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Pourquoi les Canadiens sont-ils en santé ou pas
?
Prémisses et données probantes
Pourquoi les Canadiens sont-ils en santé ou
pas ?
L'histoire toute simple qui suit reflète la complexité des facteurs globaux
ou des conditions qui déterminent dans quelle mesure les Canadiens sont
en santé ou pas.
« Pourquoi Éric est-il à l'hôpital ?
Parce qu'il a une grave infection à la jambe.
Pourquoi a-t-il cette infection ?
Parce qu'il s'est coupé gravement à la jambe et qu'elle s'est infectée.
Mais pourquoi cela s'est-il produit ?
Parce qu'il jouait dans le parc à ferraille près de l'immeuble où il habite,
et qu'il est tombé sur un morceau d'acier tranchant qui s'y trouvait.
Mais pourquoi jouait-il dans un parc à ferraille ?
Parce que son quartier est délabré. Beaucoup d'enfants jouent là sans
surveillance.
Mais pourquoi habite-t-il ce quartier ?
Parce que ses parents ne peuvent se permettre mieux.
Mais pourquoi ses parents ne peuvent-ils habiter un plus beau quartier
?
Parce que son père est sans emploi et que sa mère est malade.
Mais pourquoi son père est-il sans emploi ?
Parce qu'il n'est pas très instruit et qu'il ne peut trouver un emploi.
Mais pourquoi... ? »
- Extrait de Pour un avenir en santé : Deuxième rapport sur la santé
de la population canadienne.
On dispose d'un ensemble
de preuves de plus en plus complet sur ce qui permet à la population d'être
en santé. Le
rapport Lalonde a jeté les premières bases en 1974 ], en définissant
un cadre pour les principaux éléments qui semblent déterminer la santé
: le mode de vie, l'environnement, la biologie humaine et les services
de santé. Depuis cette époque, on a appris beaucoup de choses qui vont
dans le même sens et qui, en même temps, précisent et élargissent ce cadre
de base. En particulier, il est de plus en plus manifeste que l'apport
de la médecine et des soins de santé est assez limité et qu'accroître
les dépenses en soins de la santé n'apportera pas une amélioration importante
de la santé de la population. Par contre, il y a aussi des indications
nettes et de plus en plus nombreuses que d'autres facteurs comme les conditions
de vie et de travail sont des éléments déterminants de la santé de la
population.
Les éléments recueillis montrent que les principaux facteurs qui influencent
la santé de la population sont le niveau de revenu et la situation sociale,
les réseaux de soutien social, le niveau d'instruction, l'emploi et les
conditions de travail, l'environnement social et physique, les habitudes
de vie et les compétences d'adaptation personnelles, le développement
sain durant l'enfance, le patrimoine biologique et génétique, les services
de santé, le sexe et la culture. Chacun de ces éléments a son importance.
En même temps, ils sont tous interreliés. Par exemple, on peut relier
un faible poids à la naissance à des problèmes non seulement durant l'enfance,
mais aussi à l'âge adulte. Les recherches montrent qu'il y a un lien étroit
entre le niveau de revenu de la mère et le poids du bébé à la naissance.
Cela ne se vérifie pas uniquement pour les groupes les plus défavorisés
au plan économique. Tout au long de l'échelle des revenus, les mères ont,
en moyenne, des bébés plus lourds à la naissance que les mères de la catégorie
de revenus inférieure. On peut en conclure que les problèmes ne sont pas
simplement le résultat d'une mauvaise nutrition et de mesures d'hygiène
déficientes liées à la pauvreté, même si les problèmes les plus graves
se rencontrent surtout dans les groupes aux revenus les plus faibles.
Il semble que des éléments comme les habiletés d'adaptation et le sentiment
de contrôle et de maîtrise sur sa vie jouent également un rôle important.
Le reste de cette section présente les grandes lignes de ce que nous
savons sur la façon dont les déterminants influencent la santé. Les documents
qui ont servi à rédiger cette section sont Pour
un avenir en santé : Deuxième rapport sur la santé de la population canadienne
et Stratégies pour la santé de la population
: Investir dans la santé des Canadiens.
Prémisses et données probantes
LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 1. Niveau de revenus et situation sociale |
LES
PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
L'état de la santé s'améliore à chaque
étape de la hiérarchie des revenus et du niveau social. Des revenus
plus élevés permettent de meilleures conditions de vie comme un
logement plus sûr et la capacité d'acheter suffisamment de bons
aliments. Les populations les plus en santé sont celles qui se trouvent
dans les sociétés prospères où la richesse est répartie de façon
équitable.
Pourquoi y a-t-il un lien entre des revenus plus élevés, la situation
sociale et une meilleure santé? Si l'on constatait que les plus
pauvres et les plus défavorisés socialement ont aussi la moins bonne
santé, on pourrait recourir à des explications comme des piètres
conditions de vie. Cet effet se manifeste cependant dans toute la
gamme des groupes socio-économiques. De nombreuses recherches révèlent
que la mesure dans laquelle les gens sont maîtres de leurs conditions
de vie, en particulier des situations génératrices de stress, et
leur capacité d'agir exercent une influence déterminante. En règle
générale, un revenu et une situation sociale plus élevés permettent
d'exercer un plus grand contrôle sur sa vie et un plus grand pouvoir
discrétionnaire. On commence à mieux comprendre les mécanismes biologiques
en jeu dans ces situations. Un certain nombre d'études récentes
indiquent qu'une situation où les solutions sont limitées et le
manque d'habiletés d'adaptation face au stress accroissent la vulnérabilité
à toute une gamme de maladies par des voies qui touchent les systèmes
immunitaire et hormonal. |
Il y a de plus en plus de preuves manifestes
qu'une meilleure situation sociale et économique va de pair avec
une meilleure santé. En réalité, ces deux éléments semblent être
les déterminants les plus importants de la santé.
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des
Canadiens :
- Dans la fourchette des revenus les plus faibles, seulement 47
% des Canadiens disent avoir une santé très bonne ou excellente,
alors qu'ils sont 73 % dans le groupe aux revenus les plus élevés.
- Les Canadiens à faibles revenus risquent davantage de décéder
plus jeunes et de souffrir de maladies que ceux dont les revenus
sont plus élevés, indépendamment de l'âge, du sexe, de la race
et du lieu de résidence.
- Chaque fois qu'on franchit un niveau de l'échelle des revenus,
on constate que les Canadiens sont moins malades, ont une espérance
de vie plus longue et une meilleure santé.
- Des études montrent que la répartition des revenus dans une
société peut être un déterminant beaucoup plus important de la
santé que le total des revenus gagnés par les membres de la société.
Les écarts importants dans la répartition des revenus accroissent
les problèmes sociaux et contribuent à une moins bonne santé dans
l'ensemble de la population.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens
:
- Il y a aussi un lien entre la situation sociale et la santé.
Une importante étude britannique réalisée auprès des fonctionnaires
a révélé que, pour les plus grandes catégories de maladies (cancer,
maladies coronariennes, crises cardiaques, etc.), la santé s'accroît
avec le niveau du poste occupé. Cela s'est révélé exact même en
présence de facteurs de risque comme le tabagisme, dont on sait
qu'il varie au sein des catégories sociales. Tous les participants
à cette étude occupaient des emplois de bureau, avaient un bon
niveau de vie et une bonne sécurité d'emploi. Les variations de
l'état de santé ne pouvaient donc s'expliquer par des risques
physiques, par la pauvreté ni par des carences matérielles. Le
niveau de santé augmente à chaque échelon de la hiérarchie. C'est
ainsi que ceux qui se situent à l'échelon précédant le sommet
(médecins, avocats, etc.) ont quatre fois plus de maladies cardiaques
que ceux qui se situent au sommet de l'échelle (qui occupent des
postes comparables à ceux de sous-ministres). On doit donc en
conclure qu'un facteur ayant trait au revenu plus élevé, à la
situation sociale et à la hiérarchie sert de tampon ou de défense
contre la maladie ou encore qu'un élément allant de pair avec
les revenus plus faibles et une situation moins importante affaiblit
les défenses.
- Voir aussi des éléments probants du rapport Social
Disparities and Involvement in Physical Activity
- Voir aussi des éléments probants du rapport Améliorer
la santé des Canadiens
- Voir aussi Les déterminants sociaux de la santé : l’inégalité des revenus et la sécurité alimentaire
|
LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 2. Réseaux de soutien social |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
On associe l'appui reçu de la famille,
des amis et de la collectivité à une meilleure santé. De tels réseaux
de soutien social pourraient se révéler très importants pour aider
les gens à résoudre les problèmes et à faire face à l'adversité,
ainsi que pour nourrir le sentiment d'être maîtres ou d'avoir une
influence sur ses conditions de vie. L'entraide et le respect qui
se manifestent dans les relations sociales, le sentiment de satisfaction
et de bien-être qui en découlent semblent constituer un coussin
protecteur contre les problèmes de santé.
L'Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) de 1996-1997
établissait que plus de quatre Canadiens sur cinq déclaraient avoir
quelqu'un à qui se confier, quelqu'un sur qui compter en période
de crise, quelqu'un à qui demander conseil et quelqu'un leur donnant
le sentiment d'être aimé. De la même façon, l'Enquête longitudinale
nationale sur les enfants de 1994-1995 établissait pour les enfants
âgés de 10 et 11 ans une forte tendance à des comportements sociaux
positifs et à l'entraide. |
Éléments probants extraits de Investir
dans la santé des Canadiens :
Certains spécialistes du domaine sont arrivés à la conclusion
que l'effet des relations sociales sur la santé pourrait être aussi
important que les facteurs de risque reconnus comme le tabagisme,
l'activité physique, l'obésité et la pression artérielle.
- Une vaste étude réalisée en Californie est arrivée à la conclusion
que, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, plus les
gens ont de contacts sociaux et plus leurs taux de décès prématuré
sont faibles.
- Une autre étude américaine a montré que la faible disponibilité
d'aide émotionnelle et la faible participation sociale vont de
pair avec toutes les autres causes de mortalité.
- Les risques d'angine de poitrine diminuent avec l'augmentation
des niveaux de soutien affectif (étude des hommes fonctionnaires
en Israël).
- Voir aussi Les déterminants sociaux de la santé : l’inclusion et l’exclusion sociales and l’économie
sociale
|
LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 3. Niveau d'instruction |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
La santé suit le niveau d'instruction
Il y a des liens étroits entre le niveau d'instruction et la situation
socio-économique. Une bonne instruction pour les enfants et un apprentissage
tout au long de la vie pour les adultes sont des éléments essentiels
de la santé et de la prospérité des personnes et d'un pays. Le niveau
d'instruction contribue à la santé et à la prospérité en donnant
aux gens les connaissances et les capacités dont ils ont besoin
pour résoudre des problèmes et le sentiment d'influencer et de maîtriser
leur vie. Le niveau d'instruction accroît également les possibilités
d'emploi, de sécurité du revenu et de satisfaction au travail. Il
améliore enfin la capacité des gens de se renseigner et de comprendre
l'information pour soigner leur santé. |
Éléments probants extraits du Second rapport sur la santé des Canadiens
:
- Les Canadiens qui n'ont pas de bonnes capacités de lecture et d'écriture
sont plus exposés au chômage et à la pauvreté, risquent davantage d'avoir
une mauvaise santé et de mourir plus tôt que les Canadiens qui maîtrisent
la lecture et l'écriture.
- Les gens qui ont des niveaux plus élevés d'instruction ont un meilleur
accès à des environnements physiques sains et sont mieux à même de préparer
leurs enfants pour l'école que les gens moins instruits. Ils ont aussi
tendance à fumer moins, à être plus actifs physiquement et à accéder à
de meilleurs aliments.
- Dans l'Enquête nationale sur la santé de la population de 1996-1997,
seuls 19 % des répondants n'ayant pas terminé leur secondaire ont déclaré
que leur santé était excellente contre 30 % pour les diplômés d'université.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens
:
- L'Enquête promotion santé Canada de 1990 a révélé que le nombre de
jours de travail perdus diminuait avec l'augmentation du niveau d'instruction.
Les personnes ayant une scolarité de niveau élémentaire perdaient sept
jours de travail par an à cause de la maladie, de blessures ou d'incapacité,
alors que les personnes ayant une formation universitaire en perdaient
moins de quatre par an.
- Voir aussi des éléments probants du rapport: Effets
du niveau d'alphabétisme sur la santé des Canadiens
et des Canadiennes - Étude de profil
- Voir aussi Les déterminants sociaux de la santé : l’éducation
|
LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 4. Emploi et conditions de travail |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
On associe le chômage, le sous-emploi,
un travail stressant ou dangereux avec une piètre santé. Les gens
qui dispose de plus de pouvoir sur leurs conditions de travail et
qui sont soumis à moins de stress au travail sont en meilleure santé
et vivent souvent plus longtemps que ceux qui sont exposés à davantage
de stress ou de risques au travail. |
Éléments probants extraits du Second
rapport sur la santé des Canadiens :
- L'emploi a un effet marqué sur la santé physique, mentale et
sociale. Le travail rémunéré permet non seulement de gagner de
l'argent, mais il donne aussi un sentiment d'identité et d'utilité,
permet d'avoir des contacts sociaux et des possibilités de croissance
personnelle. Quand une personne perd ces avantages, les résultats
peuvent être dévastateurs, aussi bien pour sa santé que pour celle
des membres de sa famille. Les chômeurs ont une espérance de vie
moins longue et ont nettement plus de problèmes de santé que les
personnes qui ont un emploi.
- Les conditions de travail (physiques et psychosociales) peuvent
avoir un effet marqué sur la santé et le bien-être affectif des
gens.
- La participation à l'économie basée sur les salaires n'est toutefois
qu'un élément de cet ensemble. De nombreux Canadiens, en particulier
les femmes, passent pratiquement autant de temps à faire du travail
non rémunéré comme le ménage et le soin des enfants et de parents
âgés. Quand ces deux charges de travail sont combinées de façon
continuelle avec peu ou de pas de soutien, cela se répercute inévitablement
sur le niveau de stress et de satisfaction au travail. Entre 1991
et 1995, la proportion des travailleurs canadiens qui étaient
« très satisfaits » de leur travail a diminué, et ce, de façon
plus marquée chez les femmes, passant de 58 % à 49 %. Les niveaux
signalés de stress au travail suivent la même tendance. Dans l'Enquête
sur la santé de la population de 1996-1997, les femmes déclaraient
des niveaux de stress au travail plus élevés que les hommes dans
toutes les catégories d'âge. Les femmes âgées de 20 à 24 ans avaient
trois fois plus de chances de faire état d'un stress élevé au
travail que le travailleur canadien moyen.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens
:
- Une importante étude réalisée pour le compte de l'Organisation
mondiale de la santé a permis de constater que les niveaux élevés
de chômage et d'instabilité économique dans une société sont à
l'origine de problèmes de santé mentale importants et d'effets
néfastes sur la santé physique des personnes au chômage, de leurs
familles et de leurs collectivités.
- Voir aussi Les déterminants sociaux de
la santé : la
sécurité d’emploi et les
conditions de travail
|
LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 5. Environnement social |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
L'importance du soutien social s'étend à l'ensemble
de la collectivité. La vitalité civique désigne la solidité des
réseaux sociaux au sein d'une collectivité, d'une région, d'une
province ou d'un pays. Elle se manifeste dans les institutions,
les organisations et, de façon informelle, dans les pratiques que
les gens adoptent pour partager les ressources et instaurer des
liens avec les autres. L'éventail des valeurs et des normes d'une
société influence à divers degrés la santé et le bien-être des personnes
et des populations. De plus, la stabilité sociale, la reconnaissance
de la diversité, la sécurité, les bonnes relations de travail et
des collectivités qui se tiennent résultent en une société solidaire
qui réduit ou évite de nombreux risques potentiels menaçant la santé.
On peut comprendre l'expression « mode
de vie sain » comme désignant globalement trois
dimensions interreliées du comportement des personnes : les
individus; les individus dans leurs milieux sociaux (p. ex. famille,
pairs, communauté, milieu de travail); la relation entre
les personnes et leur milieu social. Pour améliorer la santé
au moyen de modes de vie sains, on peut utiliser des approches globales
selon lesquelles la santé est une question qui touche toute
la société (que tout le monde a en commun). Les réactions
de la société peuvent accroître les ressources
du répertoire de stratégies dont se sert une personne
pour composer avec les changements et améliorer sa santé.
En 1996-1997 :
- 31 % des Canadiens adultes déclaraient avoir fait du bénévolat
pour des organismes sans but lucratif en 1996-1997, une augmentation
de 40 % par rapport à 1987.
- Un Canadien sur deux se disait impliqué dans une organisation
communautaire.
- 88 % des Canadiens avaient fait des dons, financiers ou autres,
à des organismes de bienfaisance et sans but lucratif.
|
Éléments probants extraits du Second
rapport sur la santé des Canadiens :
Aux États-Unis, on s'est aperçu que les niveaux élevés de confiance
et du sentiment d'appartenance à un groupe vont de pair avec des
taux de mortalité réduits.
- La violence familiale a un effet dévastateur sur la santé des
femmes et des enfants, à court et à long terme. En 1996, dans
24 % de tous les cas d'assauts contre les enfants, ce sont des
membres de la famille qui ont été accusés. Cette proportion était
encore plus forte pour les enfants en très bas âge.
- Les femmes agressées éprouvent souvent des problèmes de santé
physique et psychologique graves. Certaines sont même tuées. En
1997, 80 % des victimes d'homicide entre conjoints étaient des
femmes, auxquelles il faut ajouter les 19 % de femmes tuées par
un ami ou un ex-ami.
- Après avoir plafonné en 1991, le taux national de criminalité
a diminué de 19 % en 1997. Toutefois, ce taux est encore plus
de deux fois ce qu'il était il y a trois décennies.
|
LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 6. Environnement physique |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
L'environnement physique est un déterminant
important de la santé. À certains niveaux d'exposition, les contaminants
présents dans l'air, l'eau, les aliments et le sol peuvent provoquer
divers effets néfastes sur la santé parmi lesquels on peut citer
les cancers, les malformations à la naissance, les maladies respiratoires
et les malaises gastro-intestinaux.
Dans le milieu bâti, les éléments qui concernent le logement,
la qualité de l'air intérieur et la conception des agglomérations
et des systèmes de transport peuvent influencer de façon marquée
notre bien-être physique et psychologique. |
Éléments probants extraits du Second
rapport sur la santé des Canadiens :
- La prévalence de l'asthme infantile, une maladie respiratoire
fortement liée à la présence de contaminants dans l'air, a augmenté
sensiblement au cours des deux dernières décennies, en particulier
chez les enfants de 0 à 5 ans. On estimait que quelque 13 % des
garçons et 11 % des filles de 0 à 19 ans (plus de 890 000 enfants
et jeunes) souffraient d'asthme en 1996-1997.
- Les enfants et les personnes qui travaillent dehors pourraient
être particulièrement vulnérables aux effets sur la santé de l'appauvrissement
de la couche d'ozone. Une exposition excessive aux rayons UV-B
peut provoquer des coups de soleil, des cancers de la peau, un
affaiblissement du système immunitaire et accroître les risques
de cataractes.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens
:
- Il y a des liens étroits entre la pollution de l'air, y compris
l'exposition à la fumée secondaire du tabac, et les problèmes
de santé. Une étude réalisée dans le Sud de l'Ontario a établi
une corrélation manifeste entre les hospitalisations pour maladie
respiratoire au cours des mois d'été et les niveaux de sulfates
et d'ozone présents dans l'air. Toutefois, il semble maintenant
que les risques imputables à de petites particules, comme celles
de poussière et de carbone issues de la combustion des carburants,
peuvent être encore plus élevés que ceux qu'on associe à des polluants
comme l'ozone. La recherche démontre en outre que les risques
de cancer du poumon provoqué par la fumée secondaire du tabac
sont plus importants que les risques imputables à l'ensemble des
polluants dangereux dans l'air provenant de toutes les émissions
industrielles réglementées.
- Voir aussi Les déterminants sociaux de la santé : le logement
|
LES
PRINCIPAUX DÉTERMINANTS -- 7. Habitudes de vie et compétences d'adaptation
personnelles |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
Les habitudes de vie et les compétences d'adaptation
personnelles désignent les mesures que l'on peut prendre pour se
protéger des maladies et favoriser l'autogestion de sa santé, faire
face aux défis, acquérir de la confiance en soi, résoudre des problèmes
et faire des choix qui améliorent la santé.
Toutefois, on reconnaît de plus en plus que les « choix de vie
» personnels sont largement influencés par le milieux socio-économique
dans lequel les gens vivent, apprennent, travaillent et se divertissent.
En étudiant les maladies cardiaques et les enfants défavorisés,
on constate de plus en plus que de puissants mécanismes biochimiques
et physiologiques relient l'expérience socio-économique d'un individu
et son état vasculaire ainsi que d'autres problèmes de santé.
Les habitudes de vie et les compétences d'adaptation personnelles
désignent les mesures que l'on peut prendre pour se protéger
des maladies et favoriser l'autogestion de sa santé, faire
face aux défis, acquérir de la confiance en soi, résoudre
des problèmes et faire des choix qui améliorent la
santé.
Les définitions du « mode de vie » ont trait
non seulement aux choix personnels, mais aussi à l'influence
des facteurs sociaux, économiques et environnementaux sur
les décisions que prennent les personnes à propos
de leur santé. On reconnaît de plus en plus que les
« choix » personnels relatifs au mode de vie
sont grandement influencés par les conditions socio-économiques
dans lesquelles les personnes vivent, apprennent, travaillent et
s'amusent. Toutefois, on reconnaît de plus en plus que les
« choix de vie »
personnels sont largement influencés par le milieux socio-économique
dans lequel les gens vivent, apprennent, travaillent et se divertissent.
En étudiant les maladies cardiaques et les enfants défavorisés,
on constate de plus en plus que de puissants mécanismes biochimiques
et physiologiques relient l'expérience socio-économique
d'un individu et son état vasculaire ainsi que d'autres problèmes
de santé.
Ces conditions socio-économiques ont une incidence sur le
choix du mode de vie dans au moins cinq domaines : la dynamique
de la vie, le stress, la culture, les relations interpersonnelles
et le sentiment d'appartenance, ainsi que le
sentiment de contrôle. Les interventions qui appuient la création
de milieux de soutien rendront les personnes plus capables d'opter
pour un mode de vie sain dans un monde où il existe plusieurs
possibilités. |
Éléments probants extraits du Second
rapport sur la santé des Canadiens :
- Au Canada, on estime que le tabagisme est responsable d'au moins
le quart de tous les décès des adultes de 35 à 84 ans. Le taux
de tabagisme a augmenté sensiblement chez les adolescents et les
jeunes, en particulier chez les jeunes femmes, au cours des cinq
dernières années. Chez les Autochtones, il est le double de ce
qu'il est dans le reste de la population canadienne.
- Les comportements à risques multiples, notamment les combinaisons
dangereuses d'alcool, de drogue et de conduite automobile, ou
d'alcool, de drogue et de relations sexuelles non protégées, sont
très élevés chez les jeunes, en particulier les jeunes hommes.
- Il existe un lien étroit entre le régime alimentaire en général,
la consommation de gras en particulier, et certaines grandes causes
de décès, dont les cancers et les maladies cardiaques. La proportion
d'hommes et de femmes qui font de l'embonpoint a augmenté régulièrement
au Canada entre 1985 et 1996-1997, passant de 22 à 34 % chez les
hommes et de 14 à 23 % chez les femmes.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens
:
- Les habiletés d'adaptation, qui semblent essentiellement acquises
au cours des premières années de la vie, sont également importantes
pour favoriser des modes de vie sains. Il s'agit ici des habiletés
que les gens utilisent pour interagir efficacement avec le monde
qui les entoure, pour faire face aux situations, aux défis et
au stress quotidiens. De bonnes habiletés d'adaptation permettent
aux gens d'avoir confiance en eux, de résoudre les problèmes et
de faire des choix éclairés pour améliorer leur santé. Ces habiletés
aident les gens à affronter les défis de la vie de façon positive,
sans recourir à des comportements risqués comme la consommation
d'alcool et de drogues. Les recherches nous montrent que les gens
qui ont un sens marqué de leur efficacité personnelle et de leur
capacité d'adaptation sont ceux qui ont le plus de chances d'adopter
et de conserver des comportements et des modes de vie sains.
- Voir aussi des éléments probants du rapport Social
Disparities and Involvement in Physical Activity
- Voir aussi des éléments probants du rapport Améliorer
la santé des Canadiens
|
LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 8. Développement sain durant l'enfance |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
De nouveaux éléments probants sur les
effets des premières expériences sur le développement du cerveau,
sur la maturité scolaire et sur la santé dans la vie ultérieure
suscitent un consensus sur le fait que les premières phases du développement
de l'enfant sont un déterminant puissant de sa santé pour l'avenir.
Parallèlement, nous en avons appris davantage sur la façon dont
tous les autres déterminants de la santé influencent le développement
physique, social, mental, émotif et spirituel des enfants et des
jeunes. C'est ainsi que le développement d'un jeune est fortement
influencé par son logement et son voisinage, les revenus de sa famille
et le niveau d'instruction de ses parents, l'accès à des aliments
nutritifs et à des activités physiques, son patrimoine génétique
et l'accès à des soins dentaires et médicaux. |
Éléments probants extraits du Second
rapport sur la santé des Canadiens :
- Les expériences vécues entre la conception et l'âge de six ans
sont celles qui exercent la plus forte influence de toutes les
périodes de la vie sur l'organisation et les ramifications des
neurones du cerveau. Une stimulation positive au début de la vie
facilite l'apprentissage et favorise de meilleurs comportements
et une meilleure santé à l'âge adulte.
- La consommation de tabac et d'alcool pendant la grossesse peut
avoir des conséquences graves à la naissance. L'Enquête nationale
sur la santé de la population de 1996-1997 révélait qu'environ
36 % des nouvelles mères qui étaient d'anciennes fumeuses ou fumaient
actuellement avaient fumé pendant leur dernière grossesse (environ
146 000 femmes). La vaste majorité d'entre elles ont déclaré ne
pas avoir bu d'alcool pendant leur grossesse.
- Des liens d'affection et de sécurité entre les parents ou les
pourvoyeurs de soins et les bébés au cours des 18 premiers mois
de la vie aident les enfants à développer leur confiance, leur
estime de soi, leur maîtrise affective et leur capacité d'entretenir
des relations positives avec les autres pour leur vie ultérieure.
- Les bébés et les enfants négligés ou subissant des abus sont
exposés à des risques plus élevés de blessures, à un certain nombre
de problèmes de comportement social et cognitif plus tard au cours
de leur vie et de décès prématuré.
Éléments probants extraits de Investir dans la santé des Canadiens
:
- Il y a un lien entre le faible poids à la naissance et des problèmes
durant l'enfance, mais également à l'âge adulte. Les recherches
ont démontré une forte corrélation entre le niveau de revenu de
la mère et le poids du bébé à la naissance. Cela ne se vérifie
pas uniquement pour les groupes les plus défavorisés au plan économique.
Tout au long de l'échelle des revenus, les mères ont, en moyenne,
des bébés plus lourds à la naissance que les mères de la catégorie
de revenus inférieure. On peut en conclure que les problèmes ne
sont pas simplement le résultat d'une mauvaise nutrition et de
mesures d'hygiène déficientes liées à la pauvreté, même si les
problèmes les plus graves se rencontrent surtout dans les groupes
aux revenus les plus faibles. Il semble que des éléments comme
les habiletés d'adaptation et le sentiment de contrôle et de maîtrise
sur sa vie jouent également un rôle important.
- Voir aussi des éléments probants du rapport Améliorer
la santé des Canadiens
- Voir aussi Les déterminants sociaux de la santé : les
services de garde et d’éducation de la petite
enfance
|
LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 9. Patrimoine biologique et génétique |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
La composition biologique et organique de base
de l'être humain est un élément déterminant fondamental de la santé.
Les gênes confèrent une prédisposition inhérente à une vaste gamme
de réactions individuelles influençant la santé. Même si les éléments
socio-économiques et environnementaux sont des déterminants importants
de la santé globale, dans certains cas, le patrimoine génétique
semble prédisposer certaines personnes à des maladies précises ou
à des problèmes de santé particuliers. |
Éléments probants extraits du Second
rapport sur la santé des Canadiens :
- Des études en neurobiologie ont confirmé qu'en présence de conditions
optimales du développement de l'enfant au cours de la phase d'investissement
(entre la conception et l'âge de cinq ans), le cerveau se développe
de façon avantageuse pour le reste de la vie.
- Le vieillissement n'est pas synonyme de mauvaise santé. Une
vie active et l'accès à des possibilités d'apprentissage tout
au long de la vie pourraient s'avérer particulièrement importants
pour conserver la santé et la capacité cognitive en vieillissant.
Des études sur le niveau d'instruction et la démence laissent
entendre que le fait d'avoir étudié et d'avoir pu apprendre tout
au long de sa vie peut doter le cerveau d'une réserve qui compense
les pertes cognitives associées au vieillissement biologique.
|
LES
PRINCIPAUX DÉTERMINANTS -- 10. Services de santé |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
Les services de santé, en particulier
ceux conçus pour entretenir et favoriser la santé, pour prévenir
la maladie et pour restaurer la santé et les diverses fonctions
de l'Homme contribuent à la santé de la population. L'ensemble des
soins offerts par ces services de santé englobe le traitement et
la prévention secondaire. |
Éléments probants extraits du Second
rapport sur la santé des Canadiens :
- Les activités de prévention des maladies et des blessures, par
exemple l'immunisation et l'utilisation de la mammographie, donnent
des résultats positifs. Ces activités doivent se poursuivre si
on veut réaliser des progrès.
- On a enregistré une diminution marquée de la durée moyenne des
séjours en milieu hospitalier. Le fait de transférer les soins
dans la collectivité et à la maison soulève par contre des préoccupations
au sujet de la charge financière, physique et émotive additionnelle
imposée aux familles, en particulier aux femmes. La demande de
soins à domicile a augmenté dans plusieurs juridictions et on
s'inquiète au sujet de l'accès équitable à ces services.
- L'accès universel aux soins de santé reste dans une très large
mesure sans lien avec les revenus. Toutefois, un grand nombre
de Canadiens à faibles revenus et à revenus moyens ont un accès
limité ou pas d'accès du tout à des services de santé comme les
soins ophtalmologiques, les soins dentaires, les conseils en santé
mentale et les médicaments d'ordonnance.
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LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 11. Sexe |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
Le mot sexe fait ici référence à toute
la gamme de rôles déterminés par la société, de traits de personnalité,
d'attitudes, de comportements, de valeurs, de l'influence relative
et du pouvoir relatifs que la société attribue aux deux sexes en
les différenciant.
Les normes associées aux sexes influencent les pratiques et les
priorités du système de santé. Un grand nombre de problèmes de santé
sont fonction de la situation sociale ou des rôles des deux sexes. |
Éléments probants extraits du Second
rapport sur la santé des Canadiens :
- Les hommes sont plus exposés à un décès prématuré que les femmes,
dans une large mesure du fait des maladies cardiaques, des blessures
mortelles accidentelles, des cancers et du suicide. Le nombre
d'années de vie éventuellement perdues avant l'âge de 70 ans est
pratiquement eux fois plus élevé chez les hommes que chez les
femmes et environ trois fois plus élevés chez les hommes âgés
de 20 à 34 ans.
- Alors que les femmes vivent plus longtemps que les hommes, elles
sont plus exposées à la dépression, à un stress excessif (souvent
dû aux efforts pour équilibrer les vies professionnelle et familiale),
à des maladies chroniques comme l'arthrite et les allergies, à
des blessures et au décès imputables à la violence familiale.
- Si les taux globaux de décès par cancer ont diminué pour les
hommes, ils sont restés relativement constants chez les femmes,
essentiellement à cause de l'augmentation du nombre de décès par
cancer du poumon. Les jeunes filles ont maintenant davantage tendance
à fumer que les garçons. Si l'augmentation du taux de tabagisme
chez les jeunes femmes n'est pas combattue, les taux de cancer
du poumon chez elles continueront à augmenter chez ces dernières.
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LES PRINCIPAUX
DÉTERMINANTS -- 12. Culture |
LES PRÉMISSES SOUS-JACENTES |
LES PREUVES |
Certaines personnes et certains groupes
peuvent faire face à des risques additionnels pour leur santé à
cause d'un milieu socio-économique déterminé dans une large mesure
par des valeurs culturelles dominantes contribuant à perpétuer certaines
conditions comme la marginalisation, la stigmatisation, la perte
ou la dévaluation de la langue et de la culture et le manque d'accès
à des soins et services de santé adaptés à la culture du patient.
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Éléments probants extraits du Second
rapport sur la santé des Canadiens :
- Malgré des améliorations importantes depuis 1979, les taux de
moralité infantile chez les Autochtones, en 1994, étaient encore
deux fois plus élevés que ceux de l'ensemble de la population
canadienne. La prévalence des grandes maladies chroniques, notamment
le diabète, les problèmes cardiaques, les cancers, l'hypertension,
l'arthrite et les rhumatismes est aussi sensiblement plus élevée
dans les milieux autochtones et semble être en augmentation.
- En comparant les groupes ethniques, on constate que les taux
les plus élevés de suicide se trouvent chez les Inuit, avec un
taux de 70 par 100 000 personnes, alors qu'il est de 29 par 100
000 chez les Dénés et de 15 par 100 000 chez tous les autres groupes
ethniques, composés essentiellement de personnes qui ne sont pas
autochtones.
- L'Enquête longitudinale nationale sur les enfants de 1996-1997
a permis de constater que de nombreux enfants d'immigrants et
de réfugiés obtenaient de meilleurs résultats dans le domaine
affectif et académique que les enfants nés de parents canadiens,
même si une proportion plus élevée d'entre eux vivaient dans des
ménages à plus faible revenu. Cette étude laisse entendre que
la pauvreté peut avoir une signification différente pour la population
née au Canada et pour les immigrants nouvellement arrivés au pays.
L'espoir d'un avenir meilleur pour les immigrants réduit les effets
de la pauvreté ; le désespoir ressenti par les pauvres de la culture
majoritaire accentue ces effets.
- Voir aussi des éléments probants du rapport Améliorer
la santé des Canadiens
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