Les enfants sexuellement agressifs:
Guide pour parents et enseignants
Livrets d'information sur la
violence sexuelle
Ce fascicule fait partie d'une série de
cinq livrets
Counselling en matière de violence sexuelle
Guide à l'intention des enfants et des
parents
Les enfants sexuellement agressifs
Guide pour parents et enseignants
Les jeunes garçons victimes de violence
sexuelle
Guide à l'intention des jeunes garçons
Les adolescents aux prises avec la violence sexuelle
Guide à l'intention des adolescents
Violence sexuelle
Que se passe-t-il lorsque tu en parles?
Remerciements
Initiatrice
Louise Doyle, VISAC
Coordonnateur
Léonard Terhoch
Rédacteur
John Napier-Hemy
Traducteur
Santé et Bien-être social Canada
Réviseures
Joanne Broatch (anglais)
Johanne Raynault (français)
Conception et montage
Jager Design Inc.
Composition
Baseline Type & Graphics
Impression
Broadway Printers Limited
Photographies
Image Finders, Vancouver
First Light, Toronto
Images B.C., Vancouver
Nous aimerions remercier tout particulièrement
le personnel de VISAC et toutes les atures personnes qui ont contribué
leurs idées et leur appui.
Ces livrets sont disponibles auprès du
Centre national d'information, Santé et Bien-ètre social
Canada, au 1-800-267-1291.
Ces livrets sont publiés par le Vancouver
Incest and Sexual Abuse Centre (VISAC), une division de Family Services
of Greater Vancouver. VISAC offre une gamme étendue de services,
dont le traitement des enfants victimes de violence sexuelle et de leur
famille, un programme de thérapie de groupe à l'intention
des adultes ayant été victimes de violence sexuelle dans
leur enfance, ainsi qu'un programme de soutien aux victimes de violence
sexuelle.
La réalisation de ces livrets a été
financée par la Division de la prévention de la violence
familiale, Santé et Bien-être social Canada. Les conclusions
et opinions qui y sont exprimées sont celles des auteurs et non
nécessairement celles de Santé et Bien-être social
Canada.
Droits de reproduction libres.
Tous autres droits réservés.
© Family Services of Greater Vancouver,
1991
1616 West 7th Avenue
Vancouver, B.C. V6J 1S5
Quatrième impression: 1993
Financement assué par la Division de la
prévention de la violence familiale,
Santé et Bien-être social Canada.
Ce livret aborde les sujets suivants:
Les problèmes de dépistage
Le développement sexuel normal
Les perturbations
Comment savoir qu'un enfant est victime de violence
sexuelle?
Le passage à l'acte des victimes de violence
sexuelle
Comment agir avec les enfants qui font subir
de la violence sexuelle aux autres enfants?
Les jeunes agresseurs se font-ils du tort à
eux-mêmes?
Comment aider les enfants adonnés à
la violence sexuelle?
La violence indirecte
Exemple
Comment les parents peuvent-ils assumer leurs
sentiments?
Que fera le conseiller de votre enfant?
Les problèmes de dépistage
Pour les parents, les enseignants et le personnel
des garderies, peu de problèmes sont aussi délicats que
celui des enfants sous leur responsabilité qui imposent aux autres
enfants des activités à caractère sexuel. Il faut
se poser certaines questions. Devez-vous simplement fermer les yeux
sur le comportement de l'enfant et espérer que «cela lui
passera»? Devez-vous tenter de corriger son comportement et ainsi
courir le risque que l'enfant se culpabilise de ce genre de curiosité
sexuelle normale?
Comment surmonter votre gêne?
Beaucoup d'adultes à qui incombe la responsabilité de
jeunes enfants sont issus de foyers où le sexe était un
sujet tabou. Or, la société actuelle accorde beaucoup
d'importance au sexe; il faut donc supposer que nos enfants sont plutôt
renseignés sur le sujet. Nous pouvons par exemple prendre le
risque de considérer le comportement sexuel et le vocabulaire
des enfants comme la marque des temps modernes et de ne pas nous en
préoccuper. Nous pouvons aussi envier leur supposée «ouverture
d'esprit» et la comparer avantageusement à notre propre
enfance plutôt «étouffée».
Les enfants d'aujourd'hui
ont plus facilement accès à l'information sur le sexe,
mais il est aussi vrai qu'ils sont exposés à la désinformation.
Ils sont en outre soumis à une plus grande pression des médias
et de la société en général en ce qui concerne
la sexualité. Pour aider les enfants en difficulté, nous
devons fonder nos décisions sur des faits et non pas sur des
fictions.
Afin de distinguer l'agressivité
sexuelle de la simple curiosité, nous devons connaître
le développement sexuel normal des enfants. Par exemple, il y
a un monde entre deux enfants qui baissent leur culotte pour regarder
le sexe de l'autre et un enfant qui insère de force un crayon
dans l'anus d'un autre enfant.
Le développement sexuel normal
À moins d'interférence, le développement
sexuel des enfants suit un ordre naturel, étranger aux conceptions
de la société du temps sur le sexe. Les enfants naissent
sexués. À la naissance, le pénis des garçons
est souvent en érection et le vagin des filles, lubrifié.
Après la naissance,
certains des changements suivants surviennent, à peu près
à l'âge mentionné:
2 ans ½: Les enfants
commencent à remarquer que les garçons et les filles s'y
prennent différemment pour uriner. Les uns peuvent tenter de
copier la manière des autres. Ils s'intéressent aux différences
physiques.
4 ans: Les enfants s'amusent
à «montrer». Ils peuvent parler «toilette»
et se traiter de «caca». Lorsqu'ils rendent visite à
des amis, ils peuvent être attirés par les salles de bain
étrangères. Ils peuvent mimer les activités de
papa et maman.
5 ans: Les enfants deviennent
plus modestes et demandent une certaine intimité.
6 ans: Les enfants commencent
à exiger des réponses pratiques concernant la différence
entre les sexes. Ils veulent savoir d'où viennent les bébés
et comment ils sont conçus. Les parents devraient donner aux
enfants des explications courtes et concrètes qui n'en imposent
pas trop à leur capacité d'écouter. À cet
âge, les enfants sont aussi plus curieux de la mort.
7 ans: L'intérêt
envers le sexe est généralement moindre.
8 ans: Un intérêt
renouvelé vis-à-vis du sexe prend la forme de blagues
grossières, de rimettes sexuelles, de ricanements et de chu-chotements
provocants. Les enseignants de troisième année sont souvent
inondés de petits mots disant «Jean aime Marie».
9 ans: Les enfants échangent
des renseignements à caractère sexuel avec des amis du
même sexe. Ils peuvent aussi chercher dans les livres des renseignements
concernant les organes sexuels et leur fonctionnement.
10 ans: Certaines filles
et quelques garçons auront atteint la puberté à
10 ans. Les enfants montrent alors un intérêt marqué
pour l'autre sexe. Le goût des blagues grossières s'accroît;
celles-ci seront d'ailleurs plus élaborées que les blagues
qui circulaient à 8 ans.
Il n'y a pas lieu de s'alarmer
si les enfants sautent des étapes. Tous les enfants sont différents
et se développent à des rythmes différents. Les
étapes décrites plus haut sont générales
et constituent simplement des lignes directrices permettant de juger
à prime abord si le comportement d'un enfant est normal ou non.
Les pertubations
Le développement sexuel peut être
perturbé par les assiduités qu'imposent les adultes, les
enfants plus âgés ou les enfants du même âge
de nature agressive.
Les assiduités peuvent
prendre plusieurs formes:
1
L'exposition constante à des vidéocassettes ou des revues
pornographiques. Le matériel pornographique est très nuisible
lorsque les enfants sont forcés de le regarder. Il peut aussi
être néfaste s'il est laissé à des endroits
où les enfants ne manqueront pas de le trouver.
2
Un comportement sexuel devant les enfants. Le fait que les enfants doivent
assister aux ébats sexuels de la gardienne avec un ami, par exemple,
peut s'avérer une expérience nocive. Cependant, les parents
ne devraient pas s'inquiéter si l'enfant fait irruption accidentellement
pendant qu'ils font l'amour. La différence réside dans
le fait que l'enfant n'a pas à regarder et que le geste peut
lui être expliqué de manière à le rassurer.
3
Des attitudes sexuelles irrespectueuses et une utilisation fréquente
de langage et de sous-entendus à caractère sexuel peuvent
inciter les enfants à s'imposer et à être insensibles
aux autres.
4
Le non-respect, par les prestateurs de
soins, de l'intimité ou de l'espace vital des enfants. Ceux-ci
peuvent grandir sans savoir que les autres ont besoin d'intimité
et ont un «espace corporel».
5
La violence sexuelle directe. Les enfants directement soumis à
la violence sexuelle sont plus susceptibles de souffrir de troubles
du comportement. En effet, la violence sexuelle force les enfants à
expérimenter des actes sexuels à un moment où ils
ne sont pas prêts physiquement ni psychologiquement.
Comment savoir qu'un enfant est victime de
violence sexuelle?
Les enfants victimes de
violence sexuelle ou soumis à des assiduités non désirées
peuvent modifier leur comportement de plusieurs manières:
1
Ils adoptent parfois des comportements passifs comme les craintes
nocturnes, la peur des vestiaires scolaires, la dépression, l'échec
scolaire et l'isolement vis-à-vis de leurs amis et de leurs activités.
2
Certains font preuve d'agressivité: batailles, cruauté
à l'égard de leur animal favori, pyromanie et harcèlement
sexuel à l'endroit d'autres enfants.
Le passage à l'acte des victimes de
violence sexuelle
Bien qu'il existe de nombreuses preuves que les
enfants victimes de violence sexuelle harcèlent à leur
tour d'autres enfants, leur motivation n'est pas claire. Le bon sens
voudrait que les enfants agressés tentent d'éviter la
répétition d'un geste effrayant et dégoûtant.
Malheureusement, «le bon sens» peut facilement nous induire
en erreur.
Dans plusieurs cas, les enfants
molestés répètent le scénario qui a fait
d'eux des victimes, tentant de comprendre ce qui s'est passé.
Par exemple, un garçon peut avoir été forcé
d'avoir une relation sexuelle orale avec un garçon plus âgé.
L'acte peut à la fois l'avoir effrayé, embarrassé
et excité sexuellement. La répétition du geste
avec un garçon plus jeune comme victime lui donne un nouveau
rôle, il devient maître de la situation. La peur et l'anxiété
sont moins grandes, il comprend mieux le désir du garçon
plus âgé.
Quand les enfants reprennent
l'expérience qui a fait d'eux des victimes, ils posent un geste
appelé «compulsion de répétition».
Nous voyons comment fonctionne cette compulsion lorsque l'enfant de
parents alcooliques épouse une personne alcoolique ou devient
luimême alcoolique. Les garçons molestés deviennent
fréquemment des agresseurs, alors que les filles gardent leur
rôle de victimes.
Les garçons sont souvent
gênés d'admettre qu'ils ont été des victimes;
faire subir de la violence sexuelle à un autre enfant peut donc
constituer un appel à l'aide. Parfois, les garçons admettent
avoir agressé sexuellement un enfant avant d'admettre qu'ils
sont eux-mêmes des victimes.
Les filles n'adoptent pas
aussi souvent que les garçons le rôle d'agresseur. Les
recherches montrent que celles qui le font ont un long passé
de violence sexuelle extrême.
La «compulsion de répétition»
n'est pas inévitable. Elle n'est qu'une des façons par
laquelle les enfants tentent de s'adapter aux mauvais traitements. Règle
générale, plus l'enfant se sent à l'aise lorsqu'il
raconte les faits dont il a été victime, moins il sera
susceptible d'exercer lui-même un harcèlement sexuel. Dans
les familles où l'on attend des garçons stoïcisme
et autonomie, le passage à l'acte est plus probable.
En ne permettant pas aux garçons
d'admettre leur sentiment d'impuissance, nous créons des situations
qui ne laissent place qu'à des sentiments de colère et
de violence.
La plus importante chose à
dire aux enfants, et plus particulièrement aux garçons,
est «Parles-en».
Comment agir avec les enfants qui font subir
de la violence sexuelle aux autres enfants?
Il faut toujours voir les enfants agresseurs
avec compassion. Si leur comportement nous répugne, nous sommes
tentés de nous en éloigner et de les traiter en boucs
émissaires en les affublant de mots comme «criminels»
ou «jeunes dévergondés». Or, ces enfants ont
autant besoin d'aide que leurs victimes et vous devriez les signaler
aux services sociaux ou à la police.
«Je suis content qu'il nous en ait parlé
parce qu'il semblait réellement mal heureux sans que nous sachions
pourquoi. Maintenant que nous en connaissons la cause, nous pouvons
l'aider».
Bon nombre d'entre eux, aux
questions qu'on leur pose, admettent avoir eux-mêmes été
victimes d'un adolescent ou d'un adulte agresseur. Les travailleurs
sociaux doivent protéger les enfants agresseurs tout autant que
leurs victimes, parce qu'ils sont toujours vulnérables à
la violence sexuelle d'agresseurs plus âgés.
Si les enfants agresseurs
sont âgés de douze ans et plus, ils peuvent être
mis en accusation en vertu de la Loi sur les jeunes contrevenants. Le
juge peut prendre en considération leur jeune âge et les
mettre en probation avec counselling obligatoire s'ils sont reconnus
coupables.
Le juge se fie souvent à
l'expérience et au témoignage des travailleurs sociaux
et des policiers pour faire la différence entre des enfants qui
en sont à leurs premières infractions et les adolescents
plus âgés qui sont violents par habitude. Ces derniers
peuvent être aussi dangereux que les contrevenants adultes.
Les jeunes agresseurs se font-ils du tort
à eux-mêmes?
Oui. Les enfants qui se défoulent
dans une sexualité agressive sans qu'on les arrête font
du tort non seulement à d'autres enfants, mais aussi à
eux-mêmes. Parce que les liens qu'ils établissent avec
les autres enfants ont un caractère sexuel, ils se privent de
la chance de tisser de véritables liens d'amitié. Les
enfants que mine une culpabilité secrète ne peuvent généralement
être ouverts aux autres.
À moins d'une intervention
extérieure permettant de dévoiler le secret, l'enfant
qui agresse sexuellement d'autres enfants risque de devenir sexuellement
dépendant. Une sensation de pouvoir sur les autres, combinée
à l'excitation sexuelle, peut être extrêmement gratifiante,
particulièrement parce qu'elle compense une pauvre estime de
soi. Plus les activités sexuelles se prolongent, plus elles entraînent
la dépendance. Si elles persistent au cours de l'adolescence,
il devient très difficile de les faire cesser.
Comment aider les enfants adonnés à
la violence sexuelle?
Vous pouvez aider les enfants adonnés
à la violence sexuelle en intervenant très tôt,
dès les premiers indices de violence. Comme la violence sexuelle
sous toutes ses formes se développe dans le secret, briser le
secret constitue le premier pas pour aider toutes les personnes touchées.
Les enfants indécents doivent répondre aux questions des
travailleurs sociaux ou des policiers pour deux raisons: ces derniers
les aident à admettre ce qu'ils ont fait et parviennent à
comprendre leurs motifs. Une fois la violence avouée, les jeunes
agresseurs la poursuivent rarement. Aussi longtemps qu'ils nient leurs
gestes et leur propre statut - vraisemblable - de victime, il est probable
qu'ils continueront la violence.
Quand le secret est dévoilé,
les parents, les enseignants et les autres adultes responsables peuvent
aider de diverses façons:
En tant que parent, vous
pouvez aider de plusieurs façons:
1
Vous devez croire ce que raconte la victime. Nous sommes toujours tentés
de croire que notre enfant ne peut faire de mal.
2
Vous pouvez donner à votre enfant
le sens des responsabilités en lui demandant de relater exactement
ce qui s'est passé.
3
Vous devriez surveiller les jeux de vos enfants et leur choix d'émissions
de télévision. Si vous possédez un magnétoscope,
prenez connaissance des vidéocassettes apportées à
la maison.
4
Si vous avez négligé le respect des besoins d'intimité
de la famille, il faudrait peut-être établir de nouvelles
règles, par exemple, sur la nudité, les portes closes
et les activités sexuelles.
5
Vous devez accorder affection et soutien à votre enfant. L'enfant
qui pose des gestes à caractère sexuel se sent déjà
dévalorisé et traverse une crise. L'enfant a un grand
besoin d'amour, pour autant que cet amour n'est pas teinté de
sexualité.
6
Si les travailleurs sociaux ou les policiers recommandent le counselling
pour l'enfant, il est très important de vous y conformer. Les
parents croient parfois qu'il suffit de réprimander l'enfant
et de couper ses privilèges pour résoudre le problème.
Ils croient souvent que le problème disparaîtra de lui-même
si on n'en parle pas. Il n'y a rien de plus faux.
7
Vous pouvez autant que possible travailler
avec le conseiller de votre enfant pour aider ce dernier à modifier
son comportement. C'est d'ailleurs plus important que de penser à
la cause des actes auxquels s'adonnait votre enfant.
En tant qu'enseignant, vous
pouvez aider en observant le comportement des enfants dans la classe
et dans la cour de récréation. Si vous surprenez des paroles
à connotation sexuelle, des attouchements des organes génitaux
ou tout autre comportement antisocial, vous devez y faire face et y
mettre fin. Votre gêne peut vous inciter à ne pas en tenir
compte ou à réagir trop sévèrement. Traitez
le problème de façon neutre comme vous le feriez pour
tout autre comportement social inacceptable, tel porter des coups, tricher
ou jurer.
Les écoles peuvent
aider par la mise en oeuvre de programmes de prévention de la
violence sexuelle. Les programmes scolaires ont déjà encouragé
des milliers d'enfants à dévoiler des incidents reliés
à la violence sexuelle. Les enseignants qui présentent
les programmes devraient insister sur le fait que les étrangers
en voiture ne sont pas les seuls à agresser sexuellement les
enfants. Les membres de la famille le font parfois, et même d'autres
enfants.
Les policiers peuvent aider
en avertissant les enfants des conséquences de leurs actes si
ceux-ci se poursuivent à l'adolescence et après.
Les travailleurs sociaux
peuvent aider les parents à reconnaître les types de comportements
familiaux propices à la violence sexuelle, par exemple, une maison
où le matériel pornographique est facilement accessible
aux enfant. Ils peuvent aussi aider en adressant les enfants à
des conseillers spécialisés dans les cas de violence sexuelle.
Les conseillers en matière
de violence sexuelle peuvent aider les enfants à comprendre
les causes de leur comportement brutal et leur apprendre à le
maîtriser.
La violence indirecte
Il arrive qu'un adolescent ou un adulte soit
indécent avec un enfant qui reprend alors le même comportement
avec d'autres enfants. Il peut y avoir un effet d'entraînement,
les jeunes victimes initiant encore plus d'enfants à une activité
sexuelle. Si cela se produit dans une école ou dans le voisinage,
la situation peut sembler à prime abord sans espoir. Mais il
n'en est rien.
Voici ce qu'il faut faire:
1
Trouvez la source première du désordre.
Par exemple, repérez l'enfant sexuellement agressé par
un adulte et traitez son traumatisme.
2
Identifiez les victimes indirectes, c'est-à-dire les victimes
de la victime immédiate. Avisez les services sociaux, les policiers
et les conseillers en matière de violence sexuelle, qui eux sauront
répondre aux besoins des enfants. Les victimes indirectes auront
peut-être moins longtemps besoin de consultation si elles ont
subi un traumatisme moindre que la victime immédiate.
Exemple
Voici une étude de cas qui illustre la
question : un adolescent, contrevenant sexuel, laisse des revues pornographiques
en des endroits stratégiques dans un sentier derrière
une école primaire. Lorsqu'il repère une victime potentielle
parcourant la revue, il survient et lui demande si elle aimerait savoir
vraiment ce qu'est le sexe. La victime potentielle, qui vit dans l'insécurité,
est solitaire et ravie d'obtenir un peu d'attention; elle accepte. Le
contrevenant a une relation sexuelle orale avec elle. Il fait de même
avec deux ou trois autres garçons. Il convainc même ses
victimes qu'elles font partie d'un club et partagent une activité
antisociale audacieuse.
Un bon conseiller peut vous aider à
exprimer vos sentiments.
À ce point, la pression
exercée par les pairs prend le dessus, et le club de «sexe
oral>, fonctionne maintenant avec ou sans son fondateur. Au fond d'eux-mêmes
tous les membres sont honteux de leurs gestes, mais leur bravade masculine
les force à prétendre qu'ils s'amusent. La pression des
pairs les empêche de reculer.
Avec le temps, un voisin repère
le club en action et appelle les policiers, lesquels en identifient
rapidement tous les membres. Un des policiers parle aux garçons
du respect de leur corps et de celui des autres. Le policier leur répète
«Si ce n'est pas à toi, n'y touche pas», renforçant
ainsi le message de base du programme de prévention de l'école.
Le policier informe alors
les services sociaux. Un travailleur social visite chaque foyer et informe
les parents. Les garçons peuvent être adressés à
un conseiller en matière de violence sexuelle qui les aidera
à trouver les mots permettant de décrire exactement leurs
sentiments.
Le travailleur social communique
avec le directeur de l'école qui demande au personnel enseignant
d'incorporer des exemples de cette nature, et non pas le cas précis,
au programme de prévention de la violence sexuelle.
Le «club de sexe oral»
cesse son existence et les enfants sont en mesure de reprendre leurs
vies d'enfants normaux.
La police interroge le contrevenant
adolescent et peut porter des accusations.
Comment les parents peuvent-ils assumer leurs
sentiments?
Découvrir que votre enfant a agressé
sexuellement un autre enfant peut être l'expérience la
plus difficile que vous aurez à affronter. La plupart des parents
se retrouvent d'abord en état de choc, puis ils traversent une
période de dénégation pendant laquelle ils tentent
de prétendre qu'il ne s'est rien passé. Pendant un certain
temps, ils ont le vertige tellement leurs émotions sont étranges
et contradictoires.
Voici quelques réactions
courantes.
Il doit y avoir une erreur.
Mon enfant ne ferait jamais une telle chose.
Ça n'est pas notre faute.
On parle trop de sexe aujourd'hui. Voyez la publicité à
la télévision. C'est un miracle que les enfants ne deviennent
pas tous pervers.
J'ai tellement honte. Qu'avons-nous
fait de mal?
Ils vont l'enfermer avec
des criminels endurcis et il en sortira encore pire.
Je vais devenir fou et le tuer.
Nous n'avons pas besoin d'aide.
Nous avons toujours réglé nos problèmes en famille.
Si nous travaillons tous ensemble, nous nous sortirons de cette affaire
en un rien de temps.
Je me sens tellement désarmé.
Ce sont les autres qui décident maintenant.
Plus les conseillers sont en mesure d'aider
les enfants à parler de leur comportement, plus les risques de
récidive s'amenuisent.
Si vous êtes parent
d'un enfant qui a fait subir de la violence sexuelle à un autre
enfant, il est tout à fait normal d'avoir ces réactions;
souvent elles se bousculent pendant une très courte période.
Vous devriez chercher de l'aide auprès d'un professionnel, soit
le conseiller en matière de violence sexuelle de votre enfant
ou un conseiller de votre choix. Cette crise peut aussi réveiller
certains souvenirs de violence sexuelle subie pendant votre enfance,
que vous avez refoulés.
Que fera le conseiller de votre enfant?
Le conseiller de votre enfant devrait être
spécialisé dans le traitement de la violence sexuelle
infantile et posséder une bonne connaissance du comportement
de la victime et de l'agresseur.
Le conseiller aidera votre
enfant à accomplir trois choses importantes :
1
Se pencher sur son comportement violent et sur ses antécédents
possibles de violence sexuelle.
2
Modifier ses attitudes erronées et sa mauvaise estime de soi
qui sont à la base du passage à l'acte.
3
Développer des attitudes sexuelles saines.
Avec votre aide, la crise
peut devenir l'occasion d'un changement et d'une saine croissance.
Le développement sexuel
des enfants se fait à leur propre rythme et à leur manière,
à condition qu'il n'y ait aucune perturbation. Parents et enseignants
ont un rôle crucial à jouer dans le dépistage des
cas d'agression sexuelle d'enfants par d'autres enfants et dans le soutien
nécessaire aux enfants. Votre pire crainte serait sans doute
que l'enfant indécent devienne un contrevenant sexuel à
l'âge adulte. Ce n'est pas là l'issue nécessaire.
Plus les conseillers sont en mesure d'aider les enfants à parler
de leur comportement, plus les risques de récidive s'amenuisent.
Mon conseiller comprend ce que je ressens
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