Personne ne peut faire ce choix
à ta place, mais il y a un grand nombre de personnes qui peuvent t'aider
une fois que tu as décision de parler.
La plus importante chose à dire aux enfants, et plus particulièrement
aux garçons, est « Parles-en ».
Note à l’intention des parents et autres intervenants
Le présent livret s’adresse aux enfants qui ont été
victimes de violence sexuelle. Il explique ce qui se passe s’ils décident
de signaler le cas.
Il décrit les points suivants :
-
Pourquoi ils doivent le dire;
-
À qui ils doivent le dire;
-
Les lois sur le signalement des cas de violence
sexuelle;
-
Les réactions possibles des membres de la famille;
-
Ce que font habituellement les policiers et les
travailleurs sociaux sur réception d’un signalement de violence
sexuelle;
-
Ce qui se passe lorsque le cas est porté devant
le tribunal.
Pour des enfants, décider de parler de la violence
sexuelle dont ils sont victimes peut constituer la décision la plus
difficile à prendre. Lorsqu’ils se décident à le faire, ils ont besoin
de toute l’aide possible — de la part des parents, des enseignants,
des conseillers d’élèves, des travailleurs sociaux et d’autres membres
de la famille. Si les enfants ne reçoivent pas toute l’aide nécessaire,
ils peuvent prendre peur, revenir sur leurs déclarations et prétendre
que la violence sexuelle ne s’est jamais produite.
Si vous êtes un parent ou un intervenant adulte,
vous pouvez aider les enfants qui sont victimes de violence sexuelle
en lisant le présent livret avec eux. Les enfants âgés de neuf à douze
ans devraient être en mesure de le lire par eux-mêmes, mais les enfants
plus jeunes auront peut-être besoin d’aide. Même si le vocabulaire utilisé
est assez simple, plusieurs idées ne le sont pas.
Comment ce livret peut m’aider
Si tu es un garçon ou une fille qui a été victime
de violence sexuelle, ce livret peut t’aider.
Il explique :
-
Ce qu’est la violence sexuelle;
-
Comment savoir si tu as été victime de violence
sexuelle;
-
Pourquoi tu dois le dire à quelqu’un;
-
À qui tu peux le dire;
-
Quelles peuvent être les réactions de ta famille
si tu le dis;
-
Comment les travailleurs sociaux et la police
peuvent t’aider;
-
Ce qui se passe si tu dois aller en cour.
Qu’est-ce
que la violence sexuelle?
La violence sexuelle est un attouchement sur une
partie privée de ton corps, comme ton pénis, ton vagin ou tes seins.
Mais la personne qui t’a touché n’a pas semblé accorder d’importance
au fait que c’était une partie privée de ton corps. La personne qui
t’a touché l’a fait d’une manière qui t’a embarrassé et mis mal à l’aise.
La
personne qui t’a touché t’a porté à penser que tu étais a blâmer. Tu
te sens peut-être coupable même si ce n’était pas de ta faute.
La violence sexuelle peut vouloir dire qu’une personne
plus âgée t’a fait toucher aux parties privées de son corps.
La violence sexuelle peut aussi signifier qu’une
personne plus âgée t’a fait regarder quelque chose que tu ne voulais
pas regarder. Si un adolescent qui te gardait t’a déjà demandé de le
regarder se masturber (jouer avec son pénis), c’est de la violence sexuelle.
Ou si une personne plus âgée t’a fait regarder des films dans lesquels
des personnes jouent avec les parties génitales l’une de l’autre, ça
aussi c’est de la violence sexuelle.
Comment savoir si j’ai été victime de violence
sexuelle?
Tu sais que tu as été victime de violence sexuelle
:
-
Si les attouchements ont été fait exprès, et
non par hasard;
-
Si tu t’es senti à la fois bien et mal à l’aise
par suite de ces attouchements;
-
Si la personne qui t’a touché t’a dit de garder
le secret.
Voici un exemple
Le beau-père de
Lucie venait dans sa chambre tous les soirs pour lui lire une histoire
avant qu’elle s’endorme. Lucie aimait les histoires, et elle aimait
bien son beau-père parce qu’il connaissait beaucoup de bonnes blagues.
Mais avant de lui raconter son histoire, le beau-père de Lucie lui faisait
toucher son pénis. Lorsque Lucie faisait ce qu’il lui demandait, il
lui disait que c’était un secret et qu’elle ne devait pas en parler
à sa mère.
Lucie se sentait excitée, effrayée et mal à l’aise
tout à la fois. Elle était victime de violence sexuelle. Lorsque Lucie
n’a plus voulu le faire, elle l’a dit à sa mère. La mère de Lucie était
très fâchée contre le beau-père de Lucie et a mis ce dernier à la porte.
Est-ce
que je dois dire à quelqu’un que j’ai été victime de violence sexuelle?
C’est une bonne idée de dire à un adulte si tu es
victime de violence sexuelle ou si tu l’as été par le passé. C’est une
bonne idée parce que la personne à qui tu le dis peut aider à faire
cesser ces abus.
C’est aussi une bonne idée de le dire à quelqu’un
parce que tu te sens mal à l’aise lorsque tu as un vilain secret. Tu
te sentiras mieux une fois que tu auras confié ton secret à quelqu’un.
Mais il faut que tu sois prudent. Tu dois t’assurer que la personne
à qui tu vas le dire pourra et voudra t’aider. Ce livret t’aidera à
décider qui est la meilleure personne à qui te confier.
A qui le dire?
Voici des personnes à qui tu peux te confier:
Ta mère est habituellement une personne à qui tu
peux te confier. Lucie a dit à sa mère que son beau-père abusait d’elle
sexuellement. Puis la mère de Lucie l’a protégée en forçant le beau-père
à quitter la as toujours comme cela. Voici un exemple :
La mère de Carla
avait un ami qui avait l’habitude de venir chaque fin de semaine. Il
prenait Carla sur ses genoux et glissait sa main dans la petite culotte
de Carla lorsque sa mère était occupée dans la cuisine. Caria l’a dit
à sa mère, mais sa mère lui a dit ne pas s’inquiéter. Elle a dit que
son ami en aurait bientôt assez. Mais comme l’ami n’arrêtait pas de
le faire, Carla l’a dit à son professeur. Le professeur a signalé le
cas de violence sexuelle à un travailleur social.
Le problème, c’est que la mère de Carla avait peur
que son ami la quitte si elle s’en plaignait ouvertement. Elle a donc
fait passer son ami avant Carla.
La plupart des mères sont comme celle de Lucie et
vont protéger leurs enfants. Mais si ta mère ne te protège pas, tu dois
te tourner vers quelqu’un d’autre, par exemple, ton professeur ou un
travailleur social.
Ton père peut aussi être une personne à qui te confier.
Voici un exemple :
Lorsque Sylvain
est revenu du camp de vacances, il était très tranquille et il ne dormait
pas bien. Son père lui a demandé ce qui se passait. Sylvain lui a dit
qu’un des chefs de camp venait constamment dans son lit et qu’il ne
voulait plus jamais retourner au camp. Le père de Sylvain a été très
compréhensif. II a dit à Sylvain que le chef de camp s’était très mai
comporté et que ce n’était pas de la faute de Sylvain. Il a signalé
cet homme à la police. Puis il a emmené Sylvain voir un conseiller en
matière de violence sexuelle à qui il a pu parler de ses sentiments
désagréables.
Mais les pères ne se comportent pas toujours aussi
bien. Voici un autre exemple:
Lorsque Robert
est allé aux toilettes au parc, un homme lui a montré son pénis. Puis
il a demandé à Robert de toucher son pénis. Robert a couru à la maison.
Lorsqu’il a raconté à ses parents ce qui s’était passé, son père s’est
mis a crier après tout le monde. II a dit à Robert que le parc était
rempli de ces « malades » et qu’il allait pour-suivre la Commission
des parcs. Puis il a dit à Robert de décrire l’homme. II a dit qu’il
irait lui-même dans les toilettes du parc avec un bâton de base-ball.
Puis il a dit
à Robert qu’il aurait une fessée si jamais il rentrait encore du parc
en retard. Avant ère ait fini de crier, Robert souhaitait n’avoir jamais
raconté son aventure.
Deux jours plus
tard, le père de lui a dit d’oublier tout et de ne plus en reparler.
Robert s’est senti embarrassé. Heureusement, la mère de Robert était
plus sensée. Elle a écouté essaieraient de surveiller les toilettes
du parc.
Le père de Sylvain et celui de Robert se sont comportés
de manière très différente. Si tu penses que ton père risque de se comporter
comme celui de Robert, tu dois te confier à quelqu’un d’autre.
Tu
peux le dire aux parents de ton ami ou amie. C’est une bonne idée si
tu penses qu’ils seront plus calmes et plus sensés que tes propres parents.
Tu peux le dire à un autre membre de ta famille.
Beaucoup d’enfants victimes de violence sexuelle se confient à leur
grand-père ou leur grand-mère, à un oncle ou une tante. Tes grands-parents
sont parfois moins occupés que tes parents et peuvent avoir davantage
le temps de t’écouter.
Tu peux le dire à quelqu’un en qui tu as confiance à l’école, comme un
professeur, un conseiller ou I’infirmière. C’est important de dire à un
adulte que tu as été victime de violence sexuelle, mais il faut que tu
réfléchisses comme il faut. Demande-toi quelle personne est susceptible
de t’aider. Puis dis-le à cette personne.
Que doit faire la personne à qui je me confie?
Lorsque tu racontes à un adulte que tu as été victime
de violence sexuelle, cette personne est censée dire ce que tu lui as
confié à un travailleur social ou à un policier. La loi dit que l’adulte
doit faire cela. Nous avons cette loi parce que nous croyons que tous
les enfants du pays ont le droit d’être protégés de la violence sexuelle.
Que
feront les services sociaux?
Lorsque l’adulte à qui tu te confies appelle les
services sociaux, un travailleur social prend en note tous les détails
de l’appel téléphonique.
Un travailleur social va t’interroger dans un endroit
où tu te sens en sécurité. Le travailleur social te demandera ce qui
s’est passé. Si tu as été victime de violence sexuelle à la maison,
le travailleur social te rencontreras ailleurs. C’est pourquoi les travailleurs
sociaux font beaucoup d’entrevues dans les écoles. Le directeur de l’école
trouvera un endroit tranquille où le travailleur social pourra t’interroger
en privé.
L’entrevue peut se dérouler un peu comme suit : le
travailleur social te demande de raconter l’histoire dans tes propres
mots. Il te demande de parler seulement des choses que tu connais, et
non de ce que quelqu’un d’autre t’a dit de dire. Si tu ne connais pas
la repense à une question, tu n’as qu’à dire : « Je ne sais pas ».
S’il y a quelque chose dont tu ne te souviens pas, tu n’as qu’à dire
: « Je ne me souviens pas ».
Parfois les enfants pensent qu’ils doivent répondre
à toutes les questions. Répondre aux questions d’un travailleur social,
ce n’est pas comme un examen. Tu n’es pas obligé d’avoir une réponse
à toutes les questions.
Si tu as peur de répondre à des questions, le travailleur
social te demandera peut-être de quoi tu as peur. C’est une question
importante parce que l’agresseur peut avoir dit que quelque chose t’arriverait
si tu le racontais à quelqu’un.
À la fin de l’entrevue, le travailleur social peut
te demander si tu connais d’autres enfants qui ont été victimes de violence
sexuelle de la part de cette même personne. Le travailleur social peut
aussi te demander si quelqu’un d’autre t’a déjà fait la même chose.
Les lois disent que les services sociaux doivent
te protéger si tu en as besoin. Voici un exemple : Michelle, âgée de
11 ans, a été victime de violence sexuelle de la part de son frère adoptif
de 15 ans, Marco. La police a accusé Marco de violence sexuelle, mais
il devait s’écouler quatre mois avant qu’il ne passe en cour. Les services
sociaux voulaient s’assurer qu’il n’arriverait rien d’autre à Michelle
pendant ce temps, alors ils ont placé Marco dans un foyer de groupe
avec d’autres adolescents. Il y est demeuré jusqu’à ce qu’un travailleur
social dise qu’il pouvait retourner à la maison. Michelle était triste
parce qu’elle s’ennuyait de Marco, mais elle s’est sentie beaucoup mieux
lorsqu’elle a su qu’il recevrait l’aide d’un conseiller.
Te
rappelles-tu l’histoire de Lucie? Sa mère l’a protégée en maintenant
son beau-père hors de la maison. Cela signifie qu’elle n’avait pas besoin
de la protection des services sociaux.
Te rappelles-tu l’histoire de Carla? La mère de Carla
a fait passer son ami d’abord et n’a pas protégé Carla. Les services
sociaux ont placé Carla dans une famille d’accueil jusqu’à ce que sa
mère apprenne à mieux prendre soin d’elle.
Le travailleur social peut aussi faire les démarches
nécessaires pour que tu subisses un examen médical, soit au bureau de
ton médecin de famille ou à l’hôpital. La plupart des enfants ne sont
pas physiquement atteints par la violence sexuelle, à moins que l’agresseur
ne les ait pénétrés (ait poussé son pénis ou un objet dans le vagin
ou l’anus). Mais le travailleur social veut s’assurer que, de toute
façon, tu n’a pas de mal.
Le travailleur social peut aussi faire les démarches
nécessaires pour que tu rencontres un conseiller en matière de violence
sexuelle.
Le conseiller a une formation qui fait qu’il peut
travailler avec des enfants victimes de violence sexuelle et il rencontre
d’autres enfants comme toi. Si tu as été victime de violence sexuelle,
tu te sens probablement coupable, même si ce n’était pas de ta faute.
Le conseiller en matière de violence sexuelle t’aidera à te débarrasser
de tes sentiments désagréables et à débrouiller tes idées confuses.
Il peut aussi t’aider à comprendre ce qui va se passer en cour si tu
es appelé à témoigner (raconter ton histoire à un juge, au tribunal.
Que fera la police?
La police va vouloir t’interroger, elle aussi, si
tu as dit à quelqu’un que tu avais été victime de violence sexuelle.
C’est parce que la violence sexuelle est un crime et que c’est la tâche
de la police d’attraper les criminels. La police comprend que ça peut
être effrayant pour toi d’être interrogé. Parfois, les policiers vont
t’interroger pendant que tu es avec le travailleur social.
Des fois, la police ne peut faire l’entrevue en présence
du travailleur social. Alors, elle va demander au policier le mieux
qualifié de t’interroger plus tard. La plupart des forces policières
dans les villes ont au moins un agent qui sait particulièrement bien
s’y prendre pour parler aux enfants.
La
police veut savoir s’il y a suffisamment de preuves pour accuser l’agresseur
de violence sexuelle. La police peut enregistrer sur vidéocassette l’entrevue
qu’elle a réalisée avec toi. Une vidéocassette permet de conserver ce
que tu as dit au cas où tu l’oublierais. Elle peut même servir devant
le tribunal, si l’agresseur est mis en accusation. Après l’entrevue,
la police remet les renseignements que tu as fournis au procureur de
la Couronne. Le procureur est un avocat du gouvernement qui va prendre
ton parti en cour s’il faut aller jusque là.
La tâche des procureurs est d’examiner la preuve
que tu as donnée à la police. Si la preuve est suffisante, les procureurs
ou la police peuvent décider de déposer une plainte contre la personne
qui t’a exploité. Cela veut dire que cette personne devra se présenter
devant le tribunal pour répondre aux accusations.
Que
feront d’autres personnes lorsque je raconterai mon expérience de violence
sexuelle?
Tes parents. Tes parents peuvent être fâchés et tristes,
et éprouver des sentiments confus, tout comme toi. Parfois, leurs propres
problèmes les empêchent de bien t’aider. La plupart des parents veulent
aider et font de leur mieux.
Mais si tes parents ne te croient pas, s’ils sont
fâchés parce que tu as raconté ce qui t’était arrivé, s’ils te blâment
ou te disent d’oublier, ou s’ils boivent beaucoup ou prennent de la
drogue, tu devras peut-être obtenir de l’aide de quelqu’un d’autre.
Tes frères et sœurs. La plupart du temps, tes frères
et tes sœurs vont t’aider, mais ça peut être difficile pour eux aussi.
Parfois une sœur ou un frère plus âgé aura honte si un frère ou une
sœur plus jeune est victime de violence sexuelle. Ils peuvent penser
qu’ils auraient dû te protéger. Si ton frère ou ta sœur a aussi été
victime de violence sexuelle, alors il ou elle peut éprouver des sentiments
confus, tout comme toi.
Si l’agresseur est un membre de la famille, il peut
ne s’en être pris qu’à toi. Si cette personne t’a apporté des cadeaux
spéciaux, tes frères et sœurs peuvent être jaloux de toi.
D’autres membres de la famille. D’autres membres
de la famille peuvent être fâchés si l’agresseur fait partie de la famille
et doit aller en prison. Aussi, s’il y a un agresseur dans la famille,
il peut y en avoir plusieurs. Et ils peuvent prendre le parti de l’agresseur
au lieu de t’aider.
L’agresseur. Une fois que tu as tout raconté à la
police, tu te demandes peut-être ce que l’agresseur va faire. Tu as
peut-être peur qu’il essaie de te parler ou de te menacer. Cela peut
arriver. Si ça arrive, dis-le à la police. Ils peuvent prendre des mesures
pour te protéger.
Que se passera-t-il en cour?
Le procureur ou la police peut déposer une plainte
contre la personne qui t’a mal traité. Si cela se produit, tu devras
peut-être aller en cour pour témoigner. Lorsque tu vas en cour pour
témoigner, cela s’appelle un procès.
Les procès coûtent cher et prennent beaucoup de temps.
Les procureurs ou la police n’aiment pas porter plainte à moins d’avoir
une bonne chance de gagner le procès. Cela veut dire qu’il faut accumuler
beaucoup de preuves. Lorsque la personne qui s’en est pris à toi a aussi
maltraité beaucoup d’autres enfants, le procureur peut penser qu’il
a une « bonne cause ».
Une fois que le procureur de la Couronne ou la police
a décidé de porter plainte, tu n’es pas responsable de ce qui se passe
par la suite. Tout ce que tu peux faire, c’est essayer de bien t’exprimer
si on te demande de témoigner. Le procureur de la Couronne va t’aider.
L’avocat de la défense prend le parti de l’agresseur. Le juge prend
position entre les deux et essaie de décider si l’agresseur est réellement
coupable. Pendant le procès, la personne qui t’a exploité est appelée
l’accusé. L’accusé est innocent jusqu’à ce que le juge décide s’il ou
si elle est coupable.
Le procureur de la Couronne (on l’appelle aussi avocat
de la poursuite) va te rencontrer pour parler avec toi de ton témoignage
en cour et te demander si tu veux témoigner ou non. Il aura une meilleure
cause si tu peux raconter ton histoire devant le tribunal. Le titre
d’« avocat de la poursuite » ne doit pas te faire peur. L’avocat
de la poursuite est ton ami; il est chargé de poursuivre ton agresseur.
Qu’y
a-t-il de bien au tribunal?
Cela peut te sembler ne pas valoir la peine. Mais
la plupart des enfants qui ont eu à témoigner devant le tribunal disent
que ça vaut la peine, même si l’agresseur ne va pas en prison. Ils pensent
que ça vaut la peine parce qu’ils se rendent compte que beaucoup d’adultes
croient leur histoire et sont prêts à consacrer du temps pour leur venir
en aide. Et le fait d’avoir eu à subir un procès peut suffire à éloigner
l’agresseur d’autres enfants.
Un autre bon point en faveur du tribunal est que
ça te donne l’occasion de connaître le système judiciaire. Un conseiller
ou tes parents peuvent se servir du livre intitulé So, You Have To Go
To Court! par Wendy Harvey et Anne Watson-Russell, pour t’expliquer
le fonctionnement du système judiciaire.
Qu’y
a-t-il de plus pénible au tribunal?
La plupart des enfants qui ont dû aller devant le
tribunal disent que la partie la plus pénible, c’est l’attente, parce
que le système judiciaire est lent. Parfois, la date du procès est reportée
pendant des mois, et il arrive même que l’accusation soit retirée.
Une autre chose qui peut se produire, c’est que le
juge déclare la personne « non coupable ». Cela peut te sembler
injuste quand tu sais très bien ce que l’agresseur t’as fait. Mais « non
coupable » ne veut pas dire qu’il ne s’est rien passé. Cela signifie
seulement que le juge n’avait pas assez de preuves pour condamner l’agresseur.
Est-ce que ça vaut la peine de raconter une
expérience de violence sexuelle?
Maintenant, tu sais que si tu dis à un adulte que
tu as été victime de violence sexuelle, bien des choses peuvent se produire
par la suite. Tu sais que tu vas être interrogé par les services sociaux
et la police, et que tu vas probablement voir un médecin et un conseiller
en matière de violence sexuelle.
Tu sais que le fait de raconter ce que tu as vécu
peut bouleverser des membres de ta famille.
Tu sais également que si l’agresseur est accusé,
tu devras peut-être aller en cour pour témoigner et que ça peut prendre
beaucoup de temps.
La plupart des enfants qui ont raconté leur expérience
de violence sexuelle disent que ça vaut la peine. Ils trouvent que ça
vaut la peine parce qu’ils se sont libérés d’un secret culpabilisant.
La plupart des adultes qui recourent à des services
de counselling aujourd’hui par suite de violence sexuelle qui s’est
produite dans leur enfance, disent : « Si seulement je l’avais
dit à quelqu’un lorsque j’étais enfant ».
Le choix t’appartient. Personne ne peut faire ce
choix à ta place, mais il y a beaucoup de personnes qui peuvent t’aider
une fois que tu as pris la décision de parler.
Bibliographie
Harvey, Wendy, LL.B. et Watson-Russell, Anne, Ph.D.,
So You Have To Go To Court! Vancouver : Butterworth Canada Ltd., 1988.