuient ou qu'ils se sentent seuls. À cet égard,
ils ressemblent assez aux adultes13. Lorsqu'ils ont effectivement
recours à leurs processus cognitifs et à leur capacité d'empathie, gagnés
à mesure qu'ils mûrissent, ces traits peuvent influer positivement ou
négativement sur l'effet que produit la télévision sur eux.
Agressivité et télévision à l'adolescence
Les adolescents sont beaucoup plus portés à douter
de la réalité du contenu télévisuel14 et beaucoup moins susceptibles
de s'identifier à des personnages de télévision15 qu'à la
pré-adolescence. Ceux qui continuent à croire que tout cela est vrai
et qui s'identifient aux héros violents risquent d'être plus agressifs
toutefois, surtout s'ils continuent à alimenter leur imaginaire de thèmes
agressifs-héroïques16.
Même si l'inquiétude que suscite la violence par mimétisme
concerne le plus souvent les enfants d'âge préscolaire, à cause de leur
inexpérience et de leur croyance dans la réalité télévisuelle, ce sont
bien les crimes ou autres gestes de violence par mimétisme perpétrés
par les adolescents qui retiennent davantage l'attention du public17.
Les émissions qui sont susceptibles d'inspirer des « mauvais coups »
aux adolescents sont celles qui expliquent en détail comment perpétrer
le crime. Parce qu'ils peuvent désormais tenir un raisonnement abstrait,
ils peuvent imaginer et planifier concrètement leur coup et, s'il le
faut, déceler et corriger les failles ou les lacunes qui ont pu faire
échouer le plan original à la télévision18. De plus, le fait
qu'ils puissent désormais distinguer le bien du mal, doublé de leur
tendance à remettre en question l'autorité traditionnelle, classe les
téléspectateurs adolescents parmi les admirateurs les plus probables
des malfaiteurs19.
Les étapes qui semblent nécessaires à la perpétration
de crimes violents inspirés de la télévision et du cinéma sont les suivantes
:
1 ) une forte identification au film, à l'émission
ou à son héros;
2) l'enracinement du projet par le biais d'un imaginaire
tenace et développé en lien avec le film ou l'émission; et,
3) la capacité physique de poser le geste en question20.
On en donne pour exemple la scène de la roulette russe
du film The Deer Hunter, qui a pu engendrer des taux alarmants d'identification
de la part des adolescents, d'une part à cause du jeu des comédiens
qui incarnent la loyauté et la cohésion au sein d'une petite bande de
jeunes gens, d'autre part à cause du réalisme de la scène. Celle-ci
avait été tournée de manière fort réaliste au moyen de techniques cinématographiques
(gros plans et prises du point de vue du protagoniste) qui ont pu susciter
un désir d'identification. En outre, la scène était relativement facile
à recréer pour des adolescents américains, due à leur accessibilité
à des armes à feu. Dans ce cas, les armes peuvent avoir représenté davantage
qu'un moyen de passer à l'acte. Parfois, le déclenchement de gestes
violents suggérés par la pensée résulte d'un point commun entre l'environnement
immédiat et le « scénario » des incidents violents télévisés21.
Pour certains imitateurs de cette scène, la présence d'armes dans leur
environnement peut avoir rappelé cette partie du film. Des récents travaux
menés aux États-Unis suggèrent que les adolescents sont particulièrement
portés à imiter les gestes suicidaires qu'ils ont vus à l'écran22
et encore plus s'il s'agit d'une histoire vécue23.
Télévision et perception du monde
Les parents d'adolescents s'alarment tout autant des
réactions de peur de leurs enfants face à la télévision que de la violence
même qu'elle peut susciter24. Environ 80 p. 100 des adolescents
regardent des films d'épouvante ou d'autres types de spectacles qui
les effraient25. Le contenu télévisuel violent est associé
chez les adolescents à leur perception selon laquelle « le monde est
méchant »26; même ceux d'entre eux qui regardent très peu
de télévision semblent se sentir beaucoup plus vulnérables face aux
actes criminels que les jeunes adultes27. Il semble par ailleurs
que, s'ils considèrent que ce qu'ils voient à la télévision n'est pas
le reflet de la réalité, ils ne considéreront pas le monde comme méchant
ou effrayant, ni n'exagéreront leur sentiment de vulnérabilité face
aux actes criminels en regardant de tels actes au petit écran. En outre,
les adolescents qui ont été victimes de crimes ou connaissent quelqu'un
dont c'est le cas n'ont pas tendance à se fier à la télévision comme
source de renseignements sur la probabilité de devenir une victime28.
Attrait des films d'horreur, des vidéoclips
et de la pornographie violente
IL N'Y A PAS CONSENSUS EN CE QUI CONCERNE LE
PLAISIR QU'ÉPROUVENT LES JEUNES FILLES LORSQU'ELLES REGARDENT DES FILMS
D'HORREUR SUR VIDÉO. DANS UNE ÉTUDE, ON NOTE QUE LES ADOLESCENTES ÉPROUVENT
DES SENTIMENTS BEAUCOUP PLUS DÉSAGRÉABLES QUE LES GARÇONS FACE AUX VIDÉOCASSETTES
D'HORREUR, SANS DOUTE EN RAISON DES NOMBREUSES SCÈNES OÙ LES FEMMES
SONT VICTIMISÉES ET DÉVALORISÉES.
Les films d'épouvante revêtent une toute nouvelle importance
dans le contexte des préoccupations adolescentes relativement à l'amour,
à la sexualité et à l'identité sexuelle. Une étude a permis de constater
que les jeunes hommes apprécient davantage les films d'épouvante en
présence de jeunes femmes de leur âge visiblement apeurées, et que les
jeunes femmes, quant à elles, les apprécient davantage lorsqu'elles
sont accompagnées de jeunes hommes apparemment rassurés29.
Il semble donc que, dans le cadre des fréquentations adolescentes, les
films d'épouvante offrent aux garçons l'occasion de rassurer les filles
(et de démontrer leur maîtrise des situations génératrices de craintes)
et aux filles, d'être rassurées, un rituel qui est significatif et agréable
pour les deux dans le contexte d'une rencontre amoureuse.
UNE ÉTUDE RÉALISÉE AU COURS DES ANNÉES 1980
A RÉVÉLÉ QUE LES PRINCIPAUX CONSOMMATEURS DE PORNOGRAPHIE AU CANADA
SONT LES ADOLESCENTS DE 12 À 17 ANS QUI, DANS UNE PROPORTION DE 38 P.
100 DÉCLARAIENT REGARDER DU MATÉRIEL DE CETTE NATURE À LA TÉLÉVISION,
AU CINÉMA OU SUR VIDÉOCASSETTE AU MOINS UNE FOIS PAR MOIS.
POUR DES RAISONS D'ÉTHIQUE, LA PLUPART DES
RECHERCHES SUR LA PORNOGRAPHIE VIOLENTE ONT ÉTÉ MENÉES AUPRÈS D'ADULTES.
TOUTEFOIS, ON A SOUTENU QUE LES ADOLESCENTS ÉTAIENT ENCORE PLUS SUSCEPTIBLES
D'ÊTRE AFFECTÉS PAR UNE EXPOSITION LA PORNOGRAPHIE VIOLENTE.
Il semble toutefois que cette expérience comporte certains
aspects désagréables pour les filles30. Dans une autre étude,
on note que les adolescentes éprouvent des sentiments beaucoup plus
désagréables face aux vidéocassettes d'horreur, sans doute en raison
des nombreuses scènes où les femmes sont victimisées et dévalorisées
dans ces films (surtout dans ce type de films), qui sont les plus populaires
auprès des adolescents. On a constaté que les adolescentes étaient plus
susceptibles que les adolescents de regretter d'avoir regardé un film
d'horreur31.
Comme l'on pourrait s'y attendre, la consommation d'émissions
musicales commence durant l'adolescence, bien que la télévision ne soit
pas le médium privilégié lorsqu'il est question de musique populaires.
Un sondage effectué auprès des abonnés d'un câblodistributeur américain
a permis de noter que 41 p. 100 des jeunes adolescents soumis au questionnaire
incluaient MTV au répertoire des chaînes qu'ils regardaient (contre
16 p. 100 seulement chez leurs parents dont la moyenne d'àge se situe
au milieu de la trentaine)33. Dans une étude sur les adolescents
américains plus âgés, 80 p. 100 regardaient MTV34. Tout comme
pour les vidéocassettes louées, les adolescentes retirent moins de satisfaction
que les garçons après le visionnement d'une programmation musicale (qu'il
s'agisse d'émissions ou de vidéocassettes)35. On explique
cette différence en fonction de la violence à l'égard des femmes et
de l'imagerie sexiste contenues dans ces présentations vidéo. Même si
des images à la fois sexistes, racistes36 et violentes37
composent sans contredit l'essentiel de certaines émissions et vidéocassettes
musicales, l'analyse de leur contenu38 indique qu'elles ne
sont pas plus violentes que les émissions de télévision présentées aux
heures de grande écoute et, contrairement à la télévision violente,
elles ne représentent pas les femmes plus souvent que les hommes sous
les traits de victimes.
Dans le cadre d'une étude réalisée au cours des années
1980, on a noté que les principaux consommateurs de pornographie au
Canada sont les adolescents de 12 à 17 ans qui, dans une proportion
de 38 p. 100 déclaraient regarder du matériel de cette nature à la télévision,
au cinéma ou sur vidéocassette au moins une fois par mois39.
Les Canadiens de ce groupe d'âge ont exprimé le plus haut taux de tolérance
(35 p. 100) en ce qui concerne le matériel sexuellement violent ou dégradant.
(Le deuxième plut haut taux de tolérance était de 12 p. 100, chez les
Canadiens de 18 à 34 ans.)
Les effets de la pornographie violente sur les téléspectateurs
de sexe masculin sont effectivement inquiétants : tolérance plus généralisée
à l'endroit de la violence faite aux femmes; adhésion plus marquée aux
mythes sur le viol (par ex., que les femmes souhaitent en fait se faire
violer) et agressivité punitive accrue à l'endroit des femmes40.
L'incidence de la pornographie violente sur les adolescentes n'a pas
fait l'objet d'études approfondies, mais une étude signale que les convictions
des jeunes femmes au sujet des mythes entourant le viol n'ont pas été
affectées par un film qui servait à ancrer ces croyances chez de jeunes
hommes41. Il serait logique des 'attendre à ce qu'une exposition
à de la pornographie violente augmente les craintes des filles et réduise
leur estime d'elles-mêmes.
Pour des raisons d'éthique, la plupart des recherches
sur la pornographie violente ont été menées auprès d'adultes (habituellement
des étudiants universitaires). Toutefois, on estime que les adolescents
étaient encore plus susceptibles d'être affectés par une exposition
à la pornographie violente pour les raisons suivantes:
1) même parmi les adultes, les plus jeunes semblent
plus influencés par une pornographie violente et déshumanisante;
2) leur relative inexpérience et leur intérêt marqué
pour la sexualité permettent de supposer que la pornographie serait
leur première exposition à des renseignements de nature sexuelle
explicites à plus dun égard; et
3) l'éducation sexuelle dans les écoles canadiennes
tend à porter surtout sur ses aspects biologiques, de sorte que
les adolescents doivent se tourner vers d'autres médias pour s'initier
aux aspects sociaux et interpersonnels de la sexualité.
Suggestions aux parents
EN DÉPIT DE LA DIFFICULTÉ, TANT POUR LES PARENTS
QUE POUR LEURS ADOLESCENTS, DE DISCUTER DE VIOLENCE SEXUELLE, LE FAIT
DE DÉTRUIRE LES MYTHES ENTOURANT LE VIOL, SOIT AVANT OU APRÈS UNE EXPOSITION
À UN FILM OU À DE LA PORNOGRAPHIE VIOLENTE, RÉDUIT L'IMPACT NÉGATIF
DE CES REPRÉSENTATIONS SUR LES CROYANCES ET LES COMPORTEMENTS.
Les parents contrôlent de moins en moins le nombre
et le genre d'émission que leurs adolescents regardent à mesure qu'ils
grandissent43. Les parents auraient tout intérêt à continuer
d'imposer certaines règles puisque les adolescents dont les parents
n'imposent aucune restriction quant à leurs choix en matière de médias
sont plus susceptibles d'être craintifs et d'adopter des stéréotypes
qui concordent avec ce qu'ils voient à la télévision. Cela est particulièrement
vrai des adolescents dont les rapports avec leurs parents manquent de
« cohésion », de chaleur et d'intimité44. Toutefois, le fait
de maintenir des rapports chaleureux et intimes (un défi qu'il vaut
quand même la peine de relever!) ne suffit pas toujours à contrebalancer
l'influence exercée par la télévision à l'adolescence.
Le fait de regarder la télévision en famille comporte
des avantages, mais on a démontré que le fait d'édifier la cohésion
familiale sur la base de l'écoute télévisuelle intensifie les effets
négatifs de la télévision. Dans un tel contexte, les adolescents sont
davantages exposés à un contenu télévisuel violent, et selon leurs dires,
à apprendre leurs comportements antisociaux (y compris l'agressivité)
par l'entremise de la télévision, et ils accordent plus de foi aux représentations
télévisuelles du monde46. Donc, plutôt que de simplement
regarder la télévision ensemble, il serait bon que les parents incitent
les adolescent à exprimer leurs opinions ainsi qu'à analyser et à remettre
en question le contenu télévisuel puisqu'il a été démontré qu'une telle
stratégie diminue les peurs et l'agressivité des adolescents.
En dépit de la difficulté, tant pour les parents que
pour leurs adolescents, de discuter de violence sexuelle, le fait de
détruire les mythes entourant le viol, soit avant ou après une exposition
à un film ou à de la pornographie violente, s'est révélé apte à réduire
l'impact négatif de ces représentations sur les croyances et les comportements.
Suggestions à l'industrie télévisuelle
Au Canada, la programmation conçue spécialement à l'intention
des adolescents et relativement peu disponible, même si leurs habitudes
télévisuelles indiquent un intérêt à l'endroit des programmes qui sont
le reflet de leurs préoccupations.
À cause de la vulnérabilité particulière des adolescents
et de leur intérêt pour le thème du suicide, les émissions qui traitent
de ce sujet devraient être abordées avec beaucoup de délicatesse. Le
modèle habituel que constitue une augmentation du nombre de suicides
par suite de la diffusion d'émissions sur ce sujet ne s'est pas imposé
lorsque des campagnes d'éducation communautaires ont été élaborées simultanément
à la projection du film. Les contenus télévisuels qui renforcent les
mythes sur le viol sont à écarter définitivement, de même que le moindre
geste malin, dangereux ou violent présenté comme annonciateur de plaisir,
d'émoustillement ou de publicité rapide. De même, on devrait éviter
de présenter les comportements violents comme exigeant peu d'efforts
pour atteindre des résultats si graves et flagrants qu'ils risquent
d'être dévoilés et instantanément connus de tous51. La télévision
devrait plutôt énoncer les risques et les conséquences liés au comportement
violent de façon à décourager les adolescents d'imiter ou d'endosser
de tels gestes.
Si la télévision présentait des émissions qui répondent
aux besoins et aux intérêts des adolescents, le nombre de vidéos d'horreur
et de vidéos pornographiques que ces derniers regardent s'en trouverait
réduit.
Notes
1Caron, 1992,
1993, au Canada; Csikszentmihalyi et Larson, 1984, Fine, Mortimer
et Roberts, 1990, et Neuman, 1988, aux États-Unis; Johnsson-Smaragdi,
1983, et Rosengren et Windahl, 1989, en Suède).
2Larson, Kubey
et Colletti, 1989.
3À ce propos,
Lull (1990) parle du rôle social de la télévision comme d'un prolongement
de la famille. Conformément à cette théorie, c'est le temps passé
à la regarder en famille et non pas à la regarder seul qui diminue
à l'adolescence.
4Larson et coll.,
1989; Kubey, 1990, Csikszentmihalyi et Larson, 1984; Kubey et
Csikszentmihalyi, 1990.
5Johnsson-Smaragdi,
1983.
6Csikszentmihalyi
et Larson, 1984.
7Caron, Nardella
et coll., 1993; Hawkins, Reynolds et Pingree, 1991; Larson et
coll., 1989.
8Faber et coll.,
1986.
9Kelly, 1981.
10Dorr, 1983.
11Kelly, 1981
et Buckingham, 1993.
12Buckingham,
1993, pp 230.
13Krendl et
Lasky, 1989; Kubey et Csikszentmihalyi, 1990
14Dorr, 1983.
15Johnsson-Smaragdi,
1983.
16Par exemple,
Huesmann et Eron, 1984; Dominick, 1984.
17Par exemple,
Stanley et Riera, 1976; Heller et Polsky, 1976.
18Heller, 1978,
cité dans Liebert et Sprafkin, 1988.
19Winick et
Winick, 1979.
20Wilson et
Hunter, 1983.
21Wilson et
Hunter, 1983; Huesmann, 1982.
22Phillips et
Carstensen, 1986; Gould et Shaffer, 1986; Gould et coll., 1988.
23Phillips et
Paight, 1987; Kessler et Stipp, 1984.
24Ridley-Johnson
et coll., 1991.
|
25Wass, Raup
et Sisler, 1989; Cantor et Reilly, 1982.
26Potter et Chang, 1990.
27Potter, 1986.
28Slater et
Elliott, 1982; Potter, 1986; Weaver et Wakshlag, 1986.
29Zillmann et
Bryant, 1986.
30Kubey et Csikszentmihalyi,
1990.
31Cantor et
Reilly, 1982.
32Larson et
coll., 1989; Caron, Frenette et coll., 1992; Caron, Nardella et
coll., 1993; Greenfield, Bruzzone et coll., 1987.
33Heeter et
coll., 1988.
34Sun et Lull,
1986.
35Larson et
coll., 1989.
36Par exemple,
Brown et Campbell, 1986.
37Par exemple,
Sherman et Dominick, 1986.
38Voir Gerbrier,
1988, pour une analyse de la recherche américaine Spears et Seydegard,
1993, pour une analyse du contenu canadien.
39Check et colt.,
1985.
40par exemple,
Linz, Donnerstein et Penrod, 1984; voir Malamuth et Billings,
1986; Malamuth et Briere, 1986; et Malamuth 1989, pour une analyse.
41Malamuth et
check, 1981.
42Check et LaCrosse,
1989.
43Par exemple,
Lin et Atkin, 1989. 44Rothschild et Morgan, 1987.
45Rothschild
et Morgan, 1987.
46McLeod et
Brown, 1976.
47McLeod et
Brown, 1976.
48Linz, Fuson
et Donnerstein, 1990; Malamuth et Briere, 1986.
49Caron, Frenette
et coll., 1992; Caron, Nardella et coll., 1993.
50Gould et colt.,
1988.
51Heller, 1978,
cité dans Liebert et Sprafkin, 1988, pp 125.
|
CONCLUSION
LES EFFETS DE LA VIOLENCE TÉLÉVISUELLE INCITENT
CES ENFANTS «À RISQUE» À DEVENIR ENCORE PLUS AGRESSIFS QU'ILS NE LE
SERAIENT AUTREMENT ET BIEN QUE LE MEMBRES DE CE GROUPE NE REPRÉSENTENT
QU'UNE MINORITÉ DE TÉLÉSPECTATEURS, ILS SONT PLUS SUSCEPTIBLES DE CONSTITUER
LA MAJORITÉ DES AGRESSEURS. CE FAIT MÉRITE EN SOI QUE L'ON PRÊTE ATTENTION
À CES TÉLÉSPECTATEURS MÊME S'ILS NE NOUS PRÉOCCUPAIENT PAS POUR D'AUTRES
RAISONS.
Les parents peuvent certainement exercer une influence
sur les effets du contenu télévisuel sur leurs enfants. Toutefois, un
outil de divertissement qui prétend répondre aux besoins du public canadien
ne devrait pas comporter un aussi grand nombre de scènes potentiellement
nocives au point où l'on considère négligents les parents qui ne surveillent
pas constamment l'écoute de la télévision de leurs enfants. Les enfants
dont les parents possèdent la motivation et les ressources qui leur
permettent d'être des médiateurs vigilents et dynamiques éviteront sans
doute la plupart des effets pernicieux du contenu télévisuel. Mais ce
ne sont pas tous les parents qui agiront ainsi, et les enfants les plus
vulnérables aux effets de la violence télévisuelle sont sans doute ceux
dont les parents sont susceptibles dêtre moins vigilents (par
exemple, les parents violents et les parents de familles en situation
de détresse).
Il est certainement vrai que la violence télévisuelle
n'est pas à l'origine de tous les comportements agressifs des enfants.
De même, il est vrai que certains enfants sont beaucoup plus susceptibles
que d'autres d'être touchés par cette violence et que ces enfants sont
de toute façon plus susceptibles de devenir agressifs. Mais les effets
de la violence télévisuelle incitent ces enfants « à risque » à devenir
encore plus agressifs qu'ils ne le seraient autrement. Le groupe le
plus particulièrement vulnérable ne représente qu'une minorité de téléspectateurs,
mais ils sont plus susceptibles de constituer la majorité des agresseurs.
Ce fait mérite en soi que l'on se penche avec attention sur ces téléspectateurs
ainsi que sur le contenu violent de la télévision.
ANNEXE 1:
EFFETS DE LA VIOLENCE TÉLÉVISUELLE SUR LES
GROUPES PARTICULIEREMENT VULNÉRABLES
LES ENFANTS VICTIMES DE VIOLENCE REGARDENT
DAVANTAGE LA TÉLÉVISION QUE LES AUTRES ENFANTS, PRÉFÈRENT LES ÉMISSIONS
VIOLENTES ET SEMBLENT ADMIRER LES HÉROS VIOLENTS. LES ENFANTS QUI SONT
À LA FOIS VICTIMES DE VIOLENCE ET TÉLÉSPECTATEURS INTENSIFS AURONT DAVANTAGE
TENDANCE À COMMETTRE PLUS TARD DES CRIMES VIOLENTS.
Bien que cette question déborde du cadre du présent
rapport en ce qui a trait à ses détails, il y a lieu de mentionner qu'il
existe des groupes d'enfants particulièrement sensibles aux effets de
la violence télévisuelle, au-delà des considérations relatives à leur
développement mentionnées précédemment. Ces groupes sont:
1) Les enfants d'immigrants et de groupes minoritaires,.
Ces enfants sont particulièrement vulnérables parce qu'ils ont tendance
à beaucoup regarder la télévision. Ils peuvent regarder les émissions
de divertissement dans le but de mieux connaître la culture de leur
pays d'adoption. Il est possible qu'ils n'y voient pas beaucoup d'acteurs
représentant leur propre culture et ceux qu'ils y voient sont représentés
d'une manière stéréotypée ou dévalorisant (par ex., le « méchant »).
Au Canada, le pouvoir de la télévision d'homogénéiser les cultures et
de véhiculer des messages qui dévalorisent les traits culturels différents
suscite une inquiétude particulière.
2) Les enfants qui éprouvent des problèmes sur le plan
affectif ou sur le plan de leur apprentissage2. La vulnérabilité
de ce groupe tient, entre autres, à son attirance pour les émissions
violentes, une écoute très prolongée de la télévision, leur identification
aux personnages violents et leur tendance à voir la télévision comme
un reflet de la réalité.
3) Les enfants victimes de la violence de leurs parents3.
Les enfants victimes de violence regardent davantage
la télévision que les autres enfants, préfèrent les émissions violentes
et semblent admirer les héros violents. Les enfants qui sont à la fois
victimes de violence et téléspectateurs intensifs auront davantage tendance
à commettre des crimes violents plus tard dans leur vie.
4) Les familles en difficulté. Les enfants dont les
familles sont exposées à de hauts degrés de stress regardent plus la
télévisions et risquent de recevoir moins d'attention et de soutien
de la part de leurs parents.
Notes
1Par exemple, Berry et Mitchell-Kernan,
1982; Granzberg, 1985a, 1985b; Grelenberg, 1986; Zohoori, 1988.
2Voir Sprafkin, Gadow et Abelman, 1992,
pour une analyse plus approfondie.
3Donohue, Henke et Morgan, 1988; Heath,
Kruttschnitt et Ward, 1986.
4Par exemple, Henggeler, Cohen, Summerville
et Ray, 1991; Tangney, 1988; Tangney et Feshbach, 1988.
ANNEXE II:
RÉACTIONS AUX CRITIQUES FRÉQUEMMENT FORMULÉES
CONTRE LA RECHERCHE SUR LA VIOLENCE ET L'AGRESSIVITÉ À LA TÉLÉVISION
L'ANALYSE DES RÉSULTATS PRODUITS PAR LES ÉTUDES
QUI ONT LE PLUS RIGOUREUSEMENT ADHÉRÉ AUX NORMES SUGGÉRÉES PAR LES CRITIQUES
A À NOUVEAU APPUYÉ LA THÈSE SELON LAQUELLE LA VIOLENCE TÉLÉVISUELLE
INFLUE À LA HAUSSE SUR LE TAUX D'AGRESSIVITÉ.
Certains auteurs n'acceptent toujours pas la conclusion
selon laquelle la télévision violente accroît le degré d'agressivité
chez les enfants et amplifie les frayeurs enfantines1. Voici
les critiques types généralement soulevées et les réponses qu'elles
suscitent habituellement2.
1. « Personne ne s'est encore prononcé de façon définitive
sur les effets de la télévision : la recherche est incohérente et présente
des lacunes. »
Le présent rapport n'a passé en revue que les travaux
de recherche relatifs aux effets de la violence télévisuelle sur les
enfants selon leur âge. Il existe des centaines d'études qui n'ont pas
été passées en revue pour ce rapport parce qu'elles n'offraient pas
de données sur les effets de la violence selon l'à des téléspectateurs.
La grande majorité des universitaires qui ont étudié ce corpus de recherche
en ont conclu que la télévision augmente effectivement le degré d'agressivité
et les craintes des enfants. Les chercheurs qui ont encore des doutes
à ce sujet forment une minorité. Quelques études ne sont pas arrivées
à ces résultats, contrairement à la grande majorité qui présentent des
données à l'appui de cette conclusion.
Si les premières recherches sur la question (notamment
celles des années 1950 et 1960) ont à juste titre fait l'objet de critiques
à cause de leurs nombreuses failles, les méthodes se sont constamment
améliorées depuis. Les modèles ont été repensés, de nouveaux ont été
adoptés, et suffisamment d'études ont été effectuées pour permettre
l'établissement de modèles cohérents. C'est en grande partie en réaction
aux critiques qui lui étaient adressées que le corpus de recherches
a évolué et qu'il nous permet de tirer nos conclusions actuelles. L'analyse
des résultats produits par les études qui ont le plus rigoureusement
adhéré aux normes suggérées par les critiques a à nouveau appuyé la
thèse selon laquelle la violence télévisuelle influe à la hausse sur
le taux d'agressivité.
L'opinion consensuelle parmi les intervenants les plus
crédibles tend donc à confirmer qu'effectivement, la violence télévisuelle
exacerbe l'agressivité et amplifie les frayeurs enfantines. Le United
States Surgeon Generald4, la Commission royale d'enquête
sur la violence dans l'industrie des communications5, l'American
National Institute of Mental Health6, l'UNESCO7,
l'American Psychological Association8, le CRTC9
et le Comité permanent des communications et de la culture de la Chambre
des communes du Canada10 ont en outre récemment rendu publics
des rapports à l'appui de cette conclusion.
2. « L'effet est trop minime pour produire un impact
réel. »
Certes, la violence télévisuelle ne peut à elle seule
être tenue responsable de la variabilité des taux d'agressivité chez
les enfants, peu importe l'étude où ce thème a été abordé. Le taux varie
en général de 10 à 20 p. 100 dans la plupart des études11.
Même s'il semble minime, il n'est pas négligeable,
LE MONDE TEL QU'ON LE REPRÉSENTE À LA TÉLÉVISION
AUX HEURES DE GRANDE ÉCOUTE ET LE SAMEDI MATIN EST BEAUCOUP PLUS VIOLENT
QUE DANS LA «VRAIE VIE». LE TAUX DE CRIMINALITÉ Y EST ENVIRON DIX FOIS
PLUS ÉLEVÉ QU'IL N'EST EN RÉALITÉ ET LA PLUPART DES PERSONNAGES DE TÉLÉVISION
QUI MEURENT, MEURENT DE FAÇON VIOLENTE.
compte tenu des autres facteurs qui influent sur l'agressivité,
comme l'identité sexuelle et la classe sociale. Le comportement humain
est complexe. Les facteurs qui le déterminent sont multiples. Une variable
ne peut à elle seule engendrer l'agressivité ni aucun autre trait humain.
3. « Il n'existe même pas de définition claire de la
violence. »
Il est vrai que la recherche a eu recours à de nombreuses
définitions de la violence, mais la plupart d'entre elles s'entendent
pour affirmer que la violence implique une personne qui fait délibérément
du mal à une autre. Dans les faits, nous sommes ainsi en mesure de déterminer
avec précision les situations télévisuelles qui sont vraiment responsables
de l'agressivité chez les enfants. Lorsqu'ils s'expriment sur la violence
à la télévision, la plupart des Canadiens parlent d'un même ensemble
de situations et d'exemples.
4. « La violence télévisuelle n'est que le reflet de
la réalité. »
Comme nous l'avons mentionné abondamment dans ce rapport,
le monde tel qu'on le représente à la télévision aux heures de grande
écoute et le samedi matin, est beaucoup plus violent que dans la « vraie
vie ». Le taux de criminalité y est environ dix fois plus élevé qu'il
n'est en réalité et la plupart des personnages de télévision qui meurent,
meurent de façon violentes.
5. « Il y a de la violence à la télévision parce que
c'est ce que les gens veulent voir. »
Comme nous l'avons mentionné précédemment, même si
les émissions de télévision violentes tendent à être populaires auprès
des enfants et de certains adultes, ce n'est pas la violence en soi
qui les rend attrayantes. D'autres caractéristiques pourraient être
utilisées à la télévision pour plaire davantage aux différents publics.
George Comstock a suggéré que ce sont en fait les créateurs des émissions
destinées au grand public qui « voient la violence d'un bon oeil parce
qu'ils la jugent conforme aux spécifications du produit, à savoir: conflit
facile à représenter visuellement, conventions comprises de tous, action
accrocheuse, et crescendo du suspense à répétition, au rythme des messages
publicitaires. »13
Notes
1Voir, par exemple, Duhs et Gunton (1988);
Freedman (1986 et 1988), Locke (1974), Lande (1993), Stipp et Milavsky
(1988).
2Voir par exemple, Comstock et Strasburger
(1990); Friedrich-Cofer et Huston (1986); Rosenthal (1986); Silver (1993);
Tan (1986).
3Par exemple, Turner, Hesse et Petersen-Lewis,
1986; Wood, Wong et Chachere, 1991)
4Cisin et coll., 1972).
5Commission royale d'enquête sur la violence
dans l'industrie des télécommunications, 1976.
6Pearl et coll., 1982.
7Gerbner, 1988.
8Huston, Donnerstein et coll., 1992.
9Martinez, 1992.
10Comité permanent des communications et
de la culture de la Chambre des Communes du Canada, 1993
11Voir par exemple, Rosenthal, 1986 et
Wood et coll. 1991.
12Voir par exemple Gerbner, Morgan et Signorelli,
1982.
13Comstock 1982.
ANNEXE III:
RECHERCHE SUR LES JEUX VIDÉO VIOLENTS ON POURRAIT
S'ATTENDRE À CE QUE LES JEUX VIDÉO AIENT UN IMPACT ENCORE PLUS MARQUÉ
PARCE QUE LES RÉACTIONS AGRESSIVES POURRAIENT
ÊTRE RENFORCÉES PAR LA DYNAMIQUE MÊME DU JEU,
QUI POUSSE L'INDIVIDU À POSER DES GESTES SYMBOLIQUES D'AGRESSIVITÉ.
PUISQUE LA VIOLENCE N'EST PAS UN FACTEUR PRÉPONDÉRANT DANS L'ATTRAIT
QU'EXERCENT LES JEUX VIDÉO SUR LES ENFANTS, L'ALLOCATION DE RESSOURCES
CONSACRÉES À LA CRÉATION OU À L'ACHAT DE JEUX NON VIOLENTS (DU MOINS
JUSQU'À CE QUE LA RECHERCHE SUR L'EFFET DES JEUX VIOLENTS AIT PROGRESSÉ)
NE DEVRAIT PAS ÊTRE SI ASTREIGNANTE POUR LES PROMOTEURS DE CES JEUX
NI POUR LES ENFANTS QUI EN FONT L'USAGE.
Très peu de recherches ont été publiées sur l'impact
des jeux vidéo violents sur le comportement agressif1. Bien
que les enfants, comme leurs parents, tendent à évaluer les jeux vidéo
plus positivement que la télévision2 les similarités entre
télévision violente et jeux vidéo violents sont suffisamment grandes
pour s'attendre à trouver une certaine hausse des comportements agressifs
associés à l'utilisation de jeux violents. En fait, on pourrait s'attendre
à ce que les jeux vidéo aient un impact encore plus marqué parce que
les réactions agressives pourraient être renforcées par la dynamique
même du jeu, qui pousse l'individu à poser des gestes symboliques d'agressivité3.
Selon certaines recherches, les effets produits par des armes-jouets
ou des jeux de compétition sont comparables à ceux que produit une exposition
à la violence télévisuelle4.
La majorité des études5 n'ont découvert
aucun effet des jeux vidéo violents sur le taux d'agressivité des enfants,
mais une étude a rapporté que les jeux vidéo et les dessins animés violents
exacerbent au même degré, passablement élevé, le taux d'agressivité
durant les périodes de jeu6.
Malgré sa faible représentativité, ce signe de l'effet
pernicieux de la violence des jeux vidéo sur le comportement suggère
qu'il y a lieu d'exercer une certaine prudence avant de les déclarer
inoffensifs. Il faut garder à l'esprit que la recherche sur les effets
de la violence télévisuelle a également commencé par faire état d'effets
relativement bénins et minimes7 tout en s'attirant une critique
pour sa piètre méthodologie. Une fois que les chercheurs ont mieux compris
le médium et les comportements types, en fait, suffisamment pour construire
des modèles d'études appropriés, les effets sont devenus apparents et
ce, de façon constante. Il pourrait bien en être ainsi de la recherche
sur les jeux vidéo.
En deuxième lieu, on a noté que les jeux qui avaient
été testés pour en mesurer les effets sur l'agressivité étaient des
jeux qui font appel à l'imagination et dont les cibles ne sont pas humaines8
et toutes, sauf une, s'étaient penchées sur l'effet de tels jeux sur
des joueurs de la seconde enfance. Les jeux dont les cibles sont humaines
ou quasi-humaines peuvent produire des effets plus marqués, et les enfants
qui ne distinguent pas si nettement le réel de l'imaginaire peuvent
être davantage affectés9.
En dernier lieu, on a constaté que la violence n'est
pas un facteur contributif prépondérant dans l'attrait qu'exercent les
jeux vidéo sur les enfants 10. L'allocation de ressources
qui seraient consacrées à la création ou à l'achat de jeux non violents
(du moins jusqu'à ce que la recherche sur l'effet des jeux violents
ait progressé) ne devrait pas être si astreignante pour les promoteurs
de ces jeux ni pour les enfants qui en font usage.
Notes
1 Ledingham et coll., 1993.
2 Sneed et Runco, 1992.
3 Loftus et Loftus, 1983.
4 Huston et Wright, 1989; Turner et Goldsmith,
1976; Rocha et Rogers, 1976.
5 Trois études passées en revue par Ledingham
et coll.
6 Silvern et Williamson, 1987.
7 Himmelweit et coll., 1958; Schram et
coll., 1961.
8 Loftus et Loftus, 1983.
9 Berkowitz et ses collègues (par ex.,
Berkowitz et Geen, 1966) signalent que la similarité des cibles réelles
et des cibles filmées contribuait de façon importante à l'augmentation
du taux d'agressivité après le visionnement de films violents.
10 Greenfield, 1984.
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