Les filles victimes de violence sexuelle: Guide à l'intention des très jeunes filles
Série II des livrets d'information
sur la violence sexuelle
Générique
Administrateurs, VISAC
Naomi Ehren-Lis
Teri Nicholas
Coordination
Leonard Terhoch
Rédaction
Louise Doyle
Édition
Joanne Broatch (anglais)
Johanne Raynault (français)
Correction des épreuves
Johanne Raynault
Conception et mise en page
Jager Design Inc.
Impression
Broadway Printers Limited
Photographie
Leaping Lizard Productions
First Light Associated Photographers
Manipulation des images
Harry Bardal
Nous tenons à remercier tout particulièrement
le personnel de VISAC et de la Division de la prévention de la
violence familiale de Santé Canada, ainsi que toutes les autres
personnes qui nous ont offert leurs idées et leur appui.
Les conclusions et opinions exprimées
dans ce livret ne sont pas nécessairement celles de Santé
Canada.
Ces livrets sont publiés par le Vancouver-Richmond
Incest and Sexual Abuse-Centre (VISAC), une division de Family Services
of Greater Vancouver. VISAC offre une gamme étendue de services,
dont le traitement des enfants victimes de violence sexuelle et de thérapie
de groupe à l'intention des adultes ayant été victimes
de violence sexuelle dans leur enfance, ainsi qu'un programme de soutien
aux victimes de violence sexuelle.
La reproduction commerciale de ces livrets est
interdite. Toutefois, nous encourageons la reproduction à des
fins non commerciales avec mention de la source. Tous autres droits
réservés.
© Family Services of Greater Vancouver,
1994
1616 West 7th Avenue
Vancouver, B.C. V6J 1S5
ISBN 0-662-61000-8
Financé par
La Division de la prévention de la violence
familiale, Santé Canada
H72-21/101-1994
Ce livret aborde les sujets suivants :
Présentation du livret
Qu'est-ce que la violence sexuelle ?
Qui est victime de violence sexuelle ?
Quelles personnes sont coupables de violence
sexuelle ?
Est-ce que je suis responsable de ce qui m'est
arrivé ?
Comment obtenir de l'aide ?
Quels seront mes sentiments après avoir
parlé, et qu'arrivera-t-il ?
Que fait le conseiller en matière de violence
sexuelle ?
Comment se sentent les très jeunes filles
victimes de violence sexuelle ?
Vais-je un jour me remettre de cette expérience
?
Comment se procurer les livrets d'information
sur la violence sexuelle.
Note à l'intention des parents
Voici un livret à l'intention des très
jeunes filles qui ont été victimes de violence sexuelle.
La plupart des filles de neuf à douze ans pourront le lire facilement,
mais certaines d'entre elles auront besoin de l'aide d'un adulte. Les
plus jeunes auront besoin de se faire expliquer certains mots et certaines
idées.
Tu voudras peut-être le lire avec ta
mère ou ton père, ou avec une personne en qui tu as confiance.
Même si votre enfant
peut lire ce livret par elle-même, il est préférable
que vous le lisiez avec elle. Elle pourra ainsi poser des questions
et parler des sentiments, que cette lecture provoquera chez elle. Si
vous croyez que la lecture de ce livret risque de susciter trop d'émotions
chez vous, commencez par le lire seul(e), afin d'acquérir une
certaine sérénité face à son contenu, avant
de le lire avec votre enfant.
Présentation du livret
Si tu es une petite fille et si tu as subi de
la violence sexuelle, ce livre a été écrit spécialement
pour toi. Il peut t'aider de trois façons, c'est-à-dire
:
1
t'expliquer ce qu'est la violence sexuelle
2
te dire comment trouver de l'aide
3
t'aider à comprendre tes propres pensées et sentiments.
Il n'est pas nécessaire de lire ce livret
au complet en une seule fois. Lis ce que tu veux et tu liras le reste
plus tard, lorsque tu auras le goût d'en reprendre la lecture.
S'il y a des mots que tu ne comprends pas, demande à quelqu'un
de t'aider.
Dans ce livret nous avons utilisé
les pronoms il et lui en partant de l'agresseur, à moins
qu'il ne s'agisse vraiment d'une fille ou d'une femme. Nous avons
pris cette décision pour deux raisons : premièrement,
cela facilite la lecture et deuxièmement, les statistiques
montrent que ce sont le plus souvent les hommes et les garçons
qui infligent de la violence sexuelle aux filles. |
Tu voudras peut-être
le lire avec ta mère ou ton pore, ou avec une personne en qui
tu as confiance. Le lire avec une autre personne peut aider cette personne
à comprendre ce que tu ressens et t'encourager à parler
de la violence sexuelle que tu as subie.
Ce livret raconte l'histoire
de sept filles qui ont été victimes d'abus sexuels. Leurs
vrais noms ne sont pas Michelle, Ravjinder, Amy, Karla, Kim, Diane et
Maria, mais leur histoire et leurs sentiments sont vrais. Même
si ton expérience est différente, tes sentiments ressemblent
probablement beaucoup aux leurs.
Si tu es une petite fille et si tu as subi
de la violence sexuelle, ce livre a été écrit spécialement
pour toi.
L'histoire de Michelle
Lorsqu'elle avait huit ans, son grand frère
lui a dit qu'il allait faire son éducation sexuelle. Lorsqu'il
lui a montré son pénis et qu'il a touché à
ses parties intimes, elle a aimé cela. Il lui a promis qu'il
lui achèterait un T-shirt si elle le laissait faire encore et
elle a dit oui. Il lui a dit de n'en parler à personne et que
si elle parlait, il lui arriverait malheur. Après cette première
fois, il voulait sans cesse recommencer mais Michelle ne voulait plus.
Elle a donc raconté ce qui se passait
à sa grand-mère parce qu'elle savait que celle-ci ne se
mettrait pas en colère. Sa grand-mère a tout raconté
à une travailleuse sociale et aux parents de Michelle, qui ont
ordonné à son frère de mettre fin à ces
agissements. Ils ont ensuite trouvé de l'aide pour Michelle et
pour son frère.
Beaucoup d'enfants victimes
de violence sexuelle ont peur de parler parce que la personne qui abuse
d'eux les a menacés. Michelle a eu peur lorsque son frère
a refusé de cesser d'abuser d'elle. Elle faisait des cauchemars
et ne pouvait se concentrer à l'école. Maintenant quelle
a parlé à sa grand-mère et que les abus ont cessé,
elle se sent beaucoup plus en sécurité.
Qu'est-ce que la violence sexuelle ?
La violence sexuelle, c'est lorsque quelqu'un
touche les parties intimes de ton corps (les parties qui sont couvertes
par ton maillot de bain), et que tu ne comprends pas ce qui se presse
ou que tu te sens mal. Cet un genre de touchers dont tu ne veux pas
parler. La personne qui te touche ainsi sait qu'elle n'est pas supposée
toucher aux parties intimes de ton corps, comme tes parties génitales,
tes seins ou tes fesses, mais elle le fait quand même.
Lorsque quelqu'un veut que
tu touches à ses parties intimes, ou qu'il te montre des photos
d'enfants ou d'adultes qui touchent aux parties intimes d'un autre,
c'est aussi de la violence sexuelle.
La violence sexuelle peut
te troubler parce que, parfois, les caresses sont agréables,
comme dans lu cas de Michelle ; mais en même temps, tu te sens
mal à l'aise. Tu as l'impression de faire quelque chose de mal
que tu dois cacher aux autres. Il peut arriver que tu n'aimes pas les
touchers, mais tu aimes l'attention spéciale que t'accorde la
personne qui abuse de toi. Si, par exemple, le garçon qui te
garde lorsque tes parents sortent te permet de rester debout plus longtemps
et qu'il touche à tes parties intimes, tu ne sais pas quoi faire.
Tu aimes aller te coucher plus tard, mais tu n'aimes pas être
touchée ainsi.
Qui est victime de violence sexuelle ?
Chaque année, dans notre pays, des milliers
de filles et de garçons sont victimes de violence sexuelle. Imagine
une classe composée de vingt enfants : quatre ou cinq des filles
de cette classe et trois ou quatre des garçons seront victimes
de violence sexuelle avant la fin de leurs études secondaires.
Comme tu peux le voir, celles qui ont subi de la violence sexuelle ne
sont pas seules. Cela arrive aux autres aussi.
Si tu as été victime de violence
sexuelle, tu n'es pas la seule. Cela arrive beaucoup plus souvent qu'on
ne le croit, tant aux garçons qu'aux filles.
L'histoire de Rajvinder
Lorsqu'elle a commencé ses études
de piano, Rajvinder aimait son professeur. Mais bientôt, il a
commencé à mettre son bras autour d'elle lorsqu'il lui
enseignait une nouvelle pièce de musique. Il l'embrassait et
touchait à ses seins. Il lui disait que si elle en parlait, il
l'accuserait de mentir et que tout le monde le croirait lui plutôt
qu'elle. Elle se sentait prise au piège.
Finalement, elle l'a dit à ses parents,
qui ont averti la police. Puis elle s'est confiée à une
amie à l'école et bientôt tout le monde a été
au courant. Rajvinder avait peur de ce que les autres enfants allaient
penser d'elle, jusqu'à ce que d'autres filles et un garçon
déclarent que le professeur de piano avait aussi abusé
d'eux. L'histoire de Rajvinder a aidé les autres enfants à
raconter leur propre histoire et à mettre fin aux abus.
Quelles personnes sont coupables de violence
sexuelle ?
Ce sont les hommes et les adolescents qui sont
le plus souvent coupables de violence sexuelle, mais les femmes et les
adolescentes peuvent aussi s'en prendre aux très jeunes filles.
Il arrive parfois que des garçons et des filles de ton âge
aient un comportement sexuel agressif ou gênant à l'endroit
d'autres jeunes, mais cela est plus rare. La personne qui abuse de toi
peut être quelqu'un qui vit chez toi, comme ton père ou
ton frère, ou encore un cousin ou une tante. Souvent, les personnes
qui commettent ces actes sont celles qui sont supposées prendre
soin de toi ou te protéger, par exemple les professeurs, les
entraîneurs, les gardiens ou gardiennes et les médecins.
Parfois, ce sont des étrangers, mais la plupart du temps il s'agit
de personnes que tu connais déjà, comme le professeur
de piano de Rajvinder.
Dès que tu auras parlé à
quelqu'un qui te croit, tu ne seras plus seule et tu commenceras à
te sentir à nouveau en sécurité.
Certains croient que l'homme
qui inflige de la violence sexuelle à un garçon, ou la
femme qui fait la même chose à une fille, est gay ou lesbienne.
Dans la plupart des cas, ce n'est pas vrai. La plupart des gays ou des
lesbiennes veulent des partenaires gays ou lesbiennes, pas des enfants.
Ceux qui se rendent coupables de violence sexuelle sont des brutes qui
aiment utiliser leur pouvoir pour dominer des plus petits, plus jeunes
et plus faibles qu'eux, qu'il s'agisse de filles, de garçons
ou des deux.
Nous ne connaissons pas vraiment
toutes les raisons qui portent les gens à abuser sexuellement
des enfants, mais nous savons ceci : c'est toujours la faute de la personne
qui inflige la violence, pas celle de l'enfant.
Est-ce que je suis responsable de ce qui m'est
arrivé ?
Tu n'es pas responsable de ce qui t'est arrivé.
L'agresseur qui inflige de la violence sexuelle à un enfant à
plus de pouvoir que cet enfant. Il est généralement plus
vieux, plus grand et plus fort que toi. Il sait généralement
comment te faire peur ou te convaincre que c'est toi la coupable ; il
veut ainsi t'empêcher de parler. Il sait quoi te dire pour que
tu ne sois pas sûre de toi et que tu aies peur de parler. Même
s'il t'a fait faire quelque chose de mal, comme mentir à tes
parents ou toucher aux parties intimes d'un enfant plus jeune que toi,
ce n'est toujours pas ta faute. C'est toujours la faute de l'adulte
car cet adulte est supposé t'aider et te protéger, et
non t'infliger de la violence sexuelle.
L'histoire d'Amy
Après le divorce de ses parents, Amy
s'ennuyait beaucoup de son père. Puis la mère d'Amy a
rencontré Bob, et Amy s'est attachée à lui. Il
l'appelait sa petite princesse. Amy était contente lorsqu'il
est venu habiter avec elle et sa mère. Tous les soirs, elle demandait
à Bob de lui lire une histoire et de la reconduire au lit. Mais
Bob s'est mis à toucher ses parties intimes. Amy aimait bien
être bordée le soir, mais elle n'aimait pas les touchers
de Bob. Elle se sentait coupable et elle ne comprenait pas ce qui arrivait.
Amy avait le sentiment que
c'était sa faute parce qu'elle avait demandé à
Bob de lui lire des histoires et de la mettre au lit. Mais ce n'était
pas sa faute : Bob était plus vieux et plus grand, et il savait
ce qu'il faisait.
L'histoire de Karla
À l'âge de neuf ans, Karla est
allée dans une colonie de vacances. Heather, sa monitrice, l'emmenait
se promener après le lunch, pendant que les autres campeurs faisaient
la sieste. Parfois, Heather l'embrassait sur la bouche et demandait
à Karla de toucher ses seins. Karla ne savait pas quoi faire.
Quand elle est revenue à la maison, Karla en a parlé à
sa mère, mais sa mère l'accusée de raconter des
mensonges et lui a ordonné de ne plus parler de cela. Karla ne
comprend plus et elle a honte. Elle se sent différente des autres
enfants parce qu'une autre fille a abusé d'elle.
Parfois, les jeunes pensent
que parce qu'une personne du même sexe qu'eux a abusé d'eux,
cela veut dire qu'ils sont gays ou lesbiennes. Ce n'est pas vrai. Même
si en grandissant tu deviens lesbienne, ce ne sera probablement pas
la conséquence de l'agression sexuelle dont tu as été
victime.
Karla devrait parler à
un conseiller ou à un adulte en qui elle a confiance. Elle verrait
qu'elle n'a pas raison d'avoir honte. Karla se demande pourquoi sa mère
ne voulait pas parler de violence sexuelle avec elle. C'est probablement
parce que sa mère, comme bien d'autres parents, ne sait comment
parler de ces choses.
Comment obtenir de l'aide ?
L'histoire de Kim
Au début, Kim aimait aller à
la ferme, rendre visite à son oncle et à sa tante, car
elle aimait nourrir les animaux. Mais à l'âge de sept ans,
son oncle a commencé à vouloir qu'elle prenne son pénis
lorsqu'ils étaient seuls dans la grange. Pendant trois ans, elle
n'a pas parlé parce qu'il lui disait qu'il allait faire mal à
son petit frère si elle racontait ce qui se passait.
Kim aurait bien aimé raconter ce qui
se passait à son ami Manuel, mais elle avait peur. Manuel voyait
bien qu'elle n'était pas dans son assiette et quand, finalement,
il lui a demandé ce qui se passait, elle le lui a raconté;
tout de suite, elle s'est sentie soulagée. Manuel a compris parce
qu'il avait lui aussi été agressé par son entraîneur
de soccer. Il a dit à Kim que les agressions de son entraîneur
ont cessé quand il a parlé à sa mère. Kim
avait peur de raconter cette histoire à ses parents, mais elle
a décidé d'aller en parler à son professeur et
Manuel est allé avec elle.
L'agresseur garde son pouvoir
sur toi tant que tu gardes le secret. Tu ne peux pas arrêter la
violence sexuelle par tes seuls moyens. La chose qu'il faut que tu fasses
à tout prix pour faire cesser les agressions, c'est de faire
comme Kim et parler à quelqu'un. La personne à qui tu
parleras devra à son tour avertir la police ou une travailleuse
sociale qui te protégera. Ces personnes peuvent se servir de
la loi pour empêcher ton agresseur de te faire plus de mal.
Pense bien à qui tu
pourrais raconter ton problème. Le mieux, généralement,
c'est d'en parler à tes parents, à moins que ce soient
eux les agresseurs. Mais si tu penses qu'ils ne te croiront pas, qu'ils
vont te blâmer ou qu'ils vont être trop bouleversés
pour t'aider, parle à une autre personne. Si ton agresseur t'a
menacée de blesser un membre de ta famille, parles-en plutôt
à une personne de l'extérieur de ta famille.
«Je pensais qu'il serait très
difficile d'en parler, mais mon conseiller comprend ce que je ressens.»
Voici quelques suggestions
de personnes à qui ai peux parler, à part tes parents:
· tes grands-parents
· une tante, un oncle
· un professeur ou un
conseiller de ton école
· ton entraîneurs
ou une cheftaine des Guides
· une voisine que tu
aimes
· une travailleuse sociale
ou un policier
Si la première personne
à qui tu te confies ne vient pas à ton secours, essaye
encore. Raconte ton histoire jusqu'à ce que quelqu'un t'écoute
et décide de t'aider. Ne te décourage pas! Il faut
que ces abus arrêtent.
Il est important que tu racontes
ton histoire même si la violence sexuelle a cessé. On se
sent beaucoup mieux lorsqu'on s'est débarrassé d'un gros
secret. Du plus, tu empêcheras l'agresseur de faire du mal
à d'autres enfants.
Quels seront mes sentiments après avoir
parlé, et qu'arrivera-t-il ?
Tu vas probablement ressentir toutes sortes de
choses. Tout d'abord, il est probable que tu vas te sentir soulagée
de t'être débarrassée de ce secret. Mais il y a
d'autres choses que tu devras faire:
1
Un policier et un travailleur social vont t'interroger et ils te poseront
beaucoup de questions.
2
Peut-être devras-tu voir un médecin qui t'examinera pour
s'assurer que tu n'as pas été blessée par ton agresseur.
3
Il se peut que tu doives plus tard aller en cour pour dire au juge et
aux avocats ce qui s'est passé. Mai, tu ne seras pas seule :
il y aura des personnes pour t'aider et t'expliquer tout ce qui va se
passer.
4
Il se peut aussi qu'on te demande de rencontrer un conseiller qui s'occupe
spécialement de la violence sexuelle.
Tu regretteras peut-être
parfois tous les bouleversements et tu auras hâte d'en finir et
de retourner à ta vie normale. Si tu aimais ton agresseur, tu
auras de la peine ou tu seras en colère à l'idée
de ne plus le voir. Mais rappelle-toi que les choses vont finir pas
s'arranger.
Tu n'es pas responsable de ce qui t'est arrivé.
C'est l'agresseur qui est responsable et ce n'était pas ta faute.
Que fait le conseiller en matière de
violence sexuelle ?
L'histoire de Diane
Le père de Diane avait pris l'habitude
de venir la voir dans sa chambre et de toucher ses parties intimes.
Parfois, il mettait son pénis dans sa bouche. Diane pensait qu'il
fallait toujours obéir à son père; elle n'a donc
rien dit à personne quand il lui a dit de ne pas en parler. Mais
un soir, quand elle a vu son père sortir de la chambre de sa
soeur, elle a compris qu'il l'agressait elle aussi sexuellement. Elle
a tout raconté à sa tante, qui a téléphoné
à la police. Son père a été emprisonné
parce qu'il avait abusé sexuellement de Diane et de sa soeur.
Diane et sa soeur ont rencontré
un conseiller. Diane lui a dit qu'elle avait peur de son père.
Elle lui a aussi dit qu'elle aurait bien voulu que quelqu'un la protège
contre son père comme elle avait protégé sa soeur.
Le conseiller l'a aidée à dessiner et à écrire
pour exprimer toute l'horreur qu'elle ressentait face à la violence
sexuelle. Ensemble, Diane et le conseiller ont décidé
de ce que Diane devrait dire aux autres enfants qui demanderaient où
était son père. Après quelques séances avec
le conseiller, Diane a commencé à se sentir mieux.
Le conseiller en matière
de violence sexuelle est une personne qui comprend ce que tu ressens.
Il peut :
1
Aider ta famille à mieux te comprendre. Montrer à tes
parents comment t'aider et comment écouter ce que tu as a à
leur dire.
2
Aider tes parents à comprendre leurs propres sentiments au sujet
de la violence sexuelle, pour que tu n'aies pas peur qu'ils soient trop
bouleversés.
3
T'aider à parler de ce que tu ressens.
4
T'aider à exprimer ta colère pour t'en débarrasser.
5
T'aider à comprendre que la violence sexuelle est très
différente de la sexualité normale qui, elle, est saine.
Tu peux demander au conseiller de t'expliquer ce que l'agresseur t'a
fait et parler de ce que ton corps a ressenti.
Comment se sentent les très jeunes
filles victimes de violence sexuelle ?
Voici ce que d'autres filles ont ressenti :
De la peur. Comme Michelle
et Kim, il se peut que tu aies peur de la personne qui t'a agressée.
Tu auras peut-être peur que cela se produise encore. Tu auras
peut-être peur aussi de faire confiance aux gens ou peur qu'ils
te blâment au lieu de blâmer l'agresseur, ou encore que
la violence sexue1le ait abîmé ton corps. Quelle que soit
ta peur, dès que tu auras parlé, tu ne seras plus seule
et tu commenceras à te sentir à nouveau en sécurité.
De la tristesse. Comme
Amy, il se peut que tu sois triste et que tu souhaites que la vie revienne
à ce qu'elle était avant la violence sexuelle. Il se peut
que tu te sentes triste et seule et que tu aies l'impression que personne
ne comprend ce que tu ressens. Il se peut aussi que tu t'ennuies de
la personne qui a abusé de toi.
De la honte. Il se
peut que, comme Karla, tu te sentes en faute et différente des
autres enfants à cause de la violence sexuelle que tu as subie.
Si tu penses que c'est toi qui a provoqué les abus sexuels, tu
auras honte. Essaie de te rappeler que ce n'est pas toi qui a commis
l'agression. C'est l'agresseur. Ce n'était pas de ta faute.
De la colère.
L'histoire de Maria
Maria gardait les enfants d'un couple d'amis
de ses parents. Lorsque le mari la reconduisait chez elle après
une soirée, il essayait de l'embrasser sur la bouche et de toucher
ses seins. Elle ne savait pas comment réagir. Lorsqu'il la laissait
descendre de l'auto, il lui disait que si elle racontait ce qui s'était
passé, il l'accuserait de mentir. Elle avait peur que personne
ne la croie et pour cette raison elle gardait le secret. Mais, en-dedans
d'elle-même, elle était en colère. Elle taquinait
son petit frère jusqu'à ce qu'il pleure, volait de l'argent
dans le porte-monnaie de sa mère et a commencé à
mériter des retenues à l'école. Un jour que sa
mère la grondait parce qu'elle n'avait pas encore fait ce qu'elle
lui avait demandé, elle s'est mise à pleurer. Finalement,
elle a tout raconté à sa mère et celle-ci a compris
pourquoi elle était si en colère.
La colère est une bonne
chose parce qu'elle te montre que tu es inquiète. Mais si tu
ne peux parler de ce qui te préoccupe, la colère s'exprime
d'une façon qui peut te causer d'autres problèmes. C'est
ce qui est arrivé à Maria.
Comme Maria, il se peut que
tu sois en colère. Il se peut que tu ressentes tous les sentiments
de colère que tu ne pouvais exprimer pendant les agressions.
Il se peut aussi que tu sois en colère contre les membres de
ta famille parce qu'ils ne savaient pas que tu étais victime
de violence sexuelle et qu'ils ne t'ont pas protégée.
Le fait que ta famille soit bouleversée par ce qui t'arrive peut
aussi te mettre en colère, ainsi que le fait que tu doives répondre
aux questions de travailleurs sociaux et de la police, ou aller témoigner
en cour.
Tu as le droit d'être
en colère, mais il ne faut pas qu'en exprimant tes sentiments,
tu blesses les autres. Ton conseiller ou une personne en qui tu as confiance
peut te faire des suggestions sur la façon d'exprimer ta colère
en toute sécurité.
Oui! Même si la violence sexuelle a
duré longtemps, tu vas t'en sortir et tu te sentiras comme avant:
une enfant comme toutes les autres.
Vais-je un jour me remettre de cette expérience
?
Oui ! Même si la violence sexuelle a duré
longtemps, tu vas t'en sortir. Tu auras besoin d'amour et de compréhension,
et tu auras besoin qu'on t'aide à comprendre tes pensées
et tes sentiments. Mais un jour viendra où tu te sentiras comme
avant : une enfant comme toutes les autres.
Voici quelques livres sur la violence sexuelle
que tu peux lire:
Jance, Judy A. It's Not Your Fault. Edmonds,
WA.: Charles Franklin Press, 1985.
Foon, Dennis, et Brenda Knight. Am I the Only
One? Vancouver, B.C.: Douglas & McIntyre, 1985.
Ce fascicule fait partie de la série
II des cinq livrets d'information sur la violence sexuelle :
Les filles victimes de violence sexuelle
Guide à l'intention des très jeunes
filles (Cat. # H72-21/101-1994)
Les hommes victimes de violence sexuelle dans
l'enfance
Guide à l'intention des survivants adultes
(Cat. # H72-21/102-1994)
Lorsque votre conjoint ou conjointe a été
victime de violence sexuelle
Guide à l'intention des conjoints (Cat.
# H72-21/103-1994)
Les adolescentes victimes de violence sexuelle
Guide à l'intention des adolescents (Cat.
# H72-21/104-1994)
Les agressions sexuelles entre frères
et soeurs
Guide à l'intention des parents (Cat.
# H72-21/105-1994)
La série I des livrets d'information
sur la violence sexuelle comprend les fascicules suivants :
Violence sexuelle - Que se passe-t-il lorsque
tu en parles ?
Guide à l'intention des enfants (Cat.
# H72-21-67-1991)
Les adolescents aux prises avec la violence sexuelle
Guide à l'intention des adolescents (Cat.
# H72-21-68-1991)
Les jeunes garçons victimes de violence
sexuelle
Guide à l'intention des jeunes garçons
(Cat. # H72-21-69-1991)
Counseling en matière de violence sexuelle
Guide à l'intention des enfants et des
parents (Cat # H72-21-70-1991)
Les enfants sexuellement agressifs
Guide pour parents et enseignants (Cat. # H72-21-71-1991)
Les livrets sont disponibles au :
Centre national d'information sur la violence
dans la famille
Santé Canada
Direction générale de la promotion
et des
programmes de la santé
Division des questions relatives à la santé
Indice de l'adresse: 1918C2
18ième étage, Édifice
Jeanne-Mance, Pré tunney
Ottawa (Ontario) K1A 1B4
Tél: (613) 957-2938 ou 1-800-267-1291
Télécopieur: (613) 941-8930
Téléimprimeur: (613) 941-7285 ou
1-888-267-1233
ATS: (613) 952-6396 ou 1-800-561-5643
Page de départ Internet: http://www.phac-aspc.gc.ca/nc-cn
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