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document de base établie et rédigé par:
Jane E. Ledingham, Ph.D., C.Psych.
C. Anne Ledingham
John E. Richardson
Les opinions exprimées dans les présentes ne correspondent
pas nécessairement à celles de Santé Canada. Il est interdit de reproduire
ce guide à des fins commerciales, mais sa reproduction à toutes autres
fins est encouragée, à condition que la source en soit citée.
Introduction
De très nombreuses études ont démontré comment la télévision influence
les enfants d'une manière générale, et la plupart d'entre elles se sont
aussi penchées sur ces effets de la consommation d'émissions à contenu
violent. La majorité des études dont il sera question dans le présent
document traitent de ces deux aspects. Les enfants ne sont toutefois pas
exposés seulement à la télévision. Et pourtants il n'existe pratiquement
pas de recherche sur les effets de la violence présentée par les journaux,
les livres et ces jeux vidéo, ou encore sur les effets des films (vus
au cinéma ou à la maison grâce au magnétoscope). Nous avons pris en considération
les recherches effectuées sur ces derniers sujets, mais nous avons été
forcés de constater que la télévision qui a en général, servi de modèle
pour connaître la façon dont la violence dans les médias affecte les enfants.
Cela s'explique probablement du fait que la consommation d'émissions de
télévision constitue une activité très fréquente pour les enfants et que
la violence y est représentée comme survenant beaucoup plus fréquemment
que dans la vie de tous les jours. Nous devrons donc nous appuyer sur
ces travaux pour nous interroger sur la manière dont les changements médiatiques
et technologiques peuvent altérer la façon dont les enfants sont affectés.
Les effets de la télévision sur les enfants
Les recherches nous ont fourni des données importantes sur la façon dont
des enfants d'âges divers réagissent à la télévision et ce qu'ils peuvent
apprendre de ce média. Avant d'étudier précisément les effets d'émissions
à contenu violent, nous nous pencherons sur les effects de la télévision
en général.
Au Canada, presque tous les foyers possèdent au moins un téléviseur:
en 1986, 98 % des foyers en possédaient un (Liebert et Sprafkin, 1988).
L'arrivée d'un téléviseur s'accompagne de changements dans l'emploi du
temps de la famille. Une étude canadienne a comparé l'emploi du
temps de familles avant et après l'arrivée de la télévision dans une petite
ville. On y rapporte qu'une fois qu'ils eurent accès à la télévision,
les gens consacrèrent moins de temps à dormir, à rencontrer d'autres personnes
hors de chez eux, à converser, à se distraire en faisant de la lecture,
du tricot ou en écrivant, à faire des travaux ménagers, et à participer
à des activités communautaires et sportives (Williams et Handford, 1986).
Bronfenbrenner (1973) a noté à ce sujet que l'effect majeur de
la télévision pourrait bien ne pas résider tant dans les comportements
quelle provoque que dans ceux qu'elle remplace.
Le temps comsacré à la télévision passe d'environ deux heures et demie
par jour à l'âge de cinq ans à environ quatre heures par jour à l'âge
de douze ans. Vers la fin de l'adolescence, le temps passé à regarder
la télévision se stabilise à deux ou trois heures par jour (Liebert et
Sprafkin, 1988). À l'âge de six mois, un enfant préférera une émission
de télévision pour enfants dans presque 50 % des cas (Hollenbeck et Slaby,
1979). À l'âge de deux ans, l'enfant préférera dans 78 % des cas une émission
pour enfants, mais prendra encore davantage modèle sur une personne réelle
que sur un personnage de télévision. À trois ans cependant, l'enfant préférera
dans 95 % des cas les émissions pour enfants, mais prendra modèle aussi
souvent sur un personnage de télévision que sur une vraie personne (McCall,
Parke et Kavanaugh, 1977). Néanmoins, l'enfant ne regarde pas la télévision
de manière systématique avant d'avoir dépassé l'âge de quatre ans. L'attention
qu'un enfant prête à une émission de télévision est déterminée par le
niveau de compréhension requis par le contenu et le format de cette dernière
ainsi que par la présence de sources de distraction telles que d'autres
enfants. Les enfants sont plus attentifs quand l'émission leur présente
de l'information qu'ils peuvent comprendre aisément et moins attentif
en présence d'autres enfants avec qui ils peuvent échanger (Anderson,
Alwitt, Lorch, et Levin, 1979; Anderson, Lorch, Smith, Bradford, et Levin,
1981). Les enfants de niveau préscolaire se rappellent mieux d'une information
vue que d'une information entendue (Hayes et Birnbaum, 1980; Hayes, Chemelski,
et Birnbaum, 1981). Lorsqu'un adulte est présent et commente l'action
présentée, l'enfant se retient davantage l'information (Watkins, Calvert,
Huston-Stein, et Wright, 1980) et la probabilité est plus grande qu'il
imite ce qu'il a vu (Grusec, 1973). Les adultes ont donc une influence
importante sur la manière dont la télévision affecte les enfants.
Le raffinement de la perception des enfants à l'égard du contenu télévisuel
varie de manière radicale avec l'âge. Trente quatre pour cent des enfants
entre cinq et sept ans croient que les annonces publicitaires disent toujours
la vérité (ce qui est déjà un pourcentage très faible), mais ce pourcentage
tombe à 5 % dans le cas des enfants entre 11 et 12 ans. L'attention prêtée
aux annonces par rapport aux autres émissions tombe de 21 % entre cinq
et sept ans et de 42 % entre onze et douze ans (Ward, Reale, et Levinson,
1972).
La télévision est souvent utilisée par les parents pour jouer le rôle
de "gardienne" ou comme instrument de divertissement, et la
fréquence d'utilisation dépend de leur niveau d'éducation. Parke (1978)
estime que 53 % des mères et 44 % des pères ayant une éducation de niveau
primaire utilisent la télévision à des fins de gardiennage, mais seulement
21 % des mères et 19 % des pères ayant une éducation universitaire. il
est probable que certaines de ces différences soient dues à ce que les
parents de niveaux socio-économiques plus élevés ont accès à d'autres
moyens pour assurer la surveillance des enfants.
La relation entre contenu violent et l'agressivité des enfants
Les études sur les effets de la consommation d'émissions télévisées à
contenu violent ont changé de nature au fil des ans. Au début, bon nombre
de ces études étaient de véritables expériences dans le cadre desquelles
on répartissait au hasard des enfants dans des groupes qu'on exposait
ensuite à différents types d'émissions de télévision. La force de cette
approche résidait dans le fait que les différences de comportement existant
entre les groupes de traitement pouvaient être attribuées sans équivoque
aux différences entre les émissions de télévision plutôt qu'aux différences
entre des types d'enfants qui choisissent de regarder des émissions plus
ou moins violentes. Ces études ont montré que les enfants qui avaient
vu une personne ou un personnage de dessins animés se comporter de manière
agressive à l'écran se comportaient ensuite plus agressivement que les
enfants à qui aucune action agressive n'avait été présentée (ex. Bandura,
1965; Bandura, Ross, et Ross, 1963; Liebert et Baron, 1972). De manière
générale, ces recherches ont montré que les enfants ont davantage tendance
à imiter l'agressivité quand celui qui commet l'acte violent est récompensé
ou tout au moins n'est pas puni, ainsi que quand la violence est présentée
comme étant justifiée. Si la violence présentée comme réelle semble promouvoir
davantage l'agressivité chez l'adulte que la violence décrite comme fictive,
la violence fictive semble néanmoins rendre l'agressivité plus probable
que les émissions sans contenu violent (Atkin, 1983). L'inclination des
enfants à imiter la violence peut ne pas faire de différence entre
l'agressivité représentée de manière réaliste et celle des dessins animés
(Hearold, 1986). Lorsque les personnages ont recours à des comportements
agressifs pour parvenir à des objectifs jugés bons par la société (une
combinaison courante à la télévision), les jeunes enfants comprennent
moins bien le message que si les personnages se comportent avec logique
de manière totalement bonne ou totalement mauvaise. De plus, après avoir
été exposés à un personnage à la fois prosocial et antisocial, ils se
comportent de manière plus agressive qu'après avoir été exposés à un personnage
qui avait constamment une attitude prosociale (Liss, Reinhardt, et Frederiksen,
1983). Pour les très jeunes enfants donc, même si les comportements agressifs
des personnages sont justifiés, cela ne modifie pas l'influence de l'exposition
à ces comportements.
Malgré les contrôles serrés effectués au cours de ces expériences, les
méthodes traditionnelles de recherche en laboratoire ont été critiquées
sur plusieurs points. Premièrement, le court laps de temps que durent
ces études ne permettait pas d'évaluer les effets plus persistants associés
à une exposition répétée à des contenus violents. Deuxièmement, la plupart
de ces études étaient menées en laboratoire, un environnement plutôt artificiel
qui rend difficile l'application des résultats à l'environnement du foyer
ou celui de la communauté. Freedman (1984), par exemple, a souligné que
les effets de l'exposition à la violence ont pu être surévalués en ne
montrant aux enfants qu'un échantillon non-représentatif des émissions
les plus violentes (alors que la télévision se compose d'un mélange d'émissions
violentes et non-violentes) selon lui, les enfants auraient pu alors supposer
que les chercheurs approuvaient la violence ou tout au moins s'attendaient
à ce que les enfants se comportent de manière agressive. Freedman a suggéré
aussi que l'agressivité exprimée sur une poupée gonflable conçue pour
être frappée au cours de jeux, (la Bobo doll utilisée dans nombre
de ces premières études) peut ne pas refléter l'agressivité réelle.
Ce raisonnement a perdu toutefois de sa force à la lumière de l'étude
de Johnston, Deluca, Murtaugh, et Diener (1977). Ces chercheurs ont en
effet établi l'existence d'une relation importante (des corrélations de
l'ordre de 0,70) entre la fréquence à laquelle un enfant frappait la poupée
gonflable durant une séance de jeu et la façon dont ses camarades et ses
enseignants évaluaient son agressivité.
Les études ultérieures ont plutôt été menées dans l'environnement habituel
des sujets et ont permis d'examiner les effets de l'exposition à la violence
au cours de plus longues périodes de temps. Ces études ont l'avantage
de pouvoir être généralisées plus facilement à la vie réelle. Elles nous
empêchent cependant d'établir sans équivoque des relations de cause à
effet étant donné que la composition des groupes n'est pas due au seul
hasard et que la variable principale ne peut être contrôlée. Par exemple,
certains enfants peuvent avoir regardé davantage d'émissions violentes
que d'autres depuis le début de l'étude. Ces mêmes enfants pouvaient être
différents des autres en ce qui concerne d'autres variables, et ces différences,
plutôt que la violence regardée à la télévision, peuvent avoir entraîné
les conséquences négatives observées. Voici donc, en résumé, les résultats
principaux de chacune de ces méthodes de recherche.
La plupart des études mentionnées après n'évaluent pas directement la
quantité totale de violence que certains enfants regardent réellement
chaque jour à la télévision. En fait, l'analyse d'une semaine de télédiffusion
donne le niveau de violence moyen des émissions; les enfants rapportent
de leur côté le nom de leurs émissions préférées et le nombre de fois
qu'ils les regardent. On calcule ensuite à partir de ces données la quantité
approximative de violence à laquelle ils sont exposés. Certaines études
estiment que l'incidence de contenu violent est tellement élevée à la
télévision que mesurer le nombre total d'heures passées à regarder la
télévision constitue en fait une bonne indication de l'exposition à la
violence : plus on regarde la télévision, plus on s'exposerait à la violence.
Exception faite des familles qui contrôlent très soigneusement ce que
regardent leurs enfants, ceci peut ne pas être une mauvaise hypothèse,
puisque le taux global d'incidence de comportement agressif à la télévision
est en effet très élevé.
Williams et ses collègues (Williams, 1986b) ont décrit la planification
et le déroulement d'une étude très importante qui portait sur les effets
de la télévision sur l'agressivité des enfants. L'étude commença peu de
temps après que l'on apprit qu'une ville canadienne qui ne recevait pas
de signaux télévisuels jusqu'alors allait pouvoir les capter dans un proche
avenir. Les chercheurs voulaient évaluer le comportement des enfants avant
et après l'arrivée de la télévision dans la ville (Notel) et le comparer
tout au long de l'étude à celui d'enfants dans deux villes très semblable,
l'une ne recevant qu'une seule chaîne de télévision (Unitel ne recevait
que Radio-Canada) et l'autre pouvant capter plus d'une chaîne (Multitel
recevait Radio-Canada et des chaînes américaines).
La force de cette étude résidait dans trois éléments : elle fournissait
une évaluation des effets de la télévision, à longterme (deux ans) elle
ne se déroulait pas en laboratoire mais dans la réalité, et elle ne comparait
pas des enfants qui regardaient plus ou moins de télévision du fait de
différences individuelles ou familiales. Elle comparait plutôt des enfants
qui avaient déjà accès à la télévision à des enfants qui auraient probablement
bien voulu la regarder si elle avait été accessible.
L'agressivité fut mesurée en fonction d'observations directes du comportement
ludique des enfants dans la cour de récréation et d'évaluations par les
enseignants et les pairs. Des observations longitudinales de 45 enfants,
dont le comportement avait été évalué en première et deuxième années puis
réévalué deux ans plus tard, révèlent une augmentation de l'agressivité
verbale et physique des enfants qui, au début, n'avaient pas accès à la
télévision. Par ailleurs, l'agressivité des enfants qui avaient pu regarder
une ou plusieurs chaînes durant toute l'étude n'avait pas changé. Des
résultats presque identiques furent obtenus en comparant des enfants mesurés
en début d'étude avec des enfants du même niveau scolaire deux ans plus
tard. De plus, cet accroissement d'agressivité dans le comportement n'était
pas propre à un sous-groupe de l'échantillon représentant les enfants
les plus agressifs. L'évaluation du comportement des enfants de Notel
avant l'arrivée de la télévision avait permis de les classer comme ayant
un haut ou un bas niveau d'agressivité. Deux ans plus tard, il n'y avait
pas de différence entre ces deux groupes en ce qui avait trait aux niveaux
d'agressivité, au nombre d'heures d'écoute ou au nombre d'émissions considérées
comme violentes qu'ils préféraient.
Les résultats de cette étude suggèrent fortement qu'il existe une relation
entre regarder la télévision et se comporter de manière agressive. De
plus, la ville qui avait accès seulement à une chaîne canadienne et la
ville qui avait accès à plusieurs chaînes canadienne et américaines avaient
obtenu des résultats similaires. Ceci suggérait que le nombre ou le genre
de chaînes auxquelles les gens ont accès n'a pas grande importance. En
d'autres termes, on ne peut postuler que la télévision d'État canadienne
produit des effets différents des chaînes privées, puisque le profil d'Unitel
qui ne recevait que Radio-Canada était très semblable à celui de Multitel
qui recevait et Radio-Canada et des chaînes américaines. De fait, Williams
(1986a) affirme que le niveau de violence de la grille des programmes
de Radio-Canada ne diffère pas de beaucoup de celui des autres réseaux.
Il note aussi que les documentaires de Radio-Canada sur la guerre ou sur
d'autres actions violentes fournissent un vecteur important d'exposition
des enfants à des contenus violents.
Deux résultats présentaient toutefois quelques problèmes. Premièrement,
les chercheurs avaient formulé l'hypothèse que les enfants de Notel montreraient
en début de projet des niveaux d'agressivité inférieurs à ceux Unitel
et de Multitel. Quoique les enfants de Notel soient devenus en effet plus
agressifs durant les deux ans qui ont suivi l'arrivée de la télévision,
au départ les niveaux d'agressivité verbale et physique dans cette ville
n'étaient pas inférieurs à ceux des deux villes recevant des émissions
de télévision, à l'exception du niveau d'agressivité verbale des enfants
de Notel, qui était dans un premier temps inférieur à celui des enfants
de Multitel. Deuxièmement, le nômbre d'heures de télévision regardées
par les enfants Unitel et de Multitel au début des évaluations ne prédisait
pas de manière significative l'agressivité qui serait mesurée deux ans
plus tard. Par la suite, le nombre d'heures passées devant la télévision
permettra toutefois de prédire le niveau d'agressivité concomitante.
Notre connaissance de la façon dont la violence représentée sur le petit
écran affecte les enfants s'est accrue de manière notable grâce aux études
de Lefkowitz, Eron, Walder, Huesmann et autres. La première de leurs études
avait évalué l'agressivité de 875 enfants (à partir de renseignements
par leurs camarades de classe), ainsi que leurs préférences en matière
d'émissions violentes en troisième année (à partir de renseignements par
les mères). Dix ans plus tard, les mêmes variables ont été réexaminées
pour la moitié des mêmes sujets environ. Les résultats indiquèrent que
la préférence des garçons, (et non celle des filles) pour le contenu télévisuel
violent en troisième année était reliée de manière significative au degré
d'agressivité observé chez ces mêmes garçons dix ans plus tard (Lefkowitz,
Eron, Walder, et Huesmann, 1977). D'autres suivis de ce groupe de sujets
ont indiqué que la fréquence d'exposition des garçons aux émissions violentes
qu'ils préfèrent, selon leurs propres dires, prédisait la fréquence et
la gravité des délits criminels qu'ils commettraient à l'âge de 30 ans,
même après que l'influence de l'agressivité initiale et du quotient intellectuel
de ces garçons ait été annulée (Huesmann, 1986b).
Une étude interculturelle ultérieure réalisée par ce même groupe de chercheurs
a cherché à cerner le degré de similarité de l'effet du contenu violent
dans des pays où l'attitude de la société vis-à-vis de l'agressivité,
le contenu des émissions et l'accès aux émissions de télévision étaient
radicalement différents (Eron, Huesmann, Brice, Fischer, et Memerlstein,
1983; Huesmann et Eron, 1986a; Huesrnarin, Lagerspetz, et Eron, 1984).
Il est clair que la force d'une telle approche réside dans ce queue peut
évaluer la solidité de la relation entre la violence et l'agressivité
dans des environnements culturels très différents. L'étude s'est penchée
sur l'Australie, les États-Unis, la Finlande, et la Pologne. Ces pays
présentent des réalités très différentes quant à leurs taux d'homicides
(les É-U connaissant le plus haut taux et la Pologne le plus bas), le
nombre de téléviseurs dans la population, et le nombre d'heures d'émissions
disponibles par jour (les É-U connaissant les plus hauts taux et Israël
et la Finlande les plus bas). Dans chaque pays on a observé des enfants
de la première à la troisième année et de la troisième à la sixième année
afin de mesurer chez ces derniers l'agressivité, les préférences en matière
d'émissions violentes, la fréquence de consommation, la perception du
caractère réel de l'émission, l'identification avec les personnages de
la télévision, la préférence pour les activités typées par le sexe, l'intensité
de participation à des actes d'agression ou d'héroïsme imaginaires, et
l'intelligence. Chez les parents, on a étudié le degré de soins prodigués
aux enfants, l'attitude de rejet vis-à-vis de ces derniers, l'attitude
vis-à-vis des punitions, l'attitude vis-à-vis de la réussite personnelle,
l'agressivité, les habitudes de consommation d'émissions, l'intensité
de leur participation dans l'imaginaire de l'enfant, et le niveau socio-économique.
Remontant à des analyses effectuées plus tôt au cours de la même étude,
Huesmann, Lagerspetz, et Eron (1984) ont comparé les résultats obtenus
aux États-Unis et en Finlande. Ils ont trouvé que l'exposition à la violence
télévisée des garçons et des filles aux États-Unis et des garçons en Finlande
prédisait de manière significative l'agressivité deux ans plus tard. Dans
un pays comme dans l'autre, l'agressivité ultérieure des garçons était
beaucoup plus élevée chez ceux qui non seulement regardaient de nombreuses
émissions violentes mais s'identifiaient aussi fortement aux personnages
regardés.
Dans tous les pays, le taux général d'exposition des enfants à la violence
télévisuelle, leur identification aux personnages des émissions, et leur
perception du caractère réaliste de ces émissions à caractère violent
montraient une corrélation positive avec leur agressivité. Cette relation
demeurait même quand les niveaux initiaux d'agressivité étaient contrôlés.
Ni le milieu social ni l'intelligence des enfants n'expliquaient la relation
existant entre leurs habitudes de consommation de télévision à un jeune
âge et leur comportement agressif plus tard dans la vie. Il faut toutefois
noter que dans la plupart des pays, l'appartenance à une classe sociale
défavorisée et une intelligence inférieure se trouvaient tous deux liés
à une plus grande consommation d'émissions de télévision. Les corrélations
apparaissaient plus vivement chez les garçons, mais elles existaient aussi
chez les filles. Dans le seul cas des États-Unis, on a observé une relation
significative tant chez les garçons que chez le filles, de plus hauts
niveaux d'agressivité à un jeune âge et de plus hauts taux de consommation
ultérieure d'émissions de télévision violentes. Huesrnann (1986a) en a
conclu que l'hypothèse voulant que l'exposition à la violence télévisée
accroisse l'agressivité ultérieure a été fortement confirmée et ce, même
chez des enfants de cultures très différentes qu'ont des attitudes très
diverses vis-à-vis de l'agressivité, ainsi que dans des environnements
télévisuels très différents.
Parallèlement à beaucoup d'autres études, des éléments propres aux parents
ont été associés ici à l'agressivité des enfants. Les enfants qui étaient
plus agressifs avaient en général des parents quéraient eux-mêmes plus
agressifs, qui se montaient moins contents de leurs enfants et qui les
punissaient plus sévèrement (Huesmann 1986a).
Les recherches d'Eron et coll. (1983) permettent de croire qu'entre 6
et 10 ans, les enfants sont particulièrement sensibles aux effets de la
télévision, d'abord parce que c'est à cet âge qu'ils passent le maximum
de temps à regarder la télévision ensuite parce que leur agressivité continue
de croître, et que les enfants considèrent encore la télévision comme
très réaliste. Les enfants cet âge constitueraient donc une cible très
importante que toute intervention devrait viser.
La méta-analyse constitue une autre manière d'évaluer les données exis
' tantes sur la relation entre consommation d'érru'ssions de télévision
et agressivité. Cette méthode permet de résumer quantitativement les résultats
d'un très grand nombre d'études. Hearold (1986) a effectué une méta-analyse
de 230 études sur les effets de la télévision sur le comportement social.
Environ 60 % de ces études étaient des expériences de laboratoire, 30
% des enquêtes et 10 % des études sur le terrain. Hearold en a conclu
que la relation entre la consommation de violence télévisée et un comportement
agressif ultérieur est plus évidente chez les garçons que chez les filles.
De manière générale, les recherches se servant d'émissions d'information
ont entraîné par la suite plus de comportements agressifs que les recherches
utilisant des westerns ou des émissions policières. Il faut toutefois
noter qu'au total les études qui démontrent l'existence d'un lien entre
des émissions de télévision positives et des comporte-ments prosociaux
ultérieurs ont produit des effets de taille plus importante que
les études se penchant sur le lien entre émissions négatives et agressivité
ultérieure.
La violence télévisée n'affecte-t-elle que les enfants qui
sont déjà plus agressifs?
Il n'est pas facile de répondre à cette question. Joy, Kimball, et Zambrack
(1986) ont noté qu'une fois la télévision disponible à Notel, les enfants
de cette ville sont devenus plus agressifs, ceux qu'ont avait évalués
avant l'arrivée de la télévision comme ayant un haut niveau d'agressivité
tout comme ceux qu'ont avait évalués comme ayant alors un bas niveau d'agressivité.
En revanche, Josephson (1987) soutient qu'exposer des groupes de garçons
considérés comme violents à de la violence télévisée leur fait atteindre
de plus hauts niveaux d'agressivité que les exposer à une émission non
violente. Toutefois, des groupes de garçons moins agressifs atteignent
des niveaux d'agressivité plus hauts après avoir été exposés à l'émission
non violente qu'après avoir été exposés à l'émission violente. Le problème
s'explique en partie par le fait qu'une boucle de rétroaction noue la
consommation d'émissions violentes au comportement agressif. Être exposé
à la violence semble accroître l'agressivité mais être agressif semble
aussi accroître la préférence pour la télévision violente. Ceci est peut-être
dû au fait que le comportement agressif amène une attitude de rejet de
la part des pairs et que cela entraîne une diminution du choix d'activités
à la disposition de l'enfant (Huesrnann, 1986b).
Par quels mécanismes l'exposition à la violence peut-elle
affecter les enfants?
La façon la plus simple de décrire comment la consommation de violence
télévisée peut rendre agressif consiste à dire que les enfants observent
des comportements agressifs nouveaux et qu'ils apprennent indirectement
que les actes violents sont récompensés. Ils mémorisent ces nouveaux comportements
qui font désormais partie de la palette d'actions qu'ils peuvent choisir
pour obtenir ce qu'ils veulent. Le premier, Bandura (1965) avait avancé
ce modèle d'apprentissage basé sur l'observation. Il est clair que plus
les enfants perçoivent les scènes de violence comme étant proches de la
réalité et croient que les personnages sont comme eux (identification),
plus il est probable qu'ils essaieront le comportement qu'ils ont appris.
Ce type d'explication des changements de comportement induits par la
violence télévisée a inspiré d'autres travaux qui ont fait référence aux
mécanismes de stockage et de rappel des souvenirs de comportement agressif.
Pour Huesmann (1986b), les fantasmes d'actions agressives renforcent les
scénarios appris et gardés en mémoire. Il a aussi- souligné l'importance
d'éléments de l'environnement pour font appel à des schémas particuliers
de comportement agressif. Un certain nombre de chercheurs ont en fait
montré que les enfants se comportent de manière plus agressive sitôt qu'on
leur fournit des jouets apparaissant dans des scènes de violence télévisée
ou associés de manière plus générale à l'agressivité (Potts, Huston, et
Wright, 1986; Josephson, 1987).
La violence télévisée peut aussi changer les attitudes des individus
quant au monde en général, ce qui aboutirait à leur faire percevoir la
violence comme étant plus répandue ou plus acceptable qu'elle ne l'est
en réalité. Drabman & Thomas (1974, 1976) ont montré que des enfants
ayant regardé un film violent toléraient des comportements agressifs plus
extrêmes chez d'autres enfants avant de demander l'assistance d'un adulte
que les enfants qui avaient regardé un film intéressant mais non-violent
ou n'avaient pas regardé de film du tout. En fait, ces enfants semblaient
avoir été désensibilisés à l'agressivité et à ce qu'elle signifiait. Trouver
le comportement agressif plus acceptable peut par la suite empêcher l'enfant
d'inhiber sa propre agressivité. Dans la mesure où la violence télévisée
crée chez le spectateur une conception du monde et un système de valeurs
irréalistes relativement à ce qui constitue un comportement acceptable
l'enfant peut se comporter de manière incongrue dans la vie.
Quelle est l'importance de la violence? Les différences d'agressivité
entre individus peuvent-elles être hnputées aux effets de
la télévision?
Hearold (1986) a comparé la taille moyenne des effets dans les études
sur la violence télévisée à celle des effets dans des études de divers
traitements éducatifs et médicaux. En général, l'effet moyen de la violence
télévisée sur l'agressivité est environ deux fois moindre que celui de
cours particuliers sur les habiletés mathématiques, légèrement plus inférieur
aux effets des drogues sur des psychotiques, et à peu près deux fois plus
grand que le succès généré par la réduction de la taille d'une classe
de 30 à 15. Hearold (1986) en conclut même si l'effet est minime, il n'est
pas à négliger. Selon Hearold (1976), on peut attribuer l'effet plus important
des programmes prosociaux sur le comportement prosocial, au caractère
généralement intentionnel de ces effets et aux efforts en vue de les maximiser.
En grande partie, cependant, les effets de la violence télévisée sur l'agressivité
ne sont pas intentionnels.
Une méthode -conventionnelle d'évaluation de l'importance relative de
différentes variables consiste à mesurer r2r facteur basé sur
la proportion de la variance qu'influence une variable donnée. Rosenthal
(1986) a toutefois démontré que même si la violence au petit écran peut
ne compter que pour 10 % ou moins de la variance des taux d'agressivité,
la relation n'est nullement négligeable du fait de ses conséquences pratiques
: cela correspond en effet à une capacité de réduire des taux de comportement
agressif de 62 % à 38%.
Potts et coll. (1986) ont fait regarder à des garçons d'âge préscolaire
répartis en groupes de deux, des émissions de télévision qui avaient des
contenus de violence soit élevés soit faibles. On remettait ensuite aux
enfants des jouets qui avaient soit des connotations agressives (une Bobo
doll, des robots boxeurs, des personnages de la Guerre des étoiles, etc.),
soit des connotations prosociales (un panier et un ballon de basket-ball
en mousse, des personnages tels que des ambulanciers et des auxiliaires
médicaux, etc.). On a ensuite calculé les taux d'activités ludiques prosociales
et agressives. Les résultats ont indiqué que le niveau de contenu violent
dans les émissions de télévision n'avait qu'une faible incidence comparativement
l'effet qu'avait le type de jouet présenté aux enfants. Lorsque les enfants
étaient mis en présence de jouets à connotation agressive, on observait
des actes beaucoup plus agressifs que lorsqu'ils avaient accès à des jouets
à connotation prosociale. En revanche, le fait de regarder un programme
à contenu plus violent n'a produit aucune différence dans le comportement
agressif ultérieur des enfants. On a observé en effet qu'un tel programme
amenait les enfants à aider plus souvent leur partenaire et à partager
plus souvent les jouets que ne le faisait une émission de télévision à
contenu moins violent. Les auteurs en avaient conclu que «les qualités
de l'environnement immédiat peuvent être suffisamment fortes pour l'emporter
sur les effets d'une brève exposition à différents types d'émissions de
télévision» et aussi que (des résultats accumulés à ce jour indiquent
que les effets des contenus et de la forme des émissions de télévision
dépendent de l'environnement de l'enfant. »
Relation entre télévision et crainte
L'accroissement de l'agressivité peut ne pas être la seule conséquence
de la consommation de violence télévisuelle. L'exposition à la violence
dans les émissions peut aussi mener à un accroissement des craintes et
des angoisses quant à l'éventualité d'être victime d'un acte violent.
Bryant, Carveth, et Brown (1981) répartirent des étudiants de premier
cycle d'université en groupes au hasard et leur demandèrent de choisir
leur niveau de consommation de télévision en fonction de différentes lignes
directrices. On demanda ainsi aux faibles consommateurs de télévision
de ne regarder que très peu de télévision, tandis qu'on demandait aux
forts consommateurs de regarder au moins 28 heures de télévision par semaine.
Six semaines plus tard, les forts consommateurs déclaraient qu'ils croyaient
être eux-mêmes une cible plus probable de violence que ne le pensaient
les faibles consommateurs et ce, indépendamment de leurs niveaux initiaux
d'anxiété et du caractère justifiable ou injustifiable qu'ils attribuaient
à la violence. Regarder la télévision peut donc conduire à concevoir le
monde comme étant un endroit plus dangereux qu'il ne l'est en réalité.
Cela s'explique par le fait que la violence est plus visible et plus fréquente
à la télévision qu'elle ne l'est dans la vie réelle. Paradoxalement, il
semble que la télévision insensibilise et sensibilise à la fois les gens
à la violence. S'estimer plus vulnérable à la violence sert peut-être
aussi à légitimer les actions violentes comme moyens de défense.
L'effet probable sur les enfants de l'accroissement de là
câblodistribution, de l'utilisation des magnétoscopes et de
l'exposition aux jeux vidéo.
L'accroissement de la câblodistribution et de l'utilisation des magnétoscopes
devrait signifier un choix plus vaste d'émissions à la disposition des
enfants. En soi, ce processus pourrait pen-nettre aux enfants d'augmenter
soit leur consommation d'émissions prosociales ou d'émissions antisociales.
Ce que les enfants feront de ce choix accru dépendra donc de facteurs
tels que le degré de contrôle exercé par les parents sur ce que les enfants
regardent.
La recherche sur les jeux vidéo n'en est qu'à ses premiers balbutiements,
mais tend à se situer en parallèle de la recherche sur les effets de la
télévision. Les chercheurs soulignent toutefois que les jeux vidéo requièrent
beaucoup plus de participation active et constituent par conséquent une
activité différente de la consommation d'émissions de télévision. L'inconvénient
de la plupart des études dans ce domaine est de ne s'être penché que sur
les effets d'exposition très brève aux jeux vidéo et de n'avoir évalué
que les conséquences à très court terme, en fait les conséquences immédiates.
À cause peut-être de ces éléments, les recherches jusqu'à maintenant en
général se contredisent et sont peu concluantes.
Cooper et Mackie (1986) ont réparti en groupes de deux 84 enfants de
quatrième et cinquième années. Un membre de chaque groupe s'amusait avec
un jeu vidéo violent ou non violent ou encore jouait avec un casse-tête.labyrinthe
pendant huit minutes tandis que l'autre regardait. Les chercheurs observent
ensuite les enfants jouant librement deux par deux pour déterminer combien
de temps ils jouaient avec des jouets violents ou non violents. Enfin,
ils demandèrent aux enfants d'appuyer sur un bouton pour montrer combien
un enfant imaginaire devait être puni pour une mauvaise action et récompensé
pour une bonne. Ils découvrirent que les filles, mais non les garçons,
qui avaient été exposées aux jeux vidéo violents jouaient davantage avec
les jouets de type agressif et changeaient d'activités plus souvent que
ceux qui avaient été exposés aux jeux vidéo non violents ou aux labyrinthes.
Il n'y avait aucune différence entre les groupes en ce qui concernait
le montant de punitions ou de récompenses à donner à l'enfant imaginaire.
Dans une étude similaire, Graybill, Strawniak, Hunter, et O'Leary (1987),
répartirent deux par deux 146 enfants allant de la deuxième à la sixième
années. Dans chaque groupe, un des deux enfants joua durant 14 minutes
à un de trois jeux vidéo violents ou un de trois jeux vidéo non violents.
Pendant ce temps, l'autre enfant regardait. Chaque enfant eut ensuite
la possibilité d'aider ou de faire mal à un autre enfant qui jouait à
un autre jeu dans une autre salle (l'enfant n'existait pas vraiment) :
s'ils poussaient tel bouton, une poignée deviendrait plus facile à tourner;
s'ils poussaient tel autre bouton, la poignée deviendrait très chaude.
Il n'est pas apparu de différence de comportement vis-à-vis du tiers entre
les groupes ayant été exposés à des jeux vidéo violents et les groupes
ayant été exposés à des jeux vidéo non violents. Les résultats de ces
deux études n'ont cerné aucune différence entre ceux qui avaient en fait
joué aux jeux vidéo et ceux qui n'avaient que regardé. Schutte, Malouff,
Post-Gorden et Rodasta (1988) n'observent aucune différence non plus dans
le jeu libre d'enfants légèrement plus jeunes (cinq à sept ans) qui avaient
été exposés à des jeux vidéo violents ou non violents; les jeux des enfants
n'avaient toutefois été observés que pendant cinq minutes.
Regarder un jeu vidéo violent peut rendre les enfants moins susceptibles
de se comporter de manière prosociale. Chambers et Ascione (1987) ont
demandé à 160 enfants de troisième, quatrième, septième, et huitième années
soit de jouer à un jeu vidéo violent ou non violent soit de remplir un
questionnaire sur les jeux vidéo pendant 10 minutes environ. Les enfants
qui avaient joué à un jeu vidéo violent soit seuls soit en compétition
avec un autre enfant firent significativernent don aux «enfants pauvres»
de la ville de moins de pièces de cinq cents qu'ils avaient gagnées que
les enfants qui avaient joué à un jeu vidéo non violent seuls. Les dons
des enfants qui avaient joué à un jeu non violent avec un autre ne différaient
aucunement de ceux des autres groupes. Aucune différen ce n'est apparue
entre les groupes en ce qui concerne le nombre de crayons taillés pour
aider les chercheurs.
Quel rôle jouent les parents?
De tous les adultes, un parent est celui qui peut fournir l'influence
la plus durable sur l'enfant. Alors que les enseignants et les autres
modèles disparaissent au fil des ans, les parents demeurent. ils déterminent
le type d'environnement dans lequel vivent l'enfant, le genre de jouets
avec lesquels il joue, le nombre d'heures et le type démissions de télévision
que l'enfant regarde. Ils interprètent aussi pour l'enfant ce qui se passe
à l'écran. Les études de Grusec (1973) et de Watkins et coll. (1980) notées
auparavant donnent à penser que les adultes peuvent avoir une influence
très significative sur ce que les enfants tirent de la télévision et comment
ils y réagissent. Les parents peuvent servir de modèles, de contrôleurs,
et d'interprètes pour la télévision comme pour d'autres aspects importants
de la vie de l'enfant. Le degré auquel ils remplissent vraiment ces fonctions
constitue toutefois une autre question. Un certain nombre d'études ont
indiqué que les parents interviennent rarement pour empêcher les enfants
de regarder une én-dssion à contenu violent ou ne leur convenant pas (Bower,
1973; Mohr, 1979; Streicher et Bonney, 1974). St. Peters, Fitch, Huston,
Wright, et Eakins (1991) notent que les parents sont le plus susceptibles
de décourager les enfants de regarder des émissions lorsqu'il s'agit de
films d'horreur et de feuilletons (soaps); ils sont en revanche généralement
neutres quant aux émissions policières, aux dessins animés, et aux émissions
contenant un super héros. St. Peters et coll. (1991) ont aussi découvert
que le type dédissions que les enfants et les parents regardent ensemble
tendait à correspondre davantage au goût des parents qu'au goût des enfants,
de telle sorte qu'un choix parental peut en grande partie déterminer l'exposition
des enfants à la violence d'émissions policières et d'émissions d'information.
C'est probablement toute la trame des relations parent-enfant qui sous-tend
la façon dont les enfants sont affectés par la télévision. Les parents
démontrent continuellement leurs valeurs dans une infinie variété de situations.
D'une certaine manière, la façon dont les parents réagissent à la télévision
constitue un cas particulier de ce grand tissu de réactions. Rothschild
et Morgan (1987), par exemple, ont trouvé qu'un niveau plus faible de
contrôle parental, tant en général qu'en ce qui concerne la télévision,
était relié à des niveaux de crainte plus élevés chez les adolescents,
surtout lorsque ces éléments étaient associés à de bas niveaux de cohésion
familiale. Il est donc tout à fait possible que certains des effets attribués
jusqu'ici à l'exposition des enfants à la violence télévisée soient attribuables
indirectement à des caractéristiques plus générales de leurs parents.
Un des éléments prédicteurs d'agressivité chez les enfants qui le plus
souvent observé est le manque de contrôle et le manque de discipline efficace
de la part des parents (Patterson, DeBaryshe, et Ramsey, 1989). Il semble
probable que les parents qui ne vérifient pas ou ne contrôlent pas efficacement
les activités de leurs enfants seront plus susceptibles dans les deux
cas de voir leurs enfants regarder davantage de violence télévisée et
se comporter de manière agressive et n'en retirer que peu de conséquences
négatives. Ainsi, contrôle parental et discipline inefficace peuvent constituer
des variables d'importance critique dans la définition du lien existant
entre la consommation de contenu violent et l'agressivité ultérieure des
enfants par ailleurs, l'exposition à la violence à la télévision peut
ne constituer qu'un canal parmi d'autres par lequel l'influence des traits
distinctifs des parents affecte l'agressivité des enfants. Il s'ensuit
que pour changer vraiment l'agressivité d'un enfant, il peut être nécessaire
de se pencher non seulement sur les habitudes des parents en matière de
consommation de télévision, mais aussi sur la façon dont ils se comportent
dans d'autres échanges avec l'enfant.
Nous devrions finalement souligner que l'influence des parents sur leurs
enfants rencontre toutefois des limites importantes. Les parents exercent
ainsi moins d'influence sur leurs enfants quand ceux-ci grandissent et
passent plus de temps en dehors du foyer familial en compagnie de camarades.
L'âge de six à dix ans qu'Eron et coll. (1983) considèrent comme très
important,-correspond à une période où les parents peuvent encore exercer
un contrôle important sur le comportement des enfants et peuvent aussi
influencer d'une façon prononcée leur façon de penser et leur état d'esprit.
Conclusions : les effets de la violence dans les médias sur les enfants
Schramm, Lyle, et Parker (1961) avaient conclu que «Pour certains enfants,
dans certaines conditions, certaines émissions sont néfastes. Pour d'autres
enfants, dans les mêmes conditions, elles peuvent être bénéfiques. Pour
la plupart des enfants, dans la plupart des conditions, la plupart des
émissions ne sont probablement ni très néfastes, ni très bénéfiques.»
Quoique nous n'ayons pas ici revu les données appuyant 'l'existence des
effets positifs de la télévision sur les enfants, il est bien clair que
ces effets peuvent être considérables et, en fait, dépasser en importance
les effets négatifs (Hearold, 1986).
Huesmann et Eron (1986b) ont souligné que les causes de l'agressivité
chez l'enfant semblent être en surnombre. Outre l'exposition au contenu
violent de la télévision, il y a en effet toute une constellation de variables
qui prédisent l'agressivité et nombre d'entre elles doivent être présentes
pour que l'agressivité se manifeste. Il apparaît toutefois que l'exposition
à la violence télévisée est liée de manière notable et constante à l'agressivité.
Il se peut que son importance soit en partie liée au fait queue fournit
une cible bien définie que quelques interventions peuvent atteindre sans
détour, ce qui n'est pas le cas pour une cible plus floue et moins sensible
comme les traits caractéristiques généraux des parents.
Les initiatives de l'industrie, de la corrimunauté et de l'État
pour combattre les effets de la violence dans les médias.
Afin d'analyser les initiatives de ces trois secteurs, nous sorames entrés
en relation avec les ministres de l'Éducation de chaque province et territoire,
nous sommes écrit à toutes les chaînes de télévision ainsi qu'aux organismes
qui leur sont associés (l'Association canadienne des radiodiffuseurs,
le Conseil de la radiodiffusion et des télécommuni-cations canadiennes),
et nous avons communiqué avec les organismes communautaires intéressés
dans le domaine de l'exposition à la violence et ses effets sur les enfants
(Évaluation-Médias [Media Watch], l'institut de radio-télédiffusion pour
enfants/Alliance for Children and Television, Towards A Gentler Society).
Nous avons demandé à chacun de ces groupes de décrire toute initiative
présente ou future qu'ils auraient prise visant relativement à l'effet
de la violence médiatique sur les enfants. En général, ces consultations
ont montré que ce sujet génère beaucoup moins d'action que les sujets
tels que les effets de la publicité, les stéréotypes sexuels et la violence
à l'égard des femmes et des enfants dans les médias. Évaluation-Médias,
par exemple, précise clairement dans son énoncé de mission que le groupe
se préoccupe presque exclusivement des questions de rapport entre les
sexes. Ceci ne peut manquer de surprendre vivement du fait de l'attention
dont la violence télévisée a été l'objet au cours des deux dernières décennies,
tant de la part du gouvernement que de la communauté en général aux États-Unis
surtout, mais aussi au Canada et dans d'autres pays.
Toutes les chaînes privées nous ont dirigés vers l'Association canadienne
des radiodiffuseurs (ACR), qui nous a ensuite dirigés vers au Conseil
de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Le CRTC a
récemment publié deux rapports sur le su et de la violence et de'la télévision.
On peut se les procurer à leurs bureaux. Le premier document (Martinez,
1992) passe en revue les études scientifiques sur les effets de la violence
télévisée. Le second (Atkinson et Gourdeau, 1992) revoit les conclusions
des enquêtes et autres rapports publics émanant de différentes sources
de par le monde (Ontario, Grande-Bretagne, France, Australie, Nouvelle-Zélande,
Unesco) ainsi que les processus de réglementation de la violence télévisée
dans ces pays. Ces travaux serviront de base, du moins en partie, à la
présente élaboration, par le CRTC, d'une nouvelle politique sur la violence
dans les émissions télévisées, prévue pour le début 1993.
La Société Radio-Canada nous a envoyé une lettre soulignant qu'elle ne
produisait ni n'achetait d'émissions pour enfants ayant un haut niveau
de violence et ce, en raison des inquiétudes qu'elle nourrit depuis longtemps
sur les effets de la violence dans les médias sur les jeunes publics.
Radio-Québec nous a fait parvenir des exemplaires de sa politique sur
la violence télévisée, de l'information sur des émussions pour enfants
qui se penchent sur la résolution de conflits de manière prosociale et
sur la façon de développer ses habiletés d'écoute critique, ainsi que
de l'information sur un groupe de travail qui s'est tenu en 1991-1992
et qui visait à éliminer la violence dans les émissions pour enfants.
À Radio-Québec tout en reconnaissant que la violence fait partie de la
vie, on s'efforce de ne pas présenter des scènes de violence pouvant produire
des effets négatifs chez l'enfant. On s'attache aussi à produire des émissions
qui montrent comment résoudre des problèmes de manière plus positive (Passe-Partout,
Robin et Stella, Catimini) et qui peuvent vraiment enseigner aux enfants
à être moins influencés par la violence médiatique (Club des 100 watts).
Le groupe de travail mentionné plus haut, qui visait à éliminer la violence
dans les émissions pour enfants, comptait parmi ses membres des radiodiffuseurs
(Radio-Canada, Télé-Métropole, Vidéotron, Télévision Quatre Saisons, le
Canal Famille, Radio-Québec) ainsi qu'un regroupement d'organismes et
de groupes de pression dont le but était d'éliminer la violence des émissions
pour enfants. Les émissions que le groupe avait identifiées comme étant
posant problème avaient été produites à l'étranger et diffusées par des
radiodiffuseurs du secteur privé. Il fut impossible pour les représentants
des radiodiffuseurs de s'entendre sur un point de vue commun et ils recommandèrent
que les autorités compétentes règlent le problème cas par cas.
Le ministère des Communications du Québec nous a fait parvenir un exemplaire
d'un rapport de 1992 sur la famille et la télévision au Québec (Groupe
de recherche sur les jeunes et les médias, 1992) qui décrit comment les
familles utilisent la télévision ainsi que les interactions autour du
téléviseur. Ce document est disponible dans les bureaux du Ministère.
Il comprend aussi des statistiques sur la fréquence à laquelle hommes
et femmes sont représentés en tant qu'agresseurs et en tant que victimes
dans les feuilletons français et anglais (les taux sont très voisins).
Des dix ministères de l'Éducation provinciaux et territoriaux qui ont
répondu à notre demande d'information, seul l'Ontario avait couvert la
violence dans les médias de manière spécifique dans un livre-ressource
destiné à un cours de connaissances médiatiques pour élèves de niveaux
intermédiaire et avancé. Un programme a été organisé, qui vise à prévenir
la violence (Second Step) au niveau des classes primaires,
mais il ne se penche pas particulièrement sur la violence médiatique.
L'Alberta a préparé une feuille de données sur la violence dans les médias
et les enfants destinée à être utilisée pendant le Mois pour la prévention
de la violence familiale en 1991 et en 1992. Sur cette feuille était réimprimé
un article de l'Institut pour la prévention de l'enfance maltraitée
paru dans leur journal Connection à l'été 1992. Cet article
suggère aux parents d'éteindre le téléviseur plus souvent pour les enfants
de moins de dix ans, surtout lorsque l'on montre un film d'horreur ou
d'action. Il y est aussi suggéré que les parents aient davantage d'activités
faisant recours à l'imagination et qu'ils enseignent aux enfants ce que
sont les vraies conséquences de l'agressivité. Le Nouveau-Brunswick et
I'Êe-du-Prince-Edouard disposent aussi de cours se rapportant spécifiquement
aux connaissances médiatiques et mentionnant des objectifs d'apprentissage
plus généraux tels que les habiletés de lecture critique. L'Alberta, la
Colombie-Britannique, le Manitoba et les Territoires du Nord-Ouest enseignent
les connaissances médiatiques en modules situés à l'intérieur de cours
tels que l'anglais, les langues, la santé, l'apprentissage de ça vie (learning
for living), les aptitudes à la vie quotidienne, et les sciences humaines.
De tels cours sont beaucoup plus susceptibles d'avoir des contenus définis
dans des domaines tels que la télévision, la violence envers les femmes
ou les abus sexuels que sur le sujet de la violence à la télévision. Engénéral,
sans un programme d'études clairement défini, la responsabilité retombe
sur les épaules des enseignants ou des comn-ùssions scolaires locales
de décider si l'influence de la violence télévisée sera discutée et conirrient
elle le sera.
La Nova Scotia Education Media Library montrait en catalogue
un titre de film qui semblait être particulièrement pertinent : «Shockwaves:
Télévision in America», Marfin films, 1984, qui se penche sur l'augmentation
des taux d'agressivité dans une ville de Colombie-Britannique queue ait
été exposée pour la première fois à la télévision (l'étude Williams).
Le ministère de l'Éducation du Québec a composé un dossier que l'on peut
se procurer dans ses bureaux et qui vise à faciliter les discussions d'élèves
sur le sexisme et la violence dans les vidéoclips («Clippe mais clippe
égal»).
L'Institut de radio-télédiffusion pour enfants a été formé il y a 20
ans pour appuyer les émissions de qualité pour les enfants. Il s'agit
d'une coalition nationale de radiodiffuseurs, de réalisateurs, d'écrivains,
d'annonceurs publicitaires et de groupes de pression défendant les droits
des enfants. Pour atteindre ses objectifs, la coalition présente chaque
année des prix d'excellence pour des émissions en français et en anglais.
L'organisme a changé de nom cette année et est devenu l'Alliance for
Children and Television (ACT). Son président, Alan Mirabelli, a mentionné
au cours d'un interview que son groupe espérait, grâce à son nouvel agencement,
pouvoir rnieux représenter les intérêts des parents et des enseignants.
Plusieurs initiatives sont présentement en cours de réalisation : des
ateliers sur des thèmes comme la violence à là télévision seront offerts
dans des localités, des revues de recherches pertinentes seront élaborées
afin de mieux informer parents et enseignants, et un bureau régional sera
ouvert pour desservir Québec. L'ACT ne se préoccupe pas directement du
problème de la violence télévisée, mais en stimulant la création d'émissions
offrant aux enfants une plus grande variété d'alternatives imaginatives
et prosociales, l'organisme fait probablement décroître quelque peu la
quantité de violence que les enfants regardent.
TAGS (Towards a Gentler Society) est un groupement qui a vu le
jour à Ottawa en 1992. Son but principal est de provoquer un débat public
sur les effets des j o uets violents et des émissions violentes sur les
enfants. En 1992, l'organisation a tenu une foire aux jouets pour mieux
faire connaître ces sujets et pour rendre les jouets non violents plus
accessibles aux parents.
L'Inter-Agency and Community Council de North York organise du
12 au 14 mai 1993 une conférence sur les effets de la violence sur les
jeunes enfants (jusqu'à la sixième année) et les possible de ces effets
pour les parents et les autres adultes qui s'occupent d'enfants. La conférence
veut entre autres examiner comment reconnaître les effets des médias sur
les enfants, contrôler le contenu des émissions et les influencer.
L'Institut C.M.Hincks de Toronto organise présentement une conférence
sur les effets de la violence télévisée sur les enfants. Si les subventions
sont obtenues, la conférence aura lieu en février 1993 et rassemblera
des représentants de l'industrie de la télévision, de l'organisme de réglementation
(ACT, CRTC, des représentants de diverses chaînes), ainsi que des groupes
de pression, des chercheurs, des travailleurs du milieu de la santé mentale
des enfants et des membres du public. Le but de la conférence est de promouvoir
le dialogue et de servir de vecteur d'éducation publique.
Le Centre for Media and Values de Los Angeles en Californie a
publié une trousse d'atelier de connaissances médiatiques que l'on peut
se procurer auprès de leurs bureaux. Cette trousse contient du matériel
à distribuer et des suggestions d'exercices pouvant être utilisés pour
sensibiliser les parents à la violence dans les médias.
Suggestions d'initiatives à prendre dans le domaine
Exercer des pressions afin d'éliminer toute forme de violence des émissions
de télévision s'est révélé remarquablement infructueux. Le problème réside
en partie dans le fait que la câblodistribution permet de recevoir des
émissions provenant de l'extérieur du pays en complète indépendance de
ce que font les chaînes canadiennes. Mais le souci des radiodiffuseurs
privés de garder leurs publics et la façon dont ils définissent la violence
ont aussi uvé à l'encontre des pressions mentionnées plus haut.
Si on efforce d'élaborer des émissions de bonne qualité pour enfants
on augmente de ce fait la possibilités pour les enfants de regarder des
émissions non violentes cela a probablement une certaine incidence sur
la quantité de violence à laquelle les enfants sont exposés. on ne peut
toutefois être sûr que les enfants regarderont ces émissions, et il est
toujours possible que les enfants regardent aussi des émissions conçues
principalement pour un public plus âgé. Encourager l'élaboration d'émissions
prosociales semble néanmoins constituer un important moyen d'induire des
attitudes et des comportements à l'antithèse de l'agressivité. Cette approche
doit donc être appuyée davantage. Hearold (1986) a montré que ces effets
positifs de la télévision sont particulièrement forts.
Il est fortement recommandé que des mesures soient prises pour que des
dossiers d'information soient conçus pour les parents et les enseignants,
décrivant ce que ces dernier peuvent faire pour contrer les effets de
la violence télévisée sur les enfants. Ces dossiers pourraient être distribués
par l'intermédiaire des écoles, des organismes communautaires et des agences
de traitement. Les écoles semblent constituer un point d'intervention
important puisqu'elles touchent tous les enfants. Le matériel de connaissances
médiatiques que nous avons examiné ne contenait que peu d'information
traitant directement de ce sujet. Il est donc clair que du nouveau matériel
devrait être élaboré sur la violence à la télévision.
Dans ce contexte, Husmann, Eron, Klein, Brice, et Fischer (1983) ont
décrit une initiative particulièrement pertinente. Ils ont comparé les
succès de deux interventions visant à rendre les enfants moins sensibles
aux effets de la violence à la télévision. Les deux expériences s'étaient
déroulées avec des enfants qui avaient une préférence très marquée pour
les émissions très violentes et rapportaient regarder le plus souvent
ce genre d'émissions. La première intervention avait eu lieu lorsque les
enfants étaient en deuxième ou en quatrième année. Elle se composa de
séances d'instruction de trois heures qui visaient à souligner que les
personnages d'émissions violentes ne se comportaient pas de la même manière
que la plupart des gens dans la vie réelle, que les techniques de réalisation
télévisuelle permettaient à ces personnages d'accomplir des exploits en
fait impossibles, et que la plupart des gens utilisent d'autres méthodes
que les personnages de la télévision pour résoudre les problèmes qui se
posent à eux. À fins de .comparaison, un autre groupe regarda aussi la
télévision et discuta pendant trois heures. Ces enfants ne regardèrent
toutefois pas d'émissions violentes et ne discutèrent pas le réalisme
du contenu des émissions. Trois mois plus tard, aucune différence d'évaluation
du caractère réel des émissions de télévision n'était apparue entre le
groupe dans lequel l'intervention avait eu lieu et le groupe de contrôle.
Ni les niveaux d'agressivité tels qu'évalués par des pairs ni la consommation
de violence télévisée n'avaient changé non plus, ni dans un groupe ni
dans l'autre. Dans la mesure où le contenu de cette intervention était
similaire à de nombreux progranunes de connaissances médiatiques, ces
résultats suggèrent que de simples cours de connaissances médiatiques
ne vont pas rendre à eux seuls les enfants moins vulnérables au contenu
violent de la télévision.
Une deuxième intervention eut lieu neuf mois plus tard avec les mêmes
enfants mais cette fois on recourent à des procédures plus puissantes
afin de changer leurs attitudes et leur comportement. Les enfants dans
le groupe de traitement avaient tous accepté de participer au tournage
d'un vidéo sur des enfants qui avaient été «trompés par la télévision,
blessés par la violence télévisuelle ou qui avaient eu des ennuis en limitant».
Les enfants décrivirent par écrit les aspects négatifs de la télévision,
s'enregistrèrent sur bande vidéo en train de lire leurs textes, se regardèrent
ainsi que leurs camarades de classe sur vidéo et, au cours de deux ateliers,
répondirent à des questions sur leurs présentations. Les enfants du groupe
de contrôle écrivirent aussi un essai, furent enregistrés sur vidéo en
train de le lire, et se virent eux-mêmes ainsi que leurs camarades de
classe. Toutefois, l'essai avait pour thème «pourquoi chacun devrait avoir
un passe-temps». Après l'atelier, le groupe sur lequel avait porté le
traitement montrait des attitudes qui étaient significativement plus négatives
envers la télévision que le groupe de contrôle ils croyaient aussi que
la télévision était significativement moins réaliste. Fait important,
à souligné le groupe sur lequel avait porté le traitement fut évalué par
des camarades quatre mois après l'atelier et fut trouvé significativement
moins agressif que le groupe de contrôle et ce, malgré l'absence de changements
dans les taux de consommation de violence télévisuelle dans un groupe
comme dans l'autre.
Les résultats de cette étude suggèrent fortement que les interventions
visant à réduire les effets négatifs de la consommation de la violence
à la télévision devraient faire participer activement les enfants et leur
faire concevoir les raisons pour lesquelles la violence télévisée peut
faire mal, plutôt que de simplement leur présenter ces éléments pour qu'ils
les assimilant passivement. Pour qu'un changement d'attitudes se produise,
il semble important que les enfants soient poussés à s'engager de manière
comportementale en défendant leurs thèses en public.
Cette deuxième intervention de Huesmann et coll. (1983) pourrait servir
de modèle pour la préparation de programmes conçus pour être utilisés
par des enseignants et des parents. Ces programmes seraient basés sur
le principe suivant diminuer l'effet de contenus violents sur les enfants
est plus important que d'éliminer l'exposition à la violence médiatique.
Selon Eron et coll. (1983), les enfants entre 6 et 10 ans constitueraient
le groupe le plus approprié pour ce genre d'interventions. Des programmes
destinés aux parents pourraient aussi comprendre des suggestions pour
les parents sur la façon de surveiller et de contrôler la consommation
de télévision par les enfants tout en préservant leur propre plaisir à
regarder le petit écran. Des suggestions plus générales sur la façon d'être
un bon parent pourraient aussi être incluses. Ces programmes pourraient
être annoncés dans des ateliers destinés aux enseignants et aux parents
au niveau local, et parrainés par des écoles locales ou des organismes
qui s'occupent de la santé mentale des enfants.
Enfin, on pourrait aussi encourager les chaînes de radiodiffusion à élaborer
des programmes pour aider les enfants à changer leur état d'esprit et
ainsi contrer les effets de contenus violents. Si des acteurs associés
à des actions violentes soulignaient que leurs personnages sont fictifs
et non pas réels, s'ils condamnaient leurs actions violentes dans de courts
messages à la fin des émissions, cela pourrait aider les enfants à replacer
ce qu'ils ont vu dans une perspective plus réelle. Cela pourrait aussi
les aider à ne pas trop s'identifier à des personnages violents.
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