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Relevé des maladies transmissibles au Canada

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Volume: 23S4 - mai 1997

Rapport sur l'immunisation au Canada, 1996


14. Rapport de la Conférence canadienne nationale sur l'immunisation de 1996
« La vaccination pour la santé : Vers l'atteinte de nos objectifs nationaux »

Près de 600 personnes ont participé à la Conférence canadienne nationale sur l'immunisation, qui s'est tenue à Toronto du 8 au 11 décembre 1996. Cet événement a été l'occasion, pour les participants, de discuter et d'échanger de l'information concernant les aspects pratiques des programmes d'immunisation au Canada et d'aborder des questions touchant aussi bien les maladies prévenues par la vaccination que les programmes. Les participants ont en outre évalué les progrès qui avaient été accomplis en vue de l'atteinte des objectifs nationaux, établis récemment, en matière de réduction des maladies qui peuvent être prévenues par la vaccination chez les nourrissons et les enfants. On trouvera ci-après un résumé des points importants soulevés par les participants.

Dans son discours-programme, Carol Bellamy, directrice administrative de l'UNICEF, a affirmé que l'immunisation « n'est pas seulement souhaitable, elle est aussi une obligation pour la société. Il est inacceptable d'avoir le pouvoir de sauver des vies et de ne pas l'utiliser » (TRADUCTION). Mme Bellamy a rappelé qu'on avait assisté à une « révolution tranquille » dans le domaine de la santé publique au cours des 20 dernières années. Aujourd'hui, quatre enfants sur cinq dans le monde bénéficient de services d'immunisation de base. Elle a souligné que seule une ferme volonté politique et des efforts déterminés de collaboration entre les secteurs public et privé permettront d'appliquer les découvertes scientifiques actuelles pour le plus grand bien des enfants.

L'honorable David Dingwall, ministre fédéral de la Santé, a rappelé dans son allocution d'ouverture que « l'immunisation n'est pas uniquement une activité aussi valable qu'isolée, elle s'inscrit dans l'évolution de notre système de santé ». Il a félicité les participants pour les efforts qu'ils avaient déployés afin de bâtir un système efficace, qui a contribué à alléger les pressions financières exercées sur le système de santé tout en améliorant la santé de la population et en sauvant des vies. Il a tout particulièrement souligné le fait que le travail accompli par les professionnels de la santé publique avait permis de circonscrire une épidémie de rougeole.

Un certain nombre de questions abordées au cours de la conférence ont fait l'objet d'un consensus de la part des participants et sont dignes de mention, puisque certaines constituent un appel à l'action. En premier lieu, les participants ont convenu qu'il fallait faire ressortir l'utilité de l'immunisation en tant que stratégie favorisant la santé de la population. Certaines données de base utiles pourraient permettre d'appuyer cet effort. On pourrait, par exemple, déterminer le nombre de décès prévenus ou de maladies évitées, les économies réalisées grâce à la prévention des maladies pour lesquelles il existe un vaccin, ainsi que la rentabilité des programmes nouveaux ou élargis d'immunisation. Le Conseil des médecins hygiénistes en chef pour le Canada pourrait superviser cette initiative. Le deuxième volet de cette stratégie consisterait à faire ressortir le fait qu'il est possible de réduire la morbidité et de faire des économies en misant sur la promotion et la mise en oeuvre de certaines initiatives en matière de vaccination. Au nombre de ces initiatives pourraient notamment figurer l'application d'un calendrier uniforme d'immunisation des enfants dans l'ensemble du pays; on pourrait en outre insister sur la nécessité d'accroître l'administration des vaccins antigrippal et antipneumococcique et, éventuellement, d'élargir l'utilisation du vaccin antipneumococcique. Le Conseil pourrait également prendre en charge ce projet.

La tenue d'une série de conférences nationales et un vaste exercice de consultation auprès des divers intéressés ont permis d'atteindre un large consensus concernant les objectifs en matière de prévention des maladies par la vaccination chez les nourrissons et les enfants. Ces objectifs sont importants, car ils témoignent de la volonté du Canada d'améliorer la santé de la population et de réduire les inégalités; ils favoriseront en outre l'évaluation des programmes et un meilleur ciblage des ressources. Les appuis politiques ont tardé à se manifester, sauf dans le cas de la rougeole; l'objectif d'éliminer la rougeole indigène d'ici l'an 2005 a été approuvé à la Conférence des sous-ministres de décembre 1995. Nous espérons toutefois que l'ensemble des objectifs en matière d'immunisation recevront bientôt un ferme appui politique. Seul un mécanisme d'évaluation régulière, intégré au budget central, peut garantir l'élaboration de méthodes normalisées et permettre l'atteinte intégrale des objectifs généraux. S'il est vrai que certains objectifs généraux et spécifiques sont déjà atteints et que des progrès intéressants ont été accomplis, il reste qu'il faudra déployer beaucoup d'efforts pour atteindre les autres objectifs (p. ex., remplacer le vaccin actuel à germes entiers contre la coqueluche par des vaccins acellulaires de la nouvelle génération, moins réactogènes et plus efficaces). De nombreux instruments d'évaluation devront être mis en place, à tous les paliers.

Les participants ont clairement appuyé l'élaboration d'objectifs relativement aux autres maladies pour lesquelles des vaccins sont déjà homologués ou devraient l'être d'ici quelques années. Parmi ces maladies figurent la varicelle, les infections à rotavirus, l'hépatite A, la grippe, les méningococcies et les pneumococcies. Les participants ont fait ressortir l'importance des objectifs et de l'utilisation éclairée des vaccins. Dans le cas de la varicelle, par exemple, la maladie pourrait frapper davantage les adultes que les enfants et, par conséquent, être plus grave et entraîner davantage de complications si le vaccin n'était administré que de façon sporadique.

Les participants ont en outre discuté de l'importance croissante du lobby anti-immunisation. Les recherches indiquent que si seulement 1 % de la population est fermement opposée à l'immunisation, la proportion de personnes ambivalentes pourrait atteindre 6 % ou 7 %. Les parents veulent être informés et associés à la décision. La sécurité est leur souci premier. Il convient de sensibiliser davantage à la question les professionnels de la santé et les usagers et d'avoir recours au marketing social. La conférence a coïncidé avec le lancement officiel du programme national de sensibilisation à l'immunisation, qui prévoit la diffusion de communiqués d'intérêt public diffusés dans la presse ou à la radio et d'affiches. Cette campagne est le fruit d'une collaboration entre l'Association canadienne de santé publique, l'Association médicale canadienne, la Société canadienne de pédiatrie et Santé Canada.

Les participants à la conférence ont reconnu la nécessité de maintenir un solide système canadien de surveillance après la commercialisation. Ce système devrait comporter un volet de surveillance active, de façon à garantir la détection des incidents indésirables rares mais graves.

Il est urgent de disposer au Canada d'un système de suivi de l'immunisation, permettant de retracer les enfants qui doivent être vaccinés sous peu ou ont des vaccins en retard, d'en aviser les parents et de fixer des rendez-vous. Ce système permettrait en outre d'établir une base de données où les professionnels de la santé pourraient puiser, à chaque consultation, des renseignements sur le statut vaccinal de leur patient, indépendamment du lieu où le vaccin a été administré. Il faciliterait la planification et l'identification des populations qui courent un risque accru en raison d'immunisations en retard et aiderait à cibler convenablement les interventions et à évaluer la réussite du programme. Dans les provinces où la majorité des vaccins sont administrés par des médecins, il y a lieu de mettre sur pied des systèmes de suivi adaptés aussi bien à la pratique qu'aux besoins sur le plan de la santé publique. Les échanges de vue extrêmement productifs entre les participants à la conférence indiquent qu'il est temps que le programme national soit administré par les provinces, ce qui permettrait de garantir la compatibilité entre les provinces et faciliterait du même souffle l'accès à ces renseignements cliniques, au besoin. Il convient de mettre sur pied un centre d'information sur les projets provinciaux, territoriaux et municipaux en cours dans ce domaine et de tenir une conférence de concertation ayant pour objet d'établir les normes, de déterminer les données de base qui doivent être recueillies et de veiller à accroître la compatibilité des systèmes.

L'administration des vaccins est une tâche de plus en plus complexe, aussi importe-t-il de mettre l'accent sur la préparation des professionnels de la santé et les attentes en matière de rendement. À l'issue d'une vaste consultation entre le CCNI et les sociétés professionnelles, les épidémiologistes provinciaux et les intervenants en santé publique, les associations d'hôpitaux, les groupes de revendication et les organismes fédéraux, la version préliminaire d'un guide pratique portant sur l'immunisation des enfants est en cours d'élaboration. Ce document renferme plusieurs recommandations visant à accroître l'accessibilité des services; il est notamment proposé de modifier les heures d'ouverture des cliniques de manière à pouvoir accueillir les personnes qui se présentent sans rendez-vous et de procéder à des vérifications semestrielles de la couverture vaccinale. Ces lignes directrices ont été analysées au cours d'une séance en petits groupes. Soixante-seize pour cent des participants étaient d'avis qu'on avait grandement besoin de ces lignes directrices au Canada. Le processus de consultation est apprécié des provinces et des territoires.

Les participants ont estimé que ces lignes directrices étaient un mécanisme de changement et un instrument d'évaluation des programmes et pourraient être utilisées à ces fins. Selon les intervenants en santé publique, il importe d'établir des stratégies de mise en oeuvre pour faciliter l'application des lignes directrices dans tous les milieux. Les professionnels à clientèle privée ont indiqué que l'administration des vaccins était un service médical sous-évalué; l'application des lignes directrices ne sera possible que dans la mesure où l'on accroîtra l'éducation et les ressources dans ce domaine. Environ 70 % des participants ont dit être désireux et en mesure de profiter des examens cliniques courants pour s'enquérir du statut vaccinal des patients et les vacciner au besoin. Une majorité jugeait en outre réaliste le projet de mettre sur pied un mécanisme de suivi général faisant l'objet de vérifications. Toutefois, environ la moitié des participants croyaient qu'il serait impossible de vacciner à la demande les personnes qui se présentent sans rendez-vous. Certains se sont vivement inquiétés des fréquentes divergences entre les opinions d'experts et l'information figurant dans les monographies de produits en ce qui concerne les contre-indications de certains vaccins. Il importe de « préparer le terrain » lorsqu'on communiquera les lignes directrices aux professionnels de la santé. Il convient d'insister sur le fait que les lignes directrices sont des objectifs et qu'à ce titre, elles doivent non seulement décrire une situation idéale, mais également encourager le dialogue quant aux mesures à prendre pour atteindre les objectifs proposés.

L'éradication de bon nombre de maladies qui peuvent être prévenues par la vaccination est presque chose faite au Canada, aussi est-il de plus en plus important de s'intéresser au statut vaccinal des nouveaux Canadiens. Au cours d'une séance en petits groupes, les participants ont fait état des obstacles qu'ils rencontrent lorsqu'ils tentent d'informer les nouveaux Canadiens des avantages de l'immunisation. Chaque année, le Canada accueille environ 60 000 nouveaux arrivants qui sont âgés de < 18 ans. Il arrive souvent que les dossiers d'immunisation soient incomplets sinon inexistants, que les sujets n'aient pas reçu la série vaccinale complète et qu'ils aient des problèmes de compréhension découlant de différences culturelles ou linguistiques. Avant leur arrivée au pays, les immigrants subissent un examen ayant strictement pour objet de déterminer leur état de santé et leurs antécédents médicaux généraux. Une fois que les immigrants sont sur place, les efforts systématiques visant à mettre à jour leur statut vaccinal sont rares voire inexistants. Lorsque les nouveaux arrivants entrent en contact avec le système de santé, les professionnels de la santé sont souvent mal informés des questions pertinentes; pire encore, dans certaines provinces, même ce contact est découragé par une politique qui interdit l'accès à la carte d'assurance-maladie tant que la personne n'a pas satisfait au critère de résidence. Les participants ont été nombreux à reconnaître la nécessité de corriger rapidement la situation. Ils jugeaient essentiel d'adopter une approche multiforme, sous la conduite du gouvernement fédéral, qui soit particulièrement axée sur les régions où les immigrants sont nombreux, et de mettre sur pied un programme communautaire visant à répondre aux besoins sur les plans culturel et linguistique. Les participants estimaient qu'il fallait modifier le processus d'examen médical des candidats à l'immigration, de manière à y inclure une mise à jour de l'immunisation et d'autres documents.

Les enfants des Premières Nations sont plus exposés que les autres enfants aux maladies qui peuvent être prévenues par la vaccination, car la couverture vaccinale est moins élevée dans cette population. Des données indiquent que l'origine de ce problème est socio- économique. Les participants ont signalé un « manque de connaissances » généralisé quant aux effets et à l'utilité de l'immunisation, en particulier chez les membres les plus âgés de la communauté. Il est urgent de trouver une solution à ce problème. Cette solution devra reposer sur une approche adaptée et multiforme ainsi que sur une véritable volonté de changement, appuyée par des ressources satisfaisantes.

 

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Dernière mise à jour : 2002-11-08 début