Les jeunes garçons victimes de violence
sexuelle: Guide à l'intention des jeunes garçons
Livrets d’information sur la violence sexuelle
Ce fascicule fait partie d’une série de cinq livrets
Counselling en matière de violence sexuelle
Guide à l’intention des enfants et des parents
Les enfants sexuellement agressifs
Guide pour parents et enseignants
Les jeunes garçons victimes de violence sexuelle
Guide à l’intention des jeunes garçons
Les adolescents aux prises avec la violence sexuelle
Guide à l’intention des adolescents
Violence sexuelle
Que se passe-t-il lorsque tu en parles?
Remerciements
Initiatrice
Louise Doyle, VISAC
Coordonnateur
Léonard Terhock
Rédacteur
John Napier-Hemy
Traducteur
Santé et Bien-être social Canada
Réviseures
Joanne Broatch (anglais)
Johanne Raynault (français)
Conception et montage
Jage Sesign Inc.
Composition
Baseline Type & Graphics
Impression
Broadway Printers Limited
Photographies
Image Finders, Vancouver
First Light, Toronto
Images B.C., Vancouver
Nous aimerions remercier tout particulièrement le personnel
de VISAC et toutes les autres personnes qui ont contribué leurs
idées et leur appui.
Ces livrets sont disponibles auprès du Centre national d’information,
Santé et Bien-être social Canada, au 1-800-267-1291
Ces livrets sont publiés par le Vancouver Incest and Sexual
Abuse Centre (VISAC), une division de Family Services of Greater Vancouver.
VISAC offre une gamme étendue de services, don’t le traitement
des enfants victimes de violence sexuelle et de leur famille, un programme
de thérapie de groupe à l’intention des adultes ayant
été victimes de violence sexuelle dans leur enfance, ainsi
qu’un programme de soutien aux victimes de violence sexuelle.
La réalisation de ces livrets a été financée
par la Division de la prévention de la violence familiale, Santé
et Bien-être social Canada. Les conclusions et opinions qui y
sont exprimées sont celles des auteurs et non nécessairement
celles de Santé et Bien- être social Canada.
Droits de reproduction libres.
Tous autres droits réservés.
© Family Services of Greater Vancouver, 1991
1616 West 7th Avenue
Vancouver, B.C. V6J 1S5
Ce livret aborde les sujets suivants:
- Présentation du livret
- Qu'est-ce que la violence sexuelle?
- Qui est victime de violence sexuelle?
- Quelles personnes sont coupables de violence
sexuelle?
- Comment agissent les personnes qui veulent
faire subir de la violence sexuelle aux enfants?
- Est-ce que je suis responsable de ce qui m'est
arrivé?
- Pourquoi la violence sexuelle est-elle mauvaise?
- Comment obtenir de l'aide?
- Quels seront mes sentiments après en
avoir parlé?
- Que fait le conseiller en matière de
violence sexuelle?
- Comment se sentent les jeunes garçons
victimes de violence sexuelle?
- De quoi les jeunes garçons qui ont
été victimes de violence sexuelle ont-ils le plus besoin?
Note à l'intention des parents
Voici un livret à l'intention des jeunes
garçons qui ont été victimes de violence sexuelle.
Les enfants de neuf à douze ans peuvent le lire par eux-mêmes,
mais les plus jeunes auront besoin d'aide. Même si le vocabulaire
est simple, certaines idées ne le sont pas.
En outre, ce livret expose,
entre autres idées majeures, le fait que les enfants ont besoin
de leurs parents pour se remettre des effets de la violence sexuelle.
À moins, bien sûr, que les parents soient responsables
des sévices. Toutefois, vous devriez pouvoir aider votre jeune
garçon en lisant le livret et en en discutant avec lui.
Présentation du livret
Si tu es un jeune garçon et si tu as subi
de la violence sexuelle, voici un livret écrit spécialement
pour toi.
Il peut t'aider de trois
façons
1.
Expliquer ce qu'est la violence sexuelle,
2.
T'aider à comprendre ce que tu ressens, et
3.
Te montrer où trouver de l'aide si tu ressens des sentiments
embrouillés.
Peut-être ne voudras-tu
pas le lire au complet en une seule fois, mais lis-en le plus possible.
Tu liras le reste plus tard. Si certains mots te paraissent difficiles
à comprendre, demande à un adulte ou à un ami de
t'aider.
Si tu peux parler de tes impressions
à tes parents, ce sont probablement eux les mieux placés
pour t'aider dans ta lecture. De toute façon, c'est une bonne
idée de leur demander de lire ce petit livre. Ils ont aussi besoin
de comprendre tes sentiments.
Ce livret raconte l'histoire
vraie de sept jeunes garçons : Eric, Lucien, Pierre, Nathan,
Justin, Bob et Carlos. Les sept ont dû aller voir un conseiller
parce qu'ils avaient subi de la violence sexuelle. Ce ne sont pas leurs
vrais noms, mais leur histoire et leurs sentiments sont vrais, tout
comme les tiens. D'ailleurs, peut-être certains de tes sentiments
sont-ils semblables aux leurs.
L'histoire d'Éric
C'est à cause de son entraîneur
de base-ball qu'Éric a subi de la violence sexuelle. L'entraîneur
lui avait demandé de rester plus longtemps dans les vestiaires
après une partie. Il voulait aller sous la douche avec Éric
et lui frotter les fesses avec le savon. Il a donné cinq dollars
à Éric et lui a dit de n'en parier à personne.
Éric avait peur d'en parier à quiconque. Il craignait
spécialement que l'entraîneur le chasse de l'équipe
et le dise à ses parents s'il en parfait.
Beaucoup d'enfants victimes
de violence sexuelle ont peur de parler, parce que la personne qui abuse
d'eux les a menacés. Les garçons qui, comme Éric,
se sont fait dire de ne pas parler ont souvent des cauchemars. Pendant
longtemps, Éric a eu des cauchemars et n'arrivait pas à
faire son travail scolaire. Éric s'est senti beaucoup mieux après
avoir parlé au conseiller. Il avait moins peur et ses cauchemars
ont pris fin. Il a ensuite été capable de se remettre
au travail, puisqu'il ne s'inquiétait plus à chaque instant.
Qu'est-ce que la violence sexuelle?
La violence sexuelle, c'est des touchers ou des
caresses que tu n'as pas demandés, mais qui font que tu te sens
coupable quand même. Cela veut dire qu'une personne te touche
d'une façon qui te trouble et qui fait que tu ne t'aimes plus.
C'est un attouchement sur une partie de ton corps qui est privée,
comme ton pénis ou tes fesses. Mais la personne qui te touche
ne semble pas s'occuper du fait que cette partie soit privée.
Si un autre enfant te frappe
ou si tu reçois une claque, tu ne te sens pas bien, mais tu comprends
ce qui t'arrive. La violence sexuelle est différente. Tu peux
te sentir bien et mal à la fois et c'est très difficile
à comprendre.
Supposons que ton entraîneur
de hockey dit qu'il va te montrer comment faire un lancer frappé.
Pendant la démonstration, il glisse sa main sur tes pantalons
et appuie sur tes fesses. Tu fais le lancer et l'entraîneur te
dit: «Bravo, Martin!» Tu es content d'entendre le compliment,
mais tu n'aimes pas qu'il te touche de cette façon. C'est inquiétant
de se sentir mal et bien en même temps.
La violence sexuelle, c'est
donc souvent quand quelqu'un touche une partie privée de ton
corps. Mais ce n'est pas toujours ça. Il se peut qu'une personne
te demande de toucher une partie privée de son corps. Il se peut
aussi qu'on te montre une vidéo dans laquelle des personnes touchent
leurs parties génitales. Si la vue de la vidéo te fait
te sentir drôle, c'est une sorte de violence sexuelle.
L'histoire de Lucien
Lucien avait une gardienne adolescente qui le
prenait sur elle et lui faisait mettre son pénis dans son vagin.
Lucien avait honte et peur, et il a demandé à sa mère
de trouver une autre gardienne. Mais il a dit au conseiller que c'est
lui qui avait eu l'idée des gestes sexuels et non la gardienne.
Lucien avait entendu d'autres garçons dire qu'un garçon
qui peut avoir des relations sexuelles avec une adolescente est chanceux.
Il a donc préféré dire à son conseiller
qu'il n'avait pas de problèmes.
Lucien a consulté le conseiller de nombreuses
fois avant d'admettre combien il avait peur et honte en réalité.
Les garçons qui subissent de la violence
sexuelle par la faute de filles plus vieilles ont souvent beaucoup de
mal à dire leurs vrais sentiments.
Qui est victime de violence sexuelle?
Chaque année, des milliers de garçons
et de filles au Canada subissent de la violence sexuelle. On a longtemps
pensé que seules les filles étaient victimes. Maintenant,
on sait que les garçons le sont comme les filles. Certains conseillers
croient même qu'il y a autant de garçons que de filles
qui souffrent, mais que les garçons ont plus peur de dire ce
qui leur est arrivé.
Situ as subi de la violence sexuelle, tu n'es
pas le seul. C'est beaucoup plus courant que tu le crois et ça
arrive aux garçons et aux filles.
Quelles personnes sont coupables de violence
sexuelle?
Ce sont les hommes et les adolescents qui sont
le plus souvent coupables de violence sexuelle, mais les femmes et les
adolescentes s'en prennent aussi aux petits garçons. Il arrive
que des garçons et des filles de ton âge infligent de la
violence sexuelle a d'autres enfants, mais pas très souvent.
Les hommes le font plus souvent que les femmes parce qu'ils apprennent
souvent, quand ils sont jeunes, à montrer de la force et à
prendre ce qu'ils veulent.
Beaucoup de gens pensent que
les hommes qui font subir de la violence sexuelle aux petits garçons
le font parce qu'ils sont gais ou homosexuels. Ce n'est pas vrai. Les
hommes abusent des petits garçons parce qu'ils veulent utiliser
leur pouvoir sexuel contre quelqu'un de plus petit et de plus faible.
Ce sont des brutes sexuelles. Qu'ils soient gais ou non n'a rien
à voir. De fait, environ 95 pour 100 des hommes qui s'en prennent
aux petits garçons ne sont pas gais. S'ils l'étaient,
ils préféreraient passer leur temps avec d'autres hommes
gais et non avec des jeunes garçons.
Les jeunes garçons
pensent parfois que si un homme a eu des activités sexuelles
avec eux, ils sont forcément «gais» eux-mêmes
ou l'homme ne les aurait pas trouvés intéressants. C'est
aussi une idée incorrecte. Les hommes qui font ça le font
parce qu'ils sont sexuellement attirés ou excités par
les enfants.
En grandissant, les garçons
deviennent soit hétérosexuels (ils préfèrent
les femmes) ou homosexuels (ils préfèrent les autres
hommes). Nous ne savons pas pourquoi, mais nous savons très bien
que cela n'a aucun rapport avec le fait d'avoir subi de la violence
sexuelle.
L'histoire de Pierre
Chaque fois que Pierre rendait visite à
son oncle à la ferme, son oncle faisait asseoir sur ses genoux.
Puis il glissait sa main dans les pantalons de Pierre et touchait son
pénis. Finalement, Pierre en a eu assez et l'a dit à sa
mère. Sa mère a fait cesser les visites à la ferme,
mais n'a pas averti la police. Puis elle l'a dit au père de Pierre.
Le père r a rien dit. Il s'est contenté de regarder Pierre
longuement et ne lui parlait plus aussi souvent qu'avant.
Pierre a raconté au conseiller ce qui
se passait avec son oncle. Il a eu du mai à dire au conseiller
que son père ne se comporte plus de la même façon.Pierre
avait peur que son père pense que c'était sa faute. II
craignait que son père le croie homosexuel.
Le conseiller a dit à Pierre que l'oncle
avait agi comme ça parce qu'il était attiré par
les enfants. Il a dit aussi que cela n'avait aucun rapport avec l'homosexualité.
Il a rencontré quelquefois le père de Pierre pour lui
montrer comment il pouvait aider Pierre.
Les jeunes garçons
qui se font faire ce genre de chose par des hommes ont souvent peur
de devenir homosexuels. Ils ont parfois peur que leurs camarades apprennent
ce qui s'est passé et leur crient des noms comme «tapettes»
ou «gais». Un bon conseiller peut t'aider à vaincre
ces peurs.
L'histoire de Nathan
Nathan a fait une chose dangereuse. il était
en retard pour l'école et a décidé de faire du
pouce. C'est un homme bien vêtu et conduisant une voiture neuve
qui l'a fait monter. Nathan pensait qu'il avait été chanceux,
mais l'homme l'a conduit plutôt sur une route de campagne. Il
a forcé Nathan à descendre et à enlever ses pantalons.
Puis, il a enfoncé son pénis dans l'anus de Nathan. Il
a ensuite donné quelques chocolats à Nathan et l'a ramené
en ville.
Quand Nathan est rentré à la maison,
il était à moitié mort de peur et avait très
mal au derrière. Dès que les policiers lui ont parlé
et ont entendu son récit de l'homme dans la voiture neuve, ils
ont conduit Nathan à l'hôpital. Les parents de Nathan avaient
peur que l'homme lui ait donné le SIDA. Le médecin de
famille a examiné Nathan et a vu qu'il n'était pas malade
ni blessé.
Quand Nathan est allé voir le conseiller,
il n'arrivait toujours pas à croire qu'il n'avait pas eu de blessure
ni attrapé de maladie. Le conseiller a dû lui parler pendant
plusieurs semaines pour que Nathan arrive à surmonter ses peurs.
Beaucoup de jeunes garçons
qui subissent des mauvais traitements sexuels aussi violents que ce
qu'a eu Nathan craignent d'avoir été blessés. Ils
ont aussi peur d'avoir le SIDA. Un bon conseiller travaillera avec des
médecins et des infirmières pour t'aider à calmer
ta peur.
Comment agissent les personnes qui veulent
faire subir de la violence sexuelle aux enfants?
1.
Les coupables ne veulent pas se faire prendre, pour ne pas aller en
prison. Ils peuvent donc te demander le secret.
2.
Ils peuvent te menacer pour que tu ne parles pas. Ils peuvent te dire
que toi ou ta famille serez blessés ou tués si tu parles.
Bien sûr, tu te sens pris.
3.
Ils peuvent t'offrir un cadeau pour être certains que tu accepteras
de nouveau de te laisser faire.
4.
Ils peuvent chercher d'autres enfants, pour les mêmes raisons.
Beaucoup d'hommes qui font subir de la violence sexuelle aux enfants
recommencent encore et encore. Ils aiment le faire et ne veulent pas
s'arrêter. Ce sont des pédophiles et ils sont dangereux.
5.
La personne qui inflige la violence sexuelle aime faire croire aux enfants
que c'est leur faute. De cette façon, ils ont un certain pouvoir
sur toi. Si tu as subi de la violence sexuelle, tu peux regagner un
peu de pouvoir quand tu apprends que tu n'es pas responsable.
Est-ce que je suis responsable de ce qui m'est
arrivé?
Tu n'es pas responsable de la violence sexuelle.
L'homme qui t'a fait ça t'a peut-être trompé. Peut-être
a-t-il prétendu que lui ou son chien était perdu. Il a
peut-être dit qu'il allait te montrer comment tenir un bâton
de base-ball. Ou qu'il allait te montrer ce qu'est le sexe. Peut-être
aussi a-t-il dit qu'il voulait être ton ami pour arriver à
te faire des caresses sexuelles.
«Le conseillerme disait toujours que
je n' étais pas
La personne qui t'a fait subir
de la violence sexuelle peut t'avoir d'abord dit qu'il allait te montrer
quelque chose de très intéressant, comme un train miniature,
une collection de disques, un bocal à poissons ou son nouveau
camion. Puis il a abusé de toi alors que tu ne t'attendais à
rien de mal.
responsable. Après un bout de
temps, je me suis aperçu
La personne qui est coupable
de violence sexuelle envers toi peut t'avoir offert de l'argent, un
jus, des cigarettes ou une chance de jouer avec des jouets intéressants.
Certains garçons pensent qu'ils sont responsables de ce qui leur
est arrivé parce qu'ils ont accepté un cadeau, se sont
fait avoir ou sont allés dans la maison de cette personne plutôt
que de se rendre chez eux à l'heure prévue.
que c'était urai et je me suis senti
beaucoup mieux».
Parfois, le garçon
laisse cette personne le toucher parce qu'il veut vraiment le cadeau.
Il se sent mal après et pense que c'est sa faute, mais ça
ne l'est pas. Les adultes sont censés prendre soin des enfants,
non de leur jouer de mauvais tours pour leur faire subir de mauvais
traitements.
L'histoire de Justin
Justin vient d'une famille où les problèmes
étaient nombreux. Sa mère buvait beaucoup d'alcool et
avait plusieurs amis. Un de ses amis prenait de la drogue. Quand la
mère de Justin s'évanouissait à force d'avoir trop
bu, cet homme donnait de la drogue à Justin. Puis, il infligeait
différents mauvais traitements sexuels à Justin.
Justin était très très en
colère. Il se sentait pris, parce qu'il en avait parlé
à sa mère, mais qu'elle n'avait pas chassé son
ami. Un jour, il n'a plus supporté cette situation et a parlé
à son professeur. Son professeur a prévenu un travailleur
social, qui a immédiatement sorti Justin de sa maison. Justin
a dû vivre dans une famille d'accueil,
Justin n'a d'abord pas aimé vivre avec
des étrangers. Mais tout lui semblait mieux que la violence que
lui imposait l'ami de - î mère.
Les parents d'accueil de Justin ont eu beaucoup
de mal avec lui. Dès que Justin se sentait un peu en sécurité,
il commentçait à mal se comporter. Il se battait avec
d'autres enfants de l'école, et déclenchait de petits
incendies dans sa nouvelle chambre. Puis, il a commencé à
faire subir de la violence sexuelle aux plus jeunes enfants de son foyer
d'accueil. Un jour, il a même menacé un autre garçon
avec un couteau pour l'obliger à faire ce qu'il voulait de lui.
Tous ces gestes le faisaient se sentir puissant.
Certains garcons pensent qu'ils ne sont pas
de vraig hommes s'ils parlent de leurs Sentiments. Puis ils apprennent
qu'il faut beaucoup de courage pour montrer ses Sentiments.
Justin a tout dit à
son conseiller, dès la première rencontre. Mais il lui
a aussi donné du mal. Il a versé de la peinture dans le
bureau du conseiller et a même tenté de le blesser. Après
plusieurs conversations avec le conseiller, toutefois, Justin avait
passé toute sa colère. Il a ensuite cessé de maltraiter
les autres enfants. Aujourd'hui, Justin a quelques bons amis et est
plus heureux dans son foyer d'accueil.
Pourquoi la violence sexuelle est-elle mauvaise?
Si tu as été victime de violence
sexuelle, tu te sens peut-être honteux et tu as peur. Ces sentiments
occupent alors tout ton esprit. Tu as du mal à être heureux
avec tes amis et ta famille. Peut-être même as-tu de la
difficulté à faire tes devoirs et à bien dormir
la nuit. C'est comme s'il n'y avait plus de place dans ton esprit pour
les choses normales.
Tu deviens ensuite si troublé
et en colère que tu en arrives même à vouloir blesser
les gens, tes parents, tes animaux, tes amis, tout ce qui passe devant
toi.
Peut-être penses-tu
qu'il suffit d'oublier ce qui est arrivé. Mais ça ne marche
pas vraiment. Si tu oublies maintenant, tu pourrais avoir beaucoup de
problèmes plus tard. Tu pourrais prendre de la drogue ou te sauver.
Tu peux même avoir des problèmes une fois devenu adulte.
La violence sexuelle est dangereuse,
mais elle ne doit pas nécessairement briser ta vie. Tu peux trouver
de l'aide. Et surtout n'oublie pas: ce n'est pas ta faute.
L'histoire de Bob
Bob a subi de la violence sexuelle à cause
de son beau-père. Celui-ci avait l'habitude d'aller dans
la chambre de Bob chaque soir et de dire qu'il allait lui lire une histoire.
En fait, le b,eau-père voulait que Bob prenne son pénis.
Bob en a eu assez et l'a dit a mère. Puis, les deux ont prévenu
la police.
Mais une fois devant le conseiller, Bob n'a plus
voulu parler. Après un grand nombre de visites, Bob a accepté
d'écrire ce qui s était passé. Puis le conseiller
a découvert qu'un oncle avait dit à Bob que Bob était
un peureux. Il lui avait dit d'oublier ce qui s'était passé.
Le conseiller a alors dit à Bob qu'au contraire, il était
important d'en parler. Et après avoir raconté toute l'histoire
au conseiller, Bob s'est senti beaucoup mieux. Et il ne s'est pas senti
poule mouillée. Il s'est senti au contraire très courageux.
Certains garçons pensent
qu'ils ne sont pas de vrais hommes s'ils parlent de leurs sentiments.
Puis ils apprennent qu'il faut beaucoup de courage pour montrer ses
sentiments. C'est ce que Bob a appris.
Comment obtenir de l'aide?
Si tu as subi de mauvais traitements sexuels,
tu dois obtenir de l'aide. La meilleure façon est de raconter
à quelqu'un ce qui t'est arrivé. Si tu ne le fais pas,
l'histoire pourrait recommencer. Si la violence continue, tu dois la
faire cesser. Et pour la faire cesser, tu dois être aidé
par quelqu'un de plus vieux et de plus fort que toi.
Beaucoup de jeunes garçons
croient qu'ils peuvent mettre fin à leurs problèmes sans
aide. Quelqu'un t'a peut-être dit «Dis simplement non»
ou «Si quelqu'un essaie de te toucher, crie ou donne-lui un bon
coup!». C'est un mauvais conseil. Le coupable est souvent plus
grand et plus vieux que sa victime. Tu aurais plutôt besoin d'aide.
N'aie pas peur d'avoir l'air fou si tu cherches de l'aide. C'est peut-être
ce que tu as fait de plus important jusqu'ici.
Si tu décides d'aller
chercher de l'aide, pense bien à qui tu pourrais raconter tes
problèmes. La personne que tu choisis peut-elle vraiment t'aider?
Si tu le dis à ta mère, te croira-t-elle? Ou te punira-t-elle
en te disant que tu as fait une bêtise? Si tu le dis à
ton père, t'aidera-t-il où se contentera-t-il de faire
une crise et de te dire d'oublier?
Dans la plupart des cas,
c'est à tes parents qu'il convient de le dire, et ils vont essayer
de t'aider. Mais si tu subis cette violence à cause de ta mère
ou de ton père, tu devras chercher une autre solution.
La police comprend que ça peut être
effrayant pour toi d'être interrogé.
Voici quelques suggestions:
Un grand-parent,
Une tante ou un oncle,
Un professeur ou un conseiller d'élèves,
Un travailleur social,
Un policier,
Un frère ou une soeur (seulement
si tu es certain qu'il ou elle préviendra un adulte).
Si la première personne
à qui tu te confies ne vient pas à ton secours, essaye
encore! Dis-le à quelqu'un en qui tu as confiance. Raconter l'histoire,
c'est ce qui est le plus important. Si tu ne le fais pas, les problèmes
pourraient durer. Si la violence est survenue il y a longtemps puis
s'est arrêtée, tu as encore un secret. C'est un secret
qui rend mal, la plupart du temps. Il est donc encore important que
tu en parles.
L'histoire de Carlos
Carlos fréquentait une école dont
le directeur invitait clans son bureau les garçons membres de
l'équipe de soccer. il leur disait toujours comme ils jouaient
bien. Un jour, toutefois, il a invité Carlos sans les autres
garçons. Il a donné une tape dans le dos de Carlos en
le félicitant pour la partie. Puis, il a glissé sa main
dans les pantalons de Carlos et a commencé à frotter son
pénis.
Carlos savait que ce geste était mal et
a raconté l'histoire à son père dès son
retour à la maison. Son père est allé tout droit
répéter le tout à la police et le directeur a été
accusé de violence sexuelle. On a découvert qu'il avait
maltraité d'autres enfants auparavant. Le directeur a perdu son
emploi et a dû aller en cour.
Carlos a dit au conseiller qu'il était
content que le directeur aille en prison. Mais le conseiller trouvait
que Carlos n'avait pas l'air si heureux. En réalité, Carlos
s'ennuyait du directeur et aurait voulu le ravoir comme entraîneur
au soccer.
Si les enfants aiment la personne
qui leur inflige de mauvais traitements, ils s'ennuieront d'elle, bien
entendu, tout en étant fâchés contre cette personne.
Ce sentiment de tristesse s'appelle le chagrin. Carlos a mis du temps
à surmonter son chagrin.
Un bon conseiller travaillera avec des médecins
et des infirmières pour t'aider à calmer ta peur.
Quels seront mes sentiments après en
avoir parlé?
Si tu racontes ton aventure, d'abord, tu te sentiras
mieux. Le secret ne te pèsera plus sur le coeur et tu te sentiras
courageux. Il faut beaucoup de courage pour dire un secret qui fait
que tu te sens en faute. Certaines personnes diront «Je suis content
que tu en aies parlé». Mais plus tard, il se pourrait que
tu regrettes d'en avoir parlé.
«Je n'ai pas voulu en parler à
maman parce je savais que cela lui ferait de la peine. J'en ai
alors parlé à mon professeur. Maintenant,
je vois un conseiller et je me sens beaucoup mieux».
Voici quelques exemples de ce que tu pourrais
trouver difficile:
1.
La police voudra t'interroger, et te posera beaucoup de questions.
2.
Peut-être devras-tu aller à l'hôpital ou consulter
un médecin pour un examen médical. Le médecin veut
s'assurer que tu n'es pas blessé ni malade.
3.
Certains membres de ta famille seront heureux que tu aies parlé,
mais d'autres ne le seront pas. Si la personne qui t'a fait du mal est
un oncle très aimé, ton frère ou ta soeur pourraient
être fâchés contre toi.
4.
La personne qui t'a infligé la violence sexuelle peut être
quelqu'un que tu admirais, comme un conseiller du camp de vacances.
Tu peux être triste de penser que si tu dis ton secret, tu ne
verras petit-être jamais plus cette personne.
5.
Il se peut que tu doives aller en cour pour dire au juge et aux avocats
ce qui s'est passé. Au début, ça fait un peu peur.
6.
Le travailleur social te demandera peut-être de rencontrer un
conseiller en matière de violence sexuelle.
Que fait le conseiller en matière de
violence sexuelle?
Le conseiller en matière de violence sexuelle
peut t'aider à exprimer tes sentiments. Un enfant victime de
violence sexuelle ressent beaucoup de sentiments qu'il comprend mal.
Le conseiller peut t'aider à y mettre de l'ordre et à
les comprendre. Le conseiller peut te demander de parler de l'aventure
ou de montrer par un dessin ce que tu ressens. Le conseiller comprend
ce que ressentent les jeunes garçons qui ont été
victimes de ce genre de traitement.
Le conseiller en matière
de violence sexuelle parle aux parents de la jeune victime, leur explique
comment elle se sent afin que les parents comprennent, Le conseiller
leur apprend ensuite la meilleure façon d'aider l'enfant. Il
tente de comprendre aussi les sentiments des parents.
Supposons que tu doives aller
en cour. Le conseiller t'aidera en parlant avec les agents de police
et le Prociireiir de la Coiiroime. Le procureur est l'avocat du pays;
il est de ton côté quand tu vas au tribunal.
J'avais pensé que cela serait
très difficile dén parler à quel
qu'un mais je m'apercois que mon conseiller me comprend.
Comment se sentent les jeunes garçons
victimes de violence sexuelle?
Les garçons dont nous avons parlé
ici, c'est-à-dire Bob, Éric, Lucien, Nathan, Pierre, Carlos
et Justin ont tous une histoire différente et des sentiments
différents. Ils avaient peur de différentes choses,
comme le SIDA, se faire traiter de gai et se faire blesser. Carlos a
éprouvé du chagrin et Justin était si en colère
qu'il a blessé d'autres personnes.
Après un bout de temps, je me
Ces garçons ont tous
commencé à se sentir mieux quand ils ont pu dire au conseiller
qu'ils avaient peur, se sentaient seuls et tristes, se sentaient en
colère, qu'on leur avait joué un tour, qu'on avait triché
ou qu'on les avait piégés. Avec le temps, ils ont appris
comment redevenir des enfants. Ils se sont sentis beaucoup mieux quand
ils ont vu qu'ils pouvaient aussi parler au conseiller de jeux vidéo
et de cartes de hockey, et non seulement de violence sexuelle.
suis senti redevenir un
Plus tard, le conseiller leur
a demandé de faire partie d'un groupe où ils pourraient
parler avec d'autres enfants des effets de la violence sexuelle. De
cette façon, ils pouvaient s'aider l'un l'autre et ne plus se
sentir seuls. Ils ont découvert une chose importante: c'est qu'ils
n'étaient pas coupables. Ils avaient tous cru que la violence
sexuelle s'était produite en partie à cause d'eux.
enfant ordinaire».
Le conseiller n'arrêtait
pas de leur rappeler qu'ils n'étaient pas responsables.
Après un certain temps, ils ont su que c'était vrai et
se sont sentis beaucoup mieux.
De quoi les jeunes garçons qui ont
été victimes de violence sexuelle ont-ils le plus besoin?
Si tu es victime de violence
sexuelle, tu as bien besoin d'aide.
1.
Il te faut beaucoup de compréhension et de soutien de la part
de tes parents.
2.
Tu as besoin de l'aide de conseillers spéciaux.
3.
Tu as besoin de l'aide d'autres personnes comme un travailleur social,
tes professeurs, la police et ta famille
Quand tu
auras obtenu l'aide dont tu as besoin, tu surmonteras l'épreuve
de la violence sexuelle. Tu te sentiras de nouveau comme un enfant ordinaire.
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