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Éditorialiste invité
Les hommes et le vieillissement au Canada
Dans la Grèce Antique, on vénérait la beauté
physique de l'homme jeune et on associait le vieil âge à
la décrépitude physique, phénomène pire que
la mort elle-même. Un livre 'sérieux' publié en 1962
déclarait par ailleurs que les hommes ont beaucoup de difficulté
à laisser l'adolescence derrière eux, comme s'ils avaient
peur de vieillir. Aujourd'hui, ces deux affirmations feraient réagir
bien des hommes. On les voit de plus en plus ces têtes grisonnantes
qui font du patin à roulettes ou s'attaquent aux pistes noires
des centres de ski alpin. On les voit, porte-documents en main, choisir
leur parfum préféré dans les boutiques, livrer la
popote roulante aux aîné-e-s ou aider leur petit-fils à
réparer sa voiture. Mitchell Sharp, à 82 ans, est le conseiller
numéro un du premier ministre du Canada. Quel âge, pensez-vous,
a le magnat Paul Desmarais? Et les chanteurs Robert Charlebois et Mick
Jagger, n'ont-ils pas plus de 50 ans? Parfaitement! La population mâle
du pays vieillit! En fait, les 1,4 million de Canadiens âgés
de 65+ ans représentent 43% de la population âgée
au pays.**1
Albénie
Breau, maintenant âgé de 96 ans, pose avec son fils Ronald,
son petit-fils Gérald et son arrière-petit-fils Alexandre.
Les familles de quatre générations vivantes sont maintenant
répandues au Canada.
Est-ce que les hommes de 65 ans et plus sont tous des aînés
'étonnants' et dynamiques? Non, bien sûr, plusieurs ne correspondent
pas à ce portrait. Quelques-uns sont très malades, la minorité
en fait, même chez les octogénaires, les nonagénaires
et même chez les plus âgés. Certains sont des 'robineux',
des intoxiqués de la télévision, des esseulés
de différentes origines ethniques, d'anciens combattants handicapés
vivant en institution de longue durée, des Autochtones très
pauvres, etc. Ce sont là les hommes vieillissants qui s'éloignent
de 'la norme', cet instrument utile à dresser des portraits-robot
instantanés. Que savons-nous des hommes âgés et de
leur expérience du vieillissement au Canada? Même si les
gérontologues étudiaient surtout les hommes dans le passé
et malgré l'adage que 'le vieillissement est une affaire de femmes',
il n'en demeure pas moins qu'on ignore presque comment le vieillissement
caractérise la vie des hommes. Et si c'était aussi l'affaire
des hommes?![](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/expression/9-3/images/exp_9-3_photo2.gif)
On peut présumer, sans peur de se tromper, que les facteurs génétiques,
les expériences de jeunesse et de la vie affectent certainement
le vieillissement. Quels sont en outre les effets du sexe, de la culture,
de l'éducation et de tous les facteurs qui tissent la vie des gens?
Est- ce que les valeurs et les expériences d'apprentissage spécifiques
aux hommes les prédisposent à ne pas vouloir vieillir? A
mal vieillir? Est-ce qu'on peut tirer profit de l'expérience de
certains hommes? Les différences qui caractérisent le vieillissement
des hommes et celui des femmes s'annulent peut-être dans l'ensemble.
À court terme, ces différences n'ont peut-être pas
d'importance. A long terme, toutefois, une meilleure connaissance des
différences qualitatives du vieillissement entre les sexes pourrait
peut-être aider toutes les personnes concernées à
mieux s'adapter aux crises et aux divers passages de la vie. J'aimerais
pouvoir penser que l'interprétation du vieil âge par le poète
anglais Tennyson est la bonne et qu'elle s'applique aux deux sexes: «Des
coeurs héroïques et d'une même trempe, affaiblis par
le temps et le sort, mais forts par la volonté de lutter, de chercher,
de trouver, et de ne pas plier».
Médard Soucy
Membre du CCNTA
Québec
![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
![](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/expression/9-3/images/exp_9-3_bar.gif)
Le vieillissement des hommes au Canada
Les hommes nés en 1929 ont 65 ans aujourd'hui. Ceux de 80 ans
ou plus sont nés en ou avant 1914. Ils ont vu leurs cravates et
leurs parements de complets s'élargir et rétrécir
plusieurs fois. Ces hommes ont connu d'autres changements: révolutions
sociales et culturelles, périodes de grande prospérité,
dépression économique, guerres, développements technologiques
sans précédent, etc.
Ces hommes ont aussi connu une époque où les rôles
étaient plus clairement définis et servaient de guides au
fil de l'existence. Leur histoire de vie inclut probablement l'école
mais pas le diplôme d'études secondaires, le mariage durant
le temps de la Seconde Guerre mondiale, la recherche d'un emploi stable
'qu'on ne quitterait pas' et les enfants que les femmes, ménagères
à temps plein, élevaient. La prospérité des
années 1940 et 1950 rendit possible le rêve de la 'vieillesse
dorée'. À la retraite, la division du travail demeure sensiblement
ce qu'elle a été au cours du mariage, lui s'occupant des
finances, de conduire l'auto et de l'entretenir, en plus de voir à
l'extérieur de la maison, elle s'occupant du 'ménage' et
des relations familiales et sociales. Si elle meurt, il a de bonnes chances
de se remarier.
Le changement et la continuité ont jusqu'à maintenant
caractérisé la vie de la plupart des hommes âgés
au Canada. Est-ce que les tendances changeront pour les retraités
de l'avenir? Le manque de recherche sur les hommes et leur rôle
au sein des relations interpersonnelles, de même que l'incapacité
de prédire comment la société intègre les
changements font qu'il est difficile de répondre à cette
question. Toutefois, le présent numéro d'Expression fournit
une esquisse des hommes et du vieillissement au Canada et, nous l'espérons,
des réponses aux questions les plus fréquentes, de même
qu'un meilleur éclairage sur l'avenir.
Tous des Alain Delon ou des John Wayne? ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
Les cheveux s'amincissent et semblent se reloger dans les oreilles,
dans les narines et sur les épaules; l'ouïe commence à
diminuer dans la vingtaine; même chose pour la vue et l'odorat;
les tissus graisseux se répartissent autour de l'abdomen vers la
trentaine; les os faiblissent dans la quarantaine et la masse musculaire
se dégonfle. Voilà quelques signes révélateurs
du vieillissement des hommes, bien que la vitesse de vieillissement physique
varie énormément d'un individu à l'autre.
La maladie fait aussi son apparition, les affections cardiovasculaires
venant en tête et augmentant rapidement comme cause de décès
après 35 ans. Ainsi, pour les aînés mâles, les
principales causes de décès en 1986 étaient les infarctus,
le cancer du poumon, les accidents cérébro-vasculaires,
la bronchite chronique, l'emphysème et l'asthme, quoique les première
et troisième causes aient diminué de façon significative
au cours des dernières années. Le cancer cause 1,5 plus
de décès chez les hommes que chez les femmes et la différence
augmente encore plus chez les 85+ ans. Le cancer de la prostate arrive
en deuxième place des cancers et on prévoit que son incidence
dépassera celle du cancer du poumon au cours de la prochaine décennie.
Chez les hommes, les cancers du colon, de l'estomac, du système
lymphatique et du cerveau sont aussi fréquents.2
Plusieurs facteurs expliquent ces maladies fatales chez les hommes. L'âge
en est un. Par exemple, l'incidence du cancer de la prostate--diagnostiqué
en moyenne vers les 73 ans--augmente constamment avec l'âge. Quant
aux maladies coronariennes et au cancer du poumon, les mauvaises habitudes
alimentaires, le manque d'exercice et le tabagisme contribuent à
accroître les risques. Le tabagisme est aussi associé aux
décès causés par l'emphysème, la bronchite
et l'asthme. Un autre facteur de risque est que 'les vrais hommes ne vont
pas chez le docteur': certains hommes ne font appel au médecin
ou ne prennent rendez-vous pour un examen général que s'ils
sont poussés par leur femme, leur fille ou d'autres personnes concernées.
Les hommes souffrent aussi de maladies chroniques, mais moins que les
femmes. L'ostéoporose, par exemple, n'affecte qu'un homme sur six,
surtout après 75 ans. L'hypertension, la surdité, l'arthrite,
la sinusite chronique et l'ischémie par contre sont des conditions
communes. Des handicaps divers font aussi partie du vieillissement physique
des hommes. Ainsi, environ 75% des hommes de 85+ ans contre 7,7% des 55
ans et moins voient diminuer leur mobilité et leur agilité.3
Tout compte fait, à la naissance, les hommes peuvent s'attendre
à vivre jusqu'à 73,1 ans, et s'ils atteignent 65 ans, jusqu'à
79,9 ans. Tentent-ils d'éviter le vieillissement? Est-ce que le
fait de vieillir physiquement les tracasse? Pour le genre Alain Delon,
le vieillissement peut exiger plus d'ajustement. Les psychologues ont
différentes théories pour expliquer pourquoi certains hommes
voient le vieillissement physique comme une catastrophe et d'autres pas.
Après avoir comparé des dessins d'aîné-e- s
institutionnalisés et non institutionnalisés, M. Lakin,
par exemple, a conclu que c'est la perception que quelqu'un a de son statut--et
non l'âge comme tel--qui est le facteur principal affectant le changement
de perception de l'image corporelle.4 Le mot 'contrôle' semble être
clé.
Autre mot clé: la 'santé'. C'est prouvé, les hommes
sont plus conscients du rôle de l'exercice physique dans la protection
de la santé: une enquête nationale de 1988 révélait
que 50% des hommes de 65+ ans faisaient des activités aérobiques
30 minutes ou plus à tous les deux jours et que 75% passaient trois
heures par semaine à faire de l'exercice pour se récréer,
score inégalé par les femmes âgées. Plus des
deux tiers de ces hommes évaluaient leur santé comme étant
bonne ou très bonne,5 facteur étroitement associé
à la satisfaction de vivre.
Une saine approche philosophique aide aussi. «Ma santé est
moins bonne, dit un veuf de 82 ans, mais ça ne m'obsède
pas. Il faut bien jouer avec les cartes qu'on vous a données.»
Cet homme nous invite à remettre en question nos notions de 'vieillissement
réussi': handicapé par l'arthrite, il met une heure et demie
chaque matin à s'habiller.
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Tous des Casanova? ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
Le mythe que les aîné-e-s n'ont pas de sexualité
est en train de disparaître. Des études montrent que 99%
des gens de 60+ ans aimeraient avoir des relations sexuelles s'ils avaient
une ou un partenaire consentant. Des chercheurs de l'Université
de San Francisco ont trouvé que 88% des hommes de 80 à 102
ans rêvent encore d'avoir des liens affectifs et intimes avec une
autre personne.6
De fausses notions entourent également la ménopause masculine,
phénomène aussi appelé andropause ou viropause. La
ménopause masculine fait référence à une série
de changements physiques et psychologiques qui se produisent chez l'homme
à mesure qu'il vieillit. Elle n'a rien à voir avec la fertilité:
bien des hommes continuent à procréer tard dans la vie.
Elle n'est pas non plus due entièrement au processus naturel du
vieillissement, quoique l'impotence soit définitivement reliée
à l'âge. L'auteure Gail Sheehy dit que ce 'passage innommable'
est un véritable syndrome multifactoriel. Ses ingrédients
en seraient l'âge, l'activité hormonale, le niveau général
de santé, la signification de ce qu'est 'être un homme' à
mesure que la force décline et le changement de statut occupationnel.7
Si les résultats de l'étude sur le vieillissement masculin
au Massachusetts sont exportables, l'andropause serait la norme pour la
moitié des hommes au Canada au cours de la deuxième portion
de leur vie adulte.
Les causes de l'andropause déroutent encore les médecins
et les préjugés des spécialistes sur la façon
d'en traiter les problèmes abondent. Sheehy, par exemple, écrit
que les 'plombiers' aux solutions mécaniques passent à côté
de l'essentiel, soit la question existentielle du besoin qu'a l'individu
mâle de changer ses attentes face à lui-même lorsqu'il
vieillit.
Il semble raisonnable de penser que la santé et d'autres facteurs,
incluant les attentes, conditionnent les niveaux d'activité sexuelle;
cela pourrait expliquer pourquoi des couples qui avaient des relations
sexuelles cinq fois par semaine ont rapporté le même taux
de stabilité matrimoniale que ceux qui n'en avaient pas eues pendant
15 ans.8 Il faut dire aussi que sexualité n'égale pas accouplement.
Malgré l'andropause, la plupart des hommes âgés ont
un avantage net par rapport aux femmes quant à l'expression de
leur sexualité: il y a d'habitude plus de femmes que d'hommes chez
les groupes plus âgés; les normes sociales permettent aux
hommes de courtiser des femmes beaucoup plus jeunes qu'eux, alors que
le contraire fait encore réagir; et les hommes ont généralement
plus d'argent pour faire la cour à quelqu'un.
Ont-ils tous besoin d'un Freud? ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
Les facteurs de risque liés à la maladie mentale comprennent
la détérioration de la santé physique, la pauvreté,
l'isolement social, le deuil et la dépression causée par
les pertes multiples. Même si plusieurs hommes connaissent ces situations,
ils s'en tirent mieux que les gens plus jeunes au plan de la santé
mentale. Ils s'en tirent également mieux que les femmes du même
groupe d'âge à certains égards. Par exemple, environ
5% des aînés, contre 10 % des aînées, ont des
problèmes sérieux d'anxiété, condition causée
par plusieurs peurs: peur de la dépendance, de la sénilité,
de l'institutionnalisation, etc. Toutefois, l'alcoolisme est plus répandu
chez les hommes âgés que chez les femmes, de même que
le suicide, surtout chez les 75+ ans. En fait, une enquête québécoise
menée en 1989 a montré qu'il y avait 10 fois plus de suicides
chez les hommes de 75+ ans que chez les femmes du même groupe d'âge.9
Dans leur quête pour expliquer la santé mentale, les chercheurs
étudient divers facteurs, y compris ses liens avec l'état
matrimonial. Selon Barbara Payne, de l'Université du Manitoba,
une donnée qui revient constamment est le bas taux de maladie mentale
chez la population mariée.10 Toutefois, il semble exister deux
types de mariage: celui de l'homme et celui de la femme. Par exemple,
de dire Payne, on a remarqué que les femmes mariées et les
hommes divorcés sont plus susceptibles dans l'ensemble de connaître
des problèmes de santé mentale. Sa propre étude sur
les sentiments de solitude et de dépression chez les aîné-e-s
a révélé que la majorité des aîné-e-s
de tous les groupes matrimoniaux ont une bonne santé mentale. Les
veufs étaient ceux qui se sentaient les plus seuls; suivaient les
veuves, puis les femmes et les hommes séparés/ divorcés.
Les gens mariés avaient les scores les plus bas. Quant aux sentiments
de dépression, il n'y avait aucune différence significative
selon l'état matrimonial.
D'autres études suggèrent que l'éducation que les
hommes ont reçu tôt dans la vie sur la façon de s'exprimer
de manière agressive a un effet sur leur santé mentale.
Le Comité sur la santé mentale du Québec, par exemple,
a montré que les hommes adoptent des comportements plus dangereux
et que, face à un bouleversement émotif, ils tendent à
s'auto-détruire, alors que les femmes deviennent plus déprimées.11
L'importance de l'éducation fait également surface dans
le moment au regard de la maladie d'Alzheimer, forme la plus répandue
de la démence. La scientiste Joan Lindsay de Santé Canada
explique que des études antérieures avaient montré
les femmes comme deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir
de cette maladie, mais que la différence disparut lorsqu'on a tenu
en compte les niveaux d'éducation. Bien que l'âge et l'hérédité
demeurent les principaux facteurs de risque associés à la
maladie d'Alzheimer, cette nouvelle découverte permet de croire
que l'éducation et l'activité intellectuelle sont les meilleures
formes de prévention. Cette maladie affecte 5,1 % des 65+ ans au
Canada, toutes les démences réunies en affectant 8%.
Tissés serrés - la famille et les ami-e-s ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
Même aujourd'hui, plus de 92 % des Canadiennes et des Canadiens
se marient au moins une fois. Chez les hommes de 65+ ans, 75 % sont mariés
et vivent dans un ménage privé--le plus souvent dans leur
propre maison--avec leur épouse. Un autre 14 % d'entre eux vivent
seuls et une petite proportion vit en institution ou autrement. Le mariage
est donc central dans la vie de bien des hommes.
Les études sur la qualité des mariages de longue date sont
toutefois déroutantes: certaines identifient une détérioration
continue au fil du temps, déclin souvent précipité
lorsque l'époux s'ajuste mal à la retraite. D'autres concluent
à une amélioration, surtout après le départ
des enfants.12
D'autres études mettent l'accent sur les relations pratiques et
émotives à l'intérieur et à l'extérieur
du mariage. Les aînés mariés reçoivent en général
l'aide de leur épouse surtout pour effectuer les activités
quotidiennes. (Les exceptions existent. À preuve, dans la région
rurale du Bas-Saint-Laurent, ce sont les célibataires, des hommes
à 80 %, qui prennent soin des parents âgés et sont
à la base du système d'aide naturelle.)13 Les hommes ont
aussi tendance à compter d'abord sur leur épouse pour obtenir
l'appui social et émotif. Pour ces raisons, le veuvage est souvent
perçu comme étant plus difficile à vivre pour les
hommes, perception fort discutable selon Joan Norris, de l'Université
de Guelph en Ontario. D'aucuns disent que les veufs ont peut-être
moins 'besoin' d'un réseau social et peut-être trouvent-ils
la satisfaction émotive dans la camaraderie et le partage d'intérêts
communs. Les veufs étant plus rares que les veuves--20% contre
50 % de la population âgée--et perçus comme étant
relativement 'incompétents' au plan domestique, il se peut, selon
Norris, que l'aide [pratique] vienne à eux.14 La plus grande incidence
de remariage chez les veufs que chez les veuves (15 % contre 6 %) suggère
que le mariage est une stratégie d'adaptation plus populaire pour
les hommes que pour les femmes. Tout compte fait, on ne nie pas ici le
besoin de relations d'aide chez les veufs, mais on dit que la quantité
et la qualité de cette aide est peut-être une question individuelle.
Parallèlement, une donnée de l'Enquête sur l'autonomie
et le vieillissement révèle que 75 % des aîné-e-s
sont satisfaits de leurs liens de famille et d'amitié, peu importe
leur sexe ou leur état matrimonial. Toutefois, Barbara Payne ajoute
que les hommes séparés/divorcés de 65+ ans étaient
beaucoup moins susceptibles de dire qu'ils sont satisfaits de leur vie.
Est-il possible que la faiblesse des réseaux sociaux, des liens
familiaux et des relations de réciprocité des hommes divorcés
soient l'ancre qui manque à leur vie?
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Et la retraite? ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
La participation à la vie active des Canadiens de 65 à
69 ans a diminué de 4,3 % entre 1981 et 1991, et de 1,4% chez les
70+ ans. Peu importe les raisons de cette diminution--meilleure planification,
meilleures pensions, moins d'emplois ou agisme--les hommes prennent maintenant
leur retraite vers l'âge de 62 ans. Quelques-uns, incluant les cultivateurs,
ne prennent pas vraiment de retraite; d'autres, surtout les professionnels,
acceptent des assignations temporaires rémunérées
bien qu'officiellement' retraités. Pour quelques-uns, la
retraite est une crise impliquant la perte de leur rôle principal,
alors que pour d'autres, c'est à peine un moment critique de leur
vie.15 Est- ce que les hommes s'y préparent?
Une récente étude révèle que plus de 75 %
des hommes de 65+ ans se préparent financièrement à
la retraite. Ils accumulent des économies, paient leur hypothèque
et évitent de s'endetter. Un nombre moindre se prépare d'autres
façons: 34 % adoptent de nouveaux passe-temps, 24 % entreprennent
de nouvelles activités physiques et 10 % s'inscrivent à
des cours de préparation à la retraite.16 Un aîné
interrogé à ce propos disait: «Le jour suivant ma
retraite, j'étais debout dans le salon et je pleurais comme un
grand bébé. J'avais un compte en banque bien rempli mais
je ne savais pas comment j'allais remplir toutes ces heures!» La
peur de l'inconnu, le manque d'habitude à planifier les activités
de 'non-travail' de la vie et la peur de la mort sont quelques-unes des
raisons invoquées pour ne pas se préparer psychologiquement.
Que ce soit par conviction personnelle, en vertu d'une planification ou
à cause des circonstances, certains hommes âgés remplacent
les rôles occupationnels ou familiaux par le bénévolat.
Cela est avantageux pour le Canada, car si les activités bénévoles
étaient payées, elles coûteraient quelque 12 $ milliards
chaque année! Les hommes âgés, surtout les 65-69 ans,
sont le plus souvent bénévoles auprès d'organismes,
font le taxi pour les ami-e-s et les voisin-e-s, et aident leurs enfants
dans les tâches d'entretien de la maison et du terrain. Plusieurs
d'entre eux y voient des avantages: diminution du sentiment d'avoir perdu
un rôle important, interaction sociale, maintien ou augmentation
de leurs compétences et, finalement, exutoire à leurs intérêts
politiques.
Les hommes plus âgés ne passent cependant pas tout leur temps
à faire du bénévolat: en 1991, un Canadien sur deux
de 45+ ans disait préférer se récréer par
la lecture, la marche, en regardant la télévision et en
rencontrant la famille et les ami-e-s.17 Ces résultats concordent
avec les nouvelles données sur le 'travail ayant une valeur économique'
qu'a calculées Leroy Stone de Statistique Canada. Il a trouvé,
par exemple, que les hommes mariés de 65 à 74 ans et sans
enfant de moins de 19 ans à la maison passent en moyenne 4,9 heures
par jour à faire du travail ayant une valeur économique.
(Le travail ayant une valeur économique est celui qui a un extrant
identifiable qui puisse être utile au consommateur et être
acheté dans le commerce. Il inclut l'activité bénévole.)
Stone suppose que les hommes sont éduqués dès le
jeune âge à croire que seul le travail rémunéré
a de la valeur.18
La clé des portes du Temps ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
Plusieurs auteurs soulignent que l'éducation et ses multiples
facettes sont des éléments marquants de la vie des hommes.
David Gutmann, psychologue à l'Université Northwestern,
explique, par exemple, que les hommes plus jeunes doivent 'contrôler'
les ressources dont dépendent leur sécurité physique
et celle de leur famille19 et qu'ils sont obligés de réprimer
leurs propres besoins d'être dodichés et soignés au
profit de la cellule familiale. Les hommes apprendraient leur rôle
dès la petite enfance. De même, les jeunes épouses
abandonneraient leur côté agressif au profit de leur maternage.
Lorsque la période de soins aux enfants est passée, les
deux parties se réapproprient les aspects réprimés
de leur nature. Les hommes plus vieux, les 55 à 95 ans, deviennent
plus sensibles aux relations humaines, plus dépendants, plus sensuels
et plus compréhensifs. À l'opposé, les femmes s'affirment
plus et deviennent plus dominantes et moins sentimentales; chaque sexe
entre alors dans «le monde unisexe normal de la vie d'adulte âgé.»
Gutmann continue en expliquant comment ces transformations du développement
de la vie des pères, des fils et des mères finissent soit
par s'intégrer, ou pas.
S'agit-il là d'un renversement du rôle des sexes à
la vieillesse? Selon John Cavanaugh, de l'Université Bowling Green,
cette acceptation des traits de personnalité caractéristiques
des hommes et des femmes décrit mieux les adultes âgés
qu'un renversement des rôles sexuels.20
Plusieurs ont tenté de trouver la fontaine de jouvence, sans
succès. Une clé des portes du Temps, tant pour les hommes
que pour les femmes, pourrait être simplement l'éducation
prise au sens le plus large: la capacité de progresser avec chaque
étape du développement de l'individu. La vie offre peut-être
moins de guides qu'autrefois, le vieillissement peut encore être
un terrain inexploré pour les hommes, mais il existe plusieurs
suggestions et il y a de plus en plus d'exemples de 'succès':21
Phil Latulipe, 73 ans, ancien marathonien de Québec, qui
court maintenant sur de longues distances pendant 24, sinon 48 heures
au profit d'oeuvres de charité
Nil Hoas, 66 ans, chemineau retraité de White Rock, C.-B.,
qui joue au baseball, au golf, au curling et qui profite pleinement de
la vie
Ahab Spence, 82 ans, professeur autochtone cri, qui se remet d'un
infarctus et a hâte de retourner enseigner
Robertson Davies, 80 ans, auteur, qui a le nez constamment pointé
vers l'avenir
Grand-père, 82 ans, cet handicapé par l'arthrite
qui s'habille toujours lui- même.
Des faits et des chiffres *
Le rapport homme-femme est de 1: 1,4 chez les 65+ ans, et de 1:2
chez les 85+ ans.
Les anciens combattants constituent environ 25 % des Canadiens
âgés de 50+ ans. Quelque 88 % d'entre eux ont 65+ ans. Rathbone-McCuan,
E. et B. Havens (éd.). North american elders - United States and
Canadian perspectives. New York: Greenwood Press, 1988. p. 184.
La prévalence numérique d'un sexe chez les aîné-e-s
dépend de plusieurs facteurs, incluant l'ethnie. Par exemple, la
moitié de 18 grands groupes ethniques en Ontario étaient
majoritairement des hommes en 1971. Santerre, R. «Vieillesse, monde
de femmes un mythe?» Revue canadienne du vieillissement, 6, 4, (hiver
1987): 304-317.
En 1991, 74 % des hommes de 65+ ans étaient mariés;
13 %, veufs; 6 %, séparés ou divorcés; et 7 % ne
s'étaient jamais mariés.
Les hommes de 60+ ans sont 3,5 fois plus susceptibles de se marier
ou de se remarier que les femmes.
En 1984, les familles dont le chef était aîné
avaient deux fois plus (80 %).de chances d'être propriétaires
que les aîné-e-s seuls ( 41 %).
Les hommes constituent 28 % de tous les aîné-e- s
vivant en institution.
En 1991, le revenu annuel moyen des hommes seuls âgés
de 65+ ans était de 20 259 $, comparativement à 17 304 $
pour les femmes et à 40 036 $ pour les familles dont le chef était
aîné. Statistique Canada. Revenu après impôt,
répartition selon la taille du revenu au Canada. N° de cat.
13-210. Ottawa: 199 1. Tableau II.
Entre 1980 et 1990, le pourcentage d'aînés seuls vivant
sous le seuil de pauvreté a diminué de 53 % à 26
%. En 1990, 33 % des hommes de 65+ ans ont reçu un Supplément
de revenu garanti, un indicateur de pauvreté.
63 % des aînés seuls contre 33 % des aînées
avaient une automobile en 1987.
Environ 44 % des hommes de 65+ ans ont un handicap physique ou
mental quelconque.
Les maladies coronariennes ont chuté de 30 % chez les aînés
entre 1971 et 1986.
(* Les données proviennent des Vignettes sur le vieillissement
du CCNTA, à moins d'indications contraires.)
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Conseils pratiques ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
Aux hommes à propos de la retraite
Adoptez un nouveau passe-temps ou une nouvelle cause, quelque
chose de complètement différent de vos occupations précédentes.
Étendez votre vision du monde.
Faites du bénévolat. Vous contribuerez ainsi à
la société, rencontrerez de nouvelles gens et ajouterez
à la structure de votre vie. C'est aussi une façon d'obtenir
respect et reconnaissance.
Retournez à l'école, au collège ou à
l'université. Les frais sont réduits pour les aîné-
e-s. De plus, les enseignant-e-s sont toujours heureux de voir des visages
plus âgés dans leur classe.
Assumez certaines tâches domestiques quotidiennes, plutôt
que les tâches occasionnelles d'entretien extérieur. Cela
donnera du temps libre à votre conjointe pour 'aller jouer dehors'
avec vous.
Si l'andropause vous préoccupe, informez-vous et discutez-en.
Rappelez-vous qu'elle n'est pas uniquement d'ordre physique.
Aux hommes à propos de la santé mentale ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
Essayez de faire de nouvelles rencontres ou de renouer d'anciennes
amitiés. L'isolement accroît la vulnérabilité
à la dépression.
Sortez de chez vous! Allez au restaurant, allez faire des courses
bref, incluez le monde extérieur dans votre vie.
Participez à des activités que vous aimez et qui
sont significatives pour vous, surtout celles qui vous font rencontrer
des gens.
N'ayez pas peur de demander de l'aide. C'est le signe de quelqu'un
en possession de ses moyens.
Aux hommes à propos de la santé physique ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
Faites des exercices qui vous plaisent, c'est tout! Consultez
votre médecin pour déterminer combien d'exercice est approprié
pour vous. Essayez de passer au moins deux heures debout par jour. Cela
renforce les muscles et les os.
Ayez une alimentation pauvre en gras et en calories, riche en fibres
et consommez de l'alcool avec modération.
Prenez vos médicaments tel que prescrits. Dans le doute,
demandez à votre pharmacien ou à un-e spécialiste
de la santé.
Mangez à des heures régulières le plus possible--c'est
plus facile pour la digestion.
S'il vous arrive de ne pouvoir dormir, levez-vous, lisez, regardez
la télévision et préparez-vous une boisson chaude.
Ne vous inquiétez pas de l'insomnie à moins que ce ne soit
fréquent; si ça l'est, consultez votre médecin.
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Notes ![Début](/web/20061207091647im_/http://www.naca-ccnta.ca/images/arrow_up.gif)
** Toutes les données utilisées dans le présent
numéro proviennent des publications du CCNTA, à moins d'indication
contraire.
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les publications suivantes.
Comité de la santé mentale du Québec. Le défi
de l'égalité. La santé mentale des hommes et des
femmes. Par N. Guberman et al. Montréal: Gaétan Morin éditeur,
1993.
Gutmann, D. The family in later life. Document présenté
lors de l'assemblée annuelle de l'ACFAS, Moncton, N.-B., 1988.
13 p.
Kaye, L. et J. Applegate. "Men as elder caregivers: A response to
changing families." American Journal of Orthopsychiatry, 60, 1, (janv.
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McDonald, P.L. et R.A. Wanner. Retirement in Canada. Toronto: Butterworths,
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du CCNTA sur le quatrième âge ou Canada: maintenir la qualité
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du CCNTA sur la gestion d'une population active vieillissante. Ottawa:
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Santerre, R. "Vieillesse, monde de femmes: un mythe?" Revue
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Weisse, A.B. The man's guide to good health. Yonkers, NY: Consumer Reports
Books, 1991.
Expression est publié 4 fois l'an par le
Conseil consultatif national sur le troisième âge,
Ottawa, Ontario KlA OK9,
(613) 957-1968, télécopieur: (613) 957-9938.
Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles
du CCNTA.
ISSN 0822-8213
Recherche: Nancy Gnaedinger
Rédaction: Francine Beauregard
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