Prévention des blessures non intentionnelles chez les aînés

Atelier sur le vieillissement en santé :
28 à 30 novembre, 2001

A. Aperçu de la question

Importance de la question

Les blessures non intentionnelles chez les aînés constituent un important problème de santé publique auquel trop peu d'attention a été accordée comparativement à celle accordée à d'autres groupes d'âge et à d'autres blessures. Les blessures des aînés coûtent cher au système de santé et, souvent, elles ont de graves conséquences pour les aînés eux-mêmes. Bon nombre de blessures conduisent souvent à un déclin irréversible des fonctions, à l'institutionnalisation et même à la mort. On évalue les coûts directs et indirects des blessures non intentionnelles pour l'ensemble des Canadiens à 8,7 milliards de dollars. En 1994, les aînés de 71 ans et plus comptaient pour plus de 27 % de toutes les blessures non intentionnelles ayant nécessité une hospitalisation et 34 % des décès provoqués par des blessures non intentionnelles.

De toutes les causes de blessures chez les aînés, les chutes constituent, de loin, le problème le plus grave puisqu'elles représentent plus de 87 % des blessures non intentionnelles nécessitant une hospitalisation chez les aînés de 71 ans et plus ainsi que 75 % des décès provoqués par des blessures. Pour ce qui est des Canadiens et des Canadiennes de 65 ans et plus, les coûts directs et indirects liés au système de soins de santé des blessures subies lors de chutes seulement sont évalués à 2,8 milliards de dollars par année. Les autres principales causes de blessures non intentionnelles chez les aînés sont les accidents de véhicules motorisés, les empoisonnements, la noyade, la suffocation, le suicide et les incendies. Les chutes et d'autres causes de blessures non intentionnelles ne sont pas le résultat d'accidents : elles sont prévisibles. Il est possible de cibler les facteurs de risque. De plus, il existe des interventions préventives qui peuvent contribuer à réduire ou à éliminer les répercussions des blessures.

Ampleur du problème

Bien que les aînés représentent seulement 12 % de la population canadienne, ils comptent pour 35 % de toutes les hospitalisations pour cause de blessures. En plus des coûts économiques considérables associés aux blessures chez les aînés, il faut aussi tenir compte des importantes répercussions par rapport à leur perte d'autonomie. On évalue que 20 % des aînés qui sont hospitalisés pour traiter une blessure cessent de vivre dans leur résidence privée pour recevoir des soins en milieu institutionnel.

Environ un million d'aînés, soit 33 % des aînés vivant dans la communauté, seront victimes d'au moins une chute par année, et jusqu'à 50 % de ces personnes chuteront à plusieurs reprises. Ces proportions sont encore plus élevées chez les aînés vivant en milieu institutionnel

On se penche de plus en plus sur la question des conducteurs âgés au Canada et des blessures et des décès causés par les accidents de véhicules motorisés. En nombre absolu, on constate que les aînés sont moins souvent impliqués dans des collisions que les jeunes. Cependant, selon une étude ontarienne, en fonction du nombre de kilomètres parcourus, les conducteurs âgés ont environ le même nombre d'accidents de véhicules motorisés que les conducteurs de 16 à 24 ans. Bien que les travaux de recherche sur le risque que représentent les conducteurs âgés ne soient pas concluants, on constate que les aînés risquent davantage de mourir par suite de leurs blessures ou de récupérer plus lentement. En 1996, même s'ils formaient 11 % de la population, les aînés ont compté pour 18 % de tous les décès et 6 % des blessures associés aux routes canadiennes (ces données englobent les conducteurs, les passagers et les piétons âgés).

Selon une étude réalisée en Alberta, la proportion de décès non intentionnels causés par des incendies dans des résidences chez les 80 ans et plus était la plus élevée de tous les groupes d'âge (3,2 par 100 000 personnes par année); le groupe d'âge des 0-4 ans arrive deuxième avec un taux de 2,9 par 100 000 personnes par année. Bien que la plupart des incendies aient été causés par de multiples facteurs, les cigarettes et d'autres produits du tabac étaient en cause dans 33 % des incendies et la consommation d'alcool, dans 59 % des cas.

Les aînés, les enfants et les personnes handicapées représentent environ 85 % des cas de brûlures causées par de l'eau bouillante. Ce genre d'incident se produit souvent chez les aînés fragiles en raison d'une exposition à de l'eau extrêmement chaude dans la baignoire ou la douche; les personnes âgées réagissent moins vite à la chaleur de l'eau et sont incapables de sortir rapidement de la baignoire ou de la douche.

Les blessures sont plus courantes chez certains groupes précis d'aînés, comme ceux vivant dans les fermes et les Autochtones. Un récent rapport portant sur les blessures mortelles survenues à la ferme fait état de l'important problème des blessures chez les aînés vivant dans les fermes canadiennes. Ce compte rendu signale que les aînés, en particulier les hommes âgés de plus de 60 ans, constituent l'un des groupes à risque élevé pour ce qui est des décès à la ferme; les enfants forment l'autre groupe à risque élevé. En effet, même si les aînés âgés de 70 à 79 ans représentent seulement 3,2 % de la population qui vit à la ferme, ils comptent pour 17,8 % des décès associés au travail à la ferme et pour 20 % des personnes hospitalisées pour cause de blessures.

Le taux de mortalité accidentelle chez les Autochtones est trois fois plus élevé que celui de l'ensemble des Canadiens. Au sein de cette population, les causes les plus répandues de mortalité causée par les blessures sont les accidents de voiture, le suicide et les surdoses accidentelles de médicaments. Bien que les Autochtones représentent seulement entre 3 et 5 % de la population canadienne, ils sont associés à 26 % des noyades en motoneige, à 16 % des noyades par suite de chutes dans l'eau, à 10 % des noyades lors d'activités aquatiques et à 9 % des noyades en bateau. En Colombie-Britannique, leur taux de mortalité standardisé selon l'âge se rapportant à des blessures causées lors de chutes est trois fois plus élevé que la moyenne provinciale.

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