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Risque, vulnérabilité, résilience
- Implications pour les systèmes de santé Direction générale de Santé Canada Février 1997
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Table des matières
INTRODUCTION Ce document met en évidence le travail sur le risque, la vulnérabilité, la résilience et leurs implications sur le système de santé lorsqu'on travaille avec ces concepts. Le chapitre 1 consiste en un document de référence préparé en vue de discussions lors de la Table ronde nationale de septembre 1996. Le chapitre 2 résume les discussions de la Table ronde : Risque et vulnérabilité : concepts prometteurs. Le chapitre 3 présente les réflexions des participants et d'autres personnes intéressées sur le matériel, suite à la Table ronde. Le chapitre 4 décrit des applications concrètes des concepts de risque et de vulnérabilité touchant des questions de santé précises; la coopération entre les services officiels et non-officiels de prévention de la violence; les personnes âgées/risque/qualité de vie; les questions liées à la santé des femmes et à la prestation de services; les problèmes de santé mentale/approches préventives; et les questions liées aux services pour les jeunes avec une attention particulière à la prévention de la violence et à la sexualité saine. Cette approche de risque/vulnérabilité/résilience nous fournit l'occasion d'explorer de nouvelles façons d'encadrer le travail dans les groupes de la population et sur les questions de santé et de santé mentale. Les implications sur la politique, la recherche, l'éducation et la pratique sont significatives. L'importance d'avoir des liens solides entre ces secteurs et d'établir les limites entre les services (par exemple, santé, justice, services sociaux, éducation, récréation) est très claire. DOCUMENT DE RÉFÉRENCE PRÉFACE Le présent document de référence est fondé sur une revue d'un certain nombre de documents relatifs au risque, à la vulnérabilité et aux concepts prometteurs concernant diverses questions de santé physique et de santé mentale, dont le suicide, la détérioration de l'état de santé, les invalidités et la violence, les mauvais traitements et la négligence. On a mis l'accent sur les groupes suivants : les jeunes, les adultes, les personnes vivant en milieu collectif ou institutionnel, les personnes âgées et les femmes. Les documents en question comprenaient des documents publiés par Santé Canada de même que des documents sentinelles relevés par le Ministère et commandés ou financés par lui. Enfin, le présent document passe en revue un certain nombre d'articles relevés à la suite de recherches restreintes sur « le concept et la définition du risque » dans les bases de données suivantes : HEALTH, MEDLINE, SOCIOFILE et PSYCHINFO. Les recherches n'ont porté que sur les deux dernières années, et un petit nombre d'articles a été retenu. Le présent document ne vise pas à analyser en profondeur le concept du risque et les concepts prometteurs relativement aux questions ou aux groupes énumérés ci-dessus. Nous avons plutôt extrait les notions importantes liées aux risques et aux concepts prometteurs qui ont été relevées, et réitérées dans ces documents. Il manque de nombreuses idées et notions. A la suite de chaque sujet présenté dans le document de référence, notez vos commentaires et vos expériences, indiquez ce qui manque, questionnez les concepts présentés. Le but visé est le suivant : à la Table ronde, vous comblerez les lacunes, vous contesterez les idées présentées et, détail plus important, vous approfondirez le débat en vous fondant sur votre compétence et votre expérience. Le présent document utilise le concept général de santé reconnu par l'Organisation mondiale de la santé, qui considère la santé comme une ressource nécessaire à la vie de tous les jours et qui inclut l'intégration des aspects physiques, affectifs, intellectuels et sociaux d'une personne, de manières positivement enrichissantes. QU'EST-CE QUE LE RISQUE ET LA VULNÉRABILITÉ' Le risque est un concept qui revient souvent de diverses façons dans nos discussions sur la santé. De nombreux services de santé sont planifiés et organisés à la suite d'une évaluation de risques. Cela s'applique à divers éléments du système des soins de santé; la santé publique, les soins de santé en établissement spécialisé ainsi que la formation des spécialistes des soins de santé en sont quelques exemples. L'examen de questions liées à la santé et à la maladie utilise également une approche fondée sur le risque; c'est le cas, par exemple, de la santé mentale et des problèmes de santé mentale, de la violence, des mauvais traitements et de la négligence, du suicide et des affections physiques détériorantes et invalidantes. On identifie des groupes qui pourraient risquer d'éprouver des problèmes de santé particuliers : les enfants en bas âge, les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les personnes appartenant à une minorité ethnoculturelle, les « gais », les lesbiennes et les bisexuels, les gens qui vivent dans la pauvreté, les gens isolés sur le plan social, et les gens vivant dans un établissement spécialisé. En fait, selon Skolbekken (1995), la tendance à employer et à mettre l'accent sur le mot «risque» est « devenue une épidémie ». Il en arrive à cette conclusion après avoir consulté des bases de données médicales dans des articles des 20 dernières années. D'autres auteurs ont indiqué que, dans d'autres disciplines comme l'éducation et les sciences sociales, les praticiens et les chercheurs ont adopté ce paradigme conceptuel afin de clarifier et définir divers problèmes. Ainsi, des professionnels du domaine de l'éducation ont défini comme facteurs de risque ces conditions qui ont une incidence négative sur les enfants et amoindrissent leur succès dans le milieu scolaire classique et, graduellement, les éducateurs en sont venus à établir une série de caractéristiques qui, lorsqu'elles sont présentes, exposent les enfants à un échec scolaire. Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles on met ainsi l'accent sur le risque. Skolbekken l'attribue à l'avancement de la science et de la technologie; ainsi, nous disposons de statistiques de probabilité et de techniques informatiques plus complexes, et nous mettons davantage l'accent sur la promotion de la santé et la gestion des risques. En outre, cet auteur indique que cela dénote un changement de pensée face aux facteurs ayant une incidence sur la santé selon qu'ils soient ou non sous contrôle humain. Malgré cette attention généralisée accordée au concept du risque, on ne relève dans la littérature aucun consensus évident sur une définition précise des mots «risque» et « à risque ». On s'entend généralement pour dire que le risque est la probabilité de subir un dommage quelconque ou de perdre quelque chose à quoi on attache de la valeur. L'Oxford Encyclopedia définit le risque comme une possibilité de danger, de perte, de blessure ou d'autres conséquences fâcheuses. Toutefois, ces définitions donnent lieu à une interprétation précise qui varie considérablement. Dans la littérature, le concept de vulnérabilité est encore moins précis que celui de risque. Les définitions sont vagues. Le dictionnaire Oxford définit le mot vulnérable comme suit : qui peut être blessé ou endommagé, exposé à des dommages par une arme, une crise, etc. Le mot est tiré du latin, vulnerare, qui veut dire « blesser ». En général, il ressort de la littérature que des individus ou des groupes sont considérés comme vulnérables s'ils sont prédisposés à la maladie, à un dommage ou à une issue négative quelconque. Cette prédisposition peut être de nature génétique, biologique ou psychosociale. Pour qu'un problème de santé apparaisse, il faut qu'il y ait une vulnérabilité, mais ce seul facteur ne suffit pas. QUELLES SONT LES ORIGINES DU RISQUE? Au départ, le risque s'est développé comme un concept d'épidémiologie, où l'accent était mis sur l'identification des facteurs déterminants de la maladie. En médecine et en santé publique, la notion de risque comporte les étapes suivantes :
Par conséquent, en considérant la maladie sous l'angle des risques en cause on cherchait à concevoir et à mettre en œuvre des programmes de prévention, ou à intervenir pour réduire les répercussions de la maladie. La notion de risque comporte un élément à la fois objectif (une probabilité) et un élément subjectif (un danger perçu). L'analyse des risques différencie les risques où on peut recourir à des mesures de prévention ou d'intervention de ceux où cela est impossible. QUELS SONT LES FACTEURS DE RISQUE? Si le risque est la possibilité ou la probabilité de subir un dommage ou une perte, l'idée d'un dommage causé par un danger ou une menace spécifique est un élément implicite de cette thèse. C'est ce qu'on appelle habituellement des « facteurs de risque », c'est-à-dire des variables ou des caractéristiques (de nature biologique, ambiante ou psychosociale) qui, associées à un individu, font que ce dernier a plus de risques qu'une autre personne quelconque dans la population de manifester un problème. Les facteurs de risque :
Les facteurs de risque comprennent les caractéristiques, les processus, les conditions, les faits et les interactions ou relations qui influencent la personne ou son milieu. Les auteurs emploient des termes différents pour désigner les facteurs de risque, comme les expressions « conditions de risque » et « conditions ou situations sous-jacentes ». Là encore, lorsqu'on examine l'origine du concept de risque, on constate que des expressions comme « facteurs de risque » émanent du domaine de la médecine, de l'épidémiologie et de la santé publique. Cette perspective cherche à déterminer les facteurs de risque internes (héréditaires, biologiques, comportementaux, etc.) et externes (environnementaux, socioéconomiques, démographiques) et d'en atténuer l'effet sur l'individu et la famille. L'identification des facteurs de risque aide à fixer les paramètres des programmes de prévention ou d'intervention. Certains facteurs de risque, comme les facteurs comportementaux (un régime alimentaire), peuvent être modifiés. D'autres, comme l'âge, le sexe et les affections héréditaires, ne peuvent pas l'être. ÉVALUATION DU RISQUE AU SEIN DE GROUPES DIVERS Aborder les services de planification sous l'angle des risques amène souvent les planificateurs et les fournisseurs de services à examiner le risque de problèmes de santé précis au sein de divers groupes. Ainsi certains groupes sont considérés comme étant « à risque » à l'égard de divers problèmes. Certains groupes sont habituellement identifiés. Les exemples suivants reflètent cette démarche. (N'étant pas considérés comme exhaustifs, ils caractérisent toutefois l'application de l'approche dite de risque.) Filles, femmes et violence On a jugé que, dû à leur manque relatif de pouvoir et à l'absence de ressources, certains groupes de filles et de femmes, courent plus de risques d'être victimes de violence que d'autres. Les jeunes filles et les jeunes femmes sont surtout susceptibles d'être victimes de l'abus des parents, des fournisseurs de soins adultes, des connaissances et des amis de cœur. Chez les femmes et les filles autochtones, les taux de violence sont beaucoup plus élevés que chez les femmes non autochtones. Les femmes immigrantes, les femmes de couleur, les réfugiées, les employées de maison résidantes et les femmes d'une minorité linguistique ont plus souvent des problèmes à avoir accès à des services appropriés, et courent donc plus de risques de violence que d'autres femmes. Les femmes et les filles handicapées connaissent des taux de violence plus élevés que la moyenne et sont aussi doublement désavantagées lorsqu'elles veulent avoir accès à des services. Troubles mentaux Dans le domaine des troubles mentaux, on a indiqué qu'à l'exception des facteurs génétiques, la plupart des facteurs de risque et de protection ne sont pas propres à des troubles déterminés. Selon Jonah (1996), certains facteurs de risque pendant l'enfance créent une vulnérabilité qui accentue des facteurs de risque subséquents, liés à divers troubles. Ces facteurs comprennent un quotient intellectuel inférieur, une insuffisance pondérale à la naissance ou la prématurité, des variables prénatales négatives (comme la consommation de drogue ou d'alcool durant la grossesse), un tempérament difficile, des maladies physiques chroniques ou des déficits neurophysiologiques liés à des troubles caractérisés par des passages à l'acte, des difficultés de langage précoces (associées particulièrement à des troubles du comportement), et le sexe (les hommes sont plus vulnérables à des agents stressants physiques et psychosociaux durant leur enfance, les femmes sont plus vulnérables à des agents stressants psychosociaux durant l'adolescence, et les hommes sont encore une fois plus vulnérables à des agents stressants psychosociaux au début de l'âge adulte). Les facteurs de risque généraux qui découlent de situations familiales comprennent ceux qui contribuent à un dysfonctionnement familial (dû à un stress ou une perturbation) ou ceux qui entravent l'attachement ou de bons comportements en tant que parents, comme les troubles psychiatriques parentaux (surtout la dépression maternelle, y compris l'alcoolisme); les discordes ou les conflits entre parents associés à divers problèmes matrimoniaux (cela affecte particulièrement le comportement des garçons, surtout si la dépression maternelle entre aussi en jeu); le fait d'être témoin de violence chez les parents (cela peut amener les garçons, en particulier, à recourir à la violence pour régler des conflits); un statut socio-économique inférieur; le surpeuplement ou une famille trop nombreuse; un comportement criminel de la part des parents ou une condition parentale dysfonctionnelle (ce qui peut mener à des troubles de conduite); et le temps passé dans des services de garde d'enfants. Comportement délinquant et les jeunes Le Conseil national de la prévention du crime du Canada, (1995b), a relevé un certain nombre de facteurs de risque qui contribuent à un comportement délinquant chez les jeunes et les jeunes adultes. Beaucoup de ces facteurs apparaissent dès l'enfance. Le sexe est un aspect dont il faut tenir compte; les garçons sont considérés par certains comme ayant plus de risques de «passer à l'acte », d'extérioriser leurs problèmes affectifs en s'adonnant à des comportements antisociaux ou délinquants. Il y a aussi des facteurs de risque biologiques. Durant les premières années de l'enfance, le système nerveux central atteint la maturité. Tout ce qui entrave le développement du cerveau et entraîne des dommages neurologiques peut conduire à des troubles de conduite ainsi qu'à l'incapacité de réussir à l'école. Ces deux facteurs, s'ils ne sont pas traités efficacement, peuvent mener plus tard à un comportement criminel. Une exposition à des neurotoxines (comme le plomb) peut avoir pour résultat qu'un enfant soit facilement distrait, hyperactif, et n'arrive pas à suivre de simples instructions. Certaines personnes peuvent naître avec un tempérament qui les prédispose à un comportement perturbateur. Les troubles de comportement peuvent aussi avoir des origines génétiques. Certaines études laissent entendre que le degré de pauvreté est un indicateur fiable de la probabilité de commettre des infractions. D'autres ont découvert que le problème n'est pas tant la pauvreté que le fait que cette dernière s'assortit d'une série de facteurs de risque connexes. L'exposition à des désaccords fréquents et tendus entre les parents (conflits, manque d'harmonie et désaccords entre les deux membres d'un couple) accentue le risque de troubles de conduite et même d'infractions précoces. Pour ce qui est d'élever des enfants compétents d'un point de vue social, le dénominateur commun sous-jacent semble être la disponibilité affective des parents. Deux grands prédicteurs de la délinquance sont : une mauvaise surveillance de la part des parents, et une discipline sévère et inconstante. Enfin, les enfants victimes de violence sont exposés à un risque de délinquance, de criminalité et de comportement criminel violent; cela touche particulièrement les sujets de sexe masculin. Par exemple, les garçons qui voient leur père battre leur mère courent davantage de risques de devenir des époux violents. Il existe d'autres facteurs de risque, dont l'absence de logement adéquat, peu coûteux, le manque de services de garderie accessibles et de qualité; l'analphabétisme, l'isolement de la collectivité, de la famille et l'aliénation de la culture scolaire, le racisme, le sexisme, la discrimination et la destruction d'identités culturelles, de même que la promotion d'idées et d'attitudes, par les médias principalement, qui sont sources de violence, de discrimination et d'intolérance. Le suicide Le Groupe d'experts sur le suicide au Canada (Santé Canada, 1994) a déterminé que le suicide n'est pas une maladie, mais le résultat ultime de l'interaction complexe d'un certain nombre de facteurs neurobiologiques, psychologiques, culturels et sociaux qui ont eu une incidence sur la personne. Selon leur environnement biologique et social, certaines personnes peuvent être particulièrement vulnérables au suicide quand elles font face à un agent stressant ou à une combinaison d'agents stressants ayant un sens personnel si sombre ou intolérable. Ces agents stressants causent tant d'angoisse et de désespoir ou tant de frustration et de ressentiment que ces personnes ne peuvent pas ou ne veulent pas les supporter ou les régler d'une manière plus positive. Au nombre des facteurs biologiques qui peuvent avoir une incidence sur la vulnérabilité figurent les prédispositions génétiques à des troubles mentaux particuliers; de faibles niveaux de neurotransmissions sérotonergiques cérébrales; des affections pouvant mener à la mort, comme le SIDA; et les diagnostics de dépression cliniquement profonde ou d'un autre trouble psychiatrique. Les facteurs psychologiques peuvent comprendre la dépression, un sentiment d'impuissance et de désespoir; une faible estime de soi; des attitudes négatives au sujet de soi; l'impulsivité; l'absence des compétences ou de l'énergie nécessaires pour faire face à des problèmes; de même que l'alcoolisme et la toxicomanie. Les influences socioculturelles comprennent la démoralisation ou la fragmentation de la société; des attitudes permissives qui peuvent faciliter le suicide; l'attention des médias sur les suicides de célébrités; l'isolement social ou l'absence d'un réseau social solide; des modèles ou des pairs qui se suicident; le chômage; et des facteurs ambiants qui mènent à un comportement suicidaire, comme la disponibilité d'une arme à feu. Ces facteurs contribuent au fait que certains groupes courent un risque particulier : les adolescents et les jeunes adultes; les gens d'âge mûr et les personnes âgées; les autochtones; les « gais » et les lesbiennes, ainsi que les personnes incarcérées. Les jeunes L'Association canadienne des loisirs/parcs a déterminé dans son étude que les jeunes à risque ne sont pas juste un groupe de jeunes en difficulté. En fait, tous sont confrontés à un type quelconque de risque, et certains plus que d'autres du fait de leur situation socio-économique, du milieu dans lequel ils vivent, de leurs amis, de leur situation familiale, de leurs problèmes de comportement et de leur état de santé physique ou mental. A une extrémité du continuum se trouve un vaste groupe de jeunes qui sont exposés à de faibles niveaux de risque. À l'autre extrémité se situe un petit groupe qui s'adonne à un comportement antisocial chronique, à une forte consommation de drogue ou à un comportement sexuel à risque, et même au suicide. Entre ces deux extrêmes figurent des situations dont le degré de risque est plus ou moins grand. QUE DOIT-ON COMPRENDRE À PROPOS DU CONCEPT DE RISQUE? Il y a des choses précises que nous devons comprendre au sujet du risque si nous voulons bien saisir l'impact de l'utilisation d'une approche fondée sur les risques pour déterminer les interventions de prévention et s'attaquer aux problèmes. Un risque n'est pas une certitude. Le risque repose sur une probabilité. Ce ne sont donc pas tous ceux qui sont exposés à une situation ou un facteur de risque qui connaîtront une issue négative. Les facteurs de risque sont « liés à » et « associés à » des issues négatives. Par conséquent, dans la plupart des cas, surtout ceux touchant la santé mentale et les issues psychosociales, il serait inexact de présumer qu'il existe une relation directe de cause à effet entre un facteur de risque donné et une issue particulière. Certaines issues biologiques précises démontrent toutefois l'existence de relations de cause à effet. Deux exemples sont certains médicaments tératogéniques, comme la thalidomide, et des toxines environnementales, comme le plomb. Le risque est un concept relatif, les facteurs de risque vont de ces facteurs qui représentent des indices de situations peu nocives à ceux qui constituent des indices de situations menaçant la vie. Selon l'Association canadienne de gérontologie, le risque personnel se situe sur un continuum, allant des risques qu'on poursuit avec énergie en tant que possibilités à exploiter, à ceux à l'égard desquels on a peu de choix. L'Association explique ce concept au moyen du schéma suivant :
Il existe aussi un continuum social de risques, allant de ceux que la société considère comme inévitables ou qu'elle est disposée à accepter, à ceux qui sont considérés comme inacceptables ou déraisonnables. Alors que le continuum de risque personnel repose sur un choix, celui du risque social est fondé sur les notions sociales d'issues acceptables et inacceptables. Par conséquent, le risque n'est pas un concept neutre; il consiste à déterminer quelles sont les conséquences acceptables ou inacceptables (Association canadienne de gérontologie, 1995). Les facteurs de risque multiples et persistants ont une valeur de prédiction plus forte que n'importe quel facteur de risque individuel. C'est donc dire que les risques interagissent. Dans bien des cas, non seulement les facteurs de risque sont-ils cumulatifs, mais on a trouvé qu'ils se multiplient dans leurs effets. Par ailleurs, les facteurs de risque ne sont pas tous égaux, et aucun facteur seul ne les explique tous. Voici quelques exemples qui illustrent ce concept.
Les facteurs de risque se conjuguent à la longue pour influencer la probabilité d'une issue négative. Plus on est exposé longtemps à des facteurs de risque, plus il est probable que le problème de santé se manifestera. La détermination du risque et l'expérience qu'on en fait existent dans un contexte de développement humain. Tant notre compréhension du concept de risque que la force de divers facteurs de risque varient selon l'âge.
La détermination des risques existe dans un contexte social. Ce concept est important pour deux raisons. Premièrement, étant donné que d'autres personnes définissent les risques auxquels s'exposent les individus et les groupes — habituellement les fournisseurs de services de santé et de services d'autre nature ainsi que les organismes communautaires — la détermination du risque reposera en partie sur leurs valeurs, leurs préjugés, leurs expériences et leurs connaissances.
Deuxièmement, l'isolement social est considéré comme un facteur de risque. Des recherches menées dans un certain nombre de pays ont conclu à l'existence d'une association évidente entre les mécanismes de soutien sociaux et la santé, ce qui indique que les relations sociales ou l'absence de celles-ci constituent un risque important pour la santé.
Les risques peuvent être le reflet d'inégalités structurelles. Il existe des situations de risque qui sont des circonstances générales, sur lesquelles les gens ont peu ou pas d'emprise, et qui sont connues pour avoir une incidence sur l'état de santé. Il s'agit habituellement du résultat de mesures d'intérêt public, et on les modifie au moyen d'une action collective et d'une réforme sociale. Sont à risque les gens qui, du fait de leur situation économique et sociale, sont isolés et n'ont pas accès aux ressources et aux occasions de participer à la vie de leur collectivité. Sont à risque les gens qui ont peu de capacités fonctionnelles et qui, de ce fait, n'ont pas l'impression d'avoir une emprise sur leur vie et leur milieu. Sont à risque les gens qui, pour diverses raisons, dont un grand nombre liées à leur condition sociale, ont des habitudes de vie négatives, et/ou les gens qui n'ont pas accès à des soins primaires et des services de santé préventifs convenables. Voici des exemples précis.
QUELLES SONT LES RÉPERCUSSIONS D'UNE APPROCHE FONDÉE SUR LES RISQUES? Les facteurs de risque sont des instruments de prédiction Comme les facteurs de risque sont des instruments de prédiction, ils comportent leurs limites. On ne sait souvent pas dans quelle mesure chaque facteur de risque contribue à un dommage, ou quelle proportion de la population est à risque. D'après l'Association canadienne de gérontologie :
Biais Le processus qui consiste à déterminer les risques peut être biaisé. On a déjà indiqué que le fait de tirer des conclusions sur des facteurs de risque, et sur ce qui constitue des niveaux de risque acceptables et inacceptables, n'est pas un processus neutre. Quelqu'un d'autre décide ce qui est «normal». Ces décisions ne peuvent faire autrement que d'être influencées par des valeurs, des idéologies et des expériences individuelles. Vu le caractère social, biaisé, de l'évaluation des risques, il n'est pas inconcevable de considérer la mesure dans laquelle l'âge, le sexe, la race, la catégorie, la langue première, la composition familiale et le milieu d'une personne destine cette dernière à l'étiquette « à risque », de même qu'aux interventions connexes. Beaulieu (1996) donne un exemple relatif aux personnes âgées.
Par ailleurs, les fournisseurs de services sont souvent décrits comme ayant de l'aversion pour les risques, préférant mettre l'accent sur la sécurité et la protection plutôt que sur d'autres valeurs importantes. Cela peut découler d'un sentiment d'obligation professionnelle envers les clients ainsi que d'une crainte de responsabilité ou de la façon dont leur domaine professionnel est reconnu (Association canadienne de gérontologie, 1995). Interventions consécutives Si les facteurs de risque sont mal déterminés, les interventions peuvent être ciblées et inadéquates. De plus, il est possible qu'on mette en œuvre des interventions à court terme et qu'ensuite, on y mette fin. Souvent, les services habituels destinés à des groupes à risque précis sont limités, en ce sens qu'ils ne visent qu'un seul facteur de risque ou une seule issue, et exigent une preuve de grave perturbation ou dysfonctionnement, ce qui mène à des traitements plutôt qu'à de la prévention. De plus, les services qui découlent de cette approche peuvent être fragmentés et comporter des obstacles structurels qui font qu'il est impossible aux gens d'y accéder. Resnick et Burt, 1996, donnent à cet égard, un exemple relatif aux jeunes.
Orientation négative Le processus de détermination des risques met l'accent sur ce qui est négatif, sur les points faibles au lieu des points forts, sur les limites au lieu des capacités. Cela peut amener à penser que des personnes sont à risque plutôt que prometteuses (c'est-à-dire qu'il s'agit de personnes qui ont un problème à régler, plutôt que de personnes qui offrent une possibilité à exploiter). Cela peut fausser la façon dont les gens sont traités et dont les interventions sont conçues (Jonah, 1996). En fait, à propos des enfants et des familles, Sedener et Lubeck ont indiqué que :
En ce qui concerne la violence faite aux femmes, MacLeod a déclaré que :
Manque de participation des clients Comme c'est habituellement un fournisseur de services qui procède à l'évaluation des risques, et que les interventions sont fixées par cette personne ou dictées par les paramètres d'un programme ou d'un service, il se peut que les interventions aient un côté paternaliste et soient en contradiction avec le concept de l'habilitation ou de la participation du client. Souvent, ce que les gens indiquent comme important pour eux au sujet de leur santé est bien différent de ce que les fournisseurs de soins de santé jugeraient comme important pour leur santé.
CONCEPTS PROMETTEURS Ainsi que nous l'avons vu plus tôt, les recherches et les services de santé sont depuis toujours orientés vers la détermination des facteurs de risque de maladie et de mort prématurée. Récemment, cette orientation a été élargie de manière à inclure des facteurs de protection et de promotion de la santé. Il existe un certain nombre de façons d'examiner ce phénomène. Résilience La résilience a ses origines dans la théorie du développement psychologique et humain. Ce mot est utilisé habituellement pour décrire la capacité de l'individu à faire face à une difficulté ou à un stress importants, et ce, de façons qui sont non seulement efficaces mais qui peuvent mener à une meilleure capacité de réagir plus tard à une difficulté. Diverses études ont examiné la résilience au sein de groupes exposés à la guerre, à la pauvreté et à la maladie chronique. Grâce à ces études et à d'autres, les caractéristiques de personnes résilientes ont été cernées. Selon certains, la résilience se compose d'un équilibre entre, d'une part, le stress et les difficultés et, d'autre part, la capacité de faire face à la situation et la disponibilité d'un soutien. Lorsque les stress excèdent les facteurs de protection de l'individu, même les personnes qui ont fait preuve de résilience antérieurement peuvent être dépassées (Mangham et coll., 1995). La résilience peut être particulièrement importante en période de transition, quand les stress ont tendance à s'accumuler. Ces transitions surviennent toute la vie durant : depuis l'entrée à l'école, à l'adolescence, au détachement des parents, pendant les années de procréation et jusqu'à la fin des années adultes. Cela comprend aussi des faits inattendus, comme une catastrophe naturelle, le chômage, un déménagement, une perturbation familiale ou la pauvreté (Mangham et coll., 1995). La résilience n'est pas une caractéristique statique, mais aussi un moyen de faire face à une situation difficile. C'est le fait de confronter de façon dynamique et efficace une situation qui affermit la capacité d'une personne à faire face plus tard à des difficultés (Mangham et. coll., 1995). Facteurs de protection La résilience englobe deux concepts fondamentaux : le risque et les facteurs de protection. Le risque inclut les caractéristiques de l'individu ainsi que le milieu, comme nous l'avons signalé plus tôt. Les facteurs de protection pourraient inclure les compétences, les facteurs de personnalité et les mécanismes de soutien ambiants qui contribuent à la résilience. Ces facteurs font tampon, et procurent un réservoir de ressources qui permet de faire face efficacement au stress (Mangham et coll, 1995). Mangham et coll., 1995, ont déterminé à la suite d'une revue exhaustive de la littérature que trois grandes catégories de facteurs de protection contribuent à la résilience des individus : des facteurs individuels, des facteurs familiaux et des facteurs de soutien.
QUELLES SONT LES RÉPERCUSSIONS DE L'APPLICATION DE LA RÉSILIENCE ET DES FACTEURS DE PROTECTION? La résilience n'est pas un concept entièrement nouveau. Certains programmes de promotion de la santé, des programmes de prévention, sont conçus pour améliorer les compétences personnelles des individus, comme la capacité de résoudre les problèmes et l'auto-efficacité. Certains programmes sont destinés aux familles qui subissent un stress important et visent à améliorer le fonctionnement de la famille et la collaboration de ses membres. Selon Mangham et coll., 1995,
Toutefois, ces auteurs ajoutent qu'il ressort clairement de l'analyse de la littérature qu'on sait peu de choses sur la résilience en rapport avec la promotion de la santé et l'élaboration de programmes, et qu'il serait prématuré de formuler des recommandations précises. Il est nécessaire de procéder à des recherches, plus particulièrement sur des facteurs de prédiction de la résilience dans les familles et les collectivités, sur les mécanismes susceptibles de favoriser la résilience, ainsi que sur la résilience au sein de divers groupes culturels et catégories sociales. Les recherches doivent aller au-delà de la simple détermination de facteurs de protection pour analyser les processus de protection. Il est nécessaire de procéder à des évaluations pour déterminer les effets de divers programmes sur la résilience. Et il faut aussi mener des recherches participatives, faisant appel à la contribution active des individus, des familles ou des collectivités dont on étudie la résilience. CONCLUSIONS Les concepts de risque, de vulnérabilité et de promesses
sont complexes. Bien que les concepts de risque et de vulnérabilité aient
depuis longtemps leurs racines dans la médecine et la santé publique,
ceux des promesses et des possibilités à exploiter sont plus récents dans
le domaine de la recherche et de la planification de programmes. Lorsqu'on
planifie et qu'on fournit des programmes destinés aux jeunes enfants,
aux jeunes, aux adultes des deux sexes et aux adultes âgés, il faut chercher
à trouver un équilibre entre la détermination des risques et le renforcement
des points forts. Dans ce contexte, un certain nombre d'auteurs ont déterminé
quelques qualités fondamentales de l'attention aux autres, auxquelles
il faudrait adhérer à tout prix.
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INTRODUCTION Les 26 et 27 septembre 1996 a eu lieu une Table ronde
organisée par l’Unité de la santé mentale, Division des soins et questions
de santé, de Santé Canada, sur le thème suivant : «Risque et vulnérabilité
— Concepts prometteurs ».
La liste des participants est la suivante
CONTEXTE DE LA TABLE RONDE Dans nos discussions sur la santé, le risque est un concept qui, à un certain nombre d'égards, est devenu courant. De nombreux services de santé sont planifiés et organisés à la suite d'une évaluation de risques. Cela s'applique à diverses composantes du système des soins de santé - par exemple, l'hygiène publique, les établissements de soins de santé ainsi que l'éducation des professionnels en soins de santé. On examine les questions liées à la santé et à la maladie sous l'angle des risques en cause - par exemple, les problèmes de santé mentale et la santé mentale, la violence, les mauvais traitements et la négligence, le suicide, et les conditions physiques détériorantes et invalidantes. On identifie des groupes susceptibles d'avoir des problèmes de santé particuliers - les enfants en bas âge, les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les personnes appartenant à une minorité ethnoculturelle, les « gais », les lesbiennes et les bisexuels, les gens qui vivent dans la pauvreté, les gens isolés sur le plan social et les gens qui vivent dans un établissement spécialisé. Les concepts de risque et de vulnérabilité sont donc évidents dans un grand nombre de programmes et d'initiatives de Santé Canada. Il en existe un certain nombre d'exemples. Dans le cadre de ses activités, l'Unité de la santé mentale, Division des soins et questions de santé, a appliqué le concept de risque relativement aux problèmes de santé mentale et aux maladies mentales graves. En passant en revue la littérature traitant de l'efficacité des mesures de prévention des problèmes de santé mentale pour les personnes à risque, l'Unité a relevé la complexité du concept de risque pour ce qui est de la santé mentale. L'Unité de la santé mentale a aussi participé de façon intensive à l'initiative sur la violence familiale, maintenant terminée. L'accent a été mis précisément sur les professionnels de la santé et le système des soins de santé. L'Unité s'est concentrée sur les connaissances, les interventions et l'accès à l'information et à la formation. Trois secteurs ont fait l'objet d'une grande attention. Le premier était l'éducation et la formation : les méthodes d'enseignement, la façon dont le contenu était traité, le processus de changement, et les approches interdisciplinaires, principalement dans les facultés des sciences de la santé. Ce travail a été appliqué de manière très large et a recoupé de nombreuses questions. Le deuxième secteur était la pratique en matière de santé et les milieux où celle-ci est exercée. Cela a consisté à établir des lignes directrices, et, plus particulièrement, à faire participer des professions qui ne l'avaient pas fait auparavant, comme la profession dentaire. Ce travail était fortement axé sur un examen des valeurs de praticiens individuels et de leur vécu. Le troisième secteur était celui des mauvais traitements et de la négligence dont sont victimes les adultes âgés en milieu communautaire et institutionnel. Les concepts de risque et de vulnérabilité étaient évidents dans toutes ces initiatives. La Division des soins et questions de santé examine aussi les concepts de soins de longue durée, de soins continus et de soins palliatifs. Elle a déterminé que, dans toutes ces circonstances, des individus, des familles et des groupes pouvaient courir un risque accru de subir diverses issues négatives. D'autres divisions de Santé Canada se sont également intéressées aux concepts de risque et de vulnérabilité. La Division de l'enfance et de la jeunesse a déterminé quel en était l'impact sur les enfants à risque, ceux en bas âge surtout. Le Bureau pour la santé des femmes a déterminé les risques auxquels les femmes sont exposées sur le plan de la santé - affective et physique. La Division du vieillissement et des aînés s'occupe de déterminer ce que signifie le concept de risque pour les personnes âgées, comment on l'a défini et ce qui contribue aux risques que courent ces personnes. En 1994, le Comité consultatif fédéral, provincial et territorial sur la santé de la population a produit un document intitulé « Stratégies d'amélioration de la santé de la population : Investir dans la santé des Canadiens ». Ce document résumait ce qu'on sait des grands déterminants de la santé — les choses qui font que les gens sont en bonne santé et le restent. On y a défini des stratégies sur la santé de la population, qui s'adressent à toute la gamme de facteurs déterminant la santé, au lieu de mettre l'accent sur les risques et les facteurs cliniques liés à une maladie particulière. Les stratégies en question sont conçues aussi pour avoir une incidence sur toute la population, plutôt que sur des personnes qui éprouvent déjà un problème de santé ou courent un risque important d'en éprouver un. Il est donc devenu évident aux yeux de l'Unité de la santé mentale de la Division des soins et questions de santé qu'on avait besoin d'examiner les concepts de risque et de vulnérabilité d'une façon holistique, c'est-à-dire de relever les éléments de risque communs, et différents, qui touchent divers groupes et influencent diverses issues relatives à la santé. A cette fin, l'Unité a commandé Un document de reférence : Risque et vulnérabilité - concepts prometteurs. Ce document était fondé sur un examen d'un certain nombre de documents liés au risque, à la vulnérabilité et aux possibilités concernant les questions de santé physique et de santé mentale dont le suicide, la détérioration de l'état de santé, les invalidités, la violence, les mauvais traitements et la négligence. On a accordé une attention particulière aux groupes suivants : les jeunes, les adultes, les personnes vivant en milieu collectif ou institutionnel, les personnes âgées et les femmes. Le document comprenait des analyses de documents publiés par Santé Canada et de documents sentinelles désignés par Santé Canada, et commandés ou financés par ce ministère. Le document n'était pas censé être une analyse exhaustive du concept de risque et des concepts prometteurs relativement aux questions ou aux groupes susmentionnés. Il a plutôt fait ressortir les concepts importants qu'on avait relevés à propos du risque et des concepts prometteurs. Ensuite, l'Unité de la santé mentale a invité à la Table ronde un groupe de fournisseurs de services, de planificateurs et de chercheurs. Les objectifs visés étaient les suivants
ÉLÉMENTS ET PERCEPTIONS DE RISQUE ET DE VULNÉRABILITÉ Pendant toutes leurs délibérations, les participants
à la Table ronde ont relevé quelques éléments dont il est important de
tenir compte au moment de définir les facteurs de risque. Ces éléments
sont exposés dans le tableau suivant.
Les participants ont signalé que les concepts de risque et de vulnérabilité ont des usages différents. Ces différences dépendent des points de vue qu'ont les gens sur la santé; par exemple : modèle médical par opposition aux détenninants de la santé, contexte individualiste par opposition au contexte social, contexte psychologique/scientifique par opposition au contexte féministe/politique. Analyse sociale Les participants ont indiqué qu'une bonne part des risques qu'on connaît sont créés par la société dans laquelle on vit. Comme l'a dit l'un des participants : Ce qui m'intéresse, c'est de trouver des façons de maintenir une analyse sociale dans ce contexte, de manière à ce que nous puissions nous concentrer sur les individus qui sont àrisque, mais sans perdre de vue la situation d'ensemble. Deux exemple ont été utiles. Le premier était celui de la violence faite aux femmes, et les normes sociales qui contribuent à la violence. Les femmes risquent plus d'être victimes de violence que les hommes, et certains sous-groupes de femmes encore davantage. Changer cette situation de risque est une chose systémique, cela ne concerne pas du tout les femmes qui individuellement sont à risque. Il s'agit là d'une des parties les plus complexes de l'examen du risque, c'est-à-dire : comment faire pour examiner le risque d'un point de vue systémique? Chaque femme est à risque, il n'y a rien de spécial au sujet d'une femme en particulier qui la rende différente des autres. Il n'est pas question des femmes, il est question de la façon dont nous entretenons des relations, de la façon dont notre système est structuré en général, en termes de pouvoir et d'équilibre, de pouvoir au sein de la société. Un second exemple a été celui de la pauvreté. Un participant a fait remarquer que la pauvreté se féminise, et que le phénomène semble prendre de l'ampleur. En ce qui concerne la pauvreté, on n'a pas étudié les questions de sexe. Et nous savons que la pauvreté expose davantage les gens à un certain nombre d'issues fâcheuses. On sentait qu'en n'examinant que les questions secondaires, ou qu'en ne s'attachant qu'aux issues fâcheuses, on n'examinait pas le problème dans son ensemble. Que fait-on lorsqu'on bute contre quelque chose qui nécessite une révolution sociale? Nous pouvons prendre les mesures pratiques qui sont possibles et, moralement, nous devons le faire, mais nous allons continuer de nous frapper la tête contre ce mur. Un examen de questions sociales requiert des délais plus longs, il met en cause une autre série de questions, mais ne pas l'inclure, c'est passer à côté de quelque chose d'important. Cela a donné plus de poids à l'importance d'adopter une approche fondée sur les déterminants pour comprendre la santé et réagir aux questions relatives à la santé. Les participants ont considéré que, du point de vue des services, il est important de se préoccuper de l'individu et du soutien à lui accorder. D'un point de vue plus général, il est important d'examiner la situation sous un angle systémique. Sinon, on ne se concentre que sur des aspects très étroits et cela devient contre-productif On a soulevé des préoccupations au sujet du fait de « blâmer la victime » pour les risques qu'elle court. On s'est servi de deux exemples. S'il est bon pour les fournisseurs de services de poser aux femmes les questions pertinentes sur les mauvais traitements qu'elles ont subis, il est indispensable qu'ils s'en tiennent à les identifier, et ne pas les blâmer, ou considérer leur comportement comme la cause des mauvais traitements. Lorsqu'on emploie le mot « risque », comment peut-on exiger aussitôt que des gens posent des questions sur le contexte social plus étendu et sur ce qui a fait apparaître en premier lieu les f acteurs de risque? Un autre exemple est le VIH/SIDA. Les « gais » ont été désignés comme un groupe à risque, et l'une des conséquences de cela est que les gens en sont venus à mettre cette maladie sur le dos des « gais » et de leurs habitudes de vie. Nous sommes passés de l'identification des groupes à risque basée sur l'identité, à l'identification des comportements à risque. Probabilité Le risque est en soi un concept de probabilité. Un participant a toutefois indiqué qu'on en parle en termes catégoriques. Chaque facteur de risque est en réalité un changement mineur, modéré ou marqué dans la probabilité qu'une chose survienne. La véritable question qui se pose n'est pas tant de savoir si une chose est un facteur de risque, mais plutôt si le risque que cette chose suscite est un changement mineur sans importance ou un changement marqué. Nous ne pouvons pas compter tous les facteurs de risque comme s'ils étaient égaux. Il faut aller au-delà de la simple énumération des facteurs de risque. Nous devons déterminer les points de départ de ces facteurs, et enlever les éléments du processus qui sont des conséquences automatiques. Il est important de déterminer en premier lieu les facteurs de risque individuels, et de les mettre tous dans le même pot. Il faut procéder de manière inclusive, afin que tous les facteurs de risque soient pris en considération. Plus tard, nous devons déterminer que ces éléments ne comptent pas tous, que certains sont plus essentiels que d'autres. Nous devons disposer de méthodes pour faire le tri. Ultérieurement, lors de l'étude de la situation, il y a une élimination qui se fait. Au début d'une recherche, nous aurons une prolifération de facteurs. Il faut beaucoup de temps pour faire le tri et arriver à l'essentiel. On a donc besoin d'études à long terme. Il arrive souvent qu'on tire des conclusions catégoriques fondées sur des facteurs de risque, au lieu de reconnaître que des facteurs individuels de risque ne révèlent qu'une seule dimension de la situation générale. Nous sautons de la notion que la schizophrénie est héréditaire à 50 % à l'idée qu'elle est d'origine génétique. Quelque part en cours de route, le langage des variables continues s'est transformé en conclusions catégoriques. Cela est souvent dû à un …désir de certitude. Cela fait des années que les spécialistes en toxicomanie sont à la recherche d'un lien génétique. D'autres cherchent une cause à l'orientation sexuelle. On dépense des sommes considérables pour chercher la cause de la maladie d'Alzheimer, alors que les coûts de cette maladie, sur le plan social par exemple, sont énormes. Cela peut donner lieu à des interventions inadéquates. L'exemple du diagnostic d'une dépression grave a été donné. Lorsqu'on diagnostique une dépression grave, si on examine les critères qui sont utilisés dans la plupart des systèmes, il y a un point magique, sur les neuf symptômes qui servent de critères, où on qualifie quel qu'un de « dépressif grave ». Par exemple, si on est en présence de six symptômes, la personne en question souffre de dépression grave, mais pas s'Il y en a cinq. Il y a cette illusion d'avoir déterminé qu'il existe une différence qualitative énorme sur le plan fonctionnel. Cela n'a jamais été prouvé empiriquement. Les décisions concernant les traitements sont prises en fonction de cela. Le point où on fixe le seuil est déterminé par bien des choses, pas seulement des preuves empiriques, l'argent, la politique, mais aussi la gravité ou les conséquences d'avoir fait une erreur. Cause La causalité est un phénomène intéressant en ce qui a trait au risque. Les participants à la Table ronde ont émis des opinions différentes sur la manière de comprendre la causalité telle qu'elle s'applique au risque. Dans la plupart des cas, surtout ceux qui se rapportent aux issues sur le plan psychosocial et de la santé mentale, il est inexact de présumer qu'il existe une relation de cause à effet directe entre un facteur de risque donné et une issue précise. Les facteurs de risque ont un effet multiplicateur et contribuent, à des degrés divers, à l'issue en question. Toutefois, les facteurs de risque sont, indirectement, un élément du processus causal. Ce n'est pas exclusivement causal, il y a une certaine incertitude. Cela ne veut pas dire qu'il n a pas de causalité. Si on ne lie pas le langage de causalité aux facteurs de risque, pourquoi intervenir? Un facteur de risque est un point de départ — il survient avant l'issue fâcheuse. On parle souvent d'un rapport entre les facteurs de risque et les issues; par exemple, il existe un lien entre la dépression et la consommation d'alcool. On ne sait pas si la dépression cause l'alcoolisme, ou vice versa. Le lien de causalité est incertain. Toutefois, les gens ont tendance à présumer qu'il y en a un, parce que les deux vont de pair. On a tendance à considérer les facteurs de risque comme une liste de contrôle, sans tenir compte de la proportion de la population dont il est question, de qui détermine qu'il s'agit d'un f acteur de risque, ni de la part du risque que cela contribue. Le concept de temps On a jugé que le concept de temps était important lorsqu'on examine la question de risque et de vulnérabilité. Souvent, on parle du risque comme d'un événement, ou d'une série d'événements, qui surviennent à un stade particulier de la vie d'une personne et qui ont une conséquence. Toutefois, le risque fait partie d'un processus. Même s'il y a peut-être quelque chose qui accentue le risque, ou un événement traumatisant, qu'est-ce qui fait que cela subsiste à la longue? Il s'agit à tout le moins d'un processus en deux étapes : l'événement lui-même et la façon dont il peut nuire à l'individu, et ce qui fait que cela subsiste à la longue. Un cadre proposé par un participant examine de la manière suivante ce qui exerce à la longue une influence sur le risque. Quels sont les facteurs de renforcement — les ressources personnelles et sociales qui peuvent faciliter ou augmenter la probabilité qu'un dommage survienne en termes d'expériences de vie; et les facteurs habilitants, c'est-à-dire les facteurs présents dans la collectivité, comme les attitudes au sein de cette dernière. Ces facteurs coexistent avec le risque et changent à la longue. Individu et collectivité Bien qu'une bonne part des discussions et de l'attention concernant le risque repose sur les individus, les collectivités peuvent elles aussi être à risque. Il a été considéré comme hautement prioritaire de mettre l'accent sur la santé des collectivités. Le secteur à risque le plus vaste au Canada est nos collectivités, la plupart de nos collectivités sont en mauvaise santé. Ensuite apparaît une maladie, et nous consacrons des fonds publics importants à lutter contre elle. Nous devons trouver une façon plus intelligente de procéder. En outre, lorsqu'on ne met l'accent que sur l'individu, il est possible que l'approche suivie devienne un modèle de pathologie, et qu'on se concentre sur les mauvaises choses. Il faut situer de nouveau l'individu dans un contexte; vous avez besoin d'un « objectif grand angle » pour bien voir si le facteur de risque est lié à un problème plus vaste. Examinez en premier lieu un aspect de la santé communautaire, et considérez ensuite l'individu dans le contexte. Par exemple, la violence chez les jeunes n'est pas une question liée à la jeunesse, mais une question de santé communautaire. Cela exige d'examiner bien d'autres symptômes. Approche développementale Le risque doit être considéré dans le contexte de développement. Un participant a donné l'exemple de la jeunesse. À l'adolescence, il est normal, d'un point de vue développemental, de prendre des risques. Ceci est en quelque sorte lié à des sentiments de toute-puissance, les jeunes ne pensent pas qu'ils peuvent se faire du mal. Dans certains secteurs, il est normal, d'un point de vue développemental, de s'adonner à des comportements agressifs violents pour s'établir parmi ses pairs, affirmer son identité au sein du groupe. Chez les jeunes, un comportement à risque est peut-être un moyen de tromper son ennui. Si on étiquetait ce comportement, ou si on essayait de le comprendre et d'intervenir, les jeunes le rejetteraient. L'approche développementale ne convient pas à toutes les situations de risque. Par exemple, pour les personnes âgées, il peut s'agir d'une attitude condescendante, qui les empêche d'exercer un contrôle sur leur vie. Cela se traduit souvent par la « non permission» aux personnes âgées de prendre des risques. Acceptabilité du risque La définition d'un «risque acceptable » repose souvent sur les valeurs de la société et des individus. Les définitions du risque sont donc souvent subjectives. Souvent on ne permet pas aux gens âgés de prendre des risques qui, pour les jeunes, sont acceptables. Si on conceptualise le risque à l'aide d'un graphique à deux axes, où on trouve, en abscisse, les dommages à soi et les dommages à autrui et, en ordonnée, la permissivité du risque ou le degré de risque permis avant toute intervention, on voit dans quelles circonstances les gens vont se retrouver dans telle zone. Présentation des degrés de risque acceptables/permissibles
Qui définit le risque? D'autres personnes, habituellement des fournisseurs de services de santé et de services d'autre nature ainsi que des organismes communautaires, définissent le risque chez les individus et les groupes. La détermination du risque reposera donc en partie sur les valeurs, les préjugés, l'expérience et les connaissances des organismes et des fournisseurs de services. Souvent, un risque est relevé à la suite d'un travail de sensibilisation dans un secteur particulier qui suscite des préoccupations, ou à l'égard d'un certain groupe. Le contexte social de la société et de la communauté particulière, le programme politique en vigueur et les ressources financières disponibles définissent les risques et fournissent la base pour s'y attaquer ainsi que pour procéder à des recherches et à des enquêtes. Choix Le choix est un phénomène important à considérer lorsqu'on discute du risque. Les participants ont toutefois noté sur ce concept de choix de nombreux aspects différents. L'un de ces aspects est que les gens choisiront, en fin de compte, de se comporter de certaines façons. La question suivante a été soulevée : Existe-t-il dans la société un sous-ensemble de gens qui choisiront de s'enlever la vie, peu importe ce que la société veut faire face à ce geste? Selon un participant : Il y a des gens placés dans des foyers de soins personnels qui sont sous surveillance 24 heures sur 24 — ils se suicident quand même. Ils décident qu'ils ne vont plus manger, et en dépit des meilleurs efforts du personnel, ils meurent quand même. Les gens vont toujours continuer de f aire ces choix. En revanche, d'autres participants ont émis l'opinion que lorsque des gens se trouvent en milieu institutionnel, il reste souvent si peu de choix à faire, par exemple, au sujet de la façon de manger, de s'habiller, etc., que ces choix deviennent très importants. Si on n'a même pas de choix à faire sur des petits détails, où réside l'espoir? Nous créons des systèmes qui génèrent ces dépendances. Dans le système de santé mentale, nous avons réduit la fonctionnalité des gens de manière à pouvoir justifier nos services. Nous mettons les gens à risque et, ensuite, nous pouvons intervenir sur les effets de ce risque. Cependant, le choix n'a pas toujours été considéré comme aussi simple. Un choix peut mener à des situations où il devient impossible de faire d'autres choix. Avec les toxicomanies, la situation s'embrouille. Vous pouvez avoir choisi au départ de prendre de la drogue, mais ensuite vous n'aurez peut-être aucun choix au sujet de votre expérience avec la drogue. Les seuls gens qui n'ont aucun risque sont ceux qui n'en prennent aucun. Dès que vous consommez de l'alcool et de la drogue, vous vous exposez au risque de développer un problème, parce que vous ignorez quel sera le résultat ultime; vous pouvez être un buveur social ou alors quelqu'un qui, rapidement, s'enfonce dans la dépendance et le manque de tolérance. Finalement, un participant a indiqué que ces exemples se rapportent à des gens qui sont capables, d'un point de vue cognitif, de prendre des décisions. Bien des gens ne possèdent plus leurs capacités cognitives et ne sont donc plus en mesure de faire ce genre de choix. Le concept de choix ne s'appliquait pas aux situations de mauvais traitements et de négligence. Dans ces cas, la situation sociale restreint souvent les choix des individus. Par exemple, dans notre société, le déséquilibre des pouvoirs et l’inégalité entre les sexes contribuent à la violence faite aux femmes, et n’offrent pas de choix à ces dernières. Certains de nos systèmes et de nos décisions suppriment tout choix et imposent des risques aux gens. Par exemple, après un accouchement, une sortie hâtive de l’hôpital fait courir au nourrisson un risque possible. Les personnes âgées à qui on donne leur congé un jour ou deux après une intervention chirurgicale courent peut-être un risque accru. Ces risques sont imposés par des considérations de nature financière. Ce genre d’approche s’accompagne peut-être de fausses économies. Dans ces situations, il est important de bénéficier de l’appui de la collectivité. Si on réintègre la collectivité et que ces mécanismes de soutien ne s’y trouvent pas, on accentue la probabilité qu’un certain type de dommages survienne. Les participants ont parlé aussi du risque en termes d’éthique du risque, des valeurs éthiques rivales. Si on parle de risque en termes d’autonomie, il faut aussi en parler en termes de justice sociale. On a donné un exemple au sujet des personnes âgées. En ce qui concerne les personnes âgées, nous avons tendance à nous concentrer sur les questions de négligence personnelle. Nous donnons beaucoup de latitude aux individus qui négligent leur propre alimentation, leur santé physique, leur sécurité, et moins de latitude lorsqu’on cause des problèmes à d’autres ou qu’on les néglige. Si une personne âgée fume à la maison et risque d’allumer un incendie, il y a bien moins de chances que nous intervenions que si cette personne vit dans un appartement où elle pourra causer des problèmes à d’autres personnes. Quel discours tenons-nous à propos du risque? Lorsqu’on discute du risque et qu’on définit ce concept, on est influencé en grande partie par ce qu’on a dit auparavant. Par exemple, on décrit souvent le risque de commettre un acte de violence seulement en termes masculins, le risque de victimisation en termes féminins. C’est pourquoi l’expression « violence faite aux hommes » n ‘existe pas, même si, à certains âges, les hommes courent plus de risques. Cela est dû en partie à la sensibilisation qui se fait — les voix des femmes se sont f ait entendre (il est vrai qu’il y a encore un long chemin à parcourir). Quand on dit que d’anciennes victimes deviennent à leur tour des agresseurs, on parle toujours des hommes, même si cela arrive aussi aux femmes, et différemment des hommes. Il faut faire attention, il existe au sujet des sexes bien des présomptions qui peuvent nous empêcher de tenir un discours plus inclusif La question de la violence en est un bon exemple pour cette discussion. Pour ce qui est de la violence, le discours actuel à propos du risque est axé sur la victime. Toutefois, on pourrait changer cela de manière à prendre en considération ceux qui risquent de commettre un acte de violence, plutôt que ceux qui risquent d’être victimes de violence. Dans un tel cas, un discours différent mènerait à des types d’intervention différents. Concepts prometteurs L'imputation des risques est axée sur ce qui est négatif. Elle met l'accent sur les faiblesses plutôt que sur les forces, sur les limites plutôt que sur les capacités. Cela peut amener à considérer que des individus sont à risque plutôt que prometteurs (c'est-à-dire en tant qu'individus aux prises avec un problème à régler plutôt qu'en tant qu'individus offrant une promesse d'amélioration). Cela peut fausser la façon dont les gens sont traités et dont les interventions sont conçues. Selon les participants, cela vaut surtout pour les personnes âgées et les jeunes. En travaillant avec les personnes âgées, nous avons développé des outils d'évaluation portant sur la probabilité de problème. Au fil des ans, nous avons essayé d'inverser les choses, de commencer à prendre appui sur les points forts, d'examiner les aspects positifs, de permettre aux gens de prendre des risques. La perspective est différente. Lorsqu'on travaille avec des personnes âgées, on reconnaît effectivement qu'on a perdu certaines choses, mais il en reste beaucoup. Nous travaillons sur la capacité. Pendant longtemps, nous pensions seulement à l'incapacité. Aujourd'hui, nous examinons la capacité qui existe, non seulement physique mais sociale et intellectuelle. En ce qui concerne les jeunes à risque : Le comportement problème ne survient que de temps à autre. La plupart du temps, ces jeunes sont intacts. Ils font quelque chose de bien. De plus, tous les autres jeunes qui ne nous causent pas de difficultés vont généralement bien aussi. Il y a un puits de résilience sur lequel nous ne nous sommes pas concentrés. Certains se sont dits inquiets du fait qu'en mettant l'accent sur l'incapacité, nous finissions par dire : « S'ils ne sont pas capables de le faire, nous le ferons pour eux », au lieu de travailler avec les gens. Espoir De nombreux participants ont considéré qu'il était très important de mettre l'accent sur l'espoir. L'un d'eux a donné l'exemple d'un programme de désintoxication pour femmes qui s'attache au concept d'espoir plutôt qu'au concept de problèmes. Nous avons commencé à prendre note non seulement des forces des femmes, mais aussi de leur perception du succès de leurs efforts. Nous voulons examiner la relation qui existe entre l'espoir, le mouvement dans l'espoir et l'issue à long terme, non seulement si elles sont sobres, mais aussi leur situation sur le plan du logement, du revenu, de la dépression, de l'estime de soi, de la violence. Notre intention est de mettre l'accent sur leur espoir, leur sentiment de contrôle. Bien que cette idée soit considérée comme fort valable, dans certains milieux professionnels on a jugé qu'elle n'est pas valide. Si les mesures et les interventions que recommandent les prestataires de programmes ne sont pas adoptées, le choix de l'individu pourrait être interprété comme ne montrant pas de signes de progrès. En ce qui concerne les jeunes à risque élevé, toute l'idée de « sens » est souvent liée aux ressources. Si les jeunes n'ont pas d'espoir, ils ne voient pas qu'ils peuvent avoir une emprise sur leur vie. Nous devrions faire de nos organisations, des organisations qui conduisent les jeunes au succès. INTERVENTIONS, PROGRAMMES ET SERVICES Modèles d'intervention L'un des éléments clés d'un modèle d'intervention fructueux
est d'offrir au groupe approprié la mesure d'intervention qui convient.
L'un des participants a présenté un modèle de programme efficace, dont
il a été rendu compte en mai 1995, et qui repose sur la prévention du
syndrome d'alcoolisme fœtal (SAF). Ce modèle illustre ce que signifierait
dans le domaine du SAF des programmes fondés sur le risque, mais il peut
avoir toutes sortes d'applications.
La grande majorité des femmes enceintes se situe à l'extrémité inférieure du continuum de risque que représente le fait de consommer une grande quantité d'alcool et d'avoir un enfant souffrant d'une anomalie. Cela est principalement dû au fait que les femmes cessent de consommer de l'alcool, qu'elles ne veulent pas boire. Le continuum de risque se poursuit jusqu'au stade du risque élevé, à la pointe du triangle, avec un risque modéré entre les deux extrêmes. La plupart des gens se situent à gauche, et un très faible pourcentage se trouve à la droite du sommet du triangle (?4 %). En général, dans la société, environ 15 % des gens ont des difficultés assez graves liées à la drogue et à l'alcool. P.A. May indique qu'en appliquant le concept de risque dans les groupes à risque faible et modéré, on songe à des solutions universelles, comme des mises en garde dans les bars (dans les toilettes des femmes). Il faut pour cela créer le climat nécessaire. Il doit y avoir des renseignements sur le SAF, sinon les femmes n'en sauront rien. De plus, la société présente sous un angle positif les femmes qui consomment de l'alcool. Cela inclut aussi un processus universel de dépistage de la consommation d'alcool et de la grossesse, par exemple, avec l'aide de médecins et d'infirmières de la santé publique, de gens qui sont en mesure de parler aux femmes enceintes. Sans cela, il est impossible d'identifier les femmes qui courent un risque élevé. Les gens chez qui l'on détecte un degré trop élevé de consommation d'alcool bénéficieraient de mesures d'intervention précoces : entrevues motivationnelles avec des médecins, des infirmières et d'autres fournisseurs de services. Il ne s'agit pas seulement de poser des questions sur la consommation d'alcool; il s'agit d'encourager la femme à penser à ce qu'elle fait au sujet du problème. Cela exige que les médecins, les infirmières, les travailleurs dans les maisons de transition, etc. soient en mesure de le faire. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a aussi un schéma graphique, où il présente ses services en fonction de l'endroit où ils se situent au sein du continuum de risque.
Interventions concrètes, authentiques Les participants ont discuté de l'importance de créer des mesures d'intervention qui soient humaines et qui tiennent compte de la réalité. Par exemple, à propos des jeunes : Je crois que nous accentuons la vulnérabilité et la probabilité de risques quand nos interventions sont très artificielles et très éloignées de ce dont nous avons réellement besoin pour créer des enfants en bonne santé. Par exemple, pourquoi n'avons-nous pas de foyers d'accueil pour jeunes femmes enceintes désireuses de garder leur bébé, au lieu de les placer dans un établissement? Ces femmes vivraient auprès d'une famille qui désire aider une jeune femme à élever un enfant. Cette famille pourrait lui servir de modèle, lui enseigner les choses qu'elle a besoin de savoir. Elle ne serait pas isolée, marginalisée. Les jeunes à risque élevé sont des clients non attirants, de sorte que nos mesures d'intervention en milieu résidentiel ont tendance à être régimentées. L es jeunes ont besoin d'avoir des relations authentiques avec de vrais adultes. Plus nos modèles/interventions/relations de travail/programmes se rapprochent de la réalité, plus il y a de chances que nous rejoignions ces jeunes, que nous les aidions à guérir, à trouver la voie qui est la leur. Si on examine ce que cela coûte, ce sera plus rentable. Habilitation et participation La participation des individus et des collectivités à la détermination des risques, ainsi qu'à la planification d'interventions et de services, a été considérée comme fort importante. On a relevé un certain nombre d'aspects de cette approche. On considérait la réduction des dommages comme une approche susceptible d'avantager non seulement l'individu, mais aussi la collectivité. Par exemple, donner de l'héroïne aux toxicomanes pourrait réduire le risque qu'ils commettent des crimes. Il faut penser aux dommages que cette simple mesure éviterait à la collectivité. La réduction des dommages a été mentionnée comme une approche efficace vis-à-vis des risques, une approche qui était habilitante pour les individus. La réduction des dommages soulève la question suivante : « Y a-t-il des façons de réduire les dommages qui accompagnent les risques? » Elle respecte les choix qui entourent le risque, et il s'agit d'une approche axée sur la clientèle. Les participants ont mentionné qu'il est souvent difficile de remettre le pouvoir au client. Cette mesure transforme radicalement la relation. Elle soulève des questions de valeurs. Toute la question de pouvoir dans les relations entre les clients et les fournisseurs est un aspect critique de l'habilitation. L'un des participants a donné l'exemple de la santé mentale. Une chose qui influence cette relation est la législation. La loi sur la santé mentale est une façon intéressante d'évaluer les questions de relation entre clients et fournisseurs, relativement au degré de risque qu'un individu peut prendre librement. L'un des aspects intéressants de l'élaboration de la législation en matière de santé mentale est que celle-ci a réuni autour de la table des groupes d'intérêts sectoriels, elle a réuni les membres de familles, les clients, les thérapeutes, les bureaucrates qui devaient concevoir la loi, elle a probablement fait beaucoup pour faire progresser les questions de relations entre clients et fournisseurs. L'expérience vécue par l'un des participants dans la réforme du système de santé mentale comprenait la participation des clients. Des conseils de gestion régionaux ont été mis sur pied. Ils se composaient de membres de familles, de fournisseurs de services, de soignants et de membres de la collectivité en général. Leurs rapports étaient de nature participative. Il en est résulté un système qui répond davantage aux besoins de la clientèle. Soutien On a besoin de milieux de soutien pour les interventions, indépendamment de l'endroit où celles-ci ont lieu. Les participants ont beaucoup discuté des interventions institutionnelles par opposition aux interventions communautaires. Ces discussions ont porté sur la désinstitutionnalisation des personnes éprouvant de graves difficultés de santé mentale; sur le traitement institutionnel par opposition au traitement de jour des toxicomanes; sur les services à l'intention des jeunes à risque ainsi que sur les services de santé à l'intention des adultes âgés. Selon les participants, la loi sur la santé mentale nous a aidés de bien des façons à comprendre qu'un risque est une bonne chose, à condition de créer des systèmes qui donnent un choix aux gens et qui fournissent le soutien voulu, un soutien défini autant par les utilisateurs que par les fournisseurs. L'élément clé est un soutien disponible, défini par les clients. Le risque est alors considéré comme se situant sur un continuum. Il ne s'agit peut-être pas d'une occasion, mais il peut être accepté librement. Toutefois, si on ne procure pas les mécanismes de soutien et les solutions de rechange à l'individu, mais qu'on place encore ce dernier dans un milieu qui comporte des risques, l'individu subira probablement plus de dommages. Prenons 1'exemple d'un schizophrène qui commence à décompenser et qui vit en appartement. L'ancienne façon de procéder était d'aller obtenir un certificat d'examen, d'aller chercher la personne, de la faire certifier et ensuite de la traiter. Le résultat de cette intervention, en termes d'état de santé, était prévisible : il menait à une réinstitutionnalisation de longue durée et à de piètres résultats fonctionnels. Une partie du risque est le suivant : si on laisse cette personne à cet endroit, elle va tomber malade. Mais si on y retourne tous les jours et si on frappe à la porte en disant : « Jean, viens-tu au centre prendre tes médicaments? », celui-ci pourra it dire : « Allez-vous en, je ne veux pas vous voir. » Si, le lendemain, on retourne et on refait la même chose, Jean acceptera graduellement le risque, au point de nous suivre et d'obtenir les médicaments dont il a besoin. Toutefois, si on place Jean dans la collectivité et si on ne lui fournit pas un soutien adéquat, on lui fera du tort. Il s'agit là d'une question capitale si on considère les soins de longue durée et les gens placés en foyer de soins infirmiers et en milieu institutionnel. ils ne sont là que parce que nous ne leur avons pas fourni la gamme de solutions qui leur permet de prendre des risques et d'être plus vulnérables dans le contexte ordinaire de la vie au sein d'une collectivité. Un autre participant a donné un exemple concernant les adultes âgés ayant des besoins importants de services de santé. Nous pensions depuis toujours qu'une surveillance exercée 24 heures sur 24 était ce qu'il y avait de mieux pour les personnes âgées de santé fragile. Aujourd'hui, nous tentons de trouver des approches différentes, afin de les tenir à l'écart des établissements spécialisés, de les maintenir dans la collectivité de plus en plus longtemps. Cette façon de voir les choses transforme toute la nature de nos établissements, un grand nombre de nos programmes sont aujourd'hui inadéquats. Il est important de bien se demander : « Qui est l'instigateur de ce changement? » Les participants ont indiqué qu'il y a une grande différence si ce sont les adultes âgés qui en sont les instigateurs, plutôt qu'un programme politique ou des considérations d'ordre financier. Nous commençons à suivre une voie nouvelle, c'est-à-dire créer des milieux quasi institutionnels qui comportent peut-être plus de risques pour les adultes âgés, mais qui leur procurent une vie de meilleure qualité. Nous ne savons pas ce que cela donnera enfin de compte : s'éloigner du foyer de soins infirmiers, s'installer dans la collectivité, un modèle de logement supervisé. Il faut reconnaître que l'institutionnalisation n'est pas une option à prendre ou à laisser. L'un des participants a donné en exemple un programme de traitement de jeunes toxicomanes. Ce programme essayait d'aider les jeunes à vivre dans d'autres familles, à suivre un programme de jour. Il comportait des études, des activités sportives, une combinaison d'activités dans la collectivité. Il essayait d'éviter les méthodes de traitement rigides, institutionnalisées. A la longue, les fournisseurs de services en sont venus à réaliser qu'ils avaient besoin d'une combinaison de ces deux aspects. Certains jeunes ne réagissent pas à l'approche communautaire, ce qui veut dire que nous ne pouvons pas nous débarrasser tout à fait des établissements spécialisés. Il y a toute une gamme de programmes et de services nécessaires. Nous devons donc faire preuve d'imagination pour créer la meilleure combinaison, au lieu de penser qu'il n a qu'une façon ou une autre qui sera efficace pour tous. Il y a d'autres exemples où le risque n'est pas une bonne chose, où le modèle de continuum ne s'applique pas. C'est le cas, par exemple, des mauvais traitements et de la négligence. Dommages Certains participants ont exprimé la crainte que nos interventions, nos programmes et nos services présentent la possibilité d'accentuer les risques. Etant donné que les concepteurs, les conceptualisateurs des programmes sont très éloignés du vécu de la personne, le processus de la fourniture de services peut amplifier les risques en cause. L'une des choses qu'on oublie souvent est la façon dont nos interventions peuvent accentuer les risques. Cela pourrait comprendre la situation où il y a une intervention forcée. Par exemple, certains veulent forcer les femmes qui présentent un risque élevé de syndrome d'alcoolisme fœtal (SAF) à suivre un traitement. Je ne sais pas si c'est bon ou mauvais, mais je pense surtout que c'est mauvais. Forcer des toxicomanes à suivre des traitements, cela ne paraît jamais être la bonne solution. Le problème semble être qu'on offre la mauvaise intervention aux gens qui ont besoin de l'aide la plus intensive qui soit. Dans le domaine de la santé mentale, la question du traitement forcé suscite un débat polarisé, et présente un autre exemple. La législation sur la santé mentale a essayé de créer un équilibre, en reconnaissant que les traitements appliqués de force entraîneront inévitablement des admissions répétées et une utilisation répétée des mêmes systèmes. Dans la législation, la notion de risque de dommage est clairement définie : si vous représentez un danger pour vous-même ou pour d'autres, si vous manifestez un trouble définissable, etc. Il existe une série de freins et contrepoids. L'un des participants a fait part de la méthode de traitement forcé qu'il connaissait. En établissant un système de défense des malades, en supprimant tout engagement direct par la signature d'un médecin et en soumettant le dossier à un tribunal administratif on prend en considération d'autres solutions que celles de placer quelqu'un dans un service hospitalier fermé à clef Cette solution amène des membres de la famille, des médecins, des particuliers à s'asseoir à une table devant le président du tribunal, afin de discuter de la situation. Dans certains cas, la détention involontaire est refusée, et d'autres solutions sont envisagées. Dans d'autres, après avoir écouté ce qui se dit à la réunion, le malade accepte de suivre des traitements volontaires. En conséquence, plus de gens cherchent à obtenir des traitements, mais ils le font volontairement. Cela suggère que nous allons obtenir de meilleurs résultats, des délais plus longs entre les réadmissions et, tout simplement, un meilleur état de santé pour l'individu en question. Un autre domaine complexe où intervient la question du risque est celui des personnes âgées dont les capacités mentales diminuent. Ce n'est pas lorsque la personne est clairement définie comme un danger que les problèmes surviennent, mais bien dans les zones grises, c'est-à-dire lorsque la personne est proche d'un dommage possible, lorsque la situation est moins nette. Dans ces situations, quel est le rôle de l'individu, des membres de la famille, des professionnels? Enfin, les interventions elles-mêmes peuvent être dommageables. Les services sociaux et le système général d'aide font parfois ressortir les mêmes tendances dysfonctionnelles sur le plan des relations et des communications que celles que vivent les jeunes dans leurs familles et qui leur sont dommageables. Recherche La recherche joue un rôle indispensable dans l'établissement de mesures d'intervention efficaces. Cependant, on a relevé un certain nombre de problèmes dans ce domaine, et la plupart d'entre eux concernent l'utilisation des recherches, plutôt que la façon dont ces dernières sont réalisées. Selon un des participants, lorsqu'on planifie des programmes, on se fonde souvent sur des recherches incomplètes. Etant donné que les facteurs de risque ont des effets multiplicateurs, qu'ils évoluent avec le temps, qu'ils ne sont pas catégoriques et que les influences sociales ont une importance critique, toute recherche visant à déterminer les facteurs de risque d'une issue fâcheuse doit s'étendre sur une longue période. Trop souvent, on met rapidement en pratique les résultats d'études à court terme ou d'études incomplètes, alors que, pendant que les recherches se poursuivent, d'autres données et analyses peuvent clarifier l'effet des divers facteurs de risque. J'ai peur des programmes qu'on établit à cause de la popularité apparente d'une idée, plutôt que de la validité des conclusions empiriques. Si une idée paraît bonne, semble convaincante, si la théorie est valable, elle se rapproche d'un programme. L'une des choses à laquelle on ne pense pas est la façon dont les facteurs de risque se combinent. Si on veut réellement rendre les programmes plus efficaces, il est indispensable d'identifier une petite série de facteurs de risque qui, lorsqu'ils sont tous présents, intensifient considérablement la possibilité de dommages. Par ailleurs, les décisions sont souvent fondées sur des perceptions ou des éléments anecdotiques, plutôt que sur des preuves. On a donné un certain nombre d'exemples. Bien des personnes âgées ont le sentiment qu'elles courent un grave risque d'être victime d'un crime violent. Ce sentiment est-il fondé sur la réalité, ou s'agit-il des effets des médias? Dans ces derniers, le divorce est dépeint comme ayant des effets négatifs marqués sur les enfants. Les preuves indiquent que les dommages causés par le divorce sont modérés. Il existe dans les écoles une prolifération de programmes de médiation portant sur la persécution et d'autres formes de violence. Ces programmes ne reposent pas sur des recherches empiriques, mais sur des récits anecdotiques. Le fait qu'on n'utilise pas les recherches disponibles a aussi été considéré comme un problème. Ce qui me dépasse, c'est la qualité incroyable des recherches qui sont menées dans ce pays et le fait qu'on ne les applique pas. Pendant la discussion sur les recherches qui sont menées, on a insisté sur le fait que, souvent, ces dernières sont fondées sur un besoin de régler certains problèmes, jumelé à ce qui est favorable sur le plan politique. C'est pourquoi beaucoup de nos modèles de recherche ne sont pas objectifs. On a considéré qu'il était important de tenir compte de l'expérience des gens dans les recherches sur la détermination des risques, de la vulnérabilité et du potentiel. Nous devons éviter de définir la réalité pour une personne aux prises avec un facteur de risque. Je veux connaître la réalité, de sorte que je sois au moins plus responsable; il est tout aussi important d'entendre le vécu de la personne. Il est important de recueillir des renseignements d'un certain nombre de sources — littérature, fournisseurs de services, clients — et ensuite de structurer nos questions de recherche. En même temps, il faut inclure d'autres preuves dont nous avons pris connaissance et qui, nous le savons, contribuent aux risques. Comment faire pour communiquer les recherches et les informations? Selon les participants, il est important de comprendre le contexte social d'un problème et de traduire les informations et les recherches de manière à ce qu'elles aient une signification pour la collectivité locale. En ce qui concerne la violence chez les jeunes, vous pouvez avoir quelqu'un qui se trouve à Ottawa et qui constate qu'en moyenne il n a pas eu de changements dans les statistiques, et quelqu'un d'autre dans une collectivité locale qui est aux prises avec un accroissement de la violence. Ces deux personnes vont voir le monde d'une façon fort différente. Si une décision relative à un programme ou une politique est fondée sur des recherches qui représentent la moyenne, les gens de la collectivité locale n'en tiendront pas compte. Il faut trouver un moyen de faire participer continuellement la collectivité et de renvoyer constamment les informations pertinentes. DÉTERMINATION DES QUESTIONS DE RISQUE ET DE VULNÉRABILITÉ EN RAPPORT AVEC LES PROGRAMMES ET LES SERVICES On a relevé un certain nombre de problèmes au sujet du système actuel. L'une des frustrations relevées a été un manque d'intégration, ou de collaboration, d'une foule de secteurs. Bien des interventions sont faites dans de nombreux secteurs : l'éducation, la santé mentale, la famille, les services sociaux communautaires, le soutien du revenu, la justice. Mais les jeunes se retrouvent encore au banc des accusés. Nous devons trouver une meilleure façon de répondre aux besoins et aux problèmes des gens, au lieu de recourir à notre approche isolée, axée sur les crises et les problèmes. Nous devons faire plus de choses intégrées, proactives. Il y a un manque d'intégration au sein du système, un manque d'interface entre le secteur de la santé mentale et celui des soins de santé, ainsi qu'un manque d'interface entre les soins de longue durée et les soins intensifs. A cause de cela, les risques tombent parfois dans les failles du système. Certains participants ont indiqué que, dans le cadre de la réforme des services sociaux et de santé, les gens accèdent à des postes décisionnels sans avoir une expérience concrète de la prestation de services aux clients. Un grand nombre de décisions sont prises par des gens qui n'ont pas d'expérience avec les gens, qui proviennent d'un autre secteur. Ce qui m'inquiète c'est que ces personnes ne sont pas toujours en contact avec la vulnérabilité bien réelle des gens dont nous nous soucions. Bien que les participants aient dit qu'ils sont et seront toujours résolus à établir une approche communautaire à laquelle prendraient part les clients, certains ont exprimé la préoccupation suivante : La rhétorique qui entoure la reforme du système de santé est une rhétorique avec laquelle quelqu'un comme moi se sent à l'aise, parce qu'elle est axée sur la communauté. Toutefois, il arrive souvent que la réalité ne ressemble en rien à une partic4ation réelle de la communauté. Je crois que cette dissonance a eu l'effet opposé, celui de créer de la désillusion et d'éloigner les communautés du processus décisionnel et de diminuer la confiance en leur capacité de prendre des décisions et d'influencer les décisions. Nous courons le danger bien réel de perdre du terrain; en fait, en voulant apporter des changements positifs au système et réduire les risques, nous courons le danger de produire l'effet contraire, c'est-à-dire d'accentuer les risques. De plus, la réduction des ressources a une incidence sur les programmes et les services. Nos intentions politiques sont actuellement en conflit. Comme les ressources diminuent, nous devons mieux les dépenser, ce qui veut dire que nous devons évaluer nos programmes. Nous savons tous que pour créer un programme rigoureux et prouver les résultats obtenus, il faut peut-être resserrer ce qu'on fait. Mais dans ce cas, votre programme commence déjà à perdre la plupart des gens parce que votre concentration est de plus en plus restreinte. Les mêmes personnes qui nous demandent d'utiliser plus efficacement nos ressources nous demandent de prouver les résultats que nous obtenons et, de ce fait, nos programmes perdent de leur efficacité. Les systèmes devront travailler de concert L'un des participants a raconté l'histoire d'une femme et de sa fille qui avaient été assassinées par l'époux/père après avoir été victimes de sévices et de harcèlement. Il est indispensable que la police et le système de santé mentale communiquent entre eux et travaillent de concert si on veut diminuer le risque de dommages dans des situations comme celle-là. Tant la police que les services psychiatriques se penchent sur le problème en portant leurs oeillères, plutôt que de se comprendre. Dans un exemple, un organisme bénévole essaie d'obtenir que la police s'occupe de manière plus efficace des malades psychiatriques. Nous devons changer radicalement ces problèmes qui affligent les systèmes. POSSIBILITÉS DE COUPLAGES Le groupe a relevé un certain nombre de possibilités de couplages qui permettraient de mieux comprendre le risque et la vulnérabilité, ainsi que les concepts prometteurs, et de faire en sorte que notre travail soit plus efficace. Il existe dans les communautés beaucoup d'organisations et d'organismes qui détiennent une foule de renseignements sur les gens qu'ils servent. En même temps, il existe beaucoup d'étudiants qui cherchent un endroit où ils peuvent faire des recherches. Il semble difficile de procéder aux couplages. Les organismes communautaires disent qu'ils n'ont ni le temps ni les ressources pour procéder à des recherches. Il s'agit là d'une négligence importante. Grâce aux ordinateurs et à la technologie, il est possible de procéder à des recherches de manière plus économique et plus rapide. De légers investissements pourraient avoir un impact considérable. Il existe un certain nombre de possibilités de placer dans la collectivité des étudiants en sciences de la santé. Toutefois, il faut qu'il y ait un certain respect à l'égard de la connaissance entre l'université et l'organisme de placement communautaire. Il faut qu'il y ait une connaissance de la confidentialité et des aspects éthiques du service. L'une des raisons pour lesquelles cela ne se fait pas est qu'il n'y a pas de compréhension et de respect réciproques entre 1'université et les organismes de placements communautaires. Le Womens Hospital and Health Centre de la Colombie-Britannique a entrepris de consulter les femmes sur leur état de santé et sur la façon dont les services de l'hôpital pouvaient répondre davantage à leurs besoins. Ce dernier a voulu savoir comment il pouvait travailler en collaboration et ne pas s'occuper d'une seule question. Après la consultation, l'hôpital a établi des principes directeurs pour son travail. Ces principes comprenaient les suivants : écouter attentivement, offrir des options aux femmes, permettre aux femmes d'être « en contrôle », tenir compte de la diversité, fournir aux femmes des renseignements complets, être conscient des facteurs ambiants, socio-économiques, de la vie des femmes. Les responsables sont en mesure de faire des démarches auprès du gouvernement avec ce qu'ils ont appris. L'un des participants, dans le cadre d'un projet mené en collaboration avec l'Association canadienne de santé mentale, a organisé des groupes de consultation avec des gens provenant des secteurs officiels et non officiels afin de déterminer comment travailler ensemble, en collaboration, en vue de former des systèmes axés sur la clientèle dans les cas de violence faite aux femmes. La difficulté était, en partie, le fait que des membres du secteur non officiel sentaient que les professionnels n'accordaient pas de poids à leurs expériences et à leurs informations. En revanche, les professionnels avaient le sentiment qu'ils ne pouvaient pas tout faire pour tout le monde. Les deux groupes ont indiqué qu'il était nécessaire de collaborer, qu'ils étaient disposés à travailler ensemble. Ils ont convenu qu'il est important de mettre l'accent sur le client. Comment pouvons-nous travailler avec nos ressources actuelles et les réaffecter? Il est important d'attirer le respect des gens, de mieux comprendre le rôle qu'ils jouent. Il y avait généralement un manque de conscience de ce que les gens faisaient. SECTEURS CLÉS QUI NÉCESSITENT UNE ATTENTION Dans l'actuel climat de réforme des soins de santé,
au cours duquel surviennent d'importants changements, les participants
ont examiné les secteurs clés qui nécessitent une attention, relativement
au risque, à la vulnérabilité et aux concepts prometteurs.
Le modérateur a clos la journée en posant la question
suivante : « Si vous pouviez faire deux choses, quelles seraient-elles? »
Voici quelques réponses.
RÉFLEXIONS DES PARTICIPANTS À LA TABLE RONDE ET D'AUTRES PERSONNES RÉFLEXIONS Dans les mois qui ont suivi la Table ronde intitulée « Risque et vulnérabilité - Concepts prometteurs », et tenue les 26 et 27 septembre 1996, les participants (et d'autres personnes) ont eu la possibilité de prendre connaissance des actes de cette réunion. On leur a demandé de prendre en considération un certain nombre de questions. Voici leurs réflexions. Quels sont les aspects les plus importants du risque et de la vulnérabilité auxquelles décisionnaires, fournisseurs de services et planificateurs de programmes doivent prêter attention? Cette question a donné lieu à un certain nombre de
thèmes communs.
Quelles sont les préoccupations que suscitent le risque et la vulnérabilité, ainsi que les concepts prometteurs? Les participants en ont relevé un certain nombre.
Cette préoccupation est aggravée dans le contexte actuel
de restructuration. Dans de nombreux milieux de travail, il existe un
manque de sécurité, une baisse du moral et une certaine concurrence en
vue de l'obtention de fonds. Ce ne sont pas là des conditions qui engendrent
un climat favorable à la planification de programmes et au respect nécessaire.
Quelles sont les possibilités de travail en collaboration? « Les possibilités sont immenses et stimulantes!
Nous devons réunir les clients, les fournisseurs, les planificateurs de
programme, les bailleurs de fonds et les chercheurs. En outre, nous devons
amener les gens à s'occuper de plusieurs questions. »
Quels sont les points prioritaires que vous recommanderiez aux décisionnaires, praticiens, éducateurs et chercheurs? Créer des partenariats
Participation des clients
Éducation et formation
Recherches
La façon dont nous travaillons
APPLICATIONS CHOISIES DES CONCEPTS DE RISQUE ET DE RÉSILIENCE
Joining Together Againsi Violence : An Agenda for Collaborative Action est un rapport dynamique où sont décrites des méthodes permettant à toutes les personnes que la violence concerne — ceux qui en sont victimes, la famille, les amis, les autres membres aidants de la collectivité et les fournisseurs de soins - de travailler ensemble afin de s'occuper efficacement de ce problème. C'est en travaillant ensemble qu'il est possible de réduire, espère-t-on, les risques de problèmes de santé mentale et d'autres issues négatives. L'auteure souligne l'importance de deux types de systèmes différents agissant ensemble : le système officiel et le système non officiel.
Les problèmes Il existe au sujet de la violence de nombreux mythes qui amènent à blâmer la victime pour les mauvais traitements qu'elle subit, ou à nier les allégations de violence que fait une personne. Ce contexte de blâme et de déni peut créer un sentiment de désespoir chez les personnes qui survivent à de mauvais traitements, parce qu'elles ont le sentiment que personne ne les croira ou ne répondra à leurs préoccupations. Les victimes de violence ont souvent de la difficulté à accéder aux services dont elles ont besoin pour les aider à guérir. L'auteure relève un certain nombre de raisons à cela. Il y a des obstacles comportementaux, qui découlent de croyances bien enracinées au sujet de la violence, et des obstacles structurels, qui résultent de la manière dont les systèmes ont été structurés. Ces deux types d'obstacles sont liés. En outre, lorsque des personnes éprouvent des problèmes de santé mentale suite à un acte de violence, les idées fausses qu'on a sur les problèmes de santé mentale amplifient les obstacles à une guérison. Par ailleurs, les inégalités de pouvoir rendent des individus plus vulnérables à la violence et créent des obstacles supplémentaires à la possibilité d'aider des groupes particuliers de gens; ces inégalités comprennent : la richesse et l'éducation, la géographie, la culture, et l'isolement social. Que faire pour supprimer ces obstacles? Certains peuvent être réglés par des fournisseurs de services qui se chargent d'apporter des changements d'attitude et de structure au sein de leur organisation. Cependant, le contexte social plus étendu peut faire en sorte que les fournisseurs de services officiels et non officiels aient de la difficulté à apporter des changements et à collaborer. Des réductions de fonds octroyés peuvent entraîner la concurrence entre des groupes. Les fournisseurs de services se sentent déjà surchargés. L'ajout d'autres responsabilités, comme le travail en collaboration, peut paraître irréalisable. A cette difficulté s'ajoute le fait qu'il y a toujours eu de la méfiance entre les groupes communautaires de base et les professionnels, en partie à cause de différences de pouvoir et d'accès aux ressources. On doit reconnaître ces différences et comprendre qu'en dépit d'un objectif commun de collaboration, les gens ne s'amènent pas nécessairement à la même table en partenaires égaux. Pour qu'un travail se fasse en collaboration, il est indispensable d'acquérir un respect mutuel, une connaissance et une compréhension du vécu des différentes personnes et des rôles de chacun dans leur travail. Quatre aspects des services et des programmes favorisent la collaboration. Évaluation Favoriser la collaboration en matière d'évaluation comporte les activités suivantes :
Habilitation Cela signifie
Travail en équipe avec d'autres organismes Les services seront plus sensibles aux besoins des clients si les fournisseurs de services considèrent que leur rôle consiste à essayer de s'assurer des services complets et d'autres moyens de soutien pour leurs clients. Le fait d'être conscients des services qu'offrent d'autres ressources professionnelles et communautaires qui réagissent aux effets de la violence sur la santé mentale favorisera la dispensation de soins plus complets au client. Éducation Il faudrait donner aux fournisseurs l'occasion de considérer la violence sous le même angle d' « apprentissage permanent » que d'autres domaines de travail. Élaboration d'un programme en vue de la prise de mesures concertées
Les participants sont :
Comment la collaboration se produit-elle?
Commencer à collaborer consiste à poser des questions sur la façon dont on peut travailler avec les diverses ressources disponibles pour fins de consultation et de collaboration.
Le travail de collaboration à long terme comporte de nombreux éléments :
Les fournisseurs de soins ont également besoin de collaborer avec les clients à titre individuel dans le cadre de leurs activités journalières régulières. Cela consiste notamment à être à l'écoute de l'individu et à aider ce dernier à cerner ses besoins, partager des renseignements et toutes les décisions concernant son processus de guérison, et discuter des règles de confidentialité. La collaboration touchant les pratiques journalières peut comprendre ce qui suit :
Les aînés à risque : une cadre théorique est une revue approfondie des points à considérer lorsqu'on applique le concept de risque à des adultes âgés. Le présent résumé décrit le cadre conceptuel relatif au risque et aux adultes âgés qui est explicité dans le rapport. Selon l'auteure, le risque est la probabilité d'éprouver un dommage ou une perte. Elle déclare que le risque n'est pas considéré comme une entité discrète, mais plutôt comme un concept relatif. En fait, les risques se situent sur un continuum allant des risques légèrement dommageables pour une personne à ceux qui constituent
une menace pour la vie. De plus, les risques personnels se situent sur
un continuum, allant de ceux que les gens prennent par choix à ceux pour
lesquels ils ont peu de choix. C'est ce qu'illustre le diagramme suivant.
L'auteure décrit aussi un « continuum social » de risque. D'après ce dernier, les risques sont définis comme ceux que la société est disposée à accepter, jusqu'à ceux qu'on considère comme inacceptables ou déraisonnables. Si le continuum des risques personnels repose sur des choix, celui des risques sociaux est fondé sur les notions sociales d'issues acceptables et inacceptables. Le risque et les personnes âgées On applique plus souvent le concept de risque aux adultes âgés qu'à tout autre groupe d'âge. Cela est dû en partie à des faits. Cependant, il s'agit plus souvent d'un reflet de stéréotypes et de généralisations concernant les adultes âgés. Le vieillissement est considéré comme un processus laissant les adultes âgés frêles et plus exposés à un certain nombre de problèmes : maladie, invalidité, dépendance, démence et décès prématuré. On considère que les adultes âgés possèdent moins de ressources et d'aptitudes pour faire face à ces issues éventuelles. Il est clair que le fait de décider pour un adulte âgé ce qui constitue un risque acceptable ou inacceptable n'est pas un processus neutre. Il met en cause quelqu'un — habituellement une personne qui n'est pas un adulte âgé — qui imagine un adulte âgé « normal » et la situation « normale », ainsi que la qualité de vie prévue pour (ou par) les adultes âgés. Ces jugements de valeur sont également définis en termes politiques et idéologiques. L'auteure indique que le risque n'est pas un concept neutre. Cette notion entraîne la détermination des répercussions acceptables ou inacceptables. La société accorde une valeur considérable à l'autonomie individuelle, et on accorde une grande latitude aux genres de risques que les adultes peuvent accepter pour eux-mêmes, sans ingérence. Toutefois, sites adultes âgés s'adonnent à ce qu'on considère un comportement risqué, il y a de fortes chances que quelqu'un commence à mettre en doute leur sensibilité, voire leur compétence mentale. En ne se préoccupant pas des risques possibles, les adultes âgés s'exposent à la possibilité que d'autres rejettent leurs souhaits et prennent des décisions à leur place. On sursimplifie les choses en catégorisant tous les adultes âgés comme étant exposés au risque d'une issue négative quelconque. L'expression « adultes âgés » représente les gens d'une vaste gamme d'âges, s'étendant sur 40 ans et deux générations. Il s'agit d'un groupe diversifié sur les plans social, démographique et économique. Par conséquent, les différents groupes d'adultes âgés courent plus ou moins de risques d'éprouver divers problèmes. Qu'est-ce qui constitue un risque grave? Les risques considérés les plus graves sont habituellement ceux qui refusent d'admettre aux adultes âgés leurs besoins physiques, affectifs et sociaux fondamentaux. Selon l'auteure, la gravité d'un risque est une combinaison des facteurs suivants :
Probabilité du risque Certains problèmes sont considérés particulièrement graves chez les adultes âgés parce que ces derniers sont plus susceptibles d'en être victimes que la population en général. Il existe un certain nombre d'exemples :
Des risques accrus peuvent être le résultat de phénomènes internes, comme les changements hormonaux et physiologiques qui accompagnent le vieillissement, ou de circonstances extérieures, comme une retraite forcée ou la détérioration de quartiers. Impact du risque D'autres risques sont considérés comme graves parce qu'ils touchent davantage et de façon plus défavorable les adultes âgés que les jeunes adultes. Par exemple, des gens de tout âge ont la grippe chaque année; toutefois, les adultes âgés sont plus susceptibles d'avoir des conditions sous-jacentes qui les rendent plus vulnérables aux issues graves de la grippe. Caractère plus ou moins immédiat du risque Chez les adultes âgés, un risque précis est souvent le résultat de facteurs de risque mineurs qui s'accumulent graduellement jusqu'à atteindre un point de crise. Les interventions s'appliquent habituellement aux dommages immédiats (crises), tandis que les mesures de prévention visent plus souvent les dommages qui apparaissent plus lentement. Un cadre conceptuel pour les risques L'auteure décrit le risque comme l'interrelation de trois éléments : les facteurs de risque, les ressources et le vécu. Les facteurs de risque sont les choses qui prédisposent une personne à une issue négative particulière.
Les ressources disponibles sont les mécanismes de soutien personnels, sociaux et environnementaux.
Les expériences de la vie se reflètent dans l'image qu'ont les gens d'eux-mêmes et de ce qui les entoure. Ces expériences peuvent influer sur les risques de plusieurs façons positives ou négatives.
Les facteurs habilitants peuvent modifier la relation qui existe entre ces trois éléments.
Certains des facteurs habilitants qui se rapportent aux mauvais traitements infligés à des adultes âgés comprennent les suivants : les attitudes de la société au sujet du respect de la vie privée des gens; les hypothèses sociales à propos de la compétence des adultes âgés, en supposant que ces derniers sont incapables de prendre convenablement des décisions financières; les structures sociales qui isolent certains aînés, faisant en sorte qu'il est plus facile que la situation abusive passe inaperçue. Une fois que le risque s'est concrétisé, d'autres facteurs peuvent le renforcer. Les facteurs de renforcement comprennent les suivants :
A Guide b the Literature on the Effrctiveness of Prevention of Mental Health Problems for those at Risk passe en revue la littérature portant sur l'efficacité des stratégies qui visent à prévenir les troubles de santé mentale au sein des groupes à risque. Cette revue approfondie comporte des contributions de chercheurs et de praticiens. À la suite de cette revue, l'auteure conclut que la base de connaissances relatives à certains troubles mentaux a maintenant atteint, de l'avis de nombreux chercheurs et praticiens, le stade où il est justifié d'adopter des efforts de prévention importants. Le rapport souligne deux constatations importantes :
Le rapport relève un certain nombre de troubles mentaux
pour lesquels on peut identifier des facteurs de risque cumulés, et il
semble indiquer que, pour ces troubles, on peut maintenant procéder à
des recherches importantes en matière d'intervention préventive. Voici
ce que recommande l'auteure :
Pour d'autres troubles mentaux, notamment ceux qui sont fortement liés à des facteurs génétiques, comme la schizophrénie et la maladie d'Alzheimer, des mesures d'intervention préventives ne sont pas justifiées à l'heure actuelle. Toutefois, des traitements améliorés ont été recommandés pour des personnes souffrant de ces troubles en vue d'améliorer leur état ou de retarder l'évolution de la maladie. L'auteure indique que les approches qui font appel à une réduction des risques ou à une amélioration de la protection sont peut-être les plus efficaces, parce que la plupart des risques et des facteurs de protection ne sont pas propres à un trouble mental unique. On peut identifier des groupes de risques ou de facteurs de protection connexes et s'en servir pour déterminer les groupes ou les individus vers qui centrer les mesures d'intervention. Le risque et les facteurs de protection interagissent de manière complexe, et comportent des influences individuelles, familiales et communautaires. En outre, les facteurs ont des effets différents à différentes étapes de la vie. Il est donc essentiel que les interventions préventives comportent plusieurs facettes et correspondent bien aux périodes sensibles. Les études ont révélé que de nombreuses personnes (surtout les enfants, les adolescents et les adultes âgés) ne sollicitent pas l'aide de professionnels lorsqu'ils éprouvent des problèmes de santé mentale. Par conséquent, il est important que les interventions préventives comportent des efforts énergiques pour atteindre les groupes ciblés. Il existe des composantes précises liées à la conception des interventions que l'auteure qualifie d'importantes lorsqu'on se penche sur ce problème :
L'inclusion de ces composantes aidera à s'assurer que
les efforts de prévention sont efficaces et soutenus.
Le Women's Health Centre de la Colombie-Britannique, un organisme nouvellement formé, souhaitait déterminer quel devrait être son rôle au sein de la province. A cette fin, le Centre a mené une consultation communautaire auprès de plus de 600 femmes vivant dans des collectivités de toute la province et près de 200 fournisseurs de services de santé. Le personnel du Centre a formé un groupe de travail de base pour procéder à la consultation, et un expert-conseil en recherche a aidé à élaborer la méthode de consultation ainsi qu'à analyser les renseignements. Un comité directeur, composé de représentants de l'Etat et d'organismes de santé des femmes de toute la province, a guidé le processus. La consultation était fondée sur deux méthodes : des groupes de discussion dans des collectivités de toute la province ainsi que des entretiens téléphoniques avec des fournisseurs de services de santé. Les groupes de discussion comprenaient des femmes de milieu urbain, de milieu rural et de régions éloignées de la Colombie-Britannique. Des dispositions spéciales ont été prises pour s'assurer d'inclure des femmes handicapées, des détenues, des adolescentes, des aînées, des femmes autochtones vivant en milieu urbain et dans des réserves, des femmes appartenant à une minorité visible, des immigrantes et des réfugiées, des femmes ayant une expérience du système de santé mentale, des lesbiennes et des femmes du centre-ville est de Vancouver. Le rapport qui a été publié par la suite est un compte rendu personnel et instructif sur ce qui constitue, d'après les femmes de la Colombie-Britannique, leurs questions de santé, les facteurs qui les exposent au risque d'éprouver des problèmes de santé, ou qui les aident à rester en bonne santé. Nous nous sommes senties parfois dépassées par le poids de ce que ces femmes avaient vécu ainsi que par l'importance manifeste des changements qui sont requis. Mais nous avons aussi été inspirées par la résilience des femmes et leur disposition à travailler ensemble. Nous sommes encouragées par la prise de conscience qu'il y a de nombreux petits changements qui peuvent avoir une incidence importante sur la santé des femmes et les expériences de ces dernières au sein du système des soins de santé. Quelles ont été les constatations? Quand les femmes ont parlé de santé, elles ont parlé de leur vie, de leur vie en tant qu'épouses et partenaires, mères, filles, soignantes, travailleuses, voisines et bénévoles au sein de la collectivité. Elles ont parlé de la façon dont les facteurs socio-économiques influencent la santé des femmes et la façon dont ces dernières sont traitées dans le système des soins de santé. Elles ont parlé plus particulièrement des sujets suivants : Pauvreté Les femmes étaient en colère et exaspérées par les effets de la pauvreté sur leur vie personnelle et celle de leurs enfants. « Comprendre la pauvreté, ici, c'est vraiment quelque chose; on a besoin d'argent pour pouvoir acheter de la nourriture afin d'observer les directives alimentaires quotidiennes. Des directives, c'est bien beau, mais il faut savoir comment les observer quand on est à revenu fixe. » Violence et mauvais traitements Selon les femmes de tout âge, la violence est un problème : les adolescentes, les femmes qui ont de jeunes enfants, les femmes d'âge mûr et les femmes âgées. « Il me battait si je regardais un autre gars, et il frappait mon amie parce qu'elle m'aidait... Je n'avais pas le droit de parler à personne au téléphone et je ne pouvais pas aller en ville. Si j'avais pu parler à quelqu'un, je serais partie, mais je pensais que tout cela était normal. » Soutien social et affectif Les femmes ont parlé de leur isolement social. Elles ont besoin d'un soutien social accru. Cette question préoccupait particulièrement les immigrantes et les réfugiées. « À mon arrivée, j'ai eu énormément de problèmes affectifs en essayant de m'adapter à la vie au Canada. Ma famille m'inquiète tant. Elle se trouve dans une situation si explosive que je ne suis pas sûre que je reverrai un jour ma mère. » Les médias Les femmes, les adolescentes surtout, ont reconnu l'effet des médias sur leur vie et leur santé, et l'image qu'elles ont d'elles-mêmes. « L'estime de soi est le problème le plus grave, et il est partout. Barbie a 36 po de poitrine et 2l po de taille; personne ne peut correspondre à cela, quoi qu'on fasse. » Qu'ont-elles dit à propos des soins de santé? Les femmes et les fournisseurs de services avaient des idées bien précises sur ce qui améliorerait le système des soins de santé. Les femmes ont dit qu'elles voulaient que le système des soins de santé soit axé sur la santé et le mieux-être, qu'il traite du bien-être physique, affectif et spirituel. Elles veulent que les fournisseurs de soins les considèrent comme des personnes entières, et non simplement comme un « tas de symptômes ». Les femmes se préoccupaient du fait que le système des soins de santé s'inspire présentement du modèle médical, qui insiste sur l'absence de maladie et met l'accent sur les dimensions physiques de la santé. Elles considéraient que les changements normaux qui surviennent dans la vie des femmes, comme l'accouchement et la ménopause, étaient devenus des événements médicaux. En revanche, elles ont dit que, dans d'autres circonstances, on ne tient pas compte de leurs préoccupations physiques, qu'on impute ces dernières à leur état mental ou à leurs cycles reproductifs. De nombreuses femmes et de nombreux fournisseurs de services ont insisté sur le fait que les services de santé mentale devaient faire davantage partie intégrante du système des soins de santé. Elles considéraient que l'actuel système de santé mentale ne répondait pas aux besoins des femmes. Elles se préoccupaient de la quantité de médicaments psychotropes qui sont prescrits. Les femmes voulaient que le système de soins de santé soit plus accessible. Elles ont relevé une vaste gamme de facteurs qui limitent leur accès :
Les femmes voulaient un système des soins de santé qui soit souple et sensible, et plus particulièrement :
Le temps et l'attention qu'on leur accorde lorsqu'elles ont rendez-vous chez le médecin était l'un des sujets de préoccupation les plus importants des femmes. Elles ont parlé du fait de ne pas avoir l'impression d'être entendues ou prises au sérieux par les dispensateurs de soins de santé, d'un sentiment de déshumanisation, et du fait qu'on ne tienne pas compte de la connaissance qu'elles ont de leurs corps. De nombreux fournisseurs de services ont considéré qu'il fallait sensibiliser davantage les travailleurs des soins de santé à ces questions au moyen de cours de formation. Les femmes et les fournisseurs de services voulaient que le système de santé utilise les ressources plus efficacement et soit davantage responsable de produire les résultats escomptés. Les solutions proposées portaient sur un certain nombre de domaines :
Les 25 et 26 février 1996, un groupe de fournisseurs de services, de planificateurs de programmes et de jeunes se sont réunis dans le cadre d'une Table ronde portant sur La violence, les jeunes, la sexualité - conséquences au niveau des programmes et services. Cette réunion faisait suite à la production d'un document de travail intitulé La Violence et son incidence sur les jeunes et leur sexualité - Conséquences au niveau des programmes et services. Le but de la Table ronde était de partager des exemples concrets de mesures qui ont été efficaces, de mesures qui sont actuellement efficaces, des obstacles et des défis auxquels sont confrontés les jeunes et les fournisseurs de services, ainsi que des moyens de progresser. Il ressortait clairement du document de travail qu'un nombre considérable de jeunes traversent l'enfance et l'adolescence chargés de violence. Ils sont agressés personnellement, ont vécu dans une atmosphère de violence à la maison ou étaient au courant de la violence que subissaient d'autres personnes. Le rapport indique aussi que la violence et la crainte de violence dans la vie des enfants et des jeunes peuvent entraver leur croissance et leur développement sain, et ce, affectivement, spirituellement, physiquement et sexuellement. Elles affectent leur estime de soi, leur sens de l'autonomie et leur confiance dans le monde et envers les autres, ce qui, par ricochet, se répercute sur la manière dont ils forment leur identité sexuelle et dont ils participent à des relations sexuelles. Les participants à la Table ronde ont également relevé un certain nombre d'aspects qui contribuent aux risques et à la vulnérabilité des jeunes à l'égard de la violence et de leur sexualité en développement. Quatre grandes catégories valent la peine d'être signalées :
Attitudes de la société, y compris celles des organismes et des fournisseurs de services Il règne dans la société de nombreuses attitudes, auxquelles adhèrent nos institutions et les personnes qui y travaillent et qui peuvent accentuer les risques et la vulnérabilité.
Soutien aux aidants Le soutien accordé aux personnes qui aident les jeunes — le personnel et les bénévoles — est indispensable. Les ressources diminuent, on demande à un nombre de plus en plus restreint de gens d'en faire de plus en plus. Il y a un risque grave de perte et d'épuisement professionnel. Pendant que ceux qui aident s'épuisent, les risques que courent les jeunes ayant besoin d'aide s'accentuent.
Accessibilité et moment choisi Nos établissements et nos services ne sont souvent pas accessibles aux jeunes, et ce, pour diverses raisons :
Relations Entre les aidants et les Jeunes On a considéré le fait de créer une atmosphère de confiance entre les dispensateurs de soins et les jeunes comme un élément indispensable du soutien des jeunes et de l'atténuation de leurs risques et de leur vulnérabilité. Sans ouverture, honnêteté et partage de soi, il est très difficile d'établir cette confiance.
Recommandations Le groupe a recommandé un certain nombre de mesures. Voici ce qu'il a dit. Sur le plan personnel, nous devons :
Au sein de nos organismes, nous devons :
Pour partager efficacement les programmes, les ressources et les informations, nous devons :
Pour continuer d'établir des réseaux, nous devons :
Pour affermer le degré de soutien et le niveau des ressources à l'intention des jeunes, nous devons :
Pour établir des programmes ou politiques efficaces, nous devons :
Sur le plan de l'éducation publique, nous devons :
Sur le plan des stratégies relatives aux médias, nous devons :
Sur le plan des idées de programme fondées sur les jeunes, nous devons :
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