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La présente publication a été élaborée sous contrat par
Andy Wachtel
Services de recherche
United Way of the Lower Mainland

pour le compte du
Groupe de réflexion national sur l'enfance maltraitée ou négligée
Unité de la prévention de la violence familiale
Santé Canada

Les conclusions et les avis exprimés sont ceux du chercheur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de Santé Canada. Ce rapport ne doit pas être copié à des fins commerciales, mais toute autre reproduction qui indique la source est encouragée

Publication autorisée par le ministre de la Santé nationale et du Bien-être social

© Ministre des Approvisionnements et Services Canada 1994

Cat. H72-21/113-1994F     ISBN 0-662-99384-5

Also available in English under the title:
Child Abuse and Neglect: A Discussion Paper and Overview of Topically Related Projects

Remerciements

Le document de travail a été rédigé à la demande du Groupe de réflexion national sur l'enfance maltraitée ou négligée, organisme bénévole qui prodigue ses conseils à la Unité de la prévention de la violence familiale de Santé Canada. Le Groupe est composé des personnes suivantes:

  • Margo Buck
    Child Protection Centre, Manitoba
  • Ross Dawson
    Institut pour la prévention de l'enfance maltraitée, Ontario
  • Thérèse Johnson
    Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec
  • John Meston
    Institut Vanier de la famille, Ontario
  • Marilyn Peers
    Children's Aid Society, Nouvelle-Écosse
  • Brian Raychaba
    Réseau national des jeunes pris en charge et de membres du personnel de la Unité de la prévention de la violence familiale, dont:
    Gisèle Lacroix, Liette Lalonde, Carole Miron, Gordon Phaneuf, Nycole Roy et Cynthia Waugh.

Je les remercie tous de m'avoir fourni une orientation générale, des conseils et des critiques éclairées. Je remercie également le personnel de la Unité de la prévention de la violence familiale (et du Centre national d'information sur la violence dans la famille) de m'avoir aidé tout au long de mon travail en mettant documents et suggestions à ma disposition. Je dois mentionner, enfin, de façon particulière, ceux et celles qui ont accepté d'être mes personnes-ressources sur le plan local:

  • Ruth Annis
    Nisha Family and Children's Services Society
  • Bill McFarland
    Parents in Crisis
  • Richard Sullivan
    School of Social Work, Université de la Colombie-Britannique.

Aperçu

La présente étude fait une évaluation de l'orientation actuelle de la politique canadienne en matière de mauvais traitements et de négligence envers les enfants. La première partie définit ce qu'il faut entendre par violence physique, négligence ou toute autre forme de mauvais traitements à l'égard des enfants. On fait ensuite l'historique de l'intérêt pour la question (période qui remonte à 1962, avec l'apparition de l'expression «syndrome de l'enfant battu»). C'est d'abord la violence physique envers les enfants qui a occupé l'avant-scène en reléguant la négligence à l'arrière-plan. Ensuite, l'exploitation sexuelle des enfants a accaparé toute l'attention, aux dépens de la violence physique. L'exploitation sexuelle intra-familiale (l'«inceste») a pris la vedette en retirant aux mauvais traitements en milieu institutionnel l'intérêt tout neuf dont ils bénéficiaient mais l'attention s'est de nouveau portée sur cette dernière question quand le scandale de l'exploitation sexuelle dans les établissements a éclaté au grand jour.

Au cours de la même période, le concept de violence familiale a gagné du terrain car il cristallisait des appréhensions très répandues au sujet des problèmes de la société. Avec le temps, ce concept en est venu à recouvrir les diverses formes de mauvais traitements dont pouvaient être victimes les enfants. Comme les mauvais traitements ne sont pas toujours le fait d'un membre de la famille (et quels ne se limitent pas à la violence), il a fallu étendre le concept de violence familiale pour qu'il puisse englober tous les différents cas. À son tour, le processus a nécessité certaines modifications à la manière dont on catégorisait les mauvais traitements. Enfin, on a dû ajouter une nouvelle catégorie, dont l'existence était devenue évidente pour les intervenants auprès des femmes maltraitées: le fait pour l'enfant de devoir assister aux scènes de violence dans la famille.

La thèse exposée ici est la suivante: en polarisant sur la violence familiale, on a favorisé l'établissement d'un programme d'appui à la famille, lequel aborde sous un angle nouveau le problème de la violence physique et de la négligence. D'une certaine façon, ce phénomène a ouvert de nouvelles avenues et a fourni une nouvelle plate-forme pour l'intervention contre la violence physique et la négligence. Par ailleurs, l'élan ainsi donné a été renforcé par d'autres tendances de politique sociale. Il faut mentionner, notamment, le mouvement à long terme en faveur de mesures «le moins restrictives possible» dans le secteur de l'aide à l'enfance, un intérêt nouveau pour la pauvreté chez les enfants, et les questions soulevées par la mise sur pied d'un réseau parallèle d'aide à l'enfance chez les autochtones. Au regard de chacune de ces tendances, la présente étude tire un certain nombre de conclusions en faveur de la lutte contre les mauvais traitements infligés aux enfants. Certaines de ces conclusions préconisent un engagement soutenu ou un investissement supplémentaire de la part des autorités fédérales.

La deuxième partie du document donne un aperçu des 20 programmes se rapportant aux mauvais traitements à l'égard des enfants qui sont financés (en tout ou en partie) par la Unité de la prévention de la violence familiale. Comme ces programmes ne sont pas le résultat d'une seule et unique initiative, ils forment un ensemble plutôt disparate. Pour cette raison, ils ne sont pas soumis ici à un examen en bonne et due forme niais simplement regroupés par catégories, soit: i) matériel de formation; ii) examens et analyses de la documentation, iii) études de recherche et d'évaluation, iv) comptes rendus de conférence; v) répertoires de programmes. On veut donner un aperçu du genre d'activités pour lesquelles la Division accorde son appui et du rôle joué par cette dernière.

L'annexe I résume succinctement chacun des rapports en s'attardant aux aspects pertinents à la présente étude. Cela permet au lecteur de se faire une idée de l'intérêt particulier des programmes.

La politique en matière de mauvais traitements et de négligence envers les enfants - thèmes et tendances

Thèse

Il y a quelques années, l'orientation de la lutte contre les mauvais traitements et la négligence envers les enfants suscitait encore un certain débat. L'une des questions non résolues était la suivante: dans quelle mesure les mauvais traitements infligés aux enfants relèvent-ils de la violence familiale1? Le présent document défend la thèse selon laquelle la question a été amplement réglée au niveau «micro-politique», là où l'intervention déborde les définitions. De plus en plus, le problème des mauvais traitements et de la négligence envers les enfants est perçu comme une cible pour la prévention et l'intervention dans le cadre d'un programme global d'appui à la famille. Ce programme élargi est d'ailleurs assez bien défini aujourd'hui. Si l'on ignore encore jusqu'à quel point il se concrétisera, on peut affirmer, par contre, qu'il a d'importantes conséquences sur l'axe entier des services de santé et d'aide sociale.

Un réalignement des définitions

Les dernières décennies n'ont pas changé radicalement les définitions dans le domaine des mauvais traitements à l'égard des enfants. On a plutôt assisté à une différenciation des types de mauvais traitements, voire à l'apparition de nouvelles catégories, à mesure que de nouveaux phénomènes demandaient à être mieux compris. Ainsi, l'intérêt premier pour la violence physique envers les enfants s'est doublé d'un intérêt pour la négligence, puis pour la violence psychologique et l'exploitation sexuelle, et enfin, plus récemment, pour le sort de l'enfant témoin de la violence au sein de sa famille et pour la violence rituelle.

Malheureusement, ces différents «types» de mauvais traitements n'ont pas été définis à l'aide des mêmes critères. Autrement dit, leur définition ne permet pas de reconnaître clairement les rapports qui les lient. D'une façon plus générale, par suite des changements survenus dans l'intérêt porté à telle ou telle forme de mauvais traitements, les catégories retenues sont difficiles à délimiter, il y d'incohérence, en particulier, lorsqu'on essaie de décider si les torts causés à l'enfant dans le contexte familial doivent être considérés de la même manière que les torts causés dans d'autres contextes. Nous proposons ici une brève discussion à ce sujet.

On fait habituellement remonter (Pfohl, 1977) le renouveau d'intérêt pour l'enfance maltraitée à la publication d'un article sur le «syndrome de l'enfant battu» (Kempe et al., 1962), qui a attiré l'attention des médecins sur la reconnaissance de la violence physique déguisée en accident ou en maladie2. En un laps de temps remarquablement court, l'intervention face à la violence physique envers les enfants est devenue l'une des priorités les plus urgentes du programme public, et le gouvernement légifère actuellement pour réglementer la divulgation des cas et les mesures de protection de l'enfant. En cours de route, le processus a donné lieu à un élargissement de la problématique, pour y indure les cas de négligence.

Selon cette perspective, la violence physique et la négligence constituent deux aspects complémentaires des mauvais traitements à l'égard des enfants. La violence physique désigne les torts causés directement à l'enfant par l'un des parents ou par les deux parents qui comportent des risques pour la santé, le développement ou la vie de l'enfant (les actes commis); la négligence recouvre les torts causés indirectement à l'enfant par le fait que l'un des parents ou les deux refusent à ce dernier les soins nécessaires sur les plans de la santé, de la nutrition, de l'hébergement, de l'éducation, de la supervision, de l'affection, de l'attention ou de la protection (les actes omis)3. Dans les deux cas, les mauvais traitements sont définis essentiellement dans le contexte de la famille; les dispositions législatives sur l'agression, la négligence, etc. visent également les mauvais traitements infligés aux enfants par les autres personnes chargées de leur prodiguer des soins ou par des personnes étrangères à la famille.

L'exploitation sexuelle de l'enfant a été définie un peu plus tard; l'expression englobe l'ensemble des actes d'agression sexuelle au sens large commis à l'endroit d'enfants. Bien que le phénomène soit avant tout intra-familial, les études se rapportant à la protection de l'enfance réclament très tôt l'élargissement de la notion d'«inceste» afin qu'elle puisse recouvrir toute une diversité d'actes et de relations victime-agresseur (MacFarlane, 1978). Une telle position se fonde sur plusieurs a priori, dont les suivants: premièrement, ce ne sont pas seulement les rapports sexuels qui font du mal à l'enfant; deuxièmement, l'abus de confiance que représente l'exploitation sexuelle d'un enfant par un membre de sa famille tire plus sa gravité des relations sociales enjeu que des liens biologiques. Le Code criminel, qui ne définit pas l'exploitation sexuelle dans un contexte familial (on y parle, par exemple d'«infraction d'ordre sexuel», de «viol au sens de la loi» et de «grossière indécences, se retrouve au coeur du débat et doit subir plusieurs changements pour permettre la poursuite des agresseurs d'enfants (voir Badgley, 1984). De nouvelles infractions, plus englobantes, sont définies, comme les «contacts sexuels » et l'«incitation aux contacts sexuels»; certaines dispositions qui proposent des définitions assez étroites (comme celles sur l'inceste et sur les parents entremetteurs) et qui n'ont d'ailleurs jamais été très invoquées, sont pratiquement abandonnées (Hornick et Bolitho, 1992).

Le quatrième type de mauvais traitements le plus communément cité est la violence psychologique (ou émotionnelle). Cette expression désigne tous les actes (et toutes les émissions) qui blessent ou affaiblissent la confiance en soi, le sentiment de sécurité, le sens social, le sens du réel, etc. chez l'enfant, ou qui compromettent autrement la santé ou le développement psychologique de l'enfant4. De toutes les catégories reconnues de mauvais traitements, il s'agit de la plus importante dans l'optique thérapeutique. Elle est également centrale d'un point de vue théorique en ce qu'elle recoupe et unifie toutes les autres catégories (Garbarino et al., 1986). Toutefois, comme la violence psychologique est difficile à documenter, elle n'est pas très présente dans les rapports de divulgation ni prioritaire dans les enquêtes criminelles ou les interventions visant à protéger l'enfant (Mulford, 1958; Class, 1960; Downs, 1963; Isaacson, 1966; Drews et al., 1979).

Au début, la violence psychologique était surtout perçue dans le contexte familial. On a fini toutefois par y reconnaître l'une des composantes de l'exploitation sexuelle et de la violence rituelle qui s'exercent à l'extérieur de la famille (deux cas oÙ l'enfant est inévitablement terrorisé et endoctriné). De la même façon, la violence psychologique et la négligence sont apparues comme des aspects particuliers des mauvais traitements infligés dans des établissements (la question est traitée plus loin).

Ces premières définitions des mauvais traitements à l'égard des enfants ont été remises en question quand le secteur tout entier a basculé dans celui de la violence familiale. Ce dernier comprend trois volets: la violence conjugale, les mauvais traitements à l'égard des enfants, les mauvais traitements à l'égard des aînés (dans cet ordre d'importance)5. Une préoccupation sert ici d'élément unificateur: la famille est une institution sociale centrale qui est menacée sur plusieurs fronts. Cette préoccupation a été jusqu'ici assez forte pour qu'on passe outre aux problèmes de définition qui se posent (pour tous les types de mauvais traitements, quoique dans une moindre mesure pour la violence envers les femmes) dès qu'on sort du contexte familial. La mise en évidence de la violence familiale permet, par contre, d'aborder l'ensemble de la question sous une perspective commune. On procède notamment à l'analyse des déséquilibres de forces et des clivages sociaux en présence (sexisme, âgisme, racisme, discrimination fondée sur la capacité physique et mentale), en s'efforçant de les rattacher à l'idéologie du «patriarcat»6. Dans une telle optique, certains groupes (les femmes, les enfants, les aînés, les personnes de couleur, les personnes handicapées, etc.) sont plus exposés aux mauvais traitements que d'autres.

Cette perspective, qui a ses origines dans le féminisme, influence la théorie (et, jusqu'à un certain point, la politique) sur les mauvais traitements à l'égard des enfants. Dans l'ensemble, toutefois, le débat public sur la violence familiale, et la mobilisation générale pour son élimination, garde un caractère conservateur. D'ailleurs, la violence familiale est également perçue d'un point de vue d'inspiration chrétienne fondamentaliste, selon lequel le déclin de la famille est la conséquence des attaques faites au «patriarcat» (compris comme ordre social fondé sur une inspiration transcendante) et de la déstabilisation sociale qui en résulte.

En fait, la violence familiale étant devenue ce concept global applicable à une grande diversité de points de vue, l'expression peut dissimuler des différences réelles dans l'emploi des termes, à commencer par ce qu'on désigne par le mot «famille» et ce qu'il faut entendre par «violence»7. Plus on s'efforce d'intégrer à la notion de violence familiale différents types de mauvais traitements, plus celle-ci s'élargit et perd ses contours; elle devient une métaphore extensible qui désigne aussi bien les mauvais traitements en milieu institutionnel que la violence dans les fréquentations ou les mauvais traitements et la négligence envers les enfants.

Si le tableau risque de perdre de sa netteté lorsqu'on adopte la perspective de la violence familiale, il y a également des avantages à en retirer. Par exemple, la juxtaposition de deux problématiques comme les mauvais traitements infligés aux enfants et la violence conjugale a eu des effets évidents sur les définitions. Elle a permis que soit ajoutée (officiellement dans certaines politiques provinciales de protection de l'enfant, et en pratique, dans les services dispensés partout au pays) une cinquième catégorie de mauvais traitements à l'égard des enfants, soit lorsque l'enfant est soumis aux scènes de violence conjugale8. Le problème fait l'objet de nombreuses tentatives de définition et de maintes initiatives de sensibilisation de la part des personnes engagées dans le mouvement des maisons de transition.

En fait, c'est toute la question de la croissance au sein d'une famille dysfonctionnelle ou en proie à la violence et au chaos qui est soulevée par la perspective de la violence familiale (Fairholm, 1990), et toute la question des effets sur l'enfant des mauvais traitements (sexuels ou non) infligés par ses frères et soeurs, de l'alcoolisme ou des problèmes psychologiques de ses parents, etc. Avec le temps, certaines conséquences des mauvais traitements subis dans l'enfance sont devenues des questions sociales à part entière - sous l'impulsion, par exemple, de programmes d'auto-assistance comme Adult Children of Alcoholics; d'autres pourraient bien être reconnues un jour comme types particuliers de mauvais traitements à l'égard des enfants.

Si l'on élargit le débat pour y indure les enfants pris en charge par l'État (considéré alors comme «parent»), le tort indirect causé à l'enfant quand la formule choisie n'est pas adéquate (multiplicité de placements, changement fréquent de parents-substitus, séparation des frères et soeurs, etc.) constitue une autre forme de violence familiale (Community Panel..., 1992).

Pour résumer, le concept de «violence familiales est large et imprécis. Il est invoqué par des personnes qui se réclament des pôles opposés des différents axes idéologiques et qui peuvent fort bien tirer de leur analyse des conclusions divergentes pour la pratique. Qui plus est, lorsqu'on ajoute à ce concept les mauvais traitements à l'égard des enfants (ou les mauvais traitements infligés aux aînés, phénomène en grande partie extra-familial lui aussi), on doit considérer le terme «famille» plus comme une métaphore que comme un exemple d'institution sociale cohésive. De la même façon, il faut élargir le concept de «violence» pour y indure la négligence et la violence psychologique retrait, abandon, etc. - qui peuvent causer du tort à l'enfant. En bref, désigner la «violence familiale» comme un concept organisateur ouvre la porte aux malentendus. Cela dit, il semble bien qu'il soit avantageux de se réclamer de la lutte contre la violence familiale quand on se bat pour les enfants maltraités. Dans les faits, on est ainsi contraint de clarifier ses définitions, car en prenant la famille comme cible des interventions, on est amené à réaligner les diverses catégories de mauvais traitements à l'égard des enfants et à établir une typologie plus claire.

Dans une telle optique, la violence psychologique recoupe toutes les autres catégories de mauvais traitements à l'égard des enfants (Garbarino et al., 1987), parmi lesquelles il existe d'importantes différences, évidemment sur le plan de l'intervention (quand il s'agit, par exemple, de décider du rôle de la justice pénale), niais largement aussi sur le plan de la prévention (lorsqu'il faut décider s'il convient de concentrer ses efforts sur l'agresseur ou sur la victime). À l'un des pôles, on trouve la violence rituelle et l'exploitation sexuelle - là, le système de justice pénale joue un rôle important et la prévention met l'accent sur l'enfant. À l'autre pôle, il y a la violence physique et la négligence dans ce cas, le rôle du système pénal est secondaire et la prévention s'intéresse d'abord à l'adulte. Le fait pour l'enfant de devoir assister aux scènes de violence dans la famille se situe quelque part entre ces deux pôles. Violence physique, négligence et exposition à des scènes de violence, tels sont les principaux sujets abordés dans le présent document.

La négligence négligée

En Amérique du Nord, depuis les premiers signes d'intérêt pour l'enfance maltraitée, dans le dernier quart du XIXe siècle, jusqu'à la «redécouverte» du problème avec la reconnaissance du syndrome de l'enfant battu, les travailleurs de la protection de l'enfance se sont toujours intéressés en premier lieu aux effets de la négligence. Plus précisément, la négligence était ce terme générique qu'on invoquait pour réclamer la prise en charge de l'enfant (son «éloignement»). La violence physique et les autres formes de mauvais traitements à l'égard des enfants étaient considérées comme des conséquences particulières de la négligence -du fait que les parents ne prodiguaient pas à l'enfant les soins appropriés (Matheson & Neave, 1971). Une distinction a fini par s'imposer, toutefois, dans la politique sociale (Hennessey, 1970) entre le défaut des soins (catégorie qui recouvrait aussi bien la négligence que les mauvais traitements) et l'incapacité d'assurer les soins (souvent associée à la «dépendance» financière). Si les deux situations comportaient des risques pour l'enfant et appelaient une intervention, seule la première était considérée comme la conséquence d'un échec moral, tandis que l'autre était attribuable à la pauvreté, à la maladie, à l'impuissance fonctionnelle ou à toute autre infortune. La nature de l'intervention et de l'aide de l'État pouvait ainsi dépendre d'un jugement moral.

L'apparition de l'expression «syndrome de l'enfant battu» et l'intérêt qui s'en est suivi pour la violence physique envers les enfants ont inauguré une nouvelle ère. Les deux événements ont limité la définition de la négligence et l'ont repoussé quelque peu à l'arrière plan. Les services d'aide à l'enfance n'ont jamais roulé sur l'or, mais voilà qu'on a assisté à une tendance à investir les ressources disponibles dans le «nouveau» secteur à la mode, soit la protection des enfants maltraités physiquement. Chez les chercheurs et les spécialistes de la politique, la négligence envers les enfants a également perdu de son intérêt. Bref, la négligence est devenue un simple complément des mauvais traitements à l'égard de l'enfant - comme l'illustre bien l'expression «mauvais traitements et négligence».

Deux décennies après ce chassé-croisé de termes, soit en 1984, Wolock et Horowitz ont soutenu de façon convaincante que la négligence est un problème négligé (même si en général on estime que la négligence est plus répandue que la violence physique et qu'elle peut causer des torts graves à l'enfant). Selon les deux auteurs, la documentation sur la négligence, déjà qualifiée de «confuse et de rudimentaires dix ans auparavant (Polansky et al, 1975), l'est encore largement.

Wolock et Horowitz soutiennent que le manque d'intérêt pour la négligence envers les enfants s'explique en partie par le fait que ce problème social s'intègre mal au programme idéologique de ceux qui partent en guerre contre la violence faite aux enfants. on reconnaît dans les mauvais traitements d'ordre physique (et surtout sexuel) un problème qui touche toutes les classes sociales (Bakan et al., 1976; Fairholm, 1990). Ce problème est considéré important pour les promoteurs de l'aide à l'enfance, qui veulent s'assurer et conserver l'appui du public. Les efforts qui sont déployés pour qu'on y accorde la priorité en ce qui a trait aux programmes sociaux s'appuient sur le fait que la violence est un problème social très en vue et au centre des préoccupations. En contre-partie, la négligence concerne surtout les pauvres et les marginaux. Coupée des segments les plus puissants de la population (qui ne peuvent se reconnaître en elle), la négligence ne peut aspirer au rang de question à considérer. Faire la guerre à la négligence, c'est faire la guerre à la pauvreté; or, toujours selon Wolock et Horowitz, la lutte contre la pauvreté coûte cher, progresse lentement et ne peut tout simplement pas être retenue comme une priorité sociale sérieuse9.

À certains points de vue, cette analyse reste valable. La négligence demeure l'un des motifs les plus importants (souvent le plus important) de prises en charge d'enfants. Pourtant, la négligence intéresse peu les médias ou la recherche. Si l'on a cherché très to**t à distinguer le comportement des parents «enclins à la violence» de celui des parents «enclins à la négligences et à examiner les différentes séquelles chez les enfants, cet intérêt ne s'est guère traduit en élaboration de politiques et de programmes distincts. C'est ainsi que certains articles datant d'une dizaine d'années (comme ceux d'Atler, 1985, qui examine les facteurs retenus par le personnel de la protection de l'enfance pour la documentation des cas de négligence) ne semblent pas être périmés. La plupart des travaux de recherche continuent à porter à la fois sur la violence et sur la négligence (voir, par exemple Éthier et al., 1991) sans le moindre effort de différenciation.

L'éclipse de la violence physique

Après avoir occupé l'avant-scène, la violence physique a dû elle aussi composer avec un nombre croissant d'autres préoccupations. Assez vite, elle a été poussée hors du champ des projecteurs quand l'exploitation sexuelle a été établie au rang de question d'importance10 Il y a à cela plusieurs explications: premièrement, l'exploitation sexuelle offrait une combinaison sexe et violence presque irrésistible; deuxièmement et surtout, la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants mobilisait soudain d'autres institutions et remettait en question le degré d'intervention du système de justice pénale. Les enquêtes criminelles faisaient appel à d'autres intervenants; les programmes de traitement et de prévention exigeaient une autre orientation, le matériel de formation devait être entièrement renouvelé; les protocoles devaient être révisés ou renégociés. Une fois de plus, les cas se sont multipliés à un rythme vertigineux, et on s'est mis à investir ressources et énergie dans la lutte contre le «nouveau» problème social.

L'intérêt porté à l'exploitation sexuelle des enfants a été renforcé par le mouvement des «survivants» - ces adultes qui ont été victimes d'exploitation sexuelle dans leur enfance. Non seulement ces survivants se sont-ils mis à raconter leur histoire (voir, par exemple Myers, 1980), mais lis ont formé des organismes, qui ont pris de l'essor11. Les survivants de la «violence physique et de la négligence», quant à eux, n'ont jamais formé de mouvement.

Plus l'attention se tournait vers l'exploitation sexuelle des enfants, moins la recherche s'intéressait à la violence physique. Il suffit pour s'en convaincre de parcourir l'important répertoire analytique des ouvrages sur la violence familiale qui a été publié par Santé et Bien-être social Canada en 1989.(Frankel-Howard, 1989). On y consacre un peu plus d'une page à la négligence, un peu moins d'une page à la violence psychologique, 11 pages à la violence physique et 21 pages à l'exploitation sexuelle. Les études sur la violence physique qu'on trouve sur les étagères du Centre national d'information sur la violence dans la famille (des rééditions) commencent à vieillir, mais elles restent pertinentes (c'est le cas de Wolfe, 1985, qui propose de prendre pour objectif de programme le développement de la compétence parentale).

Les mauvais traitements en milieu institutionnel - intervention différée

Bien que la violence physique et la négligence aient d'abord été définies surtout par rapport à la famille, on a vite fait le rapprochement avec les «mauvais traitements dont l'enfant était parfois victime en milieu institutionnel». on s'est aperçu, en fait, que ce milieu ouvrait le champ non seulement aux mêmes formes de violence physique et de négligence que le milieu familial mais également à des types particuliers de mauvais traitements. Le simple fait, pour ces établissements qui offraient des soins «de substitutions extra-familial, d'affubler les enfants de certaines étiquettes (maltraité, délinquant, abandonné, orphelin, handicapé ou autre) était en soi stigmatisant. Les gros établissements résidentiels, qui fonctionnaient nécessairement selon un modèle bureaucratique peu propice à l'épanouissement de l'enfant et au développement optimal de son potentiel, étaient jugés encore plus répressifs (Hanna, 1977). Si l'institutionnalisation en soi présentait des risques de violence psychologique et de négligence, il devenait important d'adopter des politiques et des méthodes qui atténuent ce danger, en commençant par s'assurer que la formule de placement choisie est «la moins restrictive» pour l'enfant (Besharov, 1977). Les petits établissements bien équipés, bien supervisés et attentifs aux liens qui rattachaient l'enfant à sa culture et à sa collectivité répondaient à cette nécessité. C'est sur cette analyse que s'est appuyée la conférence nationale sur la violence institutionnelle à l'égard des enfants qui s'est tenue à l'Université Cornell en juin 1977. Les mauvais traitements infligés en milieu institutionnel étaient en passe de devenir une question sociale d'importance.

Toutefois, comme on donnait de plus en plus d'importance à la question de l'exploitation sexuelle des enfants, les mauvais traitements infligés en milieu institutionnel sont passés eux aussi à l'arrière-plan. Au début, on s'est intéressé surtout à l'exploitation sexuelle dans la famille. Et puis, la montée en flèche du nombre de cas d'exploitation sexuelle a exercé de nouvelles pressions pour qu'on trouve aux jeunes victimes un milieu résidentiel de substitution (de préférence un foyer d'accueil). On se préoccupait avant tout de trouver un milieu sûr pour l'enfant, et on s'intéressait peu au problème des mauvais traitements dans les établissements. À la même époque, d'ailleurs, les gros établissements résidentiels, qui avaient acquis une mauvaise réputation, fermaient leurs portes ou étaient réduits en importance avec le déferlement de la vague de «désinstitutionnalisation» sur le continent. La question des mauvais traitements en milieu institutionnel restaient discrètement en retrait.

Paradoxalement, c'est à la notoriété des cas d'exploitation sexuelle d'enfants que les mauvais traitements en milieu institutionnel ont dû largement leur retour à l'avant-scène. Le public étant désormais sensibilisé au problème de l'exploitation sexuelle, l'aspect des mauvais traitements infligés aux enfants dans les établissements a pris toute son importance. En revanche, les divulgations de cas de violence physique et de négligence en milieu institutionnel n'ont pas autant attiré l'attention des médias ou du public. À titre d'exemple, les faits rapportés par les anciens pensionnaires des établissements résidentiels pour enfants autochtones - mesures sévères de «discipline», inter diction de parler la langue maternelle et dévalorisation systématique de la culture d'origine -, s'ils ont été jugés déplorables, ils n'ont pas provoqué la même indignation de la part du public que les cas allégués d'exploitation sexuelle. Et le scandale de l'orphelinat Mount Cashel de Terre-Neuve a plus défrayé la chronique pour ses cas d'exploitation sexuelle que pour ses autres aspects12.

On assiste actuellement à la naissance d'un mouvement de survivants des mauvais traitements subis en milieu institutionnel, pour lequel le Réseau national des jeunes pris en charge sert de point de coordination. Il est intéressant de noter que l'analyse qui est faite des récits de ces survivants ne met pas tant l'accent sur l'exploitation sexuelle que sur les particularités de la vie en milieu institutionnel, déjà relevées dans le passé13.

Le programme d'appui à la famille - une tendance qui s'affirme

Même si la violence physique et la négligence à l'égard des enfants ont perdu leur statut de questions sociales à part entière, elles sont tout de même réapparues comme éléments du programme d'appui à la famille. C'est dans ce contexte, d'ailleurs, que s'inscrit la quasi-totalité des travaux effectués jusqu'à aujourd'hui (voir Meston, 1992, pour une revue approfondie).

Dans les faits, toutefois, sur le plan de la politique comme dans la pratique, l'approche adoptée dans le passé en ce qui a trait aux mauvais traitements et à la négligence à l'égard des enfants s'appuyait déjà, et de plus en plus, sur le principe de l'appui à la famille, mais cette tendance a été freinée par l'intérêt soudain de la société pour l'exploitation sexuelle des enfants. En effet, l'appui à la famille est une vieille et vénérable notion dans le milieu de la protection de l'enfance (Sheridan, 1959; Salmon, 1962; Shames, 1964; Jacobucci, 1965; Giovannoni, 1970). Le principe de la préservation et de l'amélioration de la famille servait largement de fondement au débat politique sur la protection de l'enfance dans les années 60 et 70.

Depuis toujours, les services sociaux interviennent au moment où la famille est sur le point d'éclater comme dernier recours. Nous sommes tous d'accord, j'en suis sûr, pour affirmer qu'une approche institutionnelle s'impose. Nous reconnaissons qu'il faut d'abord concentrer nos efforts sur l'appui aux liens familiaux. Nous croyons qu'il est nécessaire, comme on l'a abondamment souligné, de mettre sur pied plus de services de garde d'enfants et plus de services d'aide à domicile. Ces services doivent être considérés comme des moyens d'appuyer la famille et non d'en recoller les morceaux. (Easterbrook et al., 1965, p.4)

Tel a été le programme de «pratique exemplaire» qui a servi de vision à toute cette période.

Pour bon nombre de travailleurs sociaux, la meilleure approche face à un cas d'enfant maltraité consiste à tout faire pour maintenir l'enfant à la maison et garder la famille intacte, et, simultanément, assurer des services de soutien (aides familiales, garderie, counseling, etc.)... La tendance actuelle consiste... à enseigner aux parents des techniques d'éducation plus efficaces. (Eskin et Kravitz, 1980; p.37 et 38)

Le regroupement des intervenants sous la bannière de la lutte contre la violence familiale a eu pour effet de revitaliser cette approche.

Plutôt que de perpétuer un système selon lequel il est inévitable que se commettent, jusqu'à l'intervention des autorités, de graves infractions aux dispositions régissant les services acceptables de garde d'enfants, nous devons favoriser, par des mesures à la fois proactives et adaptées à la situation, le développement des familles qui soit sain et approprié sur le plan culturel. On insiste de nouveau aujourd'hui sur la nécessité de maintenir l'intégrité de la famille avant de recourir au placement de l'enfant. Conformément à cette tendance, les organismes de service social et de protection de la santé mentale explorent actuellement les possibilités de réduire les besoins en matière de surveillance tout en fournissant aux familles l'aide nécessaire. (Wolfe, 1990)

De nombreux programmes cherchent à développer les aspects positifs du rôle parental. On trouve, par exemple, chez Acton et During (1990) la description d'un programme orienté vers la rééducation des parents violents ou négligents. En 20 heures étalées sur 13 semaines, le groupe aborde tout un éventail de questions, à savoir le contrôle de l'excitation et de la colère, la communication, la résolution de problèmes, l'empathie et les attentes raisonnables vis-à-vis de l'enfant. Les auteurs notent qu'on est en train d'étendre le programme à 40 heures pour consacrer davantage de temps à l'acquisition des techniques, et de le doubler d'activités de groupe portant sur des questions connexes et destinées aux parents violents ou négligents qui ont eux-mêmes été victimes de mauvais traitements dans leur enfance.

Il y a quelques années, Wolfe (1985) faisait déjà remarquer que la psychologie n'attribuait pas de causes psychopathologiques aux mauvais traitements à l'égard des enfants. Les psychologues attiraient plutôt l'attention sur les facteurs psychiques qui influençaient la compétence parentale, et ils favorisaient la mise en oeuvre de programmes qui visent à réduire la tâche des parents et leur permettent de pallier les lacunes de leur éducation.

Ce qui paraît nouveau lorsque la question de l'appui à la famille est replacée dans le contexte de la lutte contre la violence familiale, c'est l'envergure des initiatives alors permises (Wachtel, 1990). L'enjeu déborde de loin la recherche sur les problèmes psychologiques des parents qui maltraitent leurs enfants (accent mis sur l'individu) ou sur la détérioration des relations entre l'enfant difficile et ses parents qui nourrissent des attentes déraisonnables (intérêt porté à la dyade ou à la famille en tant que système dos). Ces notions peuvent encore apparaître dans les programmes, mais elles le sont désormais dans un contexte «écologique» élargi, composé à la fois du réseau social personnel, du milieu social et de la collectivité. Marginalité sociale, isolement, pauvreté, absence de soutien ou de modèles positifs pour l'exercice du rôle de parents, tous ces problèmes ont une dimension communautaire, voire sociale.

Les travaux contemporains de recherche qui comportent cette dimension sociale (comme ceux de Garbarino et de ses collègues) exercent une influence croissante. Quand Polansky et ses collègues (1985) cherchent à vérifier l'hypothèse selon laquelle la négligence ne se retrouve pas tant chez les pauvres que chez les familles les plus marginales, ils replacent les parents négligents dans leur contexte social. Il s'agit d'une approche écologique qui met en évidence l'interaction entre les déficits personnels, la pauvreté et l'appauvrissement social.

Les programmes d'éducation parentale qui s'inscrivent dans cette perspective s'attaquent à des problèmes sociaux: l'isolement du père ou de la mère, l'absence de soutien positif, ou l'incapacité de réciprocité amicale (voir Lowell, 1991 pour une bonne illustration). Pour les mêmes raisons, les programmes qui visent à travailler sur la dyade parent-enfant afin de permettre le développement de la compétence et de l'estime de soi de part et d'autre tendent à s'appuyer sur une vision de plus en plus globale de la situation (Bradley & Akhtar, 1989 insistent sur les conséquences de ces programmes).

Comme ce bref historique tente de le démontrer, les programmes d'appui à la famille étaient déjà très répandus il y a une dizaine d'années. Ainsi, Frankel-Howard (1989) cite un extrait des recommandations du manuel publié en 1983 par l'Association des travailleurs sociaux de l'Ontario à l'intention des intervenants auprès des enfants maltraités:

Aider les parents à avoir des attentes plus raisonnables vis-à-vis d'eux-mêmes comme éducateurs et à l'égard de leur enfant, renforcer les liens affectifs et émotionnels et la communication entre l'enfant et ses parents; développer chez les parents la capacité de faire face au stress que représente la nécessité de prodiguer des soins au nourrisson ou à l'enfant, ... de s'occuper d'un enfant qui a des besoins spéciaux; réduire l'isolement et la solitude de la famille; rendre les services de santé communautaire, de bien-être social et de loisirs plus accessibles; développer la capacité des parents de gérer la vie familiale et l'éducation de leur enfant et d'entretenir des relations interpersonnelles plus satisfaisantes... améliorer les conditions de vie et réduire les difficultés économiques;...offrir aux parents des programmes de relève ou mettre de tels programmes à leur disposition; faire le nécessaire pour que les parents aient droit à des services de garde d'enfants qui allègent les pressions qui s'exercent sur eux. (p. 34)

Par ailleurs, il n'y a pas véritablement eu de controverse au sujet de l'éventail de services et d'éléments de programmes à prévoir dans une perspective d'appui préventif à la famille. Le document publié par l'Ontario sous le titre Partir d'un bon pas pour un avenir meilleur (ministère des Services sociaux et communautaires...., 1990) et proposant un compte rendu d'initiatives de prévention et une étude de suivi, constitue un véritable guide pour les concepteurs de programmes.

Le mouvement en faveur d'une approche axée sur l'appui à la famille doit s'accompagner non seulement d'une volonté de développement à grande échelle et de réorganisation majeure des services de protection de l'enfance niais aussi des programmes globaux de santé et de bien-être social pour les enfants et les familles, programmes qui sont la clé de toute prévention. C'est un mouvement qui exige des politiques concertées dans une diversité de domaines: l'éducation, la garde d'enfants, le logement et autres.

Certes, il faut se demander si la volonté politique est assez forte pour qu'on envisage sérieusement une réforme aussi vaste (surtout en des temps où ceux qui détiennent le pouvoir doivent composer avec l'inquiétude généralisée suscitée par les déficits budgétaires)14. Du moins est-il possible, comme on peut le constater dans certaines provinces, de mettre en oeuvre des initiatives de coordination et d'élaboration de politiques en ce sens. Les exemples ne manquent pas au début de 1991, le gouvernement fédéral a créé le Bureau des enfants, qu'il a chargé de coordonner les activités interministérielles, d'élaborer des politiques et de consulter ses homologues des provinces et du secteur non gouvernemental (Santé et Bien-être social Canada, 1992). Le Nouveau-Brunswick a créé le Bureau des services à l'enfance (ministre d'État aux Services à l'enfance..., N.-B., 1991). Le Québec, déjà doté d'un système de services sociaux complexe, tant au niveau régional qu'au niveau local, prend actuellement de nouvelles mesures de réorganisation et de coordination (ministère de la Santé et des Services sociaux, Québec, 1990). L'Ontario est en train de donner suite aux recommandations du rapport Les enfants d'abord (Comité consultatif sur les services à l'enfance, 1990), lequel met de l'avant un programme global d'appui à la famille, et il a créé un comité coordinateur interministériel doté d'un mandat des plus larges (Comité interministériel..., Ontario, 1992). La Colombie-Britannique a mis en oeuvre diverses initiatives du même ordre; citons, à titre d'exemple, le Child and Youth Secretariat, formé de représentants de quatre ministères mandatés, qui examine les préoccupations touchant l'aide à l'enfance et appuie les initiatives régionales et locales de coordination de la planification (un peu comme cela se fait au Manitoba et en Alberta), ou encore les conseils de santé régionale et de santé communautaire, récemment mis sur pied et chargés de décentraliser radicalement la planification et le financement des soins de santé, selon des formules analogues à celles du Québec (Ministry of Health..., C.-B., 1993).

Conséquences

Dans les efforts d'élimination des mauvais traitements subis par les enfants - violence physique, négligence, exposition à des scènes de violence familiale...-, une redistribution des rôles en fonction d'un programme d'appui à la famille comporte de nombreuses conséquences pour la planification des services et leur mise sur pied. L'une des plus complexes, la nécessité de coordonner et de gérer l'ensemble des interventions, est évoquée ci-dessus.

De toute évidence, le gouvernement doit évaluer à intervalles réguliers dans quelle mesure les mécanismes de coordination en place réussissent à maintenir à l'avant-scène la question des mauvais traitements à l'égard des enfants et le programme d'appui à la famille, et il doit publier périodiquement des «bulletins» sur les progrès réalisés.

Bien des services prévus dans le programme d'appui à la famille (particulièrement les services de counseling et de développement communautaire) ont été mis sur pied dans le cadre de programmes ou de programmes pilotes aux dimensions modestes. On ignore encore ce qu'il faut faire pour passer des programmes individuels de moindre envergure aux programmes provinciaux d'appui à la famille. L'une des meilleures tentatives de cueillette de renseignements à ce sujet vient d'être mentionnée; il s'agit du rapport Partir d'un bon pas pour un avenir meilleur, lequel décrit un ensemble de programmes pilotes de prévention primaire qui visent les jeunes enfants des collectivités ontariennes économiquement défavorisées (ministère des Services sociaux et communautaires..., 1990). Il serait tout indiqué de promouvoir, sur le plan national, des discussions sur les expériences de mise en oeuvre de programmes de ce genre. Le programme fédéral «Grandir ensemble» pourrait servir de tribune pour une telle discussion.

Un débat très animé divise actuellement les Canadiens: avons-nous les moyens de nous payer des programmes sociaux universels (comme la garde d'enfants) et, dans la négative, avons-nous la capacité d'identifier et de cibler efficacement les personnes les plus vulnérables? Les programmes d'appui à la famille peuvent être créés en n'importe quel point de l'axe qui sépare les programmes universels des programmes cibles; dans les faits, toutefois, la plupart des programmes pilotes mis sur pied visent des populations hautement vulnérables (voir, par exemple, les positions prises dans deux rapports portant sur des programmes montréalais d'évaluation des risques: Cournoyer et al. (1991), étude portant sur un programme pour les bébés, et Éthier et al. (1991), étude portant sur un programme pour les enfants qui effectuent la transition à la vie scolaire). Il est important de recueillir une information évaluative sur les théories sous-jacentes à la création des programmes, en partant des programmes d'application générale et en progressant vers les programmes de plus en plus ciblés.

Une autre question fait toujours l'objet de discussion: le programme d'appui à la famille est-il valable en soi et, plus généralement, les programmes de prévention représentent-ils des déficits systématiques ou un investissement dans le capital humain? On consacre une somme considérable d'effort à penser en termes de «rapport coût-efficacité». Il est important que cette information soit régulièrement examinée et présentée de la manière la plus accessible possible.

Pour les mêmes raisons d'ordre financier, on dénonce volontiers le «double emploi» dans les services. Pourtant, un programme d'appui à la famille tend à privilégier la multiplicité des options. Les familles n'étant pas toutes identiques, il faut savoir adapter les services. Plus généralement, une société pluraliste et multiculturelle doit être attentive à la nécessité de tenir compte de la diversité culturelle. Les évaluations de programmes que nous finançons doivent avoir pour but non seulement de mesurer le succès de l'approche suivie mais aussi d'expliquer quels groupes en bénéficient et quels sont ceux qui sont désavantagés, en donnant le plus de précisions possible.

Théoriquement, une approche axée sur l'appui à la famille prévoit la prestation de services interdisciplinaires intégrés; la théorie, toutefois, souffre du passage à la pratique par suite des jalousies entre professionnels de diverses disciplines et des querelles de pouvoir entre organismes15. Nous avons besoin d'«histoires à succès» qui décrivent non seulement les services mis sur pied mais aussi la manière dont le programme a été négocié et dont les problèmes inter-organisationnels et interdisciplinaires ont été résolus.

Tendances concomitantes - le choix des mesures «les moins restrictives»

Le virage marqué vers l'appui à la famille ne doit pas être attribuable uniquement au nouvel intérêt pour la violence familiale mais aussi à une convergence des tendances en matière de politiques. La plus importante de ces tendances (et la plus apparentée au sujet) est l'insatisfaction croissante face à l'«ingérence» dans la protection de l'enfant. On tend aujourd'hui (tendance temporairement écartée en Colombie-Britannique) à réécrire les textes législatifs de l'aide à l'enfance et à la famille de manière à privilégier les mesures «les moins restrictives » (ministère des Services sociaux et communautaires, Ontario, 1991). C'est là le résultat d'un ralliement laborieux des intérêts d'une extrémité à l'autre de l'axe politique.

Conséquences

Comme chaque fois que s'opère un mouvement de bascule politique, il y a un danger de «surcorrection» en l'occurrence, une méconnaissance de la nécessité de maintenir en place un système de protection de l'enfance bien pourvu en ressources et bien géré. Tant que les programmes d'appui à la famille ne seront pas tout à fait établis et tant qu'ils n'auront pas fait leurs preuves, un grand nombre d'enfants devront encore être pris en charge et des choix raisonnables devront s'offrir pour le placement de ces enfants. Décider de la «temporarisation» des programmes de services intensifs (et particulièrement du placement en résidence), c'est déclencher toute une série de problèmes - baisse de moral chez les pourvoyeurs de soins, difficultés de recrutement et roulement excessif de personnel - qui risquent d'aggraver encore la situation de l'enfant.

De plus, si l'on opte pour les mesures «les moins restrictives», il faut que le personnel des services de soins intensifs soit particulièrement bien préparé et bien appuyé. En effet, les enfants qu'il prendra en charge seront, pour la plupart, ceux pour qui les services directs auprès de la famille et autres types de soins moins intensifs se seront révélés insuffisants ou inutiles. Tout en évitant des étiquettes comme difficile à «prendre en charge» ou «rebelle au système» pour désigner ces enfants (condamnations non pertinentes et non constructives), il faudra reconnaître que leur cas exige un extrême doigté.

Ces remarques ne font que souligner la nécessité d'une évaluation prudente et exacte de la situation familiale. Il s'agit essentiellement de déterminer ce qui augmenterait la capacité de la famille ou, si cette éventualité est exclue pour le moment, de décider de l'option la moins restrictive pour mieux répondre aux besoins de l'enfant. Les systèmes d'évaluation de la situation familiale se sont remarquablement perfectionnés dans le milieu de la protection de l'enfance et de la promotion de la santé mentale chez l'enfant16. En ce moment même, certaines sociétés d'aide à l'enfance du Manitoba et de l'Ontario sont en train de procéder à des essais ambitieux sur un outil de cet ordre17. De toute évidence, il faut appuyer un plus grand nombre de programmes de recherche et d'évaluation sur les outils et les méthodes d'évaluation de la situation familiale.

On accorde également beaucoup d'importance aujourd'hui à l'évaluation des programmes; presque tous les rapports recommandent de développer ou d'améliorer la recherche sur les programmes «qui fonctionnent. Ces mots servent de baromètre à tous ceux qui, préoccupés par leur responsabilité financière, veulent retirer des ressources aux programmes faisant preuve d'inefficacité, pour les redistribuer à ceux qui s'avèrent au moins rentables. L'évaluation figure aussi dans le plan de travail des pourvoyeurs de services, qui veulent améliorer et ensuite «ajuster» leurs programmes. Malheureusement, il est rare que l'évaluation des programmes réponde parfaitement à ces objectifs; c'est qu'on est trop pressé de connaître les résultats de l'analyse alors que l'analyse elle-même devrait faire comprendre qu'un processus à long terme est en jeu. L'appui à la famille se fonde sur la théorie selon laquelle il est possible d'améliorer les perspectives qui seront offertes à l'enfant sa vie durant. C'est pourquoi il faut procéder à une recherche longitudinale qui permette d'étayer les conclusions des diverses évaluations de programmes. Une initiative a déjà été prise dans cette direction avec l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants, proposée dans le cadre du volet «Approches efficaces» du programme fédéral «Grandir ensemble». Il est important qu'un groupe consultatif (formé de personnes possédant une expérience de la recherche sur les mauvais traitements et la négligence à l'égard des enfants) travaille auprès de l'équipe de planification de l'Enquête afin de s'assurer que, dans la mesure du possible, on recueille des données pertinentes à l'appui à la famille et à la lutte contre la violence familiale.

Tendances concomitantes - la mobilisation sociale contre la pauvreté chez les enfants

La négligence à l'égard des enfants est fortement associée à la pauvreté. Quant à la violence physique envers les enfants, s'il est vrai qu'elle se rencontre dans toutes les classes de la société, elle est liée à maints corollaires de la pauvreté - stress des parents, isolement, ressources limitées, pour n'en nommer que quelquesuns. Comme il a été mentionné plus haut, on a dénoncé le peu d'importance qui était accordé à la lutte contre la pauvreté. Cependant, les choses sont en train de changer, du moins sur le plan rhétorique. Diverses initiatives de ralliement national contre la «pauvreté chez les enfants» sont actuellement mises en oeuvre. Un moyen d'action est apparu (pour la lutte contre la pauvreté et pour l'aide aux enfants autochtones, dont il est question plus loin) avec la signature de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant (voir Santé et Bien-être social Canada..., 1992).

Lors d'un colloque tenu en 1991 (au cours duquel le gouvernement fédéral s'est livré à du lobbying), une grande diversité d'ONG se sont ralliées à la lutte contre la pauvreté chez les enfants; un certain nombre d'énoncés ont été formulés, dont les suivants:

Les enfants ont le droit fondamental d'être les «premiers servis» quand il s'agit des ressources nationales...

Un programme en faveur des enfants doit faire appel à des solutions complètes, qui s'appuient sur de solides politiques sociales et économiques, et abandonner les correctifs provisoires et les initiatives dirigées vers un seul objectif.

L'élimination de la pauvreté chez les enfants et dans les familles est un objectif de la plus haute importance qui doit être visé sur tous les fronts stratégie en matière de main-d'oeuvre, soutien du revenu et aide sociale. (Comité directeur du Colloque national..., 1992, p.v)

Ce manifeste est en train de se concrétiser partout au pays avec l'apparition des coalitions «First Call».

Le programme «Campagne 2000» est encore plus explicite pour ce qui est de réclamer que la pauvreté chez les enfants devienne un dossier hautement prioritaire. Il réunit, en outre, un ensemble d'ONG et établit des liens avec les comités directeurs provinciaux, où sont représentés divers groupes de protection des droits qui militent en faveur des enfants et des familles ou contre la pauvreté.

La pauvreté est également retenue comme une question d'importance dans diverses réformes provinciales. C'est ainsi que, dans le cadre du récent examen de la loi régissant l'aide à l'enfance en Colombie-Britannique (Community Panel..., B.C., 1992), il a été déclaré que:

La pauvreté est le problème numéro un des familles, des enfants et des adolescents d'aujourd'hui. L'élimination de la pauvreté sous toutes ses formes doit être l'un des grands objectifs de la politique gouvernementale, à tous les niveaux.

La pauvreté est une question qui relève de l'aide à l'enfance; aussi, quand un gouvernement permet que des enfants vivent dans la pauvreté, se rend-il coupable de négligence systémique à l'égard des enfants. (p.9)

Conséquences

Quand on braque l'éclairage sur la pauvreté chez les enfants, on reconnaît tacitement la difficulté qu'a la société à s'entendre sur des moyens de lutter contre ce problème. En se concentrant sur les enfants, on contourne le débat sur les échecs d'ordre moral pour évoquer plutôt la responsabilité collective à l'égard de l'avenir. Pourtant, il n'y a pas d'enfants pauvres sans familles pauvres, et la question recommence aussitôt à s'élargir.

L'insistance sur la pauvreté chez les enfants attire l'attention sur le programme d'appui à la famille, peut être d'abord sur les grands secteurs d'intervention l'impôt, la politique du revenu, le logement, l'éducation, la santé - mais aussi sur les interventions plus modestes, comme la prestation de services directes susceptibles d'aider les familles à mieux vivre. En effet, si l'on est prêt à dépenser après que la famille a échoué, quand l'enfant doit être pris en charge, il faut pouvoir disposer également de montants substantiels de ressources pour aider la famille avant qu'elle en arrive à la crise. C'est ainsi que certains programmes des plus intensifs (et délibérément axés sur l'ingérence) ont été créés sur le modèle de la «préservation de la famille»; on offre pendant un certain nombre de semaines, un service direct à la famille dans le but de la consolider. Il est important, lorsqu'on évalue de tels programmes, d'examiner si la famille sort de l'expérience dans une meilleure situation matérielle et si l'amélioration se maintien avec le temps.

Tendances concomitantes - l'aide aux enfants autochtones

Si la pauvreté, la marginalité et l'insuffisance de soutien offert aux parents contribuent à la négligence et aux autres mauvais traitements à l'égard des enfants, il n'y a rien de surprenant à ce que les autochtones soient surreprésentés dans le système de l'aide à l'enfance. Ces dernières années, les allégations d'exploitation sexuelle d'enfants autochtones, d'abord dans les pensionnats, puis dans de nombreuses collectivités autochtones, où le problème a pris des proportions endémiques, ont défrayé la manchette. C'est cependant la «négligence» qu'on a le plus invoquée traditionnellement pour éloigner les enfants autochtones de leur milieu, et c'est en réaction à l'insensibilité culturelle et au caractère destructeur de la politique traditionnelle de protection de l'enfance qu'on exige aujourd'hui la mise sur pied de programmes d'aide particuliers destinés aux enfants autochtones.

L'élaboration d'une politique autochtone d'aide à l'enfance est une question étroitement liée à celle, plus vaste, de l'autonomie gouvernementale. Dans de nombreux cas, toutefois, elle a été retenue comme cible pour une action immédiate, non seulement en raison du caractère dysfonctionnel du système actuel mais aussi à cause de la valeur extrêmement symbolique d'une telle initiative, au moyen de laquelle les collectivités autochtones reprennent leur «avenir» en main. Cette tendance politique est très apparente dans le rapport déposé récemment par le comité autochtone de la C.-B. (White & Jacobs, 1992):

Vos lois actuelles autorisent votre directeur de l'aide à l'enfance et à la famille ainsi que vos tribunaux de la famille à retirer nos enfants de nos collectivités et à les confier aux soins et à la garde d'autres que nous. La première étape, pour le redressement des torts qui nous ont été causés, consiste à limiter ce pouvoir d'ingérence dans la vie de nos familles et à offrir d'autres correctifs que l'éloignement de nos enfants. Cela doit s'accompagner de l'allocation des ressources financières nécessaires à la cicatrisation des plaies qui nous ont été infligées. Simultanément, les responsabilités et compétences dévolues jusqu'ici à votre directeur et à vos tribunaux de la famille doivent revenir à nos nations. Enfin, maintenant que nos nations invoquent leurs propres lois de la famille pour répondre à leurs besoins d'aujourd'hui, maintenant que nous reprenons les pouvoirs qui nous ont été usurpés, les lois de nos nations doivent avoir préséance sur vos lois quand il s'agit de notre peuple. (p. viii)

Conséquences

La réflexion sur les mauvais traitements et la négligence envers les enfants des collectivités autochtones a mis en évidence la nécessité de mettre sur pied toute une gamme de programmes de prévention qui sont culturellement pertinents. De là, on en est venu à porter attention à certaines orientations de la tradition autochtone d'aide à l'enfance qui diffèrent de celles préconisées ailleurs dans la société (et qui présentent un intérêt pour tous). L'une de ces orientations est le caractère central de l'intervention auprès de la collectivité (l'importance de travailler avec la collectivité toute entière plutôt qu'avec l'individu ou la famille). Il faut mentionner également le recours, assez généralisé, à la régénération «spirituelle», approche sur laquelle se fonde le «cercle de vie» (healing circle)18.

De toute évidence, il y aurait lieu d'approfondir la recherche et l'évaluation en ce domaine - mais cela déborde le propos de la présente étude. Notons, toutefois, que l'application expérimentale aux grands programmes d'aide à l'enfance d'idées empruntées à la tradition autochtone constitue un sujet d'étude fascinant.

Mauvais traitements et négligence envers les enfants - où en sommes-nous aujourd'hui?

La thèse présentée ici est la suivante: à un certain moment dans le passé, le problème des mauvais traitements et de la négligence envers les enfants a été refoulé loin derrière celui de l'exploitation sexuelle des enfants sur l'échelle des priorités. Quand, toutefois, ces diverses questions ont été rangées au chapitre de la violence familiale, une nouvelle occasion s'est présentée d'attirer sur elles l'attention du public. En effet, une perspective élargie de lutte contre la violence familiale est tout à fait conciliable avec les approches, les politiques et les programmes axés sur l'appui à la famille qui sont invoqués depuis longtemps comme des outils essentiels de prévention des mauvais traitements et de la négligence.

Cela dit, il n'est ni nécessaire ni désirable que la problématique des mauvais traitements et de la négligence soit entièrement noyée. Bien au contraire, il est important de rester hautement conscient de la nature exacte des problèmes à résoudre pour pouvoir forger les politiques et évaluer les programmes en fonction d'objectifs clairement définis.

Conséquences

Il existe un danger, toutefois, si la famille est prise comme «unité d'analyse», qu'on se préoccupe du bien-être global de cette dernière au point d'en oublier les besoins de l'enfant. S'engager à protéger «le meilleur intérêt de l'enfant» ne va pas de soi dans le contexte de l'appui à la famille. Il est important d'examiner comment les droits de l'enfant et leur protection peuvent s'inscrire dans des programmes d'appui à la famille.

Afin de pouvoir garder une vue d'ensemble sur la question des mauvais traitements et de la négligence à l'égard des enfants, fi est nécessaire que des mises à jour soient faites périodiquement sur les nouvelles données disponibles et les nouvelles idées particulièrement intéressantes. Idéalement, le matériel devrait être produit sous diverses formes, de manière à être accessible au grand public tout en répondant aux besoins spéciaux des professionnels et des décideurs. Par exemple, il serait utile que le Centre national d'information sur la violence dans la famille élargisse sa gamme de «feuillets de renseignements» afin de couvrir les divers aspects de la question: négligence, mauvais traitements en milieu institutionnel, violence psychologique et autres. Il serait également utile que le Centre passe en revue la documentation existante sur la recherche et la pratique dans le domaine des mauvais traitements et de la négligence envers les enfants et qu'il mette à jour sa liste de réimpressions. Enfin, le Centre devrait accorder une place de choix dans sa collection aux évaluations de politiques et aux analyses de tendances.

Aperçu des programmes portant sur la question à l'étude et mis en oeuvre avec l'appui financier de la Unité de la prévention de la violence familiale

Au cours des dernières années, Santé Canada n'a pas accordé une attention particulière aux mauvais traitements et à la négligence envers les enfants dans son plan de financement des programmes de recherche et de démonstration. La Unité de la prévention de la violence familiale a néanmoins relevé parmi ses programmes des cinq dernières années, 21 rapports qui touchaient à ce domaine, pour les besoins de l'examen. Ces rapports sont brièvement résumés à l'annexe I; le lecteur pourra ainsi juger par lui-même de la portée des travaux. On se contentera ici de quelques observations qui replaceront les rapports en contexte. Un examen plus formel aurait été malvenu, car il n'a jamais été officiellement établi que les programmes porteraient sur la question des enfants maltraitée, globalement ou de façon approfondie (même si le matériel de formation auquel ils ont donné lieu est peut-être assez divers et volumineux pour constituer un corpus de recherche). On notera que certains de ces rapports ont déjà été cités dans la partie I.

Les rapports peuvent se ranger dans cinq grandes catégories:

i) matériel de formation,

ii) examens et analyses de la documentation,

iii) études de recherche;

iv) comptes rendus de conférence;

v) répertoires de programmes.

Matériel de formation, guides et propositions de normes

C'est la catégorie qui regroupe le plus grand nombre de rapports, dont les suivants, qui sont numérotés selon l'ordre de présentation des résumés à l'annexe I:

{3}: Church Council... (1988), guide de discussion sur la violence familiale, à l'intention des groupes confessionnels; {7}: Fairholm (1990), programme pédagogique pour les bénévoles qui donnent des exposés dans les écoles sur la prévention des mauvais traitements à l'égard des enfants; {8}: Hutchinson (1988), documentation de référence sur la violence familiale, à l'usage du personnel des Services correctionnels; {9}: Kinnon (1988), promotion de l'interdisciplinarité entre dix associations professionnelles; {10}: Lovell (1991), programme d'éducation en matière de soutien social, pour les mères susceptibles de maltraiter leurs enfants; {12}: Morris (1988), ensemble pédagogique pour les responsables de pastorale; {14}: Nicholas (1989), initiation au travail de groupe pour les conseillers non professionnels de langue espagnole; {19}: Sous comité... (1989), guide pour l'établissement de normes dans les établissements médicaux qui prodiguent des soins aux enfants maltraités et aux autres victimes de la violence familiale, et pour la surveillance de leur application, {20}: Topley (1991), manuel à l'usage des personnes travaillant dans les maisons de transition qui s'occupent des groupes d'enfants.

Il peut sembler parfois que chaque organisme ou association tienne à élaborer son propre ensemble pédagogique et à rédiger son propre manuel. Les programmes de ressources documentaires qui sont susceptibles d'être financés à l'échelle nationale, surtout ceux qui peuvent être rattachés à un organisme cadre ou à un groupe national quelconque, sont manifestement très nombreux. Il s'agit alors de promouvoir efficacement le matériel sur le plan national, d'éviter les doubles emplois ou de fournir aux groupes locaux des échantillons ou des modèles de matériel pédagogique.

Quand les rapports susmentionnés ont été rédigés, les mauvais traitements et la négligence à l'égard des enfants faisaient déjà figure de «vieux» problèmes sociaux. Les études portant exclusivement sur la question étaient rares, car on cherchait surtout à initier certains publics ou certains groupes de travailleurs aux multiples formes de violence familiale. À cet égard, les grandes idées organisatrices proviennent des études sur la violence envers les femmes en général et sur la violence conjugale en particulier. Dans plusieurs cas, l'exposé se fait même assez radical (on dénonce, par exemple, l'idéologie du «patriarcat» à l'oeuvre dans les relations sociales). Peut-être encore plus important, la perspective de la violence familiale, plus vaste, permet de transmettre l'information sur les enfants maltraités à des groupes restés jusqu' ici hors de portée des efforts de sensibilisation ou de formation. Autre effet positif ' enfin, on est amené peu à peu à comprendre que les enfants exposés à des scènes de violence conjugale ou à d'autres formes de violence familiale sont eux aussi victimes de cette violence.

Il est important de surveiller et d'évaluer les occasions qui se présentent de mettre en oeuvre de nouvelles initiatives de formation. Dans la ligne de ce qui vient d'être exposé, il serait utile, par exemple, de continuer à appuyer les efforts de sensibilisation aux mauvais traitements en milieu institutionnel et à leur prévention, et d'envisager l'élaboration de ressources documentaires pour la mise en oeuvre de divers programmes d'appui à la famille.

Examens et analyses de la documentation

Un petit nombre de rapports proposent une analyse générale de la documentation existante sur les mauvais traitements à l'égard des enfants:

{1}: Bradley et Akhtar (1989) rendent compte de la recherche sur les déficits de l'information sociale chez les enfants agressifs (et maltraités), ainsi que de la documentation connexe sur les comportements parentaux propices au développement de la compétence sociale chez l'enfant, {11}: Meston (1992) analyse les initiatives d'appui à la famille dans le domaine de la prévention des mauvais traitements à l'égard des enfants et de l'intervention auprès des jeunes victimes, et dresse une typologie descriptive des programmes19.

Un bon examen de documentation peut être d'une grande utilité au milieu, et cela à plusieurs points de vue. Premièrement, il offre un raccourci en ce qui a trait à la recherche des documents pertinents et des découvertes les plus récentes des travailleurs (lesquels ont tendance, bien naturellement, à se sentir bousculés par le temps); il peut même offrir une évaluation attentive et rigoureuse des études examinées, travail pour lequel le lecteur moyen peut se juger incompétent. Deuxièmement, un tel examen propose un contexte commun d'intervention à un milieu qui est par nécessité multidisciplinaire mais oÙ aucun groupe ne forme ses membres en les exposant à la pluralité des points de vue. Troisièmement, un bon examen qui s'aventure hors du champ immédiat des préoccupations pour citer des conclusions de recherche et des hypothèses qui viennent enrichir le débat et ouvrent de nouvelles perspectives. Les meilleurs examens de documentation font tout cela; certains réussissent même à le faire tout en distrayant le lecteur.

Comme il ressort de l'historique de la partie I, la question des mauvais traitements et de la négligent à l'égard des enfants se prêterait parfaitement à un examen et à une mise à jour périodiques: la documentation est très diverse; elle est de qualité variable; elle est parfois technique; elle recoupe de nombreuses disciplines; elle est souvent diffuse; elle est difficile à trouver, enfin, elle a tendance à apparaître par vagues.

Études de recherche et d'évaluation

Quatre rapports portent sur des études en cours ou des évaluations de programmes pilotes, ou encore effectuent un travail d'exploration en prévision d'une recherche éventuelle:

{5}: Cournoyer (1991), évaluation d'un programme pilote de grande envergure sur la coordination des services périnataux, {6}: Éthier et al. (1991), évaluation

multi-dimensionnelle de plusieurs cas d'enfants maltraités âgés de 4 à 6 ans, et exposé d'une méthode de dépistage précoce; {16}: Péladeau et Tourigny (1991), analyse d'un service d'écoute téléphonique pour parents en difficulté, et tentative de classement des appelants et des motifs d'appel; {21}: Wilson-Nolan (1992), étude préliminaire sur le rôle joué par le travailleur de soutien à domicile dans les cas de violence familiale, et relevé des besoins en formation dans le domaine.

Le manque de recherches et d'évaluations pertinentes à la pratique est une plainte fréquente, et régulièrement formulée dans le milieu de l'intervention auprès des enfants maltraités. Si la Unité de la prévention de la violence familiale n'a jamais mis en oeuvre d'initiative dans le domaine exclusif des mauvais traitements et de la négligence à l'égard des enfants, d'autres programmes de Santé Canada ont financé des travaux apparentés aux études mentionnées ci-dessus. Ainsi, plus de la moitié des programmes d'aide à l'enfance et à la famille qui sont financés par Subventions nationales au bien-être social - les programmes jugés les meilleurs selon deux récentes études (Carignan, 1992; Wachtel, 1993) - portent directement sur la question.

Il est important d'aider les responsables des programmes de recherche et de démonstration à se tenir au courant des diverses initiatives en cours (qu'elles fassent partie d'un ou de plusieurs programmes). De leur côté, les bailleurs de fonds bénéficient d'une meilleure coordination de leurs initiatives, puisqu'il devient alors possible de lier entre eux les programmes financés et de constituer une base de données plus importante. Il serait utile d'améliorer les bases de données sur les programmes financés, la consultation entre les bailleurs de fonds au sujet des priorités et des orientations, et les stratégies de communication entre équipes de programme, planificateurs et décideurs.

Comptes rendus de conférence et publications d'interventions

Un certain nombre de rapports consistent en comptes rendus de conférence ou en recueils choisis d'interventions; ils ont été produits en partie avec l'appui financier de Santé Canada:

{2}: Brown (1990), rapport administratif sur un colloque provincial du personnel des maisons de transition, {4}: Clarke Institute...(1989), aperçu des interventions données lors d'une conférence des psychiatres et des travailleurs de la santé mentale; {13}: Comité directeur du Colloque national... (1992), compte rendu d'un colloque national qui visait la formation d'une grande coalition entre les divers groupes de protection des droits des enfants; {17}: Roesch et al. (1990), recueil d'interventions qui esquisse un programme d'action pour un institut de prévention de la violence familiale; 1181: Sawyer (1988), compte rendu d'une conférence des provinces atlantiques sur les normes applicables aux services de santé pour le traitement des cas d'enfants maltraités20.

Les conférences et ateliers, quand ils se déroulent dans les meilleures conditions, contribuent à créer et à maintenir un esprit communautaire chez les participants, à définir les problèmes et les orientations, à attirer l'attention sur les idées et ressources disponibles et à établir les objectifs. Les comptes rendus de conférence et les publications d'interventions mettent quelques-uns de ces avantages à la disposition d'un public élargi, en plus de sanctionner par écrit ce qui a été dit. Si toutes les conférences méritent que les travaux soient consignés d'une manière ou d'une autre, ce sont uniquement celles qui se tiennent à des moments stratégiques et qui donnent d'intéressants résultats dont il est véritablement utile de publier les interventions. Tel est le cas du compte rendu de conférence cité en position {13}: Les enfants du Canada - la priorité des années 90, celui-ci est particulièrement important dans le contexte du présent exposé en ce qu'il définit les orientations actuelles de l'intervention contre les mauvais traitements à l'égard des enfants.

Répertoires

Deux de ces rapports de programme consistent en répertoires de services ou de programmes:

{11}: Meston (1992), répertoire des divers programmes d'appui à la famille; {15}: Nikolai et Meston (1991), vaste énumération (quelque peu diffuse) des services offerts aux jeunes de la rue.

On pense parfois que les répertoires sont simplement des outils de référence qui permettent de savoir quels sont les services offerts dans un domaine particulier et quels organismes (ou quels professionnels) proposent des services spécialisés. Pourtant, il s'agit là d'une fonction presque secondaire des répertoires. En effet, un répertoire peut également: a) donner un aperçu de la gamme de programmes proposés (et parfois de la répartition géographique des programmes; b) du même coup, suggérer des idées et des pistes d'amélioration aux planificateurs et aux pourvoyeurs de services; c) aider à définir les intérêts communs; d) proposer une critique implicite des programmes simplement en les juxtaposant.

Aux fins de notre étude, le rapport cité en {11}: Meston (1992), c'est-à-dire le répertoire de programmes d'appui à la famille, représente un travail important.

Comparativement à cet ouvrage, le rapport {15}: Nikolai et Meston, est marginal; il est toutefois informatif en ce qu'il permet de constater que les programmes offerts aux jeunes de la rue accordent rarement l'attention voulue aux expériences de mauvais traitements vécues par ces jeunes et envisagent rarement les interventions sous l'angle de la prévention des mauvais traitements et de l'analyse des soins prodigués.

Peut-être cette constatation résume-t-elle la situation mieux que tout autre ouvrage du corpus - à savoir qu'il est relativement facile de laisser tomber des programmes la question des mauvais traitements et de la négligence à l'égard des enfants. Il est de notre devoir, en tant que défenseurs des intérêts des enfants, de trouver des moyens pour que chaque programme soit tenu d'exposer explicitement ses plans d'amélioration de la situation des enfants et des adolescents.

Notes

1. Pour avoir un aperçu des arguments en faveur de ou contre cette thèse, voir Wachtel, 1989.

2. on trouvera un bref et intéressant historique dans Wolock et Horowitz, 1984; la thèse présentée ici s'inspire en grande partie de cette excellente analyse.

3. L'un des membres du Groupe de réflexion national sur l'enfance maltraitée ou négligée, Ross Dawson, fait remarquer qu'une sous-catégorie d'enfants maltraités est en train de se manifester - celle des enfants qui sont atteints à leur naissance d'une forme de dépendance à l'égard d'une substance (ou du syndrome d'alcoolisme foetal, ou d'un handicap quelconque lié à une toxicomanie) par suite de la dépendance de leur mère. Étant donné que le foetus n'est pas un enfant devant la loi et qu'il ne peut donc pas être pris en charge, certaines autorités en matière de protection de l'enfance se sont efforcées de trouver des moyens d'influencer la femme enceinte ou de lui imposer des contraintes - procédé hautement litigieux.

4. Spitz explique très tôt (dès 1945) comment la simple absence d'engagement émotionnel cause profondément du tort à l'enfant.

5. Pour des explications sur cet «ordre de priorité», voir {7}: Fairholm (1990).

6. On trouve un excellent exemple de cette analyse dans {3}: Church Council... (1988).

7. Voir, par exemple {12}: Morris (1988)

La famille est un groupe de personnes liées par des liens intimes qui a pour fonction de préserver la vie... L'expression «violence familiale» s'applique à de nombreux types de famille: famille élargie, famille monoparentale, famille mixte ou famille nucléaire. Certaines des dynamiques propres à la violence familiale se retrouvent chez des personnes qui ne s'identifient pas comme membres d'une même famille. Un conjoint de fait ou une personne résidant à une autre adresse peut être victime de violence infligée par un partenaire sexuel, un père, une mère ou un enfant. (p.3)

8. Voir, par exemple 1131: Comité directeur du Colloque national...(1992); Jaffe et al., 1986; Moore et al., 1990; l'article de Pepler et Moore dans {4}: Clarke Institute...(1989); Wachtel, 1993.

9. La pauvreté a-t-elle ou non jamais constitué une cible sérieuse pour l'action? Il s'agit là d'un point litigieux. Aux États-Unis, une «guerre contre la pauvreté» a été déclarée par le président en 1964. Au Canada, quelques années plus tard, la pauvreté a été qualifiée de «cancer du corps politiques, et cela en dépit d'un «filet de sécurité social» plus développé que celui des États-Unis, dans un rapport du Sénat qui a fait époque (Comité spécial du Sénat sur la pauvreté, 1971). Les études et les rapports qui se sont succédé depuis rempliraient à eux seuls une petite bibliothèque; pourtant, on ne s'accorde toujours pas à reconnaîÎtre si le problème a fait l'objet de mesures radicales d'intervention (comme l'affirment, par exemple, Ross et Shillington, 1989; Ryerse, 1990; Groupe consultatif..., 1992) ou si, à l'opposé, il a été grandement exagéré (Sarlo, 1992). Quoi qu'il en soit, l'opinion qui prévaut est la suivante: la réforme sociale n'a pas avancé beaucoup dans ses efforts d'élimination de la pauvreté (Campagne 2000, 1992).

10. Pour une discussion approfondie de la question, voir Wachtel (1989); pour des exemples d'hésitation dans l'exposé de la problématique, voir {3}: Church Council... (1988), {16}: Péladeau et Tourigny (1991) et {17}: Roesch et al. (1990), oÙ l'exploitation sexuelle a la vedette, au point d'éclipser parfois la violence physique ou la négligence.

11. En Colombie-Britannique, par exemple, on voit naÎtre très tôt l'organisme Sexual Abuse Victims Anonymous (SAVA), qui possède aujourd'hui plusieurs sections locales sur l'île de Vancouver, et l'organisme Sexual Assault Recovery Anonymous (SARA), dont les groupes sont concentrés sur le Lower Mainland.

12. Voir note 10 plus haut.

13. Pour se familiariser avec cette nouvelle notion de «survivant» des mauvais traitements subis en milieu institutionnel, voir le bulletin du Réseau national des jeunes pris en charge, Youth Exchange.

14. L'un des arguments en faveur de l'approche axée sur l'appui à la famille est que la planification et l'intégration des services sont plus rentables au bout du compte.

15. L'extrême précaution avec laquelle Kinnon (1988) formule ses recommandations illustre bien ces problèmes de coopération.

16. Par exemple, l'Association ontarienne des centres de santé mentale pour enfants met actuellement à l'essai un «système d'information normalisés pour les clients», conçu à partir des travaux d'Offord et de ses associés.

17. Voir la proposition présentée par Reid, G. et Sigurdson, E. (1991).

18. Il y a déjà une dimension spirituelle dans les «douze étapes» des programmes d'auto-assistance conçus sur le modèle de Alcooliques Anonymes; mais le «cercle de vie» va encore plus loin dans cette direction, car il ne catalogue pas les personnes d'après leurs «problèmes» particuliers.

19. À noter que les études de recherche énumérées dans la section v) ci-dessus passent parfois en revue la documentation existante. Il arrive même que le travail soit suffisamment développé pour prétendre au titre d'examen, mais tel n'est pas alors le premier but de la recherche.

20. À noter le lien entre ce programme et celui qui fait l'objet du rapport {19}: Sous-comité...(1989).

Annexe I

Revue sommaire de 20 programmes financés par la Unité de la prévention de la violence familiale et se rapportant aux mauvais traitements à l'égard des enfants

{1} Bradley, E.J. et Akhtar, N. (1989), Social Information Processing Deficits of Aggressive Children and Child-Victims of Family Aggression: What treatment stratégies can we learn from studying socially compétent children and their families? Halifax, Depts. of Psychiatry and Psychology, Dalhousie University.

L'examen porte sur un nombre imposant d'études relatives aux déficits du traitement de l'information sociale chez les enfants agressifs. Les auteurs appliquent le modèle de Dodge (modèle de traitement de l'information) pour la reconnaissance des diverses étapes du processus social de résolution de problèmes et d'interaction, à savoir: encodage; interprétation, recherche de la réaction et décision, passage à l'acte; évaluation. Il ressort clairement de la documentation étudiée (malgré certaines limites méthodologiques et l'absence d'études sur les filles) que les enfants agressifs (et les enfants maltraités) présentent globalement des déficits à chaque étape du processus. Ils ne prêtent pas attention ou sont hyperactifs. Ils tendent à prêter des intentions hostiles à leurs partenaires sociaux. Ils possèdent un répertoire comparativement limité de stratégies de résolution de problèmes. Ils ont des difficultés à passer à l'acte ou à évaluer correctement les réactions à leurs actions.

Les auteurs examinent ensuite la documentation de recherche sur l'interaction parent-enfant et sur les styles et stratégies qui favorisent le développement de la compétence sociale chez l'enfant. Les études en question démontrent que le comportement pro-social est encouragé par les directives claires, le raisonnement, le conditionnement non violent en cas de non-conformité aux règles, la chaleur humaine, les satisfactions psychologiques, l'empathie et la liberté d'expression des émotions. Si bon nombre d'études affichent des faiblesses, elles forment ensemble un tableau très clair de la réalité étudiée.

Les chercheurs négligent toutefois d'étudier - et cela constitue une lacune importante - la mesure dans laquelle les parents devraient idéalement modifier leurs stratégies en fonction du stade de développement de l'enfant.

L'examen a donné lieu à la réflexion suivante:

Si l'on en croit les résultats de la recherche, de plus en plus convergents, il est temps d'essayer d'intégrer ces stratégies parentales à nos programmes de traitement pour enfants agressifs, maltraités ou socialement incompétents. (p.115)

Les auteurs en déduisent que de tels efforts d'intégration demeurent limités. Selon eux, l'inefficacité de maints programmes d'acquisition des compétences sociales chez les enfants s'explique par la tendance à la surnormalisation (l'attachement au mythe de la solution simple), par le fait qu'on n'évalue pas l'enfant à toutes les étapes du cycle de traitement de l'information sociale, et par la non-participation des personnes qui jouent un rôle important auprès de l'enfant (les enseignants, les parents). Deux programmes de traitement bien connus, le Prepare Curriculum et le Yale-New Haven Primary Prevention Project, sont présentés comme des modèles appropriés.

{2} Brown, B. (1990), Rapport administratif du colloque provincial «Pareilles, pas pareilles, on s'appareille», tenu à Montréal les 16, 17 et 18 mars 1990. Regroupement provincial des maisons d'hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale, mai 1990.

Comme le titre le suggère, il s'agit du rapport qui a été présenté aux bailleurs de fonds d'un colloque organisé pour le personnel des maisons de transition. SBSC a financé le déplacement des participants. Le colloque a réuni 170 personnes, représentant 42 maisons de transition. Les principaux ateliers portaient sur la toxicomanie et l'alcoolisme, la santé mentale, les immigrantes, et les femmes autochtones; un atelier sur les femmes handicapées a été annulé à la dernière minute. Il ne semble pas que l'on se soit intéressé explicitement aux problèmes touchant les enfants (comme les mauvais traitements à l'égard des enfants ou la situation de l'enfant contraint d'assister à des scènes violentes dans la famille). L'auteur a annoncé la publication imminente du compte rendu (avec l'appui de la province).

{3} Church Council on Justice and Corrections

(1988), Family Violence in a Patriarchal Culture: A Challenge to Our Way of Living, Ottawa, Church Council on Justice and Corrections and Canadian Council on Social Development.

Il s'agit d'une pochette d'information qui contient une grande diversité de documents (extraits de publications, citations, illustrations, enregistrement audio de lectures dramatisées, diapositives et suggestions de prières), le tout formant un guide de recherche à l'usage des particuliers ou des groupes. On y trouve des récits d'expériences vécues par des victimes ou des agresseurs, et des pensées d'analystes, de critiques sociaux et de théologiennes chrétiennes féministes. Les auteurs de ce recueil de documents veulent stimuler le renouvellement de l'analyse et briser la tendance à maintenir le problème à distance en traitant la violence comme une abstraction.

La pochette a été réalisée après la publication du rapport Badgley sur les infractions d'ordre sexuel contre les enfants. Tout en soulignant le caractère alarmant des problèmes dénoncés dans ce rapport, les membres du Church Council on Justice and Corrections critiquent les mesures proposées:

Nous sommes convaincus que l'application de certaines des recommandations du rapport auraient pour effet de «prévenir une bonne préventions et de dissuader de nombreuses victimes de demander de l'aide.

Notre analyse nous amène à conclure qu'il est impossible de lutter contre ce problème tant que la société comptera sur le système de justice pénale pour l'éliminer..

Les problèmes liés à la violence familiale ne font que souligner les limites des mécanismes par lesquels nous tentons habituellement de remplacer le système de justice pénale. Ce à quoi nous avons affaire peut difficilement s'éliminer par la médiation, c'est une réalité qui nous plonge dans de graves dilemmes spirituels... (p.4)

L'élément (relativement) radical de cette réflexion est la dénonciation du patriarcat comme «péché social» et de ses liens avec la sexualité, la violence, les rôles au sein de la famille, le système de la justice pénale et l'Église. Si, parmi toutes ces considérations, la violence physique bénéficie au moins d'une attention marginale, il n'est pas du tout question de la négligence. L'exploitation sexuelle des enfants, l'agression sexuelle et la violence infligée aux femmes sont beaucoup plus présentes.

{4} Clarke Institute of Psychiatry (1989), Challenge and Change in Childhood Psychopathology - Abstracts of Conference Sessions, Interim report of the conférence held in Toronto, Nov. 17-18, 1988.

La conférence a porté sur un certain nombre de questions d'émergence récente - les effets du divorce et du remariage sur les enfants; l'autisme - étiologie et évaluation, la constitution de l'identité sexuelle, le jeu dans la psychopathologie infantile; l'autisme - effets sur la famille; les troubles du langage et de la communication; le cerveau et le comportement; enfin (séance pour laquelle SBSC a accordé son appui), l'exploitation sexuelle des enfants et la violence familiale. Dans le cadre de cette dernière séance, le discours-programme a été prononcé par David Finkelhor, qui a mentionné les découvertes épidémiologiques et thérapeutiques récentes dans le domaine de l'exploitation sexuelle des enfants.

Un document porte sur la violence familiale: Pepler, D.J. et Moore, T.E. (1988), The Impact of Witnessing Domestic Violence on Children's Adjustment. A Preliminary Analysis. On y révèle qu'une importante minorité d'enfants hébergés dans les maisons de transition est gravement perturbée.

{5} Cournoyer, M. et al. (1991), Le système de référence postnatale: évaluation du programme-pilote réalisé avec huit établissements de santé et de services sociaux du Montréal métropolitain (06-A), Montréal, Comité régional famille-enfance.

Il s'agit de l'évaluation soigneusement documentée d'un projet-pilote pluriannuel qui consistait à élaborer et à mettre en oeuvre un système coordonné de services d'aiguillage pour les parents et les nouveau-nés, dans huit centres montréalais de soins de santé et de services sociaux. Le programme a son origine dans une enquête de 1985 sur le décès d'un bébé survenu par suite de la négligence des parents; les enquêteurs recommandaient que les pourvoyeurs de services échangent plus d'information pour être en mesure de mieux aider les familles au cours de la période périnatale.

L'enquête révélait qu'un séjour trop bref à l'hôpital rendait plus difficile pour les infirmières l'éducation des parents et l'évaluation de leurs besoins, que l'intervention se concentrait sur la mère et non sur la famille, que toutes les familles n'étaient pas visitées par une infirmière de la santé publique, qu'il n'existait aucun système d'attribution d'ordre de priorité pour les visites à domicile et que les employés des services sociaux étaient si peu nombreux qu'ils négligeaient parfois d'établir le contact avec les familles. Dans le cadre du projet-pilote, on se proposait de concevoir un formulaire normalisé d'évaluation complète de la situation, de recueillir, à l'aide de ce formulaire, l'information nécessaire à l'aiguillage des cas et à l'attribution de leur ordre de priorité, et de distribuer cette information pour permettre les visites et autres types d'intervention. Si le projet-pilote semble avoir entraîné des améliorations, de l'avis des auteurs, les obstacles qui avaient été relevés continuent d'entraver le système.

{6} Éthier, L. et al. (1991), Évaluation multidimensionnelle des enfants victimes de négligence et de violence, Trois Rivières, Groupe de recherche en développement de l'enfant (GREDE), UQT.

Il s'agit du rapport final sur un programme pluriannuel financé par SBSC, dans le cadre duquel on se proposait de dresser le profil socio-psychologique des enfants de 4 à 6 ans particulièrement exposés à la violence physique et à la négligence, et de décrire leur milieu familial (les facteurs de stress auxquels sont soumis les parents, leur propre expérience de mauvais traitements [et leur expérience affective], les attentes qu'ils nourrissent vis-à-vis de leurs enfants et la perception qu'ils ont de ces derniers). On a mis également à l'essai un test projectif susceptible d'être utilisé dans les garderies et les écoles pour le dépistage précoce des risques de mauvais traitements pour l'enfant.

Les auteurs font remarquer que, si les cas déclarés de mauvais traitements en général ont nettement augmenté au Québec durant les années 1980, il n'en est pas de même pour les cas graves (tendance qui s'étend à toute l'Amérique du Nord). Dans 75 p. 100 des cas, il s'agit de négligence. Les auteurs soulignent l'importance d'un examen attentif de la négligence et de la violence physique.

Le programme a porté sur un échantillon de 41 enfants victimes de mauvais traitements: 14 enfants négligés, 7 enfants brutalisés et 20 enfants à la fois négligés et brutalisés. Un groupe étalon (correspondant exactement à l'échantillon quant à l'âge, au sexe, au statut socio-économique et à la structure de la famille) a été formé; diverses méthodes ont été utilisées pour retirer du groupe étalon tout enfant susceptible d'avoir été maltraité. L'essentiel des données a été rassemblé à l'aide d'une batterie de tests et de questionnaires. Les tests n'étaient pas les mêmes pour les enfants, les parents et les enseignants.

Le test projectif consistait à montrer à l'enfant dix dessins représentant un enfant (soit une fille dans le cas des filles soit un garçon dans le cas des garçons) en interaction avec un parent ou un autre adulte (une femme dans six situations et un homme dans les quatre autres), puis à demander à l'enfant de parler de chacun des dessins. Les situations avaient été choisies de manière à permettre à l'enfant d'y programmer des craintes de mauvais traitements: refus d'obéir, comportement agressif, lit mouillé, jeu avec des objets interdits, repas, toilette, sommeil. Lors d'un essai (avec attribution anonyme des points), les enfants maltraités ont été distingués avec succès des enfants non maltraités dans 80 p. 100 des cas. Les enfants maltraités percevaient les parents comme beaucoup plus hostiles et plus prompts à rejeter ou à châtier, et se percevaient eux-mêmes comme plus indociles.

Les tests ont révélé la présence de déficits systématiques chez les enfants maltraités considérés collectivement, mais seulement quelques différences évidentes entre les enfants brutalisés et les enfants négligés. En général, les mères de ces enfants avaient été exposées à la violence physique (ou à la violence familiale) dans le passé, leur réseau de soutien social était moins diversifié et elles étaient soumises à un stress élevé en toutes circonstances. Ces résultats ont des conséquences sur le plan des services: les familles ont besoin de programmes d'appui à long terme et les mesures générales de lutte contre la pauvreté doivent être plus vigoureuses.

{7} Fairholm, J. (1990), Child Abuse Prevention Program for Adolescents, Vancouver, Canadian Red Cross Society.

Cet ouvrage est un guide à l'intention des bénévoles du Programme de prévention des mauvais traitements offert par la Croix-Rouge aux adolescents. Le programme, qui se donne sous forme d'exposés dans les classes du secondaire, porte sur les divers types de mauvais traitements dont les adolescents peuvent être victimes (ces derniers temps, l'accent est mis sur la violence dans les fréquentations).

Axé sur la prévention des mauvais traitements en général, le programme décrit le problème dans toute son universalité:

Des enfants de tous les âges sont victimes de mauvais traitements. Dans tous les milieux sociaux, économiques, raciaux et ethniques, des adultes infligent des mauvais traitements aux jeunes confiés à leurs soins. Toutes les familles et tous les enfants sont vulnérables face à ce problème, pour lequel il n'existe pas de cause ni d'origine psychologique comme telles. (p.i)

Le raisonnement est prudent et la matière remarquablement complète. Chaque section s'accompagne de références et s'appuie sur de brèves observations faites par des adolescents maltraités. L'auteur se concentre sur les aspects de la question particulièrement pertinents pour les adolescents (par exemple, dans le cas des filles, les risques de violence psychologique et d'agression sexuelle), ce qui se révèle toutefois difficile car la base de recherche est limitée.

Le chapitre sur la violence psychologique continence par les mots suivants: «La violence psychologique est à la base de toute forme de mauvais traitements ou de négligence. Elle est le trauma qui alimente toute blessure.» (p.93) - conséquent dans sa perception du problème, l'auteur commence toujours par discuter de la violence psychologique avant d'aborder une nouvelle catégorie de mauvais traitements.

Le chapitre sur la violence physique et la négligence définit chacun de ces deux types de mauvais traitements et discute de leur fréquence, de leur prévalence et de leurs effets. La description de la négligence, qui est très dense, fait le lien avec la pauvreté et la marginalité

On ignore la fréquence actuelle de la négligence physique. La négligence grave est facile à reconnaître, mais la négligence discrète, insidieuse et prolongée est difficile à diagnostiquer. La pauvreté, les valeurs culturelles et la capacité des parents sont autant de facteurs qui entrent en ligne de compte. (P.115)

Les liens entre la violence qui sévit au sein d'une famille, les pressions subies par cette dernière et ses problèmes dysfonctionnels sont toutefois abordés en profondeur. Les parents qui maltraitent leurs enfants présentent habituellement certains traits communs attentes déraisonnables vis-à-vis de leurs enfants, détérioration des liens affectifs avec ces derniers, conception erronée de la discipline, absence d'un système de soutien et enfin stress chronique et croissant, lié à diverses causes (pauvreté, chômage, toxicomanie, etc.).

Une deuxième partie du guide, beaucoup plus brève, explique comment préparer des exposés en salle de classe et comment on peut vérifier l'efficacité de la communication, et on y indique des mesures à prendre lorsqu'un cas est divulgué.

{8} Hutchinson, B. (1988), Briser le cycle de violence familiale: manuel de référence, préparé à l'intention du personnel de Services correctionnels Canada, Ottawa.

Cet excellent manuel, réfléchi, clair et d'utilisation pratique, commence par rappeler pourquoi les Services correctionnels sont concernés par la question. Il insiste donc sur le fait qu'une partie importante de leur clientèle est constituée de victimes de la violence familiale, d'agresseurs et de personnes à la fois victimes et agresseurs, que la prévention de la violence familiale nécessite une intervention auprès de ceux et de celles qui la perpétuent et que le personnel des Services correctionnels a été précisément mandaté pour travailler en ce sens, dans le double but de protéger le public et de préparer les délinquants à une bonne réintégration sociale.

Les principales sections du manuel abordent les sujets suivants: «comment comprendre la violence familiales; les caractéristiques des agresseurs (et leur diversité); les besoins, en matière de services, des agresseurs, des membres de la famille et du personnel intervenant, les programmes et services offerts. La dernière section présente une perspective prudente et réaliste. Elle propose une courte réflexion sur un certain nombre de points: à quel moment l'agresseur semble être le mieux disposé au traitement; quels sont les postulats des diverses méthodes de traitement, quelles sont les composantes d'un programme efficace; ce qu'il faut éviter, comment travailler avec des ressources communautaires inégales, voire inexistantes.

Même si le manuel aborde la question des mauvais traitements à l'égard des enfants (principalement la violence physique et, plus rarement, l'exploitation sexuelle au sein de la famille), il s'intéresse surtout à la violence conjugale. Cela répond à un besoin certain de services niais limite du même coup la pertinence de l'ouvrage pour notre contexte.

{9}Kinnon, D. (1988), L'autre versant de la montagne: la collaboration interdisciplinaire en matière de violence familiale, rapport n° 1: résumé des résultats et conclusions, Ottawa, programme interdisciplinaire sur la violence familiale, décembre 1988.

Le programme qui fait l'objet de ce rapport a été co-parrainé par dix associations professionnelles nationales. Lors de la première étape, on s'est attaché à définir et à mieux comprendre la réalité de la collaboration interdisci-

plinaire, à décrire les mécanismes en place et à formuler 13 grandes recommandations sur les changements à apporter aux services interdisciplinaires et aux soutiens offerts aux professionnels.

L'auteur du rapport fait la remarque suivante

Bien que de nombreux professionnels se soient aventurés dans des programmes de collaboration ambitieux et sophistiqués, la majorité d'entre eux ne sont pas touchés par les programmes de méthodes interdisciplinaires. (p. 15)

La prudence qui a présidé au programme se retrouve dans le ton de la recommandation finale:

«Pour que les initiatives nationales, provinciales ou territoriales de promotion de l'interdisciplinarité soient plus efficaces, elles doivent être de nature facilitatrice plutôt que directrice.» (p.2)

{10} Lovell, M.L. (1991), The Friendship Group: Learning the Skills to Create Social Support. A Manual for Group Leaders, Vancouver, School of Social Work, U.B.C.

Ce manuel a été conçu à l'intention des professionnels qui travaillent auprès de parents fortement enclins à infliger des mauvais traitements à leurs enfants ou à les négliger. Il décrit un programme officiel d'acquisition des compétences parentales, qui a été offert dans le cadre de seize séances de groupe hebdomadaires (d'oÙ le titre «The Friendship Group»). Le programme s'adressait aux parents (surtout aux mères seules) qui ne possédaient pas les compétences sociales de base et qui se retrouvaient ainsi isolées. Un grand nombre de ces parents avaient accumulé des expériences d'amitiés et de relations destructrices; au mieux, ils avaient toujours eu du mal à trouver un juste équilibre entre leurs relations positives et leurs relations négatives. On a supposé que l'absence de soutien social contribuait à aggraver le risque que les parents maltraitent leurs enfants.

Le cours est structuré sur le modèle d'un jeu de société les participants suivent une «carte des relations» qui les mène depuis la localité populeuse d'Acquaintanceville à celles, progressivement plus intimes, de Buddyborough, Friendly City et Personal Friendsville, puis à Partnersburg (population: 1 habitant). En s'aidant de cette métaphore, le manuel aborde divers sujets: nature et évolution des relations, compétences en communication, et accès aux ressources communautaires pouvant faciliter l'établissement de réseaux. on s'efforce d'aider les participants à distinguer une relation saine d'une relation abusive ou menaçante. L'approche est discrète, elle fait appel à la collaboration plutôt qu'à la compétition, et elle est souvent divertissante - on veut que la formation soit une expérience plaisante.

Lorsqu'il a été donné, le cours a été présenté comme activité de démarrage. Au cours du dernier mois, les participants ont été invités à dresser un plan de développement. Le cours s'est terminé sur une cérémonie officielle de remise des diplômes. Par la suite, chaque personne a eu droit à un suivi, dont le but était de l'aider à changer de façon permanente son réseau social personnel.

{11} Meston, J. (1992), Programmes de prévention de l'enfance maltraitée et négligée, Ottawa, Institut Vanier de la famille, pour le compte de la Unité de la prévention de la violence familiale, Santé et Bien-être social Canada.

Cet ambitieux rapport passe en revue la documentation existante sur les mauvais traitements infligés aux enfants et sur les programmes de prévention correspondants, en prévision d'une vaste enquête descriptive sur le problème et sa prévention au Canada. L'auteur a réparti les programmes dans les catégories suivantes

1. renforcement du soutien fonctionnel accordé à la famille par le quartier et la collectivité;

2. consolidation des schèmes d'interaction positifs au sein de la famille;

3. développement de la capacité fonctionnelle des familles reconnues comme particulièrement vulnérables;

4. aide aux familles en période de transition,

5. aide aux familles, ou aux membres des familles, ayant des besoins spéciaux ou des problèmes spéciaux;

6. aide aux enfants et aux adolescents - prise en charge de la situation pour éviter qu'ils deviennent eux-mêmes des agresseurs et pour réduire leur vulnérabilité.

La description des programmes a conduit à la formulation de diverses recommandations implicites et explicites.

{12} Morris, R. (1988), Ending Violence in Families: A Training Program for Pastoral Care Workers, Toronto, United Church of Canada.

Cet ensemble pédagogique pour bénévoles et professionnels de la pastorale a été commandé par un groupe inter-confessionnel, les Ecumenical Family Ministries. On y donne une définition très large de la famille et on y fait la déclaration suivante:

Il est arrivé que les Églises chrétiennes aient contribué à réduire au silence les victimes de la violence familiale. Elles ont perpétué des attitudes et des croyances qui ont aidé à justifier le déchaînement de la violence au sein des familles. Nous avons, dans notre pastorale, négligé de porter attention aux besoins des victimes de cette violence pour faire passer d'autres considérations avant leur santé, leur sécurité et leur bien-être. En avouant ces échecs, nous nous engageons aujourd'hui à devenir des agents de changement social. (p.3)

Le premier chapitre du manuel résume la réflexion théologique sur la violence familiale. On y reconnaît que la violence au sein de la famille est présente partout dans la Bible. À propos des mauvais traitements à l'égard des enfants, on admet: «Nous savons que les personnes activement engagées sur le plan religieux ont plus tendance que les autres à adhérer au type de croyances, rigides et autoritaires, qui caractérise les parents enclins à maltraiter leurs enfants.» (p.7) On cite également des passages de l'Écriture qui viennent appuyer la position en faveur de l'enfant.

Les chapitres suivants sont consacrés à la violence conjugale, aux mauvais traitements à l'égard des enfants et aux mauvais traitements à l'égard des aînés. Dans le chapitre sur les mauvais traitements à l'égard des enfants, on aborde la négligence, la violence physique, la violence psychologique et l'exploitation sexuelle, en donnant chaque fois une définition et une description des signes auxquels il est possible de reconnaître ces mauvais traitements. On signale l'obligation de déclarer les cas et on évoque certains soutiens supplémentaires disponibles.

À noter que la négligence est perçue comme liée à la pauvreté et à la marginalité dans bien des cas, mais non dans tous; on déclare explicitement qu'elle apparaît dans toutes les classes sociales et dans les familles les mieux nanties.

En guise de conclusion, le manuel présente trois nouvelles formes possibles de pastorale: l'information et l'aiguillage; la protection de la personne; la défense des droits.

{13} Comité directeur du Colloque national...

(1992), Les enfants du Canada - la priorité des années 90, délibérations finales du Colloque national sur les enfants du Canada, Ottawa, 27-30 octobre 1991.

Le colloque en question a été co-parrainé par la Child Welfare League of America - Canada, l'organisme CEYJ, la Children's Aid Society of Metropolitan Toronto, l'Association canadienne de santé publique et divers autres organismes représentés au comité de direction.

Les principaux points sur lesquels se sont entendus les participants sont les suivants:

Les enfants ont le droit fondamental d'être les «premiers servis» lorsqu'il s'agit des ressources nationales...

Un programme en faveur des enfants doit faire appel à des solutions qui s'appuient sur de solides politiques sociales et économiques, et abandonner les correctifs provisoires et les initiatives dirigées vers un seul objectif.

L'élimination de la pauvreté chez les enfants et dans les familles est un objectif de la plus haute importance qui doit être visé sur tous les fronts...(p.v)

Les formules sont claires et lapidaires.

Les délégués au colloque ont également souscrit aux objectifs suivants: une meilleure coordination et une meilleure intégration des services, une évaluation plus minutieuse des risques, l'établissement de normes nationales de systèmes d'information efficaces, le développement de la recherche et de l'évaluation.

{14} Nicholas, L. (1989), Amor Sin Violencia (Love Without Violence): A Manual for Spanish Speaking Lay Counsellors and Group Leaders, Vancouver, Family Services of Greater Vancouver.

Ce manuel a pour but de présenter la question de la violence familiale (particulièrement la violence conjugale) aux conseillers non professionnels de langue espagnole qui peuvent être appelés à planifier des thérapies de groupe. Il comporte des sections sur le travail auprès des enfants (témoins de scènes de violence au sein de la famille), auprès des femmes (victimes d'agression) et auprès des hommes (agresseurs). L'auteur ébauche un programme pour chacun des cas et fournit des échantillons de documentation une brochure de Seattle sur la violence familiale, publiée à l'intention des enfants sous le titre Something is Wrong at My House; une «charte des droits» pour les femmes victimes de violence; une liste de formules à la première personne («I-messages») pour les hommes en thérapie de groupe.

L'auteur conseille aux thérapeutes non professionnels de faire preuve d'empathie à l'égard des victimes en essayant de se mettre à la place de la personne qui trouve le courage de participer à des séances de groupe ou d'entreprendre une thérapie personnelle.

On propose aussi une brève discussion sur les aspects socioculturels des sociétés latino-américaines qui favorisent la violence familiale ou qui en compliquent la manifestation. 1:auteur note d'abord à ce propos:

Il est faux que les cultures latino-américaines doivent être traitées différemment lorsqu'il est question de violence familiale. Ces cultures ne sont ni plus ni moins prédisposées que les autres sur ce plan. Il faut toujours se rappeler que la société canadienne est affligée elle aussi d'un très grave problème de violence familiale... (p.1)

Dans les pages qui suivent, toutefois, l'auteur met en évidence de nombreuses tendances problématiques d'un point de vue thérapeutique: perception de la famille comme unité sacro-sainte, importance pour l'homme de pouvoir contrôler les femmes et les enfants de la famille, double norme sexuelle, ostracisme des femmes qui mettent fin à une relation avilissante, etc.).

{15} Nikolai, D. et Meston, J. (1991), Services to Street Youth: A Directory of Services for Street Youth in Canada, Edmonton, Association for Youth in Care.

Le National Committee on Street Youth avait envoyé un questionnaire à 1000 organismes canadiens d'aide à la jeunesse. Le répertoire de Nikolai et Meston condense l'information recueillie dans les 300 réponses reçues, en procédant par province et par municipalité. Pour chaque programme, on donne le nom d'une personne-ressource, une adresse, les numéros de téléphone et de télécopieur, les heures de service, on indique à qui s'adresse le programme et on en fait une brève description, puis on donne les codes des services offerts. Même si un grand nombre de jeunes de la rue sont victimes de mauvais traitements ou de négligence dans leur famille, le répertoire ne s'intéresse pas particulièrement à cette question. Les programmes décrits chercheront plutôt à régler des problèmes concomitants: toxicomane, autonomie fonctionnelle peu développée, manque de confiance en soi, etc.

{16} Péladeau, N. et Tourigny, M. (1991), Rapport statistique annuel concernant les appels reçus au centre d'écoute téléphonique pour parents en difficulté (CET) entre le mois d'avril 1990 et mars 1991, Montréal, Parents anonymes.

Parents anonymes est un service d'écoute téléphonique pour parents en difficulté, qui s'étend à tout le Québec et à une partie de l'Ontario. Il fonctionne de 9 h à 21 h du lundi au vendredi et de 9 h à 17 h le samedi et le dimanche. Les appelants sont aiguillés vers divers services, par exemple le groupe Parentaide (dans 20 p. 100 des cas).

Les auteurs du rapport ont analysé les appels reçus pendant un exercice financier (N=7711). Ils ont fait ressortir, données à l'appui, certains effets saisonniers (diminution des appels en été, augmentation en automne), les tendances hebdomadaires (plus d'appels les trois premiers jours de la semaine, très peu en fin de semaine), et les tendances quotidiennes (plus d'appels le matin, moins à l'heure des repas). La plupart du temps, ce sont les parents qui appellent, surtout les mères seules, pour parler de leurs problèmes de relations avec leurs enfants. Quarante-quatre pour cent (44 p.100) de ces cas comportent un conflit, 5 p.100, une agression et un peu plus de 9 p.100, une forme quelconque de mauvais traitements (6,1 p.100: violence physique, 3 p.100: exploitation sexuelle et 0,2 p.100: négligence). Les auteurs ont réparti les appels de diverses autres façons - selon l'appelant, le contenu, le type d'aiguillage, etc. - et ont présenté les résultats sous formes de tableaux. La recherche avait pour but d'améliorer le service offert et la formation donnée au personnel bénévole.

{17} Roesch, R. et al., eds. (1990), Family Violence:

Perspectives on Treatment, Research, and Policy, Vancouver, B.C. Institute on Family Violence.

Il s'agit d'un recueil des exposés présentés au cours de la conférence inaugurale du B.C. Institute on Family Violence de 1989. L'objectif de départ était de brosser un vaste tableau de la violence familiale sous trois grands aspects - les mauvais traitements à l'égard des enfants, la violence conjugale et les mauvais traitements à l'égard des aînés - et de mettre leurs liens communs en évidence. Dans les faits, toutefois, les activités relatives aux enfants ont toutes été rangées sous la rubrique de l'exploitation sexuelle des enfants, et un seul conférencier a parlé de violence physique et de négligence, soit M. Dawson, qui a décrit le programme communautaire de la Chesterfield House de prévention et de traitement pour enfants maltraitée. Il a parlé essentiellement du virage opéré récemment par le centre en raison de l'afflux d'enfants victimes d'exploitation sexuelle et de leurs mères (non violentes), dont beaucoup ont souvent été maltraitées dans leur enfance.

La Chesterfield House offre un programme intensif de jour destiné aux mères et à leurs enfants, que vient compléter dans l'après-midi pendant la sieste de l'enfant, une séance de groupe pour les mères. En outre, des bénévoles offrent un soutien psychologique non menaçant aux mères, qui sont généralement isolées.

{18} Sawyer, E., ed. (1988), Atlantic Regional Workshop on Sexual, Physical, and Emotional Abuse, Assault and Neglect, Proceedings of the Atlantic Regional Workshop, Halifax, Halifax Infirmary Hospital. Ottawa, National Welfare Grants.

Comme le précise le rapport:

Dans le cadre de ce programme, des fonds ont été octroyés pour la tenue d'un atelier de deux jours qui devait permettre... de recueillir des données pour l'élaboration de lignes directrices à l'intention des établissements prodiguant des soins aux victimes d'agression sexuelle ou de violence physique... Il s'agissait de consulter directement les responsables de programmes ou de services qui se demandent comment tenir compte, dans leur programmation, de l'urgence d'accroître les services se rapportant à l'exploitation sexuelle des enfants.

L'atelier a réuni 49 participants...Chacun d'eux a décrit l'approche suivie par son organisme dans les cas de mauvais traitements infligés à un enfant, dans ceux de l'exploitation sexuelle d'enfant, d'un adolescent ou d'un adulte, et dans les cas de mauvais traitements à l'égard d'une personne vulnérable sur le plan physique ou mental. (Extrait du résumé; l'italique a été rajouté).

En fait, la première section du rapport porte sur l'adoption de protocoles par les hôpitaux en ce qui a trait au traitement des cas de violence physique à l'endroit d'enfants - le Janeway Child Health Centre de St. John's sert d'exemple. Au cours des discussions, on a abordé diverses questions épineuses pour les hôpitaux la communication des résultats entre départements, la confidentialité (problème qui se pose surtout dans les petites collectivités), la conservation de renseignements d'ordre médical dans l'éventualité d'une vérification judiciaire, la responsabilité des soins de suivi, les problèmes d'épuisement physique et mental du personnel. L'approche multidisciplinaire peut parfois être utile; des employés ayant des dispositions naturelles finissent par devenir des spécialistes dans leur domaine. Idéalement, l'hôpital doit entretenir une collaboration étroite avec les autres professionnels de la collectivité (par exemple, les médecins de famille) ou avec les autres secteurs communautaires.

L'exposé et la discussion sur l'exploitation sexuelle des enfants (cette fois-ci, c'est le I.W. Killam Hospital for Children de Halifax qui sert d'exemple) reprennent essentiellement la même démarche, mais débouchent sur des recommandations plus claires sur les types de soutien à offrir.

{19} Sous-comité sur les guides relatifs aux programmes en santé (1 989), Guide pour l'établissement de normes: soins de santé liés aux mauvais traitements, aux voies de faits, à la négligence et à la violence familiale, Ottawa, Direction des services de la santé, Santé et Bien-être social Canada, pour le compte du Comité consultatif fédéral-provincial des services médicaux et des services en établissement.

Cet ensemble de lignes directrices a été élaboré par des experts de diverses régions du Canada et de diverses disciplines: spécialisation médicale, soins infirmiers, travail médical, travail social communautaire et administration. L'un des groupes de travail permanents s'est penché sur la question des mauvais traitements à l'égard des enfants en prêtant une attention particulière aux programmes qui ont donné de bons résultats. on reconnaît qu'une multiplicité de facteurs contribuent au problème et qu'il n'existe pas de «cure» ni de traitement médical comme tel. Pourtant, les professionnels des établissements médicaux interviennent de diverses façons, souvent en assumant des rôles complexes relativement au soutien, aux enquêtes et à l'assurance de la qualité; ils sont donc tenus de prendre clairement position face à cette question. Qui plus est, les professionnels de la santé doivent travailler de plus en plus au sein d'équipes multidisciplinaires en collaboration avec des membres de la collectivité.

Le chapitre sur les mauvais traitements à l'égard des enfants définit la violence physique, l'exploitation sexuelle, la violence psychologique et la négligence, et décrit les situations dans lesquelles l'enfant est exposé' au risque d'être maltraité. On préconise la création d'un comité interdisciplinaire chargé de relever les cas problèmes, de les évaluer, de planifier une intervention et d'examiner les résultats obtenus. On discute des rapports à présenter, des protocoles à établir (un modèle est joint au guide) et des dossiers à tenir à des fins médicales et judiciaires. Enfin, on suggère d'appuyer les programmes d'aide aux parents, les groupes d'auto-assistance, les services de relève, les initiatives d'éducation du public, etc.

{20} Topley, M. (1991), How to Develop a Group Activity Program for Children in Transition Homes and Shelters: A Self-Study Manual, Winnipeg, YM-YWCA.

Ce manuel décrit les effets de la violence familiale sur les enfants, y compris les comportements observables comme l'anxiété, l'extériorisation des conflits refoulés et la dépression (il propose une liste pour la vérification des signes de tendance au suicide).

L'auteur explique, dans la plus pure tradition de l'enseignement (chaque chapitre se termine sur une récapitulation et sur des guides d'étude), comment intégrer le jeu aux activités de groupe, comment élaborer une activité de groupe, comment la planifier, la mettre en oeuvre et l'évaluer, comment jouer le rôle de facilitateur (faut-il des co-facilitateurs? que faire si l'un des participants se montre agressif, se rebelle ou veut attirer l'attention?) et comment engager la mère dans le processus. Diverses activités de groupe, la plupart empruntées à la documentation américaine, sont proposées.

Topley consacre également un chapitre à la création de groupes de soutien permanents (dans une maison de transition ou dans un milieu plus neutre), en notant les points communs et les différences entre ce type de groupe, aux buts thérapeutiques, et le groupe auquel s'adressent les activités de programme proposées, soit un groupe orienté vers l'acquisition de compétences.

{21} Wilson-Nolan, B.E. (1992), Services de soutien à domicile destinés aux familles et aux enfants du Canada: réagir à la violence familiale (Résumé), Soutien à domicile Canada en collaboration avec CEJY.

Il s'agit d'un rapport d'enquête sur le rôle joué par les services de soutien à la famille dans leur lutte contre la violence familiale. L'enquête visait plus précisément à déterminer s'il existe des besoins en formation dans ce domaine. Les principales questions posées ont été les suivantes: 1) selon quelle fréquence utilise-t-on les services de soutien à domicile lors d'une intervention pour lutter contre la violence familiale? 2) cette utilisation est-elle efficace? 3) faut-il changer la manière dont on utilise les services de soutien à domicile? si oui, comment? 4) le personnel de soutien à domicile a-t-il besoin d'une formation supplémentaire pour réagir de façon appropriée dans les cas de violence familiale? Lorsque les réponses données à ces questions étaient positives, on passait à la deuxième étape du programme, soit l'élaboration d'un programme de formation.

Les sources de données ont été de quatre types: a) huit groupes témoins formés de travailleurs de soutien à domicile, provenant de quatre provinces; b) des groupes témoins de travailleurs d'aide à l'enfance; c) des directeurs d'organismes de soutien à domicile (N=79; taux de réponse=48p. 100) et des directeurs de services d'aide à l'enfance (N=72; taux de réponse=33p. 100); d) un groupe de rétroaction, formé de travailleurs de soutien à domicile (un par province), qui devait commenter les réponses fournies par les directeurs.

Il est ressorti des réponses données par les groupes témoins que les mauvais traitements à l'égard des enfants est un problème fréquent (mais pas toujours reconnu comme tel). il arrive que l'on choisisse de s'adresser à un travailleur de soutien à domicile, dont la présence est perçue comme amicale et non menaçante, pour divulguer l'existence du problème. Or, le travailleur de soutien à domicile n'a pas la formation voulue pour réagir adéquatement et aiguiller la personne vers le service approprié.

Les travailleurs de soutien à domicile sont inquiets lorsqu'ils doivent laisser derrière eux, à la fin de la journée, des enfants victimes de mauvais traitements.

Ils sont mécontents de ne pas être informés de la façon dont les cas sont réglés.

Pour le travailleur de soutien à domicile, l'«espionnage» des familles et la dénonciation des cas de mauvais traitements donnent lieu à de véritables dilemmes.

Les travailleurs d'aide à l'enfance, quant à eux, s'inquiètent du fait que les travailleurs de soutien à domicile aient à remplir des tâches qui exigent une formation en matière d'aide à l'enfance; ils craignent qu'un grand nombre de travailleurs de soutien à domicile soient liés trop intimement aux familles qu'ils visitent et que certains se remémorent leur passé de victimes de violence (et réagissent en conséquence) en retrouvant dans ces familles les mêmes dynamiques que celles qu'ils ont connues dans leur propre famille. Us préconisent donc une meilleure formation pour les travailleurs de soutien à domicile et une attribution plus prudente des familles à visiter.

Les directeurs du soutien à domicile rangent les tâches de leur personnel dans l'ordre de priorité suivant: travail ménager, soins des enfants, enseignement, soins physiques, substitution aux parents, surveillance, évaluation de la situation et protection. Les directeurs de l'aide à l'enfance, quant à eux, donnent des réponses très différentes. Comme eux, le groupe de rétroaction (formé de travailleurs de soutien à domicile) range le travail ménager parmi les dernières tâches. Enfin, de nombreux directeurs du soutien à domicile croient que les travailleurs de leurs services n'ont pas souvent affaire à des cas de violence familiale.

En moyenne, on affecte un travailleur de soutien à domicile au quart des cas qui comportent un aspect de violence familiale.

Les directeurs des deux secteurs estiment que les travailleurs de soutien à domicile exercent une influence considérable dans les cas de violence familiale, alors que, selon le groupe de rétroaction (formé de travailleurs de soutien à domicile), le succès est négligeable. Cette différence d'opinion semble attribuable à une différence de perspective: les directeurs jugent de la question cas par cas, les travailleurs considèrent le système dans son ensemble.

Les directeurs du soutien à domicile donnent des réponses extrêmement variées quand on les interroge sur la formation qu'ils offrent à leur personnel et sur leur perception des besoins dans ce domaine. Pour bon nombre d'entre eux - du quart au tiers - il faut offrir une formation sur la violence familiale - que les cours soient donnés à l'interne, par des experts de la collectivité, dans les collèges communautaires ou selon une combinaison de ces formules.

à l'interne
par des experts dans les collèges

Un nombre infime de répondants estiment que les travailleurs de soutien à domicile sont suffisamment formés dans le domaine.

Trente-trois pour cent (33 p.100) des travailleurs de soutien à domicile interrogés ont déclaré que leur organisme ne dispose d'aucun protocole de sécurité dans les cas de violence familiale.

Selon les directeurs du soutien à domicile, les besoins les plus importants des travailleurs de ce secteur sont les suivants (par ordre d'importance): une formation accrue, une surveillance de la qualité, une meilleure séance d'information préliminaire, des liens plus étroits avec le secteur de l'aide à l'enfance, un soutien accru de la part de l'organisme, des salaires plus élevés, une plus grande participation à la gestion des cas et de l'information sur les résultats obtenus. Les travailleurs de soutien à domicile qui forment le groupe de rétroaction, placent en position 1 et 2 l'augmentation des salaires et l'information sur les résultats (placés respectivement en position 6 et 10 par les directeurs).

Les directeurs se disent d'accord sur tous les sujets que l'on se propose d'intégrer à l'intérieur d'un programme de formation; ils veulent, en outre, que les organismes établissent des lignes directrices sur le rôle des travailleurs de soutien à domicile dans les cas de violence familiale.

Bibliographie

Légende

[*] = document distribué par le Centre national d'information sur la violence dans la famille (CNIVF), Unité de la prévention de la violence familiale

{n} = programme financé par la Unité de la prévention de la violence familiale et qui traite de la violence physique et de la négligence à l'égard des enfants; fait l'objet d'une revue à l'annexe I.

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Dernière mise à jour : 2002-11-28