Le système des soins de santé du Canada
Le rôle du gouvernement
La structure du système de soins de
santé canadien est largement tributaire
de la Constitution canadienne,
qui prévoit un partage des rôles et
des responsabilités entre le gouvernement
fédéral et les adminis
trations provinciales et territoriales.
Ce sont les gouvernements
provinciaux et territoriaux qui ont le
plus de responsabilités au chapitre
de la prestation des services de
santé et d'autres services sociaux. Il incombe au gouvernement
fédéral de dispenser directement
des services à certains groupes
de personnes.
Le régime de santé public est
financé à partir de recettes
générales provenant des impôts
prélevés par le gouvernement
fédéral et les gouvernements
provinciaux et territoriaux,
comme l'impôt sur le revenu
des particuliers et des sociétés,
les taxes de vente, les retenues
à la source et d'autres recettes.
Trois provinces, la Colombie
Britannique, l'Alberta et l'Ontario,
perçoivent des primes d'assurance
maladie, mais leur non paiement ne
limite pas l'accès à des services
médicalement nécessaires.
Le financement des soins de santé
par l'État offre un avantage concurrentiel
important aux entreprises
canadiennes. Le financement public
permet de répartir les coûts des
services de santé de façon équitable
dans l'ensemble du pays. De plus,
le financement de l'assurance
maladie par l'entremise du régime
fiscal est efficient, car il n'exige pas
la mise sur pied d'un mécanisme de
perception distinct.
La santé ne se limite pas au
système de soins de santé. La
santé publique, notamment
l'hygiène, les maladies infetieuses
et les activités de sensibilisation
connexes, est une responsabilité
partagée entre les trois ordres de
gouvernement - fédéral, provincial/territorial et local ou
municipal; toutefois, comme il a été
mentionné plus haut, ces services
sont généralement fournis aux
niveaux provincial/territorial et local.
Sans aucun doute la plus
importante conclusion de la
Commission [Royale de 1965]
fut la suivante : la meilleure
façon de réaliser les objectifs
de la population canadienne
était de créer un régime
universel administré par les
autorités publiques, un régime
englobant douze programmes
d'assurance-santé établis dans
les dix provinces et les deux
territoires et subventionnés par
des revenus généraux du
gouvernement fédéral; ce
régime est préférable à celui
qui serait basé sur l'évaluation
des ressources personnelles et
sur l'octroi individuel de subsides
à plusieurs millions de Canadiens
et aux chefs de famille afin
de leur permettre de souscrire
à des régimes privés ou de
payer des primes
d'assurances commerciales.
Canada. Examen, Le programme de santé, 1980, p. 6
Le gouvernement fédéral
Le rôle du gouvernement fédéral en
santé est d'établir et d'appliquer des
principes nationaux pour le système
aux termes de la Loi canadienne sur
la santé, de fournir un appui financier
aux provinces et aux territoires
et de s'acquitter de plusieurs autres
fonctions, notamment : la prestation
directe de services primaires et
supplémentaires à certains groupes
de personnes, des programmes de
santé publique afin de prévenir les
maladies, la promotion de la santé
et la sensibilisation de la population
quant à l'incidence de ses choix sur
la santé, la protection de la santé
(innocuité des aliments et nutrition,
réglementation des produits
pharmaceutiques, des matériels
médicaux, des produits de
consommation et des produits de
lutte antiparasitaire), ainsi que du
financement de la recherche en
santé et des activités d'information
en santé.
La Loi canadienne sur la santé
établit les principes et les critères
des régimes d'assurance maladie
que les provinces et les territoires
doivent respecter pour recevoir
l'intégralité des transferts de fonds
pour la santé. La Loi renferme cinq
principes fondamentaux selon
lesquels les régimes d'assurance
maladie doivent couvrir tous les
résidents admissibles du Canada,
assurer une protection complète,
être accessibles sans obstacles
financiers ou d'autre nature, être
fournis partout au pays et lors de
voyages à l'étranger, ainsi qu'être
gérés par des organismes publics.
Le gouvernement fédéral octroie
des transferts de fonds et d'impôt
aux provinces et aux territoires pour
la santé par l'intermédiaire du
Transfert canadien en matière de
santé. Le gouvernement fédéral
fait également des paiements de
péréquation fiscale aux provinces
les moins nanties et octroie du
financement aux territoires pour les
aider à prendre en charge les coûts
des services publics, incluant les
soins de santé.
Environ un million de personnes
appartenant à différents groupes -
membres des Premières nations
vivant dans les réserves, Inuits,
militaires des Forces canadiennes
et membres de la Gendarmerie
royale en activité de service,
anciens combattants admissibles,
détenus dans les pénitenciers
fédéraux et demandeurs du statut
de réfugié - reçoivent des services
de soins de santé primaires et des
prestations supplémentaires pour
soins médicaux directement du
gouvernement fédéral.
Les services offerts directement
aux Premières nations et aux Inuits
incluent des services de soins
primaires et de soins d'urgence
dans les réserves éloignées et
isolées où les provinces et les
territoires n'offrent pas de services
faciles d'accès, des programmes
de santé communautaire dans les
réserves et dans les communautés
inuites, ainsi qu'un programme de
services de santé non assurés
(médicaments, services dentaires
et services de santé auxiliaires) pour
les membres des Premières nations
et les Inuits, peu importe leur lieu de résidence au Canada. Généralement,
ces services sont dispensés
par des infirmières en santé
communautaire, dans des postes
de soins infirmiers, des centres de
santé, des centres de traitement de
patients hospitalisés, des hôpitaux,
et dans le cadre de projets du
Programme d'aide préscolaire aux
enfants Autochtones. Les deux
ordres de gouvernement collaborent
de plus en plus pour intégrer la
prestation de ces services aux
systèmes provinciaux et territoriaux.
Voici les cinq principes
sur lesquels repose la
Loi canadienne sur la santé :
Gestion publique :
Les régimes provinciaux et
territoriaux doivent être sans but
lucratif et être gérés et exploités
par un organisme public qui rend
des comptes au gouvernement
provincial ou territorial.
Intégralité :
Les régimes provinciaux et territoriaux
doivent assurer tous les
services médicalement nécessaires
offerts par les hôpitaux, les
praticiens et les dentistes qui
exercent en milieu hospitalier.
Universalité :
Les régimes provinciaux et
territoriaux doivent protèger toutes
les personnes assurées selon des
modalités uniformes.
Accessibilité :
Les régimes provinciaux et
territoriaux doivent fournir à toutes
les personnes assurées un accès
raisonnable aux services hospitaliers
et médicaux médicalement
nécessaires sans frais ni autres
mesures restrictives.
Transférabilité :
Les régimes provinciaux et territoriaux doivent protéger toutes les personnes assurées lorsqu'elles déménagent dans une autre province ou dans un autre territoire au Canada et lorsqu'elles voyagent à l'étranger. Les provinces et les territoires limitent la protection offerte dans le cas de services dispensés à l'étranger. Ils peuvent exiger l'approbation préalable de services non urgents dispensés à l'extérieur de leur povince ou de leur territoire.
Le gouvernement fédéral s'occupe
également de la protection de la
santé et de la réglementation
(p. ex., réglementation des produits
pharmaceutiques, des aliments et
des matériels médicaux), de la
sécurité des consommateurs, de
la surveillance et de la prévention
des maladies. Il appuie également
la promotion de la santé et la
recherche en santé. Il existe aussi
des mesures fiscales fédérales liées
à la santé, y compris l'octroi de
crédits d'impôt pour les dépenses
médicales, les handicaps, les
soignants et les personnes à charge
atteintes d'incapacité, des réductions
de taxes aux établissements
publics pour les services de santé,
ainsi que des déductions pour les
primes d'assurance maladie privées
pour les travailleurs autonomes.
Les gouvernements
provinciaux et territoriaux
Les provinces et les territoires
gèrent et dispensent la majorité des
services de soins de santé du
Canada, avec des régimes
d'assurance maladie qui doivent
respecter les principes nationaux
énoncés dans la Loi canadienne sur
la santé. Chaque régime
d'assurance maladie provincial et
territorial défraie, sans franchise,
quote part ou plafond, les services
hospitaliers et médicaux médicalement
nécessaires qui sont offerts
gratuitement. Les gouvernements
des provinces et des territoires
financent ces services avec l'aide
de transferts pécuniaires et
fiscaux du gouvernement fédéral.
En matière de soins de santé, il
incombe aux gouvernements des
provinces et des territoires de gérer
leur régime d'assurance maladie, de
planifier, financer et évaluer les
soins hospitaliers, les soins médicaux,
les soins paramédicaux, la
fourniture de médicaments sur
ordonnance dans les hôpitaux et la
santé publique, et de négocier des
barèmes d'honoraires pour les
professionnels de la santé. La
plupart des gouvernements
provinciaux et territoriaux offrent
et financent des services supplémentaires
pour certains groupes
(p. ex. : les personnes à faible
revenu et les aînés), comme les médicaments prescrits à
l'extérieur des hôpitaux, les coûts
des services ambulanciers, les
soins de la vue, de l'ouïe et
dentaires qui ne sont pas couverts
aux termes de la Loi canadienne
sur la santé.
Bien que les provinces et les
territoires fournissent ces
prestations supplémentaires à
certains groupes de personnes, les
services de santé supplémentaires
sont en grande partie financés par
des régimes d'assurance privés.
Les personnes et les familles qui ne
sont pas admissibles à la protection
assurée par le système public
peuvent payer ces coûts directement
(de leur poche), obtenir une
protection dans le cadre d'une
assurance collective au travail ou
adhérer à un régime privé. Aux
termes de la plupart des lois
provinciales et territoriales, la
protection offerte par les assureurs
privés est limitée et ne peut offrir
une couverture dupliquée pour les
services déjà offerts par les régimes
publics, cependant, il peut s'exercer
une concurrence sur le marché des
services supplémentaires.
De plus, il existe dans chaque
province et territoire un organisme
d'indemnisation des accidentés
du travail, financé par les
employeurs, qui offre des services
aux employés qui se blessent
au travail.
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